SMART BOSS - Emission du mardi 23 janvier

  • il y a 8 mois
Mardi 23 janvier 2024, SMART BOSS reçoit Mercedes Erra (Fondatrice et Présidente, BETC)

Category

🗞
News
Transcript
00:00 *Générique*
00:08 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Boss, le rendez-vous des patrons et des patronnes.
00:13 Je suis ravie d'accueillir aujourd'hui une patronne. Bonjour Mercedes.
00:17 Bonjour.
00:18 Merci beaucoup d'avoir accepté cette invitation.
00:20 Alors au sommaire de toute cette émission, on va d'abord faire une séquence qui s'appelle "David contre Goliath"
00:25 et là tu vas pouvoir rencontrer une jeune société, vous parlerez de vos sujets en commun.
00:29 Ensuite il y aura la séquence "En coulisses" où on va plutôt parler des moments de vie forts de ta vie dirigeante, mais aussi de ton quotidien.
00:35 Et on terminera par l'interview "Top chrono" qui là, comme son nom l'indique, va être une série de questions réponses très rapides.
00:41 D'accord.
00:42 Merci encore. Et bien on va pouvoir passer tout de suite à la rubrique "David rencontre Goliath".
00:48 *Générique*
00:53 Donc la start-up qui te fait face, c'est Zionset.
00:55 Alors je dis start-up, mais c'est plutôt une agence spécialisée en création de contenu et je suis ravie d'accueillir son fondateur, Eric Zionset.
01:01 Oui bonjour.
01:02 Bonjour.
01:03 Merci beaucoup d'avoir accepté l'invitation. Alors voilà, je disais plutôt agence.
01:06 Est-ce que tu peux justement dire un petit peu quelles sont les activités ?
01:09 Bien sûr. Avec mon associé Hugues Tonnet, on a fondé une agence de stratégie digitale spécialisée dans la création de contenu et surtout dans la transmission.
01:20 Comment est-ce qu'on transmet l'information grâce au digital sur les différentes générations, que ce soit dans la culture ou dans le luxe aussi.
01:27 D'accord. Et sur quel à peu près format vous faites ?
01:29 On est spécialiste en TikTok, mais on fait aussi beaucoup d'Instagram, beaucoup de Facebook, puisque c'est de la transmission, donc il faut aller sur toutes les typologies de personnes.
01:39 D'accord. Alors Mercedes, est-ce que tu connaissais déjà l'agence ? Est-ce que l'ETC travaille un peu avec ?
01:44 Alors pas vraiment. En fait, nous, on fait la même chose, mais je les ai connus. On s'est connus comme ça, parce qu'il avait entendu parler de moi par une jeune femme qui connaissait, qui me connaissait.
01:57 Et voilà, je trouve qu'ils ont plein de fraîcheur, que c'est sympa, que c'est intéressant.
02:02 Ça rejoint mes enjeux de comment est-ce qu'on amène de la qualité au digital, comment on ne fait pas n'importe quoi, parce qu'il y a beaucoup de n'importe quoi.
02:11 J'aime bien leur histoire de transmission, parce que ça veut dire que c'est important ce qu'on raconte, on a une responsabilité sur ce qu'on raconte.
02:18 Et comme on n'a pas encore trouvé le moyen de maîtriser ce média qui fait à peu près ce qu'il veut, donc n'importe quoi, je trouve que c'est bien qu'il y ait des gens qui s'attellent à faire les choses bien.
02:31 Et après, je le trouve sympa.
02:33 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, la publicité, elle est forcément du sens ? C'est un peu mogal vaudé, mais…
02:37 Non, non, il faut… Les gens sont en quête de sens sur tous les secteurs. Après, sur le digital, c'est important d'apprendre, je pense.
02:45 Et c'est pour ça que nous, on accompagne des institutions culturelles sur le digital, pour permettre aux personnes de mieux comprendre avant d'aller dans un musée, et du coup d'apprendre, tout simplement.
02:59 C'est quoi leurs enjeux, par exemple, dans la culture ?
03:01 Cette année, la culture, il y a eu un boom sur les entrées dans les musées, et je suis sûr que le digital y est pour beaucoup.
03:10 En fait, de démocratiser cette culture, de l'ouvrir à tous, de donner envie à des gens d'y aller, c'est la raison pour laquelle je me lève le matin.
03:19 Et il faut aller toucher les jeunes générations, j'imagine. Comment on les touche aujourd'hui ?
03:22 On les touche en allant leur parler là où ils sont. Donc ils sont sur TikTok.
03:26 Nous, on a aussi un média qui s'appelle Culture Confiture sur TikTok, qui est spécialisé dans la culture, et on va les toucher en leur parlant.
03:34 Si on leur parle, par exemple, de Rodko à la Fondation Louis Vuitton, avec leur code à eux, par exemple, on peut faire des POV, Point of View, qui est très connu sur TikTok.
03:45 Moi, je suis perdue, si tu veux venir.
03:47 Pardon, Point of View, c'est dans la peau d'eux, et c'est une façon dont parlent les plus jeunes sur TikTok.
03:52 Donc ce que je voulais dire par là, c'est que si on arrive à leur parler de la même façon que sur les réseaux sociaux, on les intéresse.
04:01 Toi, alors, TikTok, quand on te dit ça…
04:04 Ah non, mais c'est pareil. Nous, on fait aussi beaucoup de TikTok.
04:07 Mais moi, je suis sensible à ce qu'ils racontent parce qu'ils sont un peu sociétaux, et qu'ils n'ont pas envie de faire n'importe quoi.
04:18 Et je trouve que, en fait, Point of View, c'est aussi une autre idée.
04:23 C'est le fait que, quand on fait de la communication, il faut avoir un point de vue sur la qualité.
04:29 Est-ce qu'on balance n'importe quoi aux gens ou est-ce qu'on va vers une qualité ?
04:34 Je pense que quand ils parlent de la culture, la culture, c'est un des sujets aujourd'hui les plus importants et dont on ne se rend pas compte.
04:41 C'est-à-dire qu'on est en train de construire une France.
04:44 L'éducation, c'est compliqué. La culture, c'est compliqué.
04:47 On a besoin de refaire une France identitaire globale, que les gens puissent avoir le sentiment qu'ils ont droit à la culture.
04:55 Donc, quand vous ouvrez les fondations Vuitton, moi, je m'occupe du musée de l'immigration, je ne vous raconte pas.
05:01 Quand je fais des expositions, qu'on les ouvre, c'est pour nous extrêmement important, extrêmement important de respecter le public aussi.
05:08 Parce que quand on ne leur parle pas du tout à leur façon, c'est qu'on ne veut pas être empathique.
05:13 On ne veut pas être respectueux. Ils parlent d'une certaine façon. On peut y arriver.
05:18 Et c'est ça que je trouve bien dans ce qu'ils font. J'aime bien. Donc, on fait probablement, on essaie de faire la même chose.
05:25 Mais plus il y aura de gens de qualité qui feront ça, et mieux on se portera.
05:30 Et donc, sur TikTok, il y a aussi quand même beaucoup de jeunes. Ça se voit puisque vous ne connaissez pas ce point de vue.
05:35 Et comment est-ce que là, d'ailleurs, vous percevez un peu les influenceurs ?
05:40 Il y en a de plus en plus sur TikTok. C'est vos futurs concurrents ? Ils sont déjà vos concurrents ?
05:46 Nos concurrents, non, parce que les créateurs ne sont pas des agences.
05:50 Par contre, c'est vrai que nous, on travaille avec beaucoup de créateurs.
05:54 On aime bien dire que c'est fait par les créateurs pour les créateurs.
05:58 Mais c'est exactement la même chose que de s'adresser avec leur langage.
06:02 Ces créateurs-là, ils parlent le langage de la plateforme. Donc, autant y aller avec eux, en fait.
06:08 Mais je ne pense pas que ce soit des concurrents. Après, ils sont hyper créatifs et ils sont incarnés, surtout.
06:14 Donc, ce qui est intéressant, c'est qu'on les suit pour qui ils sont.
06:17 Et c'est pareil chez BETC. Vous suivez un peu les créateurs de contenu, influenceurs ?
06:21 Bien sûr. En fait, c'est un nouveau mode. Le monde ne change pas radicalement.
06:27 Avant, les gens passaient par des "DRP" qui passaient par la presse et les journalistes.
06:33 Et là, on a tout d'un coup la possibilité de gens de surgir. Donc, il y a de tout là-dedans.
06:41 C'est-à-dire des gens qu'on trouve pas supportables, des gens qu'on trouve très intéressants.
06:46 C'est un peu aussi notre métier. Et une marque, ce n'est pas qu'une histoire d'influenceurs.
06:53 Une marque, c'est un point de vue, un regard, une intelligence.
06:56 Donc, après, vous choisissez vos ambassadeurs, vos amis.
06:59 Parce que dans la vie, les amis correspondent quand même à ce que l'on est.
07:04 Donc, il faut penser une marque de la même façon.
07:07 C'est pour ça que j'aime bien le terme de créateur, plus qu'influenceur.
07:11 Parce qu'en fait, c'est des gens qui créent quelque chose.
07:13 Et dedans, il y a des super vidéastes, il y a des super motion designers, il y a des super conteurs, storytellers.
07:19 Et c'est plus intéressant que les influenceurs, selon moi.
07:22 Et alors, peut-être, si tu as une ou deux tendances à nous donner dans la pub, puisqu'on est débutant ?
07:27 Là, dans la pub, il y a cette tendance d'inventer un quotidien, d'inventer une rue qui n'existe pas.
07:38 On voit des gros sacs énormes qui se baladent dans les rues.
07:41 On voit des choses comme ça en 3D. Mais c'est l'avènement de l'intelligence artificielle qui fait ça.
07:46 Et la réalité virtuelle, bon.
07:48 Je suis moins spécialiste en publicité que Mercedes.
07:51 Bon, de toute façon, on aura l'occasion de reparler. Merci beaucoup.
07:53 Il est plus jeune.
07:54 Encore ?
07:55 Éric, d'avoir participé à la séquence.
07:58 Merci beaucoup.
07:59 Et on va passer tout de suite à la séquence en coulisses.
08:01 Ton premier poste de dirigeante remonte à 1990.
08:10 Et donc, cette année-là, tu es devenue directrice générale de Satchi & Satchi, c'était en France.
08:16 Tu as gravi les échelons au sein de cette société.
08:19 Est-ce que tu visais déjà ce poste-là ou alors tu es arrivé un petit peu par opportunité, opportunisme ?
08:25 Non, non, je ne visais rien du tout.
08:27 En fait, j'étais assez précise quand même parce que moi, j'ai fait des études de lettres classiques.
08:33 J'étais prof de lettres.
08:34 Après, j'ai fait HEC parce que je ne voulais plus être fonctionnaire.
08:39 Et je suis rentrée dans la pub en me disant que c'était un endroit bizarre.
08:44 Sûrement, j'allais faire trois mois de stage et puis j'allais sortir.
08:48 Et ça a été le métier de ma vie très vite parce que ça faisait référence à toutes mes études en profondeur sur les sciences humaines
08:58 que j'avais adorées, sur la littérature, sur la sociologie, la psychologie, tout ce que j'aimais, l'histoire, etc.
09:06 Et je ne m'en étais pas rendue compte, je ne le savais pas.
09:08 C'est dur de savoir.
09:10 Donc, quand je suis rentrée, moi, ce que je voulais, c'était un métier qui me plaisait.
09:15 Je savais que je n'avais pas de limite en termes de travail et donc il fallait que ça soit intéressant.
09:20 Et je n'étais pas prête à rentrer dans un truc moyen pour devenir je ne sais quoi.
09:25 Je ne comprenais même pas ce qu'on pouvait devenir.
09:27 Donc, voilà, je suis rentrée et j'ai tout de suite aimé mon métier.
09:31 D'accord. Et après, tu as eu un peu un défi. Je ne sais pas si c'est un défi qu'il y a eu après.
09:35 Je crois que ce qui a fait... D'abord, je pense que j'étais bonne.
09:39 C'est-à-dire que j'étais mûre pour ça. J'avais fait des études géniales, des hippocampes, des cagnes, etc.
09:45 Extraordinaire. On croit que ça ne mène à rien, ça mène à tout.
09:48 Et je crois que j'étais prête. J'étais prête à écouter des gens, des consommateurs, à faire des qualitatifs, à faire des études.
09:57 J'aimais la création, j'aimais le lien entre le réel et la création.
10:02 J'aimais trouver des leviers de persuasion des gens.
10:06 Donc, tout ça, j'aimais beaucoup.
10:08 Et puis, après, je pense que ce qui m'a portée plus loin, c'est que j'avais un sens très fort des responsabilités, presque grave.
10:17 C'est-à-dire que je croyais que j'étais coupable de tout.
10:19 Donc, quand il y avait un problème dans l'entreprise, je ne pensais jamais que c'était un autre.
10:24 Je croyais qu'il fallait que je le règle.
10:26 Donc, au début, quand j'ai commencé, j'étais toute jeune, le patron s'est dit "elle est quand même pas normale, la fille-là".
10:33 Parce que je croyais qu'il fallait que je règle les problèmes de secrétaire, etc.
10:36 Et il se disait "mais elle a un grain".
10:40 - Ce n'était pas un sentiment de l'imposteur, c'était vraiment...
10:42 - Non, c'était le sentiment de la responsabilité.
10:45 - Et alors, après, quand tu pars chez... cofonder le TC...
10:50 - Alors, j'ai eu une expérience formidable, 14 ans, chez Satchi.
10:53 En plus, au début, c'était une vieille agence française, du PUI, donc une vieille famille française.
10:59 Donc, c'est passionnant.
11:01 La raison pour laquelle je m'en vais, parce que j'avais été très heureuse, c'est que je suis obsédée.
11:07 Moi, je suis fille d'immigré.
11:09 J'ai immigré moi-même, parce que je suis arrivée à l'âge de 6 ans.
11:12 Et je crois qu'on aime plus la France que les Français.
11:15 Donc, moi, je voulais une agence française qui ait un poids à l'international.
11:19 J'aimais pas, quand je gagnais un budget chez Satchi, ils le mettaient à Londres.
11:23 Et ça, ça m'énervait.
11:25 Je me disais "tous les pays, on a le droit de se défendre.
11:27 Notre culture, elle peut aussi être une culture internationale.
11:30 Il n'y a aucune raison que quand on dit internationale, on dise obligatoirement anglo-saxon.
11:34 Et c'est la raison pour laquelle j'ai créé BETC.
11:37 Attention, moi, j'ai créé BETC au sein d'une structure.
11:41 C'était Avas.
11:43 Et mon obsession, c'était pas l'argent. Je suis pas très start-up et tout ça.
11:46 Moi, mon obsession, c'était de faire le plus beau lieu de France, en termes de création, d'intelligence, etc.
11:53 Je voulais la gloire. Je voulais pas l'argent. Je voulais la gloire.
11:56 - Et tu montes pas toute seule, hein ? - Bah non !
11:58 - Et pourquoi ? Parce que j'ai lu dans une interview, t'as donné à Ecorézo,
12:01 diriger toute seule, c'est facile, mais c'est pas intéressant. Pourquoi ?
12:04 - Bah bien sûr, il faut aller avec les gens les plus forts du monde.
12:07 C'est petit, diriger toute seule.
12:09 En fait, on oublie le but.
12:12 Le but, c'est de faire quelque chose d'intéressant.
12:14 Donc, pour être intéressant, il faut avoir l'intelligence des autres.
12:19 Et moi, on m'a élevée avec "si t'es pas confrontée aux meilleurs, t'es pas grand-chose."
12:24 Et donc, moi, je me disais "je vais rejoindre les meilleurs.
12:27 S'ils sont meilleurs que moi, bah ils seront au-dessus, je m'en fiche."
12:31 Et puis, en fait, il se trouvait que non, qu'on était assez à égalité.
12:35 - Et comment, après, tu aimes le collectif, ça se voit.
12:38 Comment est-ce que tu t'es entourée, justement, un peu progressivement au sein de l'ETC ?
12:41 - Oh, j'ai pris les meilleurs partout. J'ai cherché...
12:43 En fait, j'étais obsédée. Quand je voyais quelqu'un de bon, je comprenais pas pourquoi il était pas chez moi.
12:47 Puis après, je me disais "est-ce qu'il va être meilleur que moi ?
12:51 Je saurais pas quoi lui apporter, mais c'est pas grave, c'est pas grave."
12:54 C'était ça, mon obsession. Honnêtement, ça continue à être ça, mon obsession.
12:58 Aujourd'hui, je pense la même chose.
13:00 - C'est quoi un bon collaborateur, alors, chez BU ? Un très bon ?
13:03 - Un très bon, c'est quelqu'un qui comprend ce métier de la persuasion.
13:07 Alors, il y a beaucoup de métiers dans la pub.
13:10 Et ils sont pas tous bons partout.
13:13 Mais en fait, un bon collaborateur, c'est quelqu'un qui a un axe de qualité, de compétence très fort,
13:19 même s'il a des défauts. Il faut quelque chose qui soit très fort.
13:23 Et dans ce cas-là, c'est un bon collaborateur.
13:26 - Alors, j'ai vu que tu as imposé une culture d'entreprise fondée sur pas mal de valeurs.
13:30 Tu as parlé en plus du fait que tu es immigrant en France à l'âge de 6 ans.
13:33 Donc, j'ai vu diversité, mixité, parité, ouverture.
13:36 À partir de quand, pour toi, un dirigeant, il doit se poser cette question de la culture d'entreprise ?
13:41 - Tout de suite ? Moi, je pensais que...
13:44 Moi, ce qui était bien dans mon histoire, c'est que j'étais rien du tout.
13:48 Je croyais que j'étais patronne.
13:50 Donc, je me posais toutes les questions.
13:52 Donc, j'interviewais. J'avais qu'une seule personne à interviewer,
13:55 parce que j'avais un assistant.
13:57 Mais ça me prenait... Ça prenait des formes très importantes.
14:00 Je considérais que c'était essentiel.
14:02 Voilà. Donc, je pense que très vite... C'est pas coupé, quoi.
14:06 C'est pas coupé. Qu'est-ce qu'on veut créer comme entreprise ?
14:09 Quelle... Moi, je veux que les gens, ils soient très forts,
14:12 et ils travaillent beaucoup, et ils aident les entreprises autour de nous à être plus fortes.
14:17 Pour ça, il faut leur donner quand même des cadeaux.
14:20 Et les cadeaux, c'est pas que l'argent.
14:22 C'est comment vous les reconnaissez, comment vous tenez compte de leurs paroles,
14:27 voilà, et les valeurs que vous portez.
14:29 Et les valeurs, c'est pas eux qui vous les disent, c'est vous.
14:32 Vous êtes patron, patronne.
14:34 Vous dites des valeurs.
14:36 Donc, moi, voilà, j'avais pas envie d'une agence pas ouverte.
14:39 Je croyais que la diversité construit de l'intelligence.
14:43 Bon, bah, voilà. Ce sur quoi on n'a pas assez de diversité,
14:46 parce que le problème, on le règle pas tout seul.
14:49 L'école, c'est un vrai problème en France.
14:52 Si, quand vous cherchez des très hauts niveaux, vous trouvez pas les gens adaptés,
14:58 s'il y a personne qui a fait des grandes écoles parce que c'est trop fermé,
15:03 c'est embêtant, quand même.
15:05 Donc, il faut régler des problèmes sociétaux lourds.
15:08 Moi, je suis très concernée par le politique,
15:11 et l'éducation, c'est un des plus gros enjeux.
15:14 - Et, alors, dans des très bons collaborateurs, tu l'as dit à plusieurs reprises,
15:18 mais, en fait, Berti, il y a, Berti Toledano,
15:21 à qui tu as un peu laissé les rênes, c'était en 2019.
15:24 Pourquoi ce timing-là, à ce moment-là,
15:27 et comment se passe une succession de ce type ?
15:31 - Alors, en fait, la vérité, c'est que tout le monde croit que j'ai arrêté de travailler.
15:36 - T'es encore présidente. - Mais, en fait, pas du tout.
15:39 Moi, je pense que ce qui est génial, c'est quand on donne du pouvoir
15:42 et on continue à contribuer.
15:44 Donc, moi, ce que je lui ai donné à Berti,
15:47 mais c'était facile parce qu'elle était hyper intéressante,
15:50 je lui ai donné la présidence de la France.
15:54 Et moi, je me suis mise à travailler sur les butées, les clients.
15:58 Et donc, on est plus fortes toutes les deux
16:01 parce qu'elle, elle travaille sur certains clients, moi, sur d'autres,
16:05 et on échange, on passe notre vie, et même sur les gens, on échange.
16:09 Donc, je pense que, oui, j'ai intérêt à avoir une succession.
16:13 En fait, quand vous avez des niveaux de gens comme ça,
16:16 il faut bien que vous leur donniez la...
16:18 Vous les avez pas si vous êtes pas prêts à leur donner la succession.
16:22 Donc, moi, voilà, ça, c'était assez simple.
16:25 Après, je pense que c'est tellement dur, ce métier, à des moments donnés,
16:31 qu'il vaut mieux être beaucoup pour faire de cette agence la plus belle des merveilles.
16:36 - Alors, BETEC a contribué à d'importants tournants stratégiques pour des marques.
16:42 Il y a eu des campagnes très mémorables dans la santé pour Danone,
16:46 la jeunesse pour Evian, la Vision Air France.
16:49 Et il y a eu un moment, c'était début de la guerre en Ukraine aussi.
16:52 Est-ce que tu peux nous dire un petit peu sur la campagne que vous avez faite
16:55 et comment est-ce que vous avez pris un peu le projet ?
16:58 Ça devait être quand même très, très délicat.
17:00 Bon, maintenant, on en parle parce qu'on a beaucoup de recul.
17:02 - Tu veux dire exactement ?
17:03 - Sur la campagne que vous avez faite, au début, avec Vladimir Poutine.
17:07 - Ah !
17:08 - Et comment ça a été fait ?
17:09 - Ça, on les faisait presque systématiquement, si j'ose dire.
17:12 On n'a pas attendu la guerre en Ukraine.
17:14 On travaille, en fait, on travaille évidemment pour des clients très importants,
17:20 sur lesquels, pour moi, l'enjeu, c'est faire bouger l'entreprise.
17:23 Et ça, c'est fondamental.
17:26 Et après, on pense que comment est-ce qu'on contribue au monde qui nous entoure ?
17:30 Donc, nous, on contribue avec nos armes, la réflexion, l'intelligence, le travail, la création.
17:36 Et donc, on a accompagné beaucoup de pro bono.
17:38 On a accompagné le musée de l'immigration, évidemment, qui fait les plus belles des campagnes,
17:43 parce qu'on s'implique tous pour expliquer à quel point c'est intéressant
17:47 et quelles bêtises on raconte aujourd'hui sur la migration.
17:50 On dit n'importe quoi.
17:52 Mais on a travaillé beaucoup avec tout ce qui est la logique des droits humains,
17:56 Human Rights Watch, mais aussi Reporters sans frontières.
17:59 Et c'est ça dont tu parles.
18:01 Reporters sans frontières, pour nous, c'est important
18:03 parce qu'il faut une parole journalistique protégée.
18:07 Pour nous, ça, ce n'est pas une blague.
18:10 C'est une des choses qui permet la démocratie.
18:13 Les Reporters sans frontières, c'est ça le travail qu'ils font.
18:16 Comment ils protègent les journalistes ?
18:18 Donc, on les a toujours accompagnés.
18:20 Et il se trouve que ce qui est assez clair, c'est que Poutine ne protège pas les journalistes.
18:25 Je pense qu'on peut y aller.
18:27 Que ce soit avec Human Rights Watch ou avec Reporters sans frontières,
18:30 ça a toujours été un énorme problème que ce soit des droits humains en Russie.
18:36 Tu as parlé un peu d'immigration.
18:39 Tu as énormément de mandats à côté.
18:42 Je me suis dit qu'on n'allait pas toutes les citer.
18:44 Tu es président du Conseil d'administration du Musée de l'immigration.
18:48 Tu étais membre du Conseil de surveillance de Roche-Beaubois.
18:52 Donc, tout autre sujet.
18:54 J'en passe.
18:55 Qu'est-ce que ça t'apporte, tout ça, toi ?
18:57 Est-ce que c'est plutôt en tant que citoyenne ou en tant que dirigeante ?
19:00 Les deux.
19:01 Les deux, c'est-à-dire...
19:03 Moi, je crois en la générosité.
19:05 C'est-à-dire, même toute petite,
19:07 quand j'ai commencé dans la pub, je croyais que j'avais un rôle.
19:11 Alors, le rôle, c'était d'aider les jeunes quand ils avaient des questions.
19:16 Ça me fait toujours beaucoup de peine.
19:18 Par exemple, il y a des gens qui n'ont pas le profil pour entrer dans mon agence.
19:22 Je dis toujours à mes équipes, ça ne vous ennuie pas de les recevoir quand même ?
19:25 Puis de leur donner une orientation.
19:27 Et ça, ça m'a beaucoup apporté, ça.
19:29 C'est-à-dire, moi, je croyais que la générosité, c'était gratuit.
19:32 C'était... Il ne fallait attendre rien.
19:35 Et en fait, j'ai beaucoup de retours.
19:37 Et je ne l'ai pas fait exprès.
19:39 Et je pense que ces retours, c'est le fait que vous créez une confiance,
19:43 avec l'extérieur, mais aussi avec l'intérieur.
19:46 Les gens de BETC, ils sont fiers de ça.
19:48 Ils sont fiers qu'on contribue.
19:51 Et on n'oblige personne à travailler.
19:54 De toute façon, c'est nous qui payons.
19:56 Donc on ne leur demande pas de travailler plus en extérieur,
19:59 de donner des heures.
20:01 On leur prend du temps qu'ils veulent bien donner,
20:04 dans leur temps de travail, pour aider.
20:06 Et en règle générale, pour eux, c'est un souffle.
20:09 C'est quelque chose qui les met en valeur.
20:12 Maintenant, ça fait partie... D'ailleurs, mon associé est comme moi.
20:15 Ça fait partie... Et Bertie est comme moi, et Stéphane est comme moi.
20:19 Ça fait partie de la culture BETC.
20:21 On contribue.
20:23 - Et tu es aussi féministe.
20:26 Tu fais beaucoup de choses pour la cause féminine.
20:29 J'y pensais à l'instant, mais notamment avec Sista,
20:32 qui aide les femmes qui ont du mal à lever de l'argent,
20:35 comparé à leurs homologues masculins.
20:37 - Elle lève 2 %.
20:39 - Oui, je pense qu'on peut faire mieux.
20:42 Tu m'avais dit dans une interview que tu es féministe depuis l'âge de 5 ans.
20:46 Est-ce que c'est plus facile aujourd'hui de dire qu'on est féministe,
20:49 qu'il y a 30-40 ans ?
20:51 - C'est plus facile. Oui, c'est plus facile.
20:54 Moi, quand je le disais à l'époque, même pour créer le Women's Forum,
20:58 quand on a créé le Women's Forum, je me souviens,
21:01 Aude de Thuyn avait dit à l'époque...
21:04 "Mercedes, il faut pas trop qu'elle montre qu'elle est féministe."
21:07 J'ai l'amour. Pour faire le Women's Forum,
21:10 il faut pas que je montre que je suis féministe.
21:12 Et pour moi, "féministe", ça a jamais été un gros mot.
21:15 C'est le droit humain, l'égalité.
21:17 Après, honnêtement, la question des femmes,
21:19 je trouve que c'est une des questions les plus importantes du monde.
21:22 Je trouve qu'il y a un retour en arrière invraisemblable.
21:25 En fait, j'ai l'impression d'un monde étrange
21:28 où on a évolué de façon incroyable.
21:31 Moi, quand j'ai commencé dans la pub,
21:33 on tapait à la machine avec du papier carbone derrière et du type X.
21:37 Donc c'est incroyable, le monde tel qu'on le vit aujourd'hui.
21:41 En 30 ans, tout a explosé, tout a changé.
21:45 Eh bien, j'ai l'impression d'un retour en arrière
21:48 démocratique, c'est invraisemblable, quoi.
21:51 Il y a des fous partout dans le monde, là, autoritaires,
21:54 et sur le droit des femmes.
21:56 Et quand je pense qu'aux Etats-Unis, ça discute l'IVG,
21:59 quand je pense qu'en Iran, c'est n'importe quoi,
22:04 cette violence faite aux femmes, c'est pas possible.
22:06 Ça, c'est le Moyen Âge.
22:08 Donc ce Moyen Âge, c'est un Moyen Âge de la démocratie,
22:11 de la perte de ce sentiment qu'on avait
22:14 qu'on allait aller dans un monde de progrès,
22:17 et les femmes font beaucoup partie de cette histoire.
22:20 Et la religion utilise les femmes.
22:23 Et ça, moi, je ne supporte pas.
22:25 - Tout ça, ça vous fait peur ?
22:27 - Oui, ça me fait peur, en fait.
22:29 Ça me fait peur, et je pense qu'il faut qu'on soit combattantes.
22:32 Je pense qu'il faut pas...
22:34 Quand les gens vous disent "c'est déjà pas mal",
22:36 quoi, c'est pas mal ? Parce que j'ai pas le même salaire.
22:38 Quoi, c'est pas mal ? C'est pas 2%, c'est pas mal ?
22:41 Non, mais...
22:43 Et quand les gens vous disent "Vous vous rendez compte ?
22:45 "Maintenant, sur telle télé, ils sont à parité."
22:48 Mais encore moins, quoi. De quoi on parle ?
22:51 Et là, vraiment, je pense que dans le monde,
22:53 il y a un retour comme ça en violence,
22:56 et surtout, pourquoi les hommes mettent-ils les femmes
22:59 au coeur de leurs problèmes ?
23:01 Pourquoi parle-t-on sans arrêt de religion sur les femmes
23:04 qui parlent de religion à propos d'elles,
23:06 mais qui laissent les femmes libres ?
23:09 - Et sur les difficultés que rencontrent d'ailleurs les femmes dirigeantes,
23:12 on a parlé des start-up, des filles qui ont du mal à lever des fonds,
23:15 mais allez, j'essaie des fois d'être un peu positive,
23:18 c'est quoi aujourd'hui, peut-être, l'avantage d'être une femme dirigeante ?
23:21 Et toi, tu as peut-être vu d'ailleurs cette évolution.
23:23 - L'avantage d'être une femme dirigeante, c'est que les femmes, c'est génial.
23:26 - C'est plus performant. - C'est formidable, les femmes.
23:28 Donc, moi, j'ai beaucoup d'emballement sur les femmes, sur les autres.
23:33 J'aime bien, au début, on me disait "Ah là là, ça va être une femme,
23:36 "tu vas la voir en face, elle va être jalouse."
23:39 J'ai jamais eu ça.
23:41 Moi, je crois que la sororité, elle est montée.
23:44 Et franchement, je trouve que, vous voyez, il y a les hommes et les femmes,
23:49 et il y a des spécificités.
23:51 Quelles sont les spécificités ?
23:53 C'est que les femmes, on les a enfermées dans la maison,
23:55 on leur a donné beaucoup de travail, on les a pas payées,
23:58 nos grands-mères, nos mères, et encore des femmes aujourd'hui,
24:02 et on fait semblant qu'elles font rien.
24:04 Une femme, ça travaille énormément, ça travaille plus que les hommes.
24:08 Et les femmes qui travaillent, moi, j'en ai beaucoup à l'agence.
24:11 Elles ont 10 points de stress de plus que les hommes.
24:14 Et c'est pas pour rien, c'est pas parce qu'elles aiment le frivole,
24:17 ou je ne sais trop quoi.
24:19 C'est parce qu'elles sont en charge de la vie.
24:21 Elles sont en charge de l'intérieur, elles sont en charge de l'extérieur.
24:24 Et donc là, je pense que c'est magnifique, mais qu'on a intérêt à évoluer.
24:28 On va être moins en charge, et les garçons vont être plus en charge,
24:31 et ça va être merveilleux.
24:33 Au milieu, il y a quelque chose de merveilleux.
24:35 - Une question que je pose, pas au phare,
24:38 mais à tous mes invités hommes aussi,
24:40 donc il ne faut jamais le prendre mal.
24:42 Comment est-ce que tu organises ta vie perso, ta vie pro ?
24:45 - Moi, je n'ai pas de problème avec cette question,
24:47 parce que je pense qu'on devrait, en effet,
24:49 comme tu le fais, la poser à tout le monde.
24:51 Parce que je suis assez étonnée, par exemple, au début,
24:54 quand j'ai commencé, j'étais hyper fraîche,
24:56 et on me disait "Alors, comment tu vas faire ?"
24:59 Je dis "Pourquoi tu me demandes ça, moi ?"
25:01 Le type, là, à côté, comment il va faire ?
25:03 Il compte avoir un enfant ou pas ?
25:05 Comment il va faire ?
25:07 En fait, notre vie, elle est comme ça.
25:09 Notre vie, elle se structure autour d'une histoire personnelle,
25:13 mais l'histoire professionnelle, publique,
25:16 elle est aussi très importante,
25:18 et c'est au croisement des deux que se trouve notre histoire.
25:21 Pourquoi on priverait les femmes ?
25:23 Moi, j'ai eu une maman qu'on a privée de ça.
25:26 Et en fait, elle n'aimait pas la maison, faire le ménage,
25:29 elle n'aimait pas du tout.
25:31 Et elle disait "Je m'embête un peu quand même à faire tout ça."
25:34 Donc pourquoi ?
25:36 Ça ne veut pas dire, moi j'aime beaucoup m'occuper de chez moi, etc.
25:40 Après, j'adore être aidée.
25:42 J'adore être aidée.
25:43 J'ai beaucoup de respect pour toutes ces femmes
25:46 qui nous aident à pouvoir faire des choses.
25:49 Beaucoup de respect.
25:51 - Écoute, merci beaucoup d'avoir répondu à toutes ces questions.
25:54 J'en avais encore plein, mais comme je disais au tout début,
25:56 tu as fait beaucoup de choses,
25:58 mais on va devoir passer déjà à la dernière séquence,
26:00 qui est l'interview Top Chrono.
26:02 Une marque pour laquelle tu rêverais de travailler,
26:11 et avec qui tu n'as pas encore pu collaborer ?
26:15 - Nike.
26:17 J'aime bien.
26:18 Je trouve qu'ils ont beaucoup de talent,
26:20 donc je ne suis pas sûre qu'ils aient besoin de moi.
26:23 - Tu es plutôt LinkedIn, Instagram ou TikTok ?
26:25 - LinkedIn.
26:27 - La personne qui t'a le plus marquée dans ta vie,
26:30 que ce soit d'un point de vue personnel ou professionnel ?
26:33 - C'est trop difficile.
26:34 Ma maman.
26:36 - L'appli que tu utilises le plus ?
26:39 - Radio France.
26:41 J'écoute des podcasts sans fin, à voix nue.
26:44 - Peux-tu me citer une entrepreneuse ou une dirigeante française ?
26:48 - Bien sûr.
26:50 Delphine Ernotte.
26:52 - De France Télévisions.
26:54 - Le dernier livre que tu as lu ?
26:57 - J'ai relu un Albert Cohen.
27:02 Belle du Seigneur.
27:05 Pas mal.
27:07 Pas facile, mais pas mal.
27:10 - C'était quoi ton rêve quand tu étais enfant ?
27:13 - Je voulais être avocate, défendre,
27:16 mais mon papa m'avait dit que j'allais défendre
27:19 que des gens qui étaient divorcés,
27:22 parce que c'était le rôle des femmes.
27:25 Je me suis dit que je ne voulais pas m'occuper des divorcés.
27:28 Mais je voulais défendre.
27:30 - Tu as parlé d'immigration.
27:32 Si tu devais changer quelque chose à la nouvelle loi
27:35 qui vient de passer sur l'immigration, qu'est-ce que serait-ce ?
27:38 - Je dirais beaucoup de choses.
27:41 Je trouve que de toute façon, ça part très mal,
27:44 parce que ça part sur les mauvaises données.
27:47 Ça triche sur les chiffres.
27:49 Les pays qui ont fermé nos frontières il y a très longtemps.
27:52 Les gens qui arrivent, les migrants, on en a besoin.
27:55 On pourrait les utiliser de façon très brillante et très intelligente.
27:59 Un pays qui se ferme, c'est terrible.
28:02 La porte ouverte garde la maison, pour moi, c'est un truc fondamental.
28:06 Il y a beaucoup de choses à changer.
28:09 - Merci. C'est déjà terminé.
28:12 Merci d'avoir répondu à toutes ces questions.
28:15 Je vous remercie d'avoir regardé cette émission.
28:18 Je vous donne rendez-vous très bientôt pour un nouveau numéro.
28:21 Merci. Au revoir.
28:24 (indicatif musical)
28:27 ...