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Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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00:00 Qu'est-ce qui a été décidé ? Arnaud Rousseau est l'invité de la grande interview. CNews Europe 1 tout de suite.
00:06 Bienvenue et bonjour à vous Arnaud Rousseau.
00:22 Bonjour Sonia Mabrouk.
00:23 Merci de votre présence. C'est votre grande interview ce matin sur CNews et Europe 1.
00:26 Vous êtes l'un des visages de la colère des agriculteurs et vous êtes un acteur clé dans ce domaine en tant que président de la FNSEA.
00:33 Arnaud Rousseau, vous avez passé plus de trois heures hier à Matignon avec le Premier ministre Gabriel Attal,
00:38 également avec les jeunes agriculteurs qui ont été reçus ce matin,
00:41 alors que de nombreux agriculteurs, je le précise, ont dormi sur des autoroutes autour de Paris.
00:46 La pression est grande, l'attente est tout aussi grande.
00:49 Qu'est-ce que vous dites ? Est-ce que vous êtes toujours aussi déterminé à poursuivre le mouvement ?
00:53 Oui, je voudrais rappeler que ce mouvement a des racines profondes,
00:58 qui consistent à la volonté de continuer à produire pour nourrir, nourrir les Français, faire notre métier.
01:05 Ça passe par évidemment la possibilité d'avoir du revenu, mais ça passe aussi par tous les moyens de production dont on a besoin au quotidien,
01:11 dans un cadre de concurrence qu'on ne supporte plus, alors qu'on est parfaitement conscient qu'il faut être dans un monde ouvert.
01:18 Évidemment, mes premiers mots ce matin, vous le comprendrez, c'est pour l'ensemble de mes collègues agriculteurs.
01:25 Nous sommes sur le terrain depuis des jours. Je sais que les attentes sont fortes. J'entends les demandes partout.
01:32 Je rappelle la nécessité du calme, de la non-violence, de la grande détermination qu'ils me disent à chaque fois.
01:39 Et au moment où je suis, je veux vous dire que j'ai reçu encore une fois le message de 5 sur 5,
01:44 toute la nuit, avec les conversations que j'ai eues avec les uns et les autres. Vous l'avez compris, Sonia Mabrouk, la détermination est totale.
01:50 Il faut le faire dans l'ordre, il faut le faire dans la rigueur et il faut le faire dans l'échange. C'est ce qu'on a fait hier matin.
01:56 Détermination totale, c'est-à-dire très clairement, Arnaud Rousseau, que vous appelez à maintenir la pression,
02:01 que le blocage, en tous les cas, ce qui est en cours autour, notamment, il n'y a pas que la capitale, mais autour de Paris, doit se poursuivre aujourd'hui.
02:09 Ce qui doit aboutir et ce qui doit permettre de faire en sorte que les gens rentrent chez eux,
02:15 parce que je voudrais rappeler que partir de chez soi plusieurs jours, c'est compliqué.
02:20 Nous, ce qu'on demande, c'est assez simple. On demande d'abord des mesures d'urgence, symboliques,
02:25 parce qu'on a besoin tout de suite, pour repartir, de comprendre qu'il y a des signes qui sont donnés.
02:29 C'est ce que vous avez dit hier au Premier ministre, que vous a-t-il répondu ?
02:32 Alors, il nous a répondu qu'évidemment, il était volontaire pour le faire, qu'il avait commencé et qu'il souhaitait aller plus loin.
02:38 Plus loin sur quoi, pardonnez-moi ?
02:40 Plus loin sur tous les sujets sectoriels, vous savez, l'agriculture.
02:44 Procurence déloyale, transposition.
02:46 Bien sûr, transposition, Ukraine, Ercosur, tous les sujets catégoriels.
02:50 Quand on parle de l'élevage, ce ne sont pas les mêmes sujets que quand on parle de la viticulture,
02:53 qui ne sont eux-mêmes pas les mêmes sujets que quand on parle de la production végétale.
02:57 Donc, il y a des demandes fortes et qui sont différentes, mais le sujet de fond, c'est le changement de logiciel,
03:04 c'est-à-dire l'idée que, puisqu'il a indiqué que l'agriculture était au-dessus de tout, ça se traduit très concrètement.
03:10 Oui, je ne sais pas si vous croyez à cette formule, vous nous l'expliquerez,
03:12 mais sur les demandes catégorielles que vous venez de citer, Arnaud Rousseau,
03:16 donc à la fois la concurrence déloyale, moins de surtransposition des normes, encore de la simplification,
03:20 est-ce que vous avez la garantie que ce sera annoncé en bonne et due forme tout à l'heure lors de son discours de politique générale ?
03:26 Nous continuons à négocier, vous savez, moi je ne sais pas, bien sûr.
03:30 Vous savez, tout ça vient de très loin et il y a beaucoup de sujets sur la table.
03:35 Je pourrais vous parler du prix, qui est central, évidemment, dans la manière dont on construit les choses.
03:40 Donc, c'est un tout. Vous savez, je vous ai parlé des mesures d'urgence, on a des mesures européennes qu'on attend aussi.
03:45 Ces mesures européennes, on est conscient qu'elles peuvent prendre quelques jours.
03:48 Et puis surtout, on aura besoin de traduire dans la loi que les choses soient inscrites en dur, se concrétisent.
03:56 Parce que ce qui se passe là, ce n'est pas un feu de paille, ce n'est pas juste une poussée de fièvre ou un prendre deux aspirines et puis les gens vont rentrer.
04:03 Ce qu'ils attendent profondément, c'est de témoigner dans la loi en dur que la souveraineté alimentaire, l'acte de production, est quelque chose qui devient central.
04:13 Donc, si ce n'est pas gravé dans le marbre à vous entendre ce matin, Arnaud Rousseau, le mouvement ne s'arrêtera pas, j'insiste,
04:19 parce que ce matin, et tous nos reporteurs à la fois sur Europe 1 et sur CNews, nous ont affirmé que les agriculteurs,
04:24 en grande partie, vous écoutent, attendent beaucoup de ce que vous allez dire en fonction hier de la réunion.
04:30 Vous avez répété à plusieurs reprises depuis les débuts de notre entretien la rigueur et l'ordre. Qu'est-ce que vous craignez exactement ?
04:36 Vous savez, il y a beaucoup de tensions sur le terrain. Moi, tous mes responsables me disent que les gens n'en peuvent plus, ils sont excédés.
04:42 Quel est le risque ?
04:43 Le risque, c'est évidemment les débordements, la violence, l'excès, que nous ne souhaitons pas.
04:48 Parce que, encore une fois, notre objectif, ce n'est pas le désordre. Notre objectif, c'est de produire pour nourrir et faire en sorte qu'on puisse proposer aux Français
04:55 de continuer à avoir dans leurs assiettes des produits de qualité. On a compris qu'on était soutenus par les Français, mais les Français, ils n'attendent pas de nous qu'on casse tout.
05:02 Ils attendent de nous qu'on puisse rentrer dans nos exploitations pour continuer à les nourrir. Et je sais que ce qui se passe en Ile-de-France peut aussi causer quelques troubles.
05:10 Donc, tout ça n'a pas intérêt.
05:12 Autour d'Orange-Just, notamment ?
05:14 Non, mais les gens qui ont mis deux heures de plus pour rentrer chez eux hier soir, ils ont de légitimes raisons de ne pas être satisfaits.
05:21 Moi, ce que je veux leur dire, c'est que nous, on n'est pas là pour les ennuyer, on est là pour les nourrir.
05:25 Et que le plus court ce sera et le plus tôt les réponses arriveront, le mieux ce sera.
05:29 Mais, encore une fois, je veux leur dire que notre détermination, elle doit aboutir.
05:34 Et quand je dis dans la loi, chaque agriculteur, mes collègues, nous savons que ça prendra quelques jours.
05:40 Et donc, on a besoin de le faire.
05:41 Mais quelques jours, et on a compris qu'il y a en même temps l'attente et la tension, très concrètement, pour le blocage de Rungis.
05:46 On a entendu, notamment sur notre antenne, celle qui préside la... Véronique Lefloque, qui préside la coordination rurale,
05:54 les tracteurs sont en train de se diriger vers Rungis. Est-ce que vous dites "stop, il n'y a pas besoin d'aller jusque là, pas la peine de bloquer ce qu'on appelle le ventre de Paris" ?
06:02 Vous savez, moi, je suis agriculteur en Ile-de-France. Donc, je connais bien cette région.
06:05 Et je connais bien Rungis et les gens qui y travaillent, et notamment un certain nombre de mes collègues, qui tous les matins vont livrer leurs produits.
06:11 Nous avons, depuis le début de cette action, fait le choix de ne jamais aller à Rungis.
06:16 Parce que notre objectif, ce n'est pas d'affamer les Français, on veut les nourrir.
06:20 Et donc, ceux de nos compétiteurs syndicaux qui veulent aller à Rungis pour faire le coup de force, nous, on a dit depuis le début que ce n'était pas une bonne idée.
06:28 Voilà. Donc, après, chacun prend ses responsabilités.
06:30 Je le dis aussi parce qu'on aura des élections professionnelles dans un an.
06:34 Mais dans le moment dans lequel on est, ce n'est pas le temps de la campagne.
06:36 Il viendra et les agriculteurs, ils sont bien assez grands pour savoir ce qu'ils ont à faire.
06:40 Mais dans le moment dans lequel on est, l'objet, c'est comment on sort de l'agriculture, de la situation dans laquelle elle est,
06:45 et comment, surtout, on fait pour que le changement de logiciel attendu par le gouvernement prenne forme.
06:49 On y vient. Mais est-ce que vous avez encore la main ? Je dis les têtes syndicales, Arnaud Rousseau.
06:53 Est-ce que la base, comme on dit souvent, n'est pas en train de déborder les têtes syndicales et le mouvement n'est plus maîtrisable ?
06:59 Écoutez, au moment où je vous parle, il l'est. Mais un agriculteur, vous savez, c'est un chef d'entreprise.
07:04 Il est responsable. Il est responsable de ses actions. Donc, si les gens veulent déborder, voilà.
07:09 Moi, ce que je dis juste, c'est que qui va négocier avec le gouvernement ? Qu'est-ce qu'on veut ? Le chaos ?
07:13 Nous, depuis toujours, l'histoire de notre syndicat, c'est la responsabilité. C'est l'exigence et la responsabilité.
07:18 Et donc, le mandat qui m'a été donné par les gens que je représente, par mes collègues agriculteurs,
07:23 le mandat qui m'a été donné, c'est, avec l'ensemble des administrateurs de la FNSFA, de négocier avec le gouvernement.
07:29 Pas dans n'importe quelle condition. On a des revendications claires qu'on a portées au gouvernement.
07:33 Mais si on ne veut plus de dialogue, si on veut juste la violence, eh bien, ça ne sera pas chez nous.
07:37 C'est un avertissement clair que vous lancez ce matin. S'il y a le moindre débordement, s'il se passe quelque chose tout à l'heure,
07:44 et on ne l'espère pas, évidemment, autour de Rungis ou ailleurs, ça sera terminé.
07:48 Non, mais moi, j'appelle aussi le monde des médias à ne pas mettre de l'huile sur le feu.
07:52 Vous savez, c'est un moment difficile pour tout le monde. C'est un moment difficile pour les agriculteurs parce qu'ils attendent beaucoup.
07:57 Je pense que le gouvernement a maintenant pris le message, et je le dis très clairement, mais je l'ai déjà dit,
08:02 que ce qui a été fait vendredi a heurté un certain nombre d'agriculteurs.
08:05 C'est-à-dire ?
08:06 C'est-à-dire de la communication sur trois baleaux de paille, en faisant des annonces et en se tapant dans le dos.
08:10 C'est beaucoup plus ce qui est attendu. Je crois que le Premier ministre a entendu le message très clairement.
08:13 Changement de logiciel, vous dites Arnaud Rousseau. Rentrons dans le long terme. Changer de logiciel, c'est-à-dire voir les choses totalement différemment.
08:19 Par exemple, hier, le président de la République, Emmanuel Macron, qui se rendra jeudi à Bruxelles,
08:23 affirme que les négociations et tout ce qui est en cours sur le Mercosur est à l'arrêt.
08:29 À l'arrêt, pas terminé. Est-ce que vous demandez des garanties ?
08:33 Non, mais je suis obligé de reconnaître que depuis le début, le président de la République a porté cette position un peu seul en Europe,
08:40 et qu'évidemment, on n'est pas tout seul en Europe. On décide à 27.
08:44 Donc on ne peut pas arriver comme ça en expliquant qu'on va aligner tout le monde.
08:47 Mais je redis que pour nous, cet accord, il est le symbole de ce qu'on ne veut plus,
08:53 c'est-à-dire un monde dans lequel on nous demande de produire avec des conditions les plus élevées de la planète
08:58 et qu'on n'exige pas de nos contreparties. Donc ça, ça va dans le bon sens.
09:01 Est-ce qu'il est suspendu ? Est-ce qu'il y aura des conséquences ? Je ne sais pas.
09:05 Est-ce qu'on sortira de l'agriculture de cette négociation ? Je ne sais pas.
09:08 Mais en tous les cas, l'engagement du président de la République à Bruxelles est décisif.
09:12 Pourquoi ? Parce qu'à Bruxelles, c'est une grande partie des questions agricoles qui s'y décident.
09:16 Et notamment quand on parle des conditions de production, je veux parler du Green Deal et de son volet agricole
09:23 qui s'appelle le "Farm to Fork", de la fourche à la fourchette. On est clairement dans un volet décroissant.
09:27 On ne peut pas rester dans cet état-là. Ça se traduit par des mesures de non-production qui ne sont pas possibles.
09:32 En ce moment, quand on voit ce qui se passe en Ukraine, ça se traduit par des contraintes,
09:35 notamment sur les prairies en élevage. Ça se traduit par des directives sur l'élevage industriel
09:40 qui ne satisfont pas les producteurs français, qui sont essentiellement des élevages familiaux.
09:43 Enfin, je pourrais multiplier les exemples.
09:45 Donc, attendez, vous êtes en train de dire que cette Europe-là est en train de prôner un modèle de décroissance.
09:49 Je dis que ce qu'il y a dans le Farm to Fork, clairement, il est décroissant.
09:52 Il y a quand même un grand projet porté notamment, pardonnez-moi, par Pascal Canfin, qui fait partie de la majorité présidentielle.
09:58 Oui, mais je vois aussi les fractures au sein de la majorité. Je vois très bien les fractures au sein de la majorité.
10:02 Mais encore une fois, je laisse la politique à ceux qui la font. Moi, je représente les agriculteurs.
10:06 Nous voulons une ligne de lecture dans laquelle l'Europe ne désarme pas sur le plan de la souveraineté alimentaire.
10:13 Je crois que c'est assez clair comme vision. On veut continuer à nourrir les Européens.
10:17 Comment on fait sur le poulet ukrainien ? Sur le sucre également ? Est-ce qu'on rétablit des quotas ?
10:23 Est-ce que sur un pays en guerre, on se dit, eh bien, il faut protéger d'abord les agriculteurs et les éleveurs français ?
10:30 On dit que c'est important de soutenir les pays qui se battent pour la démocratie, la paix et leurs frontières.
10:35 On a toujours dit ça. Mais quand on est sur le volet agricole, l'Ukraine est un grand pays agricole, dont d'ailleurs les conditions de production n'ont rien à voir avec celles qu'on exige en Europe.
10:45 On dit simplement qu'il y a un certain nombre de cadres à mettre, dont des clauses de sauvegarde.
10:49 Et puis, on ne s'en est pas mis, selon vous ?
10:51 Tout simplement parce que je pense que l'Europe n'a pas réagi assez vite.
10:53 Mais vous savez, au moment où il y a une crise en France agricole, nos amis belges ont démarré hier,
10:58 les Allemands depuis près d'un mois, les Polonais, les Roumains, les Italiens m'ont appelé hier pour dire que voilà.
11:04 Donc ce sujet de Green Deal, ce n'est pas un sujet franco-français.
11:07 Ce sujet de Green Deal, c'est tous les pays européens qui disent qu'on s'est trompé.
11:11 Eh bien, quand on se trompe, on remet l'ouvrage sur le métier et puis on fait en sorte d'améliorer les choses.
11:16 Ça prendra quelques semaines. Ça sera un sujet des élections européennes.
11:20 Parce qu'il va falloir qu'on dise très clairement ce qu'on veut.
11:22 Nous, ce qu'on veut, c'est affirmer notre souveraineté. On importe en France plus d'un tiers de notre alimentation.
11:28 Alors on est content de pouvoir consommer des produits d'ailleurs.
11:31 Par exemple, quand vous prenez un café ce matin, et j'imagine qu'un certain nombre de gens qui nous écoutent sont en train de boire un café,
11:36 il ne sera pas français demain matin.
11:38 Donc être dans un monde ouvert, c'est important. Mais assumer notre souveraineté.
11:42 Quel coup paye-t-on aujourd'hui à notre absence de souveraineté énergétique ?
11:45 Plus 35% sur la facture d'électricité des Français.
11:48 Eh bien, nous, on ne veut pas vivre ça sur l'alimentation.
11:50 On ne veut pas qu'on désarme sur le plan de la production agricole.
11:52 C'est ça qu'on porte sur mes prémissages.
11:54 C'est-à-dire que ce qui est arrivé à notre secteur énergétique peut arriver aussi à notre secteur agricole.
11:58 On en est là aujourd'hui.
11:59 Bien sûr. Bien sûr.
12:00 On a perdu 100 000 agriculteurs entre 2010 et 2020.
12:04 On n'est plus que 400 000 en France.
12:06 Donc les querelles entre nous, c'est très sympathique.
12:08 Mais en fait, ce n'est pas à la hauteur de l'enjeu.
12:10 L'enjeu, c'est qu'est-ce qu'on veut faire de l'agriculture dans les 20 prochaines années,
12:13 qui sera un vecteur, je le dis, d'alimentation, mais demain d'énergie renouvelable et de production.
12:17 Et puis surtout du volet du levier environnemental, que je n'oublie pas,
12:20 parce qu'on oppose l'agriculture et l'environnement.
12:22 Moi, je ne le fais pas parce que l'un n'ira pas sans l'autre.
12:24 Il y a aussi la question, on va s'y arrêter, de la loi EGalim.
12:27 On en reçoit un rapport, qui devait être publié d'ailleurs sur les différences de marge.
12:31 Un rapport qu'on n'a toujours pas.
12:32 Mais le gouvernement affirme déjà que les contrôles vont être doublés.
12:35 Vous le savez, qu'il y aura des sanctions.
12:37 Demain, notre invité, ici même à votre place lors de la grande interview,
12:40 ce sera Bruno Le Maire, qui a annoncé contre les sanctions.
12:43 Et qu'avons-nous découvert dans la presse ?
12:46 Que ces sanctions sont des injonctions,
12:48 que ces trois grands groupes visés, dont les noms sortent plus ou moins dans la presse,
12:52 n'auraient reçu qu'un petit avertissement. Pas plus.
12:56 D'abord, qu'il y ait des contrôles qui soient diligentés, c'est normal.
12:59 Et puis s'il y a des gens qui sont contrevenants, qui soient punis, c'est normal aussi.
13:03 Nous, ce qui nous intéresse, c'est comment on rend plus robuste cette loi
13:07 et qu'on fasse en sorte que la matière première agricole ne soit pas attaquée.
13:10 Donc ça, on en discute. Hier soir, on a passé beaucoup de temps sur le sujet.
13:13 Mais qu'est-ce qui garantit que vous donne le Premier ministre ?
13:16 À part de dire "oui, il faut que la loi soit appliquée", pardonnez-moi,
13:19 mais ceux qui nous regardent sur CNews et qui nous écoutent sur Europe 1 disent
13:21 "heureusement qu'un responsable dit que la loi doit être appliquée".
13:25 Oui, mais c'est ça, jusque-là, c'est assez facile et ça ne nous aurait pas pris 3h30, je vous le concède.
13:30 On est rentré dans les sujets. Comment on fait, par exemple,
13:33 pour qu'on s'assure que la construction du prix en marche avance,
13:35 c'est-à-dire la prise en compte du coût de production interprofessionnel
13:39 et la construction du prix soit prise en compte avant les négociations
13:42 entre industriels et les grandes distributions. Il y a un sujet de timing.
13:46 Parce que si on négocie entre industriels et les grandes distributions
13:48 et qu'à la fin, on revient voir les paysans pour leur dire "ben voilà ce qu'on peut vous donner",
13:51 ça, c'est pas tenable. C'est pas tenable.
13:53 Nous sommes d'accord, mais elles sont où les marges ?
13:55 Je veux dire, la valeur captée, où est-elle ?
13:58 C'est pas pour les viser, mais qui sont ces trois grands groupes ?
14:01 C'est important, je sais que pour vous, ça vous tient à cœur d'insuffler la confiance aux consommateurs.
14:06 Bien sûr, mais le gouvernement, il m'appartient pas de dire qui sont ces groupes.
14:09 D'ailleurs, je n'ai pas ces informations, si ce n'est ce que je lis dans la presse.
14:12 Mais encore une fois, mon sujet, moi, c'est nous, c'est le monde agricole.
14:15 C'est qu'est-ce qu'on fait pour garantir que cette loi, elle crédibilise ce qui a été écrit,
14:19 c'est-à-dire la protection de la matière première agricole.
14:22 D'accord, vous ne voulez pas pointer du doigt ce matin, en en se soucie, je vous comprends bien,
14:25 les industriels et la grande distribution.
14:26 Non, mais moi, je ne sais pas, en fait. Moi, je pointe pas du doigt.
14:28 Alors, vous avez quand même une petite idée.
14:29 Pas du tout. Je vais vous dire, on attend le rapport de l'inspection générale des finances.
14:33 Parce que moi, je veux pouvoir analyser.
14:35 Il devait déjà arriver.
14:36 Oui, alors ce que nous a dit Bruno Le Maire, c'est qu'il devait être là dans les tout prochains jours.
14:40 Donc là, on l'attend évidemment avec impatience.
14:42 L'intérêt, c'est de savoir où sont les marges et comment se construit encore une fois le prix.
14:46 Mais vous savez, l'agriculteur, il comprend, c'est compliqué de comprendre le contenu de la loi EGalim.
14:51 Lui, ce qu'il comprend très bien, en revanche, c'est quand on lui explique qu'on va lui demander
14:55 une fois encore de la déflation sur son prix de matière première agricole.
14:57 Et ça, ce n'est plus possible.
14:59 Vous êtes, je l'ai dit, évidemment, le président de la FNSA.
15:01 Vous êtes aussi, Arnaud Rousseau, à titre non exécutif, je le précise, et au nom du monde agricole,
15:06 le président du conseil d'administration d'un grand groupe agroalimentaire français.
15:10 C'est le groupe Avril, avec des marques qui sont très identifiées pour nos téléspectateurs et nos auditeurs.
15:15 Donc, à la fois, vous avez la casquette de producteur et d'industriel.
15:18 J'ai écouté ce matin sur une autre radio la patronne de la CGT qui dit, mais Arnaud Rousseau,
15:22 c'est plus un patron qu'un paysan.
15:24 Il ne connaît pas grand chose à la révolte en ce moment.
15:27 Il dit être le visage de ses agriculteurs en souffrance, mais il ne l'est pas du tout en souffrance lui-même.
15:31 Où répondez-vous ?
15:32 Écoutez, je l'invite à venir sur ma ferme si elle veut venir avec moi biner des betteraves montées au mois de juillet,
15:39 sans mauvais jeu de mot.
15:40 Et je dis aussi que ce qui compte, c'est que tout le monde comprenne bien que le monde agricole,
15:47 il n'est pas seulement focalisé sur sa ferme, il est aussi focalisé sur la construction des marges.
15:52 Et au même titre qu'on a des coopératives, il y a 40 ans, il y a des agriculteurs qui se sont dit,
15:57 on va se prendre en main et plutôt que de critiquer les gens qui nous piquent les marges,
16:01 eh bien on va faire le travail nous-mêmes.
16:02 Et donc ils ont construit un groupe et qui sera toujours présidé par un agriculteur,
16:06 après moi, qui est avec des capitaux agricoles et qui ne redistribue aucun dividende.
16:11 Ça, je pense que Mme Binet ne le sait pas.
16:13 Elle ne le sait pas, à bon entendeur.
16:14 Mais vous êtes toujours en résonance avec ce monde agricole, par exemple sur le GNR,
16:19 sur le fameux gasoil non routier.
16:21 Il est vrai qu'il y a quelques mois, Arnaud Rousseau,
16:23 quand vous étiez en négociation avec Bruno Le Maire, vous êtes parti dans ce sens-là.
16:27 Vous n'avez pas vu l'étincelle sociale prendre.
16:30 Alors d'abord, je prends mon mandat.
16:32 Il est le fruit de la légitimité d'un conseil d'administration.
16:35 Vous savez, mon premier vice-président est viticulteur.
16:38 Le deuxième vice-président de la FNSEA est éleveur bovin dans le Cantal.
16:41 Et la légitimité, c'est important pour agir.
16:44 Ensuite, je vais vous dire le sujet de fond.
16:46 C'est que les gens qui ont un problème avec le message attaquent le messager.
16:49 C'est une vieille ficelle.
16:50 Le sujet, ce n'est pas Arnaud Rousseau.
16:52 Les agriculteurs sur le terrain, dans les autoroutes, aujourd'hui, ils s'en moquent.
16:55 Et puis, après moi, il y en aura un autre.
16:57 Ce n'est pas du tout...
16:58 Voilà, vous avez compris que les choses sont lourdes à porter.
17:01 Et on le fait collectivement, collectivement avec les jeunes agriculteurs.
17:04 Parce que la FNSEA n'agit pas seule.
17:06 Elle le fait aussi avec l'idée qu'il faut construire les générations derrière.
17:09 Elle le fait avec l'idée que si on ne sort pas positivement,
17:13 on aura une forme de défiance.
17:15 Et je pense que personne n'y a intérêt parce qu'encore une fois...
17:17 Je pense que vous dites un avertissement.
17:18 C'est-à-dire que si on ne sort pas par le haut de cette crise,
17:21 et vous le dites à la fois aux agriculteurs qui sont nombreux à nous écouter ce matin sur Europe 1 et sur CNews,
17:25 et au gouvernement, une défiance s'installe, dont les racines seraient profondes.
17:29 Mais elle existe déjà, la défiance.
17:31 Elle existe déjà.
17:32 Le sujet aujourd'hui, c'est d'apporter des réponses concrètes.
17:34 Dans un premier temps d'urgence, ensuite dans quelques jours au niveau européen,
17:39 et enfin dans quelques semaines au niveau de la loi.
17:42 Merci Arnaud Rousseau.
17:43 Merci pour votre invitation.
17:44 Merci à vous de vous mobiliser je suppose, évidemment, et on vous dit à bientôt sur nos antennes.
17:48 Merci beaucoup.
17:49 Bonne journée.
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