"On célèbre la croissance retrouvée du marché de la musique" réagit le directeur général de Spotify France

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00:00 Bonsoir à toutes et à tous, ce soir l'invité éco est à la tête pour la France du premier site de streaming.
00:06 Comprenez, écoute de musique en ligne en bon français. Antoine Monin, bonsoir.
00:11 - Bonsoir.
00:11 - Vous êtes le directeur général de Spotify en France et au Benelux.
00:15 Le président de la République Emmanuel Macron l'a lui-même évoqué il y a quelques mois la mise en place d'une taxe streaming
00:21 assise sur le chiffre d'affaires des plateformes.
00:24 Elle n'est finalement pas d'actualité, en tout cas pas pour l'instant puisqu'il n'y en a pas trace dans le projet de loi de finances.
00:30 Est-ce que vous êtes soulagé ?
00:32 - Soulagé pas encore mais en tout cas je pense que nous avons été entendus par le ministère de la culture et le ministère de l'économie
00:37 dans le sens où
00:39 nous sommes des jeunes sociétés. Spotify France c'est 15 ans, Deezer c'est à peu près la même chose. Nous ne sommes pas encore
00:45 complètement rentables ou sur le chemin de la rentabilité et nous sommes les premiers contributeurs
00:50 au renouveau et à la croissance du marché de la musique en France et dans le monde.
00:54 Il est aujourd'hui impossible pour nous de supporter le coût d'une taxe.
00:58 - Même une contribution volontaire puisque c'est ce qu'il y a dans les tuyaux aujourd'hui ?
01:03 - Ce que nous proposons au gouvernement c'est, on comprend la nécessité de financer le centre national de la musique et que l'ensemble du secteur y contribue.
01:10 Une contribution volontaire aurait l'avantage d'être plus équilibrée et plus équitable
01:14 car elle serait portée par l'ensemble des acteurs de la filière, également la musique enregistrée,
01:19 également les éditeurs de musique. Donc c'est la voie que nous privilégierons
01:23 et on espère aboutir à un accord avec le gouvernement avant la fin de l'année.
01:27 - Donc pour l'instant ce n'est pas une certitude, vous n'êtes pas encore sûr d'être à l'abri de cette
01:32 taxe streaming sauf que la contribution volontaire, vous pouvez ne pas la payer si vous ne voulez pas la payer.
01:37 - Ah non, c'est un engagement évidemment.
01:39 - Et que tout le monde la paye ?
01:41 - La condition c'est une école une c'est que tout le monde la paye.
01:43 - A quelle hauteur du chiffre d'affaires ?
01:45 - Justement, c'est les discussions qui ont lieu actuellement avec le gouvernement et les autres acteurs
01:50 puisqu'il n'y a pas que Spotify, il y a les autres plateformes de streaming mais aussi les réseaux sociaux, les autres plateformes numériques.
01:54 Donc tout le monde est en ce moment en train de discuter avec le gouvernement.
01:57 Spotify a déjà fait plusieurs propositions mais on laisse maintenant le gouvernement avancer sur ses idées.
02:03 - En tout cas vous n'êtes pas contre. Alors selon une étude qui a été publiée aujourd'hui par la Confédération
02:07 Internationale des Sociétés d'Auteurs et Compositeurs, les droits mondialement collectés pour les créateurs de musique ont atteint des records
02:14 en 2022. 11 milliards d'euros au total. Merci le streaming payant.
02:19 Le modèle est donc fructueux pour tout le monde aujourd'hui, pour les artistes et pour vous-même ?
02:23 - Absolument. C'est une excellente nouvelle. Et puisqu'aujourd'hui on célèbre les 15 ans de Spotify en France et dans plusieurs pays,
02:29 on célèbre aussi justement la croissance retrouvée du marché de la musique.
02:33 On célèbre le retour à un modèle plus vertueux. On n'est pas encore arrivé au maximum de ce que nous pouvons générer
02:40 pour l'ensemble du marché de la musique. Mais on voit qu'on est revenu sur le chemin de la croissance.
02:45 Et de plus en plus de sociétés, de gestion, d'ayant droit, qui représentent les artistes, annoncent des chiffres records.
02:50 Donc nous nous félicitons de cette croissance retrouvée. Et il est évident de dire que Spotify n'est pas pour rien dans cette croissance et dans ses revenus générés.
03:00 - Et sachant que cette croissance est accompagnée de bénéfices. Et c'est nouveau pour Spotify.
03:05 Vous vous annoncez un bénéfice au troisième trimestre de 32 millions alors qu'avant vous étiez en déficit constant.
03:11 Alors que dans le même temps, vous avez augmenté votre tarif premium d'un euro. C'était la toute première fois.
03:18 Vous dites quoi ? Vous dites "ouf, c'était pas gagné".
03:21 - Non, disons que ça a toujours été l'objectif pour qu'une entreprise survive.
03:26 - Enfin c'est quand même délicat toujours d'augmenter ses tarifs.
03:27 - Bien sûr, pour qu'une entreprise survive, il faut qu'elle soit rentable. Donc la rentabilité, évidemment, un objectif de survie.
03:31 Mais jusqu'ici, nous avons beaucoup investi. Beaucoup investi dans la croissance des usages pour convaincre de plus en plus d'utilisateurs et d'artistes de nous faire confiance.
03:39 Aujourd'hui, justement, cette croissance retrouvée, elle bénéficie en premier lieu à l'industrie musicale.
03:44 Mais aujourd'hui, au fur et à mesure que nous sommes capables de croître, nous sommes capables de commencer à dégager des marges de manœuvre.
03:50 Et la profitabilité est évidemment la condition sine qua non de notre longévité.
03:55 - Et donc vous avez gagné également des abonnés payants. Qu'est-ce qui fait votre différence à vous Spotify ?
04:01 Pourquoi moi j'écouterais de la musique sur Spotify plutôt que sur Deezer, sur Apple Music ou sur Amazon ?
04:06 - Je ne me prononcerai pas sur mes concurrents, mais je crois que ce qui fait un des avantages de Spotify, c'est, je crois, le fait que nous sommes concentrés uniquement sur le streaming audio.
04:16 C'est notre seul service, c'est notre seule activité. Ça n'est pas une activité annexe.
04:20 - Ce n'est pas un service parmi d'autres ?
04:22 - Voilà. On n'est pas un gaffard, on est une entreprise européenne, suédoise en l'occurrence.
04:26 Nous savons aussi ce qu'est la culture locale. Nous investissons énormément dans la culture locale.
04:30 Spotify, c'est 130 employés en France par exemple.
04:33 - Vous avez licencié quand même dernièrement ?
04:35 - Alors en France, non, très peu. Dans le monde, oui, il y a eu 5% de licenciements au début de l'année, comme dans beaucoup d'industries avec les différents événements macroéconomiques.
04:46 Mais je pense qu'aujourd'hui, oui, je pense que ce qui fait la force de Spotify, c'est l'investissement, l'innovation, le fait que la plateforme soit plébiscitée à la fois par les utilisateurs et par les artistes.
04:57 Et le fait que ce soit beaucoup de travail au niveau local, beaucoup d'investissement au niveau local pour refléter ce qu'est la richesse de la culture locale.
05:04 - Et justement, à l'occasion de vos 15 ans, vous avez publié la liste des 10 artistes les plus écoutés en France l'an dernier.
05:11 Quasiment que des Français, à commencer par Jul, Ninho, Gazo, Damso, etc.
05:16 Est-ce que c'est une spécificité française ou finalement est-ce que chaque pays écoute ses propres artistes ?
05:21 - Alors en tout cas, ça c'est une autre grande révolution de l'avènement du streaming.
05:25 Si on fait un petit flashback, il y a 15 ans, les classements des meilleures ventes en France, c'était quasiment que de l'anglo-saxon.
05:31 Pour trouver les Français, il fallait chercher loin dans la liste.
05:34 Aujourd'hui, sur les 10 artistes les plus écoutés en France sur Spotify, 9 sont Français ou francophones.
05:40 - Bon, que des garçons ?
05:41 - Pour l'instant, beaucoup de garçons. Et on travaille à ce qu'il y ait plus de filles.
05:44 Mais on a de temps en temps, Angèle ou Gillette Armanet ou Clara Lucciani, voire des jeunes talents comme November Ultra qui pointent le bout de leur nez, ça nous fait bien plaisir.
05:51 Mais en tout cas, le grand changement, c'est que c'est la musique locale, la musique française et francophone qui est la plus écoutée en France.
05:59 Mais c'est pareil en Italie, ce sont des artistes italiens. En Allemagne, ce sont des artistes allemands.
06:02 Donc il y a un phénomène qu'on appelle la "glocalisation", qui a fait l'objet d'une étude de la London School of Economics,
06:07 qui montre que justement, avec l'avènement du streaming, ça n'est pas la globalisation de la musique anglo-saxonne et d'un goût pour tout le monde.
06:14 Mais au contraire, c'est plein d'artistes différents et le règne des artistes locaux dans leurs différents marchés.
06:20 Mais c'est aussi l'export des musiques françaises qui se portent de mieux en mieux. Et ça, on s'en félicite.
06:25 - Merci beaucoup Antoine Monin, directeur général de Spotify en France et Obéné Lux, invité éco de France Info ce soir.
06:31 - Merci.

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