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Enquête sur la montée de la violence d’extrême droite en Allemagne. Comment les extrémistes ont menés des actions terroristes et des attaques contre les juifs et les migrants et infiltré les services de sécurité. Quels sont les moyens des autorités pour lutter contre l'extrêmisme qui se propage en Europe ?

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00:00 Ce matin-là, je suis arrivé à la synagogue à 11 heures.
00:16 Ce n'était pas n'importe quel jour, c'était Yom Kippour.
00:24 Nous avions des visiteurs venus des États-Unis et aussi d'autres régions d'Allemagne.
00:34 Des amis de Berlin avaient fait le déplacement à Halle.
00:38 Ils voulaient voir comment on fait Yom Kippour dans une plus petite communauté.
00:42 J'étais curieuse et contente de les accueillir.
00:47 Nous étions plus de 50 dans la synagogue.
00:50 Elle était presque pleine.
00:54 On a commencé à lire la Torah.
00:57 Un ami était assis devant moi et je me souviens avoir entendu un grand coup.
01:07 C'est là que cette terrible affaire a commencé.
01:14 La Germanie est en choc après un attaque antisémite sur une synagogue au jour le plus saint du calendrier jéwis, Yom Kippour, le jour de l'automne.
01:23 Un homme a déclaré avoir vu quelqu'un en veste en combat militaire fatigué.
01:29 Le 9 octobre 2019, dans la petite ville allemande de Halle, un homme armé a tenté de s'en prendre à des fidèles dans une synagogue.
01:43 Tuez quelqu'un !
01:45 Au moins deux personnes ont été tuées dans un tir dans une synagogue dans la ville allemande de Halle.
01:52 Le tireur n'a pas réussi à enfoncer la porte qui était verrouillée.
01:59 Mais il a abattu deux personnes qui passaient par là.
02:03 Cette attaque a pris de court la police et les services de renseignement allemands.
02:11 Je crois que ça a été pour nous un coup de semence.
02:15 Le terrorisme d'extrême droite constitue la principale menace à l'heure actuelle en Allemagne.
02:24 Depuis ce drame, la communauté juive est en état de choc.
02:30 L'image que donne l'Allemagne à l'extérieur est qu'elle a su tirer les enseignements de la seconde guerre mondiale.
02:36 Elle prend soin de ses habitants dont la communauté juive fait partie.
02:41 Mais ce qui se passe en réalité, c'est que l'antisémitisme s'exprime au grand jour et apparemment tout le monde s'en fiche.
02:58 Au cours des cinq dernières années, l'Allemagne a connu une vague de violences contre les juifs, les musulmans, les migrants de toutes origines et des personnalités politiques d'extrême gauche.
03:09 Je m'intéresse de près au mouvement d'extrême droite en Europe depuis près d'une décennie.
03:17 J'enquête aujourd'hui sur les ressorts de cette vague de haine qui frappe l'Allemagne.
03:22 Et je me demande si les autorités font vraiment ce qu'il faut pour en venir à bout.
03:27 Après le coup d'attentat de la police, le procès commence contre les attentats.
03:32 Le FNB ne montre aucune honte. En réalité, il dénonce son plan de tuer de nombreuses personnes.
03:40 Le jugement est attendu en octobre.
03:42 Le tireur de la synagogue était un jeune homme de 27 ans, un certain Stéphane Baliet.
03:48 Il avait fait son service quelques années plus tôt dans l'armée allemande et vivait avec sa mère au moment de l'attaque.
03:55 Lors de son procès, le procureur a décrit son projet meurtrier comme l'acte d'antisémitisme le plus méprisable jamais survenu en Allemagne depuis la seconde guerre mondiale.
04:07 Le jury a eu accès à un document retrouvé par la police sur l'ordinateur de l'accusé.
04:20 Il croyait à un complot juif international, à cette idée que les juifs tirent les ficelles en coulisses et qu'ils contrôlent le monde pour mieux la servir.
04:30 Il s'est dit qu'attaquer des juifs un jour de fête religieuse serait symboliquement fort.
04:35 Il avait vraiment la volonté de tuer des gens.
04:37 Miro Ditrich est un spécialiste de l'extrémisme en ligne. Il a étudié de près la radicalisation de Stéphane Baliet.
04:44 Le tueur de Halle passait beaucoup de temps sur des réseaux d'extrême droite en ligne.
04:50 Il n'était pas tellement en lien physique avec des groupes militants. C'est vraiment sur ces espaces numériques qu'il s'est radicalisé.
04:56 Stéphane Baliet était très présent sur des forums où circulent toutes sortes d'idées d'extrême droite, de descriptions de tueries de masse,
05:06 avec des conseils sur la façon de les mettre en œuvre et des tutoriels sur la fabrication des armes.
05:11 On imagine souvent ces tueurs comme des loups solitaires, des personnes isolées.
05:17 Mais quand on va voir sur ces forums, on se rend compte qu'il y a en fait beaucoup de gens qui échangent des infos.
05:23 Ils se consultent sur les cibles à attaquer, sur les armes à employer, sur les meilleurs matériaux pour fabriquer des bombes.
05:30 C'est aussi pour cette raison que Baliet a communiqué sur son attaque en anglais. Parce qu'il s'agit en fait d'une communauté internationale.
05:42 Les vidéos de l'attaque postées par Stéphane Baliet ont fait plus de 2000 vues et suscité des commentaires enthousiastes.
06:08 Il s'agit en fait de communautés très larges. On a tendance à penser que ce mouvement est principalement américain.
06:15 Mais en fait ce discours est partagé dans le monde entier et les allemands ne sont pas en reste.
06:20 Dans un groupe qui ne compte que 80 personnes, au moins 5 sont des allemands.
06:25 Pour l'instant les services de sécurité en Allemagne ne s'intéressent pas tellement à ces gens-là.
06:33 Et c'est très grave. L'attentat de Halle n'a surpris personne. Et je constate que ces groupes sont toujours aussi actifs pour commanditer des attaques.
06:42 Les services de renseignement allemands n'ont pas voulu répondre à nos questions sur l'attentat de la synagogue.
06:52 Mais d'autres agents de la sécurité intérieure nous ont confié les difficultés qu'ils ont à identifier en amont des menaces comme celles incarnées par Stéphane Baliet.
07:03 On ne peut pas contrôler tout ce qui se passe sur Internet.
07:06 Bien sûr, on essaie d'infiltrer ces communautés pour identifier les menaces.
07:14 Mais c'est très difficile. On n'a pas vraiment d'outil miracle.
07:20 Stéphane Kramer est chef des services de renseignement de la Thuringe, l'état voisin de celui de Halle.
07:30 Il est également juif. Il n'a pas travaillé sur l'attaque de la synagogue, mais il reconnaît que les services de sécurité auraient pu mieux faire.
07:37 Pour rester diplomate, disons qu'on a appris dans la douleur qu'on n'avait pas surveillé les bonnes plateformes, les bons forums,
07:50 pour identifier les personnes susceptibles de prendre un virage radical et ensuite de passer à l'acte.
07:58 La police a été fortement critiquée.
08:00 On a dit que l'enquête et le procès avaient été une occasion ratée de faire toute la lumière sur les communautés en ligne au sein desquelles Stéphane Baliet s'est radicalisé.
08:10 J'étais présente au tribunal et je me souviens avoir entendu des policiers qui comparaissaient en tant que témoins.
08:21 Et il était clair qu'ils n'avaient absolument aucune idée de ce que pouvaient être les mouvements d'extrême droite sur Internet.
08:29 Ils n'y connaissaient rien. Les forums, les chats, tous ces outils et le vocabulaire qui va avec, ils n'y comprennent rien du tout.
08:37 Stéphane Baliet avait passé des centaines d'heures à jouer à des jeux violents en ligne.
08:45 Il est clairement issu d'une communauté de gamers. Bien sûr, je ne suis pas en train de dire que tous ces jeux font de vous des assassins.
08:52 Mais on a vu qu'il faisait partie d'un clan, d'un groupe de personnes qui jouent à un jeu en particulier.
08:59 Et la police n'a pas suivi ce fil. Qui sont ces gens avec qui il jouait ? Est-ce qu'ils l'ont encouragé à passer à l'acte ? On ne sait rien d'eux.
09:09 La policière qui a témoigné a bien été obligée d'admettre qu'elle ne connaissait rien à ce monde du jeu vidéo.
09:15 Côté police fédérale, personne n'a voulu nous parler. Mais ils ont défendu leur enquête qui, selon eux, était suffisamment approfondie.
09:26 À Haleu, la communauté juive redoutait une attaque depuis des années.
09:31 C'était vraiment terrible. C'était la panique dans la synagogue.
09:39 Max Privorowski est le chef de cette communauté.
09:42 Trois ans plus tôt, c'est lui qui a fait placer une porte blindée et une caméra de télésurveillance,
09:47 après que le commissariat a refusé d'envoyer des agents pour surveiller une manifestation religieuse.
09:52 À plusieurs reprises, la police lui a signifié que le risque pour la sécurité était négligeable.
09:58 Ils m'ont expliqué qu'il n'était pas nécessaire d'assurer une présence policière aux abords de la synagogue.
10:08 La police de Haleu a déclaré que ce jour-là, une patrouille de routine était prévue. Mais un peu plus tard dans la journée.
10:16 À votre avis, s'il avait réussi à tirer à travers la porte, qu'est-ce qui se serait passé ?
10:22 Je ne sais pas combien de personnes seraient mortes. Deux, vingt, je ne sais pas.
10:32 Stéphane Baliet a été condamné à la prison à perpétuité. Mais pour beaucoup de membres de la communauté juive, la peur persiste.
10:40 Je ne me sens pas du tout en sécurité en Allemagne.
10:45 Parmi mes amis ou d'autres militants juifs, je ne connais pas une seule personne qui se sente bien.
10:52 Tout le monde va mal.
10:56 Peu de temps après l'attaque, Christina est partie s'installer à Paris.
10:59 Ce qui me rend folle, vraiment, ce sont les réactions de certains hommes politiques et de tous ces gens en Allemagne qui se disent surpris.
11:11 Ils sont sincèrement surpris quand on leur dit que l'antisémitisme refait surface, que des juifs sont attaqués, qu'on a peur, qu'on est en colère.
11:22 Qu'on ne sait plus quoi faire parce que personne ne veut nous entendre, personne ne veut nous voir.
11:27 Depuis plus d'un demi-siècle, la société allemande s'était forcée d'affronter son passé nazi.
11:51 C'est dans cet état d'esprit que la chancelière Angela Merkel a accueilli plus d'un million de réfugiés dans le pays depuis 2015.
12:01 La vie de la France est un pays de chance et d'ordre. Et ce n'était pas toujours le cas.
12:12 Mais cet afflux massif a eu des conséquences qui n'étaient pas prévues.
12:18 AfD, nein zur Moschee !
12:22 Des partis d'extrême droite, comme Alternative für Deutschland, AfD, ont rallié des millions de soutiens en jouant sur la peur de l'immigration de masse.
12:32 Et l'Allemagne a été frappée par une nouvelle vague de violences néo-nazis.
12:40 -Pour la France, nous sommes les Allemands !
12:42 -Ce qui est croyé être la première assassinat de droite de l'Allemagne depuis la Seconde Guerre mondiale.
12:48 Ces violences ont culminé à l'été 2019 avec l'assassinat d'un homme politique pro-migrant, Walter Lübcke.
12:56 -Il y a un souci sur la taille, la forme et le scope de l'extrémisme dans le pays.
13:08 -Ces dernières années, il y a eu d'énormes évolutions au niveau de l'extrême droite.
13:13 On a constaté une augmentation significative d'actes violents, avec de plus en plus de crimes perpétrés, avec des armes à feu et des explosifs.
13:23 Martina Renner siège à la tête d'une commission parlementaire sur les mouvements extrémistes et sur la réponse apportée par l'État.
13:34 -Les affaires de ces violences ont changé. Il y a parmi eux de plus en plus de personnes qui travaillent dans des services de sécurité publique, des soldats et des policiers actifs ou à la retraite.
13:45 Et ils sont rejoints aujourd'hui par des artisans, des agents d'assurance, des élus locaux et des avocats qui passent totalement inaperçus au quotidien.
13:58 -On estime à 35 000 le nombre d'extrémistes de droite à travers le pays, dont 13 000 à 14 000 sont considérés comme agressifs et violents.
14:08 Mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. On en voit qu'une toute petite partie, le reste est invisible.
14:22 Ces cinq dernières années, certaines institutions allemandes ont pris des mesures pour contrer cette menace grandissante.
14:28 -Mon Dieu, je n'avais pas vu. C'est un four ? -Oui, un four crématoire d'Auschwitz.
14:33 -Et Hitler qui s'apprête à enfourner la tête de la chancelière.
14:36 Christophe Hebecker est un magistrat fédéral. Il a créé la première unité spécialisée dans les crimes de haine en ligne.
14:46 -Là, c'est clairement des trucs néonazis. Et le texte dit "On va tous vous faire griller vivant, sales juifs".
14:55 -On voit des gens normaux qui n'ont pas l'air d'avoir de problème dans l'existence, qui mènent des vies tranquilles et qui postent des messages d'une violence extrême.
15:06 -C'est vraiment très inquiétant.
15:10 -Il y a quelques années, quand j'ai commencé à travailler sur les crimes de haine en ligne, je ne pensais pas que le problème avait atteint de telles proportions.
15:19 -J'ai été très surpris.
15:22 -On a affaire à la propagande nazi classique, mais aussi à des théories complotistes, qui utilisent un vernis pseudo-scientifique pour nier la Shoah.
15:36 Consciente de son passé, l'Allemagne possède tout un appareil législatif sur l'antisémitisme et les discours de haine.
15:43 Ainsi, la loi interdit de poster des contenus nazis ou de nier l'existence de la Shoah.
15:49 Ces deux crimes sont punis d'amende ou de peine de prison.
15:52 Mais pour Christophe Hebecker, il est toujours très difficile de monter des dossiers à charge alors que la haine s'exprime au grand jour sur les réseaux sociaux.
16:02 -On constate que certains groupes d'extrême droite sont en fait très importants. Ils peuvent compter plusieurs dizaines de milliers de personnes.
16:09 Et ça ne fait qu'empirer. On va avoir encore plus de mal à faire face. Honnêtement, je ne sais pas comment on va s'y prendre.
16:19 -Comment est-ce que vous voyez l'avenir ? Si on n'arrive pas à contrôler ces mouvements et à les juger, qu'est-ce qui va se passer dans la vie réelle ?
16:27 -Ça ne s'arrêtera pas au discours. Régulièrement, les mots se traduisent en actes. Et ces actes ne cessent d'augmenter. Ça ne s'arrêtera pas aux mots.
16:35 Quelques semaines après mon arrivée en Allemagne, un nouveau procès du terrorisme d'extrême droite se tient à Stuttgart.
16:53 -Ils ont planifié des attaques sur les mosquées et des attaques de morts sur les politiciens Robert Habeck et Anton Hofreiter.
17:00 -Onze hommes sont jugés d'avoir fait partie d'une organisation terroriste.
17:06 -La justice propose d'avoir planifié un coup d'état politique. Le but était de faire en sorte que les gens ne soient pas en danger.
17:16 La justice a établi que ce groupe avait stocké des armes, couteaux, haches et armes à feu, dans le but d'attaquer des mosquées et de tuer des musulmans.
17:25 Ils répondaient au nom de groupe S.
17:29 -Dans un premier temps, le groupe S prévoyait des attentats contre des mosquées dans des petites villes d'Allemagne.
17:38 -Et dans un deuxième temps, ils avaient pour projet d'abattre des hommes et des femmes politiques connus.
17:45 -Et pour finir, d'attaquer le Bundestag, c'est-à-dire le Parlement national.
17:51 -J'ai eu accès aux dossiers et j'ai pu voir comment ils communiquaient entre eux.
18:00 -Il y a vraiment quelque chose de religieux là-dedans.
18:06 -Je suis prête à donner ma vie.
18:12 -Je n'avais encore jamais rencontré chez les néo-nazis ce genre de formule.
18:17 -À l'évidence, ils sont complètement fanatisés.
18:23 Il semble que les membres du groupe S se soient servis de Facebook, Telegram et Whatsapp pour recruter et s'organiser.
18:40 Je me rends dans la ville de Jena, à l'est de l'Allemagne, pour rencontrer une femme qui enquête sur ses réseaux.
18:45 -Bonjour, Katharina ?
18:47 -Evan, enchanté.
18:49 Katharina König-Preuss est députée au Parlement de l'État de Thuringe et militante antifasciste renommée.
18:56 Depuis des années, elle infiltre et surveille des groupes d'extrême droite sur des réseaux sociaux, tels que ceux utilisés par le groupe S.
19:09 -Dites-moi ce que vous voyez.
19:11 -Les Noirs, je vais en faire du Brenol.
19:15 -Les Noirs, je vais en faire du bois de chauffage.
19:18 -C'est ça, du bois de chauffage, à côté d'Hitler.
19:20 -Avec un portrait d'Hitler.
19:22 -Oui.
19:24 -Le Klu Klux Klan, à Hitler ?
19:26 -Anne Frank, grillée à poing.
19:30 -Tout droit sorti du four, sur une photo d'Anne Frank.
19:34 -Oui.
19:38 -Et vous pensez qu'il y a des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes qui partagent ces images ?
19:43 -Oui.
19:45 -Ça a commencé sur Facebook, et maintenant la plupart des groupes sont sur Telegram et WhatsApp.
19:51 -Ils sont entre 250 et 300, mais...
19:54 -300 groupes ?
19:56 -Oui, et il y en a que je dois regarder 10 fois par jour parce qu'ils ont beaucoup de membres.
20:00 -De quoi on parle dans ces groupes ?
20:04 -Il y en a où on ne parle que des moyens de rendre l'Allemagne pure et blanche.
20:08 -Je dirais que dans une vingtaine de ces groupes, on commente les attaques terroristes qui ont eu lieu en Allemagne, comme à Halle, et aussi l'assassinat de M. Lübcke.
20:21 -Ils disent que c'est bien ?
20:23 -Ils discutent de savoir si c'est bien ou pas.
20:25 -Oui, surtout à Halle.
20:27 -La synagogue.
20:30 -Quand l'attaque a eu lieu, ils se sont surtout demandé pourquoi le tueur n'avait pas fait plus de victimes.
20:36 -Certains disaient "Moi, à sa place, j'en aurais tué bien plus, des centaines."
20:41 -Ils approuvent cet acte, et en cela, ils envoient un signal aux membres du groupe "C'est bon, vous pouvez y aller."
20:55 Katharina publie tout ce qu'elle trouve, ce qui fait d'elle une cible pour l'extrême droite.
21:00 -J'ai reçu un certain nombre de menaces ces dernières années.
21:06 -Des lettres qui m'annoncent que je vais être assassinée, et quand.
21:11 -Des mails où on m'explique comment on va me torturer, et ce qui va m'arriver.
21:24 Il y a deux ans, ces menaces se sont intensifiées.
21:27 Un groupe clandestin d'extrême droite a sorti une chanson qui incitait à aller la tuer.
21:32 -Jamais je n'aurais imaginé avoir autant peur que le jour où j'ai entendu cette chanson.
21:53 -D'une certaine façon, je suis devenue un symbole de la scène antifasciste.
21:58 -Ce n'est pas seulement la personne Katharina König-Preuss qu'ils veulent éliminer, ça va bien au-delà.
22:06 -Comment est-ce que vous vivez ça ?
22:21 -J'ai arrêté de faire confiance aux gens juste parce qu'ils avaient une bonne tête.
22:25 -Quand quelqu'un me regarde dans la rue, je me dis "c'est qui lui ? Je le connais ? Et cette voiture ?"
22:34 -Je me méfie de tout.
22:39 -Ça rend parano.
22:42 -Est-ce qu'il vous arrive de solliciter la protection de la police ?
22:47 -Non, je ne veux pas.
22:49 -Pourquoi ?
22:51 -J'ai très peu confiance dans la police.
22:56 -Ça peut paraître idiot, mais j'en ai plutôt peur.
23:00 Katharina s'explique.
23:07 Ses craintes se fondent sur une série de scandales qui ont agité l'Allemagne ces dernières années,
23:12 et qui ont apporté la preuve que l'extrême droite avait infiltré les rangs de la police et de l'armée.
23:19 Le journaliste d'investigation Dirk Laabs a procuré un disque dur contenant des milliers de photos, de cartes et de plans.
23:25 -Certains sont carrément des militaires professionnels.
23:28 Ces photos montrent des hommes en uniforme, en pleine manœuvre militaire.
23:36 -C'est quoi ces tenues ?
23:38 -Des tenues de camouflage.
23:39 -C'est un uniforme ?
23:41 -Oui, c'est un uniforme.
23:43 -C'est un uniforme ?
23:45 -Oui.
23:47 -C'est des tenues de camouflage.
23:48 -Ou en train d'escalader des ponts.
23:50 -C'est un entraînement pour s'emparer d'un pont ?
23:54 -Dans les ponts construits après la seconde guerre mondiale, il y a des espaces qui servent à stocker des explosifs.
24:03 L'idée étant que quand les Russes arriveront, on n'aura qu'à les faire sauter. C'est ce qu'on voit ici.
24:08 -Ces hommes ne sont pas des amateurs.
24:14 Ces hommes étaient membres d'un groupe secret constitué de militaires, de policiers et de civils.
24:19 Baptisé Nordkreuz, la Croix du Nord, il était dirigé par un ancien parachutiste et tireur d'élite du nom de Marco Gross.
24:27 En 2015, ce groupe a commencé à se mobiliser pour un projet de grande ampleur.
24:33 -On constate qu'ils se mettent en mouvement.
24:39 Ils commencent par mettre au point leur système de communication numérique, leur groupe Telegram.
24:44 Ils cherchent aussi des caches sûres pour se retrouver le jour J, pour stocker des armes et des munitions pour affronter d'autres groupes.
24:51 Bref, c'est la préparation d'une opération militaire.
24:54 Nordkreuz est né d'un forum destiné à soutenir d'anciens soldats.
25:02 Un certain nombre d'entre eux se sont rencontrés au cours de formations de l'armée ou de la police, dans un club de tir du nord de l'Allemagne.
25:09 Mais avec l'afflux massif de réfugiés à partir de 2015, Nordkreuz a pris une autre direction.
25:17 Dirk Laps a eu accès à des conversations privées entre des membres de ce groupe.
25:23 -On voit bien que ces hommes sont des néonazis radicaux, très racistes.
25:30 Ils ont fait circuler un mème où on voyait un soldat de la seconde guerre mondiale en train de tuer des otages,
25:35 ce qui impliquait qu'il fallait faire la même chose aux migrants.
25:38 La plupart des messages concernaient la préparation d'un événement appelé Tag X ou Jour J,
25:44 un jour à venir prévoyant l'effondrement de l'Etat et la prise du pouvoir par l'extrême droite.
25:49 -C'est une sorte de feuille de route qui circulait pour le jour J.
25:57 Il était destiné aux combattants pour qu'ils sachent où se retrouver.
26:00 Avec des instructions d'ordre militaire très détaillées, les lieux de rencontres, les codes secrets,
26:05 les canaux de communication à utiliser, les signes à arborer, comment passer un barrage routier.
26:10 J'ai parlé à d'autres témoins qui m'ont raconté qu'ils avaient des réunions
26:14 où il était question de prendre la main sur des unités militaires en Allemagne ce jour-là.
26:23 Ce n'est qu'en 2017 que la police antiterroriste allemande découvre l'existence de Nordkreuz,
26:28 en interrogeant un réserviste de l'armée dans le cadre d'une autre affaire.
26:32 A la suite de ça, la police a perquisitionné le domicile de plusieurs membres de ce groupe
26:39 et trouvé des dizaines de milliers de cartouches, des insignes nazis et des listes de cibles.
26:48 La police et les services de renseignement ont constaté qu'ils s'étaient procurés
26:53 un grand nombre d'armes et de munitions issues des stocks de la police,
26:57 qu'ils avaient dressé des listes de cibles pour des attentats
27:02 et parfois commencé à faire des repérages
27:06 et qu'ils avaient déjà suivi des entraînements de tir ou de combat urbain.
27:14 Oui, c'est une organisation terroriste tout à fait typique.
27:18 Marco Gross, chef présumé du groupe, est arrêté chez lui avec un véritable arsenal
27:25 dont la majeure partie a été volée à la police et à l'armée.
27:29 Ils ont trouvé plusieurs dizaines de milliers de cartouches mais aussi des armes,
27:35 un pistolet mitrailleur usi, des grenades assourdissantes, ce genre de choses.
27:39 Gross était prêt à partir en guerre, c'est sûr.
27:43 Mais la justice fédérale ne l'a pas poursuivi pour fait de terrorisme.
27:46 Il n'a été reconnu coupable que de possession illégale d'armes.
27:52 Il a simplement été suspendu pendant 21 mois et il est sorti du tribunal libre,
27:57 accueilli par ses partisans.
28:00 Dirk Laabs a demandé au procureur pourquoi le chef d'accusation de terrorisme
28:07 n'avait pas été retenu.
28:11 C'est la question à un million de dollars.
28:14 Quand on demande aux procureurs qui ont traité l'affaire,
28:17 ils répondent "pas assez de preuves".
28:20 Mais j'ai parlé à certains de leurs collègues ailleurs et ils ne comprennent pas non plus.
28:24 Vous avez un type qui cherche des cashs, qui formule des idées très radicales dans ses chats,
28:30 qui vole des armes à la police et vous ne l'inculpez pas pour terrorisme ?
28:34 Soyons clairs, si un islamiste radical veut faire des choses,
28:39 si un islamiste radical faisait la même chose, il irait en prison, non ?
28:42 Ça va de soi.
28:44 Stéphane Kramer, chef des services de renseignement en Thuringe,
28:48 nous a dit que les tribunaux n'avaient pas pris assez au sérieux l'affaire Nordkreuz et d'autres du même type.
28:54 Je sais que ce n'est pas toujours bien vu de critiquer les collègues.
29:01 Mais le fait est que si nous, agence de renseignement,
29:07 nous tirons la sonnette d'alarme,
29:09 que la police prend des mesures exécutoires pour éliminer ces menaces,
29:14 mais qu'une troisième instance, en l'occurrence le système judiciaire,
29:21 fait tout pour les minimiser et refuse même de les voir,
29:26 s'il refuse de prendre les mesures nécessaires pour marquer un coup d'arrêt,
29:31 alors notre travail ne sert à rien.
29:36 Ici Vanessa Glysir, bonjour monsieur Grosse.
29:39 Nous avons essayé d'obtenir un entretien avec Marco Grosse.
29:43 Ce serait l'occasion pour vous de nous expliquer ce qu'est Nordkreuz.
29:47 Mais il a refusé.
29:49 A des journalistes allemands, il a répondu que son groupe s'entraînait simplement
29:54 dans l'éventualité d'un effondrement de l'ordre public.
29:58 Mais selon certains, il n'y avait pas de problème.
30:04 Mais selon certains témoignages, quelque chose de beaucoup plus grave se tramait.
30:08 Un des membres du groupe a dit à la police qu'ils envisageaient des assassinats.
30:13 Si l'on en croit au moins un témoignage,
30:22 certains individus au sein de ce groupe pensaient que ce moment d'effondrement de l'ordre public
30:28 serait l'occasion de se débarrasser d'ennemis politiques.
30:33 Catherine Benhold est cheffe du bureau berlinois du New York Times.
30:36 Elle a enquêté sur cette affaire et eu accès au témoignage.
30:40 Il y a eu une réunion décisive avec Marco, le tireur d'élite de la police,
30:46 quelques réservistes, un autre officier de police et un avocat
30:52 qui se sont retrouvés dans un relais routier un soir après le travail.
30:57 La conversation a rapidement porté sur le jour J.
31:02 Et d'après ce témoin, l'avocat et l'autre officier de police
31:07 posaient des questions aux réservistes qui pouvaient avoir accès à du matériel militaire.
31:12 Est-ce que vous pourriez fournir des camions pour le jour J ?
31:19 Pour transporter nos ennemis politiques ?
31:22 En l'occurrence, des gens dont les noms figuraient dans deux gros dossiers
31:26 que l'avocat stockait dans son garage.
31:28 Ce témoin les a vus de ses yeux.
31:31 Ces gens devaient être rassemblés, transportés et tués.
31:34 Le projet était clairement de les assassiner.
31:37 Sur la base de ces témoignages, la justice fédérale a ouvert une enquête
31:45 pour actes de terrorisme contre l'avocat et l'un des officiers de police.
31:49 Marco Gross n'est que témoin.
31:58 Depuis l'affaire Nordkreuz, l'Allemagne a été prise dans un tourbillon de révélations
32:02 sur les liens qui existent entre l'extrême droite et l'armée.
32:06 En mai 2020, suite à une dénonciation,
32:11 les policiers ont perquisitionné le domicile de Philippe Schaaf,
32:14 membre médaillé du KSK, les forces spéciales.
32:18 Ils y ont trouvé du matériel néo-nazi,
32:25 ainsi que des milliers de cartouches militaires
32:28 et plus de 2 kilos d'explosifs enterrés dans son jardin.
32:31 C'est un homme très à droite, c'est bien connu.
32:38 Par conséquent, si un soldat comme lui, avec sa formation militaire,
32:44 détient une telle quantité de munitions et 2 kilos d'explosifs appartenant à l'armée,
32:50 ça devrait éveiller des soupçons.
32:54 William Bauer est un journaliste spécialisé dans les affaires militaires
32:57 pour l'hebdomadaire Der Spiegel.
33:00 On imagine que s'il a enterré tout ça,
33:03 d'après les tchats des groupes auxquels on a eu accès,
33:06 c'est pour les cacher, disons, au cas où il se passerait quelque chose,
33:12 si on a besoin de contrôler la rue.
33:15 Bref, la menace est très grande.
33:23 Ses supérieurs dans l'armée ont défilé au procès en tant que témoins
33:27 pour dire à quel point cet homme était un soldat modèle.
33:30 C'est l'un des meilleurs d'entre nous, disait-il.
33:33 Et ça, c'est très choquant,
33:36 surtout lorsque l'on sait que ces témoins savaient ce qu'il a fait.
33:40 En tout cas, moi, ça me fait froid dans le dos.
33:43 Tout comme Marco Gross, Schaaf a échappé à l'accusation de terrorisme.
33:50 Il a été jugé coupable de détention illégale d'armes
33:53 et est condamné à deux ans avec sursis.
33:56 Il a aussi dû démissionner de l'armée.
33:59 Son avocat a récusé tout lien entre ce vol de munitions et un quelconque extrémisme.
34:07 Mon client a enterré des armes à titre privé, ce qu'il n'était pas censé faire,
34:13 mais c'est quelque chose qu'il est amené à faire au quotidien du fait de son métier.
34:17 Ça ne va pas plus loin.
34:19 Il a été accusé de terrorisme,
34:21 et il a été dénoncé par la police.
34:24 Il a été accusé de terrorisme,
34:27 et il a été dénoncé par la police.
34:30 Il a été accusé de terrorisme,
34:33 et il a été dénoncé par la police.
34:36 Il a été accusé de terrorisme,
34:39 et il a été dénoncé par la police.
34:42 Il a été accusé de terrorisme,
34:45 et il a été dénoncé par la police.
34:48 Il a été accusé de terrorisme,
34:50 et il a été dénoncé par la police.
34:53 Il a été accusé de terrorisme,
34:56 et il a été dénoncé par la police.
34:59 Il a été accusé de terrorisme,
35:02 et il a été dénoncé par la police.
35:05 Il a été accusé de terrorisme,
35:08 et il a été dénoncé par la police.
35:11 Il a été accusé de terrorisme,
35:14 et il a été dénoncé par la police.
35:17 Il a été accusé de terrorisme,
35:19 et il a été dénoncé par la police.
35:22 Il a été accusé de terrorisme,
35:25 et il a été dénoncé par la police.
35:28 Il a été accusé de terrorisme,
35:31 et il a été dénoncé par la police.
35:34 Il a été accusé de terrorisme,
35:37 et il a été dénoncé par la police.
35:40 Il a été accusé de terrorisme,
35:43 et il a été dénoncé par la police.
35:46 Il a été accusé de terrorisme,
35:48 et il a été dénoncé par la police.
35:51 Il a été accusé de terrorisme,
35:54 et il a été dénoncé par la police.
35:57 Il a été accusé de terrorisme,
36:00 et il a été dénoncé par la police.
36:03 Il a été accusé de terrorisme,
36:06 et il a été dénoncé par la police.
36:09 Il a été accusé de terrorisme,
36:12 et il a été dénoncé par la police.
36:15 Il a été accusé de terrorisme,
36:17 et il a été dénoncé par la police.
36:20 Il a été accusé de terrorisme,
36:23 et il a été dénoncé par la police.
36:26 Il a été accusé de terrorisme,
36:29 et il a été dénoncé par la police.
36:32 Il a été accusé de terrorisme,
36:35 et il a été dénoncé par la police.
36:38 Il a été accusé de terrorisme,
36:41 et il a été dénoncé par la police.
36:44 Il a été accusé de terrorisme,
36:46 et il a été dénoncé par la police.
36:49 Il a été accusé de terrorisme,
36:52 et il a été dénoncé par la police.
36:55 Il a été accusé de terrorisme,
36:58 et il a été dénoncé par la police.
37:01 Il a été accusé de terrorisme,
37:04 et il a été dénoncé par la police.
37:07 Il a été accusé de terrorisme,
37:10 et il a été dénoncé par la police.
37:13 Il a été accusé de terrorisme,
37:15 et il a été dénoncé par la police.
37:18 Il a été accusé de terrorisme,
37:21 et il a été dénoncé par la police.
37:24 Il a été accusé de terrorisme,
37:27 et il a été dénoncé par la police.
37:30 Il a été accusé de terrorisme,
37:33 et il a été dénoncé par la police.
37:36 Il a été accusé de terrorisme,
37:39 et il a été dénoncé par la police.
37:42 Il a été accusé de terrorisme,
37:44 et il a été dénoncé par la police.
37:47 Il a été accusé de terrorisme,
37:50 et il a été dénoncé par la police.
37:53 Il a été accusé de terrorisme,
37:56 et il a été dénoncé par la police.
37:59 Il a été accusé de terrorisme,
38:02 et il a été dénoncé par la police.
38:05 Il a été accusé de terrorisme,
38:08 et il a été dénoncé par la police.
38:11 Il a été accusé de terrorisme,
38:13 et il a été dénoncé par la police.
38:16 Il a été accusé de terrorisme,
38:19 et il a été dénoncé par la police.
38:22 Il a été accusé de terrorisme,
38:25 et il a été dénoncé par la police.
38:28 Il a été accusé de terrorisme,
38:31 et il a été dénoncé par la police.
38:34 Il a été accusé de terrorisme,
38:37 et il a été dénoncé par la police.
38:40 Le journal citait le nom du ministre des Affaires étrangères,
38:43 Aiko Maas, et Daneta Kahn,
38:46 responsable juive d'un groupe de défense antiraciste.
38:49 Avec un plan du parking utilisé par cette femme,
38:52 et des photos de plaques minéralogiques.
38:55 Albrecht appelait des non-coupables,
38:58 affirmant qu'il avait trouvé l'arme dans un parc.
39:01 Cette accusation est une farce.
39:06 Elle repose sur des motifs politiques.
39:09 Merci.
39:11 Est-ce qu'on peut parler une minute ?
39:14 Albrecht m'a dit qu'il n'avait rien à voir avec Nordkreuz,
39:17 et il a nié que Jorji soit un projet d'attaque terroriste.
39:20 Si j'ai bien compris, certains messages
39:23 semblent vous relier à Nordkreuz.
39:26 Non !
39:28 Vous niez ces faits ?
39:31 Ils ont essayé de trouver une explication
39:34 à des choses qu'ils ne comprennent pas,
39:38 et dans vos échanges de messages,
39:40 il était question de Jorji.
39:43 Jorji, et alors ? On dit le Jorji pour dire un jour spécial, c'est tout.
39:46 Donc à votre avis, c'est quoi le Jorji ?
39:49 D'après ce que j'ai compris,
39:52 d'ailleurs, on n'a jamais parlé de Jorji
39:55 comme de quelque chose d'extraordinaire.
39:58 Je pense...
40:03 D'abord, je ne me souviens pas avoir entendu
40:07 employer ce mot.
40:09 C'est la presse qui a commencé à en parler.
40:12 Mais c'est une expression, c'est tout.
40:15 C'est comme pour dire demain il y a un examen de sport à l'école.
40:18 On dit demain, c'est le Jorji.
40:21 Ça ne veut pas forcément dire le jour où l'État va s'effondrer ?
40:24 Non, non, non.
40:27 Mais Albrecht a bien voulu reconnaître
40:30 qu'il connaissait l'homme à l'origine du réseau national
40:33 de groupes d'extrême droite incluant Nordkreuz,
40:36 qui est le président de la République.
40:38 J'ai parlé avec des gens qui m'ont dit que Franco Albrecht
40:41 était présent lors de rencontres avec Hannibal,
40:44 et même chez Hannibal, à deux ou trois reprises,
40:47 et qu'il y avait été question d'armes et de prendre d'assaut
40:50 des garnisons militaires le Jorji.
40:53 Franco Albrecht était là.
40:56 Et après ces réunions, il a l'idée, tout seul
40:59 ou inspiré par les autres, de se déclarer en tant que réfugié.
41:02 Là, il nous raconte qu'il voulait juste attirer l'attention
41:05 que le système d'accueil en Allemagne ne fonctionnait pas,
41:07 qu'on acceptait trop de réfugiés.
41:10 Mais en réalité, de quoi parlait-il pendant ces réunions ?
41:13 Si on en croit les communications de Hannibal,
41:16 la vraie question, c'est plutôt, est-ce qu'on attend que le Jorji arrive,
41:19 ou est-ce qu'on le déclenche ?
41:22 À ce jour, quelques 800 soldats de l'armée allemande,
41:27 dont certains appartenant au réseau de Hannibal,
41:30 font l'objet d'enquêtes pour radicalisation d'extrême droite.
41:34 J'ai bien peur, et là encore, je vais vous ressortir mon image de l'iceberg,
41:36 qu'on n'ait découvert qu'une partie du problème.
41:39 Je n'ai pas peur que la majorité des membres de l'armée,
41:42 hommes et femmes, fassent partie de ces réseaux.
41:45 C'est loin d'être le cas.
41:48 Mais il y en a un bon nombre dont on ferait bien de s'inquiéter.
41:51 Il faut les identifier très vite.
41:54 Et c'est ce qu'on fait.
41:57 On a un système de réunions,
42:00 et on a un système de réunions qui est très important.
42:03 On doit identifier très vite et découvrir quels sont leurs objectifs.
42:05 Et si on n'arrive pas à identifier ces personnes
42:11 qui représentent une menace,
42:14 on n'échappera pas à un autre coup de semence.
42:17 Et il sera sans doute encore plus meurtrier
42:21 que ceux qu'on a déjà eus.
42:25 Les gens que nous avons déjà eus.
42:27 Le 21 juin, le président de la République a annoncé
42:29 qu'il allait annoncer un nouveau accord d'amendement
42:32 pour les droits des personnes âgées.
42:35 Le président de la République a annoncé un nouveau accord
42:38 pour les droits des personnes âgées.
42:41 Le président de la République a annoncé un nouveau accord
42:44 pour les droits des personnes âgées.
42:47 Le président de la République a annoncé un nouveau accord
42:50 pour les droits des personnes âgées.
42:53 Le président de la République a annoncé un nouveau accord
42:56 pour les droits des personnes âgées.
42:58 Le président de la République a annoncé un nouveau accord
43:01 pour les droits des personnes âgées.
43:04 Le président de la République a annoncé un nouveau accord
43:07 pour les droits des personnes âgées.
43:10 Le président de la République a annoncé un nouveau accord
43:13 pour les droits des personnes âgées.
43:16 Le président de la République a annoncé un nouveau accord
43:19 pour les droits des personnes âgées.
43:22 Le président de la République a annoncé un nouveau accord
43:25 pour les droits des personnes âgées.
43:27 En février 2020, quatre mois après l'attentat
43:30 contre la synagogue de Haleu, une autre tragédie a lieu
43:33 dans la ville de Hanau.
43:53 La première victime de l'attentat se trouvait à l'intérieur de ce bar.
43:55 Ensuite, le meurtrier est ressorti et il a tué une deuxième personne dans la rue.
43:59 Puis, il va au bar Achicha, il ouvre la porte
44:03 et il en tue une troisième.
44:06 Et il retourne à sa voiture.
44:09 Après ça, il va à l'Arena Bar et là, il tue trois personnes.
44:13 Le fils d'Armin Kurtovitch, Hamza, se trouvait dans ce bar.
44:21 Il savait que c'était des gens issus de l'immigration
44:23 qui fréquentaient ces lieux.
44:26 Alors, il entre dans le bar et il exécute deux personnes.
44:31 Saïd Nessar Hachemi et mon fils.
44:34 Mon fils a reçu une balle dans le bras
44:37 et une dans la tête, à ce niveau.
44:40 Neuf personnes ont été abattues.
44:45 Le meurtrier est mort.
44:49 Les deux meurtriers sont tous issus.
44:51 Toutes d'origine étrangère.
44:54 Sur les neuf, il y avait six musulmans.
44:57 Le meurtrier est rentré chez lui
45:02 et il a tué sa mère, puis s'est donné la mort.
45:05 Dans les semaines qui ont précédé la tuerie,
45:14 Tobias Rathjen a posté cette vidéo
45:18 qui est plus absurde.
45:20 Ainsi que ce manifeste dans lequel il se déchaîne
45:24 contre les migrants et dit que les musulmans
45:27 devraient être éradiqués d'Allemagne.
45:30 Qu'est-ce que le meurtrier aurait pu faire de plus pour qu'on le voit ?
45:37 Il avait un site internet.
45:40 Son manifeste est resté en ligne pendant deux semaines.
45:43 La vidéo de sa confession pendant une semaine.
45:47 On ne peut pas dire qu'on ne savait rien sur lui.
45:49 Il a dit qui il était.
45:52 Il a crié "empêchez-moi de faire ça".
45:55 Il n'a jamais caché son racisme.
45:59 Jamais.
46:02 Une fois par mois, Armin Kurtovic
46:07 rejoint d'autres parents des victimes de la tuerie à ce mémorial.
46:10 C'est dans ce bar que mon fils a été abattu.
46:15 Pourquoi vous venez ici tous les mois ?
46:17 Parce qu'il ne faut pas oublier.
46:21 On ne doit pas oublier cet acte.
46:25 Même si le terroriste s'est donné la mort,
46:33 les familles demandent une commission d'enquête.
46:36 Un rapport de la police fédérale
46:40 a été envoyé à l'hôpital de l'Allemagne.
46:44 Le rapport de la police fédérale auquel nous avons eu accès
46:46 montre que dans les semaines qui ont précédé l'attaque,
46:49 Ratjen avait envoyé plusieurs fois son manifeste raciste aux autorités.
46:53 Mais personne n'a réagi.
46:59 Et à cause de ça, neuf personnes ont perdu la vie.
47:02 Neuf.
47:05 Pour rien du tout.
47:08 Et passer là-dessus, je suis désolé,
47:13 mais ce n'est pas possible.
47:15 Quelqu'un doit endosser la responsabilité.
47:18 Depuis ces deux attentats,
47:37 la rhétorique de la haine ne s'est pas tue.
47:41 Elle est détruite par les politiques d'extrême droite.
47:43 Leurs discours sont hostiles aux musulmans,
47:48 hostiles aux êtres humains.
47:51 Ils propagent l'islamophobie.
47:54 Purement et simplement.
47:57 Ce type est passé à l'acte.
48:00 On connaît le contenu de son manifeste.
48:03 On sait à qui il va s'en prendre.
48:06 Tout le monde dit, je suis désolé.
48:08 Mais personne ne veut changer les choses.
48:20 Les autorités ne veulent pas nous rencontrer.
48:24 Et tant que ce sera comme ça, ça se reproduira.
48:27 Ça se reproduira.
48:29 À Francfort, le procès de Franco Albrecht se poursuit.
48:48 A Stuttgart, celui du groupe S n'est pas terminé.
48:56 Et toutes les semaines,
48:58 ce sont de nouveaux attentats d'extrême droite qui sont déjoués.
49:01 Les agences de renseignement d'Allemagne reconnaissent
49:20 qu'elles ont du mal à suivre.
49:24 On a eu l'attentat de la synagogue de Halle,
49:26 l'attaque à Hanau,
49:29 l'assassinat de Walter Lübcke,
49:32 chaque fois par des nazis.
49:35 On a vu des armées secrètes se préparer pour le jour J,
49:43 où elles vont renverser la démocratie.
49:51 Ce n'est pas seulement dangereux parce que le sang coule dans les rues,
49:53 c'est dangereux parce que ça touche aux racines de l'arbre,
49:57 aux racines du système démocratique.
50:00 Je me sens plus en sécurité dans ce pays.
50:09 Comment voulez-vous ?
50:15 Comment ?
50:19 Comment ?
50:21 Vous savez, il y a d'abord les idées,
50:29 puis les mots, et après viennent les actes.
50:32 Mais après, c'est trop tard.
50:37 Quand le sang a coulé, il est déjà trop tard.
50:43 Et ici, le sang a beaucoup coulé.
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51:29 [fin du générique de fin]
51:51 [musique du générique de fin]

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