Face à l'Info (Émission du 12/02/2024)

  • il y a 8 mois
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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Transcription
00:00 19h, c'est l'heure ! Ravi de vous retrouver ce soir pour Face à l'Info, la Minute Info avec Michael De Santos.
00:07 Le parquet de Dunkerque annonce la mort du quatrième randonneur fauché ce lundi par une voiture dans la commune de Stenbeck.
00:16 Le groupe était essentiellement composé de personnes âgées. En garde à vue, le conducteur a affirmé avoir perdu le contrôle de son véhicule après s'être endormi au volant.
00:25 Une version des faits remise en cause par certains habitants qui dénoncent des excès de vitesse récurrentes sur cette route.
00:30 Des milliers de logements vont-ils quitter le statut de passoire thermique ? C'est en tout cas le souhait de Bruno Le Maire.
00:36 Le ministre de l'Economie espère réformer le mode de calcul du DPE, diagnostic qui classe les logements en fonction de leur consommation d'énergie.
00:44 Environ 140 000 logements de moins de 40 mètres carrés, classe Aigé, interdits à la location en janvier prochain, pourraient revenir sur le marché.
00:51 Enfin, après l'opération terrestre et les bombardements qui ont permis la libération de deux otages, Benyamin Netanyahou n'écarte pas une offensive d'ampleur à Rafah.
01:00 Seule la poursuite de la pression militaire permettra de libérer tous les otages, a déclaré le Premier ministre israélien.
01:06 Selon l'ONU, 1,4 million de Palestiniens se sont réfugiés dans cette ville du sud de la bande de Gaza.
01:12 Et au sommaire ce soir, nous allons examiner la question du droit du sol et sa potentielle extension.
01:20 Alors qu'avant la révolution française, la notion de nationalité dépendait du bon vouloir du roi, elle est devenue un élément de la citoyenneté.
01:28 Mais comment le droit du sol a-t-il été sacralisé au point de devenir quasiment un principe religieux en démocratie ? L'édito de Mathieu Bocoté.
01:38 La France possède le deuxième domaine maritime le plus étendu au monde.
01:44 Nous nous interrogerons alors sur la route migratoire à travers ses départements d'outre-mer et plus particulièrement Mayotte, Zoom, sur cette route migratoire,
01:53 peu observée aujourd'hui mais largement empruntée par les migrants venus en provenance de l'Afrique continentale.
02:02 Le décryptage de Dimitri Pavanko. La France semble avoir beaucoup de mal à se défaire du principe du droit du sol.
02:11 Mais d'où vient-il ? Et est-il un principe bien ancré dans l'histoire de France ?
02:15 De Lady Royal au 14e siècle à la révolution française en passant par la création de l'état civil par François 1er ici à l'image.
02:23 Quelle est l'histoire du droit du sol en France ? Le regard de Marc Menon.
02:27 Mayotte crie à la submersion migratoire depuis 20 ans. Pourquoi ? On ne semble vouloir lui répondre concrètement que maintenant.
02:37 Mais surtout pourquoi à cette crise le gouvernement annonce-t-il la fin des visas territorialisés ?
02:43 En quoi cela aggrave-t-il le sujet d'attractivité ? L'analyse de Charlotte Dornelas.
02:49 Et puis alors que la République une est une et indivisible, peut-on réellement rompre avec le droit du sol ?
02:57 Alors que plusieurs forces politiques le proposent pour la France tout entière, à partir de quelles assises intellectuelles cette rupture est-elle possible ?
03:06 Les dittos de Mathieu Beaucoup.
03:09 Une heure avec nos mousquetaires pour décrypter le droit du sol ce soir. C'est parti.
03:14 (Générique)
03:26 Bonsoir à tous. On parlera dans un instant de la diaspora ivoirienne qui a fêté sur les Champs-Elysées et partout dans Paris la victoire de la Côte d'Ivoire contre le Nigeria en finale de la Coupe d'Afrique des Nations.
03:37 On en parlera dans un instant. On fera un tour de table. Comment allez-vous ce soir ?
03:40 On profite de votre soleil. Vous incarnez le soleil. Il y a eu Louis XIV, il y a maintenant Justin Trudeau.
03:47 Vous n'avez pas vu Mathieu Beaucoup ?
03:49 Il n'est pas dans les couleurs du soleil. Il est gant mais je m'excuse.
03:54 Ma belle Charlotte, comment elle va ? Elle brille par ses boucles d'oreilles. Merveilleux. Et par son intelligence, si en tout.
04:00 Dimitri ?
04:01 Moi, tout va bien.
04:02 Bon week-end. Bien passé ?
04:03 Absolument.
04:04 D'abord, regardez ce sondage. 73% des Français approuvent la suppression du droit du sol pour le département de Mayotte selon un sondage CSA pour CNews.
04:15 65% des Français sont favorables à la suppression du droit du sol sur l'ensemble du territoire français. En quoi cela vous étonne ou pas, Mathieu Beaucoup ?
04:25 Pas du tout. Encore une autre tradition républicaine absolument essentielle qui est désavouée par la majorité des Français.
04:31 Comme le droit d'asile, comme tout ce qui est présenté comme des éléments essentiels à l'identité de la France version républicaine, la grande majorité des Français n'en veut pas.
04:39 On pourrait finir par en tirer une ou deux réflexions, une ou deux conséquences.
04:42 On va analyser tout ça puisqu'on voit que Mayotte crie, hurle de douleur et on va essayer de comprendre ce qui se passe concrètement, politiquement.
04:51 La remise en question du droit du sol à Mayotte, Mathieu Beaucoup était accueillie à la manière d'une véritable bombe politique.
04:58 Ainsi, il est possible en France aujourd'hui de remettre en question ce principe.
05:03 Certains s'en réjouissent, on le verra. D'autres s'en désolent et crient au scandale.
05:07 Plusieurs se demandent toutefois pourquoi la suspension du droit du sol est possible à Mayotte mais pas en métropole.
05:14 Et c'est à la lumière de ces questions que vous allez chercher à voir comment le droit du sol est devenu un principe quasiment religieux dans nos sociétés en France.
05:23 Le point de départ, et je laisse évidemment à Marc la partie historique, mais je me permets une petite mention.
05:28 On oublie que cette grande tradition républicaine qu'est le droit du sol nous vient de l'Ancien Régime.
05:33 Il ne faut juste pas l'oublier.
05:35 Ça vient de l'Ancien Régime et c'était mis en place essentiellement pour favoriser une plus grande conscription, participation militaire,
05:41 pour avoir plus de gens qui étaient prêts à servir le roi.
05:44 Ce n'est pas un héritage humaniste issu de l'Ancien Régime, c'est un héritage militaire et stratégique
05:50 favorisant la conscription de la population au service de l'armée qui vient de l'Ancien Régime.
05:56 Donc il faut toujours raconter l'origine des principes pour voir de quelle manière nous les abordons aujourd'hui.
06:01 Je mentionne ça simplement pour rappeler que le droit du sol en tant que tel n'appartient pas à la généalogie de la nation moderne et démocratique telle qu'on l'entend.
06:10 Par ailleurs, il y a une chose qu'on doit rappeler en toutes circonstances, c'est que le degré d'homogénéité ou à tout de moins de cohésion sociale
06:17 ou de cohésion culturelle qui est exigé en démocratie avec la nation n'est pas le même que celui qui est exigé par un régime monarchique,
06:24 un régime on pourrait dire traditionnel. En monarchie, globalement, la souveraineté est fixée en la personne du roi et dans la dynastie qu'il incarne.
06:31 Et dès lors que la souveraineté est fixée de manière verticale sur le roi, vous pouvez avoir une population beaucoup plus plurielle,
06:38 une population beaucoup plus diversifiée. Et on l'a vu à travers l'histoire d'ailleurs, les régimes très diversifiés sont des régimes
06:44 normalement soit autoritaires, soit impériaux, soit monarchiques. La démocratie fonctionne sur un autre registre.
06:50 On fait descendre la souveraineté dans le peuple et qu'est-ce qu'on découvre alors? C'est que le peuple a besoin de cohérence culturelle.
06:57 Le peuple, pour s'apercevoir, le peuple pour se considérer lui-même comme un peuple et non pas simplement comme une myriade de tribus,
07:05 il doit avoir une langue commune, il doit avoir des moeurs partagées, il doit avoir une identité partagée, il doit avoir autrement dit une culture.
07:12 Alors ça, on pourrait dire, même les sociétés plurielles qu'on a connues, les sociétés qui sont multiculturelles au sens large,
07:20 dans les sociétés occidentales, ont reconnu ce lien fondamental entre la culture et le politique, le fait que la démocratie s'ancre dans une identité.
07:28 Qu'est-ce que j'entends par là? Regardez les régimes fédéraux. Si vous pensez au Royaume-Uni, au fédéraux au sens très large,
07:33 Royaume-Uni, l'Espagne, le Canada, la Belgique, quand vous avez des pays avec plusieurs peuples et plusieurs nations,
07:40 qu'est-ce que vous avez? Une subdivision du territoire pour donner à chaque peuple un corps politique des frontières où il est en majorité chez lui.
07:49 Donc le lien entre culture, identité et droit et politique, c'est un lien qui est partout reconnu.
07:55 Les États multiculturels qui se fédéralisent reconnaissent implicitement que vous pouvez pas rassembler des gens,
08:01 une forme de société absolument bigarrée, une société absolument diversifiée sous une seule communauté politique.
08:06 Ça ne fonctionne pas. Je tenais à le dire pour commencer, pour rappeler le lien culture et politique, il est essentiel.
08:11 - C'est capital à comprendre. - Pour la suite du raisonnement.
08:14 Alors les temps présents ont tendance, hélas, à oublier cela. Pourquoi?
08:19 C'est globalement l'héritage, évidemment, de la Deuxième Guerre mondiale, où on se dit le principe d'identité a amené à la volonté,
08:25 une volonté d'extermination dans le nazisme, on le sait. Et on a retenu une étrange leçon, parce qu'on oublie aussi que ceux qui ont combattu les nazis,
08:32 qui ont combattu les totalitarismes, étaient très souvent des patriotes enracinés, tenant absolument à leur pays.
08:38 Mais qu'est-ce qu'on a retenu comme principe? On se dit finalement la démocratie consiste à détacher le plus possible la nationalité de l'identité.
08:48 Il faut créer une nationalité strictement juridique, strictement administrative.
08:54 Et il faut la délier, la dissocier, la détacher de l'identité d'un peuple historique, de l'identité d'un peuple en particulier.
09:03 On s'est dit d'ailleurs que toute forme de nation, au sens culturel, au sens enraciné, au sens identitaire, c'est une nation ethnique.
09:10 Et dès lors qu'on dit nation ethnique, la prochaine étape c'est de dire racisme et communauté raciale, et ainsi de suite.
09:15 Donc on nous a proposé une forme de lecture un peu étrange. D'un côté, la nation ethnique, qui fonctionnerait avec le droit du sang,
09:23 les termes sont là pour être terrorisés. Et de l'autre côté, la nation civique, la République, R majuscule, qui fonctionnerait avec le droit du sol.
09:31 Donc là c'est la distinction qui nous est faite, parce que je le redis, derrière chaque conception du droit du sol ou du sang, il y a une conception de la nation.
09:39 Il y a une conception de la nation, donc ce ne sont pas des conceptions qui sont flottantes, désincarnées.
09:43 Alors qu'est-ce qu'on voit dans les temps présents, on pourrait dire depuis 1945?
09:47 On s'est convaincus d'une chose, il faut à tout prix affranchir la nationalité de tout contenu culturel, de tout contenu identitaire, de tout contenu national au sens propre.
09:58 Qu'est-ce que ça veut dire sur le plan de la nationalité, du droit du sol?
10:02 Eh bien, il ne s'agit plus pour un pays d'attribuer, sauf pour ses natifs évidemment, la nationalité à ceux qui demanderaient l'adhésion à ce pays.
10:10 C'est-à-dire, bon j'habite en ce pays, après un certain temps donné, 5 ans, 6 ans, 10 ans, 15 ans, et je veux moi aussi devenir de ce pays, et j'ai fait les efforts de ressemblance culturelle.
10:19 J'insiste dans l'assimilation, c'est devenir le pays qui nous accueille, c'est s'intégrer si profondément qu'on ne fait qu'un avec le pays d'accueil, c'est apprendre à dire nous avec le pays qui nous accueille.
10:29 Eh bien, ça c'est une conception forte de la nationalité, on ne fonctionne plus comme ça.
10:34 On s'est dit, il faut une conception nouvelle de la nationalité et du droit, et dès lors, il suffit de naître sur un territoire, il suffit d'y naître pour avoir la nationalité.
10:44 Donc, c'est le privilège en fait de naître quelque part, et nul besoin ensuite de faire quelques efforts particuliers pour s'assimiler, pour s'intégrer, pour envoyer le signal qu'on veut rejoindre ce pays, il suffit d'y naître pour avoir la nationalité.
10:57 Alors, quand vous êtes dans des petites proportions d'immigration, c'est peut-être pas très grave, c'est-à-dire que vous avez une forme d'effet démographique de masse qui fait que vous avez un étranger qui naît chez vous,
11:04 mais l'effet, la pression démographique et sociologique et culturelle fait que bon, il devient un Français, il devient toute la liste des pays qui existe sur Terre.
11:11 Mais quand vous êtes dans un contexte d'immigration massive, comme c'est le cas aujourd'hui, eh bien, qu'est-ce qui se passe?
11:16 Le droit du sol favorise une dissociation radicalisée entre d'un côté l'identité historique du pays et de l'autre côté la nationalité au sens juridique qu'il est possible d'acquérir,
11:28 donc simplement en innocent, sans faire le début d'un quart de huitième d'effort pour s'acculturer.
11:33 Qu'est-ce que ça veut dire? En fait, c'est un principe qui sert à fabriquer de manière industrielle des Français de papier.
11:40 Là, j'entends de la formule « Oh, Français de papier, formule d'extrême droite ». Non, non, pas du tout.
11:45 C'est pour peu qu'on ait le souci du sens des mots. Il y a des Français de culture, des Français de culture au sens qui participent à la continuité historique du peuple français.
11:52 Et on a aujourd'hui des gens qui naissent tout simplement ici, sous la pression migratoire massive, qui naissent ici,
11:57 et quand en plus suffisamment des gens de leur communauté d'origine sont installés ici,
12:02 eh bien, ça fait en sorte qu'ils n'ont même pas à s'intégrer à la France, au final, pour y vivre.
12:06 Ils n'ont qu'à s'intégrer à leur communauté d'origine installée ici. Nul besoin, finalement, de faire le pas nécessaire à l'intégration.
12:13 En plus, il ne faut pas l'oublier, ça peut devenir une stratégie.
12:15 Là, je parle de l'effet démographique massif, mais ça peut aussi être des gens qui décident d'aller s'installer dans un pays
12:21 et on y fait un bébé le plus rapidement possible et dès lors, on devient inexpulsable.
12:25 Là, j'entends la réaction des droits de l'homisme. « Mais comment pouvez-vous prêter de telles motifs, de telles motivations à des gens? »
12:30 Mais parce que l'être humain est ce qu'il est.
12:32 C'est-à-dire que l'être humain comprend, si je veux m'installer dans un pays occidental, lequel risque de moins,
12:37 et je veux y entrer sans faire les efforts nécessaires pour y entrer selon le droit,
12:40 eh bien, où puis-je entrer avec ça? Le moins d'efforts, le maximum de protection sociale, le moins de chances de me faire expulser.
12:47 Eh bien, là, on voit que le régime du droit du sol en France relève de ses matières à un côté quelque peu suicidaire.
12:52 Donc, au final, on peut dire que le droit du sol, aujourd'hui, tel qu'il se présente à nous,
12:56 s'est un peu retourné contre l'esprit national en tant que tel, contre l'idée même d'une nation.
13:01 Il produit le fantasme d'une république universelle, qui a peu à voir finalement avec la République française.
13:08 « Peut-on, dans un pays qui n'applique pas le droit du sol, obtenir la nationalité autrement que par la naissance? »
13:13 Mais bien évidemment, et c'est là qu'il ne faut pas se laisser bluffer par droit du sol, droit du sang.
13:17 Le mot droit du sang, on dirait des...
13:19 Des vampires.
13:20 Oui, pire qu'on peut dire des Allemands cruels des années 30.
13:24 L'expression, c'est faux.
13:25 Alors, ce n'est pas exactement des Allemands cruels des années 30.
13:27 La notion, je précise, c'est qu'évidemment qu'on peut rejoindre une nation qui fonctionne sous le droit du sang.
13:32 C'est simplement qu'il ne suffit pas d'y naître pour accéder à la nationalité.
13:37 Donc, globalement, vous pouvez venir de l'étranger, évidemment, et demander la nationalité.
13:42 C'est plus compliqué, évidemment.
13:43 Donc, par exemple, il y a une condition de durée sur le territoire.
13:46 Est-ce que vous y êtes depuis 5 ans? Est-ce que vous y êtes depuis 10 ans?
13:48 Donc, il faut rester sur le territoire suffisamment longtemps pour témoigner d'une appartenance réelle.
13:52 Il y a la durée des parents sur le territoire aussi.
13:55 Ça peut compter, ce n'est pas un détail.
13:57 Il y a la maîtrise de la langue, il y a la maîtrise de la culture, il y a l'identification au mœurs du pays.
14:02 Donc, vous pouvez adhérer à un pays.
14:05 Donc, ce n'est pas une nation généalogique, ethnique, raciale, pas du tout.
14:09 C'est simplement qu'il faut manifester un désir d'appartenir à ce pays.
14:14 Philippe de Villiers parle souvent des Français de désir.
14:16 Mais on pourrait dire qu'en finir avec le droit du sol, créerait les conditions de Français de désir.
14:22 Pourquoi?
14:23 Parce que les Français qui sont nés, qui naîtraient alors en France,
14:26 sans acquérir automatiquement la nationalité, quand on sait les circonstances de leur arrivée,
14:31 ils devraient faire un effort pour envoyer le signal qu'ils veulent devenir pleinement Français.
14:37 La question, c'est devenir pleinement Français.
14:39 Ça implique de définir ce qu'on entend par Français.
14:41 Je reviendrai en deuxième édito.
14:42 Mais ça nous amène à une définition de la nation plus dense, plus concrète, plus enracinée.
14:47 Autrement dit, ça remet un peu d'identité dans la nationalité.
14:51 Le titre de séjour limité à Mayotte a été révoqué,
14:54 ce qui permettra la création d'une nouvelle filière migratoire vers la métropole.
14:58 Est-ce que ce n'est pas finalement l'annonce la plus importante?
15:01 On parlera aussi de cela avec Charlotte dans un instant.
15:04 Je crois qu'effectivement, en ce moment, à la fois, on est passionné par le débat.
15:08 C'est-à-dire que pour la première fois, on peut remettre en question le principe du droit du sol.
15:11 Et effectivement, on a raison d'en parler.
15:13 Mais la vraie nouvelle, la vraie info des derniers jours,
15:16 c'est qu'on crée dans les faits, avec l'abolition du titre de séjour temporaire,
15:19 on crée les conditions de nouveau Lampedusa.
15:21 Mais le nouveau Lampedusa s'appellera Mayotte dans les circonstances.
15:24 On crée les conditions d'un transvasement massif de migrants vers la France,
15:28 en s'expliquant que finalement, ce n'est pas si grave à la grandeur du territoire français,
15:31 alors qu'à Mayotte, ils sont en situation de subversion démographique.
15:34 Concrètement, et là, je veux parler en termes quasi géopolitiques,
15:37 mais renonçant à ce titre provisoire dans les circonstances,
15:40 et faisant en sorte qu'on passe plus rapidement de Mayotte à la métropole,
15:44 sans les complications administratives qu'il y avait,
15:47 c'est que la France renonce à ses avant-postes.
15:49 La France ramène la frontière toujours plus près d'elle,
15:52 sans être capable de la défendre de quelque manière que ce soit.
15:55 De ce point de vue, l'abolition de ce titre de séjour va favoriser
16:00 une filière d'immigration essentiellement africaine,
16:03 qui va rajouter à la pression migratoire en France.
16:06 Et au final, je pense que le débat sur le droit du sol,
16:09 que nous avons, que nous aurons et qui est essentiel,
16:11 ne doit pas nous faire oublier le fait que l'autre grand débat dans les circonstances,
16:14 c'est l'abolition de ce titre de séjour, dont les effets seront, on pourrait dire, presque immédiats.
16:19 Alors que le débat sur le droit du sol va durer des années, des années, des années,
16:22 puis finalement le Conseil constitutionnel va dire qu'on n'a pas le droit,
16:25 puis les gardiens de la morale républicaine vont dire qu'on n'a pas le droit.
16:28 Donc on va voir ce débat-là. Il risque de ne pas aboutir,
16:31 ou peut-être aboutira-t-il, mais ça implique un autre débat.
16:33 - Restons très attentifs, puisque, si je ne me trompe,
16:36 on est encore au stade des annonces.
16:38 - Oui, ah ben oui.
16:40 - Alors, juste un pas, un lien par rapport à ce que vous venez de dire.
16:44 On parlait avec Dimitri, ce que révèle la crise à Mayotte,
16:47 c'est l'existence d'une route migratoire.
16:49 Dimitri, jusque-là, a peu mise en lumière, en plus, des clandestins provenant des comores voisines,
16:54 l'archipel maorais, doit faire face à des flux croissants,
16:58 et on va le voir avec la carte qu'on a montrée en titre tout à l'heure,
17:00 c'est flagrant, des flux croissants de migrants en provenance d'Afrique continentale,
17:04 notamment la région des Grands Lacs.
17:06 C'est marrant, parce que, pourquoi est-ce que personne n'en parle de ça, Dimitri ?
17:08 Dites-nous tout.
17:09 - Pourquoi ? Parce qu'en volume, comme le disait Mathieu, en fait, c'est pas considérable.
17:13 C'est-à-dire que, par exemple, vous prenez l'année dernière, du 1er janvier au 1er décembre 2023,
17:18 vous avez eu à Mayotte 3 000 demandes d'asile.
17:21 3 000, vous voyez, donc ça paraît microscopique.
17:24 Sauf que sur ces 3 000, vous en avez 1 500 qui émanaient, en fait, de ressortissants de pays
17:28 de l'Afrique de l'Est ou de l'Afrique des Grands Lacs.
17:30 C'est-à-dire, une demande d'asile sur deux, à Mayotte,
17:33 venait de l'un de ces pays, et pas des comores.
17:36 Pas exclusivement des comores, comme on a tendance à le dire.
17:39 Et pourquoi on en parle ? Parce que 50% des demandes d'asile
17:43 de personnes qui venaient d'Afrique de l'Est l'an dernier, c'était 25% en 2022.
17:48 Vous voyez, la part, la proportion augmente extrêmement fortement.
17:52 Ceci dit, c'est pas une route migratoire qui est nouvelle.
17:55 Vous savez, quand les journalistes découvrent un phénomène,
17:57 ils ont tendance à croire que soit on le leur cachait, soit en fait, ça vient de net.
18:00 Non, c'est pas vrai.
18:01 En fait, cette route migratoire d'Afrique de l'Est, elle est identifiée,
18:05 elle est observée en substance depuis la poussée migratoire de 2015-2016.
18:10 Nous, on a vu le phénomène méditerranéen à cette époque-là.
18:13 À Mayotte, ils ont vu le phénomène est-africain.
18:16 Alors, cette Afrique de l'Est, d'ailleurs, en France, on la connaît pas très bien,
18:19 pour plusieurs raisons, parce que d'abord, à l'époque coloniale,
18:22 ce sont des territoires qui sont occupés par les Britanniques,
18:26 par les Allemands, par les Italiens, par les Belges,
18:28 et la France, finalement, n'a pas une grande histoire est-africaine.
18:32 Mayotte devient française un petit peu par hasard, si vous voulez.
18:34 C'est le sultan local qui vend ça à un capitaine, à un officier de marine en 1841,
18:40 parce qu'à l'époque, il est complètement débordé par les querelles
18:43 qu'il oppose aux différents sultans voisins,
18:45 et il sollicite la protection de la France.
18:47 Voilà comment Mayotte devient française, de manière un petit peu...
18:51 - Hazardeuse, quoi.
18:52 - Oui, enfin, voilà, disons que ça se fait de manière...
18:55 - Opportuniste.
18:56 - Opportuniste, exactement.
18:57 Et Paris va pas tellement s'intéresser à cette espèce d'avant-poste
19:00 au large d'une Afrique de l'Est qu'elle connaît mal.
19:02 Bah, nous, l'aventure africaine pour la France, c'est fin du 19e siècle,
19:06 c'est plutôt l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique du Nord,
19:08 l'Afrique du Nord assez tôt, dès 1830.
19:11 Et alors l'Afrique de l'Est, aujourd'hui, au 21e siècle,
19:16 c'est une région qui est extrêmement peuplée.
19:18 Si vous prenez de la corne de l'Afrique du Nord,
19:21 vous êtes au niveau du fameux détroit de Bab-el-Mandeb,
19:24 dont on a beaucoup parlé ces derniers temps,
19:25 jusqu'à la région des Grands Lacs.
19:27 La région des Grands Lacs, là, on la voit pas tout à fait sur la carte,
19:30 mais ce sont tous ces pays, voilà, vous le voyez,
19:33 il y a le Rwanda, il y a le Burundi, et vous avez ce géant,
19:37 juste à côté, RDC, République Démocratique du Congo.
19:40 Donc on parle d'une région qui est extrêmement peuplée,
19:43 vous avez un demi-milliard d'habitants qui habitent la région,
19:45 plus de 500 millions d'habitants,
19:47 et c'est aussi une région qui est très instable.
19:49 C'est une région de guerre, de guerre civile, de persécution religieuse.
19:52 Vous avez cinq grands foyers de crise dans la région.
19:54 Vous avez le Burundi, vous avez la RDC, vous avez l'Éthiopie,
19:58 vous avez la Somalie, vous avez le Sud-Soudan,
20:01 que des pays dont nous avons parlé, d'ailleurs, individuellement,
20:04 ces dernières années, et identifiés comme des zones de crise.
20:08 Et tous ces pays-là sont dans le top 10 des pays
20:10 qui comptent le plus grand nombre de réfugiés,
20:12 de demandeurs d'asile, de déplacés, etc.
20:15 Et en fait, on parle quand même de 10 millions de personnes,
20:18 aujourd'hui, dans cette région-là,
20:20 qui empruntent quatre grandes routes migratoires.
20:23 Alors vous en avez une qui va vers la péninsule arabique.
20:26 Il y a une grande tradition, un grand lien, si vous voulez,
20:29 entre cette façade d'Afrique de l'Est avec le Moyen-Orient,
20:31 il y a eu l'esclavage, mais aussi l'Asie, l'Inde, etc.,
20:34 avec beaucoup d'échanges commerciaux.
20:36 Donc cette route de péninsule arabique,
20:38 vous avez une seconde route qui part vers le Sud,
20:40 vers l'Afrique du Sud.
20:42 Vous avez la route du Nord.
20:43 Alors ça, c'est la route de l'Europe.
20:44 C'est la route qui passe par le désert libyen et la Méditerranée,
20:47 mais qui est une route qui est extrêmement dangereuse,
20:49 d'où le développement de cette route de maillot
20:52 depuis une dizaine d'années.
20:54 Eric Tegner, vous savez, le journaliste de Livre Noir,
20:56 qui est à ce moment à Mayotte,
20:57 il a recueilli plusieurs témoignages qui attestent
20:59 que les passeurs font circuler le message aujourd'hui,
21:02 que ce soit en RDC, que ce soit en Somalie,
21:05 que passer par Mayotte, aujourd'hui, c'est s'éviter beaucoup de risques.
21:09 Alors cette route de Mayotte, Dimitri, comment s'organise-t-elle ?
21:13 Alors je vais prendre l'exemple d'un réseau qui a été démantelé en 2019
21:16 et qui avait été repéré à l'époque par une structure
21:18 qui est assez unique en France, qui est basée à Mayotte,
21:20 qui s'appelle le GELIC.
21:21 Donc c'est le groupe d'enquête sur la lutte contre la migration clandestine.
21:25 Donc ce groupe s'occupe de tout ce qui est filière non-comorienne.
21:28 On l'a dit, il y a une particularité,
21:30 on a parlé dix fois ici de la relation avec les Comores.
21:33 Voilà, le GELIC s'occupe de tout le reste.
21:35 Et le point de départ de cette fameuse route qui est démantelée,
21:37 donc c'est Kinshasa en RDC.
21:39 Alors comment ça se passe ?
21:40 Les migrants partent de Kinshasa, ils prennent l'avion,
21:43 ils vont jusqu'en Tanzanie ou au Kenya,
21:46 puis ensuite en rebond, toujours par avion,
21:49 à Madagascar ou en Grande Comore.
21:51 Et ça tout à fait légalement, avec un simple visa de tourisme.
21:55 L'avion, ça coûte cher quand même, c'est intéressant.
21:57 Ça coûte cher, oui.
21:58 Là, le package, si vous voulez, le package de départ de Kinshasa
22:01 jusqu'à Mayotte, c'est 3-4 000 euros.
22:03 Donc c'est plutôt considérable quand vous habitez en RDC,
22:07 qui est un des pays les plus pauvres du monde.
22:09 Et donc depuis Madagascar ou Grande Comore,
22:13 là, vous prenez les fameux kwasa-kwasa,
22:15 donc ces bateaux de pêche à fond plat,
22:17 et direction Mayotte, on entre clandestinement.
22:20 Et alors, à l'époque, le réseau démantelé,
22:22 lui procurait de faux papiers d'identité
22:25 qui permettait de rallier la métropole
22:27 depuis l'aéroport de Djaoudi, et vous êtes en France.
22:31 Alors là, si je puis dire, c'est un peu la voie royale clandestine.
22:34 La voie clandestine royale, d'une certaine manière,
22:36 parce que vous avez un package de A à Z,
22:38 et finalement, vous ne souffrez pas beaucoup,
22:40 vous avez juste la traversée en mer qui est relativement périlleuse,
22:43 mais ça se fait relativement bien.
22:45 La plupart des migrants d'Afrique de l'Est,
22:47 eux, qui débarquent à Mayotte,
22:49 ils viennent demander l'asile.
22:51 Ils viennent demander l'asile.
22:53 Et alors, vu les pays d'origine,
22:55 qui sont des pays en guerre, des pays de guerre civile,
22:57 qu'est-ce qui se passe ? C'est que le taux de protection,
22:59 le nombre d'asile, le nombre de chances d'avoir,
23:01 d'obtenir l'asile, il est relativement élevé.
23:03 Près de 50% des demandeurs d'asile
23:05 obtiennent l'asile sur ce territoire français
23:08 qu'est Mayotte, et presque tous ceux qui sont régularisés,
23:11 qu'est-ce qu'ils font ? Ils vont en métropole.
23:13 Ils se rendent ensuite en métropole.
23:15 Donc, vous voyez, c'est ce que disait Mathieu,
23:17 c'est que Mayotte, quand ça fonctionne,
23:19 c'est l'Ampédouza. C'est comme El Hierro au Canary.
23:21 Vous voyez, c'est un territoire, c'est une plateforme
23:23 de rebond vers l'Europe, comme ça,
23:25 qui est postée au large de l'Afrique,
23:27 en l'occurrence Afrique de l'Est,
23:29 et vous êtes rarement reconduit
23:31 si vous êtes dans une situation de...
23:33 si vous êtes débouté, vu le pays d'origine,
23:35 on ne va pas vous renvoyer en RDC
23:37 ou vous risquer votre vie ou ce genre de choses.
23:39 En tout cas, on a envie de se poser tellement de questions.
23:41 Personnellement, quand on est de l'outre-mer
23:43 et quand on sait à quel point
23:45 la France, comme je le disais en titre
23:47 deuxième étendue au monde
23:49 en termes... avec ses territoires
23:51 ultramarins, une question,
23:53 qu'est-ce qu'on fait au niveau de l'outre-mer ?
23:55 C'est petites entrées minuscules
23:57 et après on va se demander, mais pourquoi tout l'outre-mer
23:59 vote Marine Le Pen ? Exemple, pourquoi
24:01 à Mayotte, ils ont voté Marine Le Pen ? Exemple, pourquoi
24:03 en Guadeloupe, ils ont voté Marine Le Pen ?
24:05 Trop de questions. Allez, on marque une pause, on se revoit tout de suite.
24:07 (rires)
24:09 Oui, retour sur le plateau de Face à l'Info.
24:13 Dans un instant, l'histoire du droit du sol avec Marc Menand.
24:15 Dans un instant, avec vous,
24:17 peut-on rompre vraiment avec le droit du sol ?
24:19 Mathieu Bocoté, Charlotte Dornelas,
24:21 on va s'arrêter avec vous aussi
24:23 sur cette... c'est assez
24:25 visin, territorialisé.
24:27 Mayotte qui crie depuis 20 ans,
24:29 pourquoi c'est que maintenant qu'on se réveille,
24:31 beaucoup de questions à se poser ce soir ?
24:33 Et puis, je reviens avec vous, Dimitri,
24:35 puisque vous étiez en train de nous expliquer,
24:37 Mayotte est en train de devenir,
24:39 ou va devenir, ou l'est déjà,
24:41 une sorte de Lampedusa.
24:43 Absolument, oui, ça l'est de fait.
24:45 Et parce qu'en réalité,
24:47 quand vous venez d'un pays d'Afrique de l'Est
24:49 où sévit la guerre,
24:51 où sévit la guerre civile, où vous êtes persécuté
24:53 pour raisons religieuses, etc.
24:55 Vous savez très bien que si vous vous présentez
24:57 sur un territoire français comme l'est Mayotte,
24:59 vous plaidez votre cause, l'asile, vous l'obtenez tout de suite.
25:01 Vous êtes réfugié politique.
25:03 C'est ça la réalité. Et si vous êtes
25:05 débouté droit d'asile pour X raisons,
25:07 par exemple vous n'avez pas vos papiers, vous les avez perdus en mer,
25:09 ça arrive très souvent,
25:11 vous êtes dans une espèce de cul-de-sac administratif.
25:13 Vous ne pouvez pas prétendre,
25:15 vous n'obtiendrez pas les papiers,
25:17 mais on ne vous expulsera pas.
25:19 Et quand je parle de cul-de-sac,
25:21 c'est que Mayotte, la particularité,
25:23 c'est que c'est pas tout à fait comme si vous étiez dans l'Hexagone,
25:25 comme si vous étiez en métropole.
25:27 Alors je sais qu'en outre-mer, on n'aime pas trop ce mot de métropole,
25:29 ça rappelle mauvais souvenirs,
25:31 mais à Mayotte, vous avez effectivement des différences.
25:33 C'est-à-dire que vous n'avez pas d'aide d'attente.
25:35 Quand vous êtes en France, que vous êtes éligible
25:37 au droit d'asile, on vous donne de l'argent.
25:39 Vous n'avez pas l'AIME, l'Aide Médicale d'État,
25:41 quand vous êtes à Mayotte.
25:43 Vous avez quelques associations qui vont distribuer des coupons
25:45 alimentaires, quelques places d'hébergement,
25:47 mais la plupart des demandeurs d'asile
25:49 ou des clandestins dorment
25:51 dans la rue. Vous arrivez avec vos
25:53 enfants en France, vos enfants,
25:55 vous êtes demandeur d'asile, ils sont automatiquement scolarisés.
25:57 À Mayotte, c'est impossible. Pourquoi ?
25:59 Parce que même les petits maorais n'ont pas tous
26:01 une place à l'école. Vous comprenez
26:03 d'autant plus pourquoi cette présence
26:05 massive d'immigrés
26:07 et de clandestins, elle est jugée insupportable
26:09 par la majorité des maorais.
26:11 Que font les pouvoirs publics pour freiner
26:13 cette immigration illégale en provenance d'Afrique ?
26:15 Qu'est-ce qu'ils font ? J'ai envie de dire que les pouvoirs publics font ce qu'ils peuvent.
26:17 Le plus efficace, c'est de travailler
26:19 avec les pays de transit. Je vous ai
26:21 expliqué le parcours typique.
26:23 Vous partez, vous allez en Tanzanie,
26:25 vous allez au Kenya, vous allez ensuite
26:27 au Comores ou vous allez à Madagascar.
26:29 La France demande
26:31 à tous ces pays-là d'intercepter
26:33 les migrants à l'aéroport avant
26:35 qu'ils ne prennent la mer. Mais voyez la difficulté.
26:37 C'est que ces gens-là, tant qu'ils
26:39 ne posent pas le pied à Mayotte,
26:41 ce sont des touristes. Ils sont légaux.
26:43 C'est quand même compliqué. On s'affranchit
26:45 légèrement du droit avec
26:47 lequel on est intransigeant quand on est sur le sol français.
26:49 Une fois que ces gens sont
26:51 arrivés à Mayotte, notre droit
26:53 d'asile, comme je vous l'ai expliqué,
26:55 les rend pratiquement inexpulsables.
26:57 Et ça ne peut que s'aggraver.
26:59 Par exemple, la Tanzanie,
27:01 c'est un peu plus au nord,
27:03 sur le littoral est-africain,
27:05 il y a 250 000 réfugiés
27:07 du Burundi, du Rwanda,
27:09 du Congo qui sont
27:11 stationnés là-bas. La Tanzanie veut
27:13 tous les expulser. 250 000.
27:15 Et les Tanzaniens,
27:17 je t'en veux le dire, ne vont pas tellement s'embarrasser
27:19 de leur sort à tous ces gens-là.
27:21 Combien parmi eux vont tenter Mayotte
27:23 pour viser la France ?
27:25 On n'a pas la réponse, mais sans doute qu'ils sont
27:27 beaucoup plus nombreux l'an prochain qu'ils ne l'étaient cette année,
27:29 alors qu'ils sont déjà cette année
27:31 beaucoup plus nombreux que l'année précédente.
27:33 - Merci beaucoup Dimitri
27:35 pour ce zoom sur cette route
27:37 migratoire qu'on ne veut pas trop
27:39 voir.
27:41 Maintenant...
27:43 - C'est moi.
27:45 - J'ai tellement de questions à poser, je ne sais pas si je les pose maintenant
27:47 ou après, j'en sais rien.
27:49 Charlotte, je vous pose la question
27:51 juste comme ça. Non, parce qu'il y a beaucoup de questions à se poser.
27:53 Parce que, selon vous,
27:55 on n'est que dans les annonces
27:57 où il faut vraiment se poser
27:59 la question du droit du sol.
28:01 Pourquoi je pose la question ?
28:03 Je vois, par exemple, Gérald Darmanin, en août 2022,
28:05 il avait déjà parlé de cette question de réforme du droit du sol.
28:07 Il avait déjà parlé de cette question
28:09 de difficulté
28:11 de la réforme constitutionnelle,
28:13 de changer la constitution.
28:15 Pourquoi est-ce que là, subitement, ça fait un boom ?
28:17 Est-ce que c'est un boom superficiel ?
28:19 Ou bien est-ce que c'est une sorte de polémique
28:21 une de plus ?
28:23 Ou bien un vrai sujet de fond, aujourd'hui ?
28:25 - C'est-à-dire que la question du droit du sol à Mayotte,
28:27 c'est une question qui est récurrente.
28:29 Elle se pose souvent.
28:31 Moi, la seule chose, c'est même pas la parole de Gérald Darmanin,
28:33 c'est que la réforme constitutionnelle dépend d'Emmanuel Macron.
28:35 C'est le seul point commun
28:37 entre les différents gouvernements successifs.
28:39 Or, il faut noter une chose, c'est qu'en 2018,
28:41 quand un sénateur maorais
28:43 réussit au forceps à faire voter un amendement
28:45 qui restreint un tout petit peu le droit du sol à Mayotte,
28:47 c'est contre l'avis du gouvernement.
28:49 Et pourtant, il est issu de la majorité, ce sénateur.
28:51 Le gouvernement s'y oppose,
28:53 c'est adopté avec d'autres voix
28:55 que celle du gouvernement tout entier,
28:57 en tout cas que ce vote-là.
28:59 Et donc, si vous voulez,
29:01 d'une année à l'autre, en 2018,
29:03 la situation était déjà dramatique,
29:05 elle était déjà dénoncée par les Maorais
29:07 et par leurs représentants politiques,
29:09 quelles que soient par ailleurs leurs étiquettes.
29:11 C'est important aussi de le dire.
29:13 Les députés maorais, les deux, là, aujourd'hui,
29:15 qui ont des étiquettes LR-Elliot,
29:17 ont été dénoncés depuis des années, cette situation.
29:19 Donc là, devant la révolte populaire maoraise,
29:21 il y a évidemment une annonce radicale
29:23 qui est...
29:25 Moi, j'entends partout que l'annonce est radicale,
29:27 évidemment, Gérald Darmanin a utilisé lui-même le mot.
29:29 - Vous allez en parler tout à l'heure.
29:31 - Oui, c'est moins radical, quoi qu'il arrive,
29:33 que la situation qui apparaît aux yeux de tout le monde à Mayotte.
29:35 Donc, les annonces, derrière,
29:37 est-ce que ce sera suivi d'effets ?
29:39 On a intérêt à suivre, en effet,
29:41 parce que le parcours législatif va être un petit peu long, probablement.
29:43 - Oui, beaucoup d'effets d'annonces.
29:45 - On va y arriver avec ça, avec vous, dans un instant.
29:47 Marc, je reviens vers vous.
29:49 La France, donc, on a du mal,
29:51 en tout cas, on semble avoir du mal
29:53 à se défaire de ce principe de droit du sol.
29:55 D'où vient-il ?
29:57 Certains disent, voilà... On a commencé à défleurer le sujet
29:59 avec Mathieu Bocoté,
30:01 royaliste, militariste,
30:03 XIVe siècle, dites-nous tout,
30:05 pour qu'on puisse bien comprendre
30:07 en quoi ce principe du droit du sol
30:09 est ancré ou pas dans l'histoire de France.
30:11 - Bien, l'intérêt, c'est comment émerge
30:13 une personnalité reconnue,
30:15 identifiable ?
30:17 Car, dans un premier temps, on va où vient,
30:19 et le droit du sol, c'est le droit de la famille,
30:21 c'est le droit de la tribu,
30:23 c'est le droit du peuple, éventuellement.
30:25 Mais vous voyez, c'est relativement restreint.
30:27 Le droit du sol,
30:29 ça se dit en latin
30:31 "jus soli",
30:33 "naître". Naître à cet endroit,
30:35 ça vous vaut donc
30:37 une reconnaissance, mais là encore,
30:39 ne pas oublier quelque chose de relativement restreint,
30:41 être reconnu
30:43 par les siens,
30:45 l'immédiateté, je dirais,
30:47 de votre environnement. Après, il y a
30:49 le double droit du sol. Qu'est-ce que c'est
30:51 que le double droit du sol ?
30:53 C'est-à-dire qu'à la fois,
30:55 vous naissez, par exemple, en France,
30:57 mais il faut aussi
30:59 que l'un de vos parents
31:01 soit déjà né en France,
31:03 même s'il est resté étranger.
31:05 Donc, on n'est pas
31:07 tout de suite considéré comme français.
31:09 Et puis, il y a le fameux
31:11 droit du sang qui, en latin, se dit
31:13 "jus sanguinis".
31:15 Voilà, c'était pour faire
31:17 mon petit malin, mais j'ai noté ça
31:19 sur le bout de papier, quand même.
31:21 - Ça, c'est fait.
31:23 - Jusqu'au Moyen-Âge,
31:25 on reste dans ce principe
31:27 d'une naissance,
31:29 et en réalité, on ne va jamais
31:31 plus loin que 20 ou 30 kilomètres
31:33 au-delà du point où on est émargé
31:35 sur Terre. Et on appartient à qui ?
31:37 On appartient à son seigneur.
31:39 C'est-à-dire le détenteur
31:41 de la Terre,
31:43 et c'est lui qui vous met en
31:45 servitude.
31:47 Et puis, en 1315,
31:49 on a un roi qui se veut
31:51 sans doute humaniste et qui trouve
31:53 inadmissible
31:55 qu'un seigneur possède un individu.
31:57 Déjà, il a la chance
31:59 de la Terre, à moins que lui,
32:01 en tant que roi, se dise
32:03 qu'il serait bon que son royaume
32:05 possède des terres. Ce personnage,
32:07 c'est Louis X, le Hutin.
32:09 Il crée, et bien,
32:11 le droit de nature.
32:13 Chacun doit naître
32:15 franc. Ça ne veut pas dire naître
32:17 franc, naître comme Clovis. Non,
32:19 franc, c'est naître libre.
32:21 - Donc là, le premier principe, les premières...
32:23 - C'est le premier principe. Vous ne pouvez plus
32:25 appartenir à quiconque. Vous êtes
32:27 maître de votre dessein. Ça, c'est
32:29 extraordinaire. Alors, c'est ce qui reste
32:31 un peu dans l'idée
32:33 des droits de l'homme.
32:35 Mais en ce temps, on vous donne
32:37 un prénom, on vous l'affuble comme ça.
32:39 Vous allez vous venez,
32:41 ce sont, là encore, ceux qui vous
32:43 connaissent, qui vous identifient.
32:45 Et puis, il y a
32:47 le droit
32:49 d'aubaine. C'est quoi, le droit
32:51 d'aubaine ? Eh bien, on appelle les
32:53 étrangers des aubains.
32:55 Et le roi de France,
32:57 lorsque l'un de ces aubains
32:59 disparaît, s'il a une petite possession,
33:01 à qui appartient la possession ?
33:03 Je suis leur roi, ça m'appartient.
33:05 D'où le droit d'aubaine.
33:07 Et il y a un roi
33:09 qui va véritablement marquer
33:11 tout cela, c'est forcément François
33:13 Ier. Il imposera la langue
33:15 pour essayer d'unifier
33:17 le pays. Et puis, aussi,
33:19 il y a, dans ces
33:21 ordonnances
33:23 de Villers-Cotterêts, cette notion
33:25 de code civil.
33:27 C'est-à-dire qu'on va enregistrer
33:29 et on demande cela
33:31 au curé, enregistrer la
33:33 naissance des individus,
33:35 enregistrer leur décès.
33:37 Et ça, dans chaque paroisse,
33:39 vous pensez bien qu'à cette époque-là,
33:41 on est en 1539,
33:43 les structures administratives
33:45 ne permettent pas d'être
33:47 d'une rigueur absolue dans ce
33:49 type de mesures. Mais néanmoins,
33:51 le principe est posé.
33:53 Pour essayer de bien comprendre
33:55 cette incapacité
33:57 à repérer
33:59 un personnage. Il y a eu une affaire
34:01 qui a fait un très beau film,
34:03 et puis d'abord un très beau roman
34:05 d'Alexandre Dumont, c'est
34:07 l'affaire de Martin Guère.
34:09 Martin Guère, on est en 1560,
34:11 eh bien,
34:13 passons, il s'en va
34:15 servir les Espagnols,
34:17 il a laissé sa femme sur place,
34:19 il y a un individu qui revient et qui dit
34:21 "c'est moi, Martin Guère".
34:23 Sa femme le regarde,
34:25 elle dit "ah bah oui, c'est peut-être Martin Guère".
34:27 Alors il y en a d'autres qui disent "mais non, c'est pas lui".
34:29 Bref, à la fin, on s'apercevra
34:31 que c'est une usurpation.
34:33 Mais vous voyez comment,
34:35 en ce temps, quelles que soient les lois,
34:37 vous n'existez pas
34:39 en tant que tel. Et ce droit du sol,
34:41 eh bien, il se constitue
34:43 vraiment avec la révolution.
34:45 Mais la révolution,
34:47 c'est extraordinaire, parce que
34:49 en 1791, ce que l'on
34:51 demande à quelqu'un qui veut être citoyen,
34:53 c'est pas d'être né en France,
34:55 c'est d'être
34:57 celui qui épouse les idées
34:59 de la révolution, celui qui
35:01 donc veut un monde nouveau,
35:03 le principe des droits
35:05 de l'homme. Vous pouvez venir de n'importe
35:07 où, vous êtes citoyen.
35:09 Napoléon va changer un peu
35:11 les choses. Alors Napoléon, n'oubliez pas, il a failli
35:13 naître étranger, ça s'est joué
35:15 à six mois près, et lui, il dit
35:17 "dès lors que vous
35:19 suivez une éducation française,
35:21 vous êtes français".
35:23 Et puis, il y a la loi de 1801,
35:25 où en revanche, il impose
35:27 la loi des prénoms. On ne peut avoir
35:29 un prénom
35:31 que s'il figure dans un
35:33 calendrier, ou si c'est le nom
35:35 d'un personnage référent de l'histoire,
35:37 Homer, César,
35:39 etc. Voilà où nous
35:41 en sommes à ce moment.
35:43 Et 1880,
35:45 1851,
35:47 c'est la loi du
35:49 double...
35:51 du principe du double
35:53 sol, avec avoir
35:55 un parent, etc.
35:57 - Avec les enfants, pardon.
35:59 - Voilà, avec les enfants. Et après,
36:01 on vous demandera
36:03 de revendiquer.
36:05 C'est-à-dire qu'a priori, vous êtes français,
36:07 mais à votre majorité, vous devez
36:09 dire "Monsieur, moi, je veux
36:11 effectivement être français".
36:13 Et c'est là que l'on vous reconnaît,
36:15 cette identité.
36:17 Les femmes,
36:19 en fonction du mariage,
36:21 elles passent d'une nationalité
36:23 à l'autre. Vous êtes française,
36:25 vous mariez un étranger, vous devenez
36:27 étrangère. Il faut attendre
36:29 1927 pour que les
36:31 femmes, enfin, soient reconnues
36:33 comme françaises à part entière,
36:35 même si on est dans la logique
36:37 du droit du sang. Vous voyez
36:39 comment, malheureusement,
36:41 nos charmantes dames
36:43 ont été sous la férule
36:45 des hommes. Et puis, il y a
36:47 1945,
36:49 l'après-guerre, où
36:51 on doit renoncer
36:53 à sa nationalité
36:55 quand on est à la majorité.
36:57 C'est-à-dire que si vous êtes né étranger,
36:59 mais sur le
37:01 sol français, il vous faut, là encore,
37:03 dire "Moi, je suis français",
37:05 et le dire à votre majorité.
37:07 C'est de ce
37:09 système-là qu'au fur et à mesure,
37:11 les choses s'enracinent,
37:13 et c'est qu'aussi, en 1973,
37:15 j'ai pas le temps de tout dégriner,
37:17 mais le droit de filiation
37:19 apparaît en 1973.
37:21 Alors là, c'est presque un revirement,
37:23 parce que soudain, vous n'avez plus rien à dire,
37:25 il suffit d'être
37:27 le fils de quelqu'un qui vit
37:29 en France pour pouvoir être
37:31 considéré comme français.
37:33 1993
37:35 verra un changement avec la fameuse
37:37 loi PASSE-QUOI, où là,
37:39 eh bien non, il faut à nouveau
37:41 démontrer que vous êtes
37:43 dans une lignée française,
37:45 et vous devez vous prononcer entre
37:47 16 et 21 ans pour
37:49 obtenir la nationalité
37:51 française.
37:53 La loi GUIGOU
37:55 changera tout cela. Voilà.
37:57 - Faut-il en finir avec le droit du sol
37:59 jusqu'ici dans l'Hexagone ?
38:01 Je vous poserai la question tout à l'heure, Mathieu,
38:03 pour votre dernier édito.
38:05 Peut-être un tour de table sur le sujet
38:07 dont j'ai parlé tout à l'heure, sur la Coupe d'Afrique des Nations.
38:09 Je commence par vous, Marc-Monand.
38:11 La diaspora ivoirienne a fêté sur les Champs-Elysées.
38:13 On va voir quelques images.
38:15 Et partout dans Paris, la victoire
38:17 de la Coupe d'Afrique des Nations contre le Nigeria
38:19 en finale de la Cannes 2024,
38:21 et les CRS ont dû intervenir
38:23 vers 4h du matin pour disperser
38:25 les fêtards. Et on a du mal à
38:27 comprendre
38:29 pourquoi ça se passe en Afrique. C'est une Coupe
38:31 d'Afrique des Nations et que la fête
38:33 se passe sur les Champs-Elysées. C'est déjà un premier
38:35 pas, mais qu'ensuite la fête
38:37 se termine mal.
38:39 Si c'était la fête pour la fête, on ne pourrait pas leur reprocher.
38:41 Si on était dans une sorte
38:43 de moment
38:45 d'euphorie, où on chante
38:47 des chansons, etc., on souffle
38:49 dans les tubes, ça serait parfait.
38:51 Là, on revit ce qui s'est passé déjà
38:53 avec l'Algérie, ce qui s'est passé
38:55 avec le Maroc, et on s'aperçoit
38:57 que malheureusement, c'est une communauté
38:59 au moins pour certains de ces individus
39:01 qui ne se sent pas
39:03 véritablement intégrés
39:05 et qui tient à affirmer
39:07 sa différence sur le sol français.
39:09 Elle oublie qu'elle a
39:11 des devoirs. Là encore, théoriquement,
39:13 c'est dans la loi. Mathieu l'avait dit.
39:15 On doit parler la langue française,
39:17 on doit reconnaître la culture
39:19 française. - On a déjà dit ça.
39:21 - Oui, mais c'est important de le dire, parce que théoriquement,
39:23 pour pouvoir être naturalisé,
39:25 ce sont toutes ces conditions-là qui sont requises.
39:27 - On a l'impression, certaines mauvaises langues
39:29 disent que la France, Paris,
39:31 les Champs-Elysées ont été pris en détache
39:33 par
39:35 ceux qui ont gagné. - Non, mais c'est vrai que
39:37 ce n'est pas une question d'une petite communauté ici
39:39 qui fête la victoire de son pays d'origine.
39:41 C'est qu'on voit désormais dans les conflits,
39:43 on en a parlé il y a assez peu de temps,
39:45 dans les conflits, dans certains conflits en tout cas,
39:47 dans les événements sportifs, non seulement
39:49 vous avez des communautés présentes en France qui sont capables
39:51 d'investir un lieu aussi symbolique que les Champs-Elysées
39:53 régulièrement pour d'autres
39:55 victoires, pour d'autres gloires
39:57 que celle de la France, et en plus
39:59 souvent, ça se finit mal. - La France n'est pas du tout impliquée.
40:01 - Non, mais c'est un point qui ajoute, on va dire, à la première
40:03 analyse. Donc, il y a un côté, il se passe
40:05 beaucoup de choses chez nous dans lesquelles on ne se retrouve
40:07 pas nécessairement, en tout cas, on ne retrouve pas
40:09 la France. Et je pense que là, il y a aussi
40:11 en tout cas dans l'image, le sentiment
40:13 de dépossession est immense, ça c'est sûr.
40:15 - Je pense que ce qu'on voit, c'est qu'il s'agit
40:17 à tout moment d'une communauté, ou du moment des
40:19 représentants d'une communauté qui habitent
40:21 physiquement la France, qui habitent
40:23 sur le plan des aides sociales ou des différentes
40:25 la France, je n'en doute pas, mais
40:27 qui mentalement, culturellement
40:29 habitent un autre pays. Donc,
40:31 elle se vit comme diaspora, elle se
40:33 vit comme communauté, elle vibre
40:35 pour un drapeau, elle vibre pour un drapeau
40:37 mais qui n'est pas le drapeau français. Si c'était exceptionnel...
40:39 - Alors, qu'est-ce que c'est gênant, ça? - Ah bien, pour moi,
40:41 oui, c'est gênant. Personnellement,
40:43 je dirais même choquant. Je n'ai pas
40:45 de problème parce que les gens ont une tendresse pour leur pays d'origine
40:47 lorsqu'ils vivent dans un pays, mais ce n'est pas une tendresse
40:49 pour le pays d'origine qui joue. On le voit
40:51 régulièrement. C'est
40:53 plusieurs communautés, à tout moment, une frange
40:55 de ces communautés, préfèrent en toutes circonstances
40:57 brindir le drapeau du pays d'origine
40:59 plutôt que le drapeau du pays d'accueil.
41:01 Ça veut dire quelque chose, politiquement.
41:03 - Oui, moi, je crois qu'en fait, la
41:05 victoire de la Cannes, c'est un prétexte, comme un autre,
41:07 pour se rassembler,
41:09 on se fédère, on est nombreux
41:11 et on casse tout, vous voyez, c'est ça.
41:13 Ça traduit aussi un vrai
41:15 problème de comportement. Et puis,
41:17 l'effet de nombre fait que vous êtes sur les champs.
41:19 Qu'est-ce qu'on fait? On se signale en cassant
41:21 tout. Mais une victoire du PSG,
41:23 n'importe quel prétexte suffit,
41:25 en réalité. C'est ça qui est dramatique. La fête
41:27 dans la destruction, c'est quand même très particulier.
41:29 - La fête dans la destruction.
41:31 Merci pour votre regard. Revenons
41:33 un peu sur ce déplacement à Mayotte
41:35 du ministre de l'Intérieur,
41:37 Charlotte Dornelas, qui a annoncé plusieurs mesures.
41:39 Je reprends "annoncées",
41:41 parce qu'on a l'impression que c'est fait.
41:43 Et pour répondre à la colère,
41:45 à la violente colère de la population,
41:47 sont-elles si radicales,
41:49 ces mesures annoncées, au regard
41:51 de la situation de la demande mahoraise?
41:53 - C'est vrai, Gérald Darmanin, lui-même,
41:55 pour des raisons évidentes, il arrive
41:57 sur le sol mahorais. Ca fait 3 semaines
41:59 que la colère s'exprime à nouveau,
42:01 puisque la colère n'a pas 3 semaines à Mayotte,
42:03 elle s'exprime à nouveau depuis 3 semaines,
42:05 notamment en raison de l'immigration dont nous a parlé
42:07 Dimitri. Et
42:09 Gérald Darmanin annonce ces mesures
42:11 en faisant lui-même remarquer qu'elles sont
42:13 radicales. Alors, évidemment, radicales,
42:15 dans notre vocabulaire, depuis que ça veut dire
42:17 extrémiste ou islamiste, c'est extrêmement
42:19 péjoratif. Mais le mot
42:21 radical, alors j'ai été prendre la définition
42:23 du dictionnaire pour éviter de la faire moi-même,
42:25 alors vous avez 2 définitions.
42:27 1 qui tient à l'essence, au principe
42:29 d'une chose. 2 qui vise à agir
42:31 sur la cause profonde de ce que l'on
42:33 veut modifier. Alors là,
42:35 on comprend que, en effet, la suppression
42:37 du droit du sol, qui était la mesure un peu
42:39 symbolique dans ces annonces,
42:41 et la restriction du regroupement familial,
42:43 alors elle est radicale pour 2
42:45 raisons. 1, parce qu'elle rompt
42:47 avec le principe d'égalité en France, c'était déjà
42:49 le cas, par ailleurs. Et par ailleurs, dans les
42:51 Outre-mer, c'est en permanence le cas, puisque on s'est
42:53 adaptés, même quand ça devient un département,
42:55 ça change évidemment tout, le rapport
42:57 est en permanence différent.
42:59 - Je fais une parenthèse, l'allocation
43:01 familiale au premier enfant, qui existe en Guadeloupe,
43:03 par exemple, n'existe pas ici. - Exactement.
43:05 - Il y a tout le temps, mais on n'en parle que
43:07 quand ça arrange. - C'est ça, et c'est souligné d'ailleurs
43:09 par les Mahorais sur beaucoup d'autres
43:11 sujets. Donc, ça contrevient
43:13 à ce principe d'égalité, et surtout
43:15 à ce qui a été présenté bêtement,
43:17 pendant des années,
43:19 comme un principe ou comme une tradition.
43:21 On a vu, à la fois dans
43:23 l'esquisse de Mathieu et dans la
43:25 chronique de Marc, que ce qui est
43:27 traditionnel, c'est de se poser la question et de
43:29 s'adapter en permanence à la situation.
43:31 Alors, moi, je ne sais pas ce qui est traditionnel dans
43:33 le droit du sol. Est-ce que c'est l'État qui récupère les biens
43:35 à la mort des personnes qui sont nées sur son sol ?
43:37 Est-ce que c'est le fait de décider elle-même
43:39 contre, ou en tout cas en dépit
43:41 du désir des personnes, parce qu'on a
43:43 besoin de main-d'œuvre, notamment pour des raisons militaires ?
43:45 Donc, ce qui est sûr, c'est que
43:47 la véritable tradition sur le temps long,
43:49 la véritable tradition,
43:51 c'est l'intérêt de la France.
43:53 Ce qui est nouveau,
43:55 c'est l'intérêt des étrangers, sur la
43:57 question, sur le rapport au droit du sol.
43:59 Donc, je ne sais pas très bien ce qui est traditionnel dans cette
44:01 question, si ce n'est le débat. Donc, on renoue avec
44:03 un débat formidable. Et, la
44:05 deuxième chose, c'est pourquoi est-ce que c'est radical ?
44:07 Parce que la décision veut agir sur la
44:09 cause profonde, en effet, qui touche
44:11 Mayotte, là, en particulier,
44:13 qui est l'appel d'air que tout le monde
44:15 a, quand même, sous les yeux
44:17 de manière absolument stupéfiante
44:19 à Mayotte, en raison du
44:21 nombre et des pourcentages, surtout,
44:23 qui sont renseignés, on va dire.
44:25 Mais, en réalité,
44:27 cette radicalité n'est qu'à la mesure
44:29 de ce qui arrive sur l'île,
44:31 qui est cent fois plus radicale que la mesure elle-même,
44:33 et qui dure surtout depuis
44:35 longtemps. Vous l'avez rappelé tout à l'heure,
44:37 ça fait de longues années que les
44:39 élus maorais, parce que parfois, vous savez,
44:41 entre ce que demande la population
44:43 et la navette
44:45 qu'en font ses représentants
44:47 élus, parfois, il faut des années.
44:49 Là, c'est les élus maorais qui le disent
44:51 depuis quasiment 20 ans. La restriction du
44:53 droit du sol, certains élus, aujourd'hui,
44:55 le disent, en effet, depuis
44:57 20 ans. Et, résultat,
44:59 Mayotte, en effet, si je reprends la définition,
45:01 s'est trouvé modifié sur son naissance,
45:03 c'est-à-dire son principe même, et la possibilité
45:05 de vie de ses
45:07 habitants. En quelques chiffres, je les
45:09 rappelle quand même, parce qu'on parle d'une submersion,
45:11 c'est une submersion de tous les côtés. 77%
45:13 de pauvreté, 80%
45:15 de parents d'enfants qui vivent à Mayotte
45:17 sont au chômage, 80%
45:19 d'enfants étrangers qui sont pris en charge
45:21 par l'aide sociale à l'enfance,
45:23 70% au minimum de
45:25 naissances de parents étrangers,
45:27 et par ailleurs, les chiffres des violences
45:29 sont complètement dingues, et notamment le taux
45:31 d'homicide, qui est 7 fois supérieur, je ne vais pas dire
45:33 de bêtise, mais 6 à 7 fois supérieur
45:35 à celui que nous avons
45:37 en métropole. Donc, on a
45:39 le constat, au fil des années,
45:41 d'une radicale modification
45:43 de la vie sur l'île. Vous voyez toutes les
45:45 pancartes, et ils disent "vous avez transformé notre paradis
45:47 en enfer". Je n'ai jamais été à Mayotte,
45:49 mais apparemment c'est absolument sublime.
45:51 Cette image du paradis transformé en
45:53 enfer, elle est sidérante. En effet,
45:55 Mayotte a été changée par des décisions
45:57 qui n'ont pas été prises.
45:59 Et on comprend que cette décision
46:01 radicale aurait pu être prise
46:03 par des responsables prévoyants,
46:05 parce que d'abord, vous savez, en général,
46:07 les causes ont des conséquences, et c'est toujours les mêmes.
46:09 Donc, il était possible, un,
46:11 de le prévenir, deux, de l'accompagner,
46:13 puisque les élus sur place
46:15 le disaient depuis longtemps,
46:17 et ce n'est que pour la raison
46:19 de la situation aujourd'hui à Mayotte
46:21 que le droit du sol est supprimé,
46:23 en tout cas que l'annonce est faite d'une suppression
46:25 du droit du sol, que
46:27 Gérald Darmanin insiste sur la division drastique
46:29 du regroupement familial,
46:31 et qu'il annonce un rideau de fer dans la mer,
46:33 il annonce un rideau de fer
46:35 dans la mer, soit exactement
46:37 ce que refusait Madame van der Leyen
46:39 au nom des valeurs de l'Union Européenne.
46:41 Donc, moi, j'aimerais bien que quelqu'un me donne
46:43 par ailleurs la définition de ce qu'est
46:45 un principe, parce que là, depuis deux jours, tout le monde a des principes,
46:47 donc on n'a que des principes et des traditions.
46:49 Là, en l'occurrence,
46:51 un principe, normalement, ne s'adapte pas à une situation.
46:53 Donc, si on est capable de s'adapter
46:55 à la situation en changeant le droit,
46:57 c'est précisément parce que ce ne sont
46:59 pas des principes, mais ce sont
47:01 simplement des choses qui ont été accordées ou non
47:03 en raison de la situation
47:05 et en raison de ce qui était bon,
47:07 en l'occurrence pour Mayotte et plus largement pour la France.
47:09 - Alors, pourquoi dites-vous que le droit du sol
47:11 n'est pas un principe ?
47:13 Et que pensez-vous du fait qu'il a déjà été
47:15 modifié en 2018, ce droit du sol ?
47:17 Il faut le rappeler. Et pour quel résultat ?
47:19 - Eh bien, la raison pour laquelle...
47:21 En fait, pourquoi ce n'est pas un principe, notamment parce que
47:23 ça a été changé en 2018. Alors, on avait déjà
47:25 les mêmes cris d'offrandes en 2018, et je note
47:27 que tout le monde a bien dormi depuis 2018.
47:29 Enfin, ça n'a empêché personne de vivre,
47:31 même ceux qui se remettent à hurler
47:33 depuis hier. Par ailleurs,
47:35 évidemment, la question... Alors,
47:37 le moment dans l'histoire de France
47:39 où c'était réellement une tradition, c'est-à-dire
47:41 où ça n'était pas discuté, c'était sous l'Ancien Régime.
47:43 Donc, j'aimerais bien que ceux qui hurlent
47:45 fort nous expliquent à quel point il faut revenir
47:47 à l'Ancien Régime sur le côté
47:49 traditionnel du droit du sol. J'ajoute
47:51 simplement dans le débat que les flux
47:53 migratoires sous l'Ancien Régime
47:55 étaient relativement anecdotiques.
47:57 Et ça joue
47:59 quand même énormément, évidemment, sur cette question. Le droit du sol,
48:01 par ailleurs, jusque très récemment,
48:03 dans les années 70-80, se posait moins
48:05 sur le terrain de l'immigration que sur le
48:07 terrain de l'assimilation, et de
48:09 savoir comment on faisait un pays avec les personnes
48:11 qui faisaient naître des enfants en France.
48:13 La question de l'immigration et du possible
48:15 appel d'air via le droit du sol
48:17 se posait assez peu sous l'Ancien Régime.
48:19 Je ferme la parenthèse.
48:21 Et ce n'est donc récemment,
48:23 en effet, cette question est devenue par ailleurs
48:25 une question de principe vis-à-vis
48:27 des étrangers, et non plus d'intérêt pour
48:29 le pays d'accueil. Mais c'est rare dans le
48:31 monde, par ailleurs, que vous obteniez la
48:33 nationalité, d'abord parce
48:35 que vous êtes nés dans le pays, parce que
48:37 vos parents vous ont mis au monde dans un pays.
48:39 C'est assez contre-intuitif, de
48:41 manière générale, et
48:43 d'ailleurs, au moment, et Marc nous le rappelait,
48:45 au moment de la Révolution française, la première
48:47 décision qui est prise, c'est de faire prêter
48:49 un serment civique aux personnes.
48:51 Donc le droit du sol n'existe plus seul,
48:53 il faut prêter un serment civique. Donc il y a une
48:55 forte dimension politique qui est ajoutée au
48:57 moment de la Révolution française. Je le redis
48:59 à ceux qui hurlent, depuis hier.
49:01 Et donc, si
49:03 on s'adapte aux situations, c'est bien que ça n'est
49:05 pas un principe, mais la question
49:07 du principe, c'est l'examen de la situation
49:09 et de ce qui est meilleur pour le pays. Ça me semble être un
49:11 principe, par ailleurs, pour un responsable politique
49:13 un peu plus sérieux. Et on voit
49:15 en 2018, il fallait que l'un des deux parents
49:17 soit français ou en situation
49:19 régulière depuis trois mois,
49:21 et ça n'a pas changé grand chose
49:23 pour une raison assez simple. D'abord, c'est
49:25 assez faible comme restriction et ça ne
49:27 fait pas le tour du monde, contrairement à quand vous annoncez
49:29 la suppression du droit du sol, ça passe
49:31 un peu plus les frontières. Et par ailleurs,
49:33 vous avez eu une énorme
49:35 présence de faux certificats,
49:37 notamment de paternité, de présence
49:39 sur le territoire. Et d'ailleurs, Gérald Darmanin
49:41 les a évoqués, lui aussi.
49:43 Alors si cette décision, si elle est
49:45 suivie d'effet, vous l'avez rappelé plusieurs fois depuis
49:47 le début, il faudra un parcours législatif
49:49 long et sérieux. Il aura
49:51 des conséquences réelles à
49:53 Mayotte. Pourquoi ? Il sera moins intéressant
49:55 d'aller accoucher Mayotte sur le
49:57 long terme. Encore une fois, sur le long
49:59 terme, parce que Dimitri l'a rappelé,
50:01 il y a beaucoup de droits
50:03 des étrangers que nous avons en métropole
50:05 et auxquels nous sommes habitués. Certains n'existent pas
50:07 déjà à Mayotte. Certains existent
50:09 évidemment, pareil avec le regroupement
50:11 familial qu'a évoqué, enfin la restriction du
50:13 regroupement familial, et même chose avec
50:15 la réduction, je cite,
50:17 "drastique des visas qui sont accordés".
50:19 Mais pour être parfaitement
50:21 complet, il faudrait, un, se pencher
50:23 sur les droits, sur le long terme, précisément
50:25 des étrangers, surtout à l'échelle
50:27 d'un département à Mayotte, puisque
50:29 les questions des aides sociales se font à l'échelle
50:31 du département, et la
50:33 deuxième chose, surtout le seul
50:35 vrai sujet, par rapport au mouvement
50:37 migratoire actuel, c'est la question du
50:39 droit d'asile. Et le droit d'asile
50:41 aujourd'hui n'est pensé,
50:43 à l'échelle européenne, en tout
50:45 cas, n'est pensé qu'en fonction
50:47 du droit qu'aurait tel
50:49 ou tel étranger au cas par cas.
50:51 Jamais en fonction de ce que ça pèse
50:53 dans le pays d'arrivée. C'est la fameuse
50:55 question des quotas, vous allez de 0 à
50:57 100 sur le quota, mais la question de
50:59 "est-ce que nous pouvons encore" ne se pose pas,
51:01 puisque au cas par cas, vous examinez des
51:03 dossiers, et Dimitri nous a très bien rappelé, que au
51:05 cas par cas, vous avez potentiellement la moitié de la planète
51:07 qui peut obtenir l'asile en France.
51:09 Donc il faudrait peut-être aussi se poser la question
51:11 dans ce sens-là, et puis il y a une question
51:13 qui demeure là, vu l'état actuel de Mayotte,
51:15 quid des étrangers réguliers ou
51:17 irréguliers, qui constituent aujourd'hui
51:19 le stock que les Mahorais jugent
51:21 déjà invivable. Ils sont sur le sol
51:23 Mahorais. - Un sur deux. Qu'est-ce qu'ils vont
51:25 devenir ? - Un sur deux au minimum, puisqu'il y a en plus
51:27 des clandestins qui sont difficiles à compter.
51:29 - Alors justement, Gérald Darmanin a
51:31 satisfait une autre demande mahoraise,
51:33 on a commencé à en parler avec vous, Mathieu
51:35 Bocote, en annonçant la fin des visas
51:37 territorialisés. Est-ce la solution pour Mayotte ?
51:39 - Moi l'annonce,
51:41 je ne vous cache pas que je l'ai
51:43 trouvé incroyable. - Vous avez bondi.
51:45 - Je l'ai trouvé incroyable quand on l'a décortique.
51:47 C'est-à-dire, Gérald Darmanin nous dit
51:49 "Puisqu'on met fin aux droits du sol,
51:51 puisqu'on veut mettre fin aux droits du sol,
51:53 et qu'on réduit le regroupement familial, alors on peut
51:55 lever l'exception." Il est en train de nous dire
51:57 "On savait que c'était attractif,
51:59 on savait que ça faisait venir beaucoup de gens,
52:01 et donc on les bloquait à Mayotte, en dépit
52:03 de la vie des Mahorais par ailleurs."
52:05 Donc si on restreint tout ça,
52:07 alors on peut le lever. Donc on avait peur qu'ils viennent
52:09 en métropole, mais tant qu'ils étaient à Mayotte,
52:11 et quel que soit le vote,
52:13 les appels au secours de la population,
52:15 peu importe. Deuxièmement,
52:17 la nouvelle vague d'immigration venue
52:19 d'Afrique dont nous parle Dimitri,
52:21 est celle qui précisément a provoqué
52:23 la récente colère. Or,
52:25 cette récente vague d'immigration ne se
52:27 pose que sur le terrain du droit d'asile.
52:29 Pas du visa qui est accordé,
52:31 pas du regroupement familial, ni même...
52:33 Ce ne sont pas des gens qui viennent accoucher, c'est les mêmes flux
52:35 que l'on connaît ailleurs. Et les jeunes
52:37 hommes qui sont souvent sur ces bateaux viennent assez
52:39 peu accoucher à Mayotte ou ailleurs.
52:41 Donc la question, c'est
52:43 la demande d'asile. Et c'est quelque chose
52:45 qui n'apparaît pas, là en l'occurrence, dans les annonces
52:47 qui sont faites. Par ailleurs, je précise
52:49 que là on nous dit "certains sont en situation
52:51 régulière". Quand vous faites une demande d'asile,
52:53 officiellement vous êtes en situation régulière,
52:55 puisque vous êtes en attente de la réponse sur l'asile.
52:57 Ça ne veut pas dire que vous êtes arrivé
52:59 de manière régulière. Et
53:01 puisque ce point n'est pas abordé,
53:03 en effet, Gérald Darmanin
53:05 annonce déjà, et c'est déjà le cas dans ces fameux
53:07 migrants africains qui ont bloqué le fameux
53:09 stade provoquant la colère actuellement,
53:11 certains ont déjà été amenés en
53:13 métropole. En métropole où
53:15 se pose déjà la question de la répartition
53:17 des migrants qui pose déjà problème à la population.
53:19 Et il faut comprendre que
53:21 cette nouvelle vague migratoire ne vise pas
53:23 Mayotte, mais Mayotte parce que c'est
53:25 la France, et si possible l'Europe.
53:27 Donc on fait, là pour le coup,
53:29 en voulant supprimer un appel d'air, on en crée un
53:31 immense, potentiellement, dans les années
53:33 à venir, comme nous le disait Dimitri aussi.
53:35 Au-delà du droit, ce sont les ressources
53:37 naturelles qui manquent à Mayotte.
53:39 On a des gens qui viennent, qui viennent, mais il n'y a plus
53:41 assez d'eau. Vous vous rendez compte ?
53:43 C'est l'un des points fondamentaux.
53:45 C'est-à-dire que quand on est avec une faune,
53:47 des animaux qui manquent quelque part,
53:49 on crée une zone protégée.
53:51 Mais tous les services publics là-bas explosent.
53:53 Les rues naturelles, mais en plus l'école,
53:55 les enseignements, tout explose.
53:57 On ne peut plus boire d'eau.
53:59 C'est quand même fou. En Guadeloupe non plus.
54:01 - Oui, j'aime la parenthèse.
54:03 - Lamentable. J'ai une petite question, subdisie.
54:05 Pardon, je prends un petit peu de temps. Vous allez faire un cours
54:07 à la fin. Je ne comprends pas pourquoi
54:09 immigration rime toujours,
54:11 pas toujours, mais là, avec violence.
54:13 Vous voyez ce que je veux dire ? C'est-à-dire que
54:15 Mayotte, j'ai mis la tête de Charlotte,
54:17 Mayotte est submergée, ok ?
54:19 Mais pourquoi il faut qu'il y ait de la violence ?
54:21 Est-ce qu'on ne peut pas être submergée sans violence ?
54:23 Est-ce que ça existe ? Bon, on en
54:25 parlera demain, si vous voulez. J'ai l'impression que c'est un vaste
54:27 sujet. On en parlera demain.
54:29 Est-ce que c'est possible d'être submergée
54:31 au niveau migratoire, mais sans violence ?
54:33 La question que je vous pose maintenant
54:35 pour terminer, est-ce qu'on peut rompre avec le droit du sol ?
54:37 Mathieu Bocote. Et si oui, comment
54:39 est-ce possible ? Cette question se pose en ce
54:41 moment, alors que plusieurs forces politiques
54:43 le proposent pour la France tout entière,
54:45 justement, dans l'Hexagone.
54:47 Mais à partir de quelle assise intellectuelle
54:49 cette rupture est-elle possible ?
54:51 - Je dirais à partir d'une double rupture.
54:53 Ça implique d'abord
54:55 de cesser de définir une nation strictement
54:57 par son territoire et les principes
54:59 des incarnés censés l'encadrer.
55:01 Premier élément, ça implique
55:03 aussi de cesser de confondre
55:05 un peuple avec une population.
55:07 C'est-à-dire une population, c'est
55:09 l'ensemble des gens qui habitent sur un territoire.
55:11 Un peuple, c'est l'être collectif
55:13 historique qui s'est constitué
55:15 sur un territoire, qui dit
55:17 « tel est mon pays, et vous pouvez le rejoindre,
55:19 et vous pouvez nous intégrer, mais à condition de nous rejoindre
55:21 et de devenir nous. » En ce
55:23 moment, la structure mentale des
55:25 sociétés occidentales est construite de telle manière
55:27 qu'on n'est plus capable de faire cette distinction-là.
55:29 Donc, rompre avec le droit du sol,
55:31 ce qui, pour l'immense
55:33 majorité des Français, va de soi, je tiens à le rappeler
55:35 à tous nos collègues et amis commentateurs qui,
55:37 aujourd'hui, sur la grande majorité des plateaux,
55:39 traitent cette question sur le mode du scandale.
55:41 Je les invite quand même à se demander pourquoi 65%
55:43 des Français environ sont favorables
55:45 pour la métropole. Qui garde ça à l'esprit
55:47 lorsqu'ils leur font la leçon ? Alors, qu'est-ce que ça veut dire ?
55:49 Ça implique de rappeler qu'il y a une antériorité
55:51 à la nationalité juridique,
55:53 et c'est l'existence d'un
55:55 peuple. C'est l'existence d'une identité
55:57 historique. C'est l'existence, en fait,
55:59 d'un nous collectif auquel il faut
56:01 s'assimiler, sans quoi
56:03 on ne fait pas partie de ce peuple. On peut
56:05 à la rigueur être dans cette population périphérique,
56:07 mais on ne fait pas partie du peuple avec tout ce que ça veut
56:09 dire appartenir à un peuple et à une nation.
56:11 Donc, on quitte une vision strictement
56:13 artificielle de la nation, ce qui devrait aller de soi, soit dit
56:15 en passant. Alors, on le sait,
56:17 les questions d'immigration, vous l'avez évoqué tout juste,
56:19 sont nombreuses.
56:21 Si nous comprenons au sérieux, véritablement,
56:23 la réforme de... En fait, une forme de réforme
56:25 générale pour réaffirmer
56:27 l'identité du peuple français en son propre territoire,
56:29 la réforme du droit du
56:31 sol ne suffira pas. Mais au moins,
56:33 l'effet de distance que ça crée entre d'un côté
56:35 la nationalité et de l'autre côté l'identité,
56:37 ça crée ce que j'évoquais plus tôt, une forme de...
56:39 Les conditions sont rassemblées
56:41 pour qu'il y ait les Français de désir.
56:43 Ensuite, il faut maximiser,
56:45 les exigences en matière d'assimilation.
56:47 Il faut tirer les exigences en matière d'assimilation
56:49 vers le haut. Et ça nous rappelle...
56:51 Donc, si s'assimiler veut dire quelque chose,
56:53 ça implique de préciser ce que veut dire
56:55 être français. Si on précise
56:57 ce que veut dire être français,
56:59 on ne peut pas se contenter de l'adhésion
57:01 au sacro-saint principe républicain.
57:03 On redécouvre, je l'ai dit, la figure du
57:05 peuple, de la nation, de la culture, de l'identité,
57:07 de l'histoire, et dès lors,
57:09 tout ça devient infiniment plus
57:11 concret. Donc, on peut fixer une norme.
57:13 Je pense que c'est la grande question pour les
57:15 temps présents, et c'est pas seulement pour la France,
57:17 c'est la nécessité d'institutionnaliser
57:19 le principe d'identité
57:21 pour être capable de redonner un peu de vie
57:23 à nos pays, pour éviter leur désincarnation,
57:25 leur assèchement juridique. - Est-ce possible?
57:27 Mais rien de tout cela n'est possible sans
57:29 la révision constitutionnelle. - Mais c'est exactement...
57:31 Après, rien n'est possible aujourd'hui
57:33 sans la révision constitutionnelle. Prenons ça comme point de départ.
57:35 - C'est nouveau. - Non, mais le fait est
57:37 que la Constitution de la Ve République
57:39 a été élaborée dans des temps anciens
57:41 que nous ne connaissons plus aujourd'hui,
57:43 où le peuple français était une évidence en France
57:45 et était maître chez lui en France
57:47 et était la norme en France. Aujourd'hui,
57:49 on vit dans un monde où le peuple français n'existe
57:51 globalement plus comme principe de légitimité politique.
57:53 On ne cesse de lui expliquer qu'il est
57:55 de trop chez lui. Donc, si on veut
57:57 véritablement... Et là, l'originalité,
57:59 c'est changement constitutionnel. Pour plusieurs,
58:01 c'est la VIe République. Mais pas du tout.
58:03 On est dans une situation, non pas de révolution,
58:05 mais de restauration. Restauration
58:07 dans le bon sens du terme, je n'en connais plus de mauvais.
58:09 Restauration dans quel sens? C'est-à-dire revenir
58:11 au principe d'origine de la Ve, c'est-à-dire
58:13 la liberté populaire, la souveraineté nationale,
58:15 c'est-à-dire prima de l'État et de la nation
58:17 sur le droit des juges. Autrement dit,
58:19 c'est un retour à l'origine qui avait
58:21 permis au peuple français de sortir d'une crise
58:23 historique majeure. Mais ça implique,
58:25 et Charlotte le disait, non seulement de rompre potentiellement
58:27 avec le droit du sol, ça implique de redéfinir
58:29 complètement le droit d'asile, qui, à l'origine,
58:31 était pensé pour accueillir quelques dissidents communistes
58:33 et qui est aujourd'hui... des pays communistes
58:35 et qui est aujourd'hui pensé comme une filière
58:37 migratoire à part entière. Donc, il faut
58:39 réviser l'ensemble des concepts
58:41 par lesquels on aborde notre vie collective
58:43 parce que sinon, en fait, la Constitution
58:45 se retourne contre la nation.
58:47 Or, la vocation d'une Constitution, c'est de servir la nation,
58:49 de la constituer, de l'exprimer,
58:51 mais non pas de l'abolir, de la neutraliser
58:53 ou de l'anéantir. Tous ceux qui préfèrent
58:55 la Constitution à la nation aujourd'hui
58:57 nous expliquent poliment qu'ils n'aiment pas la France.
58:59 - Beaucoup de questions encore à poser.
59:01 Immigration rime avec violence.
59:03 Est-ce que c'est systématique l'outre-mer
59:05 des plusieurs lampé-douze ans en puissance ?
59:07 Beaucoup de questions qui vont rester en suspens ce soir.
59:09 L'heure des produits.
59:09 À demain.
59:10 merci à bientôt !

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