B'INSPIRED - Emission du samedi 4 novembre

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Samedi 4 novembre 2023, B'INSPIRED reçoit Kim Bennour (Mentoring et Conseil stratégique de dirigeants) et Aymeric Dégun (Directeur RSE, Sécurité et Formation, Colas Rail)

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Transcription
00:00 [Générique]
00:04 Hello hello, bienvenue dans l'émission Be inspired.
00:07 C'est la rencontre avec des personnes ordinaires qui font des choses extraordinaires.
00:12 Des personnes qui, à leur façon, décident de changer le mode et qui veulent vous inspirer.
00:18 Mon premier invité est Abdelkrim Benhour.
00:21 Ses proches l'appellent Kim.
00:23 Français d'origine algérienne, il s'est rebaptisé Progarial.
00:27 Il aime le dire et surtout le vivre.
00:30 Humaniste de l'âme, il a grandi à l'Europe en le pays des mineurs.
00:34 À la quarantaine, directeur général en joie au sein de la filiale française
00:39 de la multinationale Ingram Micro, il en a eu soudainement assez
00:43 de ses lits d'appareils de précieux et de rendement.
00:47 Il est parti au plein désert du Sahara pour aller à la rencontre de ce véritable moi.
00:53 Mon deuxième invité est un homme comme on ne le rencontre peu.
00:58 Aussi engagé dans la vie professionnelle que personnelle,
01:01 Emery Gaguen impressionne tous ceux qui le connaissent.
01:05 À lui seul, il dirige trois directions du groupe Colacrail,
01:09 leader mondial de la création et de la maintenance des infrastructures ferroviaires
01:14 présents dans 23 pays.
01:16 Et en même temps, il est le fondateur engagé du mouvement humaniste
01:20 au Crédégas qui regroupe 1700 bénévoles à travers le monde.
01:25 C'est un vrai humaniste qui essaie chacun à son niveau
01:29 de faire bouger les femmes et les hommes pour un monde plus épanoui et plus engagé.
01:34 Donc bienvenue à vous qui nous rejoignez.
01:37 C'est parti pour deux rencontres très inspirantes.
01:40 Et maintenant, j'ai la très grande joie d'accueillir Kim Benoit.
01:49 Kim est un homme passionnant et d'une rare humilité.
01:53 Parti de rien, il a gravé les échoues pas après pas et tous les deux ans
01:58 jusqu'à devenir directeur général annuel de son entreprise.
02:02 Et un jour, tout explose.
02:05 Kim, tu as eu un parcours exceptionnel
02:08 où tu as eu tout ce qu'il fallait, tout ce qui était en cas.
02:11 Et un jour, tout fait un virage. Qu'est-ce qui s'est passé ?
02:15 J'en avais assez. Bonjour déjà Virginie et merci de l'invitation.
02:18 Et j'en avais assez en fait de cette vie orientée uniquement objectif.
02:22 J'avais besoin de plus de sens et pour ça j'ai pris une décision.
02:27 Et d'ailleurs en tant que dirigeant, pourquoi nous devons-nous avoir aucun regret ?
02:32 Parce que on connaît tous notre date de naissance.
02:36 On ne connaît pas notre date de mort et entre les deux, c'est ce que moi j'appelle l'instant présent.
02:40 Et je n'ai pas envie de faire partie de ces personnes qui arrivent à 70, 80 ans
02:44 et se dire si j'avais su.
02:46 Et si l'étude a été faite, 80% des dirigeants ont des regrets à la fin de leur vie.
02:50 Et d'ailleurs, comment s'est amorcé ce virage dont tu nous parles ?
02:55 J'ai effectivement évolué très rapidement tous les deux ans
02:59 grâce à ma perspicacité et aussi à ma capacité à poser une question
03:03 très précise auprès des personnes qui m'entouraient.
03:06 Mais en 2017, je perds mon père qui avait 80 ans, qui avait vécu.
03:10 Et un an après, je perds ma mère.
03:12 Et je m'aperçois que même à 45 ans, la vie passe très vite
03:15 et que je n'avais pas fait ce que j'avais envie de faire.
03:17 Donc c'est ce qui a été l'élément déclencheur de ce virage.
03:20 D'accord. Et comment tu l'as préparé ?
03:22 À un moment donné, tu as choisi ?
03:24 Alors ce que j'ai fait, c'est que j'ai calmé, moi qui ai une appétence forte pour les neurosciences,
03:28 j'ai calmé mon reptilien et ma peur d'être asocial et la peur du manque financier
03:33 qui sont les peurs que rencontrent la plupart des dirigeants.
03:36 La peur de manquer d'argent et la peur de ne pas être reconnu à leur juste valeur.
03:40 Donc j'ai fait un espèce de sas de transition
03:43 où je me suis dit comment est-ce que je peux préparer avec différentes sources de revenus
03:48 me permettant de calmer la peur du manque financier,
03:51 les investissements immobiliers, les investissements boursiers,
03:53 du private equity, la prise de participation dans d'autres entreprises,
03:56 ce qui m'a permis de faire ce virage sereinement.
03:59 Je ne conseille à aucun dirigeant de sauter de l'avion sans parachute.
04:04 C'est une hérésie. Et ceux qui vous disent qu'ils l'ont fait, j'y crois peu.
04:07 Et quel a été ce virage, finalement ? Que tu es devenue après ?
04:11 Alors ce que j'ai fait, j'ai fait ce que j'ai toujours aimé,
04:13 à savoir accompagner justement les dirigeants.
04:15 J'en ai rencontré tellement des dirigeants qui ont gravi les échelons
04:18 et qui ont construit des empires,
04:20 mais qui malheureusement ont passé la ligne d'arrivée avant l'heure théorique
04:24 par soucis de santé, par burn-out, par soucis mentaux.
04:28 Et moi ce que je souhaitais, c'était accompagner ces dirigeants dans une approche holistique,
04:32 parler de business plan, parler de compte de résultat, pas de problème.
04:36 Mais est-ce qu'on ne parlerait pas d'abord de l'humain ?
04:38 Puisque pour moi, je n'ai jamais vu une entreprise, un concept ou un projet
04:42 croître ou décroître sans que ce ne soit pas à 100% de la responsabilité de son dirigeant.
04:46 D'accord. Et pourquoi ce n'est pas ?
04:50 Pourquoi il y a une responsabilité du dirigeant ?
04:53 Parce qu'il peut y avoir des paramètres extérieurs, la COVID ?
04:56 Il y a énormément de paramètres en effet.
04:59 Mais j'entends par là ce sur quoi le dirigeant a un pouvoir direct.
05:03 Il a un pouvoir direct sur sa vision, sa volonté de développer quelque chose,
05:07 son bien-être d'être la personne prioritaire dans sa vie avant que ce ne soit l'entreprise.
05:13 On connaît beaucoup de dirigeants qui passent 6h, 23h tous les jours dans leur entreprise.
05:17 Leur relation à l'argent est un point important et aussi les clés mindset
05:20 pour pouvoir trouver cet équilibre et être au centre de cette boussole personnelle et professionnelle.
05:25 Alors avant de retraire les détails que tu nous évoques,
05:28 comment as-tu fait toi-même pour avoir une carrière aussi linéaire et aussi impressionnante ?
05:35 Tout d'abord, je me suis mis une injonction forte.
05:37 C'était d'honorer les sacrifices de mes parents immigrés d'Algérie
05:40 où on avait une espèce d'injonction qui disait
05:43 « Attention, vous devez faire beaucoup plus que la moyenne française d'origine. »
05:48 Et donc quand on me donnait 10 comme objectif, je faisais 20.
05:51 Et j'ai réussi ma carrière avec une question, c'est « Comment tu as fait ? »
05:55 J'allais voir des personnes plus compétentes que moi dans leur domaine.
05:57 Je leur demandais « Comment tu fais ? » « Comment tu as fait pour faire ci ? »
05:59 « Comment tu as fait pour faire ça ? »
06:01 Bien sûr que beaucoup de gens ne me répondaient pas.
06:03 Mais ceux qui me répondaient me permettaient de me développer dans chacun des domaines
06:07 et de pouvoir gravir naturellement les échelons.
06:09 Ça paraît simpliste, mais véritablement c'est simple.
06:12 Mais simple ne veut pas dire facile.
06:13 Donc ça veut dire que ta qualité principale est d'écouter ?
06:17 D'écouter, une écoute active de la curiosité.
06:19 Je suis quelqu'un de très curieux et je suis aussi quelqu'un qui ne démore pas.
06:23 Je peux même être agaçant.
06:25 Quand je veux quelque chose, je l'ai.
06:27 Puisque surtout ça a commencé à la mort de mon petit frère en 97.
06:30 J'ai décidé ce jour-là de transformer tout ce que j'allais toucher en or.
06:33 Mais ce n'était pas présomptueux.
06:35 C'était vraiment de l'ambition par rapport à ma vie, deux façons de faire.
06:38 Soit je fous tout en l'air, soit je décide de faire ce que j'ai envie de ma vie.
06:41 J'ai pris la deuxième option et c'est comme ça que j'ai réussi à avoir cette carrière.
06:44 Et aujourd'hui, quelles sont pour toi les recettes des dirigeants à succès ?
06:49 Ce sont les dirigeants qui acceptent toutes les facettes de leur personnalité.
06:54 Ça veut dire ?
06:55 Ça veut dire que ce sont les personnes qui vont être en mesure de se poser au centre d'une espèce...
06:59 Je vais prendre l'image de la boussole.
07:01 Et qui vont respecter quatre points cardinaux que j'ai analysés sur toute ma carrière.
07:05 Qui vont être ces quatre points nous permettant de trouver l'équilibre entre le pro et le perso.
07:10 Tout d'abord, sa vision.
07:11 Quelle est la vision du dirigeant ?
07:13 De l'assumer quel qu'elle soit.
07:14 Aujourd'hui, trop peu de dirigeants assument.
07:16 C'est-à-dire que si vous souhaitez développer un empire, assumez-le.
07:19 Si vous souhaitez que votre nom soit écrit en lettres d'or, assumez-le.
07:22 C'est votre objectif, c'est votre vie.
07:24 Que d'abord, ces personnes-là incarnent leur vision.
07:27 Ensuite, leur bien-être.
07:29 Qu'ils doivent passer en priorité.
07:30 Bien manger, bien dormir, bien bouger.
07:32 Je ne suis pas là pour être un moraliste sur le sujet.
07:35 Les bases que l'on connaît tous mais qu'on applique trop peu.
07:37 Puisqu'on est pris dans le système.
07:39 Ensuite, la relation à l'argent.
07:41 Quand le dirigeant comprend que l'argent est un flux constant et non pas un stock,
07:45 ça fait une grande différence dans sa relation à l'argent.
07:48 Et l'objectif est ailleurs.
07:49 Et ensuite, les clés, le mindset.
07:51 Quelles sont les clés de l'état d'esprit à avoir pour rester le plus souvent au centre de cette boussole
07:56 et éviter de se perdre.
07:58 Génial. Et quel est le rapport avec le développement ?
08:02 Pourquoi est-ce une tâche très importante de ta vie ?
08:05 Parce que quand j'ai perdu mes deux parents, j'avais besoin de faire une pause.
08:08 Moi qui étais toujours entre les lounges d'aéroport et les avions et les salles de réunion,
08:12 j'avais besoin de me poser et d'être déconnecté de ce monde.
08:15 Donc, ne pas avoir de réseau pour pouvoir écouter ce que ma petite voix intérieure me disait.
08:19 Et j'ai trouvé la possibilité d'aligner un protocole qui est l'alignement des 4 C.
08:24 Corps, cœur, conscience, cerveau.
08:27 Plus de pollution visuelle, plus de pollution auditive.
08:29 Donc, se retrouver avec soi.
08:31 Et je ne pouvais pas garder ça pour moi.
08:32 Depuis, j'ai emmené plus de 500 personnes dans le désert du Sahara avec des groupes et autres.
08:36 Et l'avantage, c'est que contrairement à des salles de réunion à Paris, à Dubaï, à New York, à Johannesburg,
08:42 peu importe dans le monde, là on est obligé d'être face à soi.
08:45 Puisque, on n'a pas l'échappatoire de j'ai reçu un mail, j'ai un coup de téléphone,
08:49 ou je dois faire bonne apparence devant mes pairs.
08:53 Là, on est face à soi dans le désert et on parle vrai.
08:55 On est dans ce que j'appelle la zone de sincérité radicale.
08:58 C'est vrai que c'est la zone de sincérité radicale que tu parlais un peu plus loin ?
09:02 Bien sûr.
09:03 On a souvent entendu parler en management, en leadership, en coaching et en développement personnel,
09:08 zone de confort, zone d'inconfort, zone d'apprentissage.
09:11 Moi, je pense que la zone de sincérité radicale, c'est là où on ne triche pas avec soi.
09:16 On est complètement honnête avec soi-même.
09:18 Et on n'a pas besoin d'être face au projecteur.
09:20 C'est juste face à soi en se disant mais qu'est-ce que je veux faire de ma vie ?
09:23 Si je veux construire un empire, je construis un empire.
09:25 Si je veux, la fameuse phrase, aller élever des chèvres dans le Larzac, ça me regarde, je fais ce que je veux.
09:30 Mais c'est d'être sincère avec soi et aussi d'aller explorer ses côtés sombres,
09:33 puisqu'on a tous des côtés sombres aussi, et de les assumer, de les accueillir
09:37 et de travailler sur ces points-là pour ne plus avoir ce qu'on ne veut plus.
09:41 Très clair.
09:43 Et toi qui es issu de la diversité, en quoi tu as fait de cette diversité ta part ?
09:50 C'est ce que je te disais tout à l'heure, moi je me suis mis une injonction personnelle.
09:53 Je devais devenir footballeur professionnel et malheureusement, je n'avais pas les clés du mindset.
09:57 Donc cet échec m'a fait devenir en colère vis-à-vis de moi-même.
10:02 Donc moi, j'ai été drive par la colère.
10:03 La colère d'être différent des autres dans le regard des autres.
10:06 Dans mon prénom, dans mon nom, même si je suis français et j'adore la France et j'adore aussi l'Algérie.
10:12 On me disait par le regard que je devais faire plus.
10:15 Donc il y a eu une colère qui a été mon driver pendant très très très longtemps.
10:19 Je me souviens d'une discussion qu'on a eue ensemble aussi.
10:21 Et il y a eu un déclic un jour qui m'a fait comprendre que cette colère pouvait être un moteur,
10:25 mais aussi un saboteur à un certain moment et à un certain âge.
10:28 J'ai décidé de transformer aussi cette colère, mais ça a été pendant très longtemps mon moteur
10:32 pour calmer les peurs que j'avais, pour essayer de répondre à des injonctions que je m'étais fixées,
10:37 à savoir honorer les sacrifices de mes parents, réussir socialement aussi,
10:41 parce que je voulais aussi réussir ma vie.
10:42 J'aime les belles choses, j'aime le voyage, j'aime les belles maisons, j'aime les belles voitures.
10:45 Et tout ça m'a permis d'évoluer très rapidement jusqu'à un certain point,
10:49 le jour où j'ai perdu mes deux parents et que j'ai fait ce virage.
10:51 C'est d'ailleurs heureux quand tu dis que ça peut avoir pas de négatif.
10:56 Que n'était-il chez toi ?
10:57 Le perfectionnisme exacerbé et la notion d'injustice.
11:01 C'est-à-dire que quand on est dans une espèce de sentiment d'injustice constant,
11:06 on est à l'affût de tout, donc qu'est-ce qu'on fait ?
11:08 On monte dans sa tour d'ivoire et puis on se construit un rempart et puis on devient monsieur parfait.
11:12 Moi, à défaut d'être devenu footballeur professionnel,
11:14 j'ai cherché à devenir fils professionnel avec tout ce que ça comporte.
11:17 Donc je me suis mis une pression, donc la pression était beaucoup trop forte.
11:20 Et à un moment, on lâche prise et on transforme cette colère par de l'amour inconditionnel.
11:24 Et puis là, tout s'aligne naturellement et c'est pas incompatible,
11:28 malgré le fait qu'on est dans une société où on est bombardé d'informations
11:32 et on est sous les projecteurs constamment, surtout à ces niveaux de responsabilité.
11:35 Et d'ailleurs, qu'est-ce que tu dirais aujourd'hui à toutes les personnes qui se sentent en colère victimes d'un outil ?
11:42 C'est encore une fois d'assumer 100% des responsabilités et de comprendre une chose.
11:47 Moi, jusque 40 ans, j'ai cherché à me remplir.
11:49 C'est l'image du sablier.
11:51 Je cherchais à me remplir, à me remplir pour les titres, les médailles, la réussite,
11:54 ce qui est très bien, je ne cracherai jamais dans la soupe.
11:56 Et à un moment donné, la sagesse de l'âge ou l'âge avançant,
11:59 on retourne le sablier et on aspire à autre chose, plus à donner et à distribuer.
12:03 Ce que je dirais à ces personnes, c'est d'assumer pleinement encore une fois
12:07 et de redéfinir clairement la notion de la réussite.
12:10 Jusque 40 ans, la réussite, c'était une réussite extérieure pour l'approbation de l'externe.
12:14 Et après 40 ans, j'ai décidé de dire, ma définition de la réussite, c'est d'être totalement moi.
12:18 Donc j'inviterai ces personnes-là à comprendre une chose, c'est qu'être soi, c'est non négociable.
12:24 Plus vite vous serez vous-même, plus vous serez épanoui dans votre vie.
12:27 - Ah magnifique, j'adore ce message.
12:30 - Merci.
12:31 - Et que dirais-tu aux dirigeants qui ont le sentiment de supporter à vous de bras ?
12:36 - Que déjà, ça fait partie de la mission, mais surtout qu'ils ne sont pas seuls.
12:41 Et le jour où on comprend ça, et il y a beaucoup de groupes, de dirigeants et autres,
12:45 mais cette notion de sincérité radicale, de venir déposer les vraies problématiques,
12:49 de la surcharge mentale, de la problématique financière, de la trésorerie qui n'est pas là,
12:55 de la concurrence qui est trop complexe, de le management, le recrutement des personnes,
13:00 tous ces éléments-là, ce n'est pas parce qu'on a le titre de dirigeant qu'on est un super-héros.
13:04 Un dirigeant n'est pas un super-héros, c'est un être humain, un être de chair, de sang et d'émotion,
13:08 qui doit justement vivre et gérer avec cette notion d'émotion.
13:12 C'est très important de partager ces émotions.
13:15 Et ce que je dirais, c'est que contrairement à ce qu'on laisse sous-entendre,
13:19 la notion de vulnérabilité vient contribuer à l'authenticité du dirigeant.
13:23 Et vulnérabilité ne veut pas dire faiblesse.
13:25 - Et pourquoi vous nous le soutenez que les hommes ont plus de mal à assumer leurs émotions que les femmes ?
13:31 - On pourrait en faire une émission à part entière sur le patriarcat,
13:34 et surtout moi d'origine maghrébine, avec le machisme exacerbé de facto dans la tradition.
13:41 Il y a ces injonctions de dire "l'homme doit être le garant du foyer et autres".
13:46 Mais aujourd'hui, dans le patriarcat, la vraie patronne, si je puis dire, c'est la femme.
13:49 Et quand on trouve son équilibre, comme j'ai pu le trouver,
13:51 j'ai aussi fait ma carrière grâce à mon épouse, qui m'a aidé dans les moments difficiles.
13:55 J'ai su poser ma tête sur son épaule et écouter des conseils avisés de sa part, alors qu'elle n'était pas du milieu.
14:01 Et c'est cette notion justement de vulnérabilité, qui ne veut pas dire faiblesse,
14:05 qui permet de se replacer au centre de sa boussole et de trouver cet équilibre.
14:08 Et aussi d'aligner son business à sa personne et inversement.
14:12 Et les plus grandes se montrent, que j'ai étudiées, le font.
14:14 Et c'est pour ça que je suis devenu maintenant mentor de dirigeant, coach de dirigeant,
14:18 et je les accompagne dans ce sens-là.
14:20 Merci beaucoup, Kim, pour cette petite introduction.
14:22 Merci beaucoup.
14:24 C'était passionnant.
14:25 Merci à toi, c'était top.
14:27 Et maintenant, j'ai le très grand plaisir d'accueillir Emery Gagon,
14:35 un homme qui n'aime pas prendre la lumière.
14:37 Je le remercie d'obtenir par ce magnifique cadeau de sa présence.
14:41 Emery, tu es à la tête de la RSE, de la sécurité et du centre de formation.
14:47 Tu travailles énormément, mais tu arrives à dégager quand même 3 heures par jour
14:51 pour le mouvement "Au Cré des Gages", qui regroupe 1 700 bénévoles
14:56 et qui est une région d'entraide extrêmement puissante.
15:00 Alors Emery, l'humain est au cœur de tes engagements. Pourquoi ?
15:05 En fait, ça m'est venu déjà tout petit.
15:09 Mon éducation, ma famille m'a toujours appris que tout petit,
15:14 il ne fallait pas regarder avec son nombril.
15:16 Et très rapidement, je me rappelle en primaire,
15:19 j'ai la chance d'avoir un frère jumeau, et mon frère jumeau et moi,
15:22 on prenait les enfants qui étaient plus dans des situations un peu difficiles avec nous,
15:28 parce qu'on avait la force d'être jumeau, c'est toujours effectivement un avantage,
15:32 et donc on les prenait déjà sous notre aile.
15:35 Donc ça m'est venu vraiment très rapidement, et grâce à une éducation effectivement très bienveillante.
15:41 Donc j'essaye de retranscrire ce qui m'a été apporté par ma famille.
15:46 D'accord. Et donc, quel est le mouvement "Au Cré des Gages" ?
15:50 Alors "Au Cré des Gages", c'est un mouvement qui a été créé en décembre 2021.
15:56 Pour la première fois, on avait démarré ce mouvement pour les quartiers nord de Marseille.
16:01 On avait fait une collecte alimentaire pour les familles des lycéens.
16:07 On s'était aperçu qu'effectivement, pendant les vacances scolaires, malheureusement,
16:11 on a livré à peu près 600 personnes dans les quartiers nord de Marseille,
16:16 ne parvenaient pas à manger, puisque ces lycéens finalement arrivent à manger
16:21 quand ils sont en période de lycée, puisque le lycée leur procure de la nourriture le midi,
16:26 mais le soir quand ils rentrent chez eux, ils n'ont rien à manger,
16:29 et pendant les vacances, on s'apercevait que ça risquait d'avoir 15 jours sans nourriture.
16:34 Donc on a démarré "Au Cré des Gages" en décembre 2021,
16:40 où on a livré plus de 600 personnes dans les quartiers nord de Marseille
16:43 avec une dizaine de professeurs de l'éducation nationale.
16:46 On est allé dans toutes les tours les plus sinistrées de plusieurs quartiers nord de Marseille
16:52 pour livrer cette nourriture. Le démarrage est là.
16:55 - Ça veut dire que depuis, vous avez eu des succès absolument dingues,
17:00 à la place de l'emploi humain et à la place de l'emploi de réouverture de vos élections.
17:04 Quelles sont vos trois dernières plus belles élections ?
17:07 - Alors on a vraiment des grandes thématiques d'action.
17:12 Alors on fait quasiment tous les jours des actions pour aider des personnes
17:17 en situation de stage, d'alternance ou sans emploi à trouver un emploi.
17:24 Donc grâce à mon réseau de 1700 bénévoles et des connexions,
17:28 où j'ai aussi bien des présidents du CAC 40 que des demandeurs d'emploi dans ce mouvement,
17:33 on fait bouger l'algorithme de LinkedIn et on tag beaucoup de monde en fonction des métiers
17:41 pour essayer de créer une émulation et trouver des opportunités pour ces gens.
17:46 Donc ça c'est quelque chose qu'on fait tous les jours chez "Au Cré des Gages".
17:50 On a beaucoup aussi d'aides aux personnes en situation de handicap
17:54 pour intégrer le monde dans l'entreprise.
17:57 Donc on cherche à effectivement lever les biais de certains managers
18:01 qui pensent qu'une personne en situation de handicap forcément ne va pas faire l'affaire une fois en poste.
18:08 Donc on communique beaucoup sur ça.
18:10 On fait aussi beaucoup de soutien psychologique à des gens qui n'ont pas forcément l'argent
18:14 pour aller voir des psychologues, des psychothérapeutes.
18:17 On a la chance chez "On craint des gains" d'être entouré de spécialistes
18:20 qui bénévolement aident des personnes dans des grandes situations de précarité
18:25 et essayent de soulager leur quotidien.
18:28 C'est ça qui fait la force de "On craint des gains".
18:30 Il y a des panels très très larges, mais tous les jours il y a une ou plusieurs actions chez "On craint des gains".
18:36 - Merci beaucoup Benko Ussia.
18:38 C'est ta partie avec tes modes d'établissement personnel et professionnel forcément.
18:44 Alors vu que dans ta vie professionnelle, tu es aussi directeur de plusieurs choses complètement différentes.
18:51 Comment est-ce possible ? C'est la première question que je vais faire.
18:54 - Alors c'est grâce à mes chefs.
18:56 J'ai la chance effectivement d'avoir des managers qui m'ont autorisé à quitter le monde du juridique
19:04 puisqu'auparavant j'étais directeur juridique adjoint et risque manager du groupe ColasRide
19:08 pour encadrer des équipes de sécurité ferroviaire.
19:11 J'ai dirigé cette équipe pendant plus de deux ans en étant uniquement chef de cette équipe.
19:21 Et au bout de deux ans, on m'a demandé de prendre le centre de formation du groupe ColasRide
19:25 pour également apporter une certaine dynamique.
19:29 Deux ans après, on m'a demandé de prendre la responsabilité sociétale de l'entreprise ColasRide à l'échelle mondiale.
19:36 Et récemment, on m'a donné aussi d'autres missions, d'autres fonctions aussi un peu plus larges pour le groupe Bouygues.
19:44 - Alors, c'est quoi tes dernières missions ?
19:47 - On a une mission qui nous intéresse beaucoup chez Bouygues sur le respect des droits humains fondamentaux
19:52 où on est dans un comité de travail avec une ONG RH sans frontières
19:57 pour instaurer de nouvelles méthodes de travail dans différents groupes dont le groupe Bouygues
20:03 et créer une nouvelle méthode d'analyse pour être sûr et certain à chaque instant
20:10 de respecter les droits humains fondamentaux à l'échelle de nos différents métiers chez Bouygues
20:15 et dans d'autres groupes qui font partie de cette ONG.
20:17 - Mais où trouves-tu toute cette énergie ? Comment fais-tu pour manager ?
20:22 - Moi, je dis souvent que je trouve cette énergie dans mes équipes.
20:26 J'ai appris à savoir m'entourer.
20:29 J'ai essayé aussi de créer un système de management proche d'une entreprise libérée
20:34 où on gomme une partie de cette notion de hiérarchie, où on essaye de faire corps ensemble
20:38 face aux difficultés qu'on doit affronter tous les jours
20:41 parce que quand vous gérez la sécurité, quand vous gérez la montée en compétences,
20:44 comme ça, mon centre de formation, il travaille pour Colasrail,
20:47 mais uniquement pour 14% de son chiffre d'affaires.
20:49 Tout le reste, je travaille pour l'intégralité de mes grands concurrents, des majors du BTP.
20:55 - Alors, tu fais travailler tes salariés pour la concurrence ?
21:00 - Tout à fait. - C'est extraordinaire. Comment ça se passe ?
21:03 - On avait déjà fait ça pour la sécurité ferroviaire.
21:06 Au bout de quelques mois où j'ai dirigé cette équipe de sécurité ferroviaire,
21:11 je m'étais aperçu que finalement, ils étaient capables aussi d'aller travailler pour les autres
21:15 et pour amener les autres entreprises dans des niveaux de sécurité
21:18 aussi satisfaisants que celui de Colasrail.
21:22 Donc, on a eu effectivement aujourd'hui, je crois qu'on travaille pour 17 entreprises ferroviaires différentes
21:27 pour améliorer les conditions de sécurité dans ces sociétés-là.
21:31 Et chez Campusfer, on travaille pour à peu près 75 entreprises du BTP, du ferroviaire,
21:36 en montée en compétences dans une dizaine de métiers du ferroviaire, du BTP.
21:41 - Ça veut dire que tu as réussi à rendre rentable une activité qui est plutôt normalement réservée à la terre ?
21:49 - Tout à fait. J'ai essayé de configurer un service fonctionnel productif.
21:57 Et je peux vous dire effectivement que cette année, c'est une entreprise qui...
22:01 Enfin, c'est trois entités qui, effectivement, génèrent de l'argent.
22:05 - Et donc, ça veut dire que tu as mis en place le principe de l'entreprise libérée.
22:10 Mais concrètement, comment fais-tu pour fédérer les équipes,
22:15 t'assurer que même si tu n'es pas toujours là, tu dois être présent pour tout le monde,
22:21 ça continue à rouler de manière fluide et aussi efficace ?
22:25 - En fait, j'ai toujours essayé d'être inutile, de configurer effectivement une équipe
22:30 où finalement, elle n'aurait pas besoin de moi et être uniquement le média de la réussite de cette équipe.
22:36 Donc, au fur et à mesure, j'apprends avec les années, j'ai la chance d'avoir des gens qui me sont très, très fidèles.
22:41 Et donc, quelles sont effectivement les différentes compétences que ces gens ont,
22:46 catalyser ces expériences-là.
22:48 Et aujourd'hui, pour la sécurité ferroviaire ou pour Campusfer, l'organisme de formation,
22:55 j'ai vraiment des managers et leurs collaboratrices et collaborateurs très, très autonomes.
23:00 Je ne suis que quelqu'un qui fête leur réussite.
23:03 - D'accord. Alors, du coup, j'ai envie de te demander, quel serait pour toi le secret de la réussite des dirigeants,
23:11 pour avoir des équipes aussi fidèles, aussi engagées, aussi efficaces ?
23:15 - Alors, j'ai beaucoup de journalistes qui me posent la question.
23:17 Moi, j'ai toujours dit de l'enthousiasme. Il faut avoir de l'enthousiasme.
23:20 Il faut être aligné avec ses vraies valeurs. Kim, tout à l'heure sur ton plateau, l'indiquait également.
23:25 Moi, je considère que pour agir dans la durée, il faut être aligné à ses valeurs.
23:33 Et normalement, voilà, du moment qu'on est aligné, après, il faut une petite catalyse des énergies,
23:39 comme je l'indique, et on arrive effectivement à avoir chaque année des succès.
23:44 Et je pense que Colasrail est très satisfait de ses équipes parce qu'elles sont dans une dynamique très enthousiaste,
23:51 d'où un ratio, effectivement, de fidélité de ces gens qui...
23:56 - Mais comment tu fais pour générer cet enthousiasme ?
24:00 - C'est par la dynamique d'équipe. Je dirais, je ne sais même pas si c'est moi.
24:05 Enfin, moi, je pense que c'est eux-mêmes.
24:07 Automatiquement, sachant qu'ils ont mon support tous les jours, ils exploitent leurs compétences.
24:17 Et moi, je les regarde avec une grande fierté, mais je ne fais que les regarder.
24:22 - Ah oui ? Moi, quand même, je suis totalement admirative.
24:28 Et par rapport à l'organisation de l'Occitane de Gaulle, et ton activité professionnelle,
24:36 est-ce que de temps en temps, tu embarques tes équipes dans tes actions ?
24:41 - Alors, tout à fait. Parmi les bénévoles, on a des membres, enfin des salariés de la société Colasrail
24:48 qui participent à des opérations de tout style.
24:52 En fait, le principe d'On craint des gains, c'est que moi, je n'attends pas que quelqu'un systématiquement agisse.
24:59 C'est si le cœur lui en dit, en fonction de la nature de l'opération, à ce moment-là, il s'associe à l'opération.
25:05 Mais je ne force personne, il n'y a aucune adhésion.
25:07 Donc aujourd'hui, on a chez On craint des gains aussi bien des personnes étames,
25:14 donc de niveau agent de maîtrise communément, que des cadres.
25:18 On a même un directeur général qui fait partie d'On craint des gains.
25:22 Donc ça crée également des passerelles.
25:25 On l'a vu dernièrement, on devait recruter une trentaine d'électriciens à toute vitesse
25:30 pour un marché qu'on vient de gagner.
25:32 Grâce à On craint des gains, on a eu plus de 2000 CV qui ont été à notre disposition
25:39 pour pouvoir aller recruter chez ces électriciens et leur faire des mails pour les contacter en leur disant
25:47 "Aujourd'hui, chez Colasrail, on a une nouvelle activité, on est capable de recruter 30 électriciens, viens qui veut".
25:55 Il y a des passerelles. Tous les jours, il y a des passerelles entre On craint des gains et Colasrail.
25:59 On en bénéficie au niveau des ressources humaines, au niveau des personnes en situation de handicap également,
26:04 puisque comme j'aide des personnes en situation de handicap à un déclinement de l'entreprise,
26:08 forcément j'ai tendance aussi à servir mon entreprise en premier.
26:12 Donc sans arrêt, il y a des points communs entre les initiatives humaines.
26:18 Et dans la RSE, on dit toujours qu'il faut avoir une fonction sociétale
26:22 et On craint des gains à cette fonction sociétale.
26:25 - Et que partagerais-tu aux personnes qui aujourd'hui se sentent vraiment victimes d'injustice ?
26:32 - Alors quand on est victime d'injustice, moi je dis toujours qu'il ne faut pas rester isolé, il faut vraiment agir en réseau.
26:41 Nous, on a créé ce réseau-là pour ça. En fait, on s'aperçoit en France comme dans d'autres pays,
26:46 puisque aujourd'hui On craint des gains et dans 7 pays différents.
26:50 Si on est tout seul, j'appelle mes protégés les oubliés.
26:55 Donc moi je suis là pour les oublier, pour mettre un réseau à disposition de ces oubliés,
27:00 pour qu'ils ne se sentent pas seuls.
27:02 Et on le voit encore avant-hier, il y a quelqu'un qui a fait une vidéo sur nous en disant
27:06 "Mais moi je ne connaissais pas ces gens-là" et d'un seul coup ils sortent un poste
27:10 et une déferlante de bienveillance sur LinkedIn à mon attention.
27:14 Et le monsieur était hyper touché en disant "Voilà, c'est impressionnant que du jour au lendemain,
27:19 on ait autant de témoignages de sympathie".
27:22 Mais parce que ce réseau-là a été construit de manière à faire en sorte que les gens oubliés,
27:28 en France comme ailleurs, ne soient plus oubliés,
27:31 puisque aujourd'hui on peut encore avoir foi en l'humanité
27:35 et les membres de On craint des gains sont des spécialistes de ce sujet.
27:39 - D'ailleurs, je voudrais remercier infiniment de nous rappeler
27:42 qu'à votre uniforme, des frères et des sœurs de chat.
27:45 - Tout à fait.
27:47 - C'est la fin de cette émission. J'espère que vous avez passé un très joli moment avec nous.
27:52 Et à très vite pour la suite.

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