Mardi 13 février 2024, SMART BOSS reçoit Matthieu de Lesseux (Fondateur, La Belle Forêt)
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00:00 *Générique*
00:08 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Boss, le rendez-vous des patrons et des patronnes.
00:12 Je suis ravie d'accueillir aujourd'hui Mathieu Delisseux. Bonjour.
00:16 Bonjour.
00:16 Alors tu es fondateur et président de La Belle Forêt,
00:19 donc une société qui propose aux entreprises des crédits carbone,
00:22 avec la particularité d'être issu de la forêt française.
00:25 On va en parler forcément.
00:27 Alors au début de cette émission, on va voir la séquence "David rencontre Golia",
00:31 où tu vas faire face à une startup.
00:34 Alors c'est quand même une startup, mais c'est vrai que tu as un profil aussi de grande entreprise, on en reparlera.
00:39 Ensuite, on aura la séquence "En coulisses", où là on va vraiment parler de toute ta carrière,
00:43 ta vie de dirigeant et à montrer un petit peu c'est quoi le quotidien d'un patron.
00:47 Et on terminera avec la séquence "L'interview chrono",
00:50 qui est là une séance un petit peu de questions-réponses, voilà, très rapide.
00:54 Très bien.
00:54 Merci encore d'avoir accepté cette invitation.
00:57 Et on va passer tout de suite à la séquence "David rencontre Goliath".
01:01 Donc la startup qui te fait face, c'est NetZéro,
01:08 donc spécialiste de la capture et de la séquestration carbone.
01:12 Et je suis ravie d'accueillir son cofondateur, Axel Reynaud.
01:15 Bonjour.
01:15 Bonjour.
01:16 Merci d'avoir accepté l'invitation.
01:18 Alors on voit de plus en plus de startups, que ce soit en France ou même à l'international,
01:23 j'en ai vu il n'y a pas longtemps au Kenya, qui font de la capture carbone.
01:26 En quoi, voilà, c'est quoi un petit peu votre spécificité ?
01:29 Alors quand on parle de capturer du carbone, il y a évidemment plein de méthodes.
01:33 Et on peut le capturer de manière temporaire ou de manière sur très longue durée.
01:38 Nous ce qu'on cherche à développer, c'est une approche assez technologique,
01:41 donc on va dire très complémentaire de ce que fait Mathieu à la Belle Forêt,
01:45 mais qui a l'avantage d'enlever le carbone sur des durées d'entre des milliers et des millions d'années.
01:51 Donc avec une très grande stabilité et le carbone ne repart pas dans l'atmosphère.
01:55 Donc c'est vraiment un moyen d'éliminer définitivement, on peut dire, du carbone de l'atmosphère.
02:00 Et avec quel, alors je crois que vous prenez des résidus si c'est l'agricole ?
02:03 Voilà, en fait on utilise une méthode, au départ ça marche un peu comme la forêt,
02:07 comme la Belle Forêt, on laisse les plantes avec la photosynthèse capter du carbone.
02:12 Donc nous on utilise des résidus agricoles.
02:14 Donc quand on fait pousser du riz, du café, du cacao, nous on est plutôt dans les zones tropicales.
02:18 Donc on est un peu sur ce genre de culture.
02:21 Il y a toujours une part qui est utile, comestible, et puis il y a des résidus,
02:25 dont en fait on ne sait pas trop que faire, mais qui contiennent du carbone qui a été capté de l'atmosphère.
02:29 Si on ne fait rien, ce carbone repart dans l'atmosphère parce que les résidus sont brûlés, pourrissent.
02:34 Et nous ce qu'on fait c'est qu'on extrait le carbone qui est là-dedans
02:37 et on le stocke sur très longue durée dans les sols agricoles,
02:40 qui en plus amènent des vertus qui améliorent la qualité des sols et les rendements agricoles.
02:44 Mathieu, tu connaissais Axel, je crois, un tout petit peu.
02:48 Oui, on se connaît depuis longtemps.
02:50 Et comment, c'est par le travail ? Vous avez déjà travaillé ensemble ?
02:54 On n'a pas travaillé ensemble, mais on est des amis depuis longtemps.
02:56 On s'est connus, on avait 6 ans. 5 ans, 6 ans.
02:59 On se connaît depuis vraiment longtemps.
03:01 Et Axel est quelqu'un dont je suis très proche.
03:05 Et quand il disait que ça pouvait se rejoindre un petit peu vos projets, en quoi ?
03:09 C'est très amusant parce qu'on est sur le même sujet.
03:12 C'est comment est-ce qu'on essaie d'aider à notre humble mesure le climat
03:16 en rejetant moins de carbone dans l'atmosphère ou en séquestrant du carbone.
03:19 Donc ça, c'est la parallèle qu'on a mise en place sur nos métiers chacun aujourd'hui
03:24 avec deux approches complètement différentes.
03:26 Et en réalité, par une somme de hasard, mais vraiment de hasard,
03:29 Axel a créé NetZéro un tout petit peu avant que je créais la Belle Forêt.
03:33 Moi, j'avais pris aussi la décision de le faire, mais voilà, ça s'est fait un peu au même moment.
03:36 Et donc nos histoires comme ça sont parallèles sur ce sujet d'essayer d'aider le climat comme on peut.
03:41 Et on se suit depuis trois ans, mais on faisait des métiers complètement différents avant.
03:45 Enfin, rien à voir l'un avec l'autre.
03:47 Ce qui est intéressant, c'est qu'on a eu à peu près au même moment l'idée de
03:51 on veut changer de vie, on veut sortir des grandes boîtes
03:55 et on veut faire quelque chose pour le climat.
03:57 C'est quoi, c'est conscience un peu écologique ou quoi ?
04:00 Moi, j'ai la chance d'être propriétaire d'une forêt dans les Vosges depuis longtemps,
04:04 que je gère avec beaucoup, beaucoup de passion et beaucoup d'envie,
04:07 avec une sensibilité comme ça très forte à la biodiversité, à l'état des forêts.
04:11 Et donc j'ai vu avec le réchauffement climatique les forêts souffrir vraiment fortement.
04:15 Et un petit peu comme Axel, je me suis dit, voilà, j'ai fait ma vie dans des grandes boîtes et tout ça très bien.
04:19 Maintenant, je vais essayer de faire quelque chose qui soit peut-être plus utile pour la planète,
04:23 plus utile pour la biodiversité, plus utile pour la forêt, plus utile pour l'eau aussi,
04:27 puisqu'il y a beaucoup d'eau en forêt.
04:28 Et donc j'ai décidé de quitter tout ce que je faisais avant.
04:31 J'étais président d'Avas Creative avant,
04:33 pour repartir dans une aventure entrepreneuriale en créant la belle forêt.
04:37 Alors quand on entend parler un peu du marché crédit carbone,
04:41 c'est vrai qu'il y a un des mots qui revient tout le temps quand on fait un petit peu de recherche,
04:44 c'est l'opacité qui surgit.
04:46 Pourquoi ? C'est vrai que c'est toujours quelque chose, un marché qui n'est pas très transparent.
04:50 C'est un marché d'abord qui, quand on dit crédit carbone, on mélange des tas de choses.
04:55 C'est comme si on dit véhicule.
04:57 Ça va de la trottinette jusqu'au TGV.
04:59 Et puis il y a des véhicules de bonne qualité et de mauvaise qualité.
05:02 Dans ce monde-là, on a utilisé le mot crédit carbone pour désigner tout un ensemble de choses qui n'ont rien à voir.
05:09 Ce qui est compliqué, c'est qu'il y a eu toute une phase de développement très fort,
05:14 avec des solutions d'émissions évitées.
05:18 Donc on dit en fait, par rapport à des émissions qui auraient eu lieu,
05:21 je vais mettre en place des actions qui réduisent ces émissions.
05:25 Et donc ça génère le fameux crédit carbone.
05:28 Et tout ça, c'est très difficile à mesurer.
05:31 C'est un endroit où c'est assez facile pour des margoulins de rentrer.
05:34 Et ça a fait un peu tous les scandales dont on entend parler depuis plus d'un an,
05:39 sur les forêts, sur les cookstoves, etc.
05:42 Et puis de l'autre côté, il y a aussi des projets très sérieux qui protègent le carbone existant,
05:49 ou qui enlèvent du carbone.
05:51 Mais ça aussi, on l'appelle crédit carbone.
05:53 Et donc, de temps en temps, on discute avec Mathieu de Saint et on se dit finalement,
05:58 c'est pas plus mal qui est cette espèce de nettoyage du marché.
06:02 Et que, à l'opacité, le qualificatif que vous utilisiez, vienne plutôt la transparence,
06:08 avec des vraies méthodologies qui correspondent à des vrais impacts climatiques.
06:13 Et sans doute la période des petits malins qui pouvaient faire du carbone facilement
06:18 et vendre des espèces d'indulgences pour faire du greenwashing,
06:21 ça, ça va disparaître. Et tant mieux.
06:23 Après, il faut développer des quantités absolument gigantesques de séquestration de carbone,
06:28 si on veut tenir les objectifs du GIEC.
06:31 Il va falloir le faire, entre guillemets, pour de vrai, comme disent les enfants,
06:34 pas faire semblant et dire, ne vous inquiétez pas, je vous fais une petite embrouille,
06:37 je pose deux, je retiens trois, voilà, hop, j'ai 10 000 crédits carbone, je vous les vends.
06:41 Voilà, je suis d'accord.
06:42 Tout à fait d'accord. Et nous, à la Belle Forêt, avec mon associé Philippe Gourmin,
06:45 on a tout de suite perçu, donc il y a trois ans maintenant,
06:48 qu'il fallait inventer une offre complètement distributive,
06:51 complètement différente, totalement transparente,
06:53 de très haute technicité, de très haute intégrité.
06:57 Voilà, donc c'est ce qu'on a essayé de faire à la Belle Forêt
06:59 et qui, pour l'instant, fonctionne très bien.
07:00 Mais on a voulu sortir de ce marché, qui a beaucoup d'opacité,
07:04 comme vient de dire Axel, pour aller sur quelque chose de très différent
07:07 et avec une valeur ajoutée très forte, tant pour les propriétaires forestiers
07:10 que pour les entreprises.
07:11 Et en attendant qu'il y ait vraiment une réglementation, je veux dire, très, très claire là-dessus,
07:15 vous vous ciblez, j'ai vu, des entreprises qui sont engagées volontairement
07:19 vers la neutralité carbone, à mon horizon, 2030, il y en a beaucoup,
07:23 il y a l'embarrage du choix ou pas ?
07:25 Alors, aujourd'hui, il n'y a pas beaucoup d'entreprises,
07:27 c'est plutôt des entreprises du monde, on va dire, de la tech, du conseil,
07:31 de la banque, voilà, ce genre d'entreprises qui, d'une certaine façon,
07:37 n'émettent pas beaucoup et ont les moyens de se payer
07:40 le service de décarbonation.
07:42 Il faut ça pour commencer à construire cette industrie.
07:45 En tout cas, pour ce qui nous concerne, enlever du carbone de l'atmosphère,
07:48 le GIEC dit qu'il faut enlever 5 à 10 milliards de tonnes à l'horizon 2050.
07:52 Alors, c'est un peu difficile d'imaginer ce que c'est, 5 à 10 milliards de tonnes,
07:55 mais si je vous dis que le secteur du pétrole et du gaz combinés
07:58 extrait 6 milliards de tonnes par an, on se dit, ah ouais, quand même,
08:02 il a fallu mettre en place des choses pour extraire 6 milliards de tonnes,
08:05 et là, il va falloir en enlever 10.
08:07 Et donc, il va y avoir besoin de développement gigantesque,
08:12 et au début, c'est plutôt ceux qui peuvent se "payer" ce service
08:16 qui se le payent, et ça permet de commencer à financer
08:19 les premières start-up, les premières infrastructures,
08:22 et progressivement, le marché va se développer.
08:25 De toute façon, on ne peut pas s'en sortir...
08:28 Les chiffres du GIEC sont là, il va falloir les enlever,
08:31 ces milliards de tonnes. Si on ne les enlève pas, la température
08:33 continuera à augmenter. Donc, aujourd'hui, le monde a plutôt procrastiné
08:37 sur plein de sujets liés au climat, mais voilà, le mur, il est là,
08:41 à 2050, c'est au coin de la rue.
08:43 Merci beaucoup, Axel, d'être venu échanger avec nous sur ce sujet.
08:48 Et maintenant, on va pouvoir passer à la séquence en coulisses.
08:51 Alors, on va remonter un petit peu dans le temps.
08:59 À 19 ans, tu crées ta première entreprise dans l'informatique.
09:03 Peut-être qu'à l'époque, ce n'était pas si cool d'entreprendre
09:06 comme aujourd'hui, il faut le dire. C'était quoi un peu la motivation ?
09:10 La motivation, c'est que c'est le hasard, sincèrement.
09:14 J'ai un bac, je me suis inscrit à la fac de droit à Nanterre,
09:17 je ne savais pas trop quoi faire. Et je suis tombé sur quelqu'un
09:20 qui était un informaticien de génie, vraiment, et qui m'a proposé de...
09:24 Il avait fait un petit logiciel de gestion de séminaires, etc.
09:27 Et qui m'a proposé qu'on regarde ça ensemble parce qu'on avait du temps.
09:30 Et puis, comme j'avais peut-être du bon sens, on va dire, à ce moment-là,
09:34 déjà, je lui avais dit, écoute, très bien, toi, tu programmes,
09:36 et moi, je vends. Sinon, ça ne va pas marcher.
09:38 Et puis, on a eu de la chance parce que ça a très bien marché.
09:40 Donc, voilà, ça a démarré comme ça, mais vraiment, une rencontre,
09:43 un hasard, et puis du temps, et l'envie d'essayer quelque chose.
09:46 Et puis, c'est devenu une entreprise qui a très bien marché.
09:49 Et alors, après, en 99, tu crées une deuxième entreprise,
09:52 alors, Duke, ou Duke, je ne sais pas comment tu le prononces,
09:55 une agence digitale. Est-ce que tu as fait les choses différemment
09:58 entre la première et la deuxième ?
10:00 Oui, parce que j'ai acquis de l'expérience entre temps,
10:02 parce que j'ai fait plein d'erreurs, et j'en ai fait plein d'autres après.
10:05 J'en fais encore beaucoup aujourd'hui, mais quand même un petit peu moins.
10:08 J'essaie de progresser, de m'améliorer.
10:10 Mais oui, Duke, je l'ai fait un petit peu différemment,
10:12 sur un marché qui n'avait rien à voir.
10:14 Il y a de l'informatique, certes, mais c'était vraiment une agence
10:16 qui accompagnait stratégiquement les grandes marques sur Internet.
10:18 C'était le début d'Internet, avec la bulle de 2000 qui a sauté, etc.
10:22 Donc oui, bien sûr, je l'ai fait un peu différemment,
10:24 parce que j'ai appris entre temps beaucoup de choses.
10:26 Donc, il y a plein d'erreurs que j'ai pu faire dans mon passé,
10:29 que j'ai peut-être moins fait quand j'ai créé Duke,
10:31 et puis j'en ai fait d'autres, bien sûr.
10:33 - Ça a impacté la bulle ?
10:35 - La bulle, oui. C'est un peu comme le marché carbone dont on vient de parler.
10:37 C'est-à-dire que quand je crée Duke, le marché est fou.
10:39 Il y a des start-up partout, il y a beaucoup d'argent d'investissement, etc.
10:43 Et moi, avec mon bon sens qui m'a toujours aidé toute ma vie,
10:46 je refusais de travailler pour des entreprises dont je ne comprenais pas le business model.
10:49 Je refusais. Et ça m'a sauvé, puisque quand la bulle a sauté,
10:53 en réalité, on avait déjà gagné des très grandes entreprises
10:55 comme Rolex, Leclerc, etc.,
10:57 qui, elles, avaient des business models qui tournaient
10:59 et qui n'étaient plus à démontrer.
11:01 Et en fait, tous les margoulins dont on parlait tout à l'heure sur ce marché-là à l'époque
11:05 ont été nettoyés. Ils ont tous fait faillite, tout simplement.
11:07 Parce que du jour au lendemain, ils se sont retrouvés sans clients.
11:09 Et moi, j'avais quelques très beaux clients.
11:11 Et donc, on a pu passer cette vague-là.
11:13 Et ensuite, on s'est développé très, très bien.
11:15 Et on est monté à 300 salariés, etc.
11:17 Enfin, voilà, ça a été une belle aventure.
11:19 - Et après, cette boîte a été acquise, ça, par le groupe américain Razorfish,
11:23 spécialiste aussi de communication digitale.
11:25 Comment est-ce que tu as vécu l'intégration dans un grand groupe américain ?
11:29 - Alors, pas bien.
11:31 Pas bien parce qu'on a vendu à Razorfish avec beaucoup de fierté,
11:34 puisque Razorfish, à l'époque, était vraiment le grand leader des agences digitales.
11:37 Et en réalité, Razorfish s'est revendu un mois et demi après à Microsoft.
11:41 Et ce n'était pas prévu. Je ne le savais pas.
11:43 Voilà. Donc, ça ne s'est pas bien passé.
11:45 Ça a été un peu compliqué, oui, bien sûr.
11:47 C'est comme ça. C'est les accidents, les aléas de la vie.
11:49 Voilà, c'est comme ça. Mais enfin, ce n'est pas grave.
11:51 C'est la vie. Ça m'a permis d'apprendre aussi cette expérience difficile.
11:54 Ça m'a permis d'apprendre aussi plein de choses.
11:56 Mais donc, non, ça ne s'est pas bien passé.
11:58 - Ça fait double intégration.
12:00 - Non, ça ne fait pas d'intégration du tout,
12:02 puisque quand j'ai appris qu'on se retrouvait chez Microsoft,
12:04 j'étais très, très en colère.
12:06 Et voilà. Donc, je devais rester trois ans chez Duke pour que tout se passe bien.
12:10 Et j'ai tenu deux ans. Et puis, je suis parti parce que je n'en pouvais plus.
12:13 - Alors, après, en 2010, tu rejoins le groupe de communication.
12:16 C'est Omnicom. C'est le réseau DBB qu'on connaît bien.
12:20 Est-ce que c'est parce que tu n'avais plus du tout envie d'entreprendre, là, à ce moment-là ?
12:24 - Non. Alors, j'y suis allé parce que j'ai toujours eu cette espèce de complexe d'infériorité,
12:30 de ne pas avoir fait d'études, etc.
12:32 Et j'ai toujours eu conscience, encore aujourd'hui, bien sûr,
12:34 que j'ai beaucoup de choses à apprendre.
12:36 Et à cette époque-là, j'intéressais beaucoup les grands groupes de communication.
12:38 Donc, c'était formidable.
12:40 Et je me suis dit que c'est une très bonne chose pour apprendre différemment,
12:43 pour faire autrement, pour apprendre l'autorité,
12:46 pour apprendre le reporting, pour apprendre à gérer une boîte beaucoup plus compliquée,
12:50 parce que internationale, parce que de la publicité, etc.
12:53 Et je me suis dit, tiens, je vais aller.
12:55 Alors, j'ai choisi DBB pour mille raisons, parce que c'est une agence géniale.
12:57 Et c'est toujours une agence géniale.
12:59 Je vais y aller, dans ma tête, en tout cas, quand j'y suis allé,
13:01 je me suis dit, je vais y aller 2-3 ans, je vais apprendre plein de choses,
13:03 un peu comme un MBA, voilà.
13:05 Je vais donner tout ce que je peux donner pour développer la boîte et tout ça.
13:08 Et puis, après, je reviendrai à l'entrepreneuriat, parce que ça ne m'a jamais quitté.
13:11 Et en réalité, ça s'est très bien passé, voilà,
13:14 parce que j'ai eu la chance d'être très bien accueilli par Jean-Luc Brunvy,
13:16 qui est le coprésident de DDB à l'époque, et qui est toujours président de DDB.
13:19 Ça s'est très bien passé avec Omnicom, l'actionnaire américain.
13:22 J'ai appris énormément de choses, et j'y suis resté presque 8 ans.
13:25 - 8 ans, ok.
13:27 Mais tu as quand même créé une structure, quand tu étais même 2, je crois, de filiales.
13:31 J'ai noté la structure, donc, la Digital University.
13:34 Est-ce que, en fait, c'est plus facile de créer une boîte dans la boîte,
13:40 ou alors c'est plus des contraintes, en fait ?
13:43 - C'est plus facile et plus difficile.
13:45 C'est plus facile parce qu'on a des filets de sécurité, tout simplement.
13:48 C'est-à-dire que si ça ne marche pas, ce n'est pas grave, on est dans une boîte, dans un grand groupe,
13:51 voilà, donc ça va.
13:53 Et c'est plus difficile parce qu'on n'a pas l'indépendance, l'autonomie,
13:57 il faut faire du reporting, il faut expliquer, voilà.
13:59 Mais ça s'est bien passé à l'époque avec Omnicom,
14:01 qui a compris vraiment que ce projet était important pour DDB, la Digital University,
14:04 et qu'on a très bien développé.
14:06 Et d'ailleurs, la dirigeante de la Digital University de l'époque
14:08 travaille avec moi aujourd'hui à la Belle Forêt.
14:11 - D'accord, à suivi.
14:13 Et donc tu as occupé aussi le poste de coprésident de DDB.
14:16 Ça ressemblait à quoi, cette journée ?
14:19 - À beaucoup de travail, bien sûr.
14:22 À beaucoup de tensions, mais de tensions normales qu'on a tous dans le boulot.
14:27 À beaucoup d'amusement aussi, puisque DDB est une agence qui est très réputée pour sa création,
14:32 qui est une agence très créative.
14:34 Et voilà, quand on a la chance de travailler sur des sujets comme ça,
14:38 et d'intégrer la création au cœur du modèle, c'est quand même très, très amusant.
14:41 Ça ressemblait aussi à beaucoup de stress et de tensions,
14:44 parce que des très gros clients internationaux qu'il faut suivre,
14:47 qu'il faut évidemment aider, faire progresser, faire avancer.
14:50 C'était aussi beaucoup de voyages à l'époque,
14:53 et j'avais peut-être une moins bonne conscience de l'écologie qu'aujourd'hui.
14:57 Donc j'ai pris beaucoup, beaucoup d'avions, malheureusement, mais c'est comme ça.
15:00 Et puis après, c'était très, très amusant, parce que des grands budgets internationaux,
15:04 des sujets de publicité vraiment très en amont,
15:06 des discussions avec des présidents de grandes boîtes très stratégiques.
15:09 Donc c'était vraiment passionnant et très prenant.
15:12 C'était plutôt du management, ou tu avais encore le côté créatif quand même ?
15:17 C'est les deux. Il y a beaucoup de management dans une agence,
15:19 parce que c'est des sujets qui font appel à beaucoup de sensibilité.
15:22 Donc il faut, comme dans toutes les entreprises, il faut manager.
15:26 Mais dans les agences, c'est particulier,
15:27 parce qu'il y a une population qui est difficile à manager,
15:30 qui a beaucoup, beaucoup de valeur,
15:31 et Dieu sait si on a besoin d'eux, qui sont les créatifs.
15:33 Donc oui, bien sûr, beaucoup de management.
15:34 Mais moi, je suis arrivé d'EDB, c'est une agence qui existe depuis longtemps.
15:37 Donc je suis arrivé dans une agence qui allait très bien.
15:39 On l'a développée, on l'a digitalisée, on a fait plein de trucs.
15:41 Et puis quand j'en suis parti, elle allait toujours très bien.
15:44 Donc le management était déjà très en place.
15:46 Alors oui, il a fallu faire plein de choses, mais faire attention.
15:50 Et tu as rejoint après Avas, président d'Avas Creative France.
15:55 Et là, cette fois, c'est toi qui rachètes une société.
15:58 Avas, ça c'est Buzzman, aussi on le connaît bien.
16:01 Et j'ai vu que tu disais que sur ton profil LinkedIn,
16:04 justement à la ligne Avas, que c'était une grande fierté.
16:08 Oui, c'est une grande fierté.
16:09 D'abord parce que j'ai toujours beaucoup aimé George Mohamed Cherif,
16:12 le fondateur de Buzzman,
16:14 qui a fondé Buzzman à l'époque où j'étais chez Duke.
16:17 Et on s'entendait bien, j'avais essayé de l'aider un petit peu, etc.
16:20 C'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup pour mille raisons.
16:23 Buzzman était, au moment où je l'ai approché,
16:26 au nom d'Avas pour essayer de faire cette acquisition,
16:28 était vraiment au sommet de sa gloire.
16:29 Pas tout à fait au sommet d'ailleurs,
16:30 parce qu'ils sont encore plus glorieux aujourd'hui.
16:32 L'intégration s'est remarquablement bien passée avec Avas,
16:34 ce qui est formidable.
16:36 Et donc j'ai vu George et je lui ai dit,
16:37 écoute, ton agence va bientôt avoir 8-10 ans,
16:39 tu as fait plein de trucs, elle est formidable, tu es au sommet.
16:42 C'est peut-être le moment pour toi d'envisager de la céder, de la vendre.
16:45 Et en tout cas pour Avas, ce serait une grande fierté
16:47 d'arriver à travailler ensemble.
16:49 Et donc il m'a regardé de traviole,
16:50 mais on se fait confiance, on se connaît depuis longtemps.
16:52 Et puis je lui ai dit, tu sais, j'étais de l'autre côté de la barrière,
16:54 j'ai vendu la mienne, donc je sais ce que c'est.
16:56 Et donc si tu es d'accord pour rentrer dans ce process là,
16:58 je vais t'aider pour que ça se passe vraiment le mieux possible.
17:01 - Et alors en 20 ans là, pratiquement, dans tout cet univers,
17:04 est-ce qu'il y a eu des années,
17:06 une année qui a été particulièrement difficile ?
17:09 - Oui, il y a eu des années difficiles, comme toujours.
17:11 L'année 2000 a été complexe,
17:14 mais bon, on a fait ce qu'il faut pour passer la vague,
17:16 mais on l'a passé juste.
17:17 C'était vraiment difficile, mais on l'a passé quand même.
17:20 Bien sûr qu'il y a eu des années difficiles.
17:21 Il y a eu des...
17:23 Quand on fait ce métier, il y a eu des pertes de clients
17:25 auxquels on est très attaché, et pour des bonnes raisons sûrement.
17:27 Ils s'en vont, et ça c'est toujours très, très difficile.
17:30 Il y a eu des collaborateurs qui sont partis,
17:32 auxquels on est très attaché,
17:33 et qui tout à coup décident d'aller faire leur vie ailleurs,
17:35 ce qui est compliqué.
17:36 Il y a eu la vente de Duke,
17:37 qui n'a pas été quelque chose de simple, de facile.
17:39 Il y a eu le départ de Duke,
17:41 qui a été une décision très difficile pour moi, bien sûr,
17:43 parce que voilà, j'avais créé cet agent,
17:44 je l'avais développé pendant 10 ans,
17:45 donc c'est toujours compliqué.
17:47 Donc bien sûr qu'il y a des...
17:48 On prend des coups,
17:49 ce n'est pas tous les jours rose et simple, bien sûr.
17:51 - Et donc après, Abbas, là tu pars,
17:54 mais avant de relancer dans cette aventure
17:56 dont on va parler, La Belle Forêt,
17:58 comme beaucoup, tu prends du temps, tu te reposes,
18:00 je le disais, avec évidemment famille, amis,
18:03 est-ce que...
18:04 Parce qu'en fait, quand on est dirigeant,
18:06 on n'a plus du tout ce temps-là ou pas ?
18:08 - Non, on n'a pas ce temps-là par...
18:11 Qu'est-ce qu'on va dire ?
18:12 Par contrainte, par pression,
18:13 et puis on n'a pas ce temps-là, je l'ai compris,
18:14 après, par choix.
18:16 Moi, j'ai quitté Abbas en me disant,
18:18 voilà, je vais faire une année sabbatique
18:20 et je vais faire toutes les choses auxquelles on pense,
18:22 qu'on ne fait jamais, voilà, qui sont très classiques,
18:24 voir mes amis, ma famille, profiter,
18:26 lire les livres que je n'ai pas lus,
18:27 aller, enfin voilà, voyager, etc.
18:29 Et en réalité, non, ça a duré un mois, deux mois,
18:31 et puis au bout d'un mois, deux mois,
18:33 très vite, je me suis dit, bon, qu'est-ce que je fais ?
18:35 Voilà, donc j'avais pour projet de recréer une agence,
18:38 j'avais une idée, je crois, qui était assez bonne,
18:40 et puis tout à coup, La Belle Forêt est arrivée,
18:42 un peu par hasard, là aussi,
18:43 une conférence sur le carbone forestier,
18:45 que je suis allé voir, d'un certain Luc Abadie,
18:47 à qui je dois beaucoup,
18:48 parce que c'est lui qui a vraiment déclenché cette envie de le faire,
18:50 et qui fait partie maintenant de notre comité scientifique.
18:52 Et donc, en sortant de cette conférence,
18:54 je me suis dit, il y a un truc à faire, là, pour la forêt,
18:56 pour aider le climat, pour aider la forêt,
18:58 pour aider la biodiversité,
18:59 avec le carbone et les entreprises,
19:01 et comme je connais bien les entreprises,
19:02 puisque j'ai travaillé toute ma vie pour des grandes entreprises,
19:04 je me suis dit, tiens, on pourrait connecter
19:06 le monde de la forêt et le monde des entreprises
19:08 au travers de la biodiversité, du carbone,
19:10 et pour faire quelque chose.
19:11 Donc c'est parti comme ça, et là, je suis reparti à fond.
19:14 Donc mon année sabbatique a duré deux mois.
19:16 Donc c'est une contrainte, bien sûr,
19:18 mais c'est aussi un choix, quoi.
19:19 Quand on aime ça, on aime ça,
19:21 et quand on aime travailler,
19:22 le travail peut être quelque chose de merveilleux.
19:24 - Et donc tu as lié un peu passion, quand même,
19:26 avec le travail, ta passion pour la forêt.
19:30 Tu as d'ailleurs, toi, ta forêt.
19:32 Est-ce que c'est un peu l'objectif ultime
19:34 pour un sérial entrepreneur ?
19:36 - Je ne sais pas,
19:37 enfin, ce serait bien prétentieux de dire ça,
19:39 mais ce qui est assez formidable dans ce que je vis là,
19:41 et je pense que pour Axel, c'est la même chose,
19:43 c'est que tout à coup, il y a un alignement de planète.
19:45 C'est-à-dire que ce que je fais, je le fais,
19:47 comme toujours, avec beaucoup d'énergie,
19:50 d'envie, de volonté, etc.,
19:52 comme j'ai fait toute ma vie.
19:54 Mais là, il y a un truc qui est plus fort,
19:56 c'est que j'essaie, vraiment, à mon humble mesure,
19:59 d'aider le climat, d'aider la forêt,
20:01 d'aider la biodiversité.
20:02 Donc je sais vraiment pourquoi je me lève le matin,
20:04 vraiment.
20:05 Ça me passionne, littéralement.
20:07 La forêt me passionne depuis que je suis enfant.
20:09 J'ai marché dans beaucoup de forêts dans ma vie.
20:11 J'ai une littérature chez moi sur la forêt, très large.
20:13 Enfin, ça me passionne vraiment.
20:15 Et donc j'ai réussi, pour l'instant,
20:17 à coupler une passion, une envie de travailler, une énergie,
20:20 et puis du sens dans ce que je fais.
20:23 Je ne dis pas que ce que je faisais avant n'avait pas de sens,
20:25 pas du tout, mais là, ça en a encore plus.
20:27 - Mais est-ce qu'on ne se dit pas, oui, aussi,
20:29 on en parlait un tout petit peu tout à l'heure,
20:31 mais cette petite conscience écologique,
20:33 je ne veux pas dire que tu as pollué la planète pendant 20 ans.
20:35 - Non, mais je l'ai polluée. Je l'ai polluée énormément.
20:37 Enfin, j'en suis tout à fait conscient et je l'assume complètement.
20:39 Maintenant, je suis comme un ancien fumeur qui a arrêté de fumer.
20:41 Voilà, donc ma vie a complètement changé.
20:43 Voilà, j'ai des voitures, je n'en ai plus, je ne consomme plus.
20:46 Enfin, je fais très attention à beaucoup, beaucoup de choses.
20:48 J'ai une femme qui est très écolo depuis toujours.
20:51 Et voilà, donc j'ai un espèce de contre-courant comme ça
20:53 qui m'a aidé aussi à aller là-dedans.
20:55 Donc ma vie a complètement changé,
20:57 mais je suis vraiment comme un ancien fumeur qui a arrêté de fumer.
20:59 Et donc c'est peut-être les pires, d'ailleurs.
21:01 - Je ne sais pas. Je n'ai jamais fumé.
21:03 Alors, dans un portrait qui t'a été consacré,
21:06 j'ai été sur les échos, justement, avec la forêt,
21:09 tu disais que tu manquais de compétences.
21:12 Et donc tu avais donc pallié cela avec des membres,
21:15 j'ai du comité scientifique de la belle forêt,
21:17 donc ton associé aussi, l'expert forestier, donc Philippe Gourmin.
21:21 C'est important de savoir s'entourer quand on se lance comme ça dans un...
21:25 - C'est fondamental. Enfin, ce n'est pas important, c'est fondamental.
21:28 Ce n'est pas qu'une histoire de manque de compétences
21:30 et aussi de travailler en équipe, d'être soudé comme ça,
21:32 comme une meute de loup qui avance et qui...
21:34 Mais moi, j'ai toujours fait... C'est quelqu'un qui me l'a appris.
21:37 Ça ne vient pas de mon bon sens. Quelqu'un m'a dit il y a très longtemps,
21:39 tu sais, il y a un secret dans le boulot,
21:41 c'est de s'entourer de gens bien plus forts que soi,
21:43 toujours, tout le temps, partout, sur tous les métiers.
21:45 Donc j'ai essayé de faire ça toute ma vie.
21:47 Et Philippe Gourmin, qui est un associé merveilleux
21:49 et avec qui je m'entends très, très bien,
21:51 est bien plus fort que moi pour les sujets de forêt.
21:53 Il est ingénieur, moi je ne suis pas ingénieur, il connaît la forêt comme personne,
21:55 la forêt française, il a traîné ses gaudillots
21:58 dans toutes les forêts de France depuis 30 ans.
22:00 Voilà, donc très vite, j'ai compris que de toute façon,
22:04 sur la belle forêt, il y a toute une partie
22:06 sur laquelle je suis totalement incompétent, l'ingénierie,
22:08 le côté forestier. Et puis j'ai essayé de m'entourer
22:11 vraiment de gens très forts, bien plus forts que moi,
22:13 très doués, très calés.
22:15 Et aujourd'hui, on a une quinzaine de personnes dans la belle forêt.
22:17 Donc Philippe, voilà, est formidable.
22:19 Ils sont tous formidables. On a des jeunes ingénieurs
22:21 qui sortent de l'agro-parité, on a donc Pauline qui travaille avec moi
22:24 dans la Digital University.
22:26 Et oui, donc je fais très attention à ça.
22:28 Et je pense que c'est vraiment un secret très important.
22:31 Il y a beaucoup de gens qui ont peur de la concurrence
22:33 et qui recrutent inconsciemment d'ailleurs,
22:35 des gens moins bons qu'eux, pas très forts, pas très ci, pas très là.
22:38 Moi, je n'ai jamais eu peur de ça, bien au contraire.
22:40 Et j'ai essayé de m'entourer de gens, mais bien, bien plus forts que moi.
22:43 - Et c'est facile de recruter dans la belle forêt,
22:45 parce que ça attire peut-être plus les profils, les jeunes ?
22:48 - Oui, alors c'est facile de ce point de vue-là,
22:50 parce que c'est vrai que dès qu'on passe une annonce et tout ça,
22:52 comme la belle forêt a beaucoup de sens, ça attire plein de gens.
22:54 Et c'est très difficile de recruter,
22:56 puisque voilà, on voit quelqu'un une heure, deux heures,
22:58 et puis il faut se faire une opinion.
22:59 Et donc il y a beaucoup de feeling, de métier, d'expertise,
23:02 et puis hop, ça se fait.
23:04 - Et c'est quoi un peu aujourd'hui ton style de management ?
23:06 Et d'ailleurs, est-ce qu'il a peut-être évolué
23:08 par rapport à quand tu étais plutôt dans l'univers de la com, à la pub ?
23:11 - Je pense qu'il a évolué, et j'espère,
23:13 mais bon, ce n'est pas à moi de le dire, qu'il s'est amélioré.
23:16 Voilà.
23:17 Non, moi j'ai un style de management, je me sens très proche de mes équipes.
23:21 Voilà, je ne suis pas du tout dans le donner des ordres,
23:25 je ne sais pas quoi, enfin, ce n'est pas du tout ça.
23:27 J'essaie d'écouter le plus possible ce qu'ils me racontent et ce qu'ils me disent.
23:30 J'essaie de m'adapter, bien entendu, à leurs besoins,
23:33 à leurs désirs, à leurs souhaits, à ce qu'ils veulent.
23:35 Et ensuite, comme je suis très exigeant
23:38 avec ce qu'on doit délivrer à la belle forêt, qui est complexe,
23:41 donc je suis très exigeant avec moi-même,
23:42 je suis très exigeant aussi avec les autres,
23:44 mais c'est quelque chose qu'on partage,
23:45 donc ce n'est pas tellement un sujet.
23:47 Et je pense qu'il me semble en tout cas que la principale qualité d'un manager aujourd'hui,
23:52 c'est d'écouter, d'écouter, d'écouter, d'essayer de comprendre et d'aider.
23:55 C'est-à-dire que je déteste les managers qui, quand il y a un problème,
23:58 on a toujours des problèmes dans les entreprises,
23:59 ils viennent et mènent la tête dans l'eau de la personne.
24:01 Non, moi, quand quelqu'un a un problème, je le vois,
24:03 et puis moi, ça m'arrive d'avoir des problèmes moi-même, bien sûr.
24:05 Je viens de voir, je dis bon, on n'y arrive pas,
24:07 donc je dis toujours "on", jamais "tu",
24:09 on n'y arrive pas, posons-nous, essayons ensemble de trouver des solutions.
24:12 Ça, je pense que c'est fondamental de rester soudé,
24:15 alors je dis comme une meute de loup, comme un pack de rugby,
24:18 comme ce qu'on veut, mais de rester soudé.
24:20 Quand quelqu'un a un genou à terre, et tu entends, c'est moi qui ai un genou à terre,
24:23 bien sûr, comme les autres, comme tout le monde, je suis humain,
24:25 eh bien, il faut essayer de le relever et pas de lui dire "mais qu'est-ce que tu as fait,
24:28 c'est pas possible", pas du tout.
24:30 Et tu faisais des réunions avec tes collaborateurs en plein milieu de la forêt.
24:33 C'est pourquoi ? Bon, même si on voit un petit peu, évidemment, le lien.
24:37 Non, j'en ai, on en fait quelques-unes de temps en temps, au début un peu plus et tout ça,
24:40 parce que c'est notre métier et qu'aujourd'hui, on est là pour essayer d'aider la forêt,
24:44 pour essayer d'aider la biodiversité qui est en forêt, et Dieu sait si elle est riche,
24:47 pour essayer aussi de préserver l'eau qui est en forêt.
24:50 L'eau est un sujet fondamental pour les entreprises, pour l'économie,
24:53 pour l'être humain aujourd'hui, et l'eau, elle est en forêt.
24:56 La forêt capte l'eau, la garde, la filtre, la redistribue.
24:59 Et donc, on a besoin, à la Belle Forêt, de se retrouver en forêt, d'être en forêt,
25:02 de s'imprégner, de comprendre ce qu'on fait.
25:05 Alors, j'ai la chance de me promener dans des forêts, plein de forêts,
25:08 depuis que je suis enfant, parce que ça me passionne, j'adore ça.
25:11 Et puis dans cette fameuse forêt dans les Vosges.
25:13 Mais je pense que c'est important qu'on partage ensemble, comme une équipe,
25:16 ce qu'on ressent dans les forêts.
25:18 Et puis, quand on se balade en forêt maintenant avec Philippe Gourmin, expert forestier,
25:21 et puis les ingénieurs de l'agro-paritech, etc., c'est génial,
25:24 parce qu'ils nous donnent un regard technique sur la forêt que moi, je n'ai pas.
25:27 Et puis peut-être que moi, je leur donne un regard de sensibilité sur la forêt
25:30 que peut-être ils n'ont pas. Donc voilà, c'est très complémentaire.
25:33 - Écoute, super. Merci beaucoup d'avoir répondu à toutes ces questions.
25:38 Et maintenant, on va pouvoir passer à la séquence, l'interview chrono.
25:43 - Question facile ou pas, mais quelle est ta forêt préférée ?
25:51 - Une forêt dans les Vosges.
25:54 - C'est la tienne ? - Oui.
25:55 - Voilà. - Elle est connue tellement bien.
25:57 - Tu es plutôt LinkedIn, Instagram ou TikTok ?
26:00 - LinkedIn.
26:01 - Quel est l'appel d'offres publique que tu as remporté, la Belle Forêt,
26:05 dont tu es peut-être le plus fier ?
26:07 - C'est la seule, mais de toute façon, j'en serai fier jusqu'à la fin de mes jours.
26:11 C'est la forêt de Chambord, qui a cherché un partenaire justement
26:14 pour l'aider à valoriser le carbone et la biodiversité,
26:17 en vue d'adapter la forêt au changement climatique,
26:19 puisque 40% de la forêt de Chambord est en train de dépérir.
26:22 Et donc, elle a besoin de moyens, de ressources financières
26:24 pour s'adapter au changement climatique.
26:26 - Quelle est l'application que tu utilises le plus ?
26:29 - Ah là là, l'application téléphone.
26:33 Non, ce n'est pas une application.
26:34 - C'est vrai qu'on n'utilise plus pour téléphoner.
26:36 - LinkedIn, je pense.
26:38 - Est-ce que tu peux me citer une entrepreneuse ou une dirigeante française qui t'inspire ?
26:42 - Il y en a plein, franchement.
26:45 Il y a par exemple Sophie Lacoste-Dournel,
26:48 avec son frère Philippe, qui a repris l'entreprise Fusalp,
26:52 qui fait un succès génial et que j'ai la chance de connaître,
26:55 et qui est une femme formidable, vraiment douce, sympathique, intelligente.
26:58 Il y a, je pense, Agathe Bousquet, qui est la présidente de Publicis France,
27:03 qui a beaucoup de succès dans ce qu'elle fait,
27:06 qui est une fille aussi formidable et que je connais bien.
27:08 Et puis, il y en a une troisième que je voudrais citer, qui est Maya Daboulos,
27:11 qui est la présidente d'Avast Paris,
27:13 qui est l'ancienne chargée de communication de Jean Castex,
27:16 et qui est d'une intelligence et d'une sensibilité rares.
27:20 - Quel est le dernier livre que tu as lu ?
27:23 - Le dernier que je viens de finir, c'est "Les naufragés du Wager".
27:28 Je vais dire une bêtise.
27:30 Un livre qui a eu un succès fou, qui est génial,
27:33 mais qui s'appelle "Les naufragés du Wager", je crois.
27:35 - On vérifiera. - Je viens de finir.
27:37 - Est-ce qu'il y a une marque avec laquelle tu aurais aimé travailler,
27:40 rêver, quand tu étais peut-être chez Avast ou DDB ?
27:43 - Apple.
27:45 - Tes dernières vacances, c'était où ?
27:47 - Mes dernières vacances, c'était dans les Vosges.
27:50 - Quand le message est pété, tu es plutôt émerveillé ou apeuré ?
27:53 - Les deux. - La deux ?
27:55 - D'accord. Et peut-être une dernière.
27:57 "La belle forêt", c'est ta dernière boîte ?
28:00 - Je ne sais pas. Je ne sais pas répondre.
28:02 - Merci beaucoup d'avoir répondu à toutes ces petites questions.
28:06 Et merci à vous d'avoir suivi cette émission une nouvelle fois.
28:10 Je vous donne rendez-vous pour la prochaine très bientôt.
28:13 Merci, au revoir.
28:15 (Générique)