Le 8h30 franceinfo de Jérôme Fourquet

  • il y a 8 mois
Le politologue, directeur du département "Opinion" à l'Ifop, était l'invité du 8h30 franceinfo, mercredi 3 janvier 2024.

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00:00 Le 8.30 France Info, bienvenue avec Agathe Lambret et notre invité, bonjour Jérôme Forquet.
00:05 Bonjour.
00:06 Directeur du département Opinion à l'IFO Politologue, observateur d'une société qu'Emmanuel
00:11 Macron a bien du mal à séduire depuis quelques mois.
00:15 Il mise sur ce début d'année pour se relancer.
00:17 On parle d'opération un peu mystérieuse, d'un rendez-vous avec la nation.
00:21 Est-ce qu'il a besoin de ressorts le président ?
00:24 Oui, sans doute.
00:26 Si on regarde les enquêtes d'opinion, notamment, on voit que sa cote de popularité n'est pas
00:31 totalement flamboyante.
00:32 Il est dans un étiage qu'il a déjà connu, mais il n'est pas au mieux de sa forme.
00:36 Il doit aussi se relancer au regard de la séquence, comme on dit en communication politique,
00:42 du vote de la loi immigration, dans laquelle la majorité présidentielle est sortie abîmée.
00:50 C'est l'objectif, plus globalement, d'essayer de donner un cap pour la deuxième partie de
00:58 son deuxième quinquennat et de laisser aussi une trace dans l'histoire.
01:03 C'est tout ça qui se joue.
01:04 Les stratèges de l'Elysée essayent de faire monter l'attente et le suspense, mais on
01:11 voit qu'on multiplie un petit peu les artefacts, les artifices de communication avec ce grand
01:17 rendez-vous.
01:18 Ça prend pas ?
01:19 On a eu le 31 décembre un format assez classique qui était celui des voeux, mais manifestement
01:26 ça n'a pas suffi et donc on doit rajouter une initiative supplémentaire.
01:30 En tout cas, c'est ce qu'on constate.
01:32 Est-ce qu'il y a le risque qu'Emmanuel Macron passe pour un lame duck, un canard boiteux,
01:36 comme on dit aux Etats-Unis ?
01:37 C'est-à-dire un président qui ne peut pas se représenter et qui perd de son pouvoir
01:41 au fur et à mesure de son second mandat ?
01:42 C'est une loi politique qui existe aux Etats-Unis, mais qui existe aussi en France.
01:49 Dans un contexte de deuxième quinquennat, là où les choses se compliquent encore davantage
01:55 pour le président de la République, c'est parce que ce président de la République
02:01 ne dispose pas d'une majorité à l'Assemblée nationale et donc il est entravé dans sa
02:06 capacité à prendre des initiatives politiques, et on l'a vu encore une fois, au moment
02:10 de la loi immigration.
02:12 Et donc c'est la hantise de l'Elysée que d'apparaître comme ce canard boiteux.
02:17 Il a d'ailleurs dit, il a répété au moment des voeux qu'il agirait jusqu'à la dernière
02:23 minute de son mandat pour essayer de conjurer cette espèce de malédiction qui pèse sur
02:29 lui.
02:30 Il a pris la mesure de cette nouvelle réalité Emmanuel Macron ?
02:33 Alors cette nouvelle réalité politique qui est apparue, pour moi le moment fondateur
02:42 c'est le soir du deuxième tour de l'élection législative où Emmanuel Macron était privé
02:45 de majorité à l'Assemblée.
02:47 Et donc s'il pouvait apparaître comme n'ayant pas pris totalement la mesure dans les premiers
02:55 mois de son deuxième mandat de cette nouvelle réalité politique, encore une fois ce qui
02:59 s'est passé autour de la loi immigration l'a fait prendre sans doute pleinement conscience
03:05 des limites de son pouvoir et de la situation très particulière dans laquelle il se trouve
03:12 depuis cette élection.
03:13 Et donc, justement après le psychodrame, enfin ce qu'on a appelé une crise politique
03:17 liée à la loi immigration, Emmanuel Macron pourrait remanier son gouvernement dans les
03:21 jours, dans les semaines qui viennent ?
03:22 Pour le politologue, c'est le bon timing aujourd'hui ?
03:25 Alors, on peut réfléchir sur le timing, sachant qu'on a une échéance politique importante
03:30 au mois de juin, c'est l'élection européenne.
03:32 Et donc cette carte ou cette cartouche d'un remaniement, peut-être faut-il ne pas l'utiliser
03:37 trop tôt et attendre de voir comment les événements vont tourner à l'issue de cette
03:41 élection européenne.
03:42 C'est le premier point.
03:43 Le deuxième point, c'est que si ce remaniement qui intervenait prochainement ne s'accompagnait
03:50 pas d'un élargissement de sa base électorale, à savoir une alliance avec tout ou partie
03:57 des républicains à l'Assemblée nationale pour disposer d'une majorité, si ce remaniement
04:04 ne s'accompagnait pas de cela, alors ce serait un petit peu un pétard mouillé, c'est-à-dire
04:08 qu'on serait dans le casting.
04:09 Alors on peut comprendre qu'il y ait une importance à essayer de resserrer les rangs
04:14 qui ont été fissurés.
04:15 Oui, est-ce qu'il n'y a pas quelque chose à purger après cette loi immigration ?
04:17 Peut-être, parce qu'on a senti que l'aile gauche de la majorité présidentielle avait
04:21 tangué lors du vote de cette loi immigration.
04:24 Il y a simplement un ministre, le ministre de la Santé qui a démissionné à ce moment-là.
04:29 Donc il peut y avoir cette nécessité de ressouder les rangs, mais encore une fois,
04:35 si ça ne se traduit pas par un élargissement de la majorité présidentielle, alors ce
04:39 sera quelque chose qui n'aura pas beaucoup d'impact et d'effet politique.
04:43 Bon, les Français ont peut-être autre chose en tête que les Européennes.
04:47 Je vous confirme.
04:48 En tout cas, encore plus que le remaniement.
04:50 En ce début d'année, comment vous décririez vous ce qui est un millésime français aujourd'hui,
04:55 c'est quoi les attentes du pays ?
04:56 Alors elles sont assez classiques, telles qu'ont les mesures dans nos enquêtes.
05:00 La priorité numéro un, c'est la question de la santé, avec une très forte préoccupation
05:04 sur la situation dans les urgences des hôpitaux, avec la question de la désertification médicale.
05:10 Deuxième priorité, la question du pouvoir d'achat.
05:13 Et on l'a encore vu au moment de ces fêtes de fin d'année.
05:16 Nous avons bien évidemment les données de sondage, mais également les données de marché.
05:21 La grande distribution a observé des ventes en baisse de 20% sur des produits phares
05:26 des fêtes de fin d'année, le champagne, le saumon, et un report sur d'autres produits
05:32 de substitution.
05:33 Donc on voit que cette question du pouvoir d'achat est toujours très présente également
05:36 dans les préoccupations des Français.
05:37 Il y a une angoisse, vous constatez un pessimisme particulièrement fort des Français en ce moment ?
05:41 Oui, alors il ne date pas de ces dernières semaines, ça fait des mois maintenant que
05:46 ce pessimisme est installé, à la fois encore une fois sur la base de cette difficulté
05:53 économique et de pouvoir d'achat qui étreint toute une partie de la population, mais également
05:59 dans d'autres îles de l'archipel français, avec ses préoccupations pour une partie de
06:04 la population autour de la question environnementale, avec la multiplication de ces catastrophes
06:09 climatiques.
06:10 Donc ça c'est pour une partie de la population qui s'inquiète beaucoup face à l'évolution
06:14 de la situation sur ce point-là.
06:16 Et puis d'autres composantes de la population, elles sont beaucoup plus sensibles à la dégradation
06:21 de la situation sécuritaire.
06:23 Et de ce point de vue-là, le message envoyé par le ministre de l'Intérieur le soir,
06:29 le lendemain du 31 décembre, considérant que la nuit de la Saint-Sylvestre avait été
06:34 calme, alors même que 745 véhicules ont été incendiés partout en France, eh bien
06:39 n'a plus que ravivé l'inquiétude sécuritaire qui se manifeste dans une partie de la population.
06:46 L'écologie, on va y revenir dans un instant.
06:49 Juste un mot sur ces angoisses.
06:50 Est-ce qu'aujourd'hui on en sort ? Ou est-ce que c'est un état permanent dans un monde
06:54 en crise, avec des conflits, avec des difficultés ? De toute façon, est-ce qu'il y a un moment
06:58 où la France n'est pas angoissée ?
06:59 Alors, elle l'est plus ou moins, premièrement.
07:03 Deuxièmement, elle ne l'est pas forcément toujours à propos des mêmes sujets.
07:08 Mais ça n'a jamais été tout à fait bien.
07:12 Tout à fait.
07:13 Et ce qui caractérise aussi peut-être l'état d'esprit actuel de la population, c'est
07:18 un état de fatigue psychologique, avec, quand on creuse un peu les choses dans nos enquêtes
07:23 qualitatives, comme vous le disiez, le sentiment partagé pour beaucoup que nous sommes un
07:27 peu dans une machine à laver et que nous essuyons crise sur crise, la crise des gilets
07:32 jaunes, la crise climatique, la crise terroriste, la crise sanitaire, le Covid, etc.
07:38 Et donc tout ça pèse aussi sur le moral et sur un terme qu'on emploie beaucoup, un peu
07:43 à tort et à raison, la résilience, la fameuse, de la société française.
07:47 Tunnel de crise, c'est le cas notamment pour les habitants du Pas-de-Calais, qu'on a beaucoup
07:51 entendu depuis hier.
07:52 On va faire un point sur l'essentiel à 8h40.
07:54 C'est le Fil-info avec Elia Bergel.
07:57 Emmanuel Macron appelle Israël à éviter toute attitude escalatoire, notamment au Liban.
08:02 C'est ce qu'a dit cette nuit le chef d'État au ministre israélien, Benny Gantz, après
08:05 la frappe attribuée à l'État hébreu qui a tué le numéro 2 du Hamas dans la banlieue
08:10 de Beyrouth.
08:11 C'est la première fois depuis le début de la guerre à Gazelle, il y a quasiment 3 mois,
08:15 que les abords de la capitale libanaise sont visés.
08:17 « Tout le monde est à bout », assure ce matin le maire de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais
08:22 qui a, à la fois, inondé les pieds dans l'eau.
08:26 Le Pas-de-Calais est en alerte rouge au cru un mois et demi après des pluies historiques.
08:31 Déjà, les pompiers ont mené une cinquantaine d'interventions cette nuit.
08:34 L'adolescent de 16 ans qui a proféré des insultes antisémites dans le métro à Paris,
08:39 reconnu coupable d'injure publique, est relaxé.
08:42 En revanche, pour apologie de crime contre l'humanité, sa peine sera connue en juin.
08:47 Sept autres mineurs seront jugés en mai dans cette affaire.
08:49 Quel club soulèvera ce soir le trophée des champions ?
08:53 L'ogre du Paris Saint-Germain reçoit Toulouse.
08:56 Au Parc des Princes, Paris a gagné le championnat l'an dernier, Toulouse la Coupe de France.
09:00 Le match commence à 20h45 et c'est à suivre avec nous sur France Info.
09:04 [Générique]
09:28 Nous serons déterminés à agir pour qu'en 2024, notre écologie, cette écologie à la française,
09:34 notre planification continue de se déployer comme un modèle et un chemin singulier
09:40 qui nous permettront de sortir des énergies fossiles et de gagner en indépendance et en progrès.
09:46 Cette écologie à la française qu'Emmanuel Macron avait définie comme ni le déni ni la cure,
09:52 est-ce qu'elle a un écho et est-ce que ça fait partie des thématiques qui peuvent monter cette année ?
09:56 Oui, alors on le voit depuis un moment déjà, il y a une prise de conscience croissante de la population
10:03 sur la réalité du changement climatique et les menaces que ce phénomène fait peser sur la société.
10:10 Là où on a un sujet pour l'Élysée, c'est le fait que cette écologie à la française peine à s'incarner dans le concret.
10:19 Donc on a aujourd'hui une opinion publique qui s'interroge sur le niveau pertinent d'action en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
10:28 C'est-à-dire que...
10:29 Il n'y a pas une mesure qui marque les gens ?
10:30 Alors, c'est une question des échelles si vous voulez.
10:33 Ça fait un moment déjà que beaucoup de nos concitoyens ont adopté ce qu'on appelle les petits gestes.
10:38 Éteindre les lumières, couper le robinet, etc.
10:42 Mais ils constatent qu'ils sont allés au bout de ce qu'ils pouvaient faire en la matière
10:45 et que certes il faut le faire mais que ce n'est pas suffisant pour corriger cette trajectoire climatique.
10:52 Ils constatent parallèlement que les grands routes internationaux type COP débouchent souvent sur des résultats très mitigés ou décevants
11:01 et que le rythme auquel il faudrait apporter des réponses n'est pas le bon.
11:08 Et donc ils attendent des réponses qui soient à une échelle plus locale, locale ou nationale,
11:16 de la part des entreprises, de la part des collectivités locales ou d'un État comme la France.
11:20 C'est-à-dire qu'on est revenu des grands messes internationales,
11:23 on a conscience que les petits gestes ne sont pas suffisants
11:27 et c'est l'échelon intermédiaire qui peine aujourd'hui à se dessiner alors qu'il y aurait sans doute une carte à jouer en la matière.
11:34 Ils savent ce que c'est l'écologie à la française ?
11:36 Eh bien je pense que ça fera peut-être partie du grand rendez-vous d'Emmanuel Macron avec la nation
11:42 que de repréciser le périmètre ou la définition de cette écologie à la française.
11:47 Il y a d'autres rendez-vous en 2024, notamment les Jeux Olympiques ou la réouverture de la cathédrale Notre-Dame
11:52 sur lesquelles mise aussi Emmanuel Macron pour se relancer.
11:56 Est-ce que ça peut jouer sur le moral des Français ce genre d'événement ?
11:59 Alors ça peut jouer de manière ponctuelle.
12:01 Le président a également évoqué le 80e anniversaire des commémorations du débarquement en Normandie
12:09 qui aura lieu en juin 2024.
12:12 Donc ce sont des événements qui, ponctuellement, peuvent marquer.
12:14 Mais face à l'ampleur des défis, à la profondeur des inquiétudes et des interrogations de nos concitoyens,
12:22 je pense qu'il serait hasardeux pour un exécutif de ne miser que sur un effet JO ou un effet Notre-Dame
12:29 qui peuvent accompagner à un moment donné un mouvement d'opinion mais qui ne vont pas le créer dans la durée.
12:35 Il n'y a pas un risque que le président se transforme, comme disait le général De Gaulle,
12:38 en président qui ne fait qu'inaugurer les crises en thème, s'il fait cette année à représenter ?
12:42 Voilà, alors c'est ce qu'Emmanuel Macron tente d'éviter absolument,
12:48 d'où sa prise de parole dans les prochaines semaines et d'où aussi sa volonté de se montrer à l'action.
12:55 Mais encore faut-il que les Français constatent concrètement un certain nombre de changements.
13:02 Et de ce point de vue-là, dans les enquêtes d'opinion, ce n'est pas hasard si la personnalité gouvernementale
13:07 qui aujourd'hui marque des points, c'est Gabriel Attal, le ministre de l'Éducation, qui a un discours clair
13:14 et qui semble, aux yeux d'une part significatif de la population, d'une part poser un diagnostic qui est partagé par les Français,
13:21 parce que c'est très important que le diagnostic établi par les politiques corresponde à ce que les Français ressentent,
13:27 et d'autre part tente d'apporter des réponses à un certain nombre de défis majeurs,
13:32 que sont par exemple le harcèlement scolaire, la montée de la revendication religieuse dans certains établissements,
13:39 les menaces qui pèsent sur le corps enseignant.
13:43 Et vous voyez dans les sondages que dans l'équipe gouvernementale, c'est lui aujourd'hui, si je puis dire, qui est le bon élève.
13:49 – Parce qu'il y a une soif d'autorité, Emmanuel Macron a parlé de réarmement civique lors de ses voeux,
13:54 ça parle aux Français ça le réarmement civique ?
13:56 – Alors encore une fois, c'est comme l'écologie à l'air français,
13:58 c'est-à-dire que ce sont des concepts qui peuvent être intéressants,
14:01 encore faut-il leur donner de la densité et de la consistance et des éléments concrets,
14:06 ce que, encore une fois, Gabriel Attal, manifestement,
14:09 semble parvenir à faire dans le champ de l'éducation.
14:12 Ensuite il faut décliner ça sur toute une autre série de thématiques.
14:16 – Études d'opinion qui mettent le Rassemblement national très haut pour les européennes,
14:20 Emmanuel Macron a clairement lancé le match dans ses voeux du 31 décembre,
14:26 et pourtant ce n'est pas le travail du Rassemblement national au Parlement européen
14:29 qui est régulièrement salué ou qui produit des résultats,
14:34 ça veut dire que c'est uniquement un message, un vote de contestation, si on se traduit ?
14:39 – Moi je pense qu'il s'agisse du Rassemblement national ou des autres formations politiques,
14:44 les Français sont assez peu en capacité de vous dire qui travaille et qui ne travaille pas
14:50 à Bruxelles ou à Strasbourg, ce qui compte dans la décision des électeurs
14:54 au moment d'un scrutin comme celui-ci, c'est la vision qu'on a du pays,
14:58 la vision qu'on a aussi des enjeux européens, et l'adéquation qui peut être trouvée
15:03 entre le diagnostic qui est porté par les partis politiques et ce que les Français ressentent.
15:09 On rappellera que le Rassemblement national a viré en tête
15:12 aux deux dernières élections européennes et que cette tête de liste est aujourd'hui incarnée
15:20 par Jordan Bardella qui lui aussi, à titre personnel, connaît une dynamique d'opinion favorable.
15:26 – Il y a un moment, Bardella, comment vous l'expliquez ?
15:28 Il a fait son entrée dans le top 50 des majorités préférées des Français du journal du dimanche.
15:32 – Oui, alors ça c'est un élément assez marquant puisque c'est souvent une enquête,
15:35 c'est une enquête qui, j'allais dire, sacralise ou met sur un piédestal régulièrement
15:42 des personnalités qui ne sont pas ici de la sphère politique,
15:45 des artistes, des chanteurs, des sportifs, des scientifiques.
15:49 Et donc là, le fait qu'un politique figure en bonne place dans ce classement,
15:53 ce n'est pas anodin qu'il soit membre du Rassemblement national, encore moins.
15:57 Donc il y a un élément qui tient dans cette équation à son image personnelle,
16:03 à sa jeunesse, on a une espèce de rupture généalogique également avec la dynastie Le Pen,
16:09 c'est le premier dirigeant du Rassemblement national, Front national,
16:12 à ne pas s'appeler et à ne pas porter le nom Le Pen, c'est quelqu'un qui est jeune,
16:17 c'est quelqu'un qui est d'une extraction populaire, son prénom, Jordan,
16:22 incarne ou symbolise cette extraction populaire, son nom de famille renvoie à son histoire familiale,
16:28 c'est-à-dire qu'il est également issu d'une autre caractéristique de l'immigration.
16:33 Et puis quand les Français l'entendent sur toute une série de sujets,
16:37 notamment sur les questions de sécurité, les questions d'immigration,
16:40 eh bien le diagnostic qu'il porte semble être en adéquation avec une part significative de la population.
16:47 Alors dans les sondages d'intention de vote qui sont réalisés pour les Européennes,
16:51 soyons prudents, on est à six mois...
16:53 Ça peut encore bouger, mais il y a quelqu'un qui émerge, Raphaël Glucksmann,
16:56 l'eurodéputé troisième homme des élections aujourd'hui,
16:59 sa liste qui est soutenue par le Parti Socialiste recueille à peu près 10% des intentions de vote.
17:04 Comment vous l'expliquez, ça aussi ?
17:06 Est-ce qu'on peut y voir les prémices d'une renaissance d'une gauche réformiste,
17:12 que le pôle d'attractivité s'est déplacé à gauche ?
17:13 Alors attention, parce qu'on parlait de la liste Bardella qui est créditée de 30%,
17:18 là on est à 10%, donc vous voyez qu'il y a une marge qui est très importante, premier point.
17:22 Et deuxième point, ce qui frappe surtout à gauche, quand on regarde ces enquêtes,
17:26 c'est la fragmentation, c'est-à-dire que le total des scores,
17:29 des listes se revendiquant de l'alliance Nupes avoisine le score de 30% du RN,
17:36 sauf que c'est au prix de quatre listes qui brigueraient ces sondages,
17:40 c'est-à-dire que la liste PS-Glucksmann est autour de 10%,
17:43 celle des Verts à 9% et celle des Insoumis autour de 8 et 9,
17:48 vous rajoutez 2% ou 3% pour les communistes.
17:50 Et l'élément marquant, en fait, moi politiquement, certes,
17:54 on peut délibérer sur qui tient la corde au sein de ce cartel des gauches,
18:01 mais l'élément marquant de mon point de vue, c'est la fragmentation,
18:04 c'est-à-dire que la Nupes qui avait été portée sur les fonds bâtissmaux au moment des législatives,
18:12 moins d'un an après et dans la perspective du prochain scrutin, les européennes,
18:17 eh bien s'éparpille en quatre formations,
18:21 ce sera très compliqué derrière de recoller les morceaux pour les autres scrutins.
18:27 – Question sur la gauche d'après, donc c'est la France d'après
18:29 pour votre livre "Tableau politique aux éditions" du Seuil Jérôme Fourquet,
18:32 invité du 8.30 France Info ce matin, merci beaucoup.

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