La grande interview : Marc Fesneau

  • il y a 6 mois
Le ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau était l’invité de #LaGrandeInterview de Romain Desarbres dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
Transcript
00:00 C'est nous, il est 8h12, merci d'être avec nous.
00:02 Tout de suite, c'est la grande interview avec Marc Fainaut.
00:04 Marc Fainaut, le ministre de l'Agriculture,
00:06 qui a donc choisi CNews et Europe 1 pour parler ce matin.
00:11 On va revenir sur toutes les annonces faites par le gouvernement
00:13 pour stopper la crise agricole.
00:29 Bonjour Marc Fainaut.
00:30 Bonjour.
00:30 Merci d'être avec nous.
00:31 Vous êtes ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire
00:36 de la France et Dieu sait que ce n'est pas anodin.
00:38 Vous êtes ministre de l'Agriculture depuis un an et huit mois.
00:40 Vous vivez l'une des plus graves crises agricoles que la France ait connues.
00:44 Ce matin, la plupart des barrages sont levés.
00:47 Vous vous rendrez cet après-midi dans les Ros, puis dans le Gard
00:50 pour présenter des mesures concrètes aux viticulteurs.
00:52 Avant de rentrer dans le détail de ces mesures,
00:56 est-ce que vous considérez que cette crise est derrière vous, derrière nous,
01:00 ou est-ce que vous êtes en sursis jusqu'au Salon de l'Agriculture dans trois semaines ?
01:04 Le moment de la crise le plus visible,
01:08 manifestement compte tenu des consignes qui ont été données
01:11 par un certain nombre de syndicats, est plutôt derrière nous.
01:14 Mais les sujets de la crise, les sujets que nous avons à traiter
01:18 et qui ont émergé dans cette crise, ils sont encore devant nous.
01:21 Vous voyez bien qu'il y a des sujets qu'on a traités immédiatement,
01:23 des sujets, on y reviendra sur un certain nombre de filières,
01:26 sur des simplifications immédiates.
01:28 Mais on sait très bien que les simplifications, il faut en produire d'autres.
01:31 Nous avons aussi des débats européens.
01:33 Nous avons aussi des sujets législatifs qui viendront dans le texte
01:36 que je porterai sur l'orientation agricole.
01:38 Donc la partie la plus éruptive ou la plus visible
01:41 pour chacune et chacun d'entre nous, peut-être pas.
01:44 Vous avez éteint l'incendie, il va falloir reconstruire.
01:45 Non, mais moi, je crois que les agriculteurs
01:48 ne nous ont pas donné inquiétus pour l'éternité, si je peux dire.
01:50 Ils nous ont dit, on a entendu les mesures.
01:52 Je ne sais pas ce qu'on a compris, effectivement.
01:53 Ils nous ont dit, non, il faut être lucide.
01:54 Vous voyez, j'essaie de faire un exercice de lucidité.
01:56 Ils nous ont dit, on a compris les premières mesures qui ont été prises.
01:59 On vous en donne acte ou gage.
02:02 Mais il y a des tas d'autres choses à traiter.
02:03 Il y a des sujets européens aussi qu'on aura traités.
02:05 Donc l'idée n'est pas de lever le pied.
02:07 L'idée est plutôt d'accélérer sur les mesures telles qu'elles ont été annoncées
02:11 par le Premier ministre, aussi par le président de la République,
02:13 les intentions qu'il a données sur les questions européennes.
02:15 Les agriculteurs qui attendent des engagements écrits,
02:18 quand est-ce que vous allez les envoyer ?
02:19 - Ils ont été donnés au syndicat hier sur ce qui a été en fait,
02:22 ça a repris les annonces du Premier ministre.
02:24 Moi, je me sens dépositaire de ce que nous avons dit durant cette crise,
02:26 de ce qui a été dit durant cette crise,
02:28 et de faire en sorte que petit à petit,
02:30 l'ensemble des sujets qui ont été mis sur la table soit résolu.
02:33 - Alors les aides, on va commencer par les aides.
02:35 Entre les premières annonces vendredi dernier et celles que Gabriel Attal a faites hier,
02:39 il y a eu beaucoup de promesses.
02:40 Ces promesses ont un coût, 400 millions d'euros au total.
02:44 On va y revenir.
02:45 Vous avez promis 150 millions d'euros pour les éleveurs.
02:48 Comment cette somme va-t-elle être répartie, 150 millions chez les éleveurs ?
02:52 - C'est une somme qui va être répartie sur des allègements fiscaux et des allègements sociaux,
02:56 qui permettent au fond, c'est de la trésorerie qu'on dégage immédiatement.
03:00 Quand vous avez un stock...
03:01 - C'est un chèque versé ?
03:01 - Oui, c'est comme ça que ça se passera.
03:03 Quand vous avez un stock d'animaux, vous êtes taxé sur le stock,
03:07 et tant que vous l'avez, vous êtes taxé,
03:08 alors qu'en fait, il vaudrait mieux être taxé à la sortie, quand vous le vendez.
03:11 Et donc, c'est une incitation à garder le troupeau,
03:13 à lutter contre la décapitalisation.
03:15 Puis c'est un signe important pour les éleveurs, en particulier bovins,
03:18 parce qu'on sait que c'est un secteur qui souffre depuis des années,
03:22 qui a besoin d'être conforté dans son rôle de souveraineté,
03:24 et aussi d'être conforté dans son...
03:26 - Donc ça ira en majorité à l'élevage bovin ?
03:28 - C'est l'élevage bovin, oui, principalement.
03:30 - Principalement.
03:31 400 millions d'euros au total, plus les aides pour le GNR, vous confirmez ces chiffres ?
03:35 - Oui, alors les aides pour le GNR, c'est une avance de trésorerie.
03:39 En fait, comme vous le savez, le GNR, vous payez la taxe,
03:41 et puis après, vous êtes remboursé en fin d'année, voire un peu plus tard.
03:44 Là, en avance de phase, le guichet a été ouvert hier,
03:46 donc on est conforme aux annonces qui avaient été faites par le Premier ministre en moins de huit jours.
03:50 Le guichet a été ouvert hier, vous pouvez vous faire rembourser à peu près 50% de ce qui était votre déficit,
03:56 qui était dû par l'État.
03:57 C'est 200... Oui, c'est ça, c'est 200 millions à peu près d'euros qui vont aller dans les exploitations.
04:00 - Donc 400 millions, plus 200 millions.
04:02 - Qui est une trésorerie avancée, absolument.
04:05 - Donc, Bercier et Bruno Le Maire, pour...
04:08 - Vous vous doutez bien que si nous avons fait ces annonces, je vous...
04:10 - Vous avez dit que c'était la fin du quoi qu'il en coûte, pour sortir le chéquier, là.
04:13 - Vous voyez bien que dans un certain nombre de cas, on avait besoin de toute façon de mesures conjoncturelles, voire structurelles.
04:19 Vous prenez le cas de la viticulture.
04:20 On met 80 millions de mesures conjoncturelles pour faire face à la crise,
04:24 et puis 150 millions qui visent à faire quoi ?
04:26 À restructurer notre vignoble et à le préparer pour l'avenir.
04:29 Ce n'est pas un mauvais investissement quand c'est sur du moyen long terme.
04:31 Et c'est ça ce qu'on a essayé de travailler aussi, c'est-à-dire d'avoir des mesures de court terme
04:34 et puis d'avoir des mesures de long terme.
04:36 - Alors, une question sur la méthode du gouvernement Feneau.
04:40 Ce sont des mesures d'urgence que vous avez annoncées depuis vendredi dernier,
04:43 mais pour que ça fonctionne, personne n'est dupe, il faut changer le plan européen, sur le plan européen.
04:52 C'est à Bruxelles que ça se passe.
04:53 Le président dit qu'il faut un égalime européen.
04:56 La France a les moyens de ses ambitions quand en France, il aura fallu des dizaines de milliers d'agriculteurs
05:01 dans la rue pour tenter de faire respecter la loi égalime ?
05:04 - D'abord, rappelons que c'est la France et elle seule qui a monté égalime,
05:06 et c'était sous l'impulsion du président de la République en 2017,
05:09 et qui est venu rompre avec ce qui était la loi de modernisation de l'économie,
05:12 la fameuse loi LME.
05:13 Et donc c'est nous qui avons pris l'initiative en France de la loi égalime.
05:16 On s'est rendu compte que les premières années, ça avait plutôt bien fonctionné,
05:18 mais que dans le contexte inflationniste, un certain nombre de gens,
05:21 soit par des centrales européennes, soit par d'autres voies, détournaient égalime.
05:25 Qu'est-ce que ça dit aussi ?
05:26 Ça dit que ce que nous avons porté, nous, de la rémunération,
05:28 et ça a été porté par le président de la République dans ses différentes campagnes,
05:32 ça a plutôt fonctionné.
05:33 Il faut mettre en place des contrôles, parce qu'on voit bien qu'un certain nombre de gens sont en train de les dévoyer,
05:37 mais ça fonctionnerait beaucoup mieux au niveau européen,
05:40 parce que ça permettrait que l'ensemble des agriculteurs européens trouvent leur rémunération.
05:44 Vous voyez bien que la crise, vous avez des images de Bruxelles,
05:48 il y a des images de Bruxelles derrière nous ou à côté de nous.
05:51 Vous voyez bien que la crise, elle est française et elle est européenne.
05:53 Elle interroge sur la question de la rémunération.
05:55 Et puis, au-delà d'égalime, on a besoin de poser sur la table des sujets européens.
05:59 Mais la France a assez de poids aujourd'hui pour imposer un égalime européen ?
06:02 Il me semble que sur les trois sujets qui étaient ceux qui étaient portés par la France,
06:05 le sujet ukrainien, le sujet de la dérogation sur les Jachères et le sujet Mercosur,
06:10 la voix de la France par l'entremise du président de la République en particulier, elle a pesé, me semble-t-il.
06:15 Et donc, si elle a pesé ces derniers temps, elle va peser dans les temps qui viennent.
06:19 Mais dans une logique de coalition, on a besoin de trouver des alliés.
06:22 J'ai porté la voix de la France sur la question de la Jachère.
06:25 On y est arrivé pourquoi ?
06:25 Parce qu'à la fin, nous avions plus d'une vingtaine de pays qui suivaient notre position.
06:29 Ce n'est pas tout seul la France, mais la France, elle a une voix particulière en Europe.
06:32 Elle s'est faite entendre ces derniers mois, ces dernières années, sur ces sujets-là comme sur d'autres d'ailleurs.
06:37 Il convient de continuer à le faire.
06:38 Un revenu garanti pour les agriculteurs.
06:41 En clair, la loi égalime garantit aux agriculteurs le fait qu'ils ne vendent pas leur production à perte.
06:47 Absolument. Elle doit garantir le fait que la matière première agricole soit prise en compte
06:51 dans le cadre des coûts de production et de faire en sorte qu'on ne rémunère pas en dessous des coûts de production les agriculteurs.
06:55 C'est une rupture historique qui a été produite avec égalime,
06:58 même s'il faut l'appliquer et qu'il y a des gens qui dévoient la règle.
07:00 Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, on va prendre l'exemple du lait.
07:04 Ça veut dire que pour le lait, par exemple, on ne va plus acheter le lait à moins de 45 centimes le litre.
07:11 C'est ça, c'est le point d'équilibre est là.
07:12 Aujourd'hui, il est acheté à 40 centimes le litre.
07:13 Vous connaissez le sujet.
07:14 On attend absolument.
07:15 Et 40 centimes, ils ne vivent pas.
07:17 Ils ne vivent pas.
07:18 Bon, ils demandent 45-50.
07:19 Différents d'un territoire à l'autre parce qu'on fait des coopérations.
07:22 Oui, mais c'est très concret.
07:22 Mais c'est l'objectif qui doit être atteint.
07:24 Il y a un certain nombre d'ailleurs d'opérateurs de lait qui sont...
07:26 Donc ça ne sera pas le cas demain.
07:27 Mais la négociation devait se terminer le 31.
07:30 Je crois comprendre qu'il y a un certain nombre d'endroits où la négociation s'est rompue.
07:33 C'est une négociation.
07:34 Il y a un point d'équilibre qui doit se trouver.
07:36 Pour certains, c'est autour de 450.
07:38 Je suis sur les 1000 litres là.
07:39 Oui, voilà, oui. Ce qui revient à 45 centimes, c'est 450 les 1000 litres.
07:42 Moi, je suis sur le gros volume.
07:44 Reconnaissons que parfois, 10 ou 20 euros des 1000 litres, ça fait 0 à 1 centime.
07:49 Vous voyez ce que je veux dire ?
07:50 Ce n'est pas énorme.
07:51 Et donc chacun doit faire sa part de l'effort.
07:53 C'est un effort continu.
07:54 La rémunération du lait s'est plutôt améliorée ces derniers mois et ces dernières années.
07:57 Là, on est dans un moment de crise qui justifie qu'il y a un effort particulier
08:00 qui soit fait par les transformateurs et les distributeurs.
08:01 Il y a un gros sujet également sur l'origine des produits.
08:04 On a beaucoup parlé du miel.
08:06 Qu'est-ce qui va changer, par exemple, pour le miel ?
08:08 C'est scandaleux ce qui se passe avec le miel.
08:10 C'est-à-dire que le miel français coûte forcément très cher à produire.
08:15 Et on importe un miel qui n'est pas du tout de la même qualité.
08:17 Mais surtout, on dit qu'un miel est français alors qu'à l'intérieur, il ne l'est pas.
08:21 D'abord, on a un problème d'étiquetage.
08:22 Il y a un travail qui a été fait par les députés européens,
08:25 tous les députés européens, y compris ceux du groupe Renew,
08:28 qui est un travail d'étiquetage, qu'on ne puisse pas appeler un miel français
08:30 quand ce n'est pas un miel français ou un miel italien,
08:32 d'ailleurs pour les Italiens qui en produisent, ou les Espagnols.
08:35 Donc, on a un premier sujet, c'est un sujet d'étiquetage.
08:37 On ne peut pas faire du mélange comme ça.
08:39 Il me semble que c'est un élément important.
08:40 Et donc, au niveau européen, on a besoin sur l'ensemble des productions
08:43 de pouvoir donner de la transparence aux consommateurs.
08:47 C'est leur dire, vous achetez un produit, sachez ce que vous achetez.
08:49 Et avec ça, ils feront en conscience aussi leur choix.
08:51 Mais il y a besoin de transparence et d'une meilleure transparence.
08:54 Le président de la République, et j'ai emboîté le pas sur le sujet
08:58 puisque nous y travaillons depuis plusieurs mois,
09:00 il y a une réglementation européenne qui est en attente sur l'étiquetage.
09:03 Il faut que cette réglementation européenne soit mise sur la table
09:06 par la Commission européenne pour qu'on puisse en débattre
09:08 et qu'on puisse la voter dans des délais qui soient des délais raisonnables.
09:10 - Alors hier, il y a un mot qui s'est glissé dans vos discours
09:14 au Premier ministre, à vous, à Bruno Le Maire, c'est le mot "souveraineté".
09:17 Vous étiez passé le mot, évidemment.
09:20 - Même pas, pour tout vous dire.
09:22 J'aurais pas besoin de passer le mot pour parler de souveraineté, à vrai dire.
09:24 - L'objectif de souveraineté alimentaire,
09:27 on va voir ce que ça veut dire politiquement, mais déjà, très concrètement.
09:29 Ça veut dire quoi ?
09:30 L'objectif de souveraineté alimentaire qui sera inscrit dans la loi.
09:33 Qu'est-ce qui va changer ?
09:35 - Ça veut dire que nous avons un objectif de politique publique
09:37 et qui doit s'aligner, et qui doivent s'aligner,
09:40 je parle des politiques publiques, c'est le fait que nous retrouvions
09:42 la souveraineté alimentaire et la sécurité alimentaire en Europe et en France.
09:47 La souveraineté alimentaire, c'est quoi ?
09:49 C'est pas l'autarcie, la souveraineté alimentaire.
09:50 C'est pas l'autosuffisance.
09:52 La souveraineté alimentaire, c'est que nous décidions
09:54 que sur un certain nombre de filières où nous sommes déficitaires,
09:56 je pense aux fruits et légumes, je pense aux ovins,
09:59 je pense à d'autres filières, nous fassions en sorte de reconquérir
10:02 cette souveraineté que nous avions il y a 25 ou 30 ans.
10:04 C'est une lente dégradation en laquelle on a assisté pendant 25 ou 30 ans.
10:07 Chacun doit prendre sa part.
10:08 Je prends la mienne et donc on doit réinverser cette tendance-là.
10:10 Mais la souveraineté, c'est pas...
10:12 La France n'est pas une puissance exportatrice.
10:13 Plus de produits français proposés sur les marchés.
10:15 C'est surtout plus de production française qui permettra
10:17 d'avoir plus de produits français.
10:18 On a la même chose d'ailleurs sur la volaille.
10:20 La souveraineté, c'est la capacité à reprendre notre destin en main
10:23 en matière de production agricole.
10:24 C'est de ne pas subir une érosion et de décider des endroits
10:27 sur lesquels nous avons décidé d'avoir de la croissance.
10:30 Et puis la souveraineté, c'est une souveraineté générale.
10:32 L'alimentation, c'est devenu une arme de guerre.
10:35 L'alimentation, c'est devenu une arme géopolitique.
10:37 Donc la souveraineté, elle est française, européenne,
10:39 pour faire en sorte que nous ne soyons pas à la merci,
10:41 à l'extérieur de nos frontières,
10:43 de stratégies qui soient des stratégies de chantage à l'alimentation.
10:45 J'ai besoin d'une agriculture...
10:46 - On perd de la souveraineté alimentaire, là.
10:48 - J'ai besoin d'avoir une souveraineté qui permette
10:51 de rayonner à travers le monde et de faire de la géopolitique.
10:54 Il m'importe de savoir qui nourrit le continent africain.
10:57 Il m'importe de savoir qui ne pourra pas,
11:00 pour une partie d'entre lui, se nourrir tout seul.
11:02 Et donc je préfère que ce soit nous que d'autres puissances
11:06 qui ont des intentions qui sont moins, comment dirais-je,
11:08 moins pacifiques que d'autres.
11:10 Et donc la souveraineté, c'est soi-même sur les filières
11:12 et à l'extérieur de nos frontières,
11:14 de faire en sorte qu'on fasse de l'agriculture
11:17 et de l'alimentation un objet géopolitique.
11:20 - Vous parlez à l'instant de géopolitique.
11:22 L'Ukraine, Emmanuel Macron a déclaré hier
11:24 "oui" pour aider l'Ukraine dans un contexte de guerre,
11:27 donc importer en Europe des produits alimentaires agricoles ukrainiens,
11:32 non pour créer une situation de concurrence déloyale.
11:36 Bon, une fois qu'on a dit ça,
11:37 ça veut dire qu'on va arrêter d'importer des poulets ukrainiens ?
11:39 - Ça veut dire qu'on fixe des quotas et des limites à l'importation de produits.
11:42 Alors c'est là, dans les semaines qui viennent,
11:44 la Commission va déployer son plan.
11:47 - On a beaucoup parlé du poulet, il y a également le sucre.
11:49 - Poulet, sucre, œufs, et nous avons un sujet sur les céréales.
11:54 Les mesures de soutien à l'Ukraine,
11:56 il y a un paquet de mesures financières qui ont été annoncées hier
11:58 de 50 milliards d'euros si j'ai bonne mémoire,
11:59 qui va permettre de soutenir l'effort de guerre de l'Ukraine.
12:03 L'effort de guerre, ce que nous ont dit les agriculteurs depuis des semaines,
12:06 c'est de dire, et les agriculteurs français,
12:08 comme les agriculteurs polonais ou allemands,
12:10 ils nous ont dit "cet effort de guerre, on ne peut pas en prendre la charge seul".
12:13 Et donc on a besoin de faire en sorte qu'il y ait des limites
12:15 à la capacité d'exportation de l'Ukraine vers nos contrées de l'Union à 27.
12:20 Et deuxième élément, en particulier sur les céréales,
12:23 il faut que les céréales sortent d'Ukraine,
12:24 pas pour aller chez nous, mais pour aller ailleurs.
12:26 L'Ukraine, c'est une puissance exportatrice agricole.
12:28 Il faut qu'elle puisse continuer.
12:29 C'est bien le blocus qui a eu...
12:30 - Ce qui était prévu à la base.
12:31 Ça devait aller notamment vers l'Afrique,
12:33 et finalement ça va en Europe et en Banlieue.
12:35 - Oui, mais reconnaissons que les oeuvres, si je peux dire, de M. Poutine,
12:37 qui ont bloqué la mer Noire et qui ont bloqué les couloirs de solidarité,
12:40 tout ça avait été fait pour déréguler le marché.
12:42 D'abord pour mettre de la dérégulation du marché,
12:45 d'abord pour mettre de la désorganisation sur le marché intérieur,
12:47 et pour empêcher l'Ukraine d'aller sur les marchés extérieurs, hors Union européenne.
12:51 Donc on doit continuer à les aller.
12:52 - Donc ça partira, mais pas au moins vers l'Europe.
12:55 - Absolument.
12:57 Ça a trop désorganisé les marchés.
12:58 Et moi, j'ai eu plusieurs contacts avec mon homologue ukrainien.
13:01 Je lui écoute.
13:01 Nous ne pouvons pas rentrer dans une logique
13:03 qui soit une logique de désorganisation de nos marchés,
13:05 sinon les mesures que nous prenons pour l'Ukraine
13:08 vont se retourner contre l'Ukraine
13:09 parce que les gens diront, les agriculteurs entre autres,
13:11 diront qu'il y a quelque chose qui dysfonctionne.
13:12 - Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, CNews Europe 1,
13:15 la grande interview.
13:16 Emmanuel Macron a également parlé du MERCOSUR,
13:18 un traité de libre-échange entre l'Union européenne
13:21 et l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay.
13:23 Suspendu, parce qu'on n'a pas les mêmes règles
13:27 qu'en Europe, en Amérique du Sud.
13:28 Est-ce que vous nous dites ce matin
13:30 que le MERCOSUR est abandonné ?
13:33 Ou est-ce que vous nous dites que si on instaure des close-miroirs,
13:35 comme l'interdiction d'intégrer dans l'accord
13:39 des produits issus de la déforestation,
13:41 vous pourriez signer l'accord ?
13:43 Il est abandonné ou il est suspendu ?
13:45 - Je reprends les mots du président de la République.
13:48 Cet accord, en l'état, n'est pas acceptable.
13:50 Est-ce que cet accord va être acceptable ?
13:54 À date, j'ai l'impression que non.
13:56 Mais nous verrons dans les semaines et dans les mois qui viennent.
13:58 Et je répète ce que j'ai dit tout à l'heure.
14:00 50 % de nos céréales sortent de nos frontières.
14:02 50 % de notre lait sort de nos frontières.
14:05 Je ne parle même pas des vins espiritueux.
14:06 Et donc l'idée qu'il suffirait de dire
14:09 qu'il n'y a plus d'échange pour résoudre le sujet
14:11 de l'agriculture française, on a besoin d'échanges loyaux.
14:14 On a besoin d'échanges qui ne mettent pas en concurrence
14:16 les agriculteurs avec le reste du monde
14:18 et parfois même les agriculteurs avec le reste de l'Europe.
14:21 Et donc on a besoin, c'est la question de la simplification,
14:23 de la surtransposition française.
14:25 C'est ça dont on a besoin.
14:26 On n'a pas besoin de dire simplement
14:28 et de sauter, comme le disait le général de Gaulle,
14:30 comme un cabri en disant "pas d'échange, pas d'échange".
14:31 Il y aura besoin d'échanges, mais ils doivent être loyaux.
14:33 Et s'ils ne sont pas loyaux, il n'y a pas d'accord de libre-échange.
14:36 - Le Rassemblement national publie une nouvelle affiche
14:39 de campagne pour les Européennes. La France soutient la ruralité.
14:43 Vous avez beaucoup parlé de souveraineté
14:46 pendant votre prise de parole hier.
14:48 On le disait à l'instant.
14:49 C'est pour récupérer des voies du Rassemblement national ?
14:51 - Oui, oui. Non.
14:54 - Oui ou non ?
14:55 - Non, mais je répondais à votre question
14:57 que je croyais être.
14:58 Est-ce que le Rassemblement national
15:00 essaye de récupérer des voies ?
15:01 Oui, le Rassemblement national, en toute occasion,
15:03 il essaye de récupérer des voies.
15:04 Les voies à la ruraux, ils deviendront urbains,
15:06 puis ils deviendront agricoles.
15:08 Je n'ai pas trouvé beaucoup de propositions sur le terrain de ces gens-là.
15:10 Moi, je suis un élu d'un territoire rural.
15:12 J'y vis, dans une commune de 700 habitants.
15:14 Donc on ne va pas me raconter la littérature
15:15 et me faire la messe, pardon l'expression,
15:17 sur ce qu'est la ruralité, ce qu'est le monde agricole.
15:19 Alors que M. Bardella découvre le monde agricole,
15:21 que Mme Le Pen s'en fasse des gorges chaudes
15:23 pour récupérer des voies.
15:24 Moi, mon sujet, ce n'est pas de récupérer des voies.
15:25 Mon sujet, c'est de répondre aux questions
15:27 qui sont posées par la ruralité,
15:28 qui sont posées par l'agriculture,
15:30 mais pas dans une logique de repli sur soi
15:31 ou de haro sur toutes les politiques publiques.
15:33 Nous avons fait des choses depuis 7 ans.
15:36 Il faut aller plus loin.
15:37 Manifestement, on a des sujets de simplification
15:39 qui se sont sédimentés depuis des années.
15:41 Mais cette propension du Rassemblement national
15:43 à se saisir de toutes les craintes,
15:45 de toutes les colères, de toutes les désespérances
15:47 pour en faire un porte-drapeau,
15:49 demander aux Anglais et aux agriculteurs anglais
15:51 ce qu'ils pensent du Brexit,
15:52 demander ce que ça leur a apporté cette querelle faite à l'Europe.
15:55 Rien, ça leur a apporté du malheur, des baisses des aides
15:57 et une agriculture qui est beaucoup plus fragile.
15:59 Donc moi, je ne récupère pas la colère,
16:00 j'essaie d'y répondre.
16:01 C'est une grande différence entre le Rassemblement national et nous.
16:04 C'était la grande interview de Marc Fesneau,
16:06 ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire de la France.
16:09 Merci M. le ministre, vous partez dans les roues et dans le gars.
16:11 Absolument, dans les roues et dans le gars pour parler viticulture.
16:14 Merci d'être venu ce matin sur CNews Europe 1.
16:16 [Musique]
16:19 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]