J'ai libéré une jeune fille séquestrée au Maroc

Origines media

Thibaut a libéré une jeune fille séquestrée par son père au Maroc pour un mariage forcé. Comme c’était la copine de son meilleur ami, il n’a pas hésité une seconde à prendre un avion, réserver un appartement et mettre en place toute une stratégie pour la sauver. C’est un scénario qui ressemblerait presque à un film d’action américain et Thibaut nous raconte cette folle histoire  !  Retrouvez Thibaut sur instagram : https://www.instagram.com/thibautdlagardere/  Suivez O-Rigines le nouveau média qui s’intéresse à l’histoire des histoires. Podcast : bit.ly/Origines_podcast Youtube : https://www.youtube.com/@originesmedia Instagram : https://www.instagram.com/origines.media Twitter : https://twitter.com/Originesmedia TikTok : https://www.tiktok.com/@originesmedia  Embarquez avec Voyager Loin sur tous les réseaux  :  Youtube : https://www.youtube.com/@voyagerloinmedia Instagram : https://www.instagram.com/voyagerloinmedia/ TikTok : https://www.tiktok.com/@voyagerloin_media Facebook : https://www.facebook.com/VoyagerLoinMedia  Graphisme miniature : Studio Amico

Transcript

00:00 Moi j'ai foncé, j'ai entendu crier qui tapait sur la porte,

00:03 moi je savais qu'elle était dans un étage.

00:05 Franchement j'ai jamais couru aussi vite,

00:07 j'ai vraiment tracé, tracé, tracé.

00:09 Devant la porte j'ai mis trois coups de pied,

00:12 vraiment c'est allé très très vite.

00:13 La raison pour laquelle je suis parti au Maroc,

00:16 c'est qu'en fait mon meilleur ami,

00:17 sa copine qui était d'origine marocaine,

00:19 est partie avec sa famille au Maroc.

00:22 On a découvert plusieurs jours après,

00:24 voire même plusieurs semaines après,

00:26 qu'elle était retenue là-bas,

00:28 elle a été séquestrée et battue par son propre père

00:31 pour marier un inconnu au Maroc.

00:34 On a réfléchi à toutes les solutions possibles

00:36 pour régler ce problème

00:37 et en fait la solution la plus viable

00:40 et la plus efficace qu'on ait trouvé

00:42 c'était de partir là-bas

00:45 parce que mon ami malheureusement ne pouvait pas,

00:47 dû à son métier qu'il avait à ce moment-là,

00:49 ne pouvait pas partir.

00:50 Donc moi je suis parti et en fait le but c'était

00:53 d'aller la chercher et de l'amener à l'ambassade

00:55 et la ramener en France.

00:55 Je m'en rappelle très très bien de ce jour-là,

00:58 moi j'étais chez mon ami dans son appartement,

01:01 donc ça faisait déjà plusieurs, vraiment,

01:02 c'était plusieurs, ouais, au moins deux semaines

01:04 qu'on n'avait plus de nouvelles d'elle.

01:05 Donc en fait un jour il reçoit un appel

01:07 d'un numéro inconnu, il décroche

01:08 et en fait c'est sa copine qui l'a appelé.

01:10 Moi je me dis bon ben on est soulagés,

01:12 donc là ils discutent, je ne sais pas du tout,

01:13 enfin je ne sais pas, au début je ne sais pas ce qu'ils se disent.

01:15 Je sais que juste après,

01:17 il rentre dans une colère noire,

01:18 vraiment il était mais, il était fou,

01:20 il était inconsolable, il pleurait,

01:22 il disait mais c'est pas possible.

01:23 Il a commencé à nous expliquer qu'en fait

01:25 sa copine était retenue là-bas,

01:26 donc elle était battue,

01:27 que son père a brûlé tous les papiers,

01:28 qu'en fait c'était un peu un piège pour l'amener

01:31 pour faire ce mariage forcé.

01:32 Comment elle a réussi à nous joindre ?

01:33 En fait elle a réussi à trouver un téléphone

01:35 qui était dans un tiroir,

01:37 un vieux vieux téléphone vraiment

01:39 qui ne servait plus, qui était là.

01:41 Elle a pris ce téléphone, elle l'a gardé,

01:43 elle a réussi à aller dans une petite épicerie

01:46 pour acheter une petite carte SIM.

01:48 Il y avait sa cousine qui l'escortait

01:49 donc elle a dû avoir beaucoup d'ingéniosité

01:52 pour trouver un petit moment

01:53 pour acheter cette carte SIM,

01:55 la mettre dans son téléphone.

01:56 Évidemment elle connaissait le numéro

01:57 de mon ami Parker, c'est son chéri.

01:59 Et c'est comme ça qu'on l'a su.

02:00 Au début même moi je ne savais pas quoi lui dire,

02:02 comment le réconforter,

02:03 de toute façon il était inconsolable au début.

02:05 Et donc là on a commencé à réfléchir,

02:07 est-ce qu'on a des copains sur place ?

02:08 Est-ce qu'on a quelqu'un sur place

02:09 qu'on peut contacter pour aller prendre la température,

02:11 pour voir, pour machin ?

02:12 Elle on ne pouvait pas l'appeler tous les jours non plus

02:14 parce qu'évidemment, surtout au début du moins,

02:17 elle était très très très surveillée.

02:18 Donc quand elle a eu le téléphone,

02:20 déjà elle était un peu moins,

02:21 mais voilà, elle n'avait pas non plus de liberté totale,

02:23 donc elle ne pouvait pas nous appeler tout le temps,

02:24 nous répondre tout le temps.

02:25 C'était assez compliqué de l'avoir, elle.

02:28 Donc on a essayé de réfléchir tout ça,

02:30 comment faire ?

02:31 Au début je sais que moi je n'étais pas le premier choix

02:33 pour partir là-bas,

02:34 parce qu'on a des amis,

02:35 avec lui, des amis qui sont marocains,

02:37 qui connaissent le Maroc,

02:38 qui ont déjà été et tout ça,

02:40 et donc qui auraient été plus à l'aise,

02:41 on va dire, à aller là-bas, se repérer.

02:44 Il n'y en avait aucun qui était dispo,

02:45 ou qui voulait même.

02:47 En fait c'est là où j'ai proposé,

02:48 je lui ai dit non mais s'il faut envoyer quelqu'un,

02:49 moi si tu veux j'y vais.

02:50 J'ai dit comme ça,

02:51 je mets mon passeport,

02:52 il fait chaud.

02:53 Là c'est, à l'époque j'étais en BTS,

02:56 j'avais du temps libre,

02:57 c'était les vacances,

02:58 et ben let's go.

02:59 Il m'a dit on fait comme ça,

03:01 et hop je suis parti.

03:03 La stratégie c'était,

03:04 j'attends qu'ils sortent tous,

03:06 et je rentre en fait.

03:07 La stratégie elle était aussi basique que ça.

03:10 Après tout ce qui était logistique et tout ça,

03:11 je sais que mon ami c'est lui qui a loué l'appartement,

03:15 que ce soit un Français, un expatrié,

03:17 qui a loué l'appartement

03:18 pour pas qu'il y ait de connaissances avec lui,

03:20 ou de connaissances au Maroc.

03:21 Je sais que pareil,

03:22 le taxi on l'avait commandé à l'avance,

03:24 on avait fait gaffe à qui c'était pour m'emmener là-bas.

03:26 Il y avait plein plein plein de choses,

03:27 et moi en fait j'avais juste qu'à me déplacer,

03:29 à aller la chercher, c'est tout.

03:30 Moi le plan en fait c'était que

03:32 je me mette pas trop trop loin de la maison,

03:35 et qu'en fait je compte les personnes qui sortent,

03:37 parce qu'on savait qu'il était sept,

03:39 donc toute sa famille,

03:40 son croyant pratiquant,

03:42 et ils partent normalement à la mosquée,

03:45 pour faire leurs prières.

03:46 Elle partait avec eux à la plupart du temps,

03:49 et là en fait elle allait, on va dire, simuler

03:51 qu'elle était pas bien,

03:52 qu'elle se sentait pas bien.

03:53 Elle m'avait dit qu'elle avait déjà essayé,

03:54 que ça s'était déjà fait,

03:55 qu'elle avait déjà vu leurs réactions,

03:57 et ils l'enfermaient en fait dans la chambre,

03:59 et ils partaient tous.

04:00 Et une fois que tout est bon,

04:02 je rentre.

04:03 Et après elle me disait,

04:04 c'est bon il y a personne, fonce,

04:05 mais il y a à ça quelques petits problèmes.

04:08 Déjà moi j'avais peur,

04:09 parce que c'est là où elle était,

04:11 c'était...

04:12 Il y avait pas grand monde,

04:13 et en fait généralement les voisins se connaissent tous.

04:15 Donc s'ils voient un mec rentrer comme ça,

04:17 moi j'avais peur que vite ils appellent les autres,

04:20 vite ils réappliquent.

04:21 C'était quand même fiable comme plan,

04:22 mais pas à 100%.

04:23 Après elle m'a dit,

04:24 c'est bon il y a plus personne,

04:25 j'entends plus rien,

04:26 que j'ai compté le nombre de gens qui étaient partis.

04:27 Moi, j'ai foncé à la porte arrière de la maison,

04:30 j'ai oublié de préciser,

04:31 mais elle avait déverrouillé la porte arrière de la maison.

04:34 J'ai ouvert cette porte.

04:35 Honnêtement, le ressenti que j'ai eu,

04:37 c'est que ça a duré une microseconde.

04:41 Moi j'ai foncé,

04:42 j'entendais crier, qui tapait sur la porte,

04:45 je savais qu'elle était dans un étage de cette maison.

04:48 Donc j'ai foncé à l'étage,

04:49 franchement j'ai jamais couru aussi vite.

04:51 J'ai vraiment tracé, tracé, tracé.

04:53 Devant la porte, j'ai mis trois coups de pied,

04:56 vraiment c'est allé très très vite.

04:58 Quand j'ai ouvert,

04:59 je me rappelle que vraiment,

05:00 elle m'a sauté dessus.

05:02 Elle était très marquée,

05:04 parce que son père vraiment l'a battée clairement.

05:07 Elle avait un bleu,

05:08 des cocartes, plein de choses,

05:09 des coups de ceinture, des voilà.

05:11 J'ai pris ça par la main,

05:13 puis on est descendu en courant dans le taxi,

05:15 et on est reparti au CISSEC,

05:16 au taxi, le taxi qui l'attendait.

05:18 Et je sais qu'après dans le taxi,

05:19 on ne s'est même pas parlé dans le taxi.

05:21 C'est vraiment dans le train du retour

05:23 qu'elle a relâché toute la pression,

05:26 là pour le coup elle a vraiment pleuré à chaudes larmes.

05:27 Et après évidemment dans le train,

05:29 elle a appelé mon ami,

05:30 ils se sont parlé,

05:31 après ils se sont restés au téléphone

05:32 des heures et des heures et des heures normal.

05:34 En bas ça on avait un rendez-vous

05:35 qui était fixé le lendemain,

05:37 et l'après-midi on prenait l'avion

05:39 pour rentrer en France.

05:40 Une fois rentrée en France,

05:41 elle a évidemment porté plainte

05:42 contre son père pour tout ça,

05:45 et que bien plus tard,

05:46 en fait j'ai la police du commissariat de Nîmes

05:50 qui m'a appelé pour me dire qu'en fait

05:52 ils allaient même faire une confrontation

05:54 avec le père pour expliquer nos versions,

05:57 tout ça, pour voilà.

05:58 Au moment où ça devait se faire,

06:00 je ne pouvais pas rentrer en France,

06:02 donc du coup je n'y suis pas allé.

06:03 J'ai quand même fait une version écrite

06:04 de ce que j'ai fait là-bas.

06:06 Je crois savoir qu'effectivement

06:08 il a été condamné,

06:09 mais je ne sais même pas de quoi et tout,

06:12 parce qu'en fait malheureusement,

06:14 mon amie et elle se sont séparées

06:16 au bout de plusieurs années.

06:17 En fait, elle, je ne l'ai plus vue depuis…

06:20 maintenant ça fait bien 7-8 ans

06:22 que je ne l'ai plus vue.

06:23 Moi le but premier,

06:24 c'était d'aller la chercher,

06:25 elle après tout ce qu'il y a à côté,

06:26 tout ça, moi j'avoue,

06:28 ça c'est un peu mon caractère,

06:30 je n'ose pas demander des choses

06:31 qui peuvent rappeler des mauvais souvenirs

06:33 ou des trucs comme ça.

06:34 Moi mon but a été d'aller la chercher,

06:36 qu'elle soit bien rentrée,

06:37 qu'il soit content,

06:39 et puis voilà, j'attends rien en retour,

06:41 je ne voulais pas vraiment

06:42 me tenir au courant de ça.

06:44 Effectivement, peut-être qu'en moi,

06:45 j'ai ce côté où j'aime rendre service

06:47 et apporter du soutien aux gens.

06:50 Après, à cette époque-là, honnêtement,

06:52 je n'aurais jamais cru être capable

06:54 de faire ça moi quand je suis parti.

06:56 Quand j'avais 15 ans ou 16 ans,

06:57 même 18 ans, on me disait

06:59 "oui, tu vas partir au Maroc

07:01 chercher quelqu'un qui s'est fait séquestrer",

07:02 et j'aurais dit "mais impossible".

07:04 Je ne me sens vraiment pas meilleur qu'un autre

07:06 dans le sens où je pense que

07:07 n'importe qui aurait pu faire ça

07:09 s'il avait l'envie en fait, c'est tout.

07:11 [Musique]

Category

Transcription

Recommandations