Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.
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00:00 Ravie de vous retrouver pour les informer. On est ensemble en direct jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et France Info Télé Canal 27
00:07 avec évidemment Renaud Dely. Bonjour Renaud. - Bonjour Salia.
00:10 Et nos informés du jour, Alex Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info Télé et l'interview politique chaque matin à 7h45 sur France Info Télé Canal 27.
00:20 Bonjour Salia. - Bonjour. Emmanuel Kessler à vos côtés, directeur des rédactions de Capital. Bienvenue Emmanuel.
00:25 Bonjour, bienvenue. - Renaud Dely, le congrès des maires c'est cette semaine à Paris et il sera question notamment de décentralisation.
00:31 Eh oui parce que le chef de l'État Emmanuel Macron il y a quelque temps a annoncé la perspective d'une nouvelle étape de décentralisation.
00:39 Évidemment les maires qui se réunissent cette semaine à Paris sont aux aguets. Ils espèrent effectivement se voir attribués à terme de nouvelles compétences
00:47 mais aussi de nouvelles ressources évidemment pour pouvoir exercer ces compétences.
00:50 Sauf que voilà, selon David Lissnard, le président de l'association des maires de France et maire LR de Cannes,
00:57 c'est pas tout à fait la première fois qu'Emmanuel Macron leur fait le coup.
01:01 C'est un bon signe s'il y a des actes. Depuis maintenant 6 ans, il y a eu au moins 3 annonces,
01:07 c'est toujours avec beaucoup d'emphase, de grands actes de décentralisation.
01:12 Ça avait été le cas au lendemain des Gilets jaunes, ce fut le cas au moment du Covid où on a vu qu'en fait le pouvoir local était bien plus performant que l'État.
01:20 C'était le cas il y a quelques mois, l'année dernière dans un discours de la Mayenne.
01:25 Et les maires ont plutôt tendance, notamment par la voix de David Lissnard, à dénoncer ce qu'ils appellent une "recentralisation financière et juridico-administrative" de la part de l'État.
01:34 Recentralisation d'ailleurs antérieure à l'élection d'Emmanuel Macron mais depuis en gros une vingtaine d'années
01:39 qui a notamment abouti à une baisse des ressources propres des communes.
01:43 On pense aussi à l'une des dernières décisions qui les concerne directement, la suppression de la taxe d'habitation.
01:48 Alors peut-on et d'ailleurs faut-il un nouvel acte de décentralisation ?
01:52 Ou est-ce que l'État doit conférer aux communes en particulier, et peut-être à d'autres étages de la collectivité locale, de nouvelles compétences et les ressources afférentes ?
02:01 Alex Bouiaguet.
02:02 Oui, David Lissnard effectivement il a raison et on comprend qu'il y a de l'impatience de la part des maires parce que cette décentralisation effectivement,
02:08 Emmanuel Macron la promet depuis 2018 au moins.
02:11 Alors il y a cette mission qui a été confiée à Eric Woerth pour effectivement faire le point sur cette question-là, le rapport sera rendu en mai.
02:20 Qu'est-ce qui dénonce les maires ?
02:22 Eh bien je pense la première chose c'est le fait qu'ils n'ont plus d'autonomie financière.
02:27 C'est vrai que l'État a supprimé un certain nombre d'impôts locaux, la taxe professionnelle, la taxe d'habitation sur la résidence principale,
02:34 les cotisations de valeur ajoutée à l'entreprise et eux, les maires aujourd'hui, ils veulent récupérer une autonomie par rapport à cette fiscalité
02:44 et ce que David Lissnard appelle un impôt résidentiel.
02:48 Pourquoi être plus autonome ?
02:49 Parce que ça peut leur permettre aussi de ne plus être à la merci de l'État et d'éviter la bureaucratie d'aller plus vite.
02:54 Le deuxième point qu'il souligne aussi c'est qu'ils ont l'impression qu'il n'y a plus de libre administration réelle.
03:02 Ça veut dire quoi ?
03:02 Ça veut dire que 40% des subventions qui sont désormais accordées par l'État, elles sont fléchées.
03:07 Donc il n'y a plus de possibilité pour les maires finalement de faire un petit peu ce qu'ils ressentent, eux qui sont au plus près du terrain.
03:14 Et puis la troisième dénonciation, si je puis dire, des maires, c'est le fameux principe de subsidiarité qui est de moins en moins respecté.
03:22 Qu'est-ce que ça veut dire ce principe ?
03:24 Ça veut dire que normalement c'est les selon le plus proche des bénéficiaires d'une politique publique qui ont la compétence.
03:31 Et bien effectivement ce n'est plus le cas.
03:34 Ils veulent retrouver du pouvoir réglementaire.
03:36 Les maires, ils veulent retrouver un pouvoir de décision et une capacité de moyens, ce qui peut sembler assez logique.
03:41 Emmanuel Kesser ?
03:42 Non, alors je prolonge ce que dit Lix parce qu'on voit bien dans ce que vous dites que le sujet,
03:47 ce n'est pas tant de transférer des nouvelles compétences de l'État aux collectivités locales.
03:52 C'est plutôt de clarifier une situation qui est très confuse.
03:54 On peut être un peu confus.
03:56 On peut être un peu sceptique sur la mission d'Éric Woerth qui a été confiée à la suite du discours d'Emmanuel Macron
04:02 sur l'anniversaire de la Constitution parce qu'il a commencé par dire, Emmanuel Macron, en lançant cette mission
04:07 qu'il fallait peut-être encore une fois revoir ce qu'on appelle le millefeuille territorial,
04:11 sujet que des maires qualifient maintenant non plus de millefeuille mais de tarte à la crème,
04:14 parce qu'ensuite Éric Woerth a été obligé de dire "non, non, ne vous inquiétez pas,
04:18 je ne vais pas supprimer un échelon de collectivité locale".
04:20 Donc on ne sait pas ce qui va rester de cette mission.
04:23 Mais ce qui est sûr, c'est que plus que des nouvelles compétences que les élus attendent,
04:27 c'est des clarifications, qu'on sache mieux qui fait quoi, qui finance quoi.
04:32 Et aujourd'hui, on est effectivement dans un empilement de strates et beaucoup de confusion.
04:36 Et j'ajoute un élément, c'est aussi ce qui gêne beaucoup les élus, c'est ce qu'on appelle l'inflation des normes.
04:41 Il y a un conseil des normes, il y a une loi ou un texte par jour qui est examiné aujourd'hui.
04:47 Et ça va coûter en 2023 et 2024, 2 milliards et demi de plus par an à appliquer pour les collectivités locales.
04:53 Donc ça, c'est un sujet aussi majeur qui va occuper les maires aujourd'hui réunis en congrès porte de Versailles.
05:00 Non pas tout bouleverser, mais clarifier, faire en sorte que l'action soit mieux évaluée et plus efficace.
05:06 Une action plus efficace, mieux évaluée.
05:08 On continue d'en parler juste après le Fil info à 9h11.
05:10 Maureen Thunière.
05:12 Des otages du Hamas vont-ils être libérés ? Et surtout quand ?
05:16 Le groupe terroriste affirme qu'un accord de trêve avec Israël est proche.
05:20 Des négociations se poursuivent autour notamment de la libération de prisonniers palestiniens en échange.
05:25 On ne va pas tarder à venir chercher les auteurs de violences, affirme sur France Info.
05:29 La porte-parole de la Gendarmerie nationale, un groupe de personnes qui s'en est pris à des adolescents
05:34 lors d'une fête de village à Crépole dans la Drôme ce week-end.
05:38 Thomas, 16 ans, a été tué.
05:39 Une marche blanche est organisée demain pour lui rendre hommage.
05:43 Gérald Darmanin demande l'ouverture d'une enquête administrative
05:46 sur l'utilisation de la reconnaissance faciale par les services de son propre ministère.
05:50 Réaction du ministre de l'Intérieur à la publication d'un article de disclose.
05:55 Ce média affirme que le ministère utilise illégalement un logiciel d'analyse d'image.
06:00 Deux victoires hier pour Antoine Dupont, le joueur du 15 de France désigné
06:04 meilleur joueur du top 14 et meilleur bleu de la saison passée lors de la cérémonie de la nuit du rugby.
06:10 Le rugbyman qui confie rêver d'une médaille olympique à moins d'un an des JO de Paris 2024.
06:15 De retour sur le plateau des informés avec Alix Bouillague, éditorialiste politique à France Info TV.
06:32 Emmanuel Kessler, directeur des rédactions de Capital et Renaud Delis.
06:37 David Lissnard, le président de l'Association des maires de France, disait dans le 8.30 tout à l'heure.
06:41 Nous, on réclame plus de moyens parce qu'on nous en a retiré et on réclame aussi plus de compétences.
06:45 Qu'est ce que ça peut être ?
06:46 Bien sûr, ça va de paire.
06:47 Alors, il y a à la fois plus de compétences, plus de clarifications, plus de simplification
06:51 et puis plus d'autonomie. Tout ça va de paire.
06:53 Après, les compétences en question, ça dépend aussi de la taille des communes.
06:56 Et puis, il ne faut pas oublier un élément essentiel qui s'est développé ces 20 ou 30 dernières années
07:01 et qu'on n'a pas évoqué, ce sont les intercommunalités.
07:04 On voit par exemple dans un certain nombre d'aires urbaines, la question se pose notamment à Marseille.
07:09 Le maire de Marseille, Benoît Payan, en a parlé récemment.
07:12 Il dit "moi, on me reproche, mes administrés me reprochent fréquemment
07:16 que la ville soit sale, telle ou telle rue, par endroits, etc.
07:20 Mais ce n'est pas moi, ce n'est pas moi le maire, c'est l'agglomération.
07:23 Et l'agglomération, c'est l'une de ses concurrentes politiques qui la préside, Martine Vassal.
07:29 Donc, on voit...
07:30 – C'est bien une question d'organisation d'ailleurs.
07:32 – C'est une question d'organisation, une clarification.
07:35 Qui fait quoi ? Qui est responsable ?
07:36 Et ce n'est pas simplement d'ailleurs, je pense que ce n'est pas simplement un enjeu,
07:40 c'est évidemment un enjeu en termes d'efficacité.
07:42 C'est-à-dire, qui paye quoi ? Qui est responsable de quoi ?
07:44 Mais c'est même un enjeu démocratique parce que les électeurs, effectivement,
07:48 doivent savoir qui est responsable de quoi et qui juge le moment venu lors d'un scrutin.
07:53 Et aujourd'hui, il y a un empilement, il y a un brouillard qui participe de ce défaut démocratique.
08:01 Et on l'a mesuré encore au fil des crises traversées ces dernières années,
08:05 notamment la crise des Gilets jaunes ou effectivement le rôle des maires lors du Covid.
08:12 Les maires sont un rouage essentiel du fonctionnement de notre démocratie.
08:14 Et quand ils deviennent soit des cibles, mais on en a parlé hier,
08:18 cibles d'agression de façon répétée, soit lorsqu'ils n'ont plus les moyens d'exercer leur mission
08:23 ou simplement qu'on ne sait plus de quoi ils sont responsables,
08:27 c'est toute la démocratie de notre pays qui se griffe.
08:30 Et la suppression de la taxe d'habitation, elle a participé à ça,
08:32 puisqu'elle coupe encore davantage le lien entre l'habitant et son hélico.
08:38 Même si l'État assure avoir compensé à l'europrès la suppression de la taxe d'habitation.
08:41 Mais en termes symboliques, c'est vrai qu'on ne sait plus très bien qui on paye, pourquoi on paye.
08:47 Et c'est vrai que c'est en fait répondre tout simplement à la question
08:50 qui est le bon niveau d'interlocuteur pour répondre à cette question.
08:55 Il y a aussi cette question de clarification des compétences,
08:59 il y a cette simplification territoriale à laquelle Eric Werth va devoir répondre,
09:04 mais a priori il a écarté le fait que par exemple les départements pourraient disparaître.
09:09 Mais il y a aussi un point qui est assez important, c'est la valorisation du statut d'élu.
09:15 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que la question qu'ils vont se poser,
09:18 c'est comment renforcer les conditions d'exercice du mandat d'élu.
09:23 Alors ça peut être aussi bien du point de vue matériel, du point de vue statutaire,
09:28 du point de vue juridique, et là c'est vrai qu'on sent que notamment sur les violences
09:33 qu'il peut y avoir contre les élus, sentir qu'ils ne sont pas tout seuls en première ligne.
09:37 Il y a, on en a parlé tout à l'heure, la simplification des normes,
09:40 et puis le cinquième pilier du grand projet Eric Werth, c'est aussi la consolidation des moyens,
09:48 c'est-à-dire comment effectivement faire pour que ces communes puissent retrouver
09:52 une certaine forme d'autonomie financière.
09:54 Les maires, ce sont les sentinelles de la République, c'est vraiment le dernier rempart,
09:57 la commune c'est l'endroit où tout le monde doit vivre ensemble.
10:00 Aujourd'hui, il y en a 450 par an, nous dit une étude du Cevipof, de Sciences Po,
10:05 qui rendent leur écharpe dans ce mandat.
10:07 - Mais qui démissionnent au cours du mandat, 40 tous les mois.
10:10 - Voilà, c'est beaucoup plus qu'avant, le nombre d'incivilités à l'encontre des élus,
10:13 qui étaient jusqu'à présent, dans la classe politique ou dans le milieu politique,
10:18 les élus étaient préservés.
10:19 Ça n'est plus le cas aujourd'hui, c'est peut-être ça aujourd'hui le défi principal,
10:23 et c'est une question de relation entre les élus, la population, et de redonner confiance.
10:28 Je me souviens au lendemain des attentats de 2015, il y avait eu un congrès des maires spécial,
10:32 ce n'était pas vraiment un congrès des maires, rassemblement de 3500 maires
10:35 avec leur écharpe tricolore, avec François Hollande, tous les partis politiques,
10:39 pour affirmer "c'est nous les gardiens de la République".
10:42 Aujourd'hui, ce rôle-là se trouve fragilisé, et je crois qu'il faut y être très attentif.
10:47 - Il y a une crise d'évocation chez les maires ?
10:48 - C'est même miraculeux qu'il y ait encore autant de candidats à chaque élection municipale,
10:52 parce que c'est une crise d'évocation qu'évoquait Emmanuel Kessler, effectivement,
10:54 les chiffres sont là, c'est des missions cascade en cours de mandat,
10:58 ça ne fait que s'accentuer depuis déjà pas mal d'années d'ailleurs.
11:00 Fort heureusement, mais c'est là qu'on voit l'importance du rouage justement de cet élu
11:05 dans le fonctionnement de notre démocratie, il y a encore de nombreux candidats heureusement
11:08 à chaque élection municipale, mais il faut bien comprendre aussi,
11:11 je pense que ce malaise, cette crise qu'on évoque sur différents plans,
11:16 qu'il soit financier, politique ou autre, tient aussi à une forme de déconnexion peut-être
11:20 qui s'est accrue entre les maires en tant qu'élus locaux, proches du terrain,
11:24 et puis les élus "nationaux", les parlementaires ou autres.
11:28 - C'est la fin du cumul des mandats qui a fait ça.
11:30 - Alors ça a participé de ça, je pense qu'il y a une tentation de notre pays de longue date,
11:34 enfin de ces dernières années plutôt, qui remonte effectivement à cette réforme,
11:37 la suppression du cumul des mandats, qui peut-être aussi est portée par la nature sociologique
11:43 du pouvoir depuis 2017, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup, certes il y a évidemment
11:46 des parlementaires ou des maires qui appartiennent à la majorité macroniste,
11:51 mais globalement on a vu arriver en politique un personnel politique renouvelé
11:56 qui n'était pas forcément ancré dans les territoires,
11:59 et tout ça participe peut-être probablement d'une forme de crise démocratique
12:02 où les maires se sentent de plus en plus mis à l'écart, même de façon symbolique,
12:07 d'ailleurs ils ne resurgissent au devant de la scène que lorsqu'il y a une crise,
12:10 effectivement Emmanuel Macron a redécouvert leur importance
12:12 lors du grand débat post-Gilets jaunes par exemple.
12:15 Il y a des pays où il y a quasiment deux carrières politiques parallèles, disjointes,
12:19 j'allais dire par exemple l'Allemagne où vous avez des élus qui font des carrières régionales, locales,
12:24 on connaît l'importance de la décentralisation dans ce pays ancré sur les lenders,
12:28 et puis d'autres qui font des carrières nationales.
12:30 En France les deux demeurent quand même profondément liées,
12:33 ces deux types de carrières, dans toute notre histoire politique,
12:36 c'est passé notamment effectivement par le cumul,
12:38 et ça participe je pense de l'histoire de l'administration en France.
12:41 – Et ça change aujourd'hui parce que dans la vie politique nationale,
12:43 ce qu'on appelait les grands-mères qu'il y a 20 ou 30 ans,
12:46 vous aviez Martine Aubry avant elle, Pierre Bourgeois,
12:50 elle est toujours là mais on n'en entend plus parler,
12:52 c'est-à-dire que les maires des grandes villes qui étaient de véritables personnalités
12:56 dans la vie politique aujourd'hui, qui connaît le maire de Montpellier,
12:59 qui fait des choses très bien, qui connaît la maire de Nantes, la maire de Rennes,
13:02 ce ne sont pas des personnalités qui parviennent à émerger
13:04 parce qu'il y a cette espèce de dichotomie totale
13:07 entre le niveau local et le niveau national,
13:09 et donc c'est vrai que le niveau local il est fragilisé
13:11 parce qu'il n'arrive pas à se faire entendre.
13:13 – Mais Emmanuel à l'époque où il y avait le cumul des mandats,
13:15 on disait "ils sont plus à Paris que dans leur ville ceux-là".
13:17 – Oui mais parce que probablement il fallait trouver un juste milieu,
13:20 et le juste milieu c'était un mandat national, un mandat local.
13:23 – Ce qui posait problème aussi c'était le cumul des indemnités,
13:26 ça on peut tout à fait interdire le cumul des indemnités.
13:28 – D'ailleurs il est plafonné déjà, une fois et demie l'indemnité par le mandat.
13:31 – Rétablir une forme parfois de cumul de certains mandats.
13:34 – La suite des informés c'est dans un instant parce qu'il est 9h20 maintenant
13:38 et c'est l'heure du Fil-info de Maureen Swiniard.
13:40 [Générique]
13:41 – Les pourparlers semblent s'accélérer au Proche-Orient,
13:44 le Hamas a affirmé pendant la nuit qu'un accord pour une trêve avec Israël était proche,
13:49 le Hamas qui tente d'obtenir la libération de détenus palestiniens contre des otages,
13:53 hier soir le Premier ministre israélien affirmait encore que son pays
13:56 n'arrêterait pas les combats tant que les otages ne seraient pas de retour chez eux.
14:00 "J'ai cru mourir" confie sur France 5 la députée Sandrine Jossot,
14:04 c'est elle qui accuse le sénateur Joël Guerriot de l'avoir drogué à son insu,
14:09 elle veut maintenant sensibiliser sur le fléau de la soumission chimique,
14:12 le président du Sénat a demandé au sénateur
14:15 de se mettre en retrait de ses activités de parlementaire.
14:18 Seules 4 communes sur 10 soumises à la loi SRU la respectent,
14:22 20 ans après sa mise en place, c'est ce que révèle l'enquête de France Info et France Bleu,
14:27 la loi impose à certaines communes d'avoir au minimum 20 ou 25% de logements sociaux,
14:32 elles doivent sinon payer une cotisation sociale.
14:35 Deux départements sont toujours en orange sur la carte de France,
14:38 la Charente-Maritime tout comme le Pas-de-Calais pour des risques de crues.
14:42 *Générique*
14:54 Les informés avec Alix Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info,
14:58 à vos côtés Emmanuel Kessler, directeur des rédactions de Capital et Renaud Delis,
15:02 l'actualité du jour, c'est aussi le lancement de la campagne des Restos du Coeur.
15:05 - Eh oui, à l'approche de l'hiver, les Restos du Coeur qui lance leur campagne annuelle
15:10 de distribution de repas, une campagne ô combien indispensable,
15:15 plus encore en cette période forte d'inflation, notamment des produits alimentaires
15:19 où une part croissante des Français se prive, redécouvre un certain nombre de restrictions.
15:24 L'an dernier, les Restos du Coeur ont distribué 171 millions de repas
15:30 contre 142 millions l'année précédente.
15:33 Y a-t-il une nouvelle population qui est aujourd'hui concernée
15:36 et qui est contrainte de frapper en quelque sorte à la porte des Restos du Coeur ?
15:39 Et est-ce que l'association peut s'attendre à battre un nouveau record cette année ?
15:45 Voici ce qu'on disait ce matin sur l'antenne de France Info.
15:48 Patrice Douré, qui est le président des Restos du Coeur.
15:51 - Ce que l'on craignait est aujourd'hui en train d'arriver,
15:55 c'est-à-dire que nous avions défini un chiffre de 150 000 personnes
15:58 qui pourrait ne pas être accepté.
16:00 Et aujourd'hui, les inscriptions sont en cours.
16:02 C'est encore un peu tôt pour faire un bilan définitif, mais c'est la tendance.
16:05 Malheureusement, la vague ne faiblit pas.
16:07 On constate aujourd'hui qu'on a, même en ayant réduit, limité nos critères d'éligibilité,
16:11 on constate qu'on a beaucoup de personnes qui se présentent et qui rentrent dans ce barème-là.
16:15 - Donc on va battre un nouveau record ?
16:17 - Je le crains.
16:18 Je le crains et en tout cas, on reste extrêmement attentifs à cette évolution.
16:21 - De nouvelles populations qui ont besoin de recourir aux Restos du Coeur
16:24 pour faire face aux difficultés de la vie et donc aux restrictions, à l'inflation.
16:30 Est-ce que le milieu associatif et d'abord les Restos du Coeur
16:35 qui avaient lancé un appel aux dons il y a quelques semaines, rappelons-le,
16:37 pourront relever ce défi ?
16:39 Et puis au-delà d'ailleurs, où en est l'aide globale de l'État ?
16:42 Patrice Douret a réclamé ce matin une augmentation, justement,
16:46 de l'aide de l'État pour l'ensemble de l'aide alimentaire dans ce pays.
16:49 - La précarité progresse, la faim progresse en France.
16:52 C'est ce que disait ce matin Patrice Douret sur France Info.
16:54 - Oui, c'est vrai que les Restos du Coeur, ils doivent résoudre une équation qui est très compliquée,
16:58 c'est-à-dire à la fois c'est moins de dons.
17:01 Effectivement, ils ont dû rappeler les dons, 35 millions notamment, en septembre,
17:06 avec une petite angoisse, c'est qu'ils ont 60% de leurs dons en général,
17:10 ce fait en fin d'année, c'est-à-dire en novembre.
17:13 Et donc ils se disent, ceux qui ont payé, peut-être ne vont pas vouloir redonner l'argent.
17:17 Donc moins de dons, plus de bénéficiaires avec la possibilité,
17:22 enfin l'obligation pour eux finalement, c'est ce que disait le patron des Restos du Coeur,
17:27 d'abaisser 30% le barène d'éligibilité.
17:31 On voit effectivement des nouveaux profils qui apparaissent,
17:34 on voit plus de retraités, on voit plus de femmes seules,
17:37 on voit plus de personnes isolées, on voit plus d'enfants,
17:39 il y a quand même 39% de mineurs dans ceux qui bénéficient des Restos du Coeur,
17:43 dont 126 000 bébés, ce qui est quand même énorme.
17:48 Aujourd'hui, 9 millions sont sous le seuil de pauvreté,
17:52 ça veut dire que ça, cumulé au prix de l'alimentation, qui a pris 7% en un an,
17:59 les prix de l'énergie qui a pris 23%,
18:02 on comprend qu'effectivement, aujourd'hui,
18:04 plus de la moitié des personnes qui sont demandeurs des Restos du Coeur
18:08 vivent sous le seuil de pauvreté.
18:09 Seuil de pauvreté, je vous rappelle, c'est 551 euros par mois.
18:13 Emmanuel Kessler ?
18:14 Oui, un point qui est quand même assez étonnant,
18:16 c'est que si on regarde au niveau global,
18:19 la France, en termes d'aides sociales, dépense 750 milliards d'euros par an.
18:25 C'est-à-dire qu'on est un des pays développés au monde.
18:28 Je crois en Europe le premier pays en termes de montant des prestations sociales.
18:32 C'est la moitié du budget de la dépense publique.
18:35 Et donc, il y a quelque chose quand même d'anormal dans un système comme celui-là,
18:41 qu'on se retrouve dans la situation que vient de décrire Alix.
18:43 Ça veut dire qu'il y a une question de répartition.
18:46 Alors, c'est vrai que sur la dépense sociale, la majorité va à la santé.
18:50 Il y a une grosse partie pour la santé, pour les retraites.
18:52 La part de la pauvreté, à strictement parler, c'est 4%.
18:56 Mais précisément, tout ce qui va à la protection sociale
18:59 doit limiter l'arrivée dans la situation de pauvreté.
19:02 Et donc, il y a quelque chose qui ne marche pas.
19:04 Et donc, à mon avis, c'est ce que révèle cette affaire des Restos du Cœur.
19:08 Il faut se souvenir qu'au départ, il y a 40 ans, quand c'est créé par Coluche,
19:11 on pense que ça va être temporaire, les Restos du Cœur.
19:14 C'est bien une crise. Voilà.
19:16 Et on se retrouve 40 ans après et on a toujours les Restos du Cœur.
19:20 Heureusement qu'ils sont là. Heureusement qu'ils existent.
19:22 On a toujours le concert des Enfoirés.
19:24 Tant mieux aussi, parce que c'est une organisation
19:26 et ce n'est pas la seule association.
19:28 Mais ça veut dire probablement que dans notre système social,
19:32 qui est généreux, il y a des ratés.
19:34 Alors, la Cour des Comptes les a étudiés.
19:35 Il y a des gens qui pourraient bénéficier de prestations sociales,
19:38 qui ne vont pas les demander.
19:39 C'est notamment vrai pour le RSA.
19:41 Mais il y a une granularité fine à mener pour faire en sorte
19:46 qu'on n'en arrive pas à ce type de situation.
19:48 Au-delà d'une conjoncture liée à l'inflation, telle qu'on la vit aujourd'hui.
19:52 - Et dans ce contexte de difficulté, n'importe quel symbole
19:55 peut provoquer un déclic de contestation.
19:58 On l'a vu par exemple avec les tickets restaurants,
20:01 qui, à partir de l'année prochaine, ne devaient plus permettre de faire ces courses.
20:06 - Gros ratage.
20:06 - C'est frappant d'ailleurs, parce que là, le gouvernement a réagi très vite.
20:09 C'est-à-dire qu'il y a eu ce ratage qu'ils ont corrigé immédiatement en quelques jours
20:12 pour maintenir cet usage possible des tickets restaurants.
20:15 Et en même temps, le fait qu'une bonne partie des Français
20:18 fassent leurs courses avec des tickets restants,
20:20 ce n'est pas "normal".
20:22 C'est-à-dire que ça illustre aussi ces difficultés sociales, évidemment,
20:26 et les ratages de nos filets de sécurité sociaux,
20:30 justement, de nos filets sociaux qu'évoquait Emmanuel Castor à l'instant.
20:33 Parce que les Restos du Coeur, c'est vrai que les plus anciens s'en souviennent.
20:36 En 85, lorsque ça a été lancé, c'était supposé être ponctuel.
20:40 On évoquait à l'époque les nouveaux pauvres.
20:43 La presse parlait des nouveaux pauvres.
20:45 La Bipière s'était mobilisée justement pour pointer cette nouvelle pauvreté.
20:49 Cette nouvelle pauvreté, 40 ans plus tard, effectivement,
20:51 dans ce moment, elle demeure, mais elle semble s'amplifier.
20:53 On a à chaque fois de nouveaux, nouveaux pauvres.
20:56 Et c'est vrai que l'aide alimentaire et le rôle des Restos du Coeur est indispensable.
21:02 Il faut le saluer. Il faut évidemment donner et peut-être aller au-delà,
21:05 puisque les Restos du Coeur souhaitent que l'État porte à 200 millions
21:10 le financement de l'ensemble de l'aide alimentaire.
21:13 Ce n'est pas 200 millions qui vont aux Restos du Coeur.
21:14 Ça, je parle de la dotation publique.
21:16 Aujourd'hui, c'est 150 millions.
21:17 Si on met 150 millions au-delà, la question se pose, effectivement,
21:20 pourquoi est-ce que tant de gens et de plus en plus, année après année,
21:24 en sont réduits à devoir recourir à cette aide alimentaire
21:27 au regard de l'importance, normalement, de nos filets de sécurité sociale ?
21:34 Il y a un autre critère qui est important.
21:36 C'est-à-dire qu'on regarde souvent le taux de pauvreté,
21:37 effectivement, qui a pris plus d'un pour cent en un an.
21:40 Mais il y a aussi le taux de privation.
21:42 Aujourd'hui, c'est 14% de la population française.
21:46 Qu'est-ce que ça veut dire, ce taux de privation ?
21:49 Ça veut dire que certains produits dits nécessaires,
21:52 on se dit non, la paire de chaussures, non, les légumes, non.
21:58 C'est la déconsommation, comme disait Alexandre Montfort.
22:00 C'est un indice sur, effectivement, ce pouvoir d'achat
22:03 qui est plus qu'en berne en ce moment.
22:05 Merci beaucoup. Merci à tous les trois.
22:06 Alix Bouyagui, éditorialiste politique à France Info Télé.
22:09 On vous retrouve tous les matins à 7h45 sur le Canal 27
22:12 pour l'interview politique.
22:14 Emmanuel Kessler, merci d'être venu ce matin,
22:16 directeur des rédactions de Capital.
22:17 Et l'on dévoile ce matin le numéro spécial qui va sortir après-demain.
22:22 Alors, on édite chez Prisma Médial, Harvard Business Review,
22:25 l'édition française.
22:26 C'est la plus grande revue économique au monde, la plus prestigieuse.
22:30 C'est le numéro des 100 ans de la revue américaine
22:33 qui vient de Harvard, avec plein d'articles sur,
22:35 et notamment un du roi du management qui s'appelle
22:37 "Se manager soi-même".
22:39 C'est Peter Drucker, l'auteur.
22:40 C'est un peu le pape du management, comme Michel Drucker.
22:42 Il n'est pas de la famille.
22:44 Et se manager soi-même, il faut l'offrir.
22:46 On peut l'offrir aux hommes politiques aussi.
22:48 Ça ne s'adresse pas qu'aux chefs d'entreprise.
22:50 Emmanuel Macron, par exemple.
22:51 Comment se manager soi-même ?
22:52 On se retrouve demain ?
22:54 Absolument, ça y est, demain.
22:55 Merci beaucoup, les informations de retour ce soir.