Namibie, le nouveau Far West de l’Afrique

  • il y a 9 mois
C’est un pays mystérieux au décor grandiose et sauvage. Ancienne colonie allemande, les descendants des colons détiennent la majorité des terres. Partout, la contestation monte. C’est le dernier pays du continent à être devenu indépendant en 1990. Mais ses richesses naturelles sont convoitées par les puissances étrangères.

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Transcription
00:00 -La Namibie, un pays mystérieux,
00:05 au décors grandioses et sauvages.
00:08 ...
00:11 Perché à 1 700 m d'altitude,
00:14 Windhoek, la capitale.
00:16 Dans cet immeuble du centre-ville,
00:19 un véritable coffre-fort se cache,
00:23 le trésor national.
00:24 Des dizaines de milliers de diamants,
00:28 les plus beaux et les plus chers de la planète.
00:31 Nous avons eu l'autorisation exceptionnelle
00:34 de pénétrer dans ce lieu sous haute garde.
00:37 Dans cette pièce, des centaines de millions de dollars.
00:41 -Salut, les gars. Qu'est-ce qu'on a aujourd'hui ?
00:45 -Paulus Chitouna est le directeur des opérations
00:48 de la Compagnie nationale de diamants.
00:50 -Ca, c'est la première qualité.
00:52 Et ici, la deuxième, troisième et quatrième.
00:55 Laissez-moi vérifier ça.
00:57 -C'est lui qui évalue la valeur des pierres brutes
01:00 avant leur mise sur le marché.
01:02 Musique douce
01:04 Plus les pierres sont blanches et pures,
01:07 et plus elles sont chères.
01:08 ...
01:13 -Une pierre brute comme ça, ça vaut environ 20 000 dollars.
01:17 Mais une fois taillée,
01:19 il faut ajouter entre 30 et 40 %,
01:22 donc elle vous coûtera 30 000 dollars.
01:25 -Sous ses doigts, un millier de diamants de première qualité,
01:31 soit une valeur commerciale d'environ 28 millions de dollars.
01:35 ...
01:40 -Vous pouvez essayer de les compter,
01:42 mais ça vous prendrait une éternité.
01:44 On les pèse à la fin de la journée,
01:46 et personne ne sort de cet immeuble si on ne les a pas tous.
01:50 -Ces diamants sont d'une pureté inégalée,
01:53 car ils proviennent d'un filon unique au monde,
01:56 les fonds de l'océan Atlantique.
01:59 C'est ce bateau-mine qui les aspire à 150 m de profondeur,
02:03 une véritable prouesse technologique.
02:07 Il est la propriété du gouvernement namibien
02:10 et de la multinationale de Birs.
02:13 Par mesure de sécurité,
02:16 les opérations sont entièrement automatisées,
02:20 et les pierres scellées dans ces conteneurs inviolables.
02:23 ...
02:30 Chaque année, 400 kg de diamants atterrissent sur cette table,
02:35 mais les plus exceptionnels sont gardés dans une pièce à l'écart.
02:39 -Waouh !
02:40 Ca, c'est la plus grosse pierre que l'on ait en ce moment.
02:44 Et celle-ci est superbe. Quelle couleur !
02:47 Comme vous pouvez le voir, elle est rose.
02:49 C'est une couleur très rare, donc on parle de beaucoup d'argent.
02:53 Combien on pourrait en tirer, de celle-là ?
02:56 -3 millions de dollars.
02:58 -Cette-ci, elle vaut environ 3 millions de dollars
03:01 pour une seule pierre.
03:03 ...
03:06 Ca me fait mal.
03:07 Quand je vois cette fissure, ça me fait mal.
03:10 -Pourquoi ?
03:11 -Sans ça, on aurait fait beaucoup plus d'argent.
03:14 -Vous et moi, on pourrait pas se l'offrir.
03:17 Ce sont seulement les émirs,
03:18 ceux qui ont fait fortune dans le pétrole,
03:21 qui peuvent se l'acheter.
03:22 Elle va être vendue aux enchères, et là, ça monte très haut.
03:26 ...
03:29 -Une fois taillées, ces diamants se retrouveront
03:31 dans les joailleries les plus prestigieuses.
03:34 ...
03:36 Mais très peu de Namibiens profitent de cette richesse.
03:40 C'est le 3e pays le plus inégalitaire au monde.
03:43 ...
03:45 La Namibie est située en Afrique australe,
03:48 au nord-ouest de l'Afrique du Sud.
03:50 Ce pays fait une fois et demie la France,
03:53 avec seulement 3 millions d'habitants.
03:55 ...
03:58 Pourtant, ils sont nombreux à ne pas avoir de terre.
04:02 ...
04:03 -On déménage, on nous a chassés de cette terre.
04:06 ...
04:08 -Ancienne colonie allemande,
04:09 ce sont les descendants des colons
04:12 qui possèdent la quasi-totalité des terres.
04:14 -C'est mon pays, je suis africain, malgré ma couleur de peau.
04:18 -C'est la conséquence d'un génocide,
04:21 le 1er du 20e siècle.
04:23 -On sait qui sont les assassins qui ont tué notre peuple.
04:27 -Partout, la contestation monte.
04:30 -Les Allemands doivent payer !
04:33 Ils doivent payer le prix !
04:34 Pouvoir aux travailleurs !
04:36 Pouvoir aux travailleurs !
04:39 -Passé sous protectora de l'Afrique du Sud,
04:42 c'est le dernier pays du continent
04:44 à être devenu indépendant en 1990.
04:47 Mais ses richesses naturelles
04:50 sont toujours convoitées par des puissances étrangères.
04:53 ...
04:56 -On ne sait même plus si la Namibie appartient à la Namibie
04:59 ou à la Chine.
05:00 -Des pays infréquentables, comme la Corée du Nord,
05:03 y font des affaires.
05:04 -29 millions de dollars transférés de Namibie à Pyongyang.
05:09 Avec eux, une nouvelle criminalité se développe.
05:12 ...
05:14 Et ce sont des Français qui la combattent.
05:16 -Un rhinocéros a plus de valeur morte que vivant.
05:21 -Plongée en Namibie, le nouveau Far West de l'Afrique.
05:25 ...
05:30 ...
05:36 Aux portes du désert, sur la côte atlantique,
05:39 la ville de Chwakopmunt.
05:42 ...
05:45 Elle ne ressemble en rien à une ville africaine.
05:49 Des édifices néo-baroques à l'allure imposante,
05:53 des noms de rues difficilement prononçables
05:58 et des casques à pointes.
06:00 -C'est comme une petite Allemagne en Afrique.
06:04 Ces bâtiments sont tous dans le vieux style germanique.
06:08 Dans toute la ville, la mairie a tenté de conserver
06:12 ce style et cette ambiance.
06:15 -Sylvia Klejenstuber est d'origine allemande.
06:19 Sa famille est implantée ici depuis quatre générations.
06:24 Et pour cause,
06:27 l'Allemagne a colonisé le pays de 1884 à 1915.
06:32 Aujourd'hui, Sylvia tient le café le plus connu de la ville,
06:37 réputé pour ses spécialités de pâtisserie germanique.
06:42 -Là, il y a le strudel à la pomme, notre best-seller.
06:48 -Un petit petit.
06:52 -Ici, tout le monde parle allemand,
06:55 même les employés noirs.
06:58 -OK, je dois le mettre dessus.
07:00 -Vous parlez allemand ?
07:02 Comment avez-vous appris ?
07:04 -J'ai appris avec les clients.
07:07 Tous les jours, j'apprends quelque chose de nouveau.
07:10 -En cuisine,
07:13 c'est désiré la jeune sœur de Sylvia
07:16 qui prépare le grand classique des gâteaux allemands,
07:19 la fameuse forêt noire.
07:21 C'est une recette apprise de leur grand-père pâtissier,
07:25 arrivé à Schweikopmund en 1954.
07:29 -Après la guerre, il a quitté l'Allemagne pour venir ici.
07:32 Il ne voulait pas rester là-bas.
07:35 Alors, comme il avait déjà de la famille ici,
07:37 il a tenté sa chance.
07:39 Et voilà la forêt noire. Tu peux la mettre en vitrine ?
07:45 -Aujourd'hui, 30 000 descendants d'Allemands vivent en Namibie.
07:50 La première de la famille à être née ici, c'est Heidi, la maman.
07:54 Elle ne changerait pour rien au monde sa vie à l'allemande sous le soleil.
07:59 -On a beaucoup de chance de vivre en Namibie.
08:02 On a une super qualité de vie.
08:04 On est libres.
08:06 Vous pourriez vivre en Allemagne ?
08:08 Non, non, jamais.
08:10 Jamais ? Vous n'aimez pas ?
08:13 L'Allemagne, c'est trop vert pour moi.
08:16 J'ai besoin de la couleur dorée de mon désert.
08:20 -Cet amour du désert,
08:22 elle l'a transmis à sa fille Sylvia.
08:25 Tous les jours, elle s'offre un grand galop à cheval
08:28 dans les dunes géantes de Soakopmund.
08:31 C'est pourtant dans cette ville à l'allure paisible
08:35 que se sont déroulés les événements les plus sombres
08:38 de l'histoire du pays.
08:40 A quelques mètres de ces dunes,
08:47 des centaines de tombes de fortune.
08:50 C'est ici que le 2e Reich allemand a édifié un camp de concentration
08:54 pendant la guerre coloniale.
08:57 Entre 1904 et 1908,
08:59 l'armée massacre 80 % de la minorité ethnique héréro.
09:03 C'est le premier génocide du XXe siècle.
09:06 Dans la rue principale de Soakopmund,
09:15 un étrange défilé a lieu chaque année.
09:18 -Hose ! Hose !
09:20 -Ce sont des héréros qui commémorent la libération
09:24 du camp de concentration de la ville,
09:26 vêtus des uniformes de l'armée allemande.
09:29 -Quand on a tué les soldats allemands,
09:34 on leur a pris leur équipement et leurs uniformes.
09:37 On a dit qu'à partir de maintenant, c'est à nous.
09:40 -Kavitha Marama, formateur dans une école d'ingénieurs,
09:44 a fait 500 km pour être présente aujourd'hui.
09:48 Sa grand-mère a été emprisonnée
09:50 dans le camp de concentration
09:52 quand elle avait 9 ans.
09:54 Des civils héréraux,
09:58 hommes, femmes et enfants, y sont réduits en esclavage
10:02 et affamés. Au moins 60 000 d'entre eux périssent.
10:06 L'ordre d'extermination a été donné par le général Von Trotta,
10:15 qui a déclaré...
10:17 -Tout hérérau découvert dans les limites du territoire allemand,
10:21 armé ou désarmé, sera abattu, y compris les femmes et les enfants.
10:26 -Après plus d'un siècle, en mai 2021,
10:31 le ministre des Affaires étrangères allemand
10:34 fait une annonce historique.
10:36 -Nous qualifierons maintenant officiellement
10:39 ces événements pour ce qu'ils ont été,
10:42 un génocide.
10:45 Ce faisant, nous reconnaissons également
10:48 notre responsabilité historique.
10:50 -L'Allemagne s'est aussi engagée à verser plus d'un milliard d'euros
10:54 à travers des programmes de développement.
10:57 Mais les héréraux n'ont pas été conviés
11:00 à la table des négociations.
11:02 ...
11:03 -Les Allemands doivent arrêter de nous ignorer !
11:07 Ils doivent nous rendre nos terres !
11:11 Ils doivent payer !
11:13 Ils doivent payer le prix !
11:15 -Ce qu'ils veulent par-dessus tout,
11:17 c'est récupérer leurs terres confisquées par les Allemands
11:21 pendant la colonisation.
11:22 Ce matin, Kavita est accompagné de Jari Djeja,
11:26 un activiste qui se bat pour leur restitution
11:29 et qui n'hésite pas à aller au combat.
11:32 -Nous sommes des guerriers.
11:35 Nous sommes des soldats, en fait.
11:38 Tout le monde doit savoir
11:41 que nous sommes un peuple très fier.
11:46 -Ils se rendent dans une ferme
11:48 détenue par des descendants allemands.
11:52 -Quand vous regardez des deux côtés de la route,
11:55 depuis qu'on est partis, c'est une seule et même propriété.
11:59 On parle de 60 000 hectares.
12:02 C'est quasiment la taille d'une ville comme Berlin,
12:05 détenue par une seule personne.
12:08 Cet endroit est un lieu de culte.
12:10 C'est là que s'est déroulée la première bataille
12:14 entre les Allemands et les Héréraux.
12:16 Leurs ancêtres, qui sont morts ce jour-là,
12:19 sont enterrés ici.
12:21 -Nous croyons qu'ils ne meurent pas,
12:23 qu'ils sont en vie quelque part,
12:25 et qu'ils peuvent nous parler, nous entendre
12:28 et nous aider à trouver des solutions à nos problèmes.
12:32 -Ancêtre !
12:34 Je suis avec Kavita.
12:36 S'il vous plaît, faites qu'ils puissent venir à vous.
12:40 Notre plan est de suivre vos pas.
12:42 On vous demande le pouvoir et la force d'ouvrir ces portes
12:45 et d'être courageux.
12:47 -Cette terre qu'on leur a volée est tout un symbole.
12:52 ...
12:59 Pour accéder aux tombes,
13:01 ils doivent obtenir l'autorisation des propriétaires des lieux.
13:05 -Où est le patron ?
13:06 -C'est la famille Dickmann.
13:09 -Vous me filmez, là ?
13:12 Éteignez votre caméra, vous êtes sur une propriété privée.
13:15 -On veut voir nos tombes. -Quelles tombes ?
13:18 -Celles de nos ancêtres.
13:20 Pourquoi vous nous demandez quelles tombes ?
13:22 -Il n'y a pas une tombe de vos ancêtres ici.
13:25 Il n'y a que des tombes d'Allemands.
13:27 -On sait où elles sont.
13:29 C'est juste que c'est sur votre terre.
13:31 -Il faut prendre rendez-vous avant la visite.
13:34 -On vous emmène avec notre voiture, c'est 28 euros par personne,
13:37 mais on peut vous faire un prix.
13:39 -Hm.
13:41 -Quand voulez-vous y aller ?
13:43 -On voudrait y aller maintenant.
13:45 -Ah non, c'est impossible, là. C'est l'heure du déjeuner.
13:48 -Prends au moins son contact.
13:51 -OK.
13:52 -Tu as vu ? C'est comme si elle nous faisait un doigt d'honneur.
14:01 C'est l'arrogance des Blancs.
14:03 Ils sont protégés par la Constitution
14:05 et leurs droits de propriété.
14:07 Heureusement que vous étiez là, sinon j'aurais pu la frapper.
14:12 -Pendant la colonisation,
14:16 de nombreux héréraux ont fui dans les pays voisins,
14:19 tandis que d'autres sont restés ici, dans leur région d'origine.
14:23 Sans terre,
14:24 ils ont été contraints à s'installer illégalement,
14:28 à l'écart des villages.
14:29 ...
14:36 -Tournez là encore.
14:38 De ce côté-là.
14:39 -La mairie vient d'expulser Kavita
14:42 du terrain qu'il occupait avec sa famille depuis 1924.
14:46 Il ne lui reste que cette clôture à emporter.
14:49 -On déménage car on nous a chassés d'ici.
14:56 Nous n'avons plus de terre.
14:58 Il faut qu'on trouve un autre endroit où aller.
15:01 Maintenant, on se retrouve à galérer sans terre,
15:06 dans notre propre pays.
15:07 -Un dernier café avec ses voisines qu'il a toujours connues.
15:15 Elles aussi doivent quitter les lieux.
15:17 -Je me sens mal.
15:25 Je ne sais pas où mon fils va grandir et où on va aller.
15:29 -La maison de Kavita, c'était celle-ci.
15:36 ...
15:39 -Nous sommes chassés.
15:41 Je ne sais pas ce qui va nous arriver.
15:43 C'est le seul endroit où j'ai vécu depuis ma naissance.
15:50 J'ai grandi ici.
15:51 Je vivais ici quand j'allais à l'école.
15:55 Je l'adore.
15:56 Alors, pour moi, la laisser et partir,
16:00 c'est vraiment pas facile.
16:02 -Kavita a trouvé un nouveau terrain à une vingtaine de kilomètres.
16:07 Il a décidé de s'y installer, encore une fois,
16:11 sans autorisation.
16:13 Une vie d'errance qui n'est pas prête de changer.
16:17 En 2022, un article du Namibian,
16:23 "Le quotidien le plus populaire du pays", fait scandale.
16:26 Harry Schneider-Waterberg, descendant de colons
16:29 et grand propriétaire terrien,
16:31 refuse de reconnaître la spoliation des terres errero.
16:35 -Les colons allemands n'ont volé aucune terre.
16:40 -Cette Harry Schneider est irresponsable.
16:45 Idiot et provocateur.
16:48 Il nous traite de la même façon
16:52 que ses ancêtres l'ont fait.
16:54 On va agir et on va se rebeller.
16:58 -Vous pourriez pardonner ?
17:01 -Pas maintenant.
17:04 Quand on voit un blanc, le traumatisme ressurgit,
17:07 car on sait que c'est un assassin qui a tué notre peuple.
17:11 -C'est sur le plateau de Waterberg
17:16 que l'homme à l'origine du scandale
17:18 possède une immense ferme de 400 km2.
17:22 Harry Schneider-Waterberg est confortablement installé ici,
17:28 avec sa femme Sonia.
17:30 -Je vais avoir du travail avec les vaches.
17:34 Je vais devoir aussi aller au bureau.
17:37 Malheureusement.
17:40 -Pourquoi portez-vous le même nom que la montagne ?
17:43 -C'était l'idée de mon grand-père,
17:48 d'ajouter le nom de la montagne à son nom de famille.
17:54 Ca a dû être approuvé par le Parlement.
17:57 Vous vous rendez compte ?
17:59 -Son grand-père, c'est ce jeune soldat.
18:02 Il est venu dans le pays en 1908 pour y faire son armée.
18:06 Cette vie d'aventure lui plaît et ils font d'une famille.
18:11 Au fil du temps,
18:14 ils rachètent en tout 18 fermes erreros à l'administration allemande
18:19 et se lancent dans l'élevage de vaches.
18:22 -Bonjour.
18:28 Tu as bien dormi ? -Oui.
18:30 -Il faudra que tu nettoies ici.
18:36 -Harry gère désormais une équipe d'une quarantaine d'employés,
18:41 en majorité erreros.
18:44 Tous les matins, il fait le point
18:46 sur les événements de la nuit précédente avec son bras droit.
18:50 -Il faut bien noter que l'on a perdu ce veau.
18:55 C'est quoi, son numéro ? -2233.
18:59 -2233 ? -Oui, 2233.
19:02 -Il possède un cheptel de 1 400 vaches en liberté
19:07 sur tout son territoire.
19:09 Il les élève pour leur viande,
19:13 l'un des plus importants producteurs de bœufs du pays.
19:16 Chaque jour, il doit passer des heures en voiture
19:22 pour surveiller ses bêtes.
19:24 -C'est un énorme territoire.
19:30 C'est énorme.
19:32 Pour le gérer efficacement, c'est beaucoup de travail.
19:36 -Récemment, il s'est lancé
19:40 dans l'élevage de chevaux de course anglo-arabe.
19:43 -Voilà les chevaux qui rentrent.
19:46 -Ce sont deux équidés de grande valeur
19:50 qu'il doit protéger des prédateurs.
19:53 -Toute la difficulté du management de la ferme,
19:57 ce sont les léopards qui traînent ici.
20:00 On en a beaucoup. C'est un problème quotidien.
20:04 -Il a déjà perdu trois poulains en deux mois.
20:09 Musique rythmée
20:12 -Émotionnellement, je suis très attaché à cette terre.
20:17 Cette ferme m'a donné une vie merveilleuse.
20:21 Musique rythmée
20:24 Viens, Oscar.
20:26 -En Namibie, les Blancs représentent 6 % de la population,
20:31 mais ils possèdent 70 % des terres agricoles.
20:35 Les Allemands sont accusés d'avoir volé les terres.
20:39 -C'est dans toutes les colonies.
20:41 Ce n'est pas seulement en Namibie.
20:44 C'est l'histoire de l'Australie, de l'Amérique aussi.
20:48 Après l'indépendance de 1990,
20:51 le gouvernement de l'époque a demandé aux propriétaires terriens
20:55 de participer à une redistribution plus juste des terres.
20:59 Mon père a vendu 27 % de ses terres.
21:04 Vous savez, ce n'est pas d'avoir beaucoup de terres
21:08 qui rend riche.
21:10 C'est de savoir l'exploiter.
21:13 C'est ça qui rapporte de l'argent.
21:16 -Pourtant, selon nos estimations,
21:18 ces 40 000 hectares de terre valent plus de 6 millions d'euros,
21:23 car elles disposent d'une richesse très rare
21:27 dans ce pays semi-désertique,
21:30 de l'eau en abondance.
21:32 Un environnement idéal
21:34 pour rendre ses vaches bien grasses.
21:38 C'est Mandaka, l'un de ses employés errereaux,
21:42 qui en prend soin.
21:44 -C'est un ermite.
21:46 Il vit tout seul ici.
21:48 Regardez son pantalon.
21:50 C'est un excentrique.
21:53 Il travaille pour moi depuis 34 ans.
21:56 Ah, il est là, le veau.
21:58 Ce matin, on se demandait où il était.
22:01 Et je le retrouve ici.
22:03 Oui, il s'était échappé, mais il est revenu.
22:06 -Son héritage, Harry l'assume sans complexe.
22:10 Selon lui, la colonisation n'aurait pas que des mauvais côtés.
22:14 -C'est une partie importante du développement
22:17 de la terre.
22:19 C'est une partie qui est très importante
22:22 pour la colonisation.
22:25 C'est une partie importante du développement de la Namibie,
22:29 qui s'appelait à l'époque le Sud-Ouest africain.
22:32 Avant ça, ce pays n'avait même pas de nom.
22:36 Pas de nom européen, en tout cas.
22:40 C'était une Afrique primitive.
22:44 Et des explorateurs sont arrivés et l'ont développée.
22:49 Il faut apprécier tout ça.
22:51 Toutes les nations devraient être fières de leur histoire.
22:56 -Les colons allemands sont les premiers
22:59 à avoir extrait des diamants du sol namibien.
23:03 Quand l'Allemagne perd la Première Guerre mondiale,
23:06 le pays passe sous protectorat sud-africain.
23:09 Et c'est la multinationale De Beers qui met la main sur les mines.
23:13 La compagnie domine le marché du diamant de Beers.
23:17 Aujourd'hui, elle réalise un chiffre d'affaires
23:20 de près d'un milliard de dollars par an en Namibie.
23:23 Mais les citoyens namibiens, eux,
23:25 doivent se contenter de pierres bien moins précieuses.
23:28 A l'ouest du pays, le désert du Namib.
23:32 C'est le plus vieux du monde.
23:35 Un environnement hostile,
23:37 habité par des morts,
23:39 des morts qui sont en train de se dévaster.
23:42 Les morts sont des morts
23:44 qui sont en train de se dévaster.
23:46 C'est un environnement hostile,
23:49 habité par les chasseurs de pierres.
23:51 -Salut, comment ça va ? -Bien.
23:53 -Tu sais, on devrait aller creuser de ce côté-là de la montagne.
23:57 -Dans la famille de Mbandu, 57 ans,
24:00 on est mineur de père en fils.
24:02 Musique douce
24:05 -On prend le pied de biche ? -Non, pas besoin.
24:08 -Il est associé à Ossis depuis toujours.
24:11 -Il est comme un frère pour moi.
24:13 On a grandi ensemble à la ferme.
24:15 -Depuis 20 ans, ils se retrouvent ici deux fois par mois
24:19 pour explorer cette zone immense
24:21 qui leur offre à peine de quoi survivre.
24:25 -Allons voir là-bas.
24:27 -Des minéraux précieux affleurent à même le sol.
24:32 -Ca, c'est de la tourmaline noire.
24:34 -Elles sont utilisées pour la petite joaillerie
24:37 ou pour leur vertu thérapeutique.
24:39 -Elles sont très bonnes.
24:42 -Celle-ci, c'est de l'amazonite.
24:44 -Est-ce qu'il y a des diamants ici ?
24:46 -Non, il n'y a pas de diamants dans le coin.
24:49 S'il y avait des diamants ici, on serait déjà riches.
24:52 Rires
24:54 Musique douce
24:57 -Ils espèrent toujours trouver la pierre
25:00 qui leur permettra d'avoir une vie meilleure
25:03 en creusant pendant des heures cette roche de granit.
25:06 Musique douce
25:09 -Il fait un petit trou.
25:11 Et c'est à partir de là qu'on suit un filon.
25:15 Comme ça, on peut trouver de belles pièces.
25:18 Ca, c'est du quartz fumé.
25:20 Mais je recherche des grosses pièces.
25:23 Des grosses et belles que je pourrais vendre.
25:26 Grosses comme ma main.
25:28 -Ils ne quitteront pas le désert
25:31 avant d'avoir trouvé leur bonheur.
25:35 Une semaine plus tard, dans ce petit café,
25:39 M'Bandou est le centre de toutes les attentions.
25:42 Il est fier de montrer ses petits trésors
25:45 avant d'aller les vendre, des pierres d'Amazonite.
25:48 -Je peux toucher ? -Non, tu regardes seulement.
25:51 -On dirait que c'est mouillé, mais c'est sec.
25:55 -Qu'en penses-tu ? Tu les trouves belles ?
25:58 -C'est très beau.
26:00 -C'est très beau.
26:02 -Qu'en penses-tu ? Tu les trouves belles ?
26:05 -C'est beau, mais on n'y connaît rien.
26:08 -Il aimerait en tirer 250 euros.
26:12 Tout juste de quoi vivre
26:14 jusqu'à son prochain voyage dans le désert.
26:17 Pour les vendre rapidement, direction la boutique de souvenirs
26:21 tenue par Mike. -Bonjour.
26:23 -Salut.
26:25 -Comment ça va ?
26:28 -J'ai des pierres pour toi.
26:30 -OK, voyons ça.
26:32 -OK.
26:34 -Qui les a nettoyées ?
26:36 -C'est moi.
26:38 Musique douce
26:40 -Belle couleur. -Oui, elle est belle.
26:44 ...
26:46 -Ecoute, en ce moment, c'est pas terrible pour nous
26:49 avec le Covid et le manque de touristes,
26:52 donc je suis pas intéressé pour le moment.
26:54 -M. Bandou fait partie
26:56 des derniers mineurs indépendants de Namibie.
27:00 Il vit dans la misère,
27:02 comme 30 % de ses compatriotes.
27:05 Une situation que certains trouvent scandaleuse
27:08 au pays des diamants et qui fait monter la colère.
27:11 A la périphérie de Windhoek, le bidonville de Katoutoura.
27:14 Un mot qui veut dire "l'endroit où nous ne voulons pas vivre".
27:18 ...
27:30 Ici, les habitants survivent
27:32 avec moins de 1 dollar par jour.
27:35 ...
27:37 Sur le marché, toujours coiffé d'un beret rouge,
27:40 ce jeune homme de 31 ans est une star locale.
27:44 -Comment ça va ? -Bien, et vous ?
27:46 -Est-ce que je peux faire une photo avec toi ?
27:49 -Pas de problème.
27:52 -Merci. -Merci beaucoup.
27:54 -Mikel Amouchelelo est le leader charismatique
27:57 d'un petit parti politique
27:59 opposé au gouvernement.
28:01 Il a grandi ici, dans ce bidonville.
28:04 -Salut, ça va ?
28:06 -Il veut inciter les habitants
28:09 à se révolter contre leur sort.
28:11 ...
28:13 -Il y a des immeubles qui se construisent en ville
28:16 avec des appartements luxueux, mais ils ne font rien pour nous.
28:20 On n'a même pas de roues de goudronnée.
28:22 -Oui, grave.
28:25 -Pourtant, la Namibie est le 3e pays le plus riche d'Afrique.
28:29 ...
28:31 -Regardez par vous-mêmes.
28:33 Est-ce que ça ressemble à un pays riche ?
28:36 L'argent est concentré entre les mains de quelques-uns,
28:39 alors que la majorité du peuple croupit dans la pauvreté.
28:42 -Les mains de qui ? -L'argent est entre les mains des Blancs
28:46 et d'une petite élite noire.
28:48 -Selon lui, la corruption gangrène le parti au pouvoir
28:52 depuis 32 ans, la SWAPO.
28:55 ...
28:57 -On recherche des combattants pour aller sur le terrain.
29:00 Tu veux rejoindre le mouvement ?
29:02 -Ce Che Guevara namibien
29:05 se déplace en Berlin de luxe.
29:08 ...
29:10 Selon lui, il aurait fait fortune dans les cryptomonnaies.
29:13 Il milite pour que son pays se débarrasse
29:16 des puissances étrangères qui exploiteraient
29:19 les travailleurs namibiens.
29:21 -Les travaux publics sont tous effectués par les Chinois.
29:26 Ils ont mis la main sur la majorité des contrats du pays.
29:31 -Comme l'énorme chantier de construction
29:34 de cette nouvelle autoroute qui mène à l'aéroport.
29:37 -Dès qu'il va pleuvoir, la moitié va être emportée,
29:40 comme s'il n'y avait rien eu.
29:42 -Autre problème grave, l'entreprise chinoise
29:45 aurait magouillé les salaires de ses ouvriers namibiens.
29:48 Ils ont appelé Michael à la rescousse.
29:51 -Pouvoir aux travailleurs !
29:55 Pouvoir aux travailleurs !
29:57 -Ils se sont tous mis en grève.
29:59 -C'est vous qui avez le pouvoir.
30:01 Vous devez vous lever et vous battre pour vos droits.
30:05 -Chaque mois, l'entreprise prélève 10 % de leur salaire
30:09 pour payer des cotisations sociales.
30:11 Mais depuis 2019, cet argent n'a jamais été reversé à l'Etat.
30:16 -Ce qui est sûr,
30:20 c'est que le gouvernement et les Chinois
30:23 sont des voleurs.
30:25 Le gouvernement court après les petits commerçants
30:29 pour qu'ils paient leurs impôts.
30:31 Mais leurs amis chinois, ils les protègent.
30:34 Ils doivent vous rembourser votre argent
30:39 et vous exempter des taxes.
30:41 Allez dire à Mr Wu, Mr Yi, Mr Haï,
30:45 qu'ils peuvent faire leur bagage,
30:48 car on ne veut pas de voleurs dans notre pays.
30:50 -Sans aucun mandat officiel,
30:53 Michael va demander des comptes au dirigeant.
30:55 -C'est vous, le patron ?
30:58 -Oui, mais je ne parle pas bien anglais.
31:01 -Pas de problème, mon chinois n'est pas très bon non plus.
31:05 -Acculé, ils acceptent de négocier avec lui.
31:09 -Je ne veux pas de médias ici.
31:11 -Si, tout doit être transparent et enregistré.
31:15 Pourquoi les taxes prélevées aux travailleurs
31:18 n'ont pas été reversées au gouvernement ?
31:21 -Je comprends le problème.
31:23 On est d'accord de rembourser les ouvriers,
31:26 mais on récupérera l'argent plus tard pour payer les taxes.
31:29 -Non !
31:32 Vous allez payer les taxes au gouvernement
31:35 et rendre l'argent aux ouvriers.
31:37 Ca leur servira à partir en vacances,
31:40 c'est ça qui va se passer.
31:42 -Non, non, non.
31:44 -C'est tout.
31:45 Mercredi, les travailleurs vont me tenir au courant.
31:50 Et s'ils n'ont pas été payés,
31:52 je ferai en sorte que vous dormiez tous en prison dès jeudi.
31:57 Et pour longtemps. -OK, on verra bien.
32:00 -Mercredi, faites en sorte qu'ils soient tous payés.
32:04 Applaudissements
32:06 ...
32:08 S'ils ne vous paient pas, on prend un pneu de l'essence
32:12 et on s'occupe de lui.
32:14 Applaudissements
32:16 -Quand vous menacez de l'immoler, vous êtes sérieux ?
32:19 -Pendant trop longtemps, la Namibie a été pacifique.
32:22 Mais parfois, il faut avoir recours à la violence
32:25 pour faire passer un message.
32:27 Et le message, c'est "arrêtez d'exploiter les Namibiens".
32:31 Si vous continuez, on combattra le feu par le feu.
32:35 -Étonnamment, les dirigeants ont remboursé les ouvriers
32:38 avant la fin de l'ultimatum imposé par Michael.
32:42 -Pouvoir aux travailleurs !
32:44 -Dès le lendemain, ils s'attaquent
32:46 aux petits commerçants du quartier chinois.
32:49 -Tout ça, c'est du faux.
32:51 On le prend. Tu comprends ?
32:54 Ce ne sont pas des vrais Havaianas.
32:56 Elles sont fausses.
32:58 Dites aux Chinois de fermer tous leurs magasins !
33:01 -A la suite de cette nouvelle opération commando,
33:04 il s'est fait arrêter pour incitation à la violence.
33:07 Il est en prison, dans l'attente de son procès.
33:11 Musique intrigante
33:13 La Chine, c'est l'allié historique
33:15 de la SWAPO.
33:17 Elle a soutenu ce parti politique au moment de l'indépendance.
33:22 A Windhoek, c'est la Chine qui édifie
33:24 la plupart des bâtiments officiels,
33:27 comme le nouveau siège de la SWAPO...
33:30 ...
33:33 ou le tout récent ministère de l'Intérieur.
33:36 ...
33:39 Elle a aussi fait main basse
33:41 sur la ressource la plus stratégique du pays,
33:44 ses mines d'uranium.
33:46 ...
33:49 La Namibie est le 4e producteur mondial.
33:52 ...
33:56 Un homme a enquêté sur les activités chinoises dans son pays.
34:00 L'endroit où il habite doit rester secret.
34:03 Il est constamment menacé.
34:05 ...
34:08 -Je suis surveillé, ça ne fait aucun doute.
34:13 J'ai été tabassé et envoyé à l'hôpital plusieurs fois.
34:18 Je prends des précautions basiques.
34:21 Je ne dis jamais, par exemple, où et quand je me déplace.
34:25 ...
34:27 -John Grobler n'est pas n'importe qui.
34:29 C'est le journaliste d'investigation
34:32 le plus primé de Namibie.
34:34 Il a trouvé la preuve qu'un autre pays
34:37 se dissimule derrière la Chine
34:39 pour bâtir les bâtiments officiels.
34:42 ...
34:44 -J'ai trouvé ce document.
34:47 Dedans, il y a une partie des factures originales
34:52 pour la construction du palais présidentiel.
34:55 -C'est le coeur du pouvoir namibien.
35:00 -Regardez.
35:05 29 millions de dollars transférés de Namibie à Pyongyang.
35:10 C'est la capitale de la Corée du Nord.
35:12 L'ONU interdit certains échanges avec elle,
35:15 sous peine de sanctions.
35:17 Quand l'affaire éclate,
35:18 les ouvriers de l'entreprise de construction nord-coréenne
35:22 quittent les lieux en 24 heures.
35:24 John est le premier sur place.
35:27 -Ca a été la panique.
35:29 Ils ont carrément fui en plein milieu de leur repas.
35:36 -Au travers des constructions
35:38 comme le palais présidentiel,
35:40 l'ONU redoute que la Namibie finance indirectement
35:43 le programme nucléaire nord-coréen.
35:46 ...
35:48 D'autant plus que la Corée du Nord a bénéficié
35:51 d'autres marchés publics,
35:53 comme celui de la construction du musée de l'indépendance,
35:56 un comble.
35:58 Sur son piédestal,
36:02 l'ancien président Sam Najuoma, le héros national.
36:07 -On dirait du bronze,
36:09 mais en fait, c'est du plastique.
36:13 Ils l'ont juste peint.
36:15 Regardez, la peinture commence à s'enlever un peu partout.
36:19 Ca, c'est du faux.
36:22 Ce n'est pas de la pierre, c'est une façade.
36:25 -Un musée en toque,
36:28 avec des fresques d'inspiration communiste
36:31 à moitié terminées.
36:33 ...
36:36 Qu'est-ce que c'est censé représenter ?
36:38 Il y a toute la partie autour qui manque.
36:41 -Si la Namibie attire autant les convoitises asiatiques,
36:46 c'est aussi en raison des richesses inestimables de sa nature,
36:52 des grands espaces à perte de vue
36:55 ...
36:58 et peu de présence humaine.
37:00 Cris de coqs
37:02 Seulement 3 habitants au kilomètre carré.
37:06 C'est la deuxième plus faible densité de population au monde.
37:10 ...
37:13 Le paradis pour de nombreux animaux sauvages.
37:16 ...
37:19 Mais l'enfer, pour les rhinocéros, une espèce menacée.
37:24 C'est dans le nord que se trouve la plus grande réserve
37:27 de rhinocéros de Namibie.
37:29 -Salut, les filles !
37:32 Venez, les gars, venez !
37:34 -Juliette y travaille comme soignante depuis 8 ans.
37:37 -Venez chercher ! Venez chercher ! C'est bien !
37:41 -Ils sont 150 et chacun a son petit nom.
37:45 -Viens, P ! Viens, Deluca, viens !
37:48 Ils connaissent leur nom et aussi des petites choses
37:52 comme "rest", "recul", "attends", "viens manger".
37:57 Recule, recule !
38:00 Calmez-vous !
38:03 Revenez !
38:04 Eh, revenez !
38:05 Pardon, je croyais qu'ils me suivaient.
38:08 Rires
38:09 Vilains garçons !
38:10 Vous avez vu comme ils sont vraiment curieux.
38:13 Ils sont venus voir ce que vous faisiez.
38:16 Et ça, c'est un problème pour le braconnage,
38:18 car ce sont des cibles faciles.
38:20 -Trois rhinocéros se font tuer chaque jour dans le monde.
38:24 Leurs cornes se vendent à prix d'or en Asie.
38:27 ...
38:31 Pour les protéger des criminels,
38:33 la réserve a fait appel à une ONG française,
38:36 unique en son genre.
38:38 -Si tu es statique, t'es mort. Bouge, bouge !
38:42 -Avec des méthodes paramilitaires.
38:44 -On est ni Jean-Claude Van Damme ni Bruce Lee.
38:48 Je ne veux jamais voir ça, par exemple.
38:51 OK ?
38:52 Ca, c'est pour les films.
38:54 -Sergio Lopez, la soixantaine,
38:56 a fait un film sur les réserves
38:59 et sur les armées.
39:00 Il a fait carrière dans l'armée et la sécurité privée.
39:04 Il entraîne aujourd'hui l'unité anti-braconnage de la réserve,
39:09 qui en a bien besoin.
39:11 -Qu'est-ce que tu fais ? Tu rigoles ou quoi ?
39:17 C'est pas un problème de rigoler, mais il faut faire comme ça.
39:21 Crochet, crochet, crochet.
39:24 -On voit que la quasi-totalité n'a aucune base,
39:28 même pour les coups de boue.
39:29 Je pensais faire des choses ce matin,
39:32 donc je fais plus que l'aide.
39:34 Ce qui est gênant, c'est qu'on sent que le combat
39:37 ne fait pas partie de leur quotidien,
39:39 mais il y a du travail.
39:40 -Avec son ONG "Wildlife Angel",
39:43 Sergio fait le tour des pays d'Afrique
39:45 et tente de donner aux Rangers les moyens de lutter
39:48 contre des ennemis très organisés.
39:51 C'est la mafia chinoise qui est à la tête
39:53 du trafic de cornes de rhinocéros.
39:56 -Allez, c'est tout.
39:57 Coups de feu
39:59 -On vit ! On vit !
40:01 -Vite, vite ! Toute l'équipe, on nous tire dessus !
40:04 -Eh ! Qu'est-ce que vous faites ? Revenez !
40:07 Vous allez où, tout seuls, là ? Revenez, vite, vite !
40:10 -Assistance médicale demandée.
40:12 -Ils sont mis dans des conditions plus vraies que nature.
40:16 -10110.
40:18 -Cet exercice de simulation permet d'évaluer
40:22 les réactions des Rangers en situation de crise.
40:25 En moyenne, 150 d'entre eux sont tués chaque année dans le monde.
40:29 -Ils saignent beaucoup !
40:32 -La mise en scène des Français est impressionnante.
40:35 -Ah ! Ah !
40:38 -Come on, come on !
40:39 -Et les Rangers ne sont pas à la hauteur.
40:42 ...
40:44 -Vous êtes combien ?
40:45 -Sept !
40:46 -Alors combien doivent aller en brousse pour sauver leurs camarades ?
40:50 -Sept !
40:51 -Et combien y sont allés ?
40:53 -Six !
40:54 -Pourquoi ?
40:55 -C'est ma faute, monsieur.
40:57 J'étais... Je pensais que...
40:59 -Bla, bla, bla, bla, bla.
41:00 -Toute votre équipe était là, pas vous.
41:03 Et ça, c'est une très, très grosse faute.
41:05 Vous pensez que les braconniers vont vous prévenir en vous disant
41:09 "On va vous tirer dessus dans 3-4 minutes, préparez-vous."
41:12 Non, ils vont vous tirer dessus en pleine nuit,
41:15 et ce sera le chaos. C'est pour ça qu'on vous entraîne.
41:18 -C'est la guerre de notre génération, de notre siècle.
41:23 On parle de la survie de centaines d'espèces
41:26 qui disparaissent au fur et à mesure.
41:29 Sur une seule réserve, il y a moins d'une semaine,
41:31 94 rhinocéros ont été abattus sur une réserve en Afrique du Sud.
41:35 J'imagine pas un monde sans animaux sauvages,
41:38 sans... C'est un petit brin de magie qui reste sur cette terre,
41:41 et on est en train de la détruire complètement.
41:44 -Quand il n'est pas en mission,
41:46 Arthur Berthaud est apiculteur en France.
41:49 -Nine !
41:50 -Il est engagé dans l'ONG depuis sa création en 2014,
41:54 et c'est Sergio qui lui a tout appris.
41:57 Ils sont toujours confrontés à un problème majeur,
42:00 le manque de moyens.
42:02 -Ah, donc c'est encrassé complètement.
42:16 Ca arrive assez souvent, 2-3 fois par jour.
42:19 -On va pouvoir y aller.
42:21 -Les véhicules de la réserve ont une cinquantaine d'années,
42:25 et ils ont bien bourlingué.
42:27 -Tire quand tu veux.
42:28 Tirs
42:30 ...
42:33 -Quant aux armes...
42:34 -Il y a un problème d'éjection.
42:36 -Enlève ton chargeur.
42:38 -Incident de tir !
42:39 -Elle s'enraye.
42:43 Et pour cause.
42:48 -Ouais.
42:49 Ca n'est pas de dernière jeunesse.
42:51 53 munitions d'épis de l'Est.
42:55 Très mauvais état.
42:57 Je n'ai jamais vu ça.
42:58 Une munition aussi tordue, c'est incroyable.
43:01 Ca veut dire que le jour où il y a un échange de tirs sévère,
43:04 il est possible que plus de Rangers puissent réagir
43:07 après 2-3 tirs.
43:08 Et ça, c'est le quotidien, quoi, des équipes anti-braconnage.
43:12 -Un travail risqué.
43:15 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.
43:18 Pour un salaire de misère, 100 dollars par mois.
43:23 -C'est beaucoup de travail.
43:27 Beaucoup plus que prévu.
43:29 En tant que Rangers, on doit en faire toujours plus.
43:33 -Quelle est la différence
43:34 entre votre salaire et le prix d'une corne de rhino ?
43:38 -Non...
43:39 -La différence ?
43:41 Rires
43:44 -La différence, c'est pareil que le tout et le rien,
43:47 entre le prix d'une corne de rhino et le salaire d'un Rangers.
43:52 -Sur le marché noir,
43:55 la corne se vend au moins 60 000 dollars le kilo.
43:58 C'est plus que l'or.
44:00 La médecine chinoise lui attribue des valeurs thérapeutiques
44:04 qui n'ont jamais été prouvées scientifiquement.
44:07 Pour décourager les braconniers,
44:09 la réserve a trouvé une méthode radicale.
44:12 Après avoir anesthésié l'animal,
44:15 les vétérinaires le neutralisent et découpent ses 2 cornes.
44:19 Une opération délicate, mais sans douleur.
44:26 Leur corne est constituée de kératine,
44:29 tout comme les ongles.
44:30 -Salut, Sergio.
44:34 -Yako, comment ça va ?
44:36 -C'est Yako Muller, le propriétaire de la réserve,
44:40 qui a fait venir l'ONG de Sergio.
44:42 Sa formation est gratuite.
44:44 -Vous êtes content de leur progrès ?
44:47 -Oui.
44:48 -Oui, oui.
44:49 -Il ne reçoit aucune aide du gouvernement
44:52 pour protéger ses bêtes,
44:53 mais leur corne pourrait largement financer ce que ça lui coûte.
44:57 Nous le retrouvons en ville,
45:00 dans un endroit qu'il veut garder secret,
45:02 là où il cache son trésor.
45:05 -Sur le marché noir,
45:09 celle-ci vaut environ 400 000 $.
45:12 Pour nous, c'est dangereux de les garder.
45:17 Des gens pourraient venir chez moi et me tuer pour les avoir.
45:22 -Au fil du temps, il en a amassé des dizaines et des dizaines.
45:26 Il espère qu'un jour, leur vente soit légalisée.
45:30 -À partir du moment
45:32 où il y a plus d'offres sur le marché,
45:35 les prix chutent.
45:37 Mais même à 6 000 $ le kilo,
45:39 j'aurai les moyens de lutter contre l'extinction de cette espèce.
45:44 -Cette légalisation lui permettrait aussi de devenir millionnaire.
45:48 Depuis 2019, les animaux de Namibie
45:54 sont confrontés à un danger encore plus grand,
45:57 contre lequel personne n'arrive à lutter
46:00 et qui fait chaque année des dizaines de milliers de victimes.
46:04 C'est la sécheresse.
46:06 Conséquence du réchauffement climatique.
46:09 Le pays est devenu le plus chaud d'Afrique australe
46:13 et les bêtes n'ont plus de quoi se nourrir.
46:16 Musique douce
46:18 Dans une région reculée du Nord-Ouest,
46:23 il y a un peuple mythique,
46:25 particulièrement exposé aux conséquences de la sécheresse.
46:29 Ce sont les Himbas.
46:31 Musique douce
46:34 ...
46:39 Une tribu aux modes de vie ancestrales,
46:42 installée dans la région depuis le 15e siècle.
46:46 -Ca fait longtemps qu'on n'a pas vu d'abeilles ici.
46:49 Ca veut dire qu'on ne va pas avoir de pluie.
46:52 -Et on n'a plus de fruits qui poussent autour du village.
46:55 Comment on va faire ?
46:58 -Cela inquiète beaucoup Kasoto, le chef du village.
47:02 Il a perdu la moitié de ses vaches,
47:05 la seule ressource que possède son peuple.
47:08 -Elles sont mortes à cause de la sécheresse.
47:13 Il ne pleut pas assez.
47:15 Vous voyez, il n'y a pas beaucoup de lait.
47:20 Normalement, ce pot devrait être plein
47:25 après la traite d'une vache.
47:27 C'est un gros problème pour nous.
47:31 -La survie du village dépend d'elles et du lait qu'elles nous donnent.
47:35 -Ce manque de lait, les femmes en pâtissent
47:38 pour une raison étonnante.
47:40 -Poussez-vous, les enfants. Vous pourriez vous faire mal.
47:43 -Ils servent à préparer l'okra, un ongan à base de graisse laitière.
47:48 Ce matin, c'est Bendura qui s'en charge.
47:51 -Je vais tester celle-là, OK ?
47:53 -Sous l'oeil des anciennes, qui surveillent de près sa préparation.
47:58 L'okra, c'est ce qui leur donne cette couleur rouge,
48:01 une arme de séduction pour les famimbas.
48:04 -Il y a du parfum mélangé avec la graisse.
48:09 Comme ça, je sens bon.
48:11 Je la mets sur ma peau pour paraître rouge et être belle.
48:15 Douce et attirante.
48:18 Comme ça, notre village est connu pour avoir des jolies filles.
48:24 Et moi, je pourrais trouver un mari.
48:28 -Mais avec la pénurie de lait,
48:30 impossible de fabriquer suffisamment d'okra pour toutes les femmes.
48:34 Pas d'autre solution que d'organiser une expédition en ville.
48:38 Son but, trouver du beurre pour remplacer le lait.
48:42 C'est Bendura qui mène la petite troupe en stop.
48:48 -Je deviens trop vieille. Les voitures ne s'arrêtent même plus.
48:56 -Pour ces deux cousines, ce périple est exceptionnel.
49:00 C'est leur première fois hors du village.
49:03 -Je suis super contente d'aller à la ville.
49:07 J'ai vraiment envie de voir ça. Je n'y suis jamais allée.
49:11 -Après 2 heures de route, elles sont livrées à elles-mêmes
49:15 pour un voyage en terre inconnue, le supermarché.
49:20 Musique douce
49:23 ...
49:32 -Ouh là là ! Il fait super froid, ici.
49:34 -Et ça, tu sais ce que c'est, toi ?
49:37 -Et ça, c'est quoi ?
49:39 Est-ce que c'est de la nourriture ?
49:42 Ça, c'est de l'alcool.
49:44 ...
49:49 -Ça a l'air bon.
49:50 -Venue pour acheter du beurre,
49:52 elles ne résistent pas à toutes ces tentations.
49:55 -Est-ce qu'on peut prendre la nourriture
49:58 ou on risque de se faire frapper ?
50:00 C'est quoi ? -Des frites.
50:02 -Ce que tu appelles frites, j'en veux. J'en ai jamais mangé.
50:05 -Elles n'ont jamais vu de frites,
50:08 mais elles connaissent l'emballage du beurre.
50:11 Les hommes du village leur ont donné le peu d'argent qu'ils gagnent
50:16 en vendant des chèvres.
50:18 ...
50:20 -Si j'avais eu plus d'argent, j'aurais tout acheté ici.
50:24 ...
50:28 -Bendura et ses cousines se sont faites rattraper
50:31 par la société de consommation.
50:33 Elles commencent par goûter une galette
50:36 de charcuterie reconstituée.
50:38 ...
50:41 -Vous aimez ?
50:42 ...
50:44 -Non, c'est trop salé.
50:47 -Quant au menu frites Coca, ils cartonnent même chez les Himbas.
50:51 ...
50:56 -Les frites, c'est bon ! C'est délicieux !
50:59 ...
51:05 -Cette jeune nation aux ressources exceptionnelles
51:08 pourrait largement subvenir aux besoins de son peuple,
51:11 à condition de mettre fin à la mainmise
51:14 des puissances étrangères sur ses richesses.
51:17 ...

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