Le "8h30 franceinfo" de Marc Ferracci

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Le vice-président du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale était l'invité du "8h30 franceinfo", samedi 4 novembre 2023.

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00:00 Bonjour Marc Ferracci.
00:01 Bonjour.
00:02 Une marche en soutien du peuple palestinien est organisée à Paris.
00:05 Il y en a d'autres en région, mais il y a celle-ci à Paris avec ce mot d'ordre.
00:09 Contre la guerre et pour le peuple palestinien, elle n'est pas interdite par la préfecture.
00:14 Pourquoi est-ce que la majorité ne s'associe pas à cette marche et pourquoi vous n'y serez pas ?
00:17 Moi je n'y serais pas parce que je pense qu'on a besoin de laisser le droit de manifester s'exprimer.
00:24 Moi je suis très heureux que cette manifestation ait lieu, encore une fois.
00:27 On a besoin d'exprimer une solidarité vis-à-vis du peuple palestinien,
00:31 mais aussi de tracer une ligne de frontière très claire entre le peuple palestinien et le Hamas.
00:36 Et lors des manifestations qui ont précédemment été interdites,
00:40 il y avait cette question de savoir si certains slogans pouvaient être des slogans de soutien au Hamas.
00:46 Je pense que ce qui a gouverné les interdictions précédentes,
00:49 c'est aussi la possibilité que s'expriment des messages qui sont au fond,
00:53 en soutien au Hamas, une forme d'apologie du terrorisme.
00:56 Et lors de la manifestation, le préfet a jugé qu'il n'y avait pas ce risque,
01:01 que les slogans, que les mots d'ordre, que les associations qui invitaient à la manifestation
01:05 ne présentaient pas du tout ce genre de problème.
01:10 Et donc la manifeste a été sur un lieu, c'est très important.
01:13 Je pense qu'on a besoin d'exprimer une solidarité au peuple israélien comme au peuple palestinien.
01:19 On a besoin de rappeler que le peuple palestinien, ce n'est pas le Hamas,
01:22 c'est un mouvement terroriste qui opprime son peuple depuis 2007 dans la bande de Gaza.
01:26 Et de ce point de vue-là, j'espère, j'ai toute raison de penser,
01:29 que cette manifestation se passera dans de bonnes conditions.
01:32 – On n'a pas eu tort de les interdire, les précédentes à Paris, avant celle-ci ?
01:35 – Vous savez, les interdictions, elles se font toujours sous le contrôle du juge.
01:38 Et le juge a validé les précédentes interdictions
01:40 parce qu'il y avait potentiellement des problèmes de trouble à l'ordre public.
01:44 Et ça, c'est un élément très important, encore une fois,
01:46 dans la situation de tension que connaît notre pays, on ne peut pas passer à côté de ça.
01:49 Il faut trouver un équilibre entre le droit de manifester et l'ordre public.
01:52 – La préfecture de Paris dit qu'elle sera très vigilante
01:54 sur les éventuels débordements antisémites. Les craignez-vous ?
01:59 – On ne peut que les craindre, même si là, j'espère encore une fois
02:03 que les mots d'ordre, les slogans donneront lieu à une manifestation
02:06 totalement pacifique en soutien au peuple palestinien.
02:09 Mais on ne peut que les craindre.
02:11 Quand on voit des pochoirs avec des étoiles de David
02:15 qui fleurissent sur les murs de nos villes…
02:17 – Et des temps courts.
02:19 – Quand on voit que 850 actes antisémites ont été commis depuis le 7 octobre,
02:22 ce qui est une explosion par rapport à ce que l'on a l'habitude de constater,
02:26 eh bien on ne peut qu'être affolé, on ne peut qu'être affolé
02:28 par la résurgence de l'antisémitisme dans notre pays.
02:31 Et de ce point de vue, évidemment, il faudra être extrêmement vigilant.
02:34 Moi, j'espère que si d'aventure des gens s'adonnent à ce genre de slogans,
02:39 eh bien il y aura des interpellations.
02:40 – L'extrême-gauche est complice de l'antisémitisme,
02:42 a dit l'un de vos collègues députés de la majorité, Benjamin Haddad,
02:45 en disant notamment la France insoumise.
02:47 Est-ce que vous le rejoignez quand il dit cela ?
02:49 – Non, moi d'abord je ne crée pas d'amalgame avec des concepts si larges
02:54 comme celui de l'extrême-gauche.
02:56 Il y a à la gauche de notre pays des gens qui ont eu tendance
03:01 à jeter de l'huile sur le feu dans les dernières semaines,
03:04 et effectivement la France insoumise en fait partie.
03:07 L'accusation d'antisémitisme, c'est une accusation très grave,
03:09 moi je ne la porte pas à la légère.
03:11 Je constate simplement qu'il y a de la complaisance.
03:14 Il y a de la complaisance vis-à-vis notamment du Hamas,
03:16 qui est un mouvement terroriste et dont certains membres de la France insoumise,
03:19 Madame Obono en particulier, ont jugé sur les antennes de la radio publique
03:24 que c'était un mouvement de résistance.
03:26 Cette complaisance est absolument insupportable,
03:29 et je pense qu'elle doit être parfaitement dénoncée.
03:31 – Est-ce que vous auriez une manifestation en soutien à Israël ?
03:34 Vous dites que vous n'irez pas à cette manifestation cet après-midi,
03:36 est-ce que vous auriez une manifestation en soutien au peuple israélien ?
03:39 – Moi je pense qu'on a besoin d'unité,
03:42 on a besoin d'unité et de considérer qu'une vie vaut une vie,
03:46 que la vie d'un enfant israélien vaut la vie d'un enfant palestinien,
03:49 qu'une mère israélienne pleure son enfant comme une mère palestinienne.
03:53 Et donc sans mettre à équidistance évidemment les protagonistes de ce conflit,
04:00 parce que encore une fois le Hamas, ça n'est pas l'État d'Israël,
04:03 et bien je pense qu'on a besoin de retrouver cette unité.
04:06 – Pourquoi vous n'organisez pas une manifestation en soutien à toutes les victimes,
04:09 à vous, à Renaissance et à la majorité, est-ce que ça c'est envisageable ou pas ?
04:12 – Il y a eu d'abord beaucoup de déclarations de soutien aux victimes.
04:15 – Et là on parle de manifestations.
04:16 – Il y a eu des déclarations, il y a eu des prises de position
04:19 qui sont extrêmement claires et qui ont à la fois exprimé une solidarité aux victimes,
04:24 une solidarité aux otages, et je pense qu'on ne parle peut-être pas suffisamment
04:28 aujourd'hui des otages, les otages qui justifient qu'on aille les chercher,
04:34 qu'on aille essayer de les libérer.
04:36 Donc moi je pense qu'on a jusqu'à présent su tenir une ligne,
04:40 quand je dis "on" c'est la majorité, c'est le Président de la République,
04:43 qui est une ligne d'équilibre.
04:44 Et pour répondre à votre question, je n'irai pas à la marche de cet après-midi,
04:48 je n'ai pas l'intention de participer à une autre marche en soutien à Israël,
04:53 mais ça ne signifie pas évidemment que je ne suis pas solidaire des victimes et des otages.
04:57 – Marc Ferracci, 35 Français ont été tués dans les attaques du Hamas le 7 octobre,
05:02 29 personnes sont portées disparues, certaines sont, semble-t-il, des otages.
05:07 Est-ce qu'il faut une cérémonie d'hommage pour ces 35 morts français en Israël ?
05:12 Peut-être une cérémonie aux invalides ?
05:14 – Ecoutez, ça c'est au Président de la République d'en décider.
05:18 – Il l'envisage ?
05:19 – Je ne sais pas, je n'ai pas cette information aujourd'hui.
05:22 En tout état de cause, il ne faut pas que la mémoire de ces victimes s'efface,
05:27 et ça c'est très important.
05:28 Est-ce que ça doit passer par une cérémonie, une cérémonie aux invalides ?
05:31 Ça encore une fois, je pense qu'il est peut-être trop tôt pour en discuter,
05:35 ou en tout cas trop tôt pour en décider, mais c'est très important
05:38 que dans ce milestone qui est celui de l'information en continu,
05:42 eh bien on ne perde pas de vue ce qu'a été le calvaire de ces victimes,
05:47 ce qu'a été le calvaire des gens qui ont été torturés dans les kiboutz
05:51 qui sont proches de Gaza, et que la mémoire persiste.
05:54 – Et Emmanuel Macron annonce hier, l'organisation, jeudi prochain,
05:57 d'une conférence humanitaire internationale pour les civils de Gaza,
06:01 pour apporter de l'aide humanitaire, avec invités, des responsables
06:05 de pays arabes, de l'Union Européenne, des ONG aussi, des bailleurs de fonds.
06:09 Est-ce que vous pensez que dans le contexte,
06:10 elle a une chance d'aboutir à des solutions concrètes pour les civils de Gaza ?
06:13 – C'est le but, le but c'est de mettre sur la table tous les bailleurs,
06:16 tous les pays qui sont susceptibles de contribuer ou qui contribuent déjà,
06:19 c'est de présenter les solutions qui ont déjà eu une concrétisation sur le terrain,
06:24 et puis c'est d'aller plus loin. Au-delà de cette conférence…
06:27 – Mais Israël ne sera pas présent, Israël a un droit de regard sur presque
06:29 toute l'aide humanitaire qui arrive dans la bande de Gaza,
06:31 est-ce que ce n'est pas un gros point ?
06:32 – C'est vrai, il a été jugé que la présence d'Israël serait peut-être
06:35 un facteur de crispation des échanges dans le contexte actuel,
06:37 et je pense que ça peut bien se comprendre,
06:39 mais au-delà de cette conférence qui va parler des moyens,
06:42 il y a un appel très clair à la trêve humanitaire.
06:44 – Oui, mais ce que dit Israël, c'est que tant qu'il y a des otages,
06:46 il ne peut pas y avoir de trêve, vous entendez cet argument ?
06:48 Vous-même, vous mettiez en avant la question des otages, Israël dit
06:50 "pas de trêve possible tant qu'il y a des otages"
06:52 et ça peut aussi donner la possibilité aux Hamas de se réarmer.
06:55 – Alors, je pense qu'il faut faire une distinction très claire
06:57 entre la notion de trêve ponctuelle, et destinée à permettre
07:00 l'exfiltration des personnes les plus fragiles,
07:02 destinée à permettre l'acheminement des biens et d'enrées essentiels
07:05 à la population de Gaza dans cette situation de crise,
07:08 et la notion de cesser le feu.
07:10 La notion de cesser le feu, ça n'est pas la même,
07:12 ça signifie un arrêt durable des combats,
07:14 et ça je pense qu'il faut l'éviter précisément pour éviter aux Hamas
07:17 de consolider ses forces, et aussi pour permettre d'aller chercher les otages.
07:22 – Et une dernière question sur la situation dans la bande de Gaza,
07:24 l'Institut français, visé par une frappe israélienne,
07:27 touchée en tout cas par une bombe israélienne,
07:29 la France demande des explications, fait part de son incompréhension,
07:31 de son étonnement, et Catherine Colonna, plus largement,
07:33 ministre des Affaires étrangères, fait part d'une condamnation
07:36 à des infrastructures des Nations Unies qui peuvent être visées,
07:39 des infrastructures de la presse,
07:41 quelles explications aujourd'hui doit apporter Israël à tout cela ?
07:45 – D'abord elle doit en apporter sur sa stratégie de ciblage
07:48 des infrastructures et des bâtiments, c'est absolument inacceptable
07:51 de voir cibler des bâtiments qui sont des bâtiments d'organisation humanitaire.
07:56 Israël doit détruire le Hamas, j'en suis convaincu,
08:00 doit faire preuve de force pour cela, mais doit également faire preuve de force morale.
08:04 Faire preuve de force morale, c'est résister à la tentation
08:08 de cibler de manière, justement de ne pas cibler,
08:11 c'est-à-dire de frapper de manière indistincte,
08:13 au prix de dommages collatéraux, au prix de victimes civiles
08:16 et en particulier d'enfants.
08:18 Je pense que cette ligne de frontière, c'est aussi ce qui distingue
08:20 une démocratie d'un mouvement terroriste comme le Hamas.
08:23 – Mais elle n'est pas respectée aujourd'hui ?
08:24 – Écoutez, je pense qu'il y a des dommages collatéraux qui sont nombreux,
08:27 on voit des victimes civiles, on ne va pas évidemment balayer
08:31 sous le tapis ces milliers de morts à Gaza,
08:34 et donc je pense qu'Israël doit tout faire, tout faire,
08:38 pour protéger les civils dans sa stratégie visant à éradiquer le Hamas.
08:42 – Marc Ferracci, député Renaissance, numéro 2 du groupe Renaissance à l'Assemblée,
08:46 on poursuit cet échange juste après le Fil info à 8h41. Diane Ferchit.
08:51 [Générique]
08:52 – 11 départements en vigilance orange sur la côte atlantique et en Méditerranée
08:55 face à l'arrivée de la tempête Domingos,
08:57 alors que les dégâts causés par la tempête Kiran sont encore en cours d'évaluation.
09:01 Le Bas-de-Calais est lui toujours en vigilance orange,
09:03 au risque de cru 260 000 foyers, reste ce matin privé d'électricité.
09:09 Une frappe de l'armée israélienne touche une ambulance à Gaza,
09:12 bilan 15 morts selon le Hamas.
09:14 L'État hébreu déclare avoir visé des membres du Hamas qui utilisaient le véhicule,
09:18 une affirmation démentie par l'organisation islamiste palestinienne.
09:22 La France, elle, demande des explications après un tir israélien
09:25 sur l'Institut français de Gaza Paris qui exprime étonnement et incompréhension.
09:30 Près d'une tonne de résine de cannabis saisie à la frontière avec l'Espagne,
09:34 selon les douanes, la drogue était dissimulée dans un camion
09:37 qui transportait des bateaux, valeur estimée de la marchandise, près de 2 millions d'euros.
09:42 La 11e journée de Ligue 1 de football et Paris, leader provisoire de la Ligue 1 ce matin.
09:46 Après avoir écrasé Montpellier au parc des Princes, victoire 3 à 0 hier soir.
09:50 Deux rencontres à suivre aujourd'hui.
09:52 A 17h, Lorient reçoit Lens et puis à 21h, Marseille accueille Lille.
09:56 Ce sera finalement sans supporter Lille.
09:59 Voici les lois décisions du ministère de l'Intérieur après les graves incidents autour de la rencontre OM Lyon la semaine dernière.
10:06 Avec Marc Ferracci, député des Français de l'étranger, vice-président du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale.
10:20 Il est proche du président de la République Emmanuel Macron.
10:22 Marc Ferracci, la loi immigration arrive au Sénat ce lundi à Valence-Amblée à priori mi-décembre.
10:26 Et parmi les sujets qui font débat au sein même de la majorité, au sein même de votre groupe, c'est l'aide médicale d'État.
10:31 Gérald Darmanin se dit prêt à la réformer pour en faire une aide médicale d'urgence, réservée donc au cas d'urgence.
10:37 Est-ce que vous êtes prêt à voter une telle réforme, vous, très concrètement, très clairement ?
10:41 Alors, quelle est la problématique autour de cette aide médicale d'État ?
10:44 C'est une aide qui permet d'accéder au panier de soins à la sécurité sociale lorsque vous avez 3 ans de présence sur le territoire sans titre de séjour.
10:51 Voilà à qui ça concerne.
10:53 Aujourd'hui, ça concerne, suivant un récent rapport, environ 400 000 personnes.
10:56 Ça coûte un peu plus d'un milliard d'euros.
10:58 Quelle est la justification de cette aide ?
11:01 C'est évidemment un principe de santé publique, parce qu'il faut soigner des personnes qui peuvent, sinon, générer de l'épidémiologie, ce genre de choses.
11:11 Et de ce point de vue, je pense qu'il faut être très prudent au moment de se poser la question de la suppression de l'AME.
11:16 Il y a un rapport qui est en train d'être élaboré.
11:18 Donc, une version provisoire a été proposée au gouvernement hier, réalisée par Claude Hévin, ancien ministre de la Santé, et Patrick Stefanilli.
11:26 Ce rapport dit plusieurs choses.
11:28 Il dit qu'apparemment, l'AME n'est pas un facteur d'attractivité.
11:32 Ça n'est pas quelque chose qui est susceptible de générer ce que l'on pourrait appeler un appel d'air.
11:36 Ça, c'est le premier élément.
11:37 Ça fait l'objet d'un taux de non-recours assez important, de l'ordre de 50%.
11:41 Et donc, c'est un dispositif qui est extrêmement contrôlé aujourd'hui, et dont je pense que ça n'est pas le facteur principal.
11:48 Tant qu'on n'y touche pas, vous dites que ce n'est pas nécessaire.
11:50 Ça serait une concession faite à la droite inutile.
11:53 Je ne suis pas hostile à ce qu'on ait un débat sur le périmètre du panier de soins accessibles dans le cadre de l'AME.
11:58 Pas sur l'aide médicale d'État en tant que tel.
12:00 Olivier Véran, par exemple, ne veut pas y toucher, il est médecin et ancien ministre de la Santé.
12:04 Je pense que le débat qui va avoir lieu au Sénat, il aura lieu à l'Assemblée nationale au mois de décembre,
12:09 sur quels sont les soins qui sont accessibles dans le cadre de l'AME.
12:12 Peut-être que le panier de soins aujourd'hui est trop large,
12:15 mais je pense qu'il ne faut pas remettre en question ce principe pour des raisons de santé publique, comme on l'a indiqué,
12:20 et encore une fois, parce que ça ne semble pas, au regard de ce qu'on sait, être un facteur d'attractivité de notre pays, de notre système.
12:26 Est-ce que Gérald Darmanin est en train de faire trop de concessions à la droite,
12:29 voire certains disent au Rassemblement national, pour obtenir leur vote sur cette loi, Marc Ferracci,
12:33 notamment sur l'article 3 aussi, qui est au cœur des débats, pour permettre l'irrégularisation sur les métiers en tension ?
12:39 Gérald Darmanin semble prêt à le retirer.
12:42 Non, je ne pense pas. Il s'est exprimé devant les députés Renaissance il y a déjà quelques jours,
12:46 et il a dit qu'il tenait à cet article 3. Moi, j'y tiens, à cet article 3. Je vais vous dire pourquoi.
12:50 Parce que c'est un article qui permettra, s'il est adopté, aux travailleurs en situation irrégulière,
12:56 mais qui travaillent depuis un certain temps sur notre territoire, qui payent leurs impôts, leurs cotisations,
12:59 d'initier eux-mêmes leur demande de régularisation, alors qu'aujourd'hui, ils ont besoin de l'accord de l'employeur.
13:04 Et on sait qu'il y a beaucoup d'employeurs qui s'accommodent très bien d'avoir des travailleurs en situation irrégulière
13:08 pour leur imposer des conditions de travail, des conditions de salaire extrêmement dégradées.
13:12 Ça, je pense que nous sommes tous d'accord. Y compris Gérald Darmanin.
13:15 Oui, tous. Alors, les députés Proches d'Édouard Philippe, vous le savez, l'ancien Premier ministre, sont contre cette disposition.
13:19 Alors, contre l'article 3, parce qu'ils disent que c'est la limite du « en même temps ».
13:22 Je ne suis pas certain que ce soit représentatif de la totalité du groupe Horizon.
13:26 J'ai entendu le président du groupe s'exprimer sur le sujet et dire qu'il était toujours favorable à l'équilibre global du texte.
13:34 Et l'équilibre suppose l'adoption de l'article 3.
13:36 Mais pour aller quand même au bout des choses, sur cet article 3, l'argument que j'entends, pour le contester,
13:41 c'est l'idée que ça générerait un appel d'air. Un appel d'air, ça veut dire que ça fera venir des gens de manière irrégulière qui seront attirés.
13:47 Moi, je suis universitaire de profession. J'aime bien qu'on documente les choses, qu'on documente ces arguments.
13:51 Des mesures de régularisation, depuis Jean-Pierre Chevènement, il y en a eu sous tous les gouvernements.
13:55 Il n'y a aucune preuve historique, statistique, d'un surcroît d'immigration légal ou illégal consécutif à une mesure de régularisation.
14:03 Donc à un moment, il faut sortir des arguments fantasmés, des arguments de comptoir, je vais utiliser le terme même s'il est un peu brutal,
14:09 et il faut documenter les choses. L'appel d'air, désolé de ce mauvais jeu de mots, c'est un argument qui est du vent.
14:15 Et au-delà de la pertinence ou pas, le fond de la mesure, il y a l'arithmétique politique.
14:19 Vous dites être soucieux de cet équilibre du texte, que l'article 3, a priori, va rester. Si c'est le cas, la droite risque de ne pas voter.
14:27 Donc est-ce que ça veut dire un nouveau 49-3 sur ce texte-là ?
14:29 Ça nous verrons. Dans ce texte, il y a des mesures sur ce qu'on peut appeler le volet régalien,
14:33 c'est-à-dire tout ce qui permet de faire sortir du territoire français les gens qui n'ont rien à y faire.
14:37 Il y a des mesures extrêmement fortes et attendues par les Français.
14:40 La double peine, l'amélioration de l'exécution des OQTF, les restrictions au regroupement familial.
14:45 Tout ça, ce sont des mesures qu'en responsabilité, les députés de droite devraient voter.
14:50 Je vous repose la question.
14:51 Je suis favorable à ce qu'on aille au vote pour mettre chacun devant ses responsabilités.
14:56 Et donc, je ne souhaite pas un 49-3 sur le texte.
14:58 Quitte à risquer un vote contre le texte.
15:00 Vous savez, si des gens de droite votent contre ces mesures du volet régalien,
15:04 si des gens de gauche votent contre l'article 3, dont j'espère qu'on aura préservé son intégrité dans le texte,
15:09 eh bien chacun aura exprimé ses responsabilités.
15:11 Moi, je pense qu'il y a une voie de passage par le vote.
15:13 Très intéressant ce que vous dites, parce que vous êtes député de la majorité.
15:16 Vous demandez d'aller jusqu'au vote, cette demande, vous la faites à l'exécutif,
15:19 qui peut ou pas déclencher le 49-3.
15:21 Il y en a un qui a été déclenché, une nouvelle fois sur le budget, motion de censure examinée aujourd'hui.
15:25 Est-ce que ça veut dire que vous voulez en faire une règle ?
15:27 À chaque fois, il faut aller au vote, quitte à avoir des revers.
15:29 Je pense qu'il y a une distinction à faire entre les textes budgétaires.
15:31 Les textes budgétaires, les oppositions le disent dès le départ, elles ne les voteront pas.
15:34 Donc, on sait ce qui va se passer à la fin.
15:35 Mais là, sur l'immigration, autant risquer un nom que le 49-3.
15:37 Sur l'immigration, je pense qu'il y a une voie de passage.
15:39 C'est la raison pour laquelle je ne veux pas qu'on annonce avant toute chose, avant le débat,
15:43 avant qu'on ait peut-être trouvé des compromis avec les oppositions,
15:46 qu'on va aller vers le 49-3.
15:48 Quand on est parlementaire, vous savez, on aime bien voter.
15:50 Justement, vous n'êtes pas lassé de ce recours au 49-3 systématique, le 15e aujourd'hui.
15:54 Est-ce que ça ne vous donne pas l'impression de ne pas servir à grand-chose en tant que député ?
15:57 D'abord, 15-49-3, c'est un chiffre qui est un peu un écran de fumée.
16:02 Les 49-3, ils ont eu lieu jusqu'à présent sur trois textes.
16:06 Le budget, le budget de la Sécurité sociale et la réforme des retraites,
16:09 qui est formellement un texte budgétaire.
16:11 Sur tous les textes non budgétaires, on les a adoptés 149-3.
16:14 Il y en a eu une cinquantaine durant la première année du mandat.
16:18 Donc, je pense qu'on sait, quand on est solide au niveau de la majorité,
16:21 trouver des compromis pour adopter les textes.
16:23 Sur les textes budgétaires, on sait ce qui se passe.
16:25 Ça ne signifie pas qu'il n'y a pas de dialogue avec le gouvernement
16:28 pour faire adopter des amendements.
16:30 J'ai moi-même déposé un amendement qui a été retenu dans le 49-3
16:34 sur le projet de la Sécurité sociale pour limiter les exonérations de charges
16:37 sur les hauts salaires, qui ne créent pas d'emplois.
16:39 Donc, c'est la preuve qu'on peut quand même avoir un dialogue avec le gouvernement
16:42 et jouer notre rôle de parlementaire en dépit du 49-3.
16:45 Merci à vous, Marc Ferracci, député des Français de l'étranger,
16:48 vice-président du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale,
16:50 invité du 8.30 France Info ce matin.