• il y a 11 mois
Suzanne a voulu se lancer le défi de voyager seule, en totale indépendance. Elle a décidé, sans vraiment savoir pourquoi, d’emprunter le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Assoiffée d’aventure, elle a préparé son sac à l’arrache et a suivi l’itinéraire aux côtés d’autres marcheurs. De son manque de préparation physique à ses nuits perturbées par les animaux sauvages, la randonneuse nous raconte le parcours qui a transformé sa vie.

Merci à Suzanne pour sa confiance et pour le partage d'expérience.

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Voyages
Transcription
00:00 J'avais un peu peur aussi sur le plan physique en fait, qu'il m'arrive quoi que ce soit,
00:03 que je ne sois pas capable d'avancer, de marcher,
00:05 que physiquement je ne tienne pas le coup, que le poids du sac soit trop lourd.
00:09 Bonjour, je m'appelle Suzanne et aujourd'hui je suis venue vous parler
00:12 de mon aventure sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle au départ du Puy-en-Velay,
00:16 lorsque je suis partie à pied, seule et en bivouac jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle.
00:21 J'ai marché pendant trois mois.
00:22 Donc je suis partie sur ce chemin en 2018
00:26 et avant ça, je n'avais jamais fait d'expérience de randonnée comme ça en itinérant sur de la longue distance,
00:31 parce que là trois mois c'est quand même assez long.
00:33 J'avais fait des toutes petites expériences de partir seule en bivouac sur deux, trois jours,
00:38 mais ça faisait longtemps que j'avais envie de me lancer sur quelque chose,
00:41 une aventure vraiment de marche sur de la longue distance.
00:44 En fait, pour être tout à fait honnête, je ne savais pas vraiment ce qui me poussait à partir sur le chemin,
00:48 mais j'avais déjà entendu parler de ce chemin qui partait du Puy-en-Velay,
00:52 qui est une des voies principales que les pèlerins empruntent lorsqu'ils partent.
00:55 Disons qu'il y avait une forme de sécurité là-dedans, je pense,
00:58 pour partir pour une première toute seule sur de la longue distance.
01:00 C'est un chemin balisé, c'est un chemin qui est quand même assez entretenu,
01:03 où il y a différentes choses.
01:05 Je savais qu'il y aurait éventuellement des hébergements si j'avais besoin,
01:07 des lieux pour me ravitailler.
01:09 Il y avait une forme d'organisation autour de ce chemin
01:12 qui m'a permis de partir sans non plus trop prendre de risques, on va dire.
01:16 En partant, je ne me suis pas dit du tout que j'allais atteindre Saint-Gilles-de-Compostelle.
01:21 Je ne pensais même pas marcher jusqu'en Espagne.
01:23 En fait, je pensais vraiment marcher peut-être une semaine, deux semaines,
01:26 et puis on verrait bien.
01:27 Et donc, je n'avais pas dans l'idée d'aller aussi loin.
01:30 Et puis au final, petit à petit, j'ai pris goût au chemin
01:33 et puis j'ai marché jusqu'au bout, vu que rien ne me retenait.
01:35 C'est un chemin qui n'est pas non plus trop demandant sur le plan physique.
01:38 Il n'y a pas non plus un énorme dénivelé.
01:40 C'est quand même assez abordable et accessible lorsqu'on débute.
01:44 Donc, c'est pour ça que j'avais choisi cette destination-là.
01:46 J'avais déjà voyagé seule, mais je n'avais jamais marché seule.
01:49 Et lorsqu'on marche, avec le seul moyen de locomotion
01:52 qui sont ses jambes, ses pieds, avec son sac sur le dos,
01:56 c'est un peu différent la logistique pour partir.
01:58 Moi, en tout cas, dans mon cas, je me sentais plus à la merci de tout
02:02 et je me sentais plus vulnérable en partant à pied.
02:05 C'est vrai que c'est ça qui me faisait peut-être le plus peur,
02:07 même si j'avais un peu confiance dans le fait de voyager seule,
02:09 mais pas forcément à pied.
02:11 C'est ça qui peut-être était le frein et qui me stressait un peu avant de partir.
02:15 J'avais un peu peur aussi sur le plan physique qui m'arrive quoi que ce soit,
02:19 que je ne sois pas capable d'avancer, de marcher,
02:21 que physiquement, je ne tienne pas le coup,
02:23 que le poids du sac soit trop lourd.
02:25 Je suis un peu partie en faisant un sac et en me disant,
02:27 on verra bien sur le chemin.
02:28 Parce que je voulais un peu vraiment l'aventure pour l'aventure
02:30 sans trop préparer d'avance.
02:32 J'ai décidé de partir seule sur ce chemin.
02:34 C'était vraiment une volonté de partir seule
02:37 pour aussi un peu m'éprouver moi-même
02:39 et dans une aussi volonté un peu d'introspection.
02:41 Je suis partie, mais au final, je me suis vite rendue compte
02:44 qu'on n'est pas beaucoup seule sur le chemin.
02:46 C'est un chemin qui est justement très humain, je trouve,
02:48 et tout le monde se parle,
02:50 alors qu'on est tous des inconnus les uns des autres,
02:51 mais tout le monde se parle parce qu'on est tous...
02:54 Je pense qu'on marche tous dans une même direction.
02:55 Et c'est ça qui crée un peu cette connexion.
02:57 Dès le premier soir, je me suis retrouvée au restaurant
02:59 avec des gens que je ne connaissais absolument pas,
03:01 à manger, puis à parler du chemin qu'on allait faire le lendemain.
03:04 Et en fait, c'est assez fou.
03:05 C'est qu'il y a une espèce de connexion générale,
03:08 je dirais, de connexion entre...
03:10 Enfin, en tout cas, on tisse très rapidement des liens entre pèlerins.
03:13 On va marcher ensemble, on va rencontrer les mêmes difficultés,
03:16 on va avoir les mêmes étapes, les mêmes choses qu'on peut traverser.
03:18 Et du coup, ça nous lie beaucoup.
03:20 Mais c'est vrai qu'il y a ce côté très humain sur ce chemin,
03:23 d'entraide, de solidarité.
03:25 Je me souviens une fois, j'avais dormi dans un camping en tente, du coup,
03:29 et j'avais sympathisé avec un pèlerin.
03:31 Et le lendemain matin, bon, lui partait très tôt,
03:34 donc je savais que je ne le revoyais pas,
03:35 mais on s'était dit au revoir le soir.
03:37 Et le lendemain matin, moi, j'ai ouvert ma tente,
03:39 donc lui était déjà parti,
03:40 mais il m'avait laissé le café et le croissant devant la tente.
03:43 Donc j'avais mon petit déjeuner directement dans la tente.
03:46 Et ça se fait tellement naturellement, en fait,
03:48 des petites attentions qu'on peut laisser entre pèlerins.
03:51 Dès le départ, j'ai eu vite mal aux pieds à cause de mes chaussures.
03:54 Alors, je ne faisais pas d'ampoule,
03:55 mais j'avais très, très mal aux pieds en marchant.
03:57 Je pense que le poids du sac, j'étais pas du tout habituée à ça.
04:00 Et puis, faire autant de kilomètres par jour, c'était compliqué pour moi.
04:03 Je me posais des questions.
04:03 Pourquoi est-ce que moi, je n'arrive pas à faire comme tout le monde,
04:05 alors que tout le monde est parti en même temps depuis un volet
04:07 et tout le monde arrive à faire des kilomètres et des kilomètres ?
04:10 Et moi, je n'y arrive pas.
04:11 Et au bout d'un moment, je commençais un peu à me décourager sur les premiers jours,
04:15 les premiers jours, les premières semaines.
04:17 Dans ma tête, j'étais vraiment en train de me dire,
04:18 mais je vais devoir arrêter,
04:20 puisque je n'arrive pas à faire les étapes comme il faut.
04:22 Je n'arrive pas à faire comme tout le monde.
04:24 Et j'en ai parlé avec une pèlerine que j'avais rencontrée
04:27 en arrivant, c'était dans l'Aubrac.
04:29 Et je lui dis que je me sentais un peu découragée,
04:32 que j'avais super mal aux pieds,
04:33 que je ne comprenais pas pourquoi moi, je n'y arrivais pas.
04:35 Elle me dit, écoute ton corps, en fait.
04:38 Et moi, je me suis dit, mais ce n'est pas possible.
04:39 Ça veut dire quoi ?
04:40 Écouter mon corps, ça veut dire que je dois m'arrêter là.
04:43 Ça veut dire que je ne suis pas capable de faire comme tout le monde.
04:44 Mon corps, il me dit qu'il ne peut pas, qu'il n'est pas capable.
04:47 Et en fait, elle m'a dit, non, c'est tout simplement pas abandonner.
04:50 C'est juste aller plus doucement, aller à ton propre rythme et t'écouter toi.
04:53 Et tu n'es pas obligé de faire comme tout le monde.
04:55 Tu n'es pas obligé de faire les étapes de tout le monde.
04:58 Et encore moins dans les guides,
04:59 parce que ce ne sont pas les guides qui savent ce que tu peux faire toi.
05:03 Et donc, c'est pour ça que grâce à cette pèlerine,
05:05 j'ai pris conscience de ça, de me dire, en fait, je peux aller à mon propre rythme.
05:09 Ce n'est pas, voilà, ce n'est pas obligé de faire 20 kilomètres par jour.
05:12 Et petit à petit, mon corps, du coup, s'est habitué en faisant des plus petites étapes,
05:15 en allant un peu plus doucement.
05:16 Il y a une entraide générale du fait qu'on soit, je ne sais pas,
05:19 un peu peut-être dans la même galère.
05:20 En tout cas, il y a un côté très humain dans ce chemin.
05:23 En fait, le fait d'être dans cette ambiance entre pèlerins
05:26 où je me suis sentie vraiment dans l'entraide, la solidarité et la bienveillance,
05:31 j'ai tout de suite été assez en confiance
05:33 et j'ai tout de suite assez rapidement pu faire du bivouac toute seule,
05:36 en pleine nature.
05:37 Alors, je ne me mettais pas trop loin non plus du chemin.
05:39 Et puis, de toute façon, il y a aussi des petits villages assez régulièrement.
05:42 Donc, je n'étais pas non plus complètement isolée.
05:44 Si j'avais quelques conseils à donner éventuellement pour se préparer
05:47 et pour se lancer sur ce chemin-là en bivouac,
05:50 ce serait peut-être, si on n'a jamais, jamais pratiqué le bivouac avant ça,
05:53 c'est de tester déjà, de tester bien son matériel avant de partir aussi,
05:56 tester ce qu'on va vouloir utiliser, voir si ça fonctionne ou pas.
05:59 Et puis, de pouvoir tester quelques nuits avant ça,
06:03 pas forcément très loin de chez soi.
06:04 Si on n'a jamais bivouacé, ça peut être intéressant déjà de bivouacer
06:07 juste dans un jardin à côté de chez soi ou dans son propre jardin même, pourquoi pas,
06:12 pour s'habituer aussi.
06:14 Parce que c'est vrai, quand on est en pleine nature à l'extérieur,
06:16 il y a des bruits, il y a des sons la nuit, c'est vivant autour de soi.
06:20 Il y a la nature qui s'éveille des fois la nuit.
06:22 L'autre chose aussi, c'est si on a des peurs très spécifiques,
06:24 je dirais par exemple, on peut avoir peur des sangliers,
06:26 décrypter tout ça, décrypter ses peurs et d'aller prendre des informations,
06:30 on saura comment réagir.
06:31 La seule rencontre un petit peu ennuyante que j'ai eue une fois en bivouac,
06:34 c'est parce que je m'étais installée à la tente sous une chouette
06:37 qui a hululé toute la nuit du coup.
06:39 Elle m'a un peu empêchée de dormir parce que j'étais sur son terrain,
06:41 je pensais qu'elle n'était pas contente que je dorme là.
06:44 Ça peut être effrayant les bruits et on peut vite s'imaginer des choses
06:47 avec notre mental qui a tendance un peu à imaginer des choses,
06:51 mais en vrai, il n'y a pas grand chose qui peut nous arriver
06:54 parce que souvent, les animaux ne vont pas venir nous embêter
06:56 dans le sens où ils sont autant apeurés de nous que l'inverse.
06:59 J'ai appris beaucoup de choses sur la vraie Suzanne, si je peux dire ça comme ça.
07:03 Je me suis vite rendue compte que tout ce qui était masque social,
07:07 éventuellement qu'on peut avoir besoin de porter dans certaines situations,
07:11 ou carapace ou quoi, elles sont vite tombées
07:14 parce qu'on est tellement dans une bienveillance et une acceptation,
07:17 surtout de la part des autres, je trouvais, de soi,
07:20 que j'ai réussi vraiment tout au long de ce chemin
07:23 à faire tomber beaucoup de choses et j'ai découvert des choses
07:27 des parts de moi, en effet, que je soupçonnais pas forcément.
07:29 C'est très étonnant, jusque-là, j'étais quand même quelqu'un d'assez sérieuse
07:33 ou en tout cas, je me considérais pas forcément comme un petit clown
07:35 et sur le chemin, c'est vrai que j'étais un vrai clown
07:38 et je faisais beaucoup rire les gens, je faisais tout le temps des farces.
07:40 Je faisais un peu...
07:42 C'était une partie de moi que je connaissais pas forcément
07:44 et j'étais vraiment un peu la personne qui faisait l'animation des groupes
07:49 ou faire les blagues ou quoi.
07:50 C'était vraiment un peu mon côté clown qui ressortait sur ce chemin
07:53 et c'est des choses toutes légères et toutes simples
07:55 mais qu'on n'a pas forcément l'habitude d'expérimenter dans notre quotidien.
07:58 Et puis après, dans un autre point un peu plus profond,
08:01 je pense que j'ai découvert une grande confiance en moi,
08:04 de marcher sur tous ces kilomètres et de me rendre compte
08:07 que j'étais capable d'avancer à mon rythme, en me respectant,
08:10 en respectant mon rythme, encore une fois,
08:12 mais me dire que oui, je suis capable, j'ai marché 1800 kilomètres en 3 mois
08:17 et j'ai pu le faire, en fait.
08:19 Et donc ça m'a vraiment aussi permis de reconnecter plus avec l'humain,
08:24 avec l'humanité en nous, en chacun de nous.
08:26 Et ça, ça m'a fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de bien aussi dans ma confiance.
08:30 Le retour a été assez difficile parce que c'est vrai que ce chemin, il était très beau.
08:34 Ça m'a permis de lâcher prise sur beaucoup, beaucoup de choses
08:36 puisque on se retrouve à nouveau, il faut bien gagner sa vie à un moment,
08:39 il faut bien continuer à reprendre un travail, etc.
08:43 Et donc là, moi, c'était un petit peu difficile.
08:45 J'ai mis du temps avant de vraiment revenir de Compostelle,
08:48 si tant est qu'un jour j'en suis vraiment revenue, en tout cas dans ma tête,
08:51 je pense qu'il est toujours aussi présent ce chemin.
08:53 Mais je savais qu'il y avait des choses que je voulais vraiment,
08:56 voilà, installer dans mon quotidien, qui étaient de ce chemin,
08:59 enfin que j'avais pu tirer de ce chemin et que je voulais vraiment garder dans mon quotidien.
09:02 Et puis suite à ça, en fait, en parallèle, moi, j'ai développé du coup une chaîne YouTube.
09:06 C'est vraiment le chemin de Compostelle qui a été le départ de cette chaîne YouTube
09:11 que j'ai créée, qui s'appelle l'Instant Vagabond.
09:13 J'avais tellement apprécié ce chemin que j'avais envie, en fait, de le partager.
09:16 J'avais envie de dire aux gens, mais allez-y, allez marcher si vous avez envie.
09:20 Lancez-vous, vous aussi, c'est génial comme chemin.
09:22 Et donc, c'était vraiment un élan du cœur de vouloir partager tout ça
09:25 et encourager les autres à se lancer et voilà, aller au-delà de nos peurs,
09:29 des fois qui nous limitent à partir, puisque même moi, avant de partir, j'avais plein de peurs.
09:32 Et je me suis dit, c'est un super moyen de pouvoir dire aux autres aussi de se lancer sur ce chemin.
09:37 Je continue de marcher assez régulièrement.
09:39 J'adore toujours autant l'aventure à pied.
09:41 C'est depuis ce chemin que ça s'est développé, tout ça.
09:44 Et donc, je continue de partager mes petites aventures sur cette chaîne YouTube.
09:48 [Musique et bruits d'animations]

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