Sébastien Chenu : «Au-delà de l'image, il ne faut pas attendre grand chose de l'arrivée de Gabriel Attal»

  • il y a 7 mois
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Sébastien Chenu, vice-président de l’Assemblée nationale et député Rassemblement national du Nord, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de la visite de Gabriel Attal aux sinistrés du Pas-de-Calais, de la crédibilité du nouveau Premier ministre, de l’arme anti-Jordan Bardella et de la constitution du nouveau gouvernement.

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Transcript
00:00 [Musique]
00:05 Et place donc à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:07 Bienvenue et bonjour Sébastien Chenu.
00:09 Bonjour Madame.
00:10 Merci d'être là.
00:11 Vous êtes vice-président de l'Assemblée nationale,
00:13 député Rassemblement national du Nord, le Nord justement,
00:16 et en particulier le Pas-de-Calais,
00:17 où le nouveau Premier ministre a effectué son premier déplacement
00:20 en promettant Sébastien Chenu que personne ne sera oublié.
00:24 Et en ajoutant, je cite cette phrase,
00:26 "Vous êtes l'incarnation de cette France qui travaille,
00:29 laborieuse, qui se lève tôt le matin",
00:31 a répondu Gabriel Attal à la gérante d'un bar tabac
00:34 qui lui confie sa détresse.
00:35 Qu'avez-vous pensé de cette rhétorique, de ces mots
00:38 que vous-même aurez pu les employer Sébastien Chenu ?
00:42 Oui d'ailleurs je salue, et moi je pense,
00:44 j'ai une pensée pour nos compatriotes du Pas-de-Calais
00:46 qui vivent des moments terribles.
00:48 Je salue le fait que le Premier ministre soit venu dans le Pas-de-Calais.
00:51 Je trouve que c'est bien de venir dans le Pas-de-Calais.
00:53 Mais encore une fois, derrière le discours,
00:56 derrière les paroles, il faut des actes.
00:59 Je note que depuis le mois de novembre dernier,
01:01 les actes de l'État promis aux habitants du Pas-de-Calais
01:04 n'ont pas suivi.
01:05 Je note un désengagement fort de l'État
01:07 depuis tout le temps, depuis longtemps,
01:09 en tous les cas au moins depuis que Emmanuel Macron est là,
01:12 sur ces thématiques, notamment de l'eau et de l'aménagement.
01:15 Vous n'y voyez pas le symbole d'un Premier ministre à l'action
01:18 avec un premier déplacement qui en tous les cas
01:20 sort le terrain et le vôtre.
01:21 Oui, mais j'y vois ce qui marque et va marquer
01:23 probablement l'action de Gabriel Attal,
01:26 la parlotte, la communication et l'image.
01:30 Il est un jeune homme de cette génération de l'image
01:33 et je crois qu'au-delà de l'image,
01:35 il ne faut pas attendre grand-chose
01:36 de l'arrivée de Gabriel Attal.
01:38 Parlons-en de l'image, puis on ira sur le fond évidemment.
01:40 Premier sondage autour du tout nouveau Premier ministre,
01:43 sondage CSA pour CNews.
01:44 Alors le nouveau Premier ministre qui est crédité de la confiance,
01:47 on pourrait le voir ainsi, de 48% des Français interrogés
01:50 ou à l'inverse 52% qui sont soit dans la méfiance
01:53 ou dans l'expectative.
01:55 Soyons objectifs Sébastien Chenu,
01:57 dans de telles circonstances aussi difficiles,
01:59 est-ce que c'est un si mauvais départ à Matignon ?
02:01 C'est un plus mauvais départ qu'Elisabeth Borne.
02:03 Oui, mais autre circonstance, c'est pour ça que j'ai précisé.
02:05 Oui, d'accord, mais enfin bon,
02:06 ce n'est pas non plus glorieux
02:07 puisque une majorité de Français ne sont pas dupes.
02:09 Et je crois que les Français en fait,
02:11 ne sont pas dupes de l'histoire qu'on essaie de leur raconter.
02:14 Par rapport à qui ?
02:15 Par rapport à la réalité, c'est-à-dire qu'on voit
02:18 dans un certain nombre de médias,
02:20 notamment internationaux ou même français,
02:23 de survendre l'arrivée et la popularité de Gabriel Attal
02:27 en disant "c'est extraordinaire", etc.
02:29 Mais les Français, eux, voient qu'il n'y aura pas de changement de politique.
02:32 Eux voient que Gabriel Attal n'a pas de bilan
02:34 ou lorsqu'il en a un, il n'est pas très glorieux
02:37 là où il est passé.
02:38 Je vais permettre de citer ce que vous savez déjà,
02:40 interdiction de la baïa,
02:41 défendre l'autorité des enseignants,
02:43 tester l'uniforme à l'école,
02:44 dénoncer les coups de canif à la laïcité,
02:46 rejeter l'idéologie woke,
02:48 vraiment rien ne trouve grâce à vos yeux,
02:50 j'ai du mal à y croire.
02:51 Oui, mais Sonia Mabrouk,
02:52 Gabriel Attal n'a pas été simplement
02:54 ministre de l'éducation nationale pendant six mois.
02:56 Il a fait d'autres choses.
02:58 Il a d'abord été secrétaire d'État à la jeunesse
02:59 où il n'a pas réussi à lancer
03:01 le service national universel qui patauge toujours.
03:03 Il a été pendant plus d'un an ministre du budget.
03:06 Où on en est de ces grandes déclarations sur les fraudes ?
03:10 La carte vitale biométrique,
03:12 vous avez une carte vitale biométrique, Sonia Mabrouk ?
03:14 En tous les cas, moi je n'en ai pas.
03:16 Non mais ce que je veux dire c'est qu'à un moment,
03:17 Gabriel Attal est un garçon qui annonce,
03:19 qui ouvre des dossiers
03:21 et qui ne les termine pas un peu comme un mauvais élève.
03:23 Il n'y a pas vraiment une forme de cohérence des décisions,
03:25 une efficacité dans l'exécution ?
03:26 Pour les quelques exemples cités.
03:28 Alors là justement, aucune efficacité dans l'exécution.
03:30 Par exemple sur l'éducation nationale,
03:32 il n'y a pas eu de revalorisation indiciaire des enseignants.
03:37 Il n'y a pas eu de remise en cause
03:41 des programmes de l'éducation nationale,
03:42 d'amélioration de ceux-ci.
03:43 Sur les programmes, non.
03:44 Il n'y a pas eu, il ne s'est pas inquiet,
03:46 moi j'avais fait la liste,
03:48 au recrutement des professeurs.
03:49 Donc si vous voulez, il a fait des annonces
03:51 avec lesquelles on peut être d'accord,
03:52 sur la baïa ou sur le harcèlement scolaire.
03:55 Vous même vous dites d'ailleurs que ce sont des éléments
03:56 qui auraient été piqués à votre programme.
03:58 On pourrait dire que ce sont des éléments
03:59 attendus par une grande majorité des Français.
04:01 Oui, d'ailleurs, mais vous savez ce qu'a fait Gabriel Attal ?
04:03 Les attentes des Français.
04:03 Gabriel Attal, il a regardé les sondages,
04:05 il a regardé les dossiers qui étaient populaires,
04:08 attendus par les Français,
04:09 et il s'est dit "je vais dire comme les Français".
04:11 A tout le monde, c'est pas mal
04:13 qu'un responsable politique s'intéresse
04:15 à ce que souhaitent les Français.
04:16 Mais on lui aurait dit "la baïa est populaire",
04:19 il aurait défendu avec la même force de caractère la baïa.
04:22 C'est-à-dire qu'en fait, il ne gouverne pas avec...
04:23 Aucune colonne vertébrale selon vous ?
04:25 C'est en cela qu'il est un parfait macroniste.
04:27 C'est-à-dire une espèce de fluidité,
04:30 d'incapacité à avoir une ligne.
04:32 Et les Français ne sont pas dupes.
04:33 Les Français le savent.
04:34 Et parce qu'à la fin, tout ça amène
04:36 à peu de résultats ou à de très mauvais résultats.
04:38 Parlons-en, les résultats.
04:40 Parce qu'il est aussi présenté, Gabriel Attal,
04:41 comme étant, en tous les cas, présenté ou pensé
04:45 comme étant l'arme anti-Jordan Bardella.
04:47 Quand on voit les deux hommes, côte à côte,
04:49 je le dis aux auditeurs qui nous écoutent,
04:51 on voit l'image à la fois de Gabriel Attal
04:53 et de Jordan Bardella.
04:54 On a vraiment l'impression d'une gémédité,
04:56 évidemment pas au niveau des idées.
04:58 Mais Gabriel Attal, on pourrait dire
05:00 que c'est Jordan Bardella sans l'ERN.
05:01 Non, mais vous savez, moi je me méfie de tout ça.
05:05 Oui, parce que je me souviens de l'arme
05:07 anti-Rassemblement National qui était Gérald Darmanin.
05:09 Le moins qu'on puisse dire, c'est une arme
05:11 qui s'est un peu enrayée.
05:13 Ça n'a pas produit les effets escomptés.
05:15 Mais c'est pas le même rapport.
05:16 Gabriel Attal, vous le reconnaissez vous-même.
05:18 Est-ce que vous, d'ailleurs, pardonnez-moi,
05:20 ces propos sont vraiment les vôtres dans Le Parisien.
05:22 Il est écrit à propos de Gabriel Attal
05:24 que vous trouvez qu'il est correct, sympa,
05:26 qu'il a du recul sur les choses.
05:28 Oui, c'est vrai.
05:29 Non, mais moi, je ne combat pas un homme,
05:31 je combat ses idées et je note deux choses.
05:33 Par exemple, lorsque le gouvernement
05:35 cherche à nous combattre,
05:37 il essaye d'aller sur des thématiques
05:39 que nous connaissons et sur lesquelles
05:41 nous travaillons depuis longtemps.
05:42 C'est une migration.
05:43 Le moins qu'on puisse dire, c'est que ça n'a pas été
05:45 couronné particulièrement de succès.
05:47 Mais ça valide le fait.
05:48 Et moi, ce que j'aime, c'est qu'en fait,
05:50 ce gouvernement, il s'ajuste à nous.
05:51 Il essaye d'aller sur des thématiques
05:53 que nous déployons depuis longtemps,
05:55 mais il ne va pas jusqu'au bout.
05:56 Donc, bien sûr, c'est pas le succès.
05:58 Et maintenant, il s'est dit,
05:59 le Rassemblement national a un jeune président,
06:01 Jordan Bardella, il est populaire.
06:03 Regardons ce que nous avons en magasin.
06:05 On a un jeune homme populaire
06:06 qui s'appelle Gabriel Attal.
06:07 On a deux jeunes hommes habiles.
06:08 Et on va essayer d'en faire quelque chose.
06:10 Deux jeunes hommes habiles, communicants,
06:12 stratèges politiques, bien sous tout rapport,
06:14 si je peux dire.
06:15 Et puis, si je peux me permettre d'ajouter,
06:16 grignotant un peu la statue de celui ou celle
06:18 qui les a adoubés,
06:20 Emmanuel Macron pour Gabriel Attal
06:21 et Marine Le Pen pour Jordan Bardella.
06:23 Mais le problème, c'est qu'il ne propose pas
06:25 du tout la même chose.
06:26 Et moi, je crois que Gabriel Attal subira
06:29 exactement ce que la loi immigration a subi.
06:31 C'est-à-dire qu'en réalité,
06:33 il est condamné à décevoir
06:35 parce qu'il est condamné à appliquer
06:36 la politique d'Emmanuel Macron.
06:38 Il ne va pas en sortir.
06:39 Il n'a pas été choisi pour ça.
06:40 C'est un narcisse, Emmanuel Macron.
06:41 Il se regarde dans un miroir à travers Gabriel Attal.
06:44 Donc, Gabriel Attal, condamné à appliquer
06:46 la politique d'Emmanuel Macron,
06:47 condamné à décevoir parce que cette politique,
06:49 elle a les résultats qu'on connaît.
06:51 On peut regarder, par exemple, sur l'inflation.
06:54 On est supérieur, aujourd'hui dans notre pays,
06:56 les prix sont supérieurs,
06:58 l'inflation des prix est supérieure
06:59 à celle de la zone euro.
07:01 Bruno Le Maire nous avait dit
07:02 totalement l'inverse.
07:03 On est derrière l'Espagne,
07:04 derrière le Portugal.
07:05 L'insécurité, les chiffres de l'insécurité
07:08 qui sont sortis sont dramatiques.
07:10 Ça va tout lui porter à feu.
07:12 Ça veut dire que la politique
07:13 dont il a été solidaire,
07:14 il en a même été le porte-parole.
07:15 Donc, vous y voyez une continuité.
07:17 Mais pourquoi vous avez l'air inquiet ?
07:19 Ah non, je n'ai pas du tout l'air inquiet.
07:20 J'ai l'air inquiet pour mon pays.
07:21 Aucune crainte ?
07:22 J'ai l'air inquiet pour mon pays.
07:23 Donc, Gabriel Attal serait une menace
07:25 supplémentaire par rapport à Elisabeth Wange ?
07:27 Il va continuer à porter la politique
07:29 dramatique d'Emmanuel Macron.
07:31 Il en a été solidaire jusqu'à présent.
07:33 Et je pense qu'effectivement,
07:34 c'est dramatique pour les Français.
07:36 Leur incapacité à les protéger,
07:38 leur pouvoir d'achat ou leur sécurité.
07:40 Je viens de donner deux exemples.
07:41 Je pense que oui,
07:42 ça c'est dramatique pour les Français.
07:43 Sébastien, il n'y a aucune,
07:45 quand je demandais ce que vous aviez fait,
07:47 il n'y a aucune crainte, aucune appréhension
07:48 à ce qu'un profil comme celui de Gabriel Attal
07:50 dans cette campagne des Européennes
07:51 reconnaissait, et je pense que vous
07:53 pourriez être d'accord avec ce que je dis,
07:55 que c'est un "chef de guerre"
07:57 peut-être plus habile que ne l'aurait été
07:59 Elisabeth Borne dans une campagne.
08:01 Et ce n'est pas lui faire...
08:03 Si vous prenez comme référentiel
08:04 Elisabeth Borne qui faisait un mélange
08:06 entre Jean-Marc Quiraud et Tchad Gpt,
08:09 c'est sûr que, évidemment,
08:10 ce n'est pas glorieux.
08:11 Donc ce n'est pas un "chef de guerre"
08:12 que vous craignez.
08:13 Gabriel Attal ne va pas aller lui-même
08:14 aux élections européennes d'ailleurs.
08:15 Vous savez comment ça se passe,
08:16 il est mieux que moi.
08:17 Il est là probablement pour masquer
08:18 la difficulté qu'a la Macronie
08:19 à trouver un chef de file.
08:20 Non, moi je pense qu'à la fin,
08:21 tout ça valide beaucoup
08:23 ce que nous proposons.
08:25 À vouloir essayer quelque part
08:27 de copier ou d'aller sur notre territoire,
08:29 eh bien, il valide le fait que, effectivement,
08:31 nous avons les bonnes analyses
08:32 et les bonnes solutions.
08:33 Je pense que celui qui a, au contraire,
08:34 intérêt à s'inquiéter,
08:36 c'est Raphaël Glucksmann,
08:37 car la Macronie a besoin de rattacher
08:39 une espèce de gauche, de centre-gauche,
08:41 et Gabriel Attal est là pour ramener
08:43 les électeurs de centre-gauche.
08:44 Je pense que c'est beaucoup plus ça.
08:45 Je ne suis pas sûr que Gabriel Attal
08:46 aille piquer une seule voix
08:48 à Jordan Bardet demain.
08:49 D'ailleurs, est-ce que c'est un homme de droite
08:50 ou un homme de gauche ?
08:51 Il est adoubé comme étant
08:52 un homme de droite venant de la gauche
08:53 et il séduit une sorte de gauche
08:55 que j'appellerais néo-chevènementiste
08:57 qui se retrouve en lui.
08:58 Raison pour laquelle,
08:59 c'est plutôt effectivement
09:00 cette gauche de Raphaël Glucksmann
09:02 qui a intérêt à s'inquiéter.
09:03 Pour être tête de liste PS.
09:05 Mais encore une fois,
09:06 ce sont les idées que nous portons
09:07 qui font la différence.
09:08 Il y a les idées, les réformes et l'action.
09:10 Vous êtes Sébastien Chenu,
09:12 vice-président de l'Assemblée nationale,
09:13 vous êtes député.
09:14 Est-ce que la méthode Attal,
09:16 on va la voir à l'œuvre là,
09:17 évidemment à Matignon,
09:18 pourrait être différente de celle
09:19 d'Elisabeth Borne qui cumule les 49.3
09:21 en matière d'élargissement de la majorité ?
09:24 C'est quand même ça l'essentiel
09:25 pour porter des réformes.
09:26 D'abord, je pense qu'avant d'élargir la majorité,
09:29 son boulot c'est de la consolider.
09:30 On a vu que l'aile gauche était partie
09:32 ou en tous les cas avait très envie de partir
09:34 au moment de la loi immigration.
09:35 Donc son boulot ça va être de consolider.
09:37 Et ensuite, effectivement, d'élargir.
09:40 Mais où peut-il élargir ?
09:41 Comment ?
09:42 Avec la politique qu'il compte mener.
09:44 Alors à moins qu'il y ait des grandes ruptures.
09:45 Il n'est pas sectaire du tout
09:46 avec les oppositions,
09:47 capable de parler à tous.
09:48 Vous-même vous l'avez reconnu.
09:49 Oui, mais ça ne suffit pas.
09:51 Il est capable de parler à tout le monde.
09:54 C'est très agréable dans une relation.
09:55 Mais ce n'est pas pour ça qu'on va valider
09:57 les mauvaises directions
09:58 dans lesquelles il peut emmener la France.
10:00 Si en tous les cas,
10:01 il est soumis au souhait d'Emmanuel Macron.
10:03 Et je ne vois pas Gabriel Attal
10:04 être en rupture avec la politique d'Emmanuel Macron.
10:07 Donc tout ça amènera à quelque chose de déceptif.
10:10 Vous prophétisez déjà son échec.
10:12 Aujourd'hui, c'est l'archange Gabriel.
10:15 Tout le monde le regarde avec bienveillance.
10:18 Il faut qu'il profite de ses heures.
10:20 Parce que moi, je crois qu'une fois
10:21 qu'il va entrer dans le dur.
10:22 Et Gabriel Attal nous a montré
10:24 qu'il n'était pas un homme de résultats.
10:26 J'en ai parlé il y a quelques secondes.
10:28 Il ouvre des dossiers.
10:29 Il ne les ferme pas.
10:30 Il ne les fait pas aboutir.
10:31 Vous y voyez une étoile filante
10:32 dans certains ministères.
10:33 Et puis avant le jugement dans le dur, il y part.
10:35 Et là, il va arriver effectivement dans le dur.
10:37 Les problématiques de pouvoir d'achat,
10:39 les problématiques de sécurité,
10:40 les problématiques d'immigration
10:42 ne pourront pas être masquées
10:43 par une loi sur la fin de vie.
10:44 J'allais vous poser l'exemple.
10:46 Quels sont les grands textes à venir ?
10:48 Effectivement, une loi sur la fin de vie
10:50 dont on imagine qu'elle ne va pas
10:51 entraîner des déchirements politiques.
10:53 Que reste-t-il ?
10:54 La réforme de l'AME,
10:55 l'Aide médicale et tech,
10:56 a été promise par Elisabeth Borne.
10:57 On va voir si Gabriel Attal aussi
10:59 est le continuateur de cette promesse.
11:01 Mais quel grand texte pour résigner son échec ?
11:04 Nous, nous demandons
11:05 à aller plus loin sur l'immigration.
11:06 Nous avons dit qu'il y avait eu un acte 1
11:08 qui était cette toute petite loi administrative
11:10 que nous avons votée sur l'immigration.
11:12 Mais maintenant, il va falloir aller plus loin.
11:14 Est-ce que Gabriel Attal va être capable
11:15 d'aller plus loin ?
11:16 L'AME, Elisabeth Borne, nous a dit
11:18 qu'elle ouvrirait le débat.
11:19 Nous demandons la suppression de l'AME
11:21 pour la remplacer par une aide d'urgence,
11:24 une aide médicale d'urgence.
11:25 Est-ce que Gabriel Attal va aller là-dessus ?
11:27 On verra.
11:28 Mais pour le reste,
11:29 Sabezasse semble bien vide.
11:31 En tous les cas,
11:32 Sabezasse va être remplie,
11:33 si je puis dire,
11:34 par les nominations de son équipe
11:36 dont on dit qu'elle est resserrée.
11:39 Gérald Darmanin,
11:40 selon les informations d'Europe 1,
11:41 resterait à sa place à Beauvau.
11:43 Est-ce que pour vous, Sébastien Chenu,
11:44 l'ensemble des musiciens,
11:46 des instrumentistes de l'orchestre gouvernemental
11:49 est important ?
11:50 Vous dites que la partition, au final,
11:52 ne changera pas.
11:53 Tout est important,
11:54 mais le casting est secondaire en réalité.
11:57 Ce qui est important,
11:58 c'est la ligne politique
11:59 que veut mener aujourd'hui le Premier ministre.
12:01 Récompenser Gérald Darmanin,
12:03 dont l'échec place Beauvau au ministère de l'Intérieur,
12:06 est pas tant,
12:07 et donne,
12:09 enfin, est une interrogation à mes yeux.
12:12 Ça reste un mystère.
12:13 Comment peut-on récompenser l'échec sur les OQTF,
12:15 sur la loi immigration si mal menée,
12:18 sur les expulsions qui n'aboutissent pas,
12:21 sur l'incapacité à réformer les accords de 68 avec l'Algérie ?
12:24 Là aussi, on va voir si Gabriel Attal
12:26 est capable d'aller sur ce terrain-là.
12:28 Donc récompenser ceux qui ratent
12:31 le maintien de Bruno Le Maire
12:33 serait évidemment un drôle de signal aussi envoyé.
12:35 Ce ministre de l'Economie et des Finances
12:37 qui nous dit
12:38 qu'on va avoir une cure d'austérité
12:39 de 12 milliards d'euros.
12:40 Là, vous dites qu'il faut enlever
12:41 les deux poids lourds du gouvernement.
12:43 Ça semble quand même difficile,
12:44 de votre point de vue.
12:45 Ils sont en échec.
12:46 Et quand Bruno Le Maire,
12:48 sept ans après son arrivée,
12:49 finit par dire
12:50 « Écoutez, c'est une cure d'austérité
12:52 de 12 milliards d'euros qui attend les Français »,
12:54 le moins qu'on puisse dire,
12:55 c'est que ce n'est pas glorieux.
12:56 C'est que ça ne marche pas très bien, cette affaire-là.
12:58 Donc pour le reste,
12:59 on verra quels sont les hommes et les femmes
13:00 qui seront aux commandes.
13:01 C'est assez secondaire, ces histoires de casting.
13:03 Moi, je crois que ce qui est prioritaire,
13:05 c'est ce que veut faire ce Premier ministre
13:07 qui a grosso modo les pieds poings liés
13:09 parce que la physionomie de l'Assemblée nationale,
13:11 elle, elle n'a pas changé.
13:12 En tout cas, ce sera Sébastien Chenu,
13:14 un Premier ministre,
13:15 qui va devoir surveiller de près le chaudron social aussi.
13:17 Et je voudrais évoquer ce sujet.
13:19 Je l'ai évoqué hier, ici même,
13:20 avec François-Xavier Bellamy.
13:22 La colère des agriculteurs monte partout en Europe
13:25 et aussi en France.
13:26 On voit vraiment des images impressionnantes en Allemagne.
13:28 Quand il y a une colère des agriculteurs,
13:29 elle est liée à des éléments intrinsèques,
13:32 mais pas seulement.
13:33 Fiscalité, normes, concurrence.
13:35 Nos agriculteurs sont souvent méprisés, délaissés.
13:38 Sur ce sujet,
13:39 est-ce que vous attendez quelque chose de particulier de ce gouvernement ?
13:41 Est-ce qu'il faut se saisir déjà, tout de suite,
13:43 et vous envoyer un signal d'alerte ?
13:44 Bien entendu, il y a quelque chose sur lequel
13:46 les gouvernants vont très peu.
13:48 C'est sur la capacité, notamment,
13:50 à regarder l'avenir pour les agriculteurs
13:51 et les transmissions d'entreprises, de GAEC,
13:54 aider, simplifier, épauler les agriculteurs à transmettre.
13:58 Je pense que là, il y a quelque chose à anticiper également.
14:01 Au-delà même de la fiscalité dans laquelle se noient les agriculteurs,
14:04 des concurrences déloyales que nous impose souvent l'Union européenne,
14:08 je pense qu'effectivement, c'est un dossier important,
14:10 prioritaire, auquel il faut prêter attention.
14:12 Sinon, demain, on ne pourra plus nourrir les Français.
14:14 Très rapidement, est-ce que, depuis hier,
14:16 la nomination de Gabriel Tal, c'est le premier jour de l'après-Macron ?
14:19 C'est, non, le premier jour de la continuité
14:22 du mandat catastrophique d'Emmanuel Macron.
14:24 Peut-être un conseil pour Gabriel Tal.
14:26 Comment peut-on passer par l'enfer de Matignon
14:28 sans être, entre guillemets, "cramé" ?
14:30 En changeant de politique.
14:32 La réalité, c'est en écoutant les Français
14:33 et en faisant une politique qui soit de bon sens
14:35 et qui ne soit pas déconnectée des réalités du terrain.
14:39 Mais je crois que, malheureusement,
14:40 quand on a les pieds et les poings liés,
14:41 comme il va les avoir, ce sera compliqué.
14:43 Quelle est la dernière discussion que vous avez eue avec Gabriel Tal ?
14:45 Je sais que vous le tutoyez, que vous avez du respect pour lui.
14:48 De quoi avez-vous parlé sans vouloir inventer des secrets ?
14:51 On a parlé de la difficulté, je crois, à gouverner.
14:55 Moi, je ne sous-estime pas le fait que ce soit difficile de gouverner.
15:00 Malheureusement, nous voyons, je crois, chacun la société différemment.
15:05 Nous voyons le monde, probablement, différemment.
15:07 Les solutions importées que nous voyons en sont très différentes,
15:10 très opposées même.
15:12 Mais je peux souhaiter bon courage pour mon pays,
15:15 à ce nombreux Premier ministre.
15:17 Malheureusement, comme 52% des Français,
15:19 je ne me fais pas beaucoup d'illusions.
15:20 Merci Sébastien Chenier.
15:21 C'était moi.
15:22 C'était votre grande interview ce matin.
15:23 A bientôt.
15:24 Merci Sonia Mabrouk.

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