Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval
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00:00 Quasiment 19 heures sur CNews, merci d'être avec nous pour "Face à Philippe de Villiers",
00:04 votre rendez-vous du vendredi soir.
00:07 Philippe de Villiers, bonsoir.
00:08 - Bonsoir Eliott.
00:09 - Bonsoir Geoffroy Lejeune.
00:10 - Bonsoir Eliott, bonsoir Philippe.
00:11 - Et bonsoir Geoffroy.
00:12 Vous avez vu, il a mis sa cravate blanche, sa cravate noire, sa chemise blanche.
00:17 - Je mets une cravate tous les vendredis pour Philippe et tous les vendredis il remarque
00:19 que j'ai une cravate noire.
00:20 - Mais il va le dire tous les vendredis soirs.
00:21 - Oui c'est bien, je suis très honoré.
00:23 - Bah écoutez, l'honneur est partagé.
00:25 - Ça donne le niveau de l'émission quoi.
00:28 - Vous savez qu'énormément de téléspectateurs peuvent m'interpeller dans la rue pour nous
00:34 dire à quel point ils apprécient ce rendez-vous du vendredi soir.
00:38 - Il faut que nous soyons à la hauteur des attentes de nos téléspectateurs.
00:44 - Et on a malheureusement...
00:47 - En évitant les banalités.
00:48 - Mais j'ai l'impression que vous arrivez à prendre cette hauteur et c'est peut-être
00:53 pour ça...
00:54 - On va voir, on va voir.
00:55 - On va voir.
00:56 - Les français sont aussi attachés à cette émission.
00:59 Commençons malheureusement par une actualité dramatique, Philippe Devilliers.
01:03 Il n'avait que 28 ans, français, pris en otage, emporté par la barbarie des terroristes
01:08 du Hamas.
01:09 Le corps d'Elia Toledano a été retrouvé dans la bande de Gaza après une opération
01:14 militaire de Tsahal.
01:15 Ses obsèques se sont tenus aujourd'hui.
01:17 Elia a été l'un des quatre derniers otages ou portés disparus français depuis le 7
01:21 octobre.
01:22 Emmanuel Macron a pris la parole cet après-midi à Bruxelles pour rendre hommage à Elia
01:28 Toledano.
01:29 - Avant toute chose, permettez-moi ici de dire nos condoléances à Elia Toledano et
01:35 sa famille, la famille d'Elia Toledano, puisque l'un de nos otages qui, vous le savez, restait
01:45 une source d'espoir a été retrouvé ce matin, malheureusement décédé.
01:49 Je veux adresser de notre part à tous nos condoléances les plus sincères à la famille
01:55 d'Elia Toledano.
01:56 Nous avons encore trois otages qui sont détenus par le Hamas et je veux ici redire la détermination
02:02 de la France à tout faire pour les libérer.
02:05 - Fut un temps, Philippe de Villiers, la mort d'un otage français entraînait une sidération,
02:12 un hommage et un émoi national et des éditions spéciales sur tous les médias.
02:17 Pourquoi cette, disons-le, cette forme d'indifférence aujourd'hui ?
02:21 - Alors d'abord il y a une accoutumance qui est très surprenante et très choquante.
02:26 On s'habitue à l'enlèvement et ensuite à l'échange au risque de la mort d'un otage
02:40 qui devient une sorte de marchandise, comme si on échangeait une amphore phénicienne
02:45 contre des cesters.
02:46 Donc c'est un incroyable retour en arrière et cet échange il est post-humain.
02:53 C'est la barbarie qui revient.
02:56 Et je vais dire quelque chose qui me tient à cœur.
03:01 J'avais tout à l'heure un ami qui travaille dans les services et qui me disait, c'est
03:08 la première fois dans l'histoire de France qu'on a 41 morts et qu'on ne bouge pas.
03:15 On distribue les condoléances.
03:18 Moi je me souviens du Drakkar, l'attentat du Drakkar en 1983.
03:25 23 octobre 1983, il y a un camion piégé, il y a 58 paras français qui sont morts,
03:31 tués par le djihad islamique.
03:33 Et au tout début du mois de novembre, on apprend que la France a frappé.
03:38 Elle a frappé fort.
03:39 Un pays qui ne frappe plus, un pays qui n'a plus l'esprit d'air présaille, c'est
03:48 qu'il n'existe plus.
03:49 Et pensez aux familles des otages, qu'ils soient français ou non d'ailleurs, ces
03:58 dizaines de familles d'otages qui vivent encore dans l'angoisse.
04:01 Oui, et à propos des familles d'otages, j'entendais tout à l'heure sur CNews quelqu'un
04:09 qui disait, un spécialiste, qui disait en fait la France officielle fait ce qu'il
04:16 faut mais les familles des otages font attention parce que personne ne veut bouger pour les
04:27 soutenir dans la rue parce que c'est trop risqué.
04:31 Vous vous rendez compte d'où on en est ? On ne peut plus défendre les familles des
04:37 otages parce qu'il y a trop de risques, des risques de sécurité.
04:41 C'est-à-dire qu'en fait on n'est plus chez nous.
04:44 Et vous appelez ce soir à pouvoir se mobiliser.
04:48 Exactement.
04:49 Et participer à ces manifestations.
04:52 Défendre les familles des otages, leur accorder nos pensées à chaque minute de notre propre
05:02 vie.
05:03 Pourquoi ? Parce que ce qui se passe avec le Hamas, vous avez vu ce qu'on vient d'apprendre,
05:06 le Hamas est en Europe, il va peut-être frapper.
05:10 Avec des menaces terroristes.
05:11 Et donc ce qui se passe là-bas c'est peut-être une préfiguration, c'est peut-être une prémonition.
05:16 Donc c'est notre intérêt même de nous intéresser à ce qui se passe là-bas, à
05:25 ce qui se passe là-bas avec nos otages, avec les familles des disparus, parce que ce sont
05:32 nos compatriotes et lorsque leur cœur saigne, notre cœur saigne aussi.
05:38 Cette semaine, Philippe de Villiers, elle a été marquée par cette motion de rejet
05:43 adoptée à l'Assemblée nationale sur la loi immigration.
05:46 Un échec pour la Macronie, le gouvernement est contraint, forcé de revoir sa copie,
05:52 symbole peut-être d'un exécutif en grande difficulté.
05:56 Revoyons cette séquence, c'était lundi après-midi.
05:58 Voici le résultat du scrutin.
06:01 Votants 548, exprimés 535, majorité 268 pour 270 contre 265.
06:08 L'Assemblée nationale a adopté.
06:12 En conséquence, le projet de loi est rejeté.
06:19 Prochaine séance demain à 9h.
06:22 Questions orales sans débat.
06:25 La séance est levée.
06:28 Tous les qualificatifs ont été utilisés pour décrire cette séquence.
06:32 On a dit crise politique, on a dit une gifle pour l'exécutif.
06:36 Vous, est-ce que vous y voyez une fin de règne pour Emmanuel Macron ou une fin de régime ?
06:41 Les deux.
06:44 Fin de règne parce que Emmanuel Macron a voulu mettre dans le même projet de loi
06:52 deux intentions contradictoires.
06:56 La première, c'était d'arrêter la régularisation, d'arrêter l'immigration de masse.
07:02 C'était le discours, c'était l'intention affichée.
07:05 Et en même temps, dans la deuxième partie, en même temps, l'intention de régulariser davantage.
07:13 Pour faire plaisir aux restaurateurs, dit-on, et aux vendeurs de sushis
07:17 qui viennent servir la bourgeoisie macronienne au 5e étage de l'avenue Foch.
07:24 Très bien.
07:28 Alors je dis c'est une fin de règne parce que ça ne marche plus.
07:32 En fait, en même temps, Geoffroy s'est échappé de l'Élysée et on l'a retrouvé,
07:38 il a élu domicile à l'Assemblée.
07:42 On a eu un vrai en même temps, la gauche, la droite.
07:45 Mais vous connaissez les deux belettes et la chauve-souris ?
07:52 Allez-y.
07:55 Alors, "Je suis oiseau, voyez mes ailes, je suis souris, vive les rats."
08:00 Et vous ne pouvez pas jouer la chauve-souris toute votre vie quand vous êtes président de la République.
08:04 Il faut trancher.
08:06 Or, il ne tranche pas, tout simplement parce que pour lui, l'immigration est un ajout.
08:14 C'est un atout économique parce qu'il a une vision économique de la France.
08:22 Vous qui l'avez beaucoup fréquenté, Emmanuel Macron, en tout cas au moment de sa première élection,
08:27 vous avez déjà eu des discussions sur l'immigration avec lui ?
08:29 Ah mais, de nombreuses discussions.
08:33 Alors, à l'époque, au début de son premier quinquennat,
08:41 il semblait conscient de la nécessité de faire quelque chose et il ne l'a pas fait.
08:46 Vous vous rendez compte qu'à la fin de son deuxième quinquennat,
08:51 s'il va jusqu'au bout, il reste trois ans,
08:55 il aura fait rentrer 3,5 millions de migrants au rythme actuel.
09:01 3,5 millions de migrants.
09:04 Et là, par exemple, il dit "oui, il faut résoudre le problème de l'immigration",
09:09 mais qu'est-ce qu'il vient de faire ?
09:10 Il vient de signer le pacte immigration-asile avec l'impératrice, Kandahar-Leyen.
09:18 C'est-à-dire que ce pacte consiste à faire rentrer les titulaires du droit d'asile du monde entier
09:28 et ensuite à les redistribuer dans toute l'Europe,
09:31 au risque, pour un pays qui n'accepterait pas son quota,
09:37 de payer 20 000 euros par tête de pipe, par migrant.
09:42 Il vient de signer ça.
09:43 Donc, si vous voulez, ce fameux "en même temps", c'est Janus.
09:48 Vous connaissez Janus ?
09:49 Ça ne marche pas.
09:51 – Ça c'est pour la fin de règne et pour la fin de régime.
09:53 – La fin de régime, je vais vous dire, quand je vois l'incapacité de la classe politique,
09:58 et peut-être on me dira pourquoi,
10:01 l'incapacité de la classe politique à résoudre ce problème de l'immigration de masse,
10:07 je pense à ce qui s'est passé à la fin de la 4ème République.
10:12 Et que me racontait mon père.
10:14 La 4ème République s'est avérée incapable de faire face à la question algérienne.
10:21 Et donc, elle a fait faillite.
10:26 Et là, la 5ème République pourrait avoir, avec la question migratoire,
10:30 le pendant de la question algérienne.
10:32 C'est-à-dire qu'elle s'avère incapable de résoudre une question
10:35 essentielle pour la sécurité des Français.
10:37 – On y vient, il y a une phrase qui m'a marqué, que vous venez de dire,
10:40 c'est, en parlant d'Emmanuel Macron, "s'il va jusqu'au bout".
10:43 Je vous propose une séquence, et c'est une archive, celle du général de Gaulle.
10:47 On est en 1969, deux jours avant la tenue du référendum
10:50 sur la régionalisation et la réforme du Sénat,
10:53 le président de la République appelle les Français à voter pour.
10:56 Et il engage sa responsabilité dans ce vote, écoutez.
11:01 – Votre réponse va engager le destin de la France parce que,
11:11 si je suis désavoué par une majorité d'entre vous,
11:21 solennellement, sur ce sujet capital,
11:27 et quel que puisse être le nombre, l'ardeur de l'armée,
11:35 de ceux qui me soutiennent et qui, de toute façon,
11:40 détiennent l'avenir de la patrie,
11:44 ma tâche actuelle de chef de l'État deviendra évidemment impossible
11:51 et je cesserai aussitôt d'exercer mes fonctions.
11:57 – Est-ce que vous voyez des similitudes entre 1969 et 2023 ?
12:02 – Alors, il y en a une, c'est que nous, on a eu les émeutes
12:07 qui sont un choc traumatique que la classe politique a dissimulé aux Français.
12:13 Et lui, il a eu mai 68, juste avant.
12:16 Mais ce qui me frappe, c'est la différence suivante.
12:23 Lui, Charles de Gaulle, il ne se contente pas d'être élu tous les sept ans,
12:30 mais à l'intervalle régulier, il fait des dix solutions,
12:35 il en a fait deux, et il fait un référendum.
12:39 Qu'est-ce que ça veut dire ?
12:41 Ça veut dire qu'il assure, c'est l'article 5, l'indépendance nationale,
12:48 le respect des traités et l'intégrité du territoire.
12:52 Article 5.
12:54 Et quand il considère qu'il peut y avoir un décalage entre lui et les Français,
13:00 il les consulte.
13:02 Donc il fait ce qu'on appelle une dix solutions plébiscite
13:06 et un référendum plébiscite.
13:09 Donc il est dans la logique de l'élection du président au suffrage universel.
13:14 Il ne se contente pas d'avoir une représentation,
13:18 qui est toujours un peu veule, qui est dans l'art du compromis.
13:22 Il va à la France et il leur dit, écoutez, voilà.
13:25 Mais plus que ça, c'est que c'est un acte de courage, de quitte ou double.
13:31 C'est-à-dire qu'il leur dit, si vous votez non, je m'en vais.
13:36 Et il le fait et on le retrouve ensuite avec Yvonne en Irlande.
13:40 Mais je reviens à cette phrase que vous avez prononcée il y a quelques instants.
13:43 S'il va jusqu'au bout en parlant d'Emmanuel Macron,
13:46 c'est-à-dire que vous avez un doute sur l'avenir politique
13:50 et l'avenir du président de la République à l'Élysée aujourd'hui ?
13:54 Alors, oui, parce que là, tout est bloqué.
13:58 Et dans une république, quand tout est bloqué,
14:02 si on ne trouve pas la voie de sortie et qu'on s'en ferre,
14:06 ça peut se terminer très mal.
14:08 Parce que les Français grondent.
14:11 Donc là, en fait, je vais lui faire une suggestion.
14:15 Parce que je sais maintenant qu'il nous regarde.
14:18 Avec Brigitte.
14:20 Je ne savais pas.
14:21 Oui, ils prennent l'apéro.
14:23 La seule chose que je sais, c'est qu'il n'y a pas de Ricard.
14:26 Avec modération, bien sûr.
14:28 Il n'y a que du whisky, c'est normal.
14:30 Avec modération, toujours.
14:32 Moi, je lui fais deux suggestions.
14:34 Dissoudre ou un référendum.
14:38 Pourquoi ?
14:41 Parce que s'il fait un référendum sur la question de l'immigration,
14:44 ça règle ces histoires de combines, là,
14:47 auxquelles personne ne comprend rien.
14:50 Un référendum pour dire, voilà,
14:53 désormais, la constitution de la France
14:57 sera supérieure aux juges,
15:00 au traité de Schengen,
15:02 à la Cour de justice européenne
15:04 et à toutes les décisions européennes.
15:08 Donc, la France va reconquérir sa souveraineté.
15:12 Donc, soit ça, soit une dissolution.
15:14 Alors, vous me direz,
15:16 "Ah oui, mais s'il fait une dissolution,
15:18 il va se récupérer une chambre des députés
15:21 qui ne sera pas conforme à ses voeux."
15:22 Eh bien, c'est la règle du jeu.
15:24 Il y en a eu d'autres avant lui.
15:25 Mitterrand, il a dissout.
15:27 J'étais, moi, dans un gouvernement avec Jacques Chirac,
15:30 qui n'était pas le gouvernement souhaité
15:33 par François Mitterrand.
15:34 Et vous savez ce que Mitterrand a dit ?
15:36 Je me souviens, on en a parlé ensemble.
15:38 Il m'a dit,
15:39 "Pourquoi vous avez choisi Jacques Chirac ?
15:42 Parce que c'était le plus dur, quand même, pour vous.
15:45 Vous auriez pu choisir un Premier ministre d'accommodement,
15:49 un baladur."
15:50 Et il a dit, "Non, j'ai choisi le plus dur
15:52 parce que c'était le plus dur pour l'air inter."
15:54 Parce qu'il savait qu'il l'aurait en face de lui,
15:57 en 88, pour un deuxième septennat.
16:01 Donc, c'était un vrai politique, mais qui affrontait.
16:05 Et donc, la cohabitation, si vous voulez, jusqu'ici,
16:08 les trois cohabitations qui ont existé,
16:11 la première de Mitterrand avec Chirac,
16:14 la deuxième de Mitterrand avec Baladur,
16:16 la troisième de Chirac avec Jospin,
16:20 elles ont plutôt tourné à l'avantage du Président.
16:24 Parce que c'est lui qui assure le fonctionnement régulier
16:27 des pouvoirs publics,
16:28 c'est lui qui incarne la France à l'étranger, etc.
16:31 Mais on pourrait très bien imaginer
16:34 une chambre patriotique et souverainiste
16:39 qui imposerait au Président
16:42 diminuer, affaiblir, une politique plus conforme
16:47 à ce que souhaitent les Français.
16:49 Et donc, en fait, ces deux suggestions que je fais, là,
16:52 elles sont toutes bêtes,
16:53 mais ça lui permettrait de retrouver du souffle,
16:56 de retrouver de l'oxygène,
16:58 et peut-être de retrouver une certaine aura.
17:00 Parce que là, il est en train de perdre sa légitimité.
17:03 À force de ne pas voir que le pays roule à l'abîme,
17:08 vous vous rendez compte,
17:12 au moment où il faudrait mettre le problème
17:14 de l'immigration dans la Constitution,
17:16 c'est-à-dire la loi française supérieure
17:20 à toute autre forme de traité,
17:22 il met dans la Constitution l'avortement.
17:25 On en parlera dans cette émission.
17:27 On en parlera dans un instant.
17:28 Il fait de la détresse une valeur suprême.
17:30 Mais Philippe de Villiers, vous avez dit,
17:32 en quelque sorte, qu'Emmanuel Macron
17:35 entendait les Français,
17:37 mais ne les comprenait pas sur la question migratoire.
17:39 Et les sondages vous donnent en quelque sorte raison.
17:41 Deux Français sur trois veulent mettre fin
17:43 à l'immigration extra-européenne.
17:44 Huit Français sur dix considèrent
17:47 qu'il ne faut plus accueillir autant de migrants.
17:50 Écoutez ces Calaisiens.
17:52 Parce que nos équipes, cette semaine, sont allées à Calais.
17:54 Prendre le pouls d'une population
17:56 qui a vu, justement, le paysage changer
17:59 et leur quotidien changer.
18:01 Et ce qui est intéressant, c'est de voir
18:03 le monde qui sépare la volonté du président de la République
18:06 et du gouvernement
18:08 et la volonté des Français.
18:10 Écoutez.
18:11 Il y en a beaucoup trop, beaucoup trop.
18:15 On les fait partir la semaine dernière,
18:17 où il y a quinze jours, ils ont été délogés.
18:19 Deux heures après, vous les voyez revenir.
18:21 Regardez à Calais, le nombre de sociétés
18:23 qui ferment d'entreprises.
18:25 Il y en a encore Mécano qui ferme.
18:27 Il y a encore une société qui va fermer également.
18:29 Au bout d'un moment, il faut dire stop.
18:31 Les maisons, elles évoluent.
18:33 Tout le monde dit, bon, si on veut la vendre.
18:35 Tout le monde le sait qui sont là.
18:37 Il y a beaucoup de gens qui veulent vendre,
18:38 mais ils ne peuvent pas vendre.
18:39 Ce n'est plus notre ville.
18:40 Calais, ce n'est plus notre ville.
18:41 Et plus les années passent,
18:43 nous, on va devoir partir.
18:45 On va devoir leur laisser notre territoire
18:47 parce qu'ils viennent avec leurs femmes maintenant,
18:49 les enfants.
18:50 Il y a beaucoup d'associations qui les aident.
18:52 Je ne dis pas, c'est normal, c'est des enfants.
18:54 Il y a des femmes.
18:55 On ne peut pas laisser des gens dans la rue comme ça.
18:57 Mais on ne les aide pas.
18:58 On nous abandonne plutôt que quelque chose.
19:00 L'opinion des Français sur la question de l'immigration,
19:03 en fait, on la connaît sondage après sondage.
19:05 Comment vous expliquez aujourd'hui
19:06 que le gouvernement soit aussi éloigné
19:08 de leurs attentes
19:09 et qu'on ne sent pas de débouchés politiques
19:12 à ce qu'on vient d'entendre ?
19:13 On est à front renversé.
19:15 C'est extraordinaire.
19:17 Le peuple, qui est loin des affaires publiques,
19:21 par son instinct, par son intuition,
19:23 comprend ce qui est en train de se passer.
19:25 Et que je vais vous dire dans un instant.
19:27 Et on dirait que nos dirigeants, eux, comprennent rien.
19:31 Ils ne voient pas le problème de l'immigration.
19:33 Le peuple le voit.
19:35 Nos dirigeants ne le voient pas.
19:37 Peut-être parce qu'ils habitent dans les bons quartiers.
19:39 Peut-être parce qu'ils se préservent avec des digicodes, etc.
19:42 Et alors, quel est le problème ?
19:45 Ce que sent le peuple français.
19:47 C'est simple et c'est grave.
19:49 Nous sommes devant trois différentiels de pression migratoire
19:58 qui, évidemment, préparent une submersion qu'on n'a jamais vue.
20:05 D'abord, il y a la basse pression démographique chez nous,
20:12 en Europe, au nord,
20:14 et la haute pression démographique au sud.
20:18 Forcément, il y a un système de vastes communiquants qui se met en place.
20:23 Et comme on n'a plus de frontières,
20:25 le sud vient vers le nord.
20:28 Mais ce n'est pas fini.
20:29 Deuxième différentiel.
20:31 La haute pression économique au nord, malgré tout,
20:36 et la basse pression économique au sud.
20:39 Donc, quand les gens ont faim,
20:41 ils partent du sud pour venir vers le nord.
20:44 Et comme il n'y a rien pour les arrêter,
20:46 ils arrivent chez nous.
20:47 Et troisièmement, et c'est peut-être le plus grave,
20:50 il y a une haute pression spirituelle au sud
20:55 et une basse pression spirituelle au nord.
20:59 C'est-à-dire que nous, on ne pense plus à rien.
21:02 On n'a plus de transcendance,
21:05 on a une laïcité du vide.
21:08 C'est tout ce qu'on a à offrir à ceux qui viennent chez nous.
21:10 On n'est plus capable de leur offrir nos trésors.
21:14 Et du coup, eux, avec leur spiritualité,
21:18 avec leur valeur et leur idée de la transcendance,
21:24 ils viennent chez nous comme des conquérants.
21:26 Parce que la nature, comme la politique, a horreur du vide.
21:31 C'est ça que les gens comprennent chez nous aujourd'hui.
21:34 Et c'est la raison pour laquelle je m'adresse à M. Attal,
21:37 peut-être qu'on va en parler,
21:39 pour lui dire "ne vous contentez pas de règles,
21:43 de mesures, de disciplines, c'est bien,
21:45 c'est un premier effort.
21:49 L'uniforme à l'école, c'est un...
21:52 Mais il faut aller plus loin après.
21:54 Qu'est-ce qu'on enseigne ? Qu'est-ce qu'on transmet ?
21:56 Est-ce qu'on a l'audace de transmettre
22:00 à ceux qui sont chez nous et qui ne connaissent rien
22:02 de notre histoire et de notre patrimoine,
22:04 est-ce qu'on a l'audace de leur dire
22:07 "vous n'avez pas le choix, il va falloir que vous aimiez ce pays,
22:10 sinon c'est la remigration."
22:12 On parlera évidemment de Gabriel Attal dans cette émission,
22:17 mais on le comprend à travers votre discours.
22:19 Vous considérez que la question de l'immigration,
22:23 aujourd'hui, est intimement liée à celle de l'identité française.
22:27 Exactement.
22:28 Avec un territoire qui est en train de s'archipéliser.
22:31 Je vous propose le premier discours de Jean Castex.
22:34 On est en juillet 2020,
22:36 il devient alors Premier ministre,
22:38 et il s'adresse aux députés,
22:40 et il va parler de plusieurs Frances.
22:42 Écoutez.
22:43 La crise est venue frapper une France en plein doute.
22:48 Une France qui se divise.
22:51 Une France qui se crispe,
22:54 et qui parfois se désespère,
22:57 depuis bien trop longtemps.
22:59 Une France,
23:02 ou à tout le moins une partie d'elle,
23:05 qui se trouve gagnée par la peur du déclassement.
23:09 Une France qui se sent parfois abandonnée.
23:14 Oui, vous le savez,
23:16 mesdames et messieurs les députés,
23:19 il y a beaucoup de France qui se sent loin et laissée pour compte.
23:24 France des banlieues, France rurale,
23:27 France des outre-mer,
23:29 France dite périphérique,
23:31 France de ceux, y compris au cœur de nos villes,
23:35 n'ont pas droit à la parole.
23:38 Ces Frances-là sont notre pays,
23:41 autant que la France de la réussite économique,
23:45 scientifique, industrielle ou culturelle,
23:48 dont nous sommes légitimement fiers.
23:51 Et ce sera notre première ambition immense,
23:55 réconcilier ces Frances si différentes.
23:58 Est-ce qu'il avait raison, Jean Castex, sur ces "France qui cohabite" ?
24:03 Oui.
24:04 En fait, en l'écoutant, je pensais à
24:07 un discours parallèle de Méternich
24:10 sur l'Autriche-Hongrie, à l'époque.
24:14 Après, au début de son règne diplomatique,
24:22 parce qu'il régnait sur toute l'Europe, Méternich,
24:25 et il était très fin,
24:26 et il disait "cet agrégat inconstitué de peuples désunis".
24:30 Et je pensais à ça à propos de la France.
24:33 En fait, c'est sans nuance ce que je veux dire,
24:38 parce que c'est trois blocs, il y a trois Frances, en fait,
24:42 qu'on a sous les yeux,
24:44 et qui semblent s'éloigner les unes des autres.
24:46 La première France, c'est la France de la créolisation.
24:51 C'est une France qui veut changer de France.
24:56 Alors on garde l'hexagone, on garde la toponymie,
24:58 et on garde le territoire,
25:02 mais on le créolise pour y faire surgir un peuple neuf,
25:07 qui arrive avec ses mœurs, avec ses raisons de vivre,
25:11 avec sa religion et sa civilisation.
25:13 Et ce peuple neuf, c'est dans une vision révolutionnaire,
25:16 c'est-à-dire qu'en fait, on va faire vivre ensemble
25:20 l'homme enceint du wauquisme intégral
25:26 et la femme grillagée de l'islamisme ancestral.
25:32 En fait, c'est une redite de Robespierre qui dit cette phrase
25:36 que Mélenchon apprend par cœur tous les jours,
25:41 "Quand j'ai vu à quel point la société était dégradée,
25:45 je me suis résolu à faire en sorte
25:48 qu'il y ait un recommencement absolu de l'humanité."
25:51 Le recommencement absolu de l'humanité.
25:54 Et ici, à CNews, à l'entière,
25:58 Mathieu Bocoté, l'éditorialiste fameux
26:01 que j'écoute avec gourmandise,
26:05 parlait d'un peuple humain.
26:07 Il a dégoté ça chez Mélenchon.
26:10 C'est exactement ça.
26:11 Je dois résumer cette première France, un peuple humain.
26:14 Donc il n'y a plus de racines.
26:17 La deuxième France, c'est la France de l'ubérisation.
26:23 C'est une France qui se pense comme un nouveau business model,
26:33 comme une application mobile,
26:36 comme une plateforme ubérisée, disruptée.
26:43 La Start-Up Nation.
26:45 C'est-à-dire, c'est un agrégat d'agents économiques,
26:48 remplaçables, substituables,
26:50 où il n'y a plus le sédentaire.
26:52 Et c'est en même temps la France qui zappe,
26:57 la France du virtuel, l'homo zappiens.
27:01 Donc ubérisée, disruptée.
27:04 Donc la première France,
27:07 elle a besoin de l'immigration comme un outil.
27:10 La deuxième, elle a besoin de l'immigration comme un ajout.
27:13 Et puis il y a la troisième France,
27:16 la France des patriotes, des souverainistes,
27:19 de tous ceux qui veulent garder la France.
27:21 La France de la tradition.
27:24 La France qui veut préserver son patrimoine matériel et immatériel,
27:28 qui veut préserver ses voisinages affectifs,
27:31 et l'esprit français.
27:33 Dans le sens d'une phrase de Paul Valéry,
27:39 que j'ai lue il y a longtemps.
27:41 "La tradition ne consiste pas à refaire ce que les autres ont fait,
27:46 mais à en retrouver l'esprit
27:48 qui en eut fait faire de toutes autres,
27:50 en de toutes autres circonstances."
27:51 Ça veut dire que la tradition, contrairement à ce qu'on croit,
27:54 c'est pas l'immobilité, au contraire,
27:56 mais c'est un tamis, un tamis critique,
27:59 qui retient ce qui est bon, ce qui réussit,
28:02 qui retient les pérennités.
28:05 Et l'idée de cette France-là,
28:07 cette troisième France,
28:09 aujourd'hui très majoritaire,
28:11 c'est que la France,
28:13 c'est plus que la France du moment,
28:17 et l'idée de cette France-là,
28:20 c'est que la France, la nation,
28:23 est une mise en image allégorique
28:27 qui laisse affleurer les tendresses enfouies.
28:31 Cette France-là, on n'en parle pas,
28:35 elle est méprisée,
28:37 elle est bordurée,
28:39 elle est huméfiée.
28:41 C'est la France de Crépole,
28:44 c'est la France du Mont-Saint-Michel,
28:46 c'est la France de Jean-Rémi,
28:48 c'est la France de tous ceux qui patriotent souverainistes,
28:52 ne veulent pas de cette Europe
28:56 qui nous a complètement soumis,
29:01 et qui veut que la France retrouve les manettes,
29:07 que la France retrouve sa souveraineté.
29:11 Je vous ai laissé, évidemment,
29:13 poursuivre votre réflexion,
29:15 on a pris un tout petit peu de retard,
29:17 donc là on va partir en publicité,
29:19 cher Philippe Devilliers, cher Geoffroy,
29:21 on reviendra dans un instant,
29:23 parce que de cette France archipélisée,
29:25 la conséquence, ça peut être aussi la confrontation
29:28 entre certaines sociétés.
29:31 On revient dans quelques secondes
29:33 pour la suite de Face à Philippe Devilliers.
29:35 La suite de Face à Philippe Devilliers,
29:41 toujours avec Philippe Devilliers, bien sûr,
29:43 et Geoffroy Lejeune, juste avant la publicité,
29:45 on a pris un peu de retard
29:47 parce que vous avez eu une longue réflexion
29:49 sur le paysage français,
29:51 et sur ces Frances aujourd'hui
29:53 qui sont parfois, et malheureusement trop souvent,
29:56 face à face.
29:58 Parlons de l'école,
30:00 puisque vous avez abordé dans la première partie l'école,
30:02 3 300 atteintes à la laïcité en trois mois,
30:05 c'est plus que sur les deux années précédentes réunies.
30:09 Vous avez peut-être vu ce qui s'est passé
30:11 cette semaine dans les Yvelines,
30:13 des professeurs ont exercé leur droit de retrait
30:15 après qu'une collègue ait été diffamée
30:17 dans une classe de 6e.
30:19 La raison, c'est que cette enseignante a présenté
30:21 une oeuvre d'art de Giuseppe Cesara,
30:24 Diane et Actéon,
30:26 où figurent cinq femmes dénudées.
30:28 Le ministre Gabriel Attal de l'Education nationale
30:31 s'est d'ailleurs rendu sur place en début de semaine
30:33 et il a réagi à l'Assemblée nationale.
30:35 On va l'écouter et ensuite vous allez me dire
30:37 ce que vous en pensez.
30:39 Il faut en revenir à l'essentiel.
30:41 Le rôle de l'école française,
30:43 c'est de former des Républicains.
30:45 Et notre école, l'école française,
30:47 elle a des racines.
30:49 Et dans ces racines, il y a la laïcité,
30:51 il y a l'égalité entre les femmes et les hommes,
30:53 il y a l'autorité de l'enseignant.
30:56 Jamais je n'accepterais à l'école de la République
30:59 qu'on refuse de regarder un tableau,
31:01 qu'on se bouche les oreilles en cours de musique,
31:03 qu'on s'en prenne à l'autorité d'un enseignant.
31:06 C'est pour cela, monsieur le député,
31:08 que j'ai dit dès hier que les élèves responsables
31:10 de cette situation à Issou seraient sanctionnés.
31:12 Et je vous annonce que ce matin,
31:14 une procédure disciplinaire a été ouverte
31:16 à l'endroit des trois élèves à l'origine de cette situation.
31:19 Oui, monsieur le député, c'est un combat.
31:21 C'est un combat qui est difficile.
31:23 Mais je sais, avec cette majorité,
31:25 que nous gagnerons ce combat pour l'école de la République
31:27 et pour notre pays.
31:29 Vous savez mieux quiconque qu'en politique,
31:31 on choisit ses symboles et qu'on monte au créneau
31:33 sur les affaires qu'on a décidées.
31:35 Est-ce qu'il a eu raison, dans cette affaire de tableau,
31:37 de monter au créneau aussi fort ?
31:39 Ah oui, tout à fait.
31:41 Et je serais tenté de dire,
31:43 comme disait la mère de Napoléon,
31:45 c'est au début, après le pont d'Arcole,
31:47 à Gabriel Attal,
31:49 "Paule vous que ça doule".
31:51 Mais oui, je pense qu'il a compris une chose,
31:54 c'est que les frères musulmans
31:56 ont choisi l'école comme cible.
31:58 On l'a bien vu dans le sondage la semaine dernière,
32:00 le comportement des enfants.
32:02 C'est la cible, c'est la plaie.
32:04 L'école, c'est la plaie.
32:06 Et donc,
32:10 nos ennemis ont décidé
32:13 d'attaquer l'école.
32:15 Il se trouve que l'école est affaiblie.
32:17 Elle s'est désintégrée depuis 50 ans.
32:20 En fait, depuis 50 ans, qu'est-ce qui s'est passé ?
32:22 Je vais vous faire un voyage très court dans le temps,
32:24 pour voir ce qu'il faut faire.
32:26 On a descendu trois marches.
32:30 La première marche, en mai 68,
32:32 le prof est tombé de l'estrade.
32:34 Chacun comprendra.
32:36 Il a perdu son magistère.
32:38 Je me souviens de De Gaulle, en mai 68.
32:41 "Les enseignants sont là pour enseigner les enseigners."
32:44 Les enseignants, les enseigners.
32:46 Il s'est reçu de venir à participer présent, le prof.
32:49 Donc, réponse,
32:51 il faut remonter le prof sur l'estrade.
32:53 C'est peut-être ce qu'il est en train de faire.
32:55 En face de lui, il y a des uniformes,
32:57 et il y a à le lever des couleurs,
32:59 parce qu'on est en France, c'est l'école de la France.
33:01 Deuxième marche, descendue,
33:03 c'est Chiscard,
33:05 collège unique,
33:07 les notes,
33:09 la fin des notes, et la fin du mérite.
33:11 Donc, il faut remonter la deuxième marche,
33:14 restaurer les notes,
33:16 restaurer la méritocratie,
33:19 et donc les groupes de niveau.
33:21 C'est ce qu'il est en train de faire.
33:23 Et troisième marche, qu'on a descendue,
33:25 c'est la plus compliquée.
33:27 C'était la fin de l'instruction.
33:29 Je me souviens du temps de Jospin, etc.
33:31 On disait "apprendre à apprendre".
33:33 On ne parlait plus des contenus,
33:35 on parlait de l'instruction.
33:37 On disait "l'école est un lieu de vie".
33:39 Je ne sais pas si vous vous souvenez, vous êtes trop jeunes.
33:41 L'école est un lieu de vie.
33:43 Et donc maintenant,
33:45 l'école n'est plus un lieu de vie,
33:47 c'est un lieu de transmission.
33:49 Il faut revenir à l'école assimilationniste.
33:52 Assimilationniste,
33:54 c'est-à-dire l'école de l'assimilation.
33:56 C'est l'école de la francisation.
33:58 C'est l'école de la France.
34:00 Et donc, on enseigne.
34:02 On n'a pas peur d'enseigner Gérald Darc,
34:04 d'enseigner les Croisades, d'enseigner la Shoah,
34:06 d'enseigner tout ce qui
34:08 fait partie de notre passé,
34:10 de notre passé glorieux.
34:12 Même quand il y a des défaites,
34:14 on fait partager et on pleure ensemble.
34:16 Et on va dans la tranchée,
34:18 visiter la tranchée avec les Poilus,
34:20 et quand il y a une victoire,
34:22 eh bien on triomphe ensemble,
34:24 et quand il y a une défaite,
34:26 on pleure ensemble.
34:28 C'est ça un pays,
34:30 c'est ça l'école d'un pays.
34:32 C'était ça Ernest Davies,
34:34 le hussard noir de la République.
34:36 Et donc, en fait,
34:38 vous savez,
34:40 je ne sais pas si vous vous souvenez de Philippe Muray,
34:42 la lettre
34:44 ouverte aux djihadistes,
34:46 où il dit,
34:48 "Je vous regarde
34:50 chevauchant
34:52 vos éléphants de fer
34:54 et de feu, vous entrez dans le magasin
34:56 de porcelaine, seulement dans le magasin de porcelaine,
34:58 il n'y a plus de porcelaine, il n'y a plus de bibelots,
35:00 il n'y a plus de trésors, parce que le propriétaire
35:02 a tout balancé, et donc voici
35:04 venir les démolisseurs
35:06 chez les reconstructeurs."
35:08 Dans l'actualité également,
35:10 Philippe Devilliers, et je le dis
35:12 aux téléspectateurs, les images
35:14 sont d'une violence telle
35:16 que par respect pour la famille
35:18 et la victime,
35:20 on a décidé de ne prendre que des captures
35:22 d'écran. Ça s'est passé
35:24 à Lyon, plusieurs délinquantes
35:26 présumées de 13 ans sont actuellement
35:28 en garde à vue, suspectées d'avoir participé
35:30 au passage à tabac d'une
35:32 adolescente du même âge.
35:34 Les faits remontent au 10 octobre, dans un sous-sol
35:36 d'immeuble situé dans le 9e arrondissement
35:38 de Lyon. La raison de cette sauvagerie
35:40 est encore floue, mais selon certaines
35:42 sources, la victime dit s'être faite
35:44 agresser sexuellement par le frère
35:46 d'une des agresseuses
35:48 à ce moment-là, qui aurait donc voulu
35:50 se venger. Écoutez
35:52 le maire du 2e arrondissement de Lyon
35:54 qui va revenir justement sur le climat
35:56 dans certains quartiers lyonnais.
35:58 On est dans un quartier, le 9e
36:00 arrondissement, où vous avez beaucoup de
36:02 problèmes de trafic de drogue,
36:04 de violence, et c'est souvent d'ailleurs
36:06 les narcotrafiquants ou
36:08 les différents responsables
36:10 religieux qui peuvent tenir ces quartiers-là
36:12 et c'est plus la République qui
36:14 tient ces quartiers, donc malheureusement, on le voit,
36:16 on a trop de problèmes
36:18 de violence dans notre société.
36:20 Quel regard portez-vous, Philippe Devilliers,
36:22 sur cette nouvelle agression ?
36:24 Vous le disiez, la victime n'a que 13 ans.
36:26 Il a bien parlé, là. Il vient de dire
36:28 ce qui se passe,
36:30 c'est qu'en fait,
36:32 ces territoires sont des territoires perdus.
36:34 C'est la drogue,
36:36 c'est les dealers,
36:38 c'est les caïds, c'est ceux qui ont arrêté les émeutes,
36:40 et puis c'est
36:42 les groupes religieux,
36:44 il dit ça avec pudeur.
36:46 C'est l'islamisme qui commande.
36:48 Donc on n'est plus chez nous.
36:50 Et vous savez ce que j'ai appris tout à l'heure ?
36:52 En fait,
36:54 les images que vous n'avez pas voulu montrer,
36:56 à juste raison,
36:58 vous savez qui les a tournées, ces images ?
37:00 Ce sont les agresseuses.
37:02 Elles se sont filmées elles-mêmes. Qu'est-ce que ça veut dire ?
37:04 Puis ensuite, les images sont parties sur les réseaux sociaux.
37:06 Les réseaux sociaux qui sont devenus
37:08 les auxiliaires de la justice,
37:10 puisque sans les réseaux sociaux, la justice
37:12 n'aurait pas bougé. C'est quand même incroyable.
37:14 Mais c'est intéressant.
37:16 C'est les filles,
37:18 les agresseuses qui se filment.
37:20 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'elles n'ont même pas
37:22 conscience de ce qu'elles font.
37:24 Donc là, on est
37:26 au cœur de la barbarie.
37:28 - Dans l'actualité,
37:30 également cette semaine, Philippe Devilliers,
37:32 deux thèmes ont été mis en avant
37:34 par le gouvernement. Le projet de loi sur la fin de vie,
37:36 une ébauche de projet de loi
37:38 a été réalisée au ministère
37:40 des Professions de Santé,
37:42 et la constitutionnalisation
37:44 de l'avortement.
37:46 Ce que je vous propose, c'est qu'on écoute
37:48 Robert Ménard sur l'avortement,
37:50 et puis vous vous liez
37:52 ces deux sujets-là,
37:54 des sujets de société. Écoutez.
37:56 - Moi, je suis pour l'avortement.
37:58 Pour le droit à l'avortement,
38:00 évidemment. Mais attendez, c'est de la
38:02 démagogie de l'inscrire dans la constitution.
38:04 Personne, aujourd'hui,
38:06 ne le remet en cause. On n'est pas aux États-Unis,
38:08 ici. Aux États-Unis, t'as 50
38:10 États qui peuvent chacun faire ce qu'ils veulent.
38:12 C'est pas la même chose. Mais c'est tellement bien,
38:14 c'est à quoi ?
38:16 Aucun frais. Tu peux faire ça.
38:18 Tu peux, vous savez, se draper
38:20 dans la... Tu es le type
38:22 bien, qui est courageux, qui défend
38:24 les femmes. Bien sûr qu'il faut défendre
38:26 le droit à l'avortement. Aujourd'hui, la question
38:28 qu'il faudrait peut-être se poser là-dessus, c'est pourquoi
38:30 il y a toujours autant d'avortements. C'est ça, la bonne question.
38:32 Mais c'est tellement plus compliqué à résoudre
38:34 que de le mettre dans la constitution.
38:36 Allez, on va le mettre dans la constitution. Écoute, vous me direz, ça fait
38:38 de mal à personne. Mais enfin, attendez,
38:40 on n'a pas d'autres sujets plus importants que ça.
38:42 - C'est vrai que la question posée
38:44 par Robert Menard à ce qu'il n'y avait pas un sujet plus important
38:46 en ce moment se pose.
38:48 Mais surtout, c'est cette question du lien
38:50 dans le timing qu'on vit en ce moment,
38:52 le lien entre cette consécration
38:54 de l'avortement et en même temps l'arrivée
38:56 de la fin de vie, qui est un serpent
38:58 de mer depuis longtemps. Est-ce que vous établissez, vous,
39:00 ce lien ? Est-ce que ça dit quelque chose de la séquence
39:02 qu'on est en train de vivre ? - Oui.
39:04 Évidemment, j'établis le lien.
39:06 C'est incroyable
39:08 ce qui se passe. Incroyable.
39:10 Les Grecs, les Romains, les Amérindiens,
39:12 tous les peuples qui ont
39:14 fait ce qu'on est en train de faire, là,
39:16 ils sont morts.
39:18 Pourquoi ? Parce que c'est
39:20 une rupture anthropologique
39:22 inouïe.
39:24 Constituer,
39:28 c'est vivre.
39:30 Au lieu de tourner
39:34 la constitution vers la vie,
39:36 on la tourne vers
39:38 ce qui suspend la vie.
39:40 C'est-à-dire
39:42 que l'être humain,
39:44 avant sa naissance,
39:46 n'est plus défendu
39:48 et il sera bientôt
39:52 défendu
39:54 de le défendre.
39:56 Et l'être humain,
39:58 en fin de vie, un peu plus tard,
40:00 jugé
40:02 inutile,
40:06 trop coûteux,
40:08 dans les Ehpad,
40:10 sera,
40:12 à son tour, menacé,
40:14 il ne sera plus protégé, on pourra
40:16 l'éliminer.
40:18 Geoffroy, Eliot,
40:22 je le dis avec mon cœur de Français,
40:28 l'âme blessée,
40:30 parce que je perçois
40:32 physiquement ce qui va se passer
40:36 à la déshumanisation progressive
40:38 du monde.
40:40 Nous allons assister
40:44 à l'effacement
40:46 planifié du visage de l'homme.
40:48 Si je peux me permettre, Philippe,
40:50 il y a une majorité de Français
40:52 qui sont favorables à une évolution
40:54 sur l'euthanasie
40:56 et beaucoup de gens de bonne foi vous diront
40:58 que c'est une liberté
41:00 qu'on peut prendre et ça n'enlève rien aux autres.
41:02 Vous diront parfois qu'il y a des souffrances
41:04 intenables en fin de vie et pourquoi
41:06 prolonger une vie qui est condamnée quoi qu'il arrive.
41:08 A cela, qu'est-ce que vous répondez ?
41:10 Je réponds à deux choses. Premièrement, il y a les soins palliatifs.
41:12 Moi, je connais les soins palliatifs.
41:16 Jeanne Garnier, ma sœur,
41:18 Bibiane, je l'ai accompagnée.
41:20 C'est admirable, Jeanne Garnier.
41:24 Les soins palliatifs, c'est admirable.
41:26 C'est-à-dire qu'en fait, on accompagne.
41:28 Ce n'est pas l'acharnement thérapeutique.
41:30 Moi, je suis contre l'acharnement thérapeutique.
41:32 Mais on accompagne.
41:34 La main qui soigne ne peut pas être la main qui tue.
41:38 Et là, la deuxième chose que je vais vous dire.
41:40 D'ailleurs, vous allez me comprendre
41:44 parce que vous l'avez évoqué hier.
41:46 Vous étiez sous les assauts
41:48 de l'hédonisme ambiant
41:50 sur un plateau de CNews et vous avez été héroïque.
41:54 Et vous avez dit une chose
41:58 que je vais développer
42:00 en quelques secondes.
42:02 Est-ce que vous avez pensé aux soignants ?
42:04 Moi, quand j'étais à Jeanne Garnier,
42:08 j'allais voir ma sœur tous les jours
42:10 et en fait, je percevais
42:12 la relation de soins
42:16 entre le soignant
42:20 et le patient.
42:22 Cette relation de soins, c'est une
42:24 alliance, c'est une alliance
42:26 singulière, c'est une alliance
42:28 précieuse, c'est une alliance
42:30 inouïe.
42:32 Parce que le patient confie son
42:34 corps au soignant
42:36 et le soignant, qui a
42:38 la confiance du patient,
42:40 doit tout faire pour le soulager,
42:42 pour le sauver, pour l'accompagner.
42:44 Et si jamais
42:46 cette relation de soins
42:48 porte au soupçon,
42:52 parce que
42:54 le soignant dispose tout à coup par la loi
42:56 du droit
42:58 de sauver,
43:00 mais aussi du droit de tuer.
43:02 Quand il arrive dans la chambre
43:04 avec des seringues
43:06 dans les mains, le soignant se dit
43:08 "Alors, c'est quelles seringues
43:10 aujourd'hui ? C'est celles de la main gauche ?
43:12 Celles du cannement ?
43:14 Ou celles de la main droite ?
43:16 Celles de la solution létale ?
43:18 On va me sauver ?
43:20 On va me soulager ?
43:22 Ou on va me tuer ?
43:24 Tu ne tueras pas."
43:26 Dans toute civilisation,
43:30 un homme
43:32 qui tue un homme,
43:34 ça ne se fait pas.
43:36 Même si
43:38 l'un donne enjoint
43:40 à l'autre de le faire, on ne le
43:42 fait pas, parce que ça s'appelle un homicide.
43:44 Et c'est comme ça
43:46 que la société glisse
43:48 depuis des années et des années,
43:50 et qu'elle glisse vers le transhumanisme.
43:52 Et c'est ce que je reproche
43:54 à Emmanuel Macron, qui m'avait
43:56 écrit une lettre que j'ai par-devers moi,
43:58 que je ne montrerai pas, c'est un courrier privé,
44:02 et dans laquelle il me dit
44:06 qu'il partage
44:10 le sentiment
44:12 que j'ai, qu'il faut laisser
44:14 à la vie intérieure
44:16 son empire,
44:18 et que la loi,
44:20 il ne faut y toucher
44:22 que d'une main tremblante,
44:24 sur ces fusées-là,
44:26 qui concernent l'avenir de notre
44:28 civilisation.
44:30 - Philippe Devilliers, il nous reste moins d'une minute.
44:32 À travers l'histoire, on arrive
44:36 aussi à respirer,
44:38 l'histoire de France.
44:40 Et je voulais qu'on revienne
44:42 sur Paul Éluard, il y a 128 ans,
44:44 alors c'était le 14 décembre,
44:46 c'était pas le 15 décembre,
44:48 c'était le 1885,
44:50 n'a-t-il qu'un des plus grands poètes
44:52 français de l'histoire,
44:54 Eugène Rindel,
44:56 dit Paul Éluard. Est-ce que vous
44:58 aimez Paul Éluard ? Vous avez vraiment
45:00 une minute, Philippe Devilliers.
45:02 - J'ai connu Paul Éluard
45:04 par une institutrice qui venait des Ardennes,
45:06 qui a connu l'exode,
45:08 qui a vu son père et sa mère fouchés
45:10 par la mitraille, et un jour
45:12 elle est montée au tableau,
45:14 avec une craie tremblante,
45:16 elle pleurait, elle pleurait sur ses parents,
45:18 elle pleurait sur la guerre,
45:20 elle s'est tournée vers nous et a dit "notez les enfants".
45:22 Et elle a commencé à écrire
45:24 de sacrées tremblantes,
45:26 et on a suivi.
45:28 Et c'est la première fois que j'ai
45:30 surveillé mes plaints
45:32 et mes déliés,
45:34 sur mon cahier d'écoliers,
45:36 sur les pupitres et les arbres,
45:40 sur la neige et sur le sable,
45:42 j'ai écrit ton nom.
45:44 Sur la santé,
45:46 retrouvée,
45:48 sur le risque,
45:50 encourue,
45:52 sur le souvenir, sans espoir,
45:54 j'écris ton nom.
45:56 Au nom
46:00 d'un seul mot,
46:02 je recommence ma vie,
46:04 je suis né pour te connaître,
46:06 pour t'aimer.
46:08 Liberté.
46:10 - Liberté qu'on retrouve également
46:12 au Puy du Fou et on a vu
46:14 l'image il y a quelques secondes.
46:16 Merci à tous les deux.
46:18 Dans un instant c'est l'heure des pros,
46:20 avec tous nos invités.
46:22 A vendredi prochain cher Philippe,
46:24 Geoffroy Lejeune, à vendredi. - A demain.
46:26 - A demain. C'est Elodie Bouchard.
46:28 A demain soir. Allez, à tout de suite.
46:30 *Bruit de clavier*