Discours de politique générale de Gabriel Attal et colère des agriculteurs... Les informés du matin du mardi 30 janvier 2024
Tous les matins, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély
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00:00 *Générique*
00:09 Et ravie de vous retrouver pour Les Informer, on est ensemble en direct jusqu'à 9h30 sur France Info,
00:13 radio et télévision, Canal 27 avec évidemment Renaud Delis.
00:16 Bonjour Renaud.
00:17 Bonjour Salia.
00:18 Et autour de la table ce matin, une petite nouvelle,
00:20 qui s'appelle Myriam Ankawa, journaliste politique LCP. Bienvenue Myriam.
00:24 Bonjour Salia, bonjour à tous.
00:25 Et un habitué, juste à côté de vous, Etienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
00:29 Bienvenue Etienne.
00:30 Bonjour Salia, merci.
00:31 Renaud Delis, on commence tout de suite avec les agriculteurs
00:33 qui menacent de bloquer toute l'île de France et plusieurs villes.
00:36 Eh oui, faire le siège de Paris, mais aussi d'ailleurs d'autres villes, notamment Lyon.
00:42 C'est donc un mot d'ordre qui a été lancé par les organisations syndicales agricoles,
00:46 qui se sont dites déçues par les premières annonces formulées par Gabriel Attal,
00:50 ça c'était vendredi.
00:52 Gabriel Attal qui est retourné d'ailleurs au contact pour dialoguer avec les agriculteurs,
00:56 c'était hier dans une exploitation d'Indre-et-Loire.
00:59 A l'issue de cette visite, il a d'ailleurs assuré le Premier ministre
01:02 que d'autres annonces viendraient dans les heures ou dans les jours qui viennent.
01:06 Vendredi, j'ai annoncé des premières mesures qui étaient attendues,
01:09 qui ont d'ailleurs conduit certains à cesser leur mobilisation.
01:12 Mais je sais bien qu'à travers ces premières mesures,
01:15 on n'a pas répondu encore à tout ce que je viens d'évoquer,
01:18 et ce qui constitue le malaise et le mal-être de nos agriculteurs aujourd'hui.
01:23 Mais je suis résolu à avancer, à avancer résolument, à avancer vite.
01:27 À chaque fois qu'on pourra prendre des décisions tout de suite, on les prendra.
01:30 Et on aura dans les semaines qui viennent évidemment d'autres décisions à prendre avec.
01:34 Alors pourquoi les premières annonces de Gabriel Attal n'ont-elles pas suffi ?
01:37 Et puis on le voit avec cette journée et la semaine qui s'annonce,
01:41 la tension monte en quelque sorte avec ce projet de faire le siège de Paris.
01:45 Et d'ailleurs Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur,
01:47 a annoncé un déploiement de forces assez considérable,
01:50 15 000 forces de l'ordre, avec en particulier la consigne
01:53 de ne pas laisser entrer les centaines de tracteurs dans Paris,
01:56 et notamment de bloquer le marché international de Rungis ou les aéroports franciliens.
02:01 Donc est-ce que cette semaine est effectivement décisive
02:05 tant pour le mouvement paysan que pour le Premier ministre ?
02:07 Et comment celui-ci peut-il essayer d'apaiser cette tension dans les heures ou dans les jours qui viennent ?
02:12 Rappelons qu'il prononcera demain son discours de politique générale à l'Assemblée nationale.
02:15 Etienne Girard, la pression monte là pour le gouvernement ?
02:17 Oui, d'autant qu'il y a un Conseil européen jeudi
02:21 pour lequel ces questions seront sur la table.
02:25 Donc on peut s'attendre à ce que la tension monte au moins jusqu'à jeudi.
02:29 Est-ce que c'est la semaine décisive ?
02:31 Ça dépendra un peu de la réponse du gouvernement.
02:33 Semaine décisive si le gouvernement y met fin cette semaine à ce mouvement,
02:37 semaine pas décisive si le mouvement perdure.
02:39 Il parle de plusieurs jours, de plusieurs semaines le Premier ministre,
02:43 pour les réponses supplémentaires.
02:45 Oui, parce que de toute façon les réponses ne peuvent pas avoir lieu en un jour
02:48 quand on passe de la parole aux actions.
02:51 Et c'est la volonté, semble-t-il, du gouvernement.
02:54 On ne peut pas s'attendre à ce que les choses bougent en trois jours.
02:57 Maintenant, le point dur, il peut être décidé, il peut être actionné assez rapidement.
03:04 Le point dur, c'est ces questions de concurrence déloyale.
03:07 Il faut mettre les pieds dans le plat et c'est un sujet très très compliqué.
03:12 Mais c'est ça.
03:13 La concurrence déloyale c'est quoi ?
03:15 C'est, il y a des produits qu'on n'utilise plus en France ou qu'on ne va plus utiliser
03:19 parce qu'on considère que c'est des insecticides,
03:21 on considère que c'est mauvais pour les abeilles,
03:24 c'est mauvais pour d'autres insectes.
03:27 D'autres pays les utilisent et nous, Français, nous mangeons ces produits d'autres pays.
03:33 Les agriculteurs disent "on est les dindons de la farce,
03:35 nous on fait tout bien pour l'environnement"
03:37 et à la fin, des produits sont utilisés sur des aliments qui sont ensuite mangés.
03:44 Mais revenir sur ces règles-là,
03:47 on comprend bien que ça ferait aussi un certain nombre de mécontents,
03:50 notamment les associations pour l'environnement qui nous diront "on était exemplaires, on ne l'est plus".
03:55 Comment répondre à la crise, à la colère des agriculteurs ?
04:00 C'est Gabriel Attal qui doit donner ses réponses dans les prochains jours,
04:05 dans les prochaines heures d'abord.
04:07 Myriam Mankawa, Renaud Delis, vous nous direz tout à l'heure ce que vous en pensez,
04:10 juste après le Fil info à 9h10 de Sophie Echene.
04:13 Des opérations escargots en ce moment, non pas des agriculteurs mais des taxis.
04:17 Les chauffeurs bloquent en ce moment plusieurs axes routiers à Paris, Marseille ou encore Bordeaux.
04:22 Ils manifestent contre les tarifs des transports sanitaires établis par l'assurance maladie.
04:27 En pleine crise du logement, les députés examinent aujourd'hui une proposition de loi transpartisane
04:31 qui s'attaque aux meublés touristiques comme Airbnb, accusés de nuire à la location longue durée.
04:37 Le texte préconise notamment de baisser les avantages fiscaux pour ces locations.
04:41 L'Iran réfute sa mise en cause et dénonce des accusations faites dans un but politique.
04:46 Au lendemain de la mort de trois soldats américains dans une attaque au drone en Jordanie,
04:49 il y a aussi plus de 30 blessés, Joe Biden a promis de répliquer en accusant des groupes soutenus par Téhéran.
04:56 L'extrême droite allemande a essuyé un revers hier,
04:58 défaite du parti AfD lors d'élections locales après des manifestations massives dans le pays contre son programme.
05:04 Le candidat d'AfD a tout de même récolté plus de 47% des voix face à son adversaire conservateur.
05:09 *Générique*
05:21 Et de retour sur le plateau des informés avec Étienne Girard, rédacteur en chef à L'Express,
05:24 avec Renaud Delis aussi et Myriam Ankawa, journaliste politique à LCP.
05:28 On le disait juste avant le Fil info, les agriculteurs sont en colère,
05:31 ils attendent des mesures supplémentaires de la part du gouvernement.
05:34 Et aujourd'hui, énorme coup de pression puisqu'ils menacent de bloquer à la fois Paris et les grandes villes.
05:39 Au point que Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, décide d'installer des blindés à Rungis.
05:44 Oui, le ton a clairement changé.
05:46 On se souvient de la phrase "on ne répond pas à une souffrance avec des CRS",
05:51 c'était sur TF1 il y a quelques jours.
05:52 Aujourd'hui, les blindés, l'image parle d'elle-même.
05:56 Sauf qu'on se rend bien compte que le gouvernement ne veut surtout pas jeter de l'huile sur le feu.
06:01 Donc il y a les forces de l'ordre.
06:03 Les mots aussi sont particuliers.
06:04 On peut s'interroger sur ce vocabulaire un peu guerrier, qui est un peu anachronique malgré tout,
06:08 quand on est en terrain de guerre aux portes de l'Europe.
06:12 Blocus, siège de Paris, je ne suis pas sûre que ça sonne forcément doux aux oreilles des Français,
06:18 même si pour le moment, le soutien de l'opinion est total et unanime.
06:23 C'est sûr que si l'accès à Rungis...
06:26 On va voir comment ça se passe.
06:27 C'est pour ça que c'est décisif des deux côtés, pour le gouvernement,
06:29 mais aussi pour l'AFNSEA, qui joue gros dans cette affaire.
06:33 Arnaud Rousseau, au départ, n'était pas à l'initiative de ce mouvement.
06:36 Il s'y est clairement raccroché.
06:38 Il doit voir normalement le Premier ministre aujourd'hui.
06:40 On sent que la fameuse cogestion de l'AFNSEA dans les ministères, ça n'a pas tenu.
06:45 Ça n'a pas marché, puisque la colère, par la base, s'est réveillée.
06:49 Donc des deux côtés, il y a de la pression.
06:53 Il y a des objectifs à tenir, aussi bien de revendications,
06:55 mais aussi de calme et de concorde dans le pays.
06:59 Parce que si c'est aussi une semaine de tous les dangers pour Arnaud Rousseau,
07:02 le chef de file de l'AFNSEA, c'est l'expression qu'il a utilisée lui-même.
07:05 C'est parce qu'effectivement, on voit aussi des différences de tonalités,
07:09 voire parfois des différences d'actions, selon les organisations.
07:11 En l'occurrence, l'AFNSEA n'appelle pas à bloquer le marché international de Rungy.
07:14 Ils sont plutôt des éléments issus notamment de la coordination rurale,
07:17 qui semble aller plus loin.
07:19 Il y a aussi eu d'ailleurs des actes brutaux, des violences dans le sud-ouest.
07:23 C'est plutôt des membres de la coordination rurale
07:26 qui sont à l'origine de ces dérapages.
07:28 Donc on voit qu'il y a évidemment un risque du côté du mouvement paysan,
07:32 que celui-ci se disloque, se fracture et qu'une partie de la base,
07:36 en quelque sorte, échappe aux organisations en place,
07:39 et notamment à l'AFNSEA, qui effectivement, comme le disait Miriam Mankawa,
07:42 a eu plutôt tendance à suivre le mouvement, en quelque sorte.
07:45 Jusque-là, ce qui explique peut-être aussi d'ailleurs le fait
07:46 qu'Arnaud Rousseau renchérisse désormais dans les mots d'ordre,
07:50 dans la nécessité de faire plier davantage le gouvernement,
07:53 c'est aussi pour, en quelque sorte, suivre ses troupes.
07:56 Et il faut bien comprendre que de l'autre côté,
07:58 si Gérald Darmanin effectivement a changé de ton
08:00 et déploie des moyens assez considérables pour maintenir l'ordre,
08:05 – 15 000 hommes sur…
08:06 – Je pense que c'est aussi en lien, évidemment,
08:08 avec le discours de politique générale du Premier ministre demain,
08:10 parce que Gabriel Attal pourrait difficilement tenir un discours demain
08:14 à l'Assemblée nationale qui, dont le fil rouge,
08:16 l'un des fils rouges, on va dire,
08:18 sera sans aucun doute la restauration de l'autorité.
08:20 On sait que ça fait partie de son ADN politique
08:22 et c'est le discours de l'exécutif aujourd'hui,
08:24 le retour de l'ordre, la restauration de l'autorité,
08:26 un peu dans tous les domaines, ce qu'il a pu d'ailleurs professer
08:29 lorsqu'il était ministre de l'Éducation pendant quelques mois.
08:32 Ce sera difficile de tenir ce discours
08:34 et en tout cas il sera difficile qu'il soit audible et crédible
08:37 si jamais il y avait des images de chaos dans Paris
08:40 provoquées par les blocages des agriculteurs.
08:43 – Sur le fond des réponses attendues, Etienne Girard,
08:45 vous parliez de concurrence déloyale tout à l'heure,
08:47 juste avant le Fil info, sur quoi Gabriel Attal peut répondre
08:52 pour essayer de calmer ces agriculteurs à nouveau ?
08:55 – Il y a un point qui semble acquis, c'est le sujet des terres en jachère.
08:59 – Oui, 4% de terres en jachère, obligatoire.
09:01 – Voilà, c'est issu du Green Deal, c'est l'idée que pour préserver les terres,
09:06 on va mettre 4% des terres en jachère de façon obligatoire,
09:11 sauf que les paysans disent "on n'a pas cette marge de manœuvre"
09:14 et il semble acquis, y compris au niveau européen,
09:17 que le report des 4% est acquis et sera décidé.
09:23 Donc c'est déjà un point, mais le point très dur,
09:26 c'est celui de la concurrence déloyale sur les produits,
09:28 les produits phytosanitaires qui sont, dit-on, mauvais,
09:32 ou c'est même acté par des études, mauvais pour des espèces d'insectes.
09:38 Effectivement, on ne répondra pas totalement aux problèmes des agriculteurs
09:43 si on continue à faire prospérer cette situation où, eux, les Français,
09:49 ne peuvent pas utiliser certains produits quand des agriculteurs étrangers,
09:53 européens, eux, peuvent les utiliser parce qu'on a décidé en France
09:57 de "surtransposer", comme on dit, des normes européennes.
10:00 Alors est-ce qu'il faut revenir en arrière ?
10:02 Le symbole, il est difficile, il est compliqué,
10:05 revenir en arrière sur des mesures environnementales.
10:08 – On l'a vu sur le glyphosate par exemple, avec la France qui,
10:10 finalement, faute d'alternative, est obligée d'accepter la prolongation.
10:13 – Ce qui pourrait être dans le débat public,
10:16 mais là ça ferait vraiment bon dire les écologistes,
10:19 c'est les néonicotinoïdes, le sucre en fait, c'est simple,
10:22 ça c'est pas une norme environnementale au niveau européen,
10:26 c'est la France qui a pris les devants et le résultat,
10:28 c'est qu'on va emporter du sucre chez nos voisins allemands.
10:32 Alors on n'en est pas là, à mon avis, ce serait vraiment un chiffon rouge
10:35 et je ne crois pas que l'ensemble de la communauté agricole
10:39 qui est très divisée le réclame.
10:40 Ce qu'il faut bien voir, c'est qu'il y a le bras de fer au niveau européen,
10:44 à Bruxelles jeudi, Etienne en a parlé,
10:46 le président a déjà une vingtaine de pays sur les questions des jachères derrière lui,
10:50 mais il faut plier à la majorité l'ensemble des 27,
10:55 et puis il y a la question des retraites,
10:56 ça c'est un truc très important les retraites,
10:58 parce que vous avez des toutes petites retraites
11:01 pour les agriculteurs les plus modestes,
11:04 et là il y avait une proposition de loi à l'Assemblée nationale,
11:08 Julien Dive, qui a été votée pour que les retraites des agriculteurs
11:12 soient calculées sur les 25 meilleures années,
11:15 et là on se rend compte, étude d'impact,
11:17 vous en parliez tout à l'heure avec Véronique Bédag,
11:20 ce n'est pas forcément à la hauteur espérée,
11:23 nos collègues de Politico se sont procurés un rapport d'impact,
11:27 et on se rend compte que pour les agriculteurs les plus modestes,
11:31 ce n'est pas beaucoup plus au niveau retraite.
11:34 Ça, c'est à mon avis explosif.
11:36 Et c'est vrai qu'on le voit, il y a deux dimensions qui se croisent,
11:39 il y a la dimension nationale et la dimension européenne dans ce conflit,
11:42 et c'est beaucoup plus difficile évidemment pour le gouvernement français
11:44 d'intervenir au niveau européen,
11:47 alors d'abord, comme le disait Mme Mankawa,
11:49 de convaincre un certain nombre de soutiens,
11:51 notamment pour revenir sur un certain nombre de mesures ou d'interdictions,
11:55 mais c'est encore plus compliqué d'ailleurs sur les 4% de terres en jachère,
11:58 c'est effectivement une décision qui est prise à l'échelle européenne,
12:00 donc la France ne peut pas s'en affranchir comme ça.
12:02 Donc on l'a entendu aussi avec Gabriel Attal hier lors de son déplacement à Andréloire,
12:06 dans un premier temps, outre ces positions qui sont attendues,
12:09 quelles seront les positions de la France jeudi lors de ce Conseil européen,
12:12 est-ce qu'effectivement la France va aller dans ce sens-là,
12:14 dans le sens attendu par les agriculteurs ?
12:17 Mais on a vu aussi dès hier, Gabriel Attal insister sur la nécessité,
12:21 selon lui, de débloquer beaucoup plus rapidement un certain nombre d'aides,
12:25 justement d'aides d'urgence, de faciliter une forme de maquillage administratif,
12:30 notamment en ce qui concerne les transmissions d'exploitation,
12:34 que la fiscalité des transmissions d'exploitation soit à la fois simplifiée et allégée,
12:40 de façon à ce que là aussi un certain nombre de fonds soient débloqués beaucoup plus vite,
12:44 il a pointé des délais d'attente qui pouvaient parfois dépasser un ou deux ans.
12:48 Donc je pense que c'est d'abord sur ces leviers-là,
12:50 dans les tout prochains jours qu'il va essayer de jouer,
12:52 avant effectivement d'essayer d'infléchir la position de la Commission européenne
12:59 sur un certain nombre de sujets où la France ne peut pas décider seule.
13:02 – La difficulté c'est qu'il a déjà fait une série d'annonces, Gabriel Attal,
13:06 et que là il va devoir répondre à nouveau, c'est sa dernière chance ? Etienne ?
13:11 – Non, pas forcément, la difficulté de la situation effectivement,
13:18 c'est qu'il y a déjà eu une première réponse qui se présentait
13:23 comme une réponse qui allait mettre fin au mouvement.
13:26 Donc je ne peux pas vous dire… – Je ne suis pas sûr de ça.
13:30 – Si, si, d'ailleurs c'est ce qui a été obtenu auprès du barrage de Carbone,
13:34 et auprès de Jérôme Bail.
13:35 – Ce que je veux dire c'est qu'au fond de lui, est-ce que Gabriel Attal,
13:37 est-ce que Matignon, est-ce que l'exécutif pensait que les annonces de vendredi
13:40 suffiraient à éteindre totalement le mouvement ?
13:43 Je n'en suis pas sûr. – Éteindre totalement, peut-être pas.
13:45 – Traditionnellement dans les conflits sociaux, en général l'exécutif,
13:48 quand il a assez expérimenté, essaye d'en garder un peu sous le pied
13:50 pour une deuxième série d'annonces.
13:51 – Mais précisément, moi ce qui me trouble dans la situation,
13:55 c'est qu'on n'a pas l'impression que le gouvernement en est aujourd'hui
13:59 tellement sous le pied, parce que ce qui est demandé par les agriculteurs,
14:04 comme l'a très bien expliqué Renaud, ce sont des mesures qui portent
14:08 des conséquences au niveau européen, international, et qui donc,
14:13 pour des négociations, prendront énormément de temps.
14:15 Hormis ces fameuses désurtranspositions de directives,
14:20 qui peuvent être très rapides, mais qui produiront un effet politique
14:24 qui ne plaira pas à tout le monde.
14:25 – Et puis il n'y a pas une seule mesure sur laquelle tout le monde converge.
14:29 Vous savez, la fameuse interdiction des abayas par décret,
14:32 ça satisfait toute une communauté éducative.
14:35 – Ça c'était dans l'établissement scolaire.
14:36 – Voilà, d'un seul coup.
14:39 Et ça, la mesure abaya dans le monde agricole, ils ne l'ont pas encore trouvée.
14:42 – Il n'y a pas l'équivalent.
14:43 – Vous avez vu que ce mouvement nous incite à faire des innovations lexicales,
14:46 et ce qu'on entend, on évoque la désurtransposition.
14:49 – C'est barbare, mais on comprend.
14:51 – On comprend.
14:52 – C'était limpide, Étienne.
14:53 Les informés continuent juste après le fil info de Sophie Hachenne à 9h20.
14:56 On revient après.
14:57 La semaine qui s'ouvre est celle de tous les dangers.
14:59 Le président de la FNSE a prévient,
15:01 alors que la colère des agriculteurs ne retombe pas,
15:04 encore des actions, partout en France,
15:06 aujourd'hui et notamment autour des grandes villes comme Paris et Lyon.
15:09 Au programme des députés aujourd'hui,
15:11 un débat sur la proposition de loi sur la création d'un délit d'homicide routier
15:14 en cas d'accident mortel.
15:16 Pour l'instant, on parle d'homicide involontaire.
15:18 Les rapports du texte veulent inciter les juges à punir plus durement
15:21 les accidents provoqués par les conducteurs qui roulaient trop vite
15:24 ou qui avaient consommé de la drogue ou de l'alcool.
15:27 Des milliers d'Israéliens ont manifesté hier soir à Jérusalem
15:29 pour réclamer la réinstallation de colonies dans la bande de Gaza
15:32 et l'expulsion des Palestiniens de l'enclave.
15:35 C'est la seule issue, disent-ils, pour assurer la sécurité de l'État hébreu.
15:39 Et puis, 10 ans après leur dernier sacre,
15:41 les hante-balleurs français sont de retour sur le toit de l'Europe.
15:43 Les Bleus ont battu le Danemark hier soir en finale de l'Euro 33 à 31,
15:47 de bonne augure à moins de 6 mois des Jeux Olympiques.
15:50 *Générique*
16:01 Et les informer continue avec Myriam Mankawa, journaliste politique à LCP,
16:04 avec Étienne Girard, aussi rédacteur en chef à L'Express.
16:07 L'autre sujet d'actualité, Renaud Delis, ça fait un petit moment
16:11 qu'elle pèse sur les Français, c'est cette crise du logement.
16:14 Oui, la crise de l'immobilier, la crise du mal-logement
16:17 qui dure, qui s'aggrave mois après mois.
16:19 L'année 2023, de ce point de vue-là, a été extrêmement mauvaise
16:24 et les perspectives ne sont pas beaucoup plus réjouissantes pour 2024.
16:27 Cette crise, donc, s'enracine et il y a quelques minutes,
16:31 sur ce plateau, Véronique Bédard, qui est la PDG de Nexity,
16:35 a justement analysé tous les éléments qui s'additionnent
16:38 pour créer, en quelque sorte, dans l'immobilier une forme de tempête parfaite.
16:43 Avec la crise qui est intervenue, la hausse de l'intérêt,
16:46 la baisse très forte des prêts immobiliers, près de 50% en deux ans,
16:49 les réservations de logements neufs sont tombées à peu près 50%,
16:54 les transactions dans l'ancien de 20%.
16:56 On voit également que dans les agences immobilières,
17:00 il y a deux fois plus de demandes de location et 20% de moins d'offres locatives.
17:04 Tous les indicateurs sont au rouge.
17:06 Et moi, ce qui me frappe beaucoup dans ce moment-là,
17:08 c'est qu'évidemment, cette crise immobilière, elle ne touche pas tous les Français.
17:11 Elle touche surtout les Français qui veulent se mettre en mouvement.
17:15 – Le marché locatif est bloqué, le marché de la construction,
17:18 de la construction de logements neufs recule fortement.
17:22 Les prêts se sont effondrés, 50% de baisse des prêts,
17:26 rappelé Véronique Bédag à l'instant, l'année dernière.
17:28 Bref, pourquoi est-ce que tous ces facteurs s'additionnent
17:31 et surtout jusqu'à quand cette crise va durer ?
17:33 Et est-ce que l'État n'est pas en dessous de la main ?
17:35 Véronique Bédag rappelait aussi à quel point les professionnels du secteur
17:38 ont été déçus par les conclusions du Conseil national de la refondation
17:43 consacrée au logement et qui avait été présentée au mois de juin dernier.
17:45 – Myriam Ankawa ?
17:46 – Oui, moi ce qui me frappe, c'est que je ne me souviens pas
17:50 qu'il y a eu un grand moment logement dans la conférence de presse d'Emmanuel Macron.
17:54 – Il en a parlé un tout petit peu.
17:55 – Il en a parlé au moment des normes, il a dit "il faut un choc de simplification,
18:01 regardez on a pris une loi GIO et on a pu construire beaucoup plus rapidement,
18:05 les immeubles sortent de terre".
18:07 Mais alors qu'il a passé énormément de temps sur la question de la santé,
18:10 de l'hôpital, des déserts médicaux, il n'y a pas eu ce temps-là,
18:14 peut-être que c'est aussi de notre faute de ne pas poser des questions.
18:17 Mais c'est vrai que quand on entend Véronique Bédag nous parler de bombe sociale,
18:21 aujourd'hui c'est la crise qui s'étend à tous les secteurs,
18:25 à la natalité, les étudiants, l'emploi, quand on voit que tout se conjugue,
18:29 ce n'est pas simplement la hausse des taux d'intérêt,
18:31 c'est aussi la baisse de la construction,
18:35 c'est les milieux des acteurs de l'immobilier qui vont avoir directement,
18:40 pas seulement le BTP, mais tous les acteurs,
18:44 des conséquences sur notre vie au quotidien,
18:47 on se dit "c'est vrai, c'est peut-être un dossier technique,
18:50 mais c'est un dossier qui est peu porté et on n'a toujours pas de ministre du logement".
18:54 Ce n'est pas un bon signal, c'est inquiétant effectivement.
18:57 - Etienne ?
18:58 - Oui, j'en discutais avec un excellent confrère hors antenne,
19:01 le logement ce n'est pas l'ADN d'Emmanuel Macron,
19:04 ça ne l'intéresse pas naturellement, ce n'est pas son truc.
19:08 Et il faut dire aussi qu'à l'inverse, par exemple, des agriculteurs qui savent se faire entendre,
19:14 on n'a pas d'association des Français qui souhaitent accéder au logement
19:17 et qui sait se faire entendre, organiser des manifestations, etc.
19:21 C'est un peu comme la problématique des chômeurs,
19:23 ça touche énormément de gens, ça place des gens dans des situations de souffrance,
19:28 mais on n'a pas de groupe de pression qui permet d'en parler
19:31 et de faire que les politiques publiques avancent.
19:34 Maintenant quand on parle des politiques publiques,
19:36 c'est aussi très compliqué parce qu'il n'y a pas de politique publique magique.
19:40 Il y a des politiques publiques qui sont très coûteuses et aux effets assez incertains ou faibles.
19:46 - C'est de l'avis d'Emmanuel Macron d'ailleurs.
19:48 - Qui les aide à l'accès au logement, mais l'effet n'est pas nul pour autant.
19:53 Il y a d'autres modes d'aide qui sont envisagés,
19:56 par exemple la baisse des taux de mutation, des frais de notaire.
20:02 Ça aiderait sans doute un certain nombre de Français à avoir accès plus facilement à un logement,
20:06 ce qui ne serait pas content, c'est les notaires.
20:08 - C'est vrai qu'il y a un double mystère, me semble-t-il,
20:10 dans le propos du chef de l'État à propos du logement.
20:12 C'est que d'un côté il a stigmatisé, il a pointé effectivement ce pognon de dingue dépensé en vain,
20:17 je reprends donc son expression, sans résultat,
20:19 ce qui n'est pas totalement faux au regard des décennies précédentes,
20:22 en tout cas avec des résultats décevants,
20:24 sauf que du pognon de dingue, Emmanuel Macron, l'exécutif,
20:27 en ont dépensé beaucoup ces dernières années au fur et à mesure des crises,
20:31 sans compter, en quelque sorte.
20:33 C'est-à-dire qu'il n'est pas obsédé par les économies en matière de dépenses publiques,
20:39 Emmanuel Macron, ce qui parfois d'ailleurs fait grincer des dents un petit peu du côté de Bercy.
20:45 Donc pourquoi est-ce que là il ne veut absolument pas dépenser sur le logement, c'est la première question.
20:48 Puis la deuxième question, c'est qu'effectivement, comme le disait Emmanuel Macauay,
20:51 il n'en a pas parlé dans la conférence de presse, il ne s'est pas du tout,
20:54 en tout cas, étendu sur le sujet, alors qu'on le voyait, le fil rouge,
20:58 c'était quand même justement que pour relancer l'économie, relancer la croissance,
21:03 atteindre l'objectif du plein emploi, l'objectif, c'est toujours l'activité, l'activité, l'activité,
21:07 plus d'ailleurs que la réduction des dépenses publiques.
21:09 Or, et Véronique Bédard en parlait il y a quelques minutes sur ce plateau,
21:12 eh bien la crise du logement, la crise de l'immobilier,
21:15 c'est aussi effectivement, ça a des conséquences négatives pour l'ensemble de l'économie,
21:19 ça a des conséquences négatives pour l'activité, pour la croissance,
21:22 et il y a aussi des dizaines de milliers d'emplois qui sont menacés
21:26 et qui commencent d'ailleurs à disparaître à cause de cette crise.
21:28 Donc, si jamais on fait de l'activité l'alpha et l'oméga du projet économique,
21:36 il est assez étonnant de ne pas se soucier peut-être davantage de la crise du logement
21:41 et de son impact sur l'ensemble de l'économie.
21:42 Il devrait y avoir une loi logement annoncée demain par Gabriel Attal, une grande loi,
21:46 il y a des textes, des propositions de loi qui s'attaquent à Airbnb,
21:50 il y a des choses aussi sur le logement étudiant,
21:52 il y a les histoires de ZAN, de DPE, diagnostic zéro artificial énergétique,
21:58 mais ça part dans tous les sens, c'est vrai qu'une vision globale serait…
22:01 Donc on va écouter attentivement le discours de politique générale du Premier ministre demain,
22:04 Gabriel Attal à suivre sur France Info.
22:06 Merci à tous les trois, Myriam Mankawa, journaliste politique à LCP,
22:09 on vous retrouve tous les soirs à 19h30 pour votre émission "Ça vous regarde" sur LCP.
22:15 Etienne Girard, merci beaucoup, rédacteur en chef à L'Express,
22:18 L'Express qui consacre cette semaine un dossier aux troubles mentaux,
22:22 un français sur cinq concerné.
22:24 Oui c'est incroyable, à découvrir dans nos colonnes et à lire dans tous les bons kiosques.
22:29 J'attendais celle-là, merci beaucoup.
22:32 Dans tous les bons kiosques, merci beaucoup Renaud.
22:33 Merci Célia.
22:34 Les informer sont de retour ce soir à 20h avec Bérangère Monte et Jean-François Aquilli.