Le vent _ Dans la tourmente du changement climatique _ ARTE
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00:00 Le vent est le moteur de notre météo.
00:02 C'est lui qui provoque l'alternance entre pluie et soleil.
00:05 Mais le changement climatique semble l'avoir fait tourner.
00:09 Les vents vont forcément se transformer
00:11 avec la hausse des températures.
00:13 Aux Etats-Unis,
00:15 les ouragans se font de plus en plus violents et destructeurs.
00:18 Mais l'Europe n'est pas épargnée par les catastrophes naturelles.
00:22 La faute aux courants de jet,
00:24 qui sont les plus dangereux.
00:26 Les uragans sont un des plus grands environnements
00:29 qui sont touchés par les températures.
00:31 Le courant de jet, un vent d'Ouest très rapide,
00:34 soufflant à 10 km d'altitude.
00:36 Le courant de jet est comme un guide, une autoroute à tempête.
00:41 Ce courant d'altitude subit l'influence des températures de l'Arctique
00:47 et leur évolution est alarmante.
00:50 Le vent a tendance à se renforcer,
00:55 et à se transformer dans des situations écologiques extrêmes.
00:59 Les transformations du régime des vents
01:01 représentent un danger.
01:03 Le vent est un mouvement de l'air
01:20 provoqué par une différence de température ou de pression.
01:24 Plusieurs études ont montré
01:26 que la vitesse des vents durant les tempêtes hivernales
01:29 avait augmenté jusqu'à 5 % en Europe centrale.
01:32 Les tempêtes durent aussi plus longtemps
01:35 et entraînent des dommages plus importants.
01:37 Le phénomène est particulièrement visible en forêt.
01:41 17 % de la canopée européenne
01:43 a disparu entre 1986 et 2016.
01:46 Ici encore, c'est la force des vents qui en est à l'origine.
01:51 État des lieux dans une forêt du nord-est de l'Allemagne.
01:54 Heiko Schulz et Mathis Janssen sont venus constater
01:57 les dégâts subis par les épicéas suite à une tempête.
02:01 Après de fortes pluies,
02:03 un ouragan venu de l'Atlantique a fendu, couché
02:07 et même déraciné de nombreux arbres.
02:09 -Quand il pleut beaucoup avant une tempête,
02:12 on a une tempête qui est très forte.
02:15 C'est un des raisons pour lesquelles
02:17 on a des tempêtes qui sont très fortes.
02:20 Quand il pleut beaucoup avant une tempête,
02:23 le risque d'avoir de la casse est beaucoup plus grand.
02:26 -Les racines ont moins de force dans un sol ameubli.
02:30 Alors ça glisse et l'arbre se couche.
02:32 -Mais si les tempêtes font de plus en plus de dégâts
02:35 dans nos forêts en hiver,
02:37 cela tient aussi au fait que nos étés sont plus chauds.
02:40 Les épisodes de canicule affaiblissent les arbres
02:43 en les rendant plus vulnérables aux attaques d'insectes.
02:47 Les épisodes parasites seront les premières victimes
02:50 de la prochaine tempête. Un véritable cercle vicieux.
02:54 Les arbres couchés doivent être évacués de la forêt.
03:00 Leur bois mort est un vrai bouillon de culture pour les insectes.
03:04 L'écorce, incapable de se défendre, est rapidement attaquée.
03:08 Un épicéa en bonne santé, lui,
03:10 peut se protéger de nombreuses agressions
03:13 grâce à sa résine.
03:15 ...
03:19 -Là, c'est carrément un coléoptère de la famille des buprestes.
03:23 On le voit à ses galeries sinueuses avec des bords très nets.
03:26 Rien à voir avec les capricornes ou les scolites.
03:29 -C'est caractéristique.
03:31 -Oui. Et si on regarde plus bas...
03:34 Là ! Une larve de bupreste.
03:36 Oui. C'est un insecte qui profite du changement climatique.
03:39 Il aime la chaleur et il est capable de repérer un insecte
03:43 et il est capable de repérer un arbre affaibli
03:46 dans un rayon d'environ 20 km.
03:47 Il a tout ce qu'il faut pour se développer.
03:50 -Le changement climatique entraîne une dangereuse réaction en chaîne
03:54 dans les forêts d'Europe.
03:56 -La tempête offre des conditions idéales
03:58 pour une infestation future par ces insectes,
04:01 car elle leur permet de trouver facilement des lieux de ponte,
04:05 à moins qu'on évacue le bois rapidement,
04:07 comme on le fait maintenant.
04:09 En octobre 2017, la tempête Xavier
04:12 a fait tomber beaucoup d'arbres dans cette forêt.
04:14 On n'a pas eu le temps de tout nettoyer
04:17 et au printemps, il y avait encore quelques troncs au sol.
04:20 Résultat, le Bostriche typographe,
04:22 arrivé en avril-mai, avec la hausse des températures,
04:25 a trouvé un milieu parfait pour pulluler.
04:28 Et l'engrenage s'est mis en marche.
04:30 -Sauver la forêt suppose donc d'évacuer le bois mort au plus vite,
04:37 ce qui a un coût, en équipement comme en personnel.
04:41 -Le littoral de Nouvelle-Aquitaine
04:43 est exposé au vent venu du large.
04:46 Ici aussi, le changement du climat est perceptible.
04:49 A Sous-Lac-Sur-Mer, les employés de la voirie
04:53 sont obligés de déblayer le sable qui envahit les rues
04:56 et de le remettre sur la plage,
04:58 car la dune protège la ville des tempêtes en hiver.
05:01 La montée du niveau des eaux se fait déjà sentir.
05:06 En 2014, un épisode de "Les Temps"
05:09 a presque entraîné l'effondrement de cet immeuble résidentiel.
05:13 Depuis, des brise-lames ont été installées en mer
05:27 et les digues ont été renforcées.
05:30 Mais ce n'est qu'un répit.
05:32 Les chercheurs pensent que les tempêtes
05:34 n'ont pas fini de battre des records de vitesse.
05:37 ...
05:39 Tous les ans, au printemps,
05:41 l'observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine
05:44 ne peut que constater les dégâts de la saison hivernale.
05:48 -Et puis, on va longer là et on va l'installer là-bas.
05:51 -Thomas Bulto et ses collègues
05:53 installent leurs instruments de mesure sur une plage de Biarritz.
05:57 Cette station GPS communiquera avec un satellite
06:00 capable non seulement de déterminer son emplacement précis,
06:04 mais aussi de déterminer
06:06 son emplacement précis, mais aussi son élévation
06:08 par rapport au niveau de la mer.
06:10 -Ces mesures sont nécessaires
06:12 parce qu'on a une côte qui est très mobile.
06:15 Les mouvements sont quand même assez impressionnants
06:18 sur certaines parties de la côte aquitaine.
06:20 Donc, faire ces mesures régulièrement et sur le long terme
06:24 nous permet d'avoir un socle de connaissances robustes.
06:28 Et ce n'est qu'après plusieurs années d'observation
06:32 qu'on est capable ensuite d'apporter
06:34 une véritable expertise auprès des décideurs
06:37 pour qu'ils prennent des décisions en matière d'aménagement.
06:40 Musique douce
06:43 -Ouais, pareil.
06:44 ...
06:49 -A cet endroit du littoral,
06:51 ce sont des rochers immergés en mer qui protègent la plage.
06:55 Et pourtant, les tempêtes et l'élévation du niveau des eaux
06:58 sont déjà à l'oeuvre.
07:00 Des pans entiers de la côte se sont déjà effondrés.
07:04 La plage est soumise à deux forces contraires.
07:07 Les épisodes de submersion emportent le sable vers le large,
07:11 tandis que le vent l'entraîne vers la terre.
07:13 Les plages des environs de Biarritz
07:17 perdent ainsi quelques millimètres tous les ans
07:19 et se rapprochent inexorablement du niveau de la mer.
07:22 ...
07:29 -Si on a des tempêtes répétées
07:32 avec des grosses pluviométries,
07:34 comme on a eu en décembre dernier,
07:37 on a bien vu qu'il y a eu un vrai déclenchement,
07:40 un déclenchement de beaucoup de mouvements de terrain
07:43 qui étaient liés à ces précipitations un peu anormales.
07:47 On pressent quand même qu'au-delà de l'aspect marin,
07:51 il peut aussi y avoir des conséquences des tempêtes
07:54 sur la pluviométrie,
07:55 qui peut avoir un impact sur le littoral rocheux basque.
07:59 -L'abaissement de la plage
08:00 facilite le travail de sable de l'océan,
08:03 qui ronge la côte centimètre par centimètre.
08:05 Le front de mer est désormais menacé de disparition.
08:09 Le protéger contre les tempêtes à venir
08:12 coûterait plusieurs milliards d'euros.
08:14 ...
08:19 -De relocaliser, en fait, les habitations ?
08:22 Je pense que oui, en fait.
08:24 C'est ce vers quoi, finalement, la société va tendre
08:28 et le problème actuellement,
08:31 c'est qu'on n'a pas les outils juridiques,
08:35 financiers, réglementaires pour mettre en oeuvre ces solutions.
08:38 Mais on sent bien que c'est en laissant
08:41 une profondeur de respiration à la côte,
08:44 en laissant la nature un petit peu jouer son rôle,
08:49 et en étant un peu plus en retrait,
08:51 qu'on arrivera à vivre durablement sur le littoral,
08:54 qui est bien réel.
08:55 -Les scientifiques de l'Institut de recherche
08:58 à l'Université de Potsdam étudient les conséquences
09:00 du changement climatique sur la météo.
09:03 Y a-t-il un lien entre les épisodes extrêmes de canicule,
09:06 de pluie ou de tempête ?
09:09 Pour Efi Roussi et Stéphane Ramsdorff,
09:12 le vent pourrait apporter la réponse à cette question.
09:16 ...
09:18 -Nous avons déjà constaté des changements
09:21 dans le régime des vents,
09:22 qui dépendent principalement de la région et de la saison.
09:26 En hiver, par exemple, nous voyons bien
09:28 que les trajectoires des tempêtes se renforcent,
09:31 surtout dans le nord-ouest de l'Europe.
09:33 Et en été, c'est l'inverse, ces trajectoires s'affaiblissent.
09:37 -La hausse des températures entraîne nécessairement
09:40 une modification des vents,
09:42 car elle n'est pas répartie de façon uniforme
09:44 à la surface de la Terre.
09:46 Or, on sait que le vent résulte
09:49 d'une différence de température entre deux régions.
09:53 Il est donc bien évident que le réchauffement climatique
09:56 ne peut qu'entraîner une transformation
09:58 du régime des vents,
10:00 ce qui a bien sûr des répercussions pour l'homme.
10:03 -Le temps qu'il fait sur Terre
10:05 se décide à environ 10 000 m d'altitude.
10:08 Les courants de jette résultent de la rencontre
10:11 entre les masses d'air chaud venus de l'équateur
10:14 et celles d'air froid en provenance des pôles.
10:17 La rotation du globe les oriente d'ouest en est.
10:21 Un premier courant se forme au niveau des tropiques,
10:24 un second, plus puissant, autour du 60e parallèle.
10:29 Il tire sa force des différences de température
10:31 entre l'air chaud du sud et l'air froid du pôle.
10:35 Le courant de jette polaire de l'hémisphère nord
10:38 entraîne la formation de zones anticycloniques
10:40 ou dépressionnaires au niveau des latitudes moyennes.
10:44 Les chercheurs ont constaté qu'il avait tendance à ralentir.
10:49 -Les régions arctiques se réchauffent plus rapidement
10:53 que le reste du globe à basse altitude.
10:56 Concrètement, cela signifie que le gradient horizontal de température,
11:02 c'est-à-dire la différence entre les pôles et l'équateur, diminue.
11:07 Et si l'écart se resserre, on a des vents moins rapides
11:11 et des courants de jette plus faibles.
11:13 -L'Arctique.
11:16 Ces 50 dernières années,
11:17 les températures y ont augmenté de 3 degrés,
11:20 soit nettement plus que dans le reste du monde
11:23 où le réchauffement atteint environ 1,1 degré
11:26 depuis les débuts de l'ère industrielle.
11:28 Marion Matturilli,
11:30 météorologue à l'Institut Alfred Wegener,
11:33 se rend sur l'île de Spitsberg
11:35 pour y étudier les raisons de ce réchauffement plus rapide
11:38 et ses conséquences.
11:40 Elle coordonne l'ensemble des études scientifiques
11:43 menées par la station de recherche franco-allemande,
11:45 administrée conjointement avec l'Institut polaire Paul-Emile Victor.
11:51 -La recherche en Arctique gagne en importance
11:55 parce que le changement climatique
11:57 y est beaucoup plus avancé ici qu'ailleurs.
12:00 Ici, à Niolosun,
12:01 nous avons la possibilité de mesurer
12:04 et de documenter les effets du réchauffement
12:07 dans plusieurs domaines
12:08 et d'en étudier les différents processus.
12:11 -Niolosun, à l'ouest de l'île,
12:14 ne compte que quelques dizaines d'habitants,
12:17 mais c'est un haut lieu de la recherche.
12:19 11 pays y sont représentés.
12:21 À l'Observatoire franco-allemand, bardé d'instruments de mesure,
12:26 Marion Matturilli a déjà pu mettre en évidence
12:29 les premiers effets de la hausse des températures.
12:33 -Pendant les mois d'hiver, en particulier,
12:36 on constate que les flux d'air viennent plus souvent du sud.
12:39 Ils apportent des masses d'air chauds et humides
12:42 des latitudes moyennes.
12:44 -Les masses d'air chauds et humides
12:46 viennent plus souvent des masses d'air feuilles.
12:49 Ca a des répercussions sur la formation de nuages
12:52 et les précipitations, et donc sur le climat local,
12:55 ce qui est assez préoccupant.
12:57 -Je vais déjà gonfler le ballon, OK ?
12:59 -Les changements subis par les vents
13:01 contribuent donc au réchauffement de l'Arctique.
13:04 Ingénieur en environnement,
13:06 Ficke-Radeur assiste les chercheurs dans leurs travaux.
13:10 Tous les jours,
13:11 les chercheurs s'intéressent à la recherche
13:14 et à la recherche de l'Atlantique.
13:16 Tous les jours, à midi,
13:17 elle lance un ballon équipé d'une radiosonde
13:20 qui transmet un grand nombre de données sur l'atmosphère.
13:24 Ces relevés permettent à Marion Matturilli
13:26 d'évaluer les conséquences de la hausse des températures
13:30 de l'Arctique sur le courant de jette.
13:32 Pour dresser un tableau complet
13:34 des effets en altitude du réchauffement terrestre,
13:37 plusieurs sondes similaires sont lâchées simultanément
13:40 en divers endroits du globe.
13:42 Elles peuvent s'élever jusqu'à 30 km avant d'éclater.
13:45 C'est un outil essentiel pour mon travail,
13:48 car c'est le seul moyen d'effectuer des mesures
13:51 à 30 km d'altitude.
13:52 Et la résolution verticale est très élevée.
13:55 Le ballon monte à une vitesse de 5 m/s
13:58 et effectue un relevé par seconde.
14:00 Ca veut dire qu'il transmet une valeur tous les 5 m,
14:03 ce qu'aucun autre appareil ne pourrait faire.
14:06 Marion Matturilli a ainsi pu constater
14:08 que le courant de jette s'était modifié.
14:11 Les transformations du vent
14:13 ont des conséquences sur les êtres vivants.
14:16 Dans la forêt de Chizé, près du marais Poit-de-Vin,
14:19 se trouve l'un des principaux centres
14:22 de recherche ornithologique en France.
14:24 Henri Weimerskirch y organise des missions
14:27 aux quatre coins du monde.
14:29 ...
14:36 ...
14:43 Depuis plus de 40 ans, il s'intéresse aux grands albatros
14:46 nichant sur les îles Crozets,
14:48 dans les terres australes et antarctiques françaises.
14:52 En 2012, il fait une découverte.
14:54 ...
14:56 -En analysant les données à long terme,
14:59 on a suivi les oiseaux année après année pendant 20 ans,
15:02 on s'est aperçu qu'on a eu des changements très importants
15:06 des déplacements des albatros
15:08 au cours de la reproduction à partir des îles Crozets.
15:11 Des déplacements et également de leur biologie de reproduction
15:15 et même du poids des individus.
15:17 -Les oiseaux ont gagné en moyenne un kilo en l'espace de 20 ans,
15:23 sans que leur envergure ait changé.
15:25 Le nombre d'individus de la colonie a lui aussi augmenté.
15:29 Les juvéniles sont chaque année plus nombreux
15:32 à atteindre l'âge adulte.
15:34 La raison de cette évolution serait restée un mystère
15:37 si les chercheurs n'avaient pas épluché 20 ans
15:39 de relevés météorologiques dans la région.
15:42 -C'est d'une part le changement de vent,
15:47 donc l'augmentation de la vitesse du vent
15:49 a permis aux albatros de se déplacer plus rapidement.
15:53 On a une augmentation significative
15:55 de la vitesse de déplacement des albatros.
15:58 Et ça, ça a permis aux oiseaux de gagner du poids,
16:03 puisqu'ils peuvent trouver la même quantité de nourriture
16:07 en moins de temps.
16:08 Cela leur permet de gagner du poids.
16:10 -Les albatros ont donc profité d'un courant de vent d'ouest
16:14 que la hausse des températures avait décalé
16:16 en direction du pôle sud.
16:18 Les albatros aboient.
16:20 ...
16:25 Cette découverte fortuite a prouvé, pour la première fois,
16:28 que les modifications de la trajectoire des vents
16:32 influaient considérablement sur les espèces.
16:34 -En particulier, ce qui était complètement sous-estimé,
16:39 c'est que ce changement climatique puisse avoir une implication
16:43 sur le comportement d'un animal,
16:45 notamment sur sa vitesse de déplacement.
16:48 C'est quelque chose qui était effectivement très surprenant
16:52 et inattendu.
16:53 -S'il y a une catégorie d'Européens
16:55 qui savent que les transformations du vent peuvent tout changer,
16:59 ce sont les agriculteurs.
17:01 -L'alternance entre épisodes secs et pluvieux
17:03 a perdu de sa régularité.
17:05 Les céréaliers, notamment,
17:07 voient fluctuer le niveau de leur récolte.
17:10 C'est ce qui a poussé Jan Wittenberg
17:13 à privilégier des variétés moins sensibles aux caprices du temps.
17:17 -Le lupin possède un appareil racinaire exceptionnel.
17:22 Sa racine pivotante s'enfonce très facilement dans le sol,
17:26 ce qui permet à la plante d'aller puiser dans des réserves d'eau
17:30 auxquelles d'autres variétés n'ont pas accès.
17:33 Elle a aussi un effet structurant sur le sol,
17:36 bénéfique pour les cultures suivantes.
17:39 En 2020, la 2e grande année de sécheresse dans la région,
17:43 le lupin a encore atteint des rendements records,
17:46 alors que toutes les autres cultures,
17:48 à commencer par les céréales, étaient presque à zéro.
17:51 -Le changement climatique n'est ni une vue de l'esprit
17:57 ni un phénomène réservé aux pays lointains.
18:00 Cela fait longtemps qu'il est ressenti en plein coeur de l'Europe.
18:03 L'été 2018, marqué par une canicule de plus de 15 jours,
18:07 a levé les derniers doutes.
18:09 -Ca fait une éternité que l'on discute du problème du climat
18:14 et des épisodes extrêmes.
18:16 Malheureusement, certains ont longtemps refusé d'ouvrir les yeux.
18:20 Mais je crois que pour nous tous, 2018 a été l'année charnière.
18:24 C'est là où on s'est dit que ça devait être sérieux.
18:27 Le climat a changé. Maintenant, c'est à nous de nous adapter.
18:31 -Dans sa ferme du nord de l'Allemagne,
18:35 Jan Wittenberg a été l'un des premiers à réagir.
18:39 -Ca fait plus de 20 ans que je ne pratique plus aucun labour,
18:44 car je suis convaincu que le semi-direct
18:47 est plus bénéfique pour le sol, pour les plantes
18:49 et pour tout l'écosystème.
18:51 Pour deux raisons.
18:53 D'abord, cela permet à l'eau de mieux s'infiltrer
18:56 en cas de précipitations extrêmes.
18:58 On a une porosité verticale qui lui permet de bien descendre
19:01 pour s'introduire au plus profond du sol.
19:04 L'autre raison, c'est qu'on limite l'érosion
19:07 due au vent et au ruissellement.
19:10 -Si le lupin d'hiver vient tout juste d'être semé,
19:14 le colza, lui, est déjà en fleurs.
19:16 Jan Wittenberg cherche à étaler au maximum
19:20 le calendrier de ses récoltes.
19:22 -On doit essayer de s'adapter.
19:25 Ce qui veut dire aménager nos rotations culturales
19:28 dans la mesure du possible, changer nos cultures
19:31 et surtout favoriser la biodiversité.
19:34 Il faut varier les espèces afin de réduire le risque,
19:38 ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier.
19:43 -Les canicules que l'Europe a connues ces dernières années,
19:46 sont-elles le résultat des changements survenus
19:49 dans l'Arctique ?
19:51 C'est la réponse à cette question
19:53 que Marion Maturilli est venue chercher sur l'île de Spitsberg,
19:57 où le temps est bien trop beau pour un mois de septembre.
20:00 Si, historiquement, les températures
20:02 n'ont pas toujours été négatives à cette période de l'année,
20:06 le fjord était quand même le plus souvent pris par la glace.
20:10 Mais l'époque où on le traversait en motoneige
20:13 est bel et bien révolue, même en hiver.
20:22 -Marion Maturilli et son équipe
20:24 se rendent dans une autre station de recherche
20:27 où sont analysées les particules apportées par le vent.
20:30 Une pollution microscopique
20:32 qui témoigne de mouvements à très grande échelle.
20:36 -Il y a aussi des chutes de pollution
20:38 qui, sur de nombreuses distances...
20:41 -La pollution que nous mesurons ici
20:43 a parfois parcouru des milliers de kilomètres,
20:45 avec le vent, bien sûr.
20:47 Le vent dépose dans l'Arctique
20:49 des particules venues de régions industrielles
20:52 ou encore de feux de forêt en Sibérie.
20:54 -Étape suivante.
20:56 Un glacier situé à l'est de la baie.
20:58 C'est de lui que proviennent les blocs de glace
21:01 flottant dans le fjord.
21:03 Le front glaciaire ne cesse de reculer,
21:06 ici comme à l'intérieur des terres,
21:08 ce qui contribue à l'élévation du niveau des mers.
21:11 Mais la calotte glaciaire d'ici, au pôle nord,
21:14 est plus mince qu'au pôle sud.
21:16 Pour Marion Maturilli,
21:17 la disparition de la banquise est le phénomène le plus préoccupant.
21:21 -Quand la glace de mer recule ou disparaît,
21:24 la surface de l'eau se retrouve à l'air libre.
21:27 L'eau étant plus foncée que la glace,
21:29 elle réfléchit moins bien les rayons du soleil
21:32 et absorbe au contraire la chaleur,
21:34 ce qui contribue à l'élévation des températures
21:37 de l'océan et de l'atmosphère.
21:39 C'est ce qu'on appelle une rétroaction.
21:41 -C'est-à-dire une reculture
21:43 de l'eau dans le sol.
21:45 -C'est ce qu'on appelle une rétroaction.
21:47 -C'est une reculture.
21:48 -De plus, le contact avec l'air favorise l'évaporation de l'eau.
21:53 L'atmosphère devient donc à la fois plus chaude et plus humide.
21:57 Ca a notamment une influence sur la formation des nuages
22:01 et alimente une nouvelle boucle de rétroaction
22:04 dans laquelle le climat se réchauffe.
22:06 -Ce qui s'est fait pour que le climat s'élargisse.
22:09 -Un effet de plus qui aggrave le réchauffement de l'Arctique.
22:13 Il est aussi un outil de l'influence sur le courant de jette.
22:16 A l'institut Alfred Wegener de Potsdam,
22:19 les scientifiques transforment les données
22:21 des stations de l'Arctique en modèles mathématiques.
22:24 Ils cherchent à déterminer si les phénomènes constatés au pôle
22:28 accélèrent réellement le changement climatique.
22:31 Dörte Hanndorf surveille de près la glace de mer de l'Arctique
22:36 à l'aide de photosatellites.
22:42 -La banquise est en recul à peu près constante.
22:48 C'est ce que nous montrent ces courbes.
22:52 Si l'on observe les minimas de chaque année
22:55 durant les dernières décennies,
22:57 le mois de septembre, donc,
23:00 on constate une baisse de l'étendue de la glace de mer
23:04 depuis la fin des années 1970.
23:07 Une baisse que l'on peut chiffrer à environ -13 %
23:12 tous les 10 ans.
23:13 -Sans glace de mer au-dessus du cercle polaire,
23:22 le réchauffement de l'Arctique s'accélère sensiblement.
23:25 Dörte Handorf cherche à en évaluer les conséquences
23:29 pour le courant de jette.
23:30 -Nous avons montré que le déclin de la couverture de glace de mer
23:37 peut exercer une influence sur le courant de jette.
23:41 En effet, nous avons établi une corrélation
23:45 entre la baisse de cette couverture,
23:47 l'affaiblissement du courant de jette
23:50 et la survenue de ce qu'on appelle les situations de blocage atmosphérique.
23:54 -Les situations de blocage se produisent
23:57 quand le courant de jette ralentit
23:59 et que son flux se relâche autour du globe.
24:02 Les ondes s'amplifient jusqu'à devenir stationnaires.
24:06 Crête anticyclonique en rouge
24:08 et creux dépressionnaire en bleu
24:10 n'alternent plus et stagnent plus longtemps
24:13 sur les régions concernées,
24:14 provoquant ainsi des épisodes de forte chaleur
24:17 ou de froid intense de longue durée.
24:20 Ces fluctuations du courant de jette ont toujours existé,
24:23 mais les chercheurs de l'Institut Alfred Wegner
24:26 ont prouvé qu'elles pouvaient être engendrées
24:29 par le changement climatique
24:31 avec des répercussions potentiellement catastrophiques.
24:37 -Il y a un lien évident entre le courant de jette
24:40 et les épisodes météorologiques extrêmes.
24:43 Il existe notamment un phénomène de formation d'ondes de grande amplitude
24:47 qui serpente autour du globe, entre le nord et le sud,
24:51 et qui à un moment s'immobilise.
24:53 Ca entraîne une stagnation de la météo,
24:56 qui peut durer très longtemps.
24:58 Si vous êtes en zone dépressionnaire,
25:01 vous aurez de fortes pluies avec un risque d'inondation.
25:05 Et si vous êtes dans l'anticyclone,
25:08 vous risquez une vague de chaleur et une sécheresse.
25:12 -On ne sait pas encore si ces coups de mou du courant de jette
25:17 sont plus fréquents.
25:20 Mais ce qu'on peut dire,
25:22 c'est que même un petit changement dans le courant de jette,
25:25 un léger affaiblissement en été, par exemple,
25:28 peut avoir un impact météo disproportionné
25:30 à la surface du globe.
25:35 -Les variations du vent sont donc à l'origine
25:38 des épisodes de canicules et de sécheresse
25:40 qu'ont connus l'Europe en 2018 et 2019.
25:44 En cause, un anticyclone stationnaire,
25:46 résultant de l'affaiblissement du courant de jette.
25:49 Les régions exposées à un creux dépressionnaire prolongé
25:53 subissent au contraire des pluies abondantes.
25:56 C'est ce qui s'est produit en 2021 en Allemagne et en Belgique,
26:00 où les inondations ont fait plus de 200 morts.
26:03 Mais comment faire le lien avec le changement climatique ?
26:06 Martin Kreiumkamp, du service météorologique allemand,
26:11 étudie ces corrélations.
26:12 Ce nouveau champ de recherche porte un nom, l'attribution.
26:16 -Nous utilisons des modèles climatiques
26:19 et des simulations pour comparer la situation réelle,
26:22 où l'humain vit sur Terre et provoque de nombreuses transformations,
26:26 avec une situation théorique, en dehors de tout effet anthropique,
26:30 c'est-à-dire sans émissions de gaz à effet de serre,
26:33 sans occupation des sols, etc.
26:35 Et on observe les éventuelles différences.
26:40 -Les inondations écrues ayant endeuillé l'Allemagne
26:43 font partie des pires catastrophes naturelles survenues en 2021.
26:47 Les spécialistes de l'attribution
26:49 ont intégré le niveau des précipitations à leur modèle.
26:53 -Le changement climatique a joué un rôle dans les événements
26:59 à l'origine des inondations de la vallée de l'Ard.
27:02 Il a augmenté la probabilité de ce type de catastrophe
27:05 d'un facteur compris entre 1,2 et 9
27:07 par rapport au début de l'ère industrielle.
27:11 La fourchette est large, car nos données elles-mêmes
27:14 manquent de précision.
27:15 Mais si l'on prend un facteur médian, le chiffre 5,
27:18 un événement se produisant statistiquement tous les 2000 ans,
27:21 arriverait désormais tous les 400 ans.
27:27 -L'université de Princeton, dans l'Etat américain du New Jersey,
27:31 est l'un des établissements de recherche
27:33 les plus réputés au monde en matière de changement climatique.
27:37 Le professeur Tom Knudsen et son équipe
27:41 travaillent sur les ouragans
27:43 et l'influence que le climat peut avoir sur eux.
27:46 Ils évaluent notamment les conséquences
27:49 que subissent les habitants des régions exposées aux tempêtes.
27:55 -Nous pensons qu'avec la poursuite du réchauffement climatique,
27:58 les ouragans vont gagner en intensité.
28:01 C'est un effet qui peut paraître modeste,
28:04 de l'ordre de 3 %,
28:06 mais une augmentation de 3 % de la vitesse des vents
28:10 se traduit par une hausse importante des dommages occasionnés.
28:14 Les dégâts provoqués par les ouragans
28:16 s'accroissent selon une échelle non pas arithmétique,
28:19 mais géométrique, avec sans doute un facteur 3.
28:22 3 % en plus pour la vitesse du vent
28:24 équivaut à environ 10 % de dégâts en plus.
28:27 -A la Nouvelle-Orléans, en Louisiane,
28:33 les tas de gravats qui bordent les rues
28:36 et les bâches bleues tendues sur les toits
28:38 témoignent du passage récent d'un ouragan.
28:41 16 ans après Katrina,
28:42 qui avait ravagé des quartiers entiers de la ville,
28:45 la région a subi une nouvelle tempête.
28:48 Haïda, classée ouragan de catégorie 4
28:51 sur une échelle de 5.
28:53 La ville a été balayée par des vents de 240 km/h.
28:57 Elle n'en est toujours pas remise.
29:00 Pour Dartstowell, le 29 août 2021
29:04 restera le jour où il a subitement perdu son toit.
29:07 L'homme est actuellement hébergé par son frère.
29:11 -Ca fait mal de voir tout ça.
29:18 J'avais tellement de souvenirs dans cette maison.
29:22 J'avais fait tellement de travaux.
29:24 On avait emménagé en 1978.
29:27 Ca fait un sacré bail.
29:29 C'est surréaliste.
29:32 J'ai pas d'autres mots pour décrire ça.
29:35 Quand vous regardez chez les voisins,
29:38 j'aurais très bien pu avoir juste un dégât de toiture,
29:41 mais c'est fou.
29:43 Il a fallu que ce soit ma maison qui s'écroule.
29:47 J'arrive pas à y croire.
29:50 -La tempête a atteint les côtes de Louisiane un dimanche,
29:54 peu avant midi.
29:56 Les météorologues avaient émis une alerte,
29:58 mais de nombreux habitants n'ont pas voulu évacuer leur maison.
30:02 Dartstowell, lui aussi, a tenu à rester chez lui,
30:05 espérant que la tempête épargnerait la ville.
30:08 ...
30:17 -Il se trouve à l'étage quand une rafale s'abat sur sa maison
30:21 et en déboîte les murs.
30:23 L'homme devra s'extraire lui-même des décombres.
30:26 -Je sais pas encore très bien si je vais rester à la Nouvelle-Orléans
30:31 ou pas. Avec les ouragans,
30:33 il faut toujours être sur ses gardes et faire profil bas.
30:36 C'est ça ou déménager.
30:39 On dirait qu'il y en a de plus en plus.
30:42 Celui-là s'est produit juste après le 16e anniversaire de Katrina.
30:46 Ca finit par être épuisant, même si on n'est pas directement touché,
30:51 juste de savoir que ça vous pend au nez.
30:54 -Ida a frappé la ville de plein fouet.
30:57 Et les prochains ouragans pourraient être plus puissants encore.
31:02 -Nous prévoyons une autre évolution en lien avec les ouragans,
31:08 la hausse de la pluviométrie.
31:10 Car d'une façon générale,
31:12 une atmosphère plus chaude contient plus de vapeur d'eau.
31:16 Les ouragans vont concentrer toute cette humidité
31:20 au coeur de la tempête.
31:23 On prévoit que pour toute augmentation d'un degré Celsius
31:27 de la température de la mer en surface,
31:29 le taux de précipitation augmentera de 7 %.
31:33 -L'ouragan Ida a confirmé les pires prophéties
31:36 sur le changement climatique.
31:38 La perturbation a balayé la côte est des Etats-Unis,
31:41 entraînant des pluies diluviennes.
31:44 Une centaine de personnes y ont laissé la vie.
31:47 A Lombertville, dans le New Jersey,
31:50 les pluies ont fait sortir les ruisseaux de leur lit
31:53 et les ont transformés en torrents dévastateurs.
31:56 La maison des Separulo n'a pas résisté à ces tonnes d'eau.
32:01 ...
32:06 Les 4 membres de la famille
32:08 ont tout juste eu le temps de se mettre à l'abri.
32:12 -Sur la gauche, là, c'était les chambres des enfants.
32:16 Ma fille et mon fils avaient chacun la leur.
32:20 C'est par là que l'eau s'est engouffrée,
32:23 détruisant tout le rez-de-chaussée.
32:27 On avait un plancher en bois qui s'est affaissé au milieu.
32:32 Une fois que l'eau est entrée dans la maison,
32:35 elle a tout emporté vers la rivière.
32:38 -La maison des Separulo a été rasée depuis.
32:43 Celle des voisins est elle aussi condamnée.
32:46 Le terrain a été déclaré inconstructible
32:49 afin d'éviter toute prochaine catastrophe.
32:52 Les dangers liés aux pluies torrentielles
32:54 accompagnant les ouragans ne font en effet que s'intensifier.
32:58 ...
33:02 -La vitesse de propagation des tempêtes tropicales
33:06 sur les ouragans au-dessus du territoire américain
33:09 a baissé depuis 1900.
33:11 Et si une tempête ralentit,
33:13 cela signifie qu'elle passe plus de temps là où elle est.
33:17 Ce ralentissement entraîne donc une hausse du total
33:20 des précipitations à un endroit donné
33:22 et donc une hausse du risque de crues et d'inondations.
33:25 -L'Organisation européenne
33:27 pour l'exploitation des satellites météorologiques,
33:31 à Darmstadt, transmet à Météo France
33:33 et à ses homologues européens les données relevées depuis l'espace,
33:37 élément essentiel des prévisions.
33:39 ...
33:42 Paolo Ruti, directeur scientifique,
33:45 travaille à améliorer leur précision.
33:47 Car jusqu'à présent, ces services n'arrivaient à mesurer le vent
33:51 que de façon indirecte.
33:52 -Les canaux infrarouges et visibles
33:55 nous fournissent des données très précises
33:58 qui font apparaître différents nuages
34:00 à différentes altitudes.
34:02 ...
34:06 Nous observons les mouvements de ces nuages
34:09 et cela nous permet d'en déduire les vecteurs vent.
34:12 ...
34:14 C'est très important, car c'est cela qui donne au modèle
34:18 la capacité à bien localiser les tempêtes,
34:20 leur dynamique et leur trajectoire
34:22 vers telle ou telle partie du continent.
34:25 ...
34:28 -Mais les satellites météorologiques
34:30 nous renseignent très peu sur le courant de jette.
34:33 C'est ce à quoi doit remédier un nouveau système de mesures
34:36 déjà lancé à titre expérimental
34:38 et dont la mission est d'observer l'influence du vent d'altitude
34:42 sur le temps qu'il fait sur Terre.
34:44 ...
34:47 -Ce qui se passe en altitude, jusqu'à 10 km,
34:53 est primordial pour nous aider à comprendre et à prédire ces systèmes.
34:57 C'est là que nous aimerions avoir plus de données.
35:01 Il existe aujourd'hui une sorte de prototype,
35:06 baptisé Eolus, d'après Eole, le dieu du vent,
35:11 qui nous permet déjà d'en savoir un peu plus.
35:14 ...
35:17 -Ce satellite, équipé d'un système innovant de mesures du vent,
35:21 a été construit par l'Agence spatiale européenne.
35:24 Son laser émet de brèves impulsions lumineuses dans l'ultraviolet
35:28 et mesure le décalage de la lumière rétro-diffusée par les molécules,
35:32 dont il calcule ainsi la vitesse.
35:35 Eolus a été lancé depuis Kourou en 2018.
35:39 Depuis, l'Institut d'études de la troposphère à Leipzig
35:42 lui consacre une journée par semaine, le vendredi.
35:46 Holger Barth et Sébastien Blei
35:48 passent en revue les données transmises par le satellite.
35:52 -Ca, c'est les mesures de la semaine dernière ?
35:55 -Exact.
35:56 -Les données relevées sont disponibles
35:59 3 heures seulement après le survol d'une région par Eolus.
36:03 -Chacun de ces rectangles
36:05 représente une valeur du vent mesurée par Eolus.
36:09 Le satellite effectue des relevés jusqu'à environ 30 km d'altitude.
36:14 On voit différentes nuances.
36:17 Si on regarde la légende, le rouge correspond à un vent d'est
36:21 et le bleu marine à un vent d'ouest.
36:23 -Plus la couleur est foncée et plus le vent est fort.
36:26 La zone de rectangle bleu correspond au courant de jet.
36:30 -On voit bien ici la façon dont les couleurs se brouillent
36:34 à basse altitude.
36:36 C'est dû aux nombreuses turbulences
36:38 qui font qu'on a du mal à obtenir des valeurs très précises
36:41 depuis l'espace.
36:42 -On regarde les valeurs de la radiosonde.
36:45 -Chaque vendredi, le satellite passe au-dessus de Leipzig.
36:49 Holger Barth et Sébastien Blei en profitent
36:52 pour envoyer une sonde.
36:53 -Elle est montée à combien ?
36:55 -Jusqu'à 24 km.
36:57 -Super.
36:58 Elle a pu couvrir toute la hauteur des relevés d'Eolus.
37:02 -C'est ça.
37:03 -Le ballon-sonde livre des mesures plus précises que le satellite.
37:07 Mais seul Eolus est capable de fournir une vue d'ensemble
37:10 sur le courant de jet.
37:12 -Eolus a une précision de 5 à 8 m par seconde
37:16 s'il n'y a pas de nuages.
37:18 Une marge d'erreur de 5 à 8 m ici ou là,
37:21 ça ne remet absolument pas en cause nos modèles.
37:24 Musique de suspens
37:27 -Le service météorologique allemand, près de Francfort,
37:30 recoupe et convertit les données transmises par Eolus
37:34 en bulletins météo.
37:35 Musique de suspens
37:37 -C'est un objet qui est très important
37:40 pour la recherche de données.
37:41 -Alexander Kress a pu avoir accès pour la première fois
37:47 à des données sur le courant de jet.
37:49 Musique de suspens
37:51 ...
37:58 -Eolus nous sert à affiner notre modèle au niveau mondial.
38:04 Plus on pourra prévoir la trajectoire du courant de jet
38:07 sur la Terre, notamment dans l'hémisphère Nord,
38:10 et mieux on pourra prédire les mouvements
38:12 des anticyclones et des dépressions.
38:15 -Le ralentissement du courant de jet
38:17 génère un risque accru d'épisodes météorologiques extrêmes.
38:20 Affiner les prévisions et les alertes
38:23 permettrait aux autorités de donner suffisamment tôt
38:26 l'ordre d'évacuer les zones à risque.
38:28 -Avoir des données d'une telle ampleur sur le vent,
38:31 c'est inédit et c'est un grand pas en avant.
38:33 Des inondations comme celles qu'on a connues en 2021,
38:36 il y en aura de plus en plus
38:38 durant les 10 à 20 prochaines années.
38:40 Mieux on arrivera à mesurer les vents sur l'Atlantique
38:43 ou le Pacifique,
38:44 et plus on pourra prédire ce genre de catastrophes.
38:47 Et donc, alerter les populations.
38:50 ...
38:54 -Mais les prévisions météorologiques
38:56 ne suffiront pas pour prévoir
38:58 les événements de la suite.
39:00 Mais les prévisions météorologiques
39:02 ne suffiront pas à résoudre les défis
39:05 liés au changement climatique.
39:06 Dans le nord de l'Allemagne,
39:08 les champs de l'agriculteur bio Jan Wittenberg
39:11 subissent une période de sécheresse prolongée.
39:14 En cette fin d'été,
39:15 la terre a soif, et le lupin aussi.
39:19 -Ces trois grains-là sont bons,
39:21 mais les trois autres ne sont pas arrivés à maturité.
39:24 Aucune plante ne peut vivre sans un minimum d'eau.
39:27 Le lupin est un des grands défis
39:30 de la sécheresse climatique.
39:32 -Le lupin a beau être coriace, là, il commence à accuser le coût.
39:35 Ca reste un bon produit.
39:37 Si on enlève les petits calibres,
39:39 on a quand même des grains de très bonne qualité
39:42 qui conviennent à la consommation humaine.
39:45 C'est juste qu'il y en a moins.
39:46 C'est comme ça.
39:48 La nature lève le pied quand un facteur se met à manquer.
39:51 Et ici, c'est l'eau.
39:52 -Le lupin n'est que l'une des 10 variétés
39:55 que Jan Wittenberg a semées cette année.
39:58 La plupart des moissons ont été faites avant la sécheresse.
40:01 L'agriculteur est contre l'arrosage systématique.
40:04 -Il y a des cultures qui, ici ou là,
40:06 peuvent exiger de l'irrigation, c'est évident.
40:09 Mais réagir à la pénurie d'eau en arrosant encore plus,
40:12 pour moi, c'est une hérésie.
40:14 On risque de mettre en concurrence l'eau potable
40:17 avec les autres produits.
40:19 -C'est un peu comme un pétrole.
40:21 -C'est un pétrole.
40:22 -C'est un pétrole.
40:24 -C'est un pétrole.
40:25 -On risque de mettre en concurrence l'eau potable avec l'eau de pluie
40:29 et surtout avec l'eau indispensable à la nature.
40:32 On ne peut pas résoudre les problèmes d'eau
40:34 en puisant dans la nappe phréatique.
40:37 Ce serait une vue à très court terme.
40:39 -Nous ne pouvons pas la décloser en faisant des recours
40:42 à l'eau de pluie, mais nous pouvons
40:44 se mettre à l'aise et collaborer avec la nature.
40:48 ...
40:51 ...
40:55 -Retour sur l'île de Spitsberg,
40:57 où Ficke-Radeur et Marion Matourilli
41:00 effectuent une mission de terrain.
41:02 Elles sont venues inspecter un site autrefois gelé 12 mois par an.
41:07 ...
41:09 -Nous sommes début septembre,
41:11 et le sol a presque entièrement dégelé.
41:13 Mais c'est très irrégulier,
41:15 et ça peut varier d'un endroit à l'autre.
41:18 Une fois dans le sol,
41:19 les conditions sont un peu différentes.
41:22 -Une fois par mois, Ficke-Radeur vient placer des sondes
41:25 dans le pergélis sol afin de constater l'ampleur du dégel.
41:28 ...
41:31 -Tu peux me dire si ça s'enfonce encore quand je tape ?
41:34 Tiens-la bien.
41:35 ...
41:40 Là, ça bouge plus du tout.
41:41 ...
41:44 ...
41:49 Ca fait donc une profondeur de 95 cm.
41:53 Avec les températures qu'on a, je m'attendais à plus.
41:57 Mais comme je vous le disais,
42:00 le sol est très inégal par ici, et ça varie beaucoup.
42:05 C'est pour cela qu'on est obligés de faire des relevés
42:08 à 12 endroits différents,
42:09 et de revenir à chaque fois plus ou moins au même endroit,
42:13 histoire d'observer précisément comment évolue tel ou tel trou.
42:16 ...
42:20 -Ficke-Radeur procède par ailleurs au remplacement d'un filtre
42:24 servant à recueillir le CO2 que le sol relâche en dégelant.
42:28 ...
42:31 -Ce tube contient une sorte de passoire
42:33 qui piège le CO2 venant du sol.
42:35 Cela permet aux scientifiques de faire des analyses
42:39 pour déterminer s'il s'agit de dioxyde de carbone
42:42 d'origine végétale, issu de la photosynthèse,
42:46 ou si c'est un CO2 libéré par le sol lui-même,
42:50 c'est-à-dire par des matières organiques très anciennes.
42:54 Du carbone séquestré depuis très longtemps
42:56 est soudain libéré à cause du réchauffement.
43:01 -Le dégel du pergélisol accélère le changement climatique.
43:05 -Des échanges se produisent entre le sol et l'atmosphère,
43:10 des échanges gazeux,
43:12 mais aussi des échanges de flux de chaleur et d'humidité.
43:18 Cela a un impact sur le climat
43:20 et sur les processus qui se reflètent
43:22 dans ce système d'interaction sol-atmosphère.
43:25 -Le changement climatique transforme le régime des vents.
43:30 Ces vents favorisent le réchauffement du continent arctique.
43:33 Glaciers et glaces de mer sont en déclin.
43:36 Le courant de jet s'affaiblit plus souvent.
43:39 Les canicules se multiplient,
43:41 entraînant une baisse des rendements agricoles
43:43 et des dégâts dans les forêts,
43:45 tout comme les pluies diluviennes.
43:47 Pourtant, il est encore temps de limiter l'ampleur de la catastrophe.
43:51 -Nous avons la chance de ne plus être obligés
43:56 de faire brûler quoi que ce soit pour créer de l'électricité,
43:59 grâce aux panneaux solaires et aux éoliennes,
44:02 pour nous chauffer, grâce aux pompes à chaleur,
44:05 ou pour nous faire à manger, grâce aux plaques à induction.
44:11 Il s'agit donc de tourner le dos le plus vite possible
44:13 aux énergies fossiles
44:15 et d'utiliser ces énergies alternatives.
44:18 -Pour respecter l'accord de Paris
44:22 et limiter le réchauffement à 1,5 degré,
44:25 il faut aller plus loin
44:26 en éliminant les gaz à effet de serre de l'atmosphère.
44:30 -L'un des moyens de réduire la concentration
44:37 des gaz à effet de serre dans l'atmosphère
44:40 consiste à accroître les surfaces boisées à travers le monde.
44:43 Nous retrouvons Mathis Janssen et Heiko Schulz,
44:47 venus voir les opérations de reboisement
44:49 sur une ancienne plantation d'épicéa dans le nord de l'Allemagne.
44:53 -On est en train de créer une nouvelle parcelle composée de feuillus.
44:59 Nos collègues plantent des chênes rouges d'Amérique,
45:02 car on veut avoir des essences qui soient mieux armées
45:04 pour le climat des prochaines décennies,
45:07 pour résister aux étés chauds et aux sécheresses prolongées.
45:10 On a donc dit adieu à l'épicéa et surtout aux monocultures.
45:14 Ce sera une forêt mixte avec un grand nombre de feuillus.
45:17 Tout se passe bien ? Les plants sont bons ?
45:22 -Oui, tout va bien.
45:25 -Bon, les racines, ça va ?
45:26 -Reboiser une parcelle de forêt
45:31 est un processus coûteux et à très long terme.
45:34 L'abattage de ces jeunes chênes et la vente de leur bois à l'industrie
45:38 n'auront pas lieu avant plusieurs dizaines d'années.
45:41 -On ne peut pas savoir
45:46 quelle sera l'essence qui tirera son épingle du jeu.
45:49 Il y en a évidemment qui s'en sortiront mieux que d'autres,
45:52 surtout face aux changements climatiques,
45:54 aux étés plus longs, plus secs et aux périodes de canicule.
45:57 Ca, on en est sûr.
45:59 Mais notre stratégie consiste surtout à panacher les essences
46:02 et à les diversifier pour réduire le risque.
46:05 -Le reboisement de cette parcelle
46:09 ne suffira pas à agrandir la surface de la forêt mondiale.
46:13 Ces mesures ont le mérite de participer
46:15 à la lutte contre le changement climatique.
46:18 Mais l'incertitude reste grande.
46:20 -Quand on regarde les dernières modélisations et les projections,
46:26 dont certaines sont extrêmement pessimistes,
46:29 on se demande vraiment quelles essences arriveront à survivre.
46:32 Et à quoi pourra bien ressembler cette forêt en 2100 ?
46:35 Peut-être qu'il ne s'agit que de reboiser pour reboiser
46:38 et stocker du carbone, sans perspective économique à long terme.
46:42 C'est tout à fait possible.
46:44 -Les scientifiques de l'Institut de technologie de Karlsruhe
46:52 cherchent une façon de capter les gaz à effet de serre
46:55 contenus dans l'atmosphère afin de les valoriser.
46:59 L'équipe du professeur Dietmeyer
47:01 collabore pour cela avec divers partenaires industriels.
47:04 Cette installation d'une entreprise suisse
47:07 aspire l'air et le fait passer par un filtre.
47:10 -Sur ce filtre, on a des molécules capables de se lier
47:14 avec le CO2 contenu dans l'air et aussi avec la vapeur d'eau.
47:19 On arrive ainsi à isoler ces deux composants.
47:24 À un moment, le filtre est saturé,
47:27 et on referme les vannes des deux côtés.
47:31 Le collecteur est alors exposé à une source de chaleur
47:35 qui permet d'extraire le dioxyde de carbone
47:38 et la vapeur d'eau par aspiration.
47:40 Il ne reste plus qu'à condenser l'eau pour obtenir du CO2 pur.
47:45 -Le CO2 est transformé en monoxyde de carbone,
47:49 puis enrichi avec de l'hydrogène.
47:51 Le mélange affiche alors une teneur élevée en carbone.
47:55 Élément chimique au coeur de toutes les énergies fossiles.
47:58 Le CO2 tiré de l'atmosphère
48:00 pourrait-il ainsi se substituer au charbon et aux hydrocarbures ?
48:05 -Toute la prouesse consiste à atteindre
48:08 une haute efficacité énergétique dans ce processus de conversion,
48:12 sachant que nous consommons de l'électricité renouvelable
48:15 et que nous produisons un vecteur d'énergie.
48:18 Tout le reste, c'est de la perte.
48:20 Mais si on arrive à bien coordonner le mélange,
48:24 si on arrive à bien coordonner les différentes étapes du processus,
48:27 il est possible d'optimiser le rendement énergétique de l'ensemble.
48:31 -Le fonctionnement de ces aspirateurs géants
48:34 peut être comparé à celui des végétaux,
48:37 qui absorbent le CO2 de l'air
48:39 et produisent un carburant neutre en carbone.
48:42 Mais ces solutions, très sophistiquées technologiquement,
48:46 ont un inconvénient de taille, leur coût.
48:50 Musique intrigante
48:52 ...
48:54 -Pour moi, c'est une méthode incontournable
48:57 si l'on veut lutter contre le changement climatique,
49:00 sachant que pour certaines applications,
49:02 comme l'aviation, avec les vols long-courrier,
49:05 nous n'avons rien qui puisse remplacer le kérosène.
49:08 Mais si on parvient à synthétiser du kérosène
49:11 à partir du CO2 de l'air et d'une énergie d'origine renouvelable,
49:14 on a affaire à un véritable modèle circulaire.
49:17 La combustion du carburant va certes rejeter du CO2 dans l'air,
49:21 mais mon propre CO2 a déjà été capturé dans l'atmosphère
49:25 à l'aide d'une énergie verte.
49:27 C'est donc une forme de recyclage.
49:29 -Dans sa ferme de Bassachs,
49:32 Jan Wittenberg pratique depuis des années
49:34 une agriculture biologique qui préserve les sols,
49:37 l'environnement et le climat.
49:40 Il a su intégrer les contraintes liées aux transformations du vent
49:44 en plantant des arbres.
49:46 -Avec le temps qu'on a aujourd'hui,
49:50 on comprend bien qu'une haie-brise-vent serait idéale
49:53 pour ralentir l'érosion des sols par temps de sécheresse.
49:56 Mais les arbres, qui plongent leurs racines profondément dans la terre
50:00 pour aller chercher l'eau et leurs nutriments,
50:03 font aussi tomber leurs feuilles ou leurs fruits au sol.
50:06 Et cela crée de l'humus,
50:09 qui est bien sûr un excellent engrais durable pour nos champs.
50:15 -Planter des arbres au milieu des champs a un nom.
50:18 L'agroforesterie.
50:20 Un concept pour lequel Jan Wittenberg
50:23 a accepté de réduire ses surfaces cultivées.
50:26 -L'idée, c'est de planter ici 3 gros tilleuls,
50:31 qui doivent un peu servir à attirer l'attention des autorités locales
50:35 sur l'association entre haies d'arbres, culture et pâture.
50:39 Ces arbres seront situés pile à la frontière
50:42 entre nos champs et la prairie,
50:45 qui occupe un terrain précédemment cultivé et converti.
50:49 Doucement, doucement.
50:51 -Jan Wittenberg est un pionnier
50:54 qui a commencé très tôt à adapter ses techniques culturelles
50:58 aux nouvelles conditions météorologiques,
51:00 résultant de la hausse des températures
51:03 et des changements du courant de jet.
51:05 Résolument tourné vers l'avenir,
51:07 il refuse d'entendre parler de statu quo.
51:10 -Ce qu'on a sous les yeux,
51:12 c'est le résultat de nos propres actions.
51:15 C'est nous qui avons transformé le climat.
51:18 C'est donc à nous de nous adapter aux conséquences.
51:21 C'est à nous de modifier nos pratiques.
51:23 Il faut absolument tout faire
51:25 pour ne pas aggraver le changement climatique.
51:28 Mais pour ce qui est déjà fait,
51:30 c'est à nous de nous adapter, comme le fait la nature.
51:33 Il faut donc trouver de nouvelles façons de faire.
51:36 Ca ne sert à rien de rester sur les sentiers battus
51:39 en espérant que le ciel nous aidera.
51:41 On a hôpte que le chicheur nous aidera.
51:44 -Les transformations du courant de jet
51:46 sont devenues un redoutable moteur du changement climatique.
51:50 Un moteur qui tourne au gaz à effet de serre
51:52 que nous continuons d'émettre dans l'atmosphère.
51:55 ...