• il y a 8 mois
Du jour au lendemain, Nathan se retrouve sans travail. Il décide de partir à l’aventure à vélo pour arpenter la France. Sur sa route, il retrouve foi en l’humanité et rencontre Jocelyne, atteinte de la sclérose en plaques.
Ça a été un véritable déclic et il décide, deux ans plus tard, de pédaler vers le Cap Nord pour soulever des fonds pour la recherche contre cette maladie. En plein hiver, il entame sa longue traversée à vélo en Norvège et frappe à la porte des habitants pour dormir au chaud.
Il nous raconte ses 5500 km, entre ses rencontres improbables et ses nombreuses galères dans le froid.

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Voyages
Transcription
00:00 A plusieurs reprises, je suis obligé de mettre mes mains dans mon slip pour les réchauffer et pour garder mes doigts.
00:04 Maintenant, c'est ça la référence pour moi du froid.
00:06 J'ai pas froid tant que j'ai pas mal.
00:07 En 2019, je me suis retrouvé sans travail du jour au lendemain.
00:11 Au moment de ça, j'ai regardé des vidéos sur YouTube et je suis tombé sur des mecs qui voyagent à vélo.
00:15 Et je me suis dit "Ok, je tente ça et je vais faire ça".
00:18 J'avais vraiment besoin de retrouver la foi en fait en l'humanité
00:22 puisque je l'ai complètement perdu en travaillant dans l'industrie avec des gens qui me méprisaient.
00:26 Du coup, je me rends à Descartes.
00:28 J'achète 700€ de matos et je pars à l'aventure sans rien savoir
00:31 mis à part que je veux rencontrer des gens et vivre une aventure humaine exceptionnelle.
00:35 Pour préparer le voyage, je me suis renseigné sur quasiment rien.
00:38 Je savais juste qu'il y avait la Viarona et la Loire à vélo et je voulais aller jusqu'à Nantes, c'est tout.
00:43 Donc je me suis dit "Je vais galer à l'arrache et je verrai au jour le jour".
00:46 Et c'est ce que j'ai fait tous les jours.
00:48 Et le fait de rien planifier, de se laisser porter, ça ouvre des opportunités incroyables.
00:54 Pour moi, voyager à vélo, c'est la meilleure façon de voyager pour plusieurs raisons.
00:57 Notamment pour un aspect environnemental.
00:59 Mais la première, c'est vraiment le fait de pouvoir avancer à une vitesse parfaite.
01:03 La nuit avant mon premier voyage, ma mère me dit de regarder un épisode de Nuit Culottée.
01:07 Je regarde un épisode et toute la nuit, je ne dors pas en fait.
01:10 Je me dis "Mais je veux vraiment faire pareil, je veux aller rencontrer des gens
01:13 et manger des trucs improbables, boire des trucs improbables, entendre des histoires improbables".
01:18 Voilà, je veux vraiment que ce soit le maître mot du voyage, c'est l'improbabilité.
01:22 Je passe plusieurs nuits à camper dans des campings avec des enfants,
01:25 avec des pères de famille qui gueulent.
01:27 Et je me dis "Bon allez, c'est bon, j'en ai marre d'entendre des gens gueuler,
01:30 je vais rencontrer des gens".
01:32 Je rencontre Jocelyne et Alain, on parle toute la soirée, on mange ensemble,
01:35 je me lave, je dors dans le jardin, on s'échange nos numéros,
01:38 je leur envoie une carte postale à la fin du voyage.
01:40 Je ne demande rien aux gens, ils me donnent tout.
01:42 De voir juste cette gentillesse-là qui m'a fait vraiment aimer cette façon de voyager
01:46 que j'ai plus ou moins emprunté au final.
01:50 Les gens chez qui je lis ma tente qui m'ont apporté ça.
01:54 Mon plateau, mon petit déj.
01:56 Mon petit déj au lit, on m'a amené mon petit déj au lit.
01:59 J'ai tout vécu, même si c'est le voyage en France,
02:01 et c'est là où on se rend compte qu'on n'a pas besoin d'aller loin
02:03 pour vivre des trucs exceptionnels, on peut juste partir dans son département
02:07 en allant rencontrer des gens et juste en se laissant porter,
02:09 on peut vivre quelque chose de fou.
02:11 Jocelyne, elle a Asclérose en plaques.
02:13 Je ne connaissais pas du tout cette maladie,
02:14 j'ai appris que beaucoup de personnes en étaient victimes,
02:17 et notamment des jeunes personnes.
02:19 En 2021, deux ans après, je décide de partir pour soulever des fonds cette maladie.
02:25 Je mets à lire un livre de Maycorn qui s'appelle "Objectif Pôle Nord de nuit",
02:29 et je me dis, bon j'ai déjà fait deux voyages à vélo en France,
02:31 j'aimerais tester d'aller dans le froid.
02:33 Et je pars le 2 novembre en direction du Cap Nord
02:38 pour une distance de 5500 km.
02:40 Je pars du sud de la France, à côté d'Avignon, et je me rends en Suisse.
02:43 Ensuite je rebifurque en France par les Vosges,
02:46 je coupe à travers Metz, Nancy.
02:48 J'arrive au Luxembourg, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Danemark.
02:52 Là je traverse la mer, et j'arrive en Norvège,
02:54 où j'ai fait toutes les côtes norvégiennes du sud jusqu'au nord.
02:58 Comme matériel, j'achète un duvet qui peut aller jusqu'à -15°C confort et -40°C extrême.
03:03 Des affaires, des sous-vêtements techniques en Merinos,
03:07 une veste waterproof, un pantalon étanche,
03:08 un matelas pour aller jusqu'à -40°C.
03:11 Donc là, pareil, pour dormir et pour nourrir,
03:13 je compte sur la générosité des gens, donc je toque aux portes,
03:16 et je demande "Salut, je suis au Cap Nord pour soulever des fonds,
03:20 pour la recherche et le compris de la scléose en plaques.
03:22 Est-ce que je peux mettre ma tente dans votre jardin ?"
03:24 Alors je fais ça jusqu'à ce que j'arrive en Norvège.
03:26 Par contre en Norvège, les conditions sont horribles, on enchaîne des tempêtes.
03:30 C'est l'enfer, je répète, aidez !
03:34 Donc là je commence à demander à dormir dans des garages.
03:37 Pendant deux semaines, au milieu de mon périple en Norvège,
03:40 on tape des tempêtes tous les jours, sans arrêt.
03:42 Il y a des chutes de neige impressionnantes, du vent,
03:45 et même les Norvégiens, qui ont pourtant l'habitude de ce genre de climat,
03:48 me disent qu'en 30 ans, ils n'ont clairement jamais eu un hiver aussi compliqué
03:52 que ce laps de temps de deux semaines, qui est juste abominable.
03:56 Donc chaque journée, c'est un combat en fait.
03:58 Je sais que je me lève, et je sais que c'est pour en chier.
04:00 Je ne peux pas mettre d'autres termes que "en chier".
04:02 C'est de plus en plus compliqué !
04:05 Les conditions de circulation sont horribles !
04:08 Les conditions de circulation se durcissent ! Attention !
04:11 Je me souviens d'une journée où je suis sur une route,
04:14 j'ai un masque de ski, il y a de l'humidité dedans, je n'y vois rien.
04:17 Je ne peux pas rouler sur la route qui est juste défoncée par la glace.
04:20 Il y a des camions qui me frôlent.
04:22 C'est horrible, pendant une heure je suis là,
04:24 à rien voir, à me dire "mais qu'est-ce que je fais là ou quoi ?"
04:26 Mais en fait, une fois qu'on traverse ce genre d'épisode,
04:28 et qu'on se dit "bon ben je suis capable de faire ça",
04:30 on en sort dans tous les cas plus grandi que n'importe quelle autre expérience.
04:34 Vers la fin du voyage, je passe une montagne où ils annoncent -22°C.
04:38 Et là je me dis "ouais j'ai peur",
04:39 parce que j'ai pris le temps de me renseigner sur la température d'utilisation de mes écouteurs.
04:44 Mais je ne me suis pas enseigné moi-même comment survivre,
04:47 et là je me dis "j'ai pas du tout le sens des priorités".
04:49 Et je me dis "franchement, si je crève là, c'est mérité quoi".
04:52 Au final, j'ai réussi à m'en sortir, donc pas sans mal.
04:54 À plusieurs reprises, je suis obligé de mettre mes mains dans mon slip,
04:57 pour les réchauffer et pour garder mes doigts.
04:58 Maintenant, c'est ça la référence pour moi du froid.
05:01 J'ai pas froid tant que j'ai pas mal.
05:02 Ce que ce genre de voyage m'a apporté,
05:04 c'est du lâcher prise sur énormément de choses.
05:06 Ça peut paraître un peu excessif, mais je m'en fous de beaucoup de trucs.
05:10 Le principal, je sais ce que c'est, c'est d'avoir chaud,
05:12 de pouvoir manger, boire et dormir.
05:13 Ça, c'est une mandarine que j'ai trouvée dans la rue.
05:16 Je l'ai trouvée par terre.
05:18 Dans la neige.
05:20 C'est ma mandarine d'anniversaire.
05:22 Parce que c'est mon anniversaire, ouais.
05:26 Faudrait juste se satisfaire de ça,
05:28 parce que même si pour nous ça paraît logique,
05:30 c'est pas le cas pour tout le monde.
05:32 On se rend pas compte de la chance qu'on a de pouvoir juste être vivant
05:34 et d'être en bonne santé.
05:35 Donc voilà, maintenant je me satisfais de moins en moins de choses pour être heureux.
05:39 Et ça, je l'aurais pas eu sans ce voyage-là en tout cas.
05:42 Durant ce voyage-là, j'ai rencontré des centaines de personnes.
05:44 Ce serait impossible de les compter.
05:46 Mais une qui m'a vraiment particulièrement marqué,
05:48 c'est une invitation que j'ai reçue sur Facebook
05:50 d'une famille de Français installés à Bergen, donc en Norvège,
05:54 qui m'accueille chez eux quelques jours après Noël
05:56 et qui me font des cadeaux, qui m'offrent mes pneus cloutés
05:58 alors que je les connais pas, avec un accent du Sud.
06:01 Donc d'arriver chez eux, d'entendre "Oh, ça va Nathan ?"
06:04 c'est quelque chose qui est difficile à comprendre
06:06 quand on n'est pas concerné, mais quand on est tout seul
06:08 et qu'on rencontre des Français avec l'accent du Sud
06:10 dans un pays aussi éloigné, ça fait vraiment chaud au cœur.
06:13 Il y a une chose à faire quand on va rencontrer des gens
06:16 pour leur demander un service,
06:18 comme de mettre une tente dans un garge ou dans un jardin,
06:20 c'est de vraiment pas se montrer insistant.
06:22 Faut juste rien demander, donc très très peu,
06:25 le fait de demander un endroit où dormir,
06:27 ça coûte financièrement rien
06:29 et c'est juste une question de confiance.
06:31 Et puis à la fin, on n'obtient même pas des trucs
06:33 qu'on aurait pu espérer.
06:34 Des refus, j'ai dû en prendre peut-être 400, 500
06:37 depuis que je voyage de cette façon-là.
06:39 Ça fait partie du jeu aussi,
06:40 il faut voir ça comme un jeu,
06:42 plus comme une expérience sociale
06:43 que comme quelque chose de dramatique.
06:45 J'ai reçu par la suite beaucoup de messages
06:47 de gens qui m'accueillent, qui me disaient postérioriquement
06:50 que leurs voisins sont tristes de ne pas m'avoir accepté.
06:53 Donc en fait, quand on toque à une porte,
06:55 on a l'interlocuteur à 4-5 secondes pour donner un avis
06:59 et c'est difficile suivant les personnes,
07:01 suivant l'heure, suivant la météo,
07:02 il y a plein de paramètres qui peuvent rentrer en compte.
07:04 Mais après, on peut se dire,
07:05 moi si quelqu'un venait chez moi, j'accepterais,
07:07 mais non, c'est même pas sûr en fait.
07:09 Durant mon voyage en Norvège,
07:10 j'ai eu aucune crevaison, aucune maladie et aucune chute.
07:13 J'ai eu une fois un air sciatique lancé ou débloqué,
07:17 je ne sais pas exactement,
07:18 mais je me suis retrouvé à devoir m'étirer
07:19 sous une tempête de neige à tous les kilomètres.
07:22 C'était mon plus gros problème que j'ai eu au niveau de mon corps.
07:24 Au niveau de mon vélo,
07:25 j'ai la graisse du corps de roue libre totalement figée
07:28 à pédaler dans le vide en fait.
07:30 Il faut trouver des solutions pour échauffer la graisse.
07:32 Il n'y a pas d'autre choix que d'uriner sur la cassette.
07:34 Donc je me suis retrouvé à de nombreuses reprises
07:36 à pisser dans une bouteille et à asperger ma cassette
07:39 pour pouvoir repartir.
07:41 Ça ne fait pas rêver,
07:42 mais il faut bien trouver des solutions
07:43 pour se sortir de la panade.
07:45 Vers la fin du voyage,
07:47 après avoir pris une vingtaine de refus,
07:49 je rencontre un homme un peu fatigué de 60, 70 ans
07:53 qui me dit, écoute,
07:55 moi je ne vais pas te laisser dormir dans le garage,
07:56 tu viens, tu dors dans la chambre de mon fils.
07:58 Et je me retrouve à me faire donner de l'argent carrément.
08:01 Il me donne des billets de banque pour la suite de mon voyage.
08:04 Je leur dis, mais non, je n'ai pas besoin.
08:06 Et le lendemain, je pars de chez eux avec mes pneus cloutés,
08:09 je tire mon vélo
08:10 et j'arrache complètement le sol, le carrelage.
08:13 Je fais une énorme rayure dans le sol.
08:14 Ma réaction logique aurait été de me faire engueuler ou quoi.
08:17 Et lui, tout ce qu'il trouve à me dire,
08:18 c'est, oh ben écoute, ça fait une rayure,
08:21 moi ça nous fera un souvenir de toi.
08:22 Il y a vraiment de tout.
08:23 Il faut juste prendre le temps d'aller rencontrer les bonnes personnes.
08:25 Je suis en contact toujours avec une personne
08:27 qui s'appelle Arne,
08:28 qui m'a carrément régalé quand je l'ai rencontré.
08:30 Il m'a fait des cadeaux de Noël
08:32 que j'ai emportés pour ouvrir le 25 décembre tout seul dans ma tente.
08:35 Il m'a payé une chambre d'hôtel pour une nuit.
08:37 Et là, on s'envoie toujours des messages,
08:39 il m'envoie des photos tous les mois, tous les deux mois.
08:41 Et puis on s'envoie des mails en anglais, donc on échange encore.
08:44 C'est vraiment des personnes que je n'aurais jamais rencontrées
08:46 sans aller toquer à des portes comme ça.
08:48 Le 25 décembre, je me suis retrouvé tout seul dans ma tente,
08:51 dans un garage à -8°C.
08:53 On enjait mes cadeaux de Noël,
08:54 donc c'était principalement de la nourriture que les gens m'offraient.
08:57 Et je n'ai pas forcément passé une soirée horrible.
09:00 Je crois que ça vient aussi de se défaire
09:02 de toutes les habitudes qu'on peut avoir.
09:05 À la fin du voyage,
09:06 j'ai réussi à collecter 61 000 euros
09:09 pour la recherche contre la sclerose en plaques.
09:10 Juste avec un vélo et un peu d'énergie,
09:13 on peut arriver à faire des trucs exceptionnels.
09:15 Après avoir traversé autant de pays à vélo,
09:17 je n'arrive plus à imaginer une autre façon de voyager
09:20 pour une raison évidente d'écologie et d'environnement.
09:22 Le plus important, ce n'est pas forcément la destination,
09:25 c'est vraiment ce qui se passe entre le départ
09:27 et l'arrivée à cette destination.
09:28 Rien ne sert de courir, il faut partir à vélo !
09:31 Oser aller vers les autres pour vivre des trucs incroyables.
09:34 L'individualisme, ça aboutit dans tous les cas à rien.
09:38 Aller vers l'autre, c'est ça qui ouvre tout.
09:40 Mais dans la vie de tous les jours,
09:42 si on a besoin de quelque chose,
09:44 les gens sont ravis d'aider en général.
09:46 Aider les autres, ça fait du bien.
09:48 Ça fait du bien de se sentir utile.
09:49 J'ai passé le reste de l'année 2022
09:51 à écrire des livres sur mon voyage en Norvège.
09:54 Mettre toutes les anecdotes sur papier.
09:55 Là, je viens de sortir mon premier tome,
09:58 qui s'appelle "Barbe humide".
09:59 Le second sortira en début 2023.
10:01 Ce qui ressortira de mes voyages,
10:03 ce que je mets à l'écrit dans mes livres,
10:04 c'est vraiment d'oser aller vers les autres
10:07 pour vivre des trucs incroyables.
10:08 Et l'individualisme, ça aboutit dans tous les cas à rien.
10:12 Je ne serais pas là à raconter ça en vidéo
10:15 sans les gens que j'ai rencontrés
10:17 et sans les histoires qui m'ont touché.
10:19 Je pense vraiment que le point final,
10:21 c'est de se faire confiance et d'oser aller vers l'autre.
10:25 Les gens sont ravis d'aider en général.
10:27 Peu importe les raisons,
10:30 aider les autres, ça fait du bien.
10:33 Ça fait du bien de se sentir utile
10:35 et de pouvoir apporter du bonheur.
10:48 Oh putain de merde !
10:50 Improbable !
10:53 Je fais quasiment 5400 km.
10:57 Sous-titrage Société Radio-Canada

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