La grande interview : Clément Beaune

  • l’année dernière
Le ministre délégué aux transports Clément Beaune était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk  dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
Transcript
00:00 Et place donc à la grande interview sur CNews et Europain.
00:03 Bonjour Clément Beaune.
00:04 Bonjour, salut Mabrouk.
00:05 Et bienvenue à vous, vous êtes le ministre en charge de transport.
00:07 Je précise également que vous avez été en charge des affaires européennes.
00:10 Je vous interrogerai tout à l'heure,
00:12 eu égard à ce qui se passe sur le front de la guerre à Gaza.
00:15 Mais tout d'abord Clément Beaune,
00:16 l'assaillant de l'attaque islamiste à Paris a revendiqué son acte en garde à vue.
00:20 Il apparaît comme étant froid, clinique et déterminé.
00:24 Est-ce que vous croyez encore en la déradicalisation de ce genre d'individu ?
00:28 Je ne sais pas, mais en tout cas il est clair que c'est une attaque terroriste islamiste.
00:32 Il n'y a pas de débat là-dessus.
00:33 Et donc le parcours, on peut le retracer,
00:36 il a été fait depuis samedi et l'intervention rapide de nos forces de l'ordre.
00:40 Mais il est clair que c'est une attaque islamiste
00:42 et donc c'est une menace islamiste que nous devons combattre par tous les moyens.
00:46 Il y a des débats législatifs en ce moment s'agissant des personnes étrangères.
00:50 Il y a des situations différentes pour les citoyens qui sont français
00:53 parce que la personne qui a commis cette attaque islamiste ce week-end est un citoyen français.
00:57 Franco-iranien, oui.
00:58 Puis il y a les questions, mais qui ne sont pas une excuse,
01:00 qui ne sont pas un dérivatif de la psychiatrie et des troubles
01:04 qui font parfois que certains individus,
01:06 je n'ai pas le parcours exact de ce monsieur,
01:09 mais sont des cibles par leur fragilité pour les idéologues islamistes encore davantage.
01:13 Vous dites que ce n'est pas une excuse la psychiatrie,
01:15 mais est-ce que justement la psychiatrisation du débat
01:18 n'est pas en train de faire passer au second plan la radicalisation ?
01:20 Et vous le dites, je le note Monsieur le ministre assez clairement ce matin,
01:23 c'est un attentat islamiste quand le président de la République
01:26 le soir même ou quelques heures après l'attentat ne l'a pas qualifié d'islamiste.
01:30 Oui, mais parce qu'on n'avait pas toutes les informations tout de suite.
01:33 Y avait-il un doute sur le mode opératoire ?
01:35 Moi je préfère qu'on ait des informations fiables et sûres.
01:38 Moi-même j'ai fait un tweet, vous auriez pu le citer,
01:41 "prêche contre ma paroisse" si je puis dire,
01:43 où j'ai parlé d'attaques dans la minute qui m'ont suivie
01:46 pour soutenir les policiers qui sont intervenus.
01:48 Et quelques minutes après ou quelques heures après,
01:51 nous avons su exactement ce qui s'est passé,
01:52 donc il n'y a pas à tourner autour du pot, c'est une attaque islamiste,
01:55 je crois que personne ne le conteste, ne faisons pas de mauvais débats.
01:58 L'extrême gauche le conteste, mais parlons de ce que vous pouvez faire.
02:01 L'extrême gauche n'est pas tout à fait au gouvernement,
02:02 et vous n'avez pas échappé qu'on n'était pas tout à fait sur la même ligne
02:04 que Jean-Luc Mélenchon, ni le président de la République, ni le gouvernement.
02:07 Donc qu'il y ait des ambiguïtés chez Jean-Luc Mélenchon,
02:09 et pire que ça, c'est un autre sujet et c'est très clair.
02:11 Mais c'est une attaque qui a un caractère islamiste, c'est sûr,
02:14 et avec la question ensuite, ce n'est pas pour trouver des excuses,
02:17 c'est pour trouver de l'action et de la réponse.
02:18 Et que fait-on face aux différents cas ?
02:20 Parce que malheureusement, les cas de terroristes islamistes que nous avons vus,
02:23 ce sont parfois des situations individuelles qui sont différentes.
02:26 À chaque fois, il faut du renseignement.
02:28 À chaque fois, ce sont les mêmes indignations, les mêmes condamnations, les mêmes questions.
02:31 Ce matin, dans Le Parisien, que lui répondez-vous ?
02:34 Bruno Rotaillot affirme que l'État ne parvient plus à protéger les Français.
02:37 Un État, dit-il, incapable d'empêcher que nos rues se transforment en coupe-gorge.
02:41 En quoi c'est faux de votre point de vue ?
02:43 Je ne dis pas que c'est faux, je dis que c'est une mauvaise polémique,
02:45 parce que la question est la même pour tous.
02:47 Évidemment, l'État veut et doit protéger.
02:49 Et je veux aussi quand même qu'on soit sérieux sur ce sujet.
02:52 Nos policiers, nos services de renseignement, nos services d'intervention,
02:56 ils déjouent des attentats tous les mois, par leur mobilisation.
02:59 Nous avons renforcé les moyens de nos services de renseignement.
03:01 Nous avons renforcé, sur ce sujet précisément, c'est une loi qui a deux ans,
03:05 le suivi obligatoire pour les cas qui sont fragiles sur le plan psychiatrique.
03:09 C'est une loi qui n'a pas été votée par ceux qui aujourd'hui donnent des leçons,
03:12 notamment au Rassemblement national.
03:13 Donc, qu'il faille protéger, bien sûr.
03:15 Qu'il faille protéger plus, bien sûr.
03:17 Il y a des débats legislatifs en ce moment sur le volet migratoire.
03:20 Et puis, il y a d'autres sujets que la question migratoire,
03:22 puisque là, on a un citoyen qui est français.
03:24 - Franco-iranien ? - Oui, bien sûr, franco-iranien.
03:26 - Vous avez raison.
03:27 - Et donc, ça veut dire que ce n'est pas la même réponse qu'un étranger
03:29 en situation de délinquance qui est sur notre territoire.
03:31 - Que fait-on dans ce cas-là ?
03:32 - Je le dis aussi, parce que je ne veux pas qu'on laisse penser...
03:34 C'est un peu facile de faire, j'entends les propositions,
03:36 ou plutôt les constats, parce que ce ne sont pas des propositions de Bruno Retailleau,
03:39 qui dit "protégeons davantage".
03:40 - Très bien, la question c'est comment ?
03:42 - Est-ce que vous pensez que terroriste un jour, c'est terroriste toujours ?
03:45 Il a été condamné quand même, il a fait de la prison.
03:48 - Mais, Sani Mabrouk, on a un État de droit.
03:50 Il a été condamné, il a purgé sa peine,
03:54 le ressortissant franco-iranien dont on parle.
03:56 Il a purgé sa peine.
03:56 Ensuite, il y a eu une injonction pour un suivi,
04:00 y compris psychiatrique, pendant quatre ans.
04:01 À l'issue de ce suivi, il y a eu un diagnostic médical,
04:04 à moins de le juger, qui a constaté que, sur le plan psychiatrique,
04:08 il n'y avait plus de nécessité d'un suivi contraignant.
04:10 Est-ce qu'il faut renforcer ces mesures ?
04:11 Est-ce qu'il faut, comme l'a évoqué le gouvernement Dédy Manchoir,
04:14 que dans certains cas, quand il y a une alerte,
04:16 puisqu'il y a une alerte, par exemple, de la maman de ce jeune homme,
04:19 il puisse y avoir, par le préfet, des injonctions complémentaires ?
04:22 Oui, on peut avoir ces débats et on doit les avoir pour protéger plus.
04:25 - La question est, j'allais dire, plus simple et plus complexe à la fois.
04:28 C'est-à-dire aujourd'hui, quand il sort de prison,
04:30 qu'il a encore ce profil radicalisé,
04:32 est-ce qu'il faut le maintenir quand même en prison pour protéger la société ?
04:36 - Il faut le maintenir.
04:37 Qui décide et comment ?
04:39 - Un juge. - Oui, très bien.
04:41 Pour ça, il faut qu'il y ait un certain nombre d'éléments.
04:43 Et quand la peine a été décidée, elle n'est pas toujours une peine à perpétuité.
04:47 Elle peut être la question de renforcement de notre arsenal pénal.
04:50 Ça peut être la question d'une alerte qui est donnée par un préfet ou par un juge.
04:54 Ça, on peut y travailler.
04:55 Mais on voit bien ceux qui ont la baguette magique et qui disent
04:58 il suffisait de le garder pour toujours en prison.
05:00 - Mais vous aussi, vous avez, pardonnez-moi,
05:01 vous avez une même réponse pavlovienne, vous me dites l'État de droit.
05:03 Mais monsieur le ministre, est-ce que l'État de droit n'est pas un bouclier percé
05:06 aujourd'hui pour la sécurité des Français ?
05:08 - Moi, je fais partie de ceux qui pensent que nous avons besoin de l'État de droit.
05:11 C'est quoi ? C'est des règles et des gens qui les décident de manière indépendante.
05:14 Si on basculait dans autre chose que l'État de droit,
05:16 nous ne serions plus une démocratie qui protège ses citoyens.
05:18 Je pense que personne n'en vit de ça.
05:20 Mais qu'on renforce notre arsenal pénal, oui.
05:21 - Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'adapter ou trouver des mesures d'exception
05:25 pour ces profils très dangereux, ce serait aujourd'hui porter atteinte à l'État de droit ?
05:29 Je pense que beaucoup de Français ne comprennent pas.
05:30 - C'est le débat qu'il y a, par exemple, sur les fichiers S en général.
05:32 Est-ce que le fait d'être fichier S, qui est un outil de service de renseignement,
05:36 un outil administratif, doit donner lieu en soi, par exemple,
05:38 certains le disent, à une forme de condamnation ou même d'enfermement éternel ?
05:43 Moi, je pense que, et ce n'est pas moi personnellement,
05:46 ce n'est pas pour ne pas protéger les gens, tout le monde veut protéger.
05:48 Il faut qu'il y ait une décision de justice.
05:50 Il faut qu'il y ait une vérification.
05:52 Le fichier S, c'est un outil administratif qui est le plus large possible.
05:55 - Donc, beaucoup se demandent à quoi il sert aujourd'hui ?
05:57 - Mais il sert, pardon, disons-le, à nos milliers de policiers
06:01 qui font du renseignement pour déjouer un certain nombre de projets.
06:04 Il y en a tous les mois qui sont déjoués,
06:05 pour suivre un certain nombre de personnes et les empêcher de passer à l'acte.
06:08 Un drame ne doit pas non plus remettre en cause tous les efforts
06:11 qui sont déjà faits et les cacher parce que nos policiers
06:14 empêchent et arrêtent des gens tous les jours.
06:16 Et est-ce qu'on doit aller plus loin sur certaines mesures ?
06:18 Certainement, mais faire croire qu'un fichier administratif
06:21 peut être une décision de justice, je le dis parce que ce n'est pas un sujet technique,
06:24 c'est un sujet très lourd, ça serait grave.
06:26 Ça veut dire que vous avez quelqu'un qui fait du renseignement sur vous,
06:29 pour une raison ou pour une autre, qui parfois peut se tromper,
06:31 ça arrive aussi dans l'autre sens,
06:32 et on prend les mesures d'enfermement, de prison, pour toute la vie.
06:35 On parle de profils extrêmement dangereux, radicalisés,
06:37 on ne parle pas de monsieur tout le monde.
06:39 Mais je suis d'accord, c'est pour ça qu'il faisait l'objet d'un suivi,
06:42 c'est par les services de renseignement, d'un suivi psychiatrique aussi.
06:45 Est-ce que ce cas-là nous appelle à faire plus et mieux ?
06:48 Évidemment, parce qu'à chaque fois qu'il y a un drame, c'est un échec.
06:51 On ne peut pas dire autre chose.
06:52 C'est un échec pour vous ?
06:53 Mais c'est un échec collectif.
06:54 Politique ?
06:55 Non, collectif.
06:56 Collectif, écoutez, tous les Français ne sont pas responsables
06:59 de ce qui se passe dans les rues de Paris ou de Nava.
07:01 Mais être responsable, ce n'est pas dire on a trouvé la solution tout de suite à tout.
07:04 Mais vous admettez une responsabilité ?
07:06 Mais on doit faire mieux tous, bien sûr.
07:08 Mais est-ce que vous admettez une responsabilité ?
07:09 Mais quand on est responsable politique, je suis un responsable politique,
07:11 j'admets que c'est notre boulot de faire plus et mieux.
07:14 Mais ensuite, il faut se mettre autour de la table.
07:16 On a une loi, par exemple, sur le sujet migratoire aujourd'hui.
07:19 Le ministre de l'Intérieur l'a encore dit ce matin.
07:21 Si on peut expulser des gens qui sont dangereux,
07:23 des étrangers en l'occurrence, plus facilement et plus vite,
07:26 ça libère aussi du temps de nos services de renseignement.
07:28 Bruno Rottayo dénonce votre en même temps sur cela.
07:30 Effectivement, Gérald Darmanin dit que ça permet d'expulser ces délinquants.
07:33 Mais c'est majeur.
07:33 Ça veut dire que nos services policiers peuvent faire plus de renseignement et de suivi.
07:36 En même temps, Clément Beaune, et c'est vraiment en même temps la bonne expression si je puis dire,
07:40 eh bien, ça ne permet pas de maîtriser les flux migratoires
07:43 avec la régularisation des sans-papiers.
07:46 Mais alors, ne mélangeons pas tout.
07:48 C'est ce que vous reproche l'opposition.
07:50 Oui, très bien.
07:51 C'est faux ?
07:52 J'assume de ne pas mettre les gens, parce qu'ils seraient étrangers ou parce qu'ils seraient immigrés,
07:56 dans une seule case et une seule catégorie.
07:58 Parce que s'il n'y a pas d'eux en même temps, ça veut dire que vous dites
08:01 que tout étranger, tout immigré est un terroriste ou un islamiste potentiel.
08:04 Qui le dit ?
08:04 Ce n'est pas le cas.
08:05 Ou qui le laisse penser ?
08:06 Non mais, qu'est-ce que ça veut dire ?
08:06 C'est important, qui le laisse penser ?
08:08 Ça pourrait laisser penser que si on parle de régularisation
08:10 et qu'on considère que c'est une atteinte à la fermeté,
08:13 on mélange les tituations.
08:14 Qu'est-ce que c'est que cette histoire de régularisation ?
08:16 C'est quelque chose de très ciblé pour des métiers en tension,
08:18 des gens qui sont déjà sur le territoire national depuis plusieurs années,
08:22 qui travaillent, qui sont intégrés et à qui on veut faciliter le passage à une situation régulière.
08:27 Ça, c'est déjà fait dans le passé.
08:29 Et tout a montré d'ailleurs, il faut lire les choses en se basant sur des faits,
08:33 que ces régularisations ciblées ne sont pas des appels d'air migratoires.
08:36 Ce sont des gens...
08:37 Ça reste à prouver Clément Beaune.
08:38 Oui, prouvons le contraire.
08:39 Ça, on pourra le prouver à l'épreuve des faits, si la loi passe.
08:43 Mais vous ne faites aucun lien entre la situation dont on vient de parler et l'immigration ?
08:47 Alors d'abord, la personne qui est l'auteur des faits, semble-t-il,
08:51 ce n'est pas quelqu'un qui est un étranger,
08:53 ce n'est pas quelqu'un qui est un immigré, il est né en France.
08:56 Ça veut dire que...
08:57 Il a une double nationalité.
08:57 Ma question est simple.
08:58 Est-ce qu'il y a un lien ?
09:01 Est-ce que vous, vous le rejetez, vous dites que c'est grave ?
09:03 Ou est-ce que vous faites un lien entre,
09:04 soit parfois des actes de terrorisme et des actes, je mets à part, de délinquance et d'immigration ?
09:09 Ou est-ce que vous dites "attention, il n'y a aucun lien" ?
09:11 Il y a bien sûr des actes de terrorisme qui ont été commis par des étrangers, bien sûr.
09:15 Mais regardons aussi la situation en face,
09:17 pas pour se payer de mots, pas pour être naïf,
09:19 pour apporter les bonnes réponses.
09:20 L'immense majorité des actes de terrorisme qui ont été commis sur notre sol ces dernières années,
09:24 l'ont été par les citoyens français.
09:26 Pour retracer leur vie sur plusieurs générations, mais par les citoyens français.
09:29 Ça veut dire que...
09:30 Quand vous dites sur plusieurs générations,
09:31 c'est dire qu'ils ont parfois des origines qui sont étrangères,
09:34 c'est ce que voulait dire Clément Vebon.
09:35 D'accord, mais ça veut dire qu'il faut surtout prendre les mesures qui sont les bonnes.
09:38 Ça veut dire que tout ne se règle pas par les expulsions.
09:40 En revanche, pour être très clair,
09:42 les gens qui sont des étrangers délinquants qui sont sur notre sol,
09:45 aucun scrupule à les expulser.
09:46 Et puis, parce que je ne veux pas qu'on mélange justement
09:48 des régularisations dont on parle, ce serait faux de mélanger ces situations.
09:51 Ce sont les gens qui bossent,
09:52 ce sont les gens qui sont à la cuisine des restaurants où vous allez,
09:54 ce sont les gens qui sont les travailleurs agricoles.
09:56 Alors quoi, il y a un double langage de la part de l'opposition,
09:58 qui a rien eu de la droite sur ce sujet ?
09:59 Regardez M. Bardella, qui a été pris en flagrant délit de mensonge hier,
10:03 qui était lui-même inconscient des amendements qu'il dépose.
10:06 Ses propres députés, et on peut avoir un débat,
10:08 demandent que pour les agriculteurs,
10:10 je viens d'une famille où dans les bouches de roue,
10:12 on a beaucoup d'agriculteurs qui font appel à des saisonniers,
10:14 que les agriculteurs puissent embaucher plus facilement,
10:16 y compris des étrangers, sans trop vérifier s'ils sont réguliers ou pas réguliers.
10:19 Quelle hypocrisie, quand on donne des leçons de fermeté pour lutter contre l'immigration.
10:23 Tout le monde assure au gouvernement, Clément Bohn,
10:25 que lors des JO, la sécurité sera au rendez-vous.
10:28 Est-ce que vous pouvez nous dire ce matin, au micro d'Europe 1 et de CNews,
10:31 qu'est-ce qui garantit que ça se passera bien ?
10:33 Une mobilisation qui est totale et qui doit encore se renforcer.
10:36 Mais la sécurité, avant le drame terroriste de samedi,
10:40 était déjà une préoccupation majeure pour la cérémonie d'ouverture
10:42 et pour tous les JO et le Paralympique.
10:45 Bien sûr, mais heureusement qu'on n'a pas découvert
10:47 qu'il y avait un enjeu sécuritaire ce samedi.
10:48 Alors qu'est-ce que vous allez changer depuis samedi ?
10:51 La cérémonie n'a pas encore eu lieu, ça ne vous a pas échappé.
10:52 Non, mais qu'est-ce que vous allez changer depuis l'attentat ?
10:54 La menace islamiste, la menace terroriste, a été déjà très forte.
10:57 Donc il y a une mesure, un dispositif qui est extrêmement strict,
11:00 qui mobilisera plus de 35 000 policiers et agents de sécurité pour la cérémonie d'ouverture.
11:05 Et puis il faut aussi qu'on soit un peu cohérent,
11:07 puisque la semaine dernière, on entendait beaucoup de gens
11:09 qui nous disaient "c'est terrible ces périmètres de sécurité"
11:11 où il va y avoir des fouilles pour rentrer dans les lieux.
11:13 En même temps, on pensait que les Jeux Olympiques étaient une fête populaire.
11:15 On se rend compte que le QR code, que le ticket de métro va doubler.
11:18 Pardon, pardon, attendez, ne mélangeons pas tout.
11:20 On est tous en train de se dire qu'il ne faut pas de naïveté,
11:22 qu'il faut vivre comme on l'entend, mais qu'il ne faut pas de naïveté de la sécurité.
11:24 Ce serait un peu inconséquent de considérer
11:27 qu'il n'y a aucune mesure qui soit prise pour les JO.
11:28 Ce n'est pas trop facile de faire peser quand même tous ces sujets sécuritaires
11:32 sur les Français et les touristes qui vont venir participer à une fête.
11:35 Ce n'est pas du tout, oui d'accord, mais dans les touristes qui vont participer à une fête,
11:37 moi je préfère qu'on vérifie qu'il n'y ait pas justement des gens
11:39 qui ont des idées ou des projets terroristes.
11:41 C'est ça, donc la seule solution c'est le QR code.
11:43 Attendez, ne mélangeons pas tout.
11:44 Il y a des périmètres de sécurité.
11:45 Dans les périmètres de sécurité les plus proches des sites de compétition,
11:48 on l'assume, faire le contraire serait irresponsable.
11:50 Il y a des fouilles, il y a des vérifications,
11:52 qu'on ne rentre pas évidemment avec une arme ou avec de quoi faire un projet terroriste.
11:56 Ça peut évidemment arriver, on le voit malheureusement.
11:59 La zone de l'attentat de samedi à Paris
12:01 est une zone qui sera un périmètre de sécurité autour de la tour Eiffel
12:05 pour les Jeux olympiques et paralympiques, évidemment.
12:07 Et puis les QR codes, il ne faut pas tout mélanger,
12:09 c'est pour la circulation en voiture,
12:10 pour que certains endroits soient moins saturés
12:13 et que là aussi on n'ait pas des gens qui convergent
12:15 de manière non organisée au moment des compétitions.
12:17 Il y a un sujet de sécurité aussi quand même avec les QR codes, oui voilà.
12:20 D'où la question.
12:20 Est-ce qu'on veut qu'il y ait zéro restriction ?
12:22 Est-ce qu'on veut qu'il y ait zéro vérification ?
12:23 Je ne crois pas.
12:24 Donc le préfet de police, nous tous, nous mettons en place,
12:27 c'est notre responsabilité puisqu'on en parlait,
12:29 des mesures de sécurité très strictes pour les JO.
12:32 Vous n'avez pas la main qui tremble quand il s'agit de QR codes
12:35 et de mesures de restriction de liberté pour les citoyens ?
12:38 Et quand on parle...
12:40 Monsieur le ministre, je suis obligée de vous poser la question.
12:42 N'y a-t-il pas des choses à géométrie variable, un deux poids deux mesures ?
12:46 Pardon, mais justement, il se trouve que dans un certain nombre de cas,
12:49 on l'a vu dans le passé, les terroristes, ils choisissent les gens
12:51 où il y a des citoyens ordinaires.
12:52 Quand vous prenez les transports, c'est malheureusement arrivé
12:54 qu'il y ait des attentats dans nos transports.
12:56 Quand il y avait, on l'a vécu dramatiquement et douloureusement,
12:58 c'est la circonscription où je suis élu,
13:00 l'attentat du Bataclan, c'est des gens ordinaires et festifs qui allaient à un concert,
13:03 les terroristes se sont glissés et ont tué dans sept endroits.
13:06 Donc quand il y a des mesures de vérification, de suivi
13:09 qui sont proportionnées, par exemple dans les transports publics,
13:11 on renforce les effectifs de sécurité.
13:13 Est-ce qu'on va mettre tous les jours, tous les matins,
13:15 tous les portiques à l'entrée de chaque gare de France ?
13:17 Je ne le souhaite pas, je ne souhaite pas.
13:19 Précisément pour ce que vous dites, c'est-à-dire ne pas embêter
13:21 les Français qui vivent leur vie.
13:22 Mais on doit assurer leur sécurité et c'est cet équilibre,
13:25 c'est ça dont je parlais en parlant d'état de droit,
13:28 qu'on doit assurer dans notre société.
13:29 Continuer à vivre et protéger davantage.
13:32 Sur la circulation, vous avez dénoncé Clément Beaune une trahison.
13:35 Des mots forts après qu'Anne Hidalgo ait affirmé
13:38 que sur les transports pour les Jeux Olympiques, vous n'étiez pas prêt.
13:42 Mais vous-même, j'ai noté une autre phrase, quelques semaines avant,
13:45 vous aviez dit que la circulation allait être entre guillemets "hardcore".
13:48 Alors quel Clément Beaune dit vrai ?
13:50 Moi, j'ai toujours dit la même chose, Sonia Mamrouk.
13:52 Considérer que les Jeux Olympiques et Paralympiques,
13:54 ça nécessite des mesures de sécurité, ça nécessite des mesures d'organisation.
13:57 On accueille le monde une fois tous les 100 ans, évidemment.
14:00 Et d'ailleurs, ces mesures de restriction de la circulation,
14:02 elles sont vues et travaillées avec la ville de Paris.
14:05 Alors, que dit Anne Hidalgo ? Elle ne travaille pas avec vous ?
14:08 Anne Hidalgo, elle a dit tout à fait autre chose.
14:09 Alors, non, je vous confirme qu'elle ne vient à aucune des réunions
14:11 que je fais sur la sécurité et les transports, sur ce sujet-là.
14:14 Et ce qu'elle a dit, Anne Hidalgo, c'est très différent.
14:16 Elle est allée sur un plateau de télévision,
14:18 regardée par la France et le monde, pour dire, non pas,
14:21 il y a encore du boulot, pourquoi pas ?
14:23 Elle a dit, on ne va pas être prêts.
14:25 Ça veut dire, on ne va pas être prêts en juillet prochain.
14:27 C'est pour ça que vous parlez de trahison, c'est-à-dire, ça va à l'encontre de l'image de notre pays,
14:29 parce que le mot est très fort quand on le prend dans son sens.
14:32 Oui, je parlais de trahison politique, parce que quand on est un responsable politique,
14:35 et on va essayer de travailler ensemble, moi, je le fais tout pour cela au quotidien,
14:39 eh bien, on ne peut pas aller sur un plateau de télévision,
14:40 on peut régler ses comptes entre nous, pour dire, la France, Paris, notre capitale,
14:44 notre pays ne va pas être prêts à tenir ses engagements et à accueillir le monde.
14:47 Ça, c'est grave.
14:48 Vous imaginez si le maire de Londres, trois mois ou six mois avant les Jeux,
14:51 était allé dire, on se serait bien moqué, sur un plateau, nous ne serons pas prêts.
14:55 Nous serons prêts, et notre responsabilité, c'est de bosser ensemble
14:58 pour l'être, sur la sécurité, sur les transports, sur toute l'organisation.
15:01 J'ai deux questions rapides, mais de, comment dire, d'actualité,
15:04 et qui nous concernent tous, route et autoroute.
15:07 Vous avez promis que la hausse annuelle des prix des péages resterait inférieure à 3% en 2024.
15:11 Les sociétés d'autoroutes menacent, quant à elles, d'augmenter leurs prix,
15:14 depuis l'annonce d'une taxe sur les concessions autoroutières et aéroportuaires.
15:19 Plusieurs sociétés, on va la citer comme Vinci,
15:21 assurent qu'il y aurait une hausse de 5% des prix du péage, afin de compenser cette taxe.
15:25 Qui dit vrai ?
15:26 Ça s'appelle un mensonge, et vous pourrez le vérifier, puisque c'est fixé par l'État, à la fin, les péages.
15:31 Donc quand je dis, en 2024, la hausse moyenne des péages sera limitée à moins de 3%,
15:38 c'est la réalité juridique et pratique.
15:40 Donc c'est pas un bras de fer qui va s'engager avec ces sociétés ?
15:43 Il y a plusieurs choses. Les sociétés d'autoroutes, il y a certains qui ont dit qu'il faut les nationaliser, etc.
15:46 Moi, je ne pense pas. En revanche, elle est dans une situation financière qui est bonne, soyons francs.
15:50 Est-ce qu'elles doivent financer plus de trains, plus de transports publics, en contribuant avec d'autres ?
15:55 Oui, et j'assume cette taxation. Ça ne leur fait pas plaisir.
15:58 Personne n'aime payer un impôt supplémentaire.
16:00 Moi, je préfère qu'ils aillent financer les transports des Français.
16:02 Et nous, on ne veut pas que ça se répercute sur nous.
16:04 Oui, mais là aussi, il faut qu'on soit cohérent.
16:05 Les Français nous disent que les trains, c'est la galère, il n'y a pas assez de transports publics,
16:08 il faut plus de bornes électriques.
16:09 On investit et on finance cet investissement, non pas en taxant vous,
16:12 mais en taxant quelques sociétés qui peuvent payer.
16:15 Et ensuite, ça ne justifie pas, on peut ne pas être content, c'est la vie,
16:19 ça ne justifie pas, c'est pas le rôle d'une entreprise,
16:21 d'aller raconter des mensonges et des balivernes qui font peur aux automobilistes et qui ne sont pas justes.
16:26 Donc moi, je suis très clair, la décision d'ailleurs est actée cette semaine.
16:30 La hausse des péages est limitée à moins de 3%.
16:32 C'est la vérité pour le 1er février 2024.
16:35 Et je crois que quand on a des clients automobilistes par million,
16:38 on doit les respecter, ne pas leur faire peur à tort.
16:40 À bon entendeur. Merci Clément Bonte.
16:42 C'était votre grande interview ce matin sur Europe 1 et C News.
16:45 [Musique]
16:49 [SILENCE]

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