SMART BOSS - Emission du mardi 28 novembre

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Mardi 28 novembre 2023, SMART BOSS reçoit Patricia Chapelotte (Directrice générale, Hopscotch Décideurs)
Transcript
00:00 *Générique*
00:07 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Boss, le rendez-vous des patrons et des patronnes.
00:12 Et là je suis ravie d'accueillir pour ce nouveau numéro Patricia Chaplotte.
00:16 Bonjour.
00:16 Bonjour.
00:17 Donc tu es directrice générale Obscotch Decider, donc agence spécialisée conseil en communication, influence de dirigeants.
00:24 Alors pour cette émission on va voir une première partie, donc David rencontre Goliath.
00:28 Où tu feras face à une start-up qui sera là à distance.
00:32 Ensuite il y aura la partie en coulisses qui est une interview dans laquelle on va vraiment parler un petit peu de ton parcours de dirigeant, ton quotidien.
00:38 Et on terminera par l'interview chrono qui est donc une série de questions réponses très courte.
00:43 Ok.
00:44 Merci encore d'avoir accepté l'invitation.
00:46 Et maintenant on va pouvoir passer à la séquence David rencontre Goliath.
00:50 *Générique*
00:54 Donc la start-up qui va te faire face c'est Suelo, une solution qui permet de gérer l'ensemble des réseaux sociaux.
01:00 Et donc je suis ravie d'accueillir à distance son PDG Jonathan Noble.
01:05 Bonjour Jonathan.
01:06 Bonjour Charlie.
01:07 Merci d'avoir accepté l'invitation, je sais que tu es à Toulouse.
01:11 Écoute alors Suelo c'est quoi ? C'est une boîte à outils, aujourd'hui c'est une agence de stratégie en réseaux sociaux, c'est les deux ? Est-ce que tu peux dire un peu plus ?
01:20 Bien sûr, on est basé à Toulon, dans le sud de la France, c'est de l'autre côté, mais c'est un petit peu pareil.
01:24 Du coup Suelo c'est une plateforme qui permet aux communicants à gérer au mieux leurs réseaux sociaux.
01:29 Donc c'est un outil qui permet aux community managers, social media managers de faire de la veille, de la programmation et de l'analyse sur Twitter, Facebook, LinkedIn, Instagram et bientôt TikTok.
01:40 Merci.
01:41 Patricia, ça c'est des outils que vous utilisez vous dans l'agence ?
01:46 On agit sur les réseaux sociaux de nos clients, donc on peut gérer le compte Twitter X de certains de nos clients, de certains patrons qui viennent nous voir.
01:58 Après on a une structure, je ne sais pas si notre ami la connaît, il y a une société qui s'appelle Human to Human qui est spécialisée chez Opscotch, qui ne fait que de la veille sur les réseaux sociaux.
02:10 Mais ce n'est pas, si j'ai compris, il n'y a pas une plateforme aussi innovante peut-être que ce que vous avez vous Suelo.
02:19 Mais en tout cas, si on ne touche pas aux réseaux sociaux, c'est vraiment qu'il faut qu'on change de métier et qu'on aille à la pêche.
02:24 Parce que tout ce qui se dit sur nos clients, on le regarde dans la presse, c'est relayé sur les réseaux.
02:30 Et puis nous-mêmes aussi on pousse nos clients à relayer leurs éléments de langage, leurs convictions, leurs engagements sur les réseaux.
02:37 Donc on fait de la veille, mais il y a une structure à part qui fait ça très bien chez nous.
02:41 Mais pas peut-être aussi innovante que chez vous. On est encore un peu dans l'humain, les mains dans le cambouis.
02:47 Tu confirmes Jonathan ?
02:49 C'est vrai que de notre côté, en fait, nous on développe cet outil qui est utilisé par des structures telles que les vôtres.
02:55 Et grâce justement à cet outil, ça permet d'aller un petit peu plus loin sur cette veille, sur cette programmation pour gagner du temps justement dans le quotidien, avec le calendrier éditorial, etc.
03:05 Et la partie analyse des résultats tout simplement, des retombées des postes sur les réseaux sociaux.
03:11 Et aujourd'hui, une entreprise, Jonathan, elle est obligée ? Elle n'a pas le choix ? Elle doit être sur les réseaux sociaux ?
03:17 Que ce soit à la fois une marque de mode, je caricature, donc très bitoussie, versus une entreprise de cybersécurité ?
03:25 Alors je pense que c'est un tout petit peu annuancé. C'est-à-dire qu'il y a certaines entreprises qui s'en sortent sans réseau.
03:31 Mais c'est vrai que ça devient quand même incontournable. Maintenant, le conseil que je pourrais donner, c'est de ne pas forcément aller partout.
03:37 Il faut aller là où il y a vos cibles. Et en fonction des moyens que vous allez avoir, vous allez peut-être être uniquement sur un ou deux réseaux, ceux où justement vos cibles se trouvent.
03:46 Nous, le complément par rapport à ce que fait Swello, c'est que justement nous, on est plutôt dans le rôle de conseil.
03:52 Donc nous, on va plutôt conseiller à nos clients, voilà, un client très corporate, très institutionnel, on va plutôt lui proposer de faire des postes sur LinkedIn.
03:59 Des clients qui sont peut-être plus lifestyle, grand public, on va leur dire d'aller plus sur Instagram ou TikTok, etc.
04:05 Donc nous, on fait la partie conseil. Et après, en général, on délègue à des spécialistes qui sont au sein de l'agence OBSCOTCH pour vraiment animer, construire une vraie stratégie.
04:17 Et je suppose qu'ils doivent peut-être utiliser des outils comme les vôtres. En tout cas, j'ai bien parlé de Swello hier avant de venir à nos amis de Human to Human.
04:28 Et Jonathan, bon, on a beaucoup parlé de Twitter ces derniers mois avec l'actualité du rachat par Elon Musk.
04:36 C'est quoi, toi, entre guillemets, ta religion sur Twitter / X maintenant ? Tu dis à tes clients, non, ce n'est plus la peine. C'est quoi un peu la recommandation ?
04:46 C'est un vaste sujet. C'est vrai que nous, Twitter / X, ça a été le premier réseau sur lequel on est allé lorsqu'on a créé Swello.
04:55 Tout est parti de là, à l'époque, il y a 13 ans. Aujourd'hui, ça va dépendre encore une fois de la typologie.
05:03 Nous, on travaille beaucoup avec du public puisqu'on équipe notamment l'ensemble des ministères, ambassades, académies, villes, etc.
05:09 Donc, ce type de typologie de clients sont aujourd'hui encore sur X. Ça reste quand même l'instantanéité. Ça reste quand même un média chaud.
05:19 Maintenant, je pense qu'il faut surveiller ce qui va se passer. Elon Musk a beaucoup d'idées. On est ou pas d'accord avec ses idées.
05:26 Ça, c'est encore autre chose. Mais il faut surveiller pour des marques peut-être plus B2B, comme peut-être plus du LinkedIn,
05:32 qui est un réseau social qui est très fort en ce moment. TikTok aussi, depuis le confinement, qui a pris beaucoup d'ampleur.
05:38 Ce n'est plus qu'un public jeune. Maintenant, il y a tout âge. En fonction des cibles, en fonction de la typologie d'entreprise,
05:46 on va ou pas sur tel ou tel réseau social. En tout cas, sur ce qui est du public, typiquement, X reste un média intéressant.
05:54 – Toi, c'est plutôt Twitter ? – Oui, Twitter. Nous, on travaille beaucoup aussi.
05:59 On fait des affaires publiques. Donc, on travaille aussi avec les politiques.
06:03 Les journalistes et les politiques sont quand même majoritairement sur Twitter.
06:07 Donc, c'est bien aussi d'aller là où ils sont pour leur envoyer des messages et qu'on puisse jouer les interactions.
06:13 Mais effectivement, X est un réseau social qu'on observe. On regarde un peu ce qui s'y passe.
06:19 Et on attend de voir un petit peu comment ça va évoluer avec Elon Musk.
06:23 – Voilà, la prochaine décision qu'il va prendre.
06:25 Et Jonathan, c'est quoi un peu, s'il y a eu une, deux tendances sur les réseaux sociaux qu'il faut regarder particulièrement ?
06:32 – En ce moment, de plus en plus, ça va être déjà la transparence.
06:36 C'est vrai que ce soit autant pour du B2B qu'à titre individuel.
06:40 On aime de plus en plus, enfin on l'a toujours aimé, mais encore plus maintenant, ce côté transparent.
06:45 Ce qu'on appelle aussi le "build in public".
06:47 Donc, en fait, je crée par exemple ma boîte et je vais donner toutes les étapes,
06:50 les points forts comme les échecs, donc ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas.
06:54 Ça, c'est vrai que c'est une tendance qui marche pas mal.
06:56 En termes vraiment réseaux sociaux, purement réseaux sociaux, il y a aussi l'UGC.
07:00 Donc, le contenu généré par des utilisateurs qui prend de plus en plus d'ampleur pour les marques.
07:04 On fait peut-être moins appel à des influenceurs, même si ça marche toujours, l'influence surtout quand c'est bien fait.
07:09 Mais également ou en plus à des créateurs UGC, donc des personnes comme vous et moi.
07:14 On va recevoir un produit, faire une sorte de publicité avec.
07:17 Donc, on est vraiment comme une personne lambda.
07:20 Et puis après, ce contenu va être sponsorisé et ça va faire, et ça marche bien,
07:23 et ça va faire grand bruit sur les réseaux sociaux.
07:26 Donc, là, c'est deux tendances. Il y en a encore plein.
07:28 On a notamment l'AI, c'est un gros sujet, tout ce qui est intelligence artificielle.
07:32 Et ça peut être vraiment un outil très intéressant et bien d'autres éléments.
07:38 Vous pourriez travailler avec Swallow.
07:40 Mais sûrement, on va se rappeler. On pourrait sûrement travailler ensemble.
07:44 Nous, on fait très attention aussi à tout ce qui est fake news, à tout ce qui est...
07:47 On fait de la com' de crise, donc on veille énormément.
07:50 Parce qu'il peut y avoir une fausse information qui parte, qui soit relayée d'une manière inappropriée.
07:55 Donc, on essaie aussi de faire en sorte que nos clients veillent aussi à ce qu'ils soient postés.
08:00 On essaie de faire des posts aussi.
08:02 On essaie d'avoir un peu d'éthique et de déontologie dans ce qui est raconté.
08:06 En tout cas, si ça passe par nous, on essaie de faire très attention à ce qu'on y raconte
08:11 et de veiller les fake news qu'il peut y avoir sur nos clients également.
08:14 Super, merci beaucoup Jonathan d'avoir témoigné à distance.
08:20 Et maintenant, on va pouvoir passer à la séquence en coulisses.
08:23 Avant de monter ton agence de communication, dont parlera après Albert Aconseil,
08:32 tu as été notamment conseillère en communication dans le monde politique.
08:35 Alors, Jean-Claude Godin à l'aménagement des territoires, Dominique Perben qui était garde d'Esso.
08:40 Est-ce que la politique c'est une bonne école pour se plonger dans le bain de la communication ?
08:44 C'est une bonne école. Alors, il ne faut pas faire que ça.
08:47 Moi, j'ai fait le monde économique, la vie des agences et le monde politique pour construire après, créer mon agence.
08:54 Mais la politique, oui, parce qu'on nous apprend à être à foiler vite.
08:58 On a, et encore plus aujourd'hui, moi j'étais rythmée avec les 13h, les 20h, donc tous les jours, les matinales, etc.
09:04 Donc on est obligé d'aller vite, on est obligé de répondre vite quand il y a des crises.
09:08 Et au ministère de la Justice, il y en a tous les jours.
09:11 Donc c'est une bonne école pour aller vite.
09:13 C'est une moins bonne école pour travailler le fond et travailler la stratégie.
09:16 De temps en temps, on agit un peu vite et on est moins stratège.
09:19 Est-ce qu'il y a eu une rencontre, deux rencontres qui t'ont marqué durant ces années en politique ?
09:24 Alors, déjà, j'ai travaillé avec deux ministres qui étaient super.
09:28 Parce que Jean-Claude Godin, c'était quand même le maire de Marseille, avec son accent, sa faconde.
09:32 Voilà, qui avait beaucoup de recul par rapport à son métier de ministre.
09:36 Donc ça, ça a été pour moi un plongeon dans le bain d'un cabinet ministériel avec un homme incroyable.
09:42 Et puis avec Marseille, Antoine Defont, qui était quand même, si on n'était pas un peu,
09:46 on ne parlait pas un peu le Marseillais au Marseillais, on n'était pas, on ne faisait pas partie de l'équipe.
09:50 Voilà, ça m'a beaucoup marquée.
09:52 Et puis au ministère de la Justice, j'ai découvert le monde des magistrats.
09:55 J'ai rencontré des magistrats incroyables.
09:57 Un métier où on les regarde un peu, on a un peu peur d'eux.
10:00 On se demande, disons, quand même un pouvoir sur nous quand il nous arrive quelque chose.
10:03 Voilà, donc j'ai rencontré un monde que je ne connaissais pas.
10:06 J'avais pas une super image des magistrats.
10:09 Et quand on arrive placement d'homme et qu'on se plonge dans cet univers-là,
10:12 voilà, et j'ai été fascinée par le monde des prisons.
10:15 Voilà, moi, j'ai pas raté une visite de prison du ministre.
10:19 Parce que je voulais comprendre ce qu'était cette espèce de monde un peu inconnu.
10:23 Avec beaucoup de choses à améliorer, avec aussi une réalité de dire que quand on met les gens en prison,
10:29 c'est qu'en général, sauf erreur judiciaire, ils ont fait des choses.
10:32 Donc c'était très fascinant de découvrir cette espèce de monde un peu fermé que le monde des prisons.
10:39 - Et alors, après, bien plus tard, 2004, tu décides donc de quitter le cabinet de Dominique Hermen
10:45 pour créer ensuite Albert à Conseil.
10:47 Ça a été quoi le déclic ?
10:49 - J'ai toujours eu envie d'être chef d'entreprise.
10:51 En fait, ma vie, c'est la passion pour le monde politique et la passion pour l'entreprenariat.
10:56 Ce qui fait qu'aujourd'hui, on y reviendra, mais j'ai créé un événement qui s'appelle "Parole aux décideurs"
11:02 pour qu'un décideur politique parle au décideur économique.
11:05 Ces mondes-là, il y a encore 10-15 ans, ne se parlaient pas.
11:09 Et quand on rédige des lois, on a beau aller voir les ministres, les conseillers dans les cabinets,
11:15 il y a deux mondes... D'ailleurs, il y a eu à un moment donné des parlementaires
11:19 qui ont été faire des immersions dans la vie des entreprises.
11:21 Donc c'était vraiment ce besoin d'être entrepreneur, puis de diriger un peu.
11:28 On dit que les femmes ont un problème d'exercer le pouvoir.
11:33 Moi, je voulais voir ce que ça faisait quand même d'être chef.
11:36 - Et alors, c'est quoi un peu une chef, une directrice d'agence de communication ?
11:41 C'est quoi un peu la journée type, si on peut dire ?
11:43 Ou tu vas peut-être me dire qu'il n'y en a pas, justement.
11:45 - Bah, les journées type...
11:47 Alors, quand j'étais dans ma petite agence, c'est différent aujourd'hui,
11:51 maintenant que je suis chez Opscotch,
11:53 mais je crois qu'on développe un espèce d'instant de survie constant.
11:57 Parce qu'il y a toujours un truc qui ne va pas.
11:59 Et quand on est dans une petite boîte, il y a un collaborateur qui est malade.
12:03 Le jour où on a une super présentation à faire chez le client,
12:05 et on n'a pas forcément le plan B qui va bien, donc il faut le trouver en moins de deux heures.
12:10 On a la chaudière qui tombe en panne au moment où on a un super truc à rendre,
12:16 et moi je n'avais pas de directeur des affaires administratives et financières.
12:21 Donc, quand on est patron d'une petite boîte, on fait tout.
12:24 Et quand je dis, dans les grosses boîtes, il y avait des gros téléphones,
12:27 il y avait des boutons pour lesquels on appuyait.
12:29 Moi, je n'avais pas de bouton, enfin au bout du bouton, c'était moi.
12:31 Et on fait tout.
12:33 Donc ça, voilà, puis on perd un client,
12:35 donc on est au fond du trou, on rentre chez soi le soir, on a perdu un client.
12:39 Donc en fait, on est constamment en train de se renouveler,
12:43 d'attendre la tuile qui va nous tomber dessus sur la tête,
12:47 mais avec plein de satisfaction également, parce que c'est un métier…
12:51 être patron, c'est un métier passionnant.
12:53 Mais il faut avoir un ADN de warrior, quand même.
12:56 - Alors j'ai vu dans une tribune au JDD,
12:58 tu racontais que tu as vu débarquer beaucoup de dirigeants, d'entrepreneurs,
13:02 alors aux dents longues, je te cite.
13:04 Alors tu avais des demandes assez osées, comme "Allez, je veux que tu fasses de moi le Séguéla du web".
13:10 Qu'est-ce que tu répondais à tous ces hommes quand ils se présentaient ?
13:12 - Oui, c'est vrai que quand une femme vient voir une agence de com'
13:15 ou quand un homme vient demander conseil à une agence,
13:18 souvent c'est un peu différent.
13:19 Alors bien sûr, c'est qu'ils veulent qu'on parle d'eux d'une manière générale,
13:22 et ça c'est notre métier.
13:24 Mais c'est vrai que les hommes, c'est…
13:26 Bon alors, attendez, moi il y en a un jour qui me dit,
13:29 "Bon alors, je veux aller sur Europe à telle heure, je veux faire telle radio, je veux faire telle télé".
13:33 Alors pour le 13h, pour le 20h, mais j'attendais avant,
13:36 c'est très sympa qu'on voit un petit peu ce que vous avez à raconter, etc.
13:39 Donc, celui qui voulait être le cdla du web, je lui ai dit,
13:43 "Bah écoute, ok, mais déjà on va essayer d'un peu avancer".
13:46 Non mais voilà, c'était hyper drôle de voir des hommes politiques
13:51 qui se voient très très vite, Premier ministre, Président de la République,
13:56 "Comment vous pouvez faire de moi un homme politique de premier plan ?"
13:59 Bah oui, on va travailler, on va essayer de construire le fond, le charisme aussi,
14:04 il y en a qui ont beaucoup de charisme, d'autres pas.
14:06 Il y a tous les petits ingrédients qui font que c'est une multitude de choses
14:11 qui fait qu'une personne peut devenir influente et leader.
14:15 Justement, je disais aussi, j'ai lu, l'influence ce n'est pas forcément le pouvoir visible et clinquant,
14:20 c'est agir, même quand ça ne se voit pas.
14:23 Pour toi, c'est qui qui est le plus influent ?
14:25 L'homme, la femme politique ou le grand patron, la grande patronne ?
14:28 Alors, je serais tentée de dire que pour moi,
14:31 je pense que certains grands patrons ont plus de pouvoir que les politiques.
14:35 On va prendre, pour ne pas le citer, Bernard Arnault, on va prendre François Pinault,
14:39 on va prendre aussi Xavier Aignel, enfin tous ces grands patrons dont on parle,
14:44 ils ont un pouvoir phénoménal, ils ont plus de pouvoir qu'un ministre, voire qu'un Premier ministre,
14:50 d'abord parce que c'est leur boîte en général, alors certains, on les ont créés,
14:54 certains peuvent être dans des grands groupes et ils peuvent être limogés, licenciés du jour au lendemain,
15:01 mais la vie de l'homme politique est beaucoup plus précaire, vous êtes garde des sceaux,
15:05 vous êtes Premier ministre ou Première ministre, et le lendemain, le Président décide de changer,
15:11 vous repartez avec vos cartons, la photo de vos enfants sur le bureau,
15:14 et puis moi j'ai vu quelques ministres attendre le bus,
15:17 huit jours après avoir quitté un ministère,
15:20 et j'étais en voiture et je vois un ministre, je ne le citerai pas, qui était à l'arrêt de bus,
15:24 et je me dis, il y a une semaine, il avait le chauffeur, l'officier de sécurité,
15:28 les patrons, ils sont installés dans les entreprises, on les jure sur du tangible,
15:32 un homme politique, quelques fois vous sautez parce que Hervé Guémard,
15:38 il a eu un très grand appartement qui coûtait très très cher parce qu'il avait huit ou neuf enfants,
15:43 bon, ça a été mal géré, il a été viré du gouvernement, donc les patrons c'est plus carré.
15:50 - Carré, oui. Alors tu as créé aussi, il y a plus de dix ans, le Cercle des Femmes d'Influence,
15:55 puis le Prix des Femmes d'Influence, c'était comment de créer un club féminin, il y a plus de dix ans ?
16:01 - Je me disais, on ne parle pas assez des femmes qui créent des boîtes,
16:07 et j'étais allée au Women's Forum qu'a créé Haute Doutrin, et j'ai trouvé ça génial,
16:13 j'ai trouvé qu'elle avait une idée incroyable, etc.
16:15 Puis au bout de deux ou trois fois, je me dis, mais en fait on voit toujours les mêmes,
16:19 et on voit des femmes qui sont plutôt Areva, Anne Lauvergeon, Pente Palacité, Mercedes Serra, etc.,
16:27 qui ont toutes eu des diplômes HEC, l'ENA, Polytechnique,
16:31 et moi j'étais avec ma petite boîte de quinze collaborateurs, mes copines,
16:34 et on se dit, mais nous on a créé nos boîtes, il y a des patronnes d'industrie en province
16:40 qui gèrent des boîtes de 200, 300 personnes, on ne parle jamais d'elles,
16:44 donc c'est pour ça que j'ai créé ce cercle, pour parler de la création d'entreprises
16:48 et mettre en avant des femmes qui n'étaient pas les 10 ou 15 qui cannibalisaient l'espace médiatique de l'époque.
16:55 Parce que franchement, maintenant, il y a beaucoup de femmes qui ont créé des start-up,
16:59 mais il y a 10, 15 ans, il n'y en avait pas autant,
17:02 et il y avait très peu de femmes qui parlaient dans les médias et qu'on voyait,
17:06 et ma fille n'a pas fait ni HEC ni l'ENA. Donc je voulais qu'elle ait d'autres modèles.
17:11 - Et justement, est-ce que tu as vu un peu les femmes évoluer dans leur communication ?
17:14 Est-ce que maintenant elles le font plus ? Elles le font mieux ? Ou pas du tout ?
17:17 - Si, je pense que les femmes ont compris qu'il y a faire et faire savoir,
17:23 formule très simple mais assez compréhensible, et puis le développement des réseaux sociaux aussi,
17:29 fait qu'on peut être son propre média, ouvrir un compte Twitter X, être sur Instagram, on crée son média.
17:38 Moi je travaille pour mes clients, je fais des relations avec la presse,
17:41 mais de temps en temps je leur dis un tweet ou un post LinkedIn ou Instagram bien foutu,
17:48 avec une vraie actube bien relayée, tout aussi important qu'un papier dans l'opinion de Figaro.
17:53 - Alors tu as aussi écrit un livre sur les femmes, sur des premières femmes,
17:59 et tu as aussi écrit un livre de Kerviel à Clearstream, l'art de communiquer lors des grands possès.
18:05 Pour toi le livre c'est le meilleur outil de communication qui existe.
18:08 - Le livre est un bon outil de communication, c'est vrai que souvent on le préconise à nos clients.
18:13 Je m'étais occupée de la com de Jérôme Kerviel, qui était quand même un procès qui avait été pour le moins médiatisé dans le monde entier.
18:20 Ensuite j'ai travaillé sur le procès Clearstream, et je me suis rendu compte, sortant de ce ministère,
18:26 que j'ai fait ma propre communicante, et je me suis dit il n'y a jamais eu de bouquin écrit sur la com judiciaire.
18:31 Donc c'était un challenge que je me suis donné, imposé, parce que je ne savais pas comment on faisait pour écrire un livre.
18:38 J'ai appelé un éditeur, j'ai posé un peu mes idées, et puis c'est parti comme ça.
18:43 Mais c'est un bon sujet, parce que grâce à ce livre j'ai fait des plateaux de télé, j'ai fait des émissions,
18:49 je les ai envoyées à des journalistes, et en fait écrire un livre, même si ce n'est pas le bon cours,
18:57 mais ça permet d'asseoir un petit peu l'ADN d'une personne, d'une entreprise, et de faire passer des messages.
19:04 Sur un sujet, oui.
19:05 Sur un sujet.
19:06 Et donc tu as aussi toujours un oeil sur la politique, tu en as un peu parlé, c'est important, tu trouves, pour toi,
19:11 de toujours naviguer entre ces deux sphères ?
19:14 C'est important d'abord parce que chez Obscotch Decider, on a développé ce qu'on appelle des affaires publiques.
19:20 Donc des affaires publiques, c'est être en relation avec le monde institutionnel, la sphère publique et politique.
19:26 Aussi bien la haute administration que les ministères, que le Parlement, l'Assemblée et le Sénat, pour nos clients.
19:32 S'il y a un texte de loi qui va intéresser un de nos clients, on va pouvoir faire de la veille, on va pouvoir essayer de faire passer des messages,
19:39 de dire "écoutez, voilà, vous êtes en train de réformer telle structure, réformer, je ne sais pas quoi, réforme du commerce, réforme de tout un tas de choses".
19:47 Donc fatalement, moi, j'ai une passion pour la politique, alors tout le monde dit beaucoup de mal des femmes et des hommes politiques,
19:54 et en fait, je me rends compte que c'est des gens qui bossent beaucoup, qui ont quand même un dévouement pour leur pays.
20:00 On ne peut pas dire qu'on devient un milliardaire quand on est homme ou femme politique.
20:05 Donc ils ont un dévouement, ils font les choses. Alors je trouve que c'est bien de faire le lien.
20:10 Et chez Obscotch Decider, nous, on fait le lien entre certains clients qui viennent nous voir et cette sphère politique.
20:17 On a travaillé pour les médecins réanimateurs pendant la crise du Covid, parce qu'ils considèrent qu'ils n'étaient pas assez écoutés
20:23 pendant cette crise sur l'organisation de la réanimation. On a fait le lien, on les a mis sur les plateaux de télé,
20:31 on a fait des liens avec le ministère de la Santé, on a envoyé des notes à l'époque au ministre Olivier Véran,
20:38 et on a fait bouger les lignes grâce à ça, parce qu'ils ont pu faire passer leur message et ils ne savaient pas trop comment faire.
20:44 Donc c'est important de faire ce lien.
20:47 – Alors tu as aussi déclaré dans l'interview, tout ce qui est radical ne me plaît pas.
20:50 Est-ce qu'il y a des personnalités, que ce soit politiques, que ce soit des chefs d'entreprise,
20:54 où tu dis, non, je ne travaillerai jamais avec elles ?
20:58 – Oui, il y a des personnalités politiques avec lesquelles je ne travaillerai jamais.
21:02 Soit parce qu'ils portent des valeurs qui ne sont pas les miennes,
21:05 ou soit parce que vous vous retrouvez, ça m'est arrivé, face à un homme politique,
21:09 et vous le regardez, il vous parle d'une manière un peu pas sympa, justement.
21:15 Alors, je veux Europe 1, je veux machin, je veux truc, je veux bidule.
21:19 Voilà, il y a des gens, on fait du conseil, on échange avec les hommes politiques,
21:24 on essaie, ou femmes politiques, de travailler avec eux sur les messages qu'ils ont apportés,
21:29 savoir comment ils peuvent influer le débat public, en tout cas faire passer leur message.
21:33 Donc si on n'a pas d'affinité avec cette personne, qu'on conseille,
21:37 on a le sentiment qu'il ne va pas vous écouter, on sait qu'on va aller dans le mur,
21:41 donc autant ne pas le faire.
21:43 - Et alors tu es passionnée des grands débats publics,
21:46 est-ce qu'il y en a un qui t'a marquée ces dernières années, plus qu'un autre ?
21:50 - J'ai été très impressionnée, puisqu'on va revenir un peu sur le sujet des femmes,
21:55 quand Macron a fait sa tournée après les Gilets jaunes,
21:58 qu'il a fait les grands débats dans toute la France,
22:01 j'ai regardé le débat qu'il avait fait sur le thème des femmes,
22:04 dans une espèce de, je ne sais plus, une espèce de grande salle, grand gymnase,
22:08 où il n'y avait que des femmes,
22:10 et j'ai vu notre petit président de la République au milieu de ces femmes,
22:15 sans notes, sans rien, je l'ai trouvé super bon,
22:18 surtout quand il y en a une qui l'a interrogée sur les règles des femmes,
22:21 sur la problématique des femmes qui vivent dans la rue,
22:24 et j'ai trouvé que c'était un moment où je me suis dit,
22:27 c'est la première fois que j'entends un président de la République
22:30 parler des problèmes de mensuralité des femmes,
22:33 je trouvais ça plutôt pas mal, ça veut dire que le monde bougeait.
22:36 - Alors en 2020, on a parlé un petit peu d'Obscotch,
22:39 et en fait de ta boîte,
22:41 Albéra, est-ce que ça te manque l'entrepreneuriat aujourd'hui ?
22:44 - Ça ne me manque pas parce que Frédéric Bedin,
22:47 qui a créé Obscotch avec trois autres associés,
22:50 est un entrepreneur dans l'âme,
22:53 et on se connaissait déjà avant, on se croisait au MEDEF,
22:56 aux rencontres des entrepreneurs de France,
22:59 et on avait en projet qu'un jour on travaillerait ensemble,
23:02 et donc j'ai retrouvé chez Obscotch cet esprit entrepreneurial,
23:05 donc je suis directrice générale d'une filiale,
23:08 je suis bien sûr dans ce groupe,
23:10 mais on est très libre en fait,
23:13 on a notre stratégie, on la discute,
23:16 je travaille beaucoup avec Benoît Dévaux,
23:19 ils sont super sympas, ils sont entrepreneurs dans l'âme,
23:22 donc quand ils m'ont acheté,
23:24 ils savaient que j'avais une âme d'entrepreneur,
23:26 et je continue à la garder tout en étant,
23:28 respectant les règles d'un grand groupe,
23:30 et je m'y suis fait assez facilement,
23:33 alors que je me suis dit, mais je vais être trop rebelle pour aller dans une boîte,
23:36 quand on a dirigé 16 ans sa boîte,
23:38 et finalement on y est bien,
23:40 parce qu'on nous laisse un peu libre en fait.
23:42 - Et tu as changé ton quotidien,
23:44 tu n'as plus besoin de réparer les chaudières ?
23:46 - Non, je ne répare plus les chaudières,
23:48 il y a une direction RH, une direction financière,
23:50 voilà, donc ça, les choses matérielles sont gérées,
23:55 après l'humain reste le même,
23:57 il y a toujours des complexités à faire des équipes qui soient harmonieuses,
24:01 des gens qui s'entendent, des gens qui ont envie de travailler ensemble,
24:04 qui ont l'ADN un peu la même que la mienne,
24:09 on vient travailler le matin,
24:12 et on repart le soir, à l'issue du mois on a son salaire,
24:16 donc bien sûr on vient pour gagner de l'argent,
24:18 pour gagner sa vie, ce qui est totalement légitime,
24:20 mais il y a ceux qui ont un peu plus la flamme,
24:22 qui aiment leur métier,
24:24 qui sont passionnés, qui apportent des idées,
24:26 qui ont envie de faire bouger les lignes,
24:28 là on a créé par exemple une offre qu'on a appelée "Décideurs Territoires",
24:31 moi je dis aujourd'hui à plein de patrons,
24:33 arrêtez de penser qu'il faut parler au Figaro, au Monde, aux Echos,
24:39 il y a la Voix du Nord, il y a West France, il y a la Provence,
24:42 allez parler aux Français au plus près d'eux, et parlez à la PQR.
24:46 Bon ben ça c'est une offre qu'on a réfléchie,
24:48 j'ai pensé, tout le monde a dit "ok c'est top",
24:50 on l'a lancée, et ça marche super, super bien.
24:53 Alors tu gères la communication, l'influence de nombreuses personnes,
24:56 et dites-t'es, comment tu gères la tienne ?
24:59 Ben ma com', je suis là aujourd'hui,
25:02 c'est compliqué, parce que justement c'est compliqué de gérer sa communication,
25:06 sa propre communication, alors de temps en temps,
25:09 on essaie justement de voir, pour porter la marque Hopscotch,
25:12 notamment, c'est important aussi que les dirigeants puissent s'exprimer,
25:16 aller sur des plateaux, et je suis ravie d'être chez Bismarck aujourd'hui,
25:20 mais on est les cordonniers toujours les plus malchaussés,
25:23 on s'occupe d'abord des autres,
25:25 alors pour le prix de la femme d'influence qui a lieu tous les ans,
25:27 là j'ai quelqu'un qui s'occupe vraiment spécialement des relations presse du prix,
25:32 et donc de moi également, pour qu'on ait un peu plus encore dans la lumière,
25:37 je m'applique à moi-même ce que je dis à mes clients,
25:39 c'est bien aussi d'avoir des articles pour expliquer pourquoi on a fait ce prix,
25:44 à quoi il sert, et là où on veut aller.
25:47 Un peu moins réseau sociaux, j'ai été voir un peu avant,
25:50 pas très active peut-être ?
25:52 Alors sur Twitter pas trop, je suis plutôt sur Instagram,
25:56 mais j'ai fermé un compte privé,
25:58 et j'essaie sur LinkedIn,
26:01 alors il y a un compte Instagram sur les femmes d'influence,
26:04 et sur X, qui est beaucoup plus animé que le mien,
26:07 mais c'est vrai aussi qu'il faut que je fasse des progrès,
26:10 et qu'encore une fois on s'occupe des autres et moins bien de soi.
26:14 Merci Patricia, on va pouvoir passer à la troisième séquence, l'interview chrono.
26:24 Alors si tu devais choisir de travailler avec une de ces deux femmes politiques,
26:27 ça serait laquelle ? Sandrine Rousseau ou Marine Le Pen ?
26:30 Très dur !
26:33 Franchement c'est très dur, parce que je connais un peu Sandrine Rousseau,
26:40 j'ai aperçu une ou deux fois Marine Le Pen,
26:43 j'ai envie de dire, Marine Le Pen quand on la voit en vrai,
26:47 et qu'on discute avec elle cinq minutes,
26:49 ce qui m'est arrivé dans la couloir d'une station de télé,
26:53 c'est que je l'ai trouvé plutôt rigolote.
26:55 Sandrine Rousseau c'est très compliqué, j'ai discuté avec elle,
27:00 mais aujourd'hui je trouve qu'elle a pris des postures qui sont assez extrémistes,
27:03 peut-être, je ne sais pas si c'est autant, ou pire, j'en sais rien.
27:07 J'ose répondre, mais c'est un peu la question piège.
27:11 Est-ce que tu peux me citer un entrepreneur ou dirigeant français ?
27:15 Ben plein !
27:17 Moi évidemment, pour moi Bernard Arnault est quand même un homme incroyable,
27:22 parce qu'au-delà qu'il soit milliardaire, ça on s'en fout un peu,
27:27 c'est surtout qu'il a racheté des marques,
27:29 et qu'il fait rayonner la France, qu'il emploie beaucoup de gens,
27:32 mais François Pinault de la même manière,
27:34 enfin voilà, moi j'ai une grande passion pour mes patrons.
27:37 Alors tes dernières vacances ?
27:39 Alors mes dernières vacances, c'est le Perche et la Grèce.
27:43 Ton appli que tu utilises le plus ?
27:46 Mon appli que j'utilise le plus,
27:49 c'est laquelle ? La SNCF Connect, parce que je prends le train.
27:53 Elle est bien.
27:54 Plutôt LinkedIn, Instagram ou TikTok ?
27:56 Moi je fais Instagram, j'adore.
27:58 Si tu devais écrire un nouveau livre, ce serait sur quel sujet ?
28:03 Alors je pense que je reparlerais des femmes,
28:09 et je pense que, je sais pas, j'avais plusieurs idées,
28:15 alors soit des femmes, ou soit de la relation amoureuse.
28:19 Bon, je suis sûre que tu verras ça.
28:22 Merci beaucoup à Patricia d'avoir joué le jeu pour cette émission,
28:26 et puis merci à vous d'avoir suivi ce nouveau numéro,
28:29 et je vous retrouve pas la semaine prochaine,
28:32 mais la semaine suivante pour une nouvelle émission. Au revoir.
28:36 [Musique]