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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00 19h c'est l'heure, ravie de vous retrouver ce soir, nos mousquetaires sont en pleine forme
00:05 mais Simon Guillain est déjà prêt pour la Minute Info donc on va lui céder la place tout de suite.
00:09 Au Maroc, le dernier bilan fait état de 2900 morts et 5500 blessés.
00:17 Volontaires et secouristes restent mobilisés pour tenter de retrouver d'éventuels survivants.
00:21 Le roi Mohamed VI a donné son sang lors de sa visite auprès des blessés dans l'un des hôpitaux de Marrakech.
00:26 La victime collatérale d'un tir à Marseille dimanche soir est décédée.
00:30 La jeune femme de 24 ans était en état de mort cérébrale.
00:33 Après avoir été touchée chez elle par une rafale tirée à l'aveugle,
00:36 les faits se sont produits près d'un point de deal dans le sud-est de la cité phocéenne.
00:40 Et puis le barème de l'impôt sur le revenu va être rehaussé de 4,8% l'an prochain,
00:45 une annonce du ministre de l'économie Bruno Le Maire.
00:48 L'objectif est de ne pas pénaliser les Français qui ont bénéficié d'augmentation salariale
00:53 pour amortir le choc de l'inflation.
00:54 Au sommaire ce soir, alors que le roi Mohamed VI est arrivé au CHU de Marrakech en fin d'après-midi,
01:04 quatre jours après le séisme meurtrier, les médias étrangers n'ont pas eu l'autorisation de filmer,
01:10 nous, nous allons nous rendre à Wyrgan, au sud de Marrakech.
01:15 C'est là que six bénévoles d'une association française ont décidé d'aider.
01:20 Ils ont retiré le diaprofrançais, ils ont retiré tout signe français pour pouvoir aider à tout prix,
01:26 au-delà des susceptibilités diplomatiques.
01:29 Comment analyser cet effacement de son identité pour être au service de l'humanité ?
01:34 L'édito de Mathieu Boccoté.
01:36 Ça commence à se voir, ça commence à faire mal, les prix du carburant continuent d'augmenter en France
01:44 et se rapprochent des 2 euros, parfois dépassent largement les 2 euros.
01:48 Le gouvernement a réuni les distributeurs pour trouver un moyen de canaliser ces hausses aujourd'hui.
01:53 Total prolonge son plafonnement, mais qui sont les vrais responsables ?
01:58 Que pourrait-on faire pour aider les Français ?
02:00 A-t-on encore les moyens d'avoir tous une voiture ?
02:04 Le décryptage de Dimitri Pavlenko.
02:06 En pleine coupe du monde de rugby, deux campagnes de sensibilisation sur les risques de la consommation d'alcool,
02:14 justement liées à ce mondial, ont été annulées. Annulées par le ministère de la Santé.
02:20 L'alcool pré-représente le patrimoine français, les festivités, la convivialité,
02:26 mais aussi la violence, violence faite aux femmes souvent, aux enfants parfois, délinquance quelquefois.
02:31 L'alcool, c'est 50 000 décès par an.
02:34 Pourquoi ce renoncement de la part de l'exécutif ?
02:37 Est-ce renoncer à son devoir de protéger la population ?
02:41 Le regard de Marc Meneau.
02:44 Est-ce raciste d'afficher sur une banderole "l'État ne te défend pas, prépare-toi" ?
02:51 Est-ce raciste si cette banderole est déployée sur la maison de Houmar,
02:56 le violeur barbare présumé de Mégane à Cherbourg cet été ?
03:00 On va essayer de comprendre pourquoi 12 personnes ont été arrêtées pour le déploiement de cette banderole ici à l'image.
03:06 Le maire socialiste de Cherbourg a remercié la police d'être intervenue contre, je cite,
03:10 "ces discours de haine et de racisme contraires à la République".
03:14 De quelle haine s'agit-il ?
03:16 Pourquoi pour le maire la contestation n'est que haine ?
03:21 L'analyse de Charlotte Dornelas.
03:24 Et puis Mathieu Boquete n'avait prédit. Et voilà, c'est fait.
03:28 A Pau, un gynécologue est aujourd'hui publiquement dénoncé pour avoir refusé de prendre une femme trans comme patiente.
03:36 Il s'est déclaré incompétent sur le cas de cet homme devenu femme.
03:39 Il a déclaré "je m'occupe de vraies femmes".
03:41 Alors les associations militantes montent au créneau, parlent de transphobie.
03:45 Pauvre gynécologue.
03:47 L'édito de Mathieu Boquete.
03:49 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité avec nos mousquetaires.
03:53 On commente, on décrypte, on analyse et c'est maintenant.
04:08 Beaucoup de sujets d'actualité encore ce soir.
04:12 On va essayer de parler de tout.
04:14 Donc je me tête tout de suite et je laisse la place à Mathieu.
04:17 Vous allez bien sinon ?
04:18 Ça va ? Ok, merci.
04:19 Nous parlions, Mathieu, hier des relations entre la France et le Maroc qui sont aujourd'hui compliquées.
04:27 Ce qui n'empêche pas les Français d'aimer le Maroc, on l'a dit.
04:30 Et les Marocains, on l'a dit.
04:32 Ainsi, France Info nous apprenait que six bénévoles tentent de retrouver des rescapés dans les décombres du village de Wiergan au sud de Marrakech.
04:43 Mais ils le font dans des conditions très particulières.
04:46 Racontez-nous, c'est plutôt choquant.
04:48 Oui, très particulière, il n'y a pas de doute là-dessus.
04:50 Donc ils sont de l'unité légère d'intervention et de secours.
04:53 Donc ils arrivent très rapidement.
04:55 En moins de 24 heures après le tremblement de terre, ils arrivent.
04:58 Et avec l'idée de servir.
05:00 Comment peut-on être utile, persuadé que six paires de bras de plus, ça ne sera pas de trop.
05:06 Alors, assez rapidement, on essaie de leur trouver une place.
05:08 On finit par leur trouver une équipe pour travailler, mais à des conditions très particulières.
05:16 Et je me permets de citer France Info, parce qu'on a la citation des bénévoles.
05:21 C'est intéressant parce que ça nous dit l'état d'esprit dans lequel on accueille l'aide des Français qui veulent servir.
05:27 On nous a demandé de ne pas mettre de T-shirt avec le logo de l'association, ni de signe français.
05:34 Alors, on a enlevé nos drapeaux tricolores, et ça c'est Patrick Villardi qui raconte la scène.
05:42 Il a décidé donc de porter un T-shirt Brooklyn à la place.
05:45 Qui est un secouriste bénévolat.
05:47 Oui, bien sûr. Brooklyn, vous savez, c'est dans l'univers new-yorkais.
05:51 Donc, un symbole américain porté par un français pouvait passer, mais un symbole français porté par un français ne pouvait pas passer.
06:01 On dira ce qu'on voudra sur l'amitié profonde entre les peuples.
06:05 Il y a néanmoins là quelque chose qui coince un peu.
06:09 Alors, cela dit, Patrick Villardi, le bénévole, qui lui veut quand même...
06:17 Il y a un élan humanitaire, il veut aider, il veut servir, et il décide de prendre sur lui.
06:22 Il décide de laisser de côté les considérations patriotiques, et je le cite,
06:27 « Nous, les problèmes politiques, on ne s'en occupe pas. »
06:31 Et France Info prend la peine de dire que les sauveteurs, pour eux, les enjeux diplomatiques sont relativement secondaires, pour ne pas dire absents.
06:40 Nous sommes dans un moment d'humanité pure.
06:44 Et c'est une chose importante à dire, c'est-à-dire devant la tragédie, devant le drame, devant, et je reviendrai, devant cette humanité qui est confrontée au pire,
06:55 qu'est-ce qu'il y a? On ne voit que l'être humain.
06:58 On ne voit pas les citoyens, on ne voit pas le porteur d'une culture, on ne voit pas le porteur d'une identité.
07:01 Et c'est une marque de générosité indéniable.
07:04 Je veux tellement aider que si vous me demandez de m'effacer parce qu'apparemment mon appartenance, mon identité vous embête,
07:12 eh bien je n'aurai aucun problème à sacrifier tout cela parce que mon désir de vous aider dans votre humanité pure est plus fort que tout ce que vous me reprochez finalement,
07:23 c'est-à-dire mon identité, mon appartenance, et je serai même prêt à troquer un symbole national pour un autre, la France pour Brooklyn, histoire de vous accommoder.
07:33 Et on peut voir là-dedans probablement une marque d'abnégation ou peut-être une forme de patriotisme négatif, je ne suis pas certain de la chose.
07:40 - Je vous demandais hier, Mathieu Bocoté, si cette crise qui ne dit pas son nom ne met pas en scène un peu deux conceptions de la nation, de la politique, de la fierté collective.
07:51 Est-ce que là justement, ça n'est pas le symbole?
07:53 - Oui. J'ai beaucoup, beaucoup repensé à votre observation d'hier parce qu'elle me semble...
07:57 - Vous pensez à moi en dehors de l'émission?
07:59 - Oui, après l'émission.
08:00 - Non, mais ça me rassure.
08:01 - Non, non, ça me travaillait. Je me disais, vous avez mis le doigt sur quelque chose et c'est pour ça que je me permets d'y revenir.
08:07 Parce que ces deux rapports, on pourrait dire un rapport paradoxal ou un rapport contradictoire à la fierté nationale, à la fierté collective, à la fierté identitaire, si vous me permettez ce mot.
08:19 Pour les Marocains, qui sont dans un moment d'affirmation de leur souveraineté, ils sont frappés par une tragédie, mais ils disent qu'on est assez grand pour s'organiser par nous-mêmes.
08:29 On peut, certes, prendre de l'aide de l'étranger, mais on sélectionne et on ne veut pas l'aide d'une nation qui, bien que ce ne soit pas l'ancien colonisateur au sens formel, a quand même...
08:38 Ce rapport est néanmoins présent dans l'imaginaire collectif d'une certaine manière.
08:41 Donc, on est tellement fiers. On a notre souveraineté retrouvée, on est fiers de notre drapeau et notre fierté se joue justement dans l'affirmation du drapeau,
08:49 qui est l'expression, dans ce cas-là, du patriotisme, de la fierté nationale.
08:54 Et de l'autre côté, des Français qui sont tout à fait fiers d'être capables de renoncer à leur drapeau, qui trouvent leur fierté dans leur indifférence au drapeau,
09:04 qui trouvent leur fierté dans cette idée que le drapeau, c'est de trop, que l'humanitaire, c'est mieux.
09:09 Donc, vous voyez, c'est vraiment... Ça nous en dit beaucoup sur l'époque.
09:12 D'un côté, la fierté passe par l'orgueil national, le drapeau.
09:16 Si vous venez chez nous, ça va être à nos conditions.
09:18 Si vous venez chez nous, vous allez vous effacer.
09:20 Si vous venez chez nous, vous allez vous faire tout petit.
09:22 Et alors, on va peut-être accepter votre aide.
09:25 On comprend. Comme je dis, les rapports humains, les rapports entre les peuples, c'est complexe.
09:29 Et de l'autre côté, des gens qui se font une grande fierté de dire «Moi, mon drapeau, je m'en fous.
09:34 Mon drapeau, c'est secondaire. Mon drapeau, je le laisse de côté.
09:38 Mon drapeau, je peux en brandir un autre si vous le souhaitez. Mon drapeau, je n'en veux pas. »
09:43 Alors, c'est intéressant parce qu'au cas d'une telle crise, qu'est-ce qu'on voit?
09:48 Il y a néanmoins un rapport de force politique qui se joue.
09:51 Il y a un rapport de force entre deux imaginaires qui se dévoilent.
09:55 On pourrait dire, d'un côté, c'est la grandeur par la nation.
09:59 Le Maroc, la fierté retrouvée d'une puissance régionale qui s'affirme et qui montre que devant la crise,
10:04 on peut s'organiser par nous-mêmes.
10:06 Et de l'autre, la fierté par l'éloignement de la nation.
10:08 Notre grandeur vient justement du fait aujourd'hui que nous sommes indifférents au fait d'être français.
10:15 C'est intéressant ce contraste. Ça en dit peut-être un peu sur notre époque.
10:18 Alors, je note, je vais encore plus loin, ça en dit beaucoup, je crois, sur la mémoire postcoloniale aujourd'hui.
10:24 Le Maroc, comme d'autres pays, se renoue avec l'idée d'une politique de puissance.
10:29 C'est un vieux pays, le Maroc, avec une vieille histoire.
10:31 C'est une nation.
10:33 Vous savez, on fait souvent le contraste entre l'Algérie, qui est, on pourrait dire, une création à certains égards de la colonisation,
10:41 pas seulement, il y avait une population algérienne, et le Maroc qui avait une structure politique, une longue tradition politique.
10:47 Alors là, on est dans un moment postcolonial.
10:51 Et qu'est-ce qu'on voit? Le Maroc dit que nous sommes dans le moment de la puissance retrouvée.
10:55 La puissance retrouvée. L'Algérie, c'est plus la mémoire vengeresse.
10:58 Le Maroc, c'est la puissance retrouvée. C'est intéressant.
11:01 Et la souveraineté nationale est très importante.
11:04 Vous noterez que tous les commentateurs français, les politiques françaises reconnaissent l'importance de la souveraineté nationale marocaine.
11:10 Est-ce qu'on pourrait imaginer que la même politique parle avec autant d'ardeur de la souveraineté nationale française?
11:16 Ne soyons pas indécents.
11:19 De l'autre côté, lorsque la France vient d'avoir une politique de puissance, on lui dit « politique de puissance = orgueil mal placé ».
11:26 « Politique de puissance = c'est dépassé ». « Politique de puissance = ça appartient aux temps anciens ».
11:31 La seule forme de puissance qu'on accorde à la France, c'est la puissance par la médiation européenne.
11:37 Donc la France peut s'autoriser la puissance par la médiation de Madame von der Leyen.
11:41 Alors là, c'est la puissance retrouvée par la Germanie conquérante.
11:45 Mais la puissance pour soi-même, c'est davantage pour les anciens pays,
11:50 soit les pays coloniaux et les pays impériaux, le protectorat dans ce cas-là.
11:53 C'est ce contraste qui est intéressant.
11:55 Une dernière chose, vous me direz que vous parlez de six individus, vous extrapolez quand même,
11:59 il ne faut pas trop donner d'importance à ces six personnages.
12:02 Et je dirais non. Ce qui est intéressant, rappelez-vous Dominique de Villepin hier,
12:05 ça m'avait marqué, il a dit « on veut tellement aider ».
12:08 C'est normal de vouloir aider devant une telle tragédie qu'on est prêt à anonymiser notre aide en passant par l'Union européenne ou par le privé.
12:16 Donc on va aider à tout prix, quitte à s'effacer en passant par d'autres structures, nous vous aiderons malgré vous.
12:21 C'est fou comment une telle crise permet quand même de sonder les imaginaires nationaux.
12:25 Je vais reprendre une petite phrase aussi. Ils ont dit, ces secouristes, dès que nous avons su qu'il y avait eu un séisme,
12:32 nous nous sommes mis en branle, nous avons rassemblé nos bénévoles, nous avons fait nos sacs, nous avons pris l'avion avec nos chiens. C'est beau.
12:38 Et c'est d'une beauté. Et je trouve que c'est une belle part de l'esprit humain, en fait c'est la meilleure part de l'esprit humain,
12:42 c'est-à-dire l'autre est en péril, l'autre est en danger, on veut le sauver, quelles que soient les conditions.
12:47 Comme je l'ai dit, les conditions ici sont un peu complexes.
12:50 - Allons un peu plus loin. Doit-on comprendre, selon vous, que ceux qui sont prêts à renoncer à leur drapeau
12:57 cherchent à faire passer une faiblesse pour une force?
13:01 - Un peu quand même. Je le dis sans vouloir stigmatiser qui que ce soit.
13:05 Personne n'en vient en ce moment de critiquer les secouristes, quels qu'ils soient.
13:08 Évidemment, on s'entend, il y a d'abord un acte, un moment de reconnaissance envers leur courage, envers leur volonté de servir.
13:14 Il n'en demeure pas moins que ça en dit beaucoup sur l'évolution de l'imaginaire politique occidental.
13:19 Aujourd'hui, quelle est la figure centrale? Le citoyen admirable, est-ce que c'est celui qui est prêt à tout pour son pays
13:25 ou est-ce que c'est plutôt celui qui dit « je suis citoyen du monde et je suis prêt à sacrifier mon pays au nom d'une vision fantasmée de l'humanité? »
13:32 Le véritable citoyen modèle de notre époque, ce n'est pas celui qui dit « je veux m'engager pour mon peuple »,
13:36 c'est celui qui dit « mon peuple est de trop car j'embrasse désormais l'humanité dans son universalité et sa pluralité ».
13:42 Notre époque célèbre le citoyen du monde, une forme de cosmopolitisme, mais qui n'est pas le cosmopolitisme civilisé
13:48 des cités-états italiennes des plus belles années.
13:52 C'est plutôt une forme de cosmopolitisme qui quelquefois est matinée quand même d'un petit parfum américain.
13:57 C'est-à-dire que le cosmopolitisme consiste à dire qu'on est américain à notre manière sans être américain de citoyenneté,
14:01 parce que les Américains, eux, tiennent à leur citoyenneté et leur politique de puissance. Mais c'est une autre question.
14:06 Donc, le cosmopolitisme est quelquefois le cachex d'une impuissance.
14:10 Le cosmopolitisme est quelquefois le cachex d'une incapacité à assumer sa propre identité.
14:16 Et il revient avec ce contraste souvent exploré dans cette émission.
14:19 Quelle est l'identité accordée aux Européens aujourd'hui, aux Occidentaux?
14:23 C'est l'identité par l'universel. On s'identifie immédiatement au genre humain.
14:27 Des grandes valeurs universelles, liberté, égalité, fraternité, état de droit, démocratie, justice sociale, tout ça est très bien, soit dit en passant.
14:33 Mais une culture particulière, des mœurs, on a vu ce qui s'est passé avec le rugby, évoquer des mœurs même au deuxième degré,
14:42 c'est mal, c'est rance, c'est mauvais. Mais aux cultures qui sont extra-européennes,
14:46 on accorde justement le droit à la culture, à l'enracinement, à l'identité, et ça c'est formidable.
14:50 Et voilà pourquoi, au terme de cela, nous sommes fiers de sacrifier notre drapeau lorsque d'autres le brandissent fièrement.
14:57 Je ne dis pas ça pour blâmer qui que ce soit, je me permets de faire simplement ce constat étonnant.
15:02 Merci Mathieu. Dans un instant, on va parler avec vous de ce gynécologue qui est pointé du doigt
15:09 parce qu'il ne veut pas examiner un trans, donc un homme devenu femme.
15:14 Alors il dit qu'il n'analyse que les femmes. C'est marrant parce que vous nous avez dit sur ce plateau
15:18 "oui voilà, ça arrivera un jour et ça y est, c'est fait".
15:20 Donc j'ai vraiment envie d'entendre votre analyse là-dessus dans un instant.
15:24 Dimitri, juste avant, hier on parlait de cette femme de 24 ans, juste avant de parler des carburants,
15:30 parce qu'on va en parler avec vous, de cette femme de 24 ans, chez elle à Marseille,
15:34 qui a été victime de tir hier de Kalachnikov.
15:38 Hier lorsqu'on en parlait, elle était en état de mort cérébrale, aujourd'hui on a appris qu'elle est décédée.
15:43 C'est une onde de choc supplémentaire sur l'impuissance de l'État à assurer la sécurité des Français
15:50 de façon générale, mais encore plus là c'est vraiment flagrant.
15:56 Oui. Qu'est-ce qu'on peut dire de plus ce soir pour cette jeune femme qui s'appelait Sokaina ?
16:01 Est-ce qu'on peut dire son prénom à l'antenne ?
16:04 C'est la 43ème victime des trafics de drogue cette année à Marseille, sauf qu'elle, elle n'était pas dans le coup.
16:09 La procureure de Marseille a parlé hier de "narcomicide", c'est un mot valise, "narcotrafiquant homicide".
16:15 C'est-à-dire que vous tombez sous les balles des narcotrafiquants, même si vous n'êtes pas leur cible, mais c'est pas grave.
16:20 C'est ce que je disais hier, aujourd'hui c'est une guerre qui fait des victimes civiles qui n'ont rien demandé à personne.
16:26 J'ai lu dans la presse quelqu'un qui disait, qui habitait dans le quartier, qui disait "mais qu'est-ce qu'il faut faire maintenant ? Il faut dormir par terre ? Il faut plus se mettre à sa fenêtre ? C'est une vie ça ? C'est une vie ?"
16:34 Et paradoxalement, ensuite on parle du carburant, mais paradoxalement il y a des moyens qui ont été mis en place.
16:40 Jean-Henri Darmanin, il lutte contre la drogue, il a vraiment fait des efforts. Il y a plus de policiers... Ne me regardez pas comme ça Marc, maintenant.
16:46 Oui mais il y a plus d'appareils...
16:48 Je sens votre regard douteux, dubitatif.
16:49 Il a parlé d'une brigade mobile, il y a la CRS...
16:51 Donc il y a des choses qui ont été faites et pour autant on voit que ça n'avance pas.
16:55 Jusqu'au moment où dans une cité il y aura un fait divers plus spectaculaire qui va se passer et on enverra la CRS 8 qui quittera Marseille et ça recommencera.
17:02 C'est-à-dire que c'est un effort constant. Ce n'est pas des coups policiers finalement qui régleront la situation pour les habitants de ces quartiers.
17:10 On va parler des carburants, Dimitri. Nouvelle alerte à la pompe où les prix s'envolent à nouveau, tout près du seuil symbolique de 2 euros le litre, parfois bien plus.
17:20 Oui c'est la moyenne nationale.
17:21 Le groupe Total Energy a annoncé ce matin qu'il prolongerait son plafonnement à 1,99 euros par litre d'essence et de diesel tant que les prix resteront élevés.
17:30 Intermarché, Système U promettent des opérations à prix coûtant.
17:34 On a quand même l'impression d'être entré dans une nouvelle ère où les carburants vont rester durablement chers et on sent même un peu la population anesthésiée.
17:44 Oui ou abattue, je ne sais pas.
17:46 Vous savez la formule de Total, tant que les prix resteront élevés, ça veut dire quoi ?
17:51 Ça veut dire qu'ils ont compris qu'en gros c'est au moins toute l'année 2024 que ça va durer cette histoire-là.
17:56 Parce que moi je vous avoue que ce matin quand je l'ai communiqué, quand j'entends Agnès Pannier-Runacher, ministre de l'énergie, nous annoncer la bonne nouvelle,
18:02 "Bon, le plafonnement, l'effort de solidarité demandé aux pétroliers, super, ça va continuer."
18:07 Mais moi la question que je me suis posée, c'est est-ce qu'aujourd'hui on est arrivé au moment où le carburant est tellement cher que tous les Français ne peuvent plus y avoir accès ?
18:15 Est-ce qu'aujourd'hui, est-ce qu'on a encore les moyens d'avoir tous une voiture ?
18:18 Et deux voitures aujourd'hui, vous savez, beaucoup de familles qui ont deux voitures, mais vraiment je me suis posé cette question-là.
18:23 On a tous compris que le sens de l'histoire va nous pousser à laisser de plus en plus la voiture au garage, à prendre le vélo, une alternative, transport en commun, si on en a les moyens.
18:32 Mais pour la planète, vous savez, comme dit le slogan.
18:35 Mais en fait ça se demandait si ce que Greta Thunberg cherche à nous extorquer comme ça par la culpabilité,
18:40 ce ne sont pas en fait les mécanismes de marché, les prix de marché qui vont finir par l'obtenir,
18:45 à savoir qu'on laissera la voiture au garage parce qu'on n'a plus les moyens de faire le point.
18:49 Alors il y en a qui vont me dire que c'est un peu misérabiliste ce que je dis, mais enfin quand même.
18:53 Est-ce que vous avez une idée, Christine, de votre dépense carburant chaque année ?
18:56 Combien vous consacrez de votre budget chaque année pour l'essence ?
18:59 Je vais vous donner les chiffres.
19:01 2016, moyenne pour l'ensemble des ménages sur l'année, c'était autour de 1300 euros.
19:07 Avec un grand écart entre les plus pauvres qui étaient autour de 900 euros
19:12 et les plus riches qui étaient plus près de 2000 euros.
19:15 Cette année, je vous parle d'un temps, 2016, où le diesel c'était 1,02 euros en moyenne sur l'année.
19:22 1,02 euros, vous vous rendez compte ?
19:24 Et l'essence, on était à 1,36 de moyenne sur l'année.
19:26 En 2022, on va être en moyenne à 2000 euros.
19:30 En moyenne, c'est-à-dire que les plus riches vont être bien au-dessus,
19:34 et les plus pauvres auront une augmentation, une inflation en 7 ans sur le post-carburant de plus de 50 %.
19:40 Donc vous voyez, bien au-delà de l'inflation moyenne générale qu'on calcule.
19:44 La question, c'est comment on explique cette flambée des prix actuellement ?
19:48 Alors là, c'est un peu compliqué.
19:50 On prend le temps didactique, parce que personne ne comprend rien.
19:55 On a l'impression qu'on se fait enfumer, mais on aimerait comprendre.
19:58 Si vous permettez l'expression.
20:01 On ne se fait jamais enfumer, en revanche, je ne sais jamais très clairement.
20:04 Il y a des responsables, vous allez voir.
20:06 Donc le mécanisme de formation des prix des carburants, en gros, c'est une fusée.
20:09 Vous avez cinq étages.
20:11 On va la démonter.
20:12 Dans le prix de votre samplon, de votre diesel, vous avez d'abord la base, c'est le pétrole brut.
20:16 C'est le baril de brut.
20:18 Alors, il a beaucoup augmenté.
20:19 En 2020, vous vous rappelez, juste avant le Covid, l'année 2020 sur l'ensemble, c'était 42 dollars en moyenne le baril.
20:25 Il y a 142 litres d'ailleurs dans un baril, pour ceux qui se poseraient la question.
20:29 42 dollars en moyenne en 2020.
20:31 Cette année, on n'a jamais été en dessous de 80 dollars.
20:35 Et l'OPEP vient d'annoncer qu'elle allait réguler le marché pour stabiliser le prix du baril entre 90 et 110 dollars.
20:43 Parce que les pays pétroliers, ils en ont besoin pour assurer leur train de vie, tout simplement.
20:49 La bonne nouvelle pour nous, c'est le deuxième étage de la fusée.
20:53 C'est que l'euro a repris des couleurs face au dollar.
20:57 Le dollar, c'est la monnaie dans laquelle on achète le pétrole.
20:59 Le marché du pétrole, ça se fait en dollars.
21:01 Et l'année dernière, je ne sais pas si vous vous souvenez, mais l'euro a brièvement passé sous la barre de 1 dollar.
21:06 Aujourd'hui, c'est renforcé.
21:07 Il est à nouveau à 1,07.
21:08 Donc ça, c'est plutôt une bonne nouvelle.
21:10 Ensuite, pour faire du carburant, il faut raffiner le pétrole.
21:13 Alors, je vous passe sur le détail des transformations.
21:15 Il faut le chauffer.
21:16 C'est un peu compliqué, mais bon.
21:17 Ce raffinage, c'est une opération qui a un coût, mais pas un coût fixe.
21:21 Le coût va varier selon les quantités de stock faits par les États, selon aussi la demande.
21:26 Donc si, par exemple, vous savez, je ne sais pas si vous regardez un peu le marché du pétrole, on vous dit les États-Unis ont tant de millions de barils de pétrole stockés à l'avance.
21:34 Moi, je regarde ce genre de choses.
21:36 Mais c'est pour ça qu'on écoute son dictionnaire du soir.
21:41 C'est un très bon indicateur.
21:43 Si les stocks ont tendance à fondre, vous êtes sûr que le prix du raffinage va augmenter.
21:47 Avant Covid, avant la guerre en Ukraine, surtout, c'est vraiment le moment où ça change.
21:51 Le raffinage, ça coûte 25 dollars la tonne en gros de pétrole.
21:55 On est monté l'an dernier avec la guerre en Ukraine à presque 200 dollars, donc fois 8.
22:00 Et là, aujourd'hui, on est autour de 50 dollars.
22:02 Donc ça a beaucoup fondu, mais on est quand même au double d'avant.
22:05 Ça s'est répercuté dans le prix de votre carburant à la fin.
22:08 Ça n'est pas fini, puisque avant d'arriver à la pompe, une fois raffiné votre pétrole, votre carburant, il est stocké et il va être transporté, distribué.
22:16 C'est les fameuses citernes qui vont jusqu'à la station service.
22:18 Tout ça a un coût qui varie en moyenne entre 15 et 20 centimes.
22:22 Mais juste avant l'été, ce coût de distribution, cette marge de distribution, comme on dit, elle est montée jusqu'à 30 centimes.
22:29 Qu'est-ce qui explique cette variation de prix ?
22:31 Alors là, c'est complètement discrétionnaire.
22:33 C'est le distributeur, donc en France, c'est principalement Total, qui ajuste cette marge selon la sensibilité du marché.
22:39 Autrement dit, si le prix du carburant baisse beaucoup, la marge de distribution va avoir tendance à grimper, ce qui va lisser la baisse.
22:46 C'est une des raisons pour lesquelles on est toujours frappé de voir que le prix peut monter très vite,
22:50 mais qu'il a tendance à redescendre toujours beaucoup plus doucement.
22:53 Maintenant que le carburant redevient un sujet de conversation, comme par miracle, la marge de distribution a tendance à se réduire.
23:00 Enfin, vous avez l'étage des taxes qui pèsent très lourd.
23:03 Il y a toujours ce chiffre de 60% du prix du carburant à peu près.
23:08 En gros, vous avez la TVA, c'est 20% de votre brut plus la marge de distribution, plus la marge de raffinage.
23:14 20%. Vous avez ensuite la TICPE, c'est la taxe carbone.
23:18 C'est 60 centimes par litre de diesel, 69 par litre d'essence.
23:22 Et comble du comble, comble du raffinement fiscal français, vous avez une taxe sur la taxe, c'est-à-dire que la TICPE est taxée à 20% à la TVA.
23:30 C'est beau.
23:32 Dimitri, quand je regarde les cinq étages de votre fusée, où est-ce qu'on peut réduire ?
23:38 Attendez, attendez, parce qu'il y a encore un sixième étage que je rajoute.
23:44 Juste pour finir, les taxes, ça rapporte 40 milliards d'euros par an à l'État quand même.
23:48 C'est pas mal. Le dernier étage, ce sont donc les charges de fonctionnement de la station service.
23:52 Et par exemple, à Paris, vous trouvez du carburant à 2,40, 2,50, j'ai vu du 2,60.
23:56 Complètement délirant. Pourquoi ?
23:58 Le prix du foncier, la station service, elle paye un loyer.
24:01 Les normes aussi anti-pollution, ça coûte extrêmement cher à la station service.
24:05 Et puis vous avez aussi l'ajustement tactique des prix.
24:08 Ça je trouve très intéressant.
24:10 Quand vous avez trois ou quatre stations dans un même périmètre, pas très loin les unes des autres,
24:13 elles se regardent les unes les autres et elles s'ajustent l'une par rapport à l'autre.
24:17 Vous avez aussi des prix psychologiques, ceux qui finissent par zéro ou par neuf.
24:21 Et ceux-là ont tendance à rester plus longtemps.
24:23 Vous noterez que les prix changent généralement le mardi et le vendredi,
24:26 mais très rarement le samedi et le lundi.
24:29 C'est comme ça.
24:31 Quand est-ce qu'il faut faire son plein ?
24:33 Ça peut baisser aussi d'un jour à l'autre,
24:35 mais sachez que ça change généralement le mardi et le vendredi.
24:40 Allez faire votre enquête sur votre station service, vous observerez.
24:43 Et le vendredi, ça doit augmenter pour le week-end.
24:45 Exactement, il a tout compris.
24:49 J'ai plusieurs petites questions encore, Dimitri,
24:51 parce que je veux vraiment qu'on s'arrête sur les carburants.
24:53 On va marquer la petite pause et puis on revient dessus pour savoir
24:56 qui sont les réels responsables.
24:59 Qu'est-ce qu'on peut faire de plus pour faire baisser justement ce prix du carburant ?
25:03 Mais vous nous parlez vraiment franchement parce que le blabla...
25:06 Attendez, moi je dis toujours la vérité que j'ai trouvée.
25:10 Allez, on marque une pause, à tout de suite.
25:13 Retour sur le plateau de Face à l'Info, je veux parler de tout.
25:20 Le syndicat de la magistration.
25:23 Une petite question pour vous quand même, Charlotte, à la fête de l'humanité.
25:26 Avec vous, Marc Menand, j'ai envie de parler de la régularisation des sans-papiers.
25:29 Votre regard, très rapidement.
25:32 On va parler de Brittany avec vous, on va parler du gynécologue également.
25:38 On parlera de Cherbourg aussi avec vous, Charlotte, avec ses banderoles affichées.
25:44 Et des banderoles qu'on juge racistes, des banderoles qu'on juge de haine
25:48 sur la maison de Hoummar qui a violé de façon présumée et de façon barbare
25:55 la jeune mégane de 29 ans.
25:57 Donc on en parle dans un instant, c'est très important.
25:59 Je reviens avec vous, Dimitri.
26:01 On parlait du carburant, on se disait qu'on voulait tout se dire.
26:05 Pour revenir sur le plafonnement de Total, Dimitri Pavlenko,
26:08 et les promesses de vente après Coutan, on n'a plus que ça pour contenir les prix.
26:14 Et l'État, que fait l'État pour aider les automobilistes ?
26:17 Est-ce qu'il n'y a plus que ça ?
26:19 L'État compte sur Total, très clairement.
26:21 Les mauvais esprits vont se dire que ce plafonnement des prix des carburants,
26:26 c'est un peu l'affameur qui livre des sacs de riz.
26:29 Parce que qui s'est enrichi depuis un an avec le pétrole ?
26:33 Qui a fait les fameux surprofits ?
26:35 C'est évidemment Total.
26:37 La marge de distribution, la marge de raffinage dont je vous parlais tout à l'heure,
26:41 qui l'encaisse sinon Total ?
26:43 En ce qui concerne la France, bien sûr.
26:45 Donc le pétrolier en chevalier blanc des réservoirs, c'est un peu bizarre quand même.
26:50 C'est intéressant, pourquoi ?
26:52 Parce que Total, l'État n'a pas de mal à lui faire faire pression sur lui,
26:55 parce qu'il a quelque part une très mauvaise image.
26:58 Et donc cette opération de plafonnement, c'est une opération de communication
27:01 qui l'an dernier lui a coûté 500 millions d'euros de manque à gagner.
27:05 Parce qu'il a quand même très très bien gagné sa vie.
27:07 Mais bon, il avait déjà plafonné, voilà, 500 millions.
27:09 En ce qui concerne les opérations prix coûtants de la grande distribution,
27:12 là je dis quand même attention, parce que le vrai bénéficiaire,
27:16 c'est pas vous qui allez faire votre plein dans la grande distribution
27:20 en disant c'est moins cher, effectivement, ils ne gagnent pas d'argent.
27:23 La marge de la grande distribution dans leur station de service,
27:26 en réalité, elle est très très faible, c'est un ou deux centimes,
27:29 disait le patron de Systemu.
27:31 Un ou deux centimes, ils vont renier ça et en échange,
27:33 ils vous ont sur leur magasin, sur l'emplacement de leur magasin,
27:37 avec la possibilité que vous alliez faire votre course
27:39 et lâcher 150, 200, 300 euros.
27:41 Vous voyez, donc le vrai bénéficiaire, c'est du prix d'appel en fait.
27:44 Quant à l'État, alors lui, il ne veut plus faire la ristourne carburant,
27:47 la ristourne de 15, 20 ou 30 centimes, pourquoi ?
27:49 Parce que ça coûte une fortune.
27:51 En année pleine, ce serait de l'ordre de 12 milliards d'euros.
27:54 Alors vous allez me dire, oui mais l'État a engrangé 40,
27:57 42 milliards d'euros de taxes l'an dernier, il pourrait bien en rendre un petit peu.
28:00 Oui mais je rappelle quand même qu'on est un peu sous surveillance
28:02 des marchés financiers, on n'arrive pas à boucler le budget,
28:05 on a le déficit public le plus dégradé de la zone euro
28:08 et parmi les plus élevés.
28:10 Donc tout ça, en fait, ne concourt pas au fait que l'État va aider
28:13 les Français très concrètement.
28:15 En plus, le problème de la ristourne, c'est que c'est le t-shirt à taille unique
28:19 et aujourd'hui on sait qui en a bénéficié le plus.
28:22 Je vais vous donner les chiffres, le quart de la population le plus aisée,
28:26 en moyenne, la ristourne l'an dernier, ça lui a procuré 65 à 115 euros
28:31 d'économie sur la période, voyez ?
28:33 Donc c'est le plein d'une grosse voiture.
28:35 Le quart des plus modestes, c'est seulement 48 euros.
28:37 Donc vous voyez, on a complètement manqué la cible.
28:40 En réalité, on voulait aider les plus modestes,
28:42 c'est eux qui ont profité le plus de la ristourne.
28:46 Et puis vous avez aussi le fait que vous avez des augmentations de salaire.
28:49 Je suis désolé de le dire, il y en a qui vont me dire "mais moi je ne l'ai pas eue,
28:51 moi je suis un indépendant, je ne l'ai pas eue".
28:53 Oui, mais les NAO, les négociations annuelles obligatoires,
28:56 c'est plus 4,95% cette année.
28:59 Donc ça veut dire que les 2 euros le litre de carburant l'année dernière,
29:02 en février 2022, ce n'est pas tout à fait pareil qu'en septembre 2023.
29:06 Alors qu'est-ce qu'on pourrait faire, dernière question,
29:08 qu'est-ce qu'on pourrait faire d'autre ?
29:09 Très vite, soit on refait le chèque carburant, ciblé,
29:12 mais c'est lourdin comme système et finalement ce n'est quand même pas grand-chose,
29:15 ou bien effectivement baisser les taxes.
29:17 Alors là, c'est ce que propose Jordane Bardella, la TVA à 5,5%.
29:20 Nicolas Dupont-Aignan qui lui dit "on supprime la taxe sur la taxe", par exemple.
29:24 Je fais une parenthèse, certains se posent la question "pourquoi aux Antilles,
29:26 par exemple c'est moins cher, c'est parce que la TVA est à 5% aux Antilles".
29:29 Ah oui, et c'est combien le litre là-bas, vous me disiez ? 1,40, 1,50 ?
29:31 Oui, à peu près.
29:32 Vous voyez, le bénéfice tout de suite.
29:34 Mais le truc c'est que si on le fait, ça va avoir un coût massif pour les finances publiques.
29:39 Je ne me souviens plus, Bruno Le Maire avait dit "un point de TVA en moins,
29:41 c'est de l'ordre de 5 milliards en moins pour les finances publiques".
29:44 On l'a fait, Jospin l'avait fait, la TIPP flottante.
29:48 Et puis on aura toujours ce problème de "on va arroser tout le monde sans discrimination".
29:52 Alors le patron de System U, ce matin, toujours lui dit "la plus grande piste,
29:55 en fait, elle est chez les raffineurs, la fameuse marge des raffineurs
29:58 qui peut monter parfois jusqu'à 30 centimes".
30:00 Bref, vous l'avez compris, c'est toujours chez le voisin qu'on va trouver la solution,
30:03 jamais chez soi.
30:05 Merci beaucoup Dimitri Pavlenko pour votre regard.
30:09 Marc Menand, des députés de la majorité, avant de passer à votre chronique,
30:15 des députés de la majorité de la gauche réclament la régularisation des travailleurs sans papier
30:19 dans les secteurs en tension, comme le BTP, l'hôtel et la restauration,
30:24 la propreté, la manutention, l'aide à la personne, ça a beaucoup fait parler aujourd'hui.
30:28 Ils estiment que sans les travailleurs en situation irrégulière,
30:32 ces secteurs et ces pans, et des pans entiers de notre pays ne pourraient fonctionner.
30:37 Vous êtes d'accord ou pas ?
30:38 Ça me rappelle Georges Marchev, c'est un petit bonhomme qui était connu à une époque,
30:42 on l'appelait "le rouge".
30:43 Et que disait-il ? Il disait en réalité "nous renons avec l'esclavage,
30:48 on fait venir des gens qui sont sous-payés et ça casse le marché du travail,
30:53 ça nous oblige à envisager un emploi pour pas grand chose".
30:57 Donc aujourd'hui on nous dit quoi ?
30:58 Bien que tout un port de l'économie, à savoir aussi bien le monde de la restauration
31:04 que celui du BTP, ne peut pas exister si on n'a pas des sous-emplois,
31:08 donc on est obligé de faire venir d'ailleurs.
31:10 Et forcément les gens quand ils viennent chez nous, ils ont accepté à n'importe quel prix,
31:14 mais ensuite ils vont vouloir avoir un tout petit peu mieux.
31:16 Donc on est dans un effet cyclone, un effet qui ne peut que renforcer l'appel venu d'ailleurs,
31:24 c'est une évidence, mais néanmoins on ne cherche pas à savoir pourquoi
31:29 il n'est pas possible dans des domaines qui rapportent de l'argent
31:33 de payer dignement les gens qui soient donc des Français.
31:36 Je viens à votre chronique dans un instant.
31:38 Petite parenthèse, Charles-Aude Dornelas, un mot également aussi sur le syndicat de la magistrature
31:43 qui annonce sa présence à la fête de l'humanité.
31:45 Ils organiseront des tables rondes sur les contrôles d'identité, les violences policières,
31:50 la question sécuritaire ou l'ordre qui déborde.
31:54 Votre remarque là-dessus ?
31:56 On retrouve le syndicat de la magistrature.
31:58 En réalité, ça a été fondé le syndicat de la magistrature dans la foulée de mai 68.
32:02 Et franchement on pourrait faire une émission entière même de citations simplement au fil des années
32:06 des revendications du syndicat de la magistrature, soit publiquement, comme c'est le cas ici,
32:10 soit devant l'école nationale de la magistrature, ce qui est beaucoup plus embêtant.
32:14 On a des citations de magistrats qui vont former les futurs magistrats en leur disant
32:17 "Votre rôle c'est de contrevenir à la loi qui est votée souverainement quand même par des représentants élus".
32:21 Donc c'est un syndicat extrêmement politisé.
32:23 Le problème c'est que les hommes politiques ne les remettent jamais à leur place,
32:26 ne les ont jamais remis à leur place.
32:28 Ils se préparent parce qu'ils ont écrit en rouge, pour aller à la fête de l'humain.
32:33 Bonne remarque.
32:35 Marc Menand, en pleine Coupe du monde de rugby, il y a deux campagnes de sensibilisation
32:39 sur les risques de la consommation d'alcool, justement liées à ce mondial, qui ont été annulées.
32:45 Par le ministère de la Santé, c'est là qu'on va s'arrêter.
32:48 C'est intéressant.
32:50 Alors l'alcool peut représenter le patrimoine français,
32:52 peut représenter la convivialité, les festivités,
32:56 mais c'est quand même 50 000 morts par an. Que comprendre ?
33:00 Et 102 milliards, le coût ! C'est quand même énorme.
33:05 Alors l'enquête, elle est menée au départ, c'est une révélation de nos confrères de France Info.
33:10 De temps en temps on leur tape sur le bec.
33:12 Il est bon quand même de montrer qu'ils sont capables de sortir de bonnes infos.
33:16 C'est Géraldine Allaud qui est à l'origine de ça.
33:18 Et on apprend donc que la direction générale de la Santé,
33:21 qui dépend du ministère de la Santé, s'est tournée vers Santé publique France
33:26 afin de monter une campagne.
33:29 Une campagne pour se défier de la fameuse et mythique 3ème mi-temps.
33:34 Ah bah oui ! Le rugby, on est là, on s'amuse,
33:38 mais apparemment il semblerait qu'on ait un handicap fondamental quand on est français.
33:43 On ne peut pas s'amuser s'il n'y a pas la picole.
33:45 Si on n'a pas la petite bouteille, si on n'a pas le petit verre,
33:48 impossible d'être gaillard, d'être dans l'amusement, d'être rablaisien.
33:54 C'est donc par l'artifice qu'on en atteint la joie.
33:58 C'est terrifiant. Alors pour autant...
34:00 - Pas tous.
34:01 - Non mais c'est ce que l'on dit. C'est la tradition.
34:04 Bref, toujours est-il qu'on anticipe et on se dit
34:08 il nous faudrait mener une campagne de prévention.
34:12 - Pour la coupe de...
34:13 - Pour la coupe du rugby. Rugby, alcool.
34:16 Et alors, on a pendant un an des agences qui travaillent,
34:20 on arrive au résultat.
34:22 Ne laissez pas l'alcool vous mettre KO.
34:25 Et ça c'est assigné par un coach devant des supporters.
34:30 Il dit "Allez, ne laissez pas l'alcool gars, ne laissez pas l'alcool vous mettre KO".
34:36 Eh bien ça, c'est balayé par le ministère de la Santé
34:42 qui déjà avait failli à une autre époque.
34:46 C'est-à-dire qu'au moment, l'année dernière,
34:50 où une campagne avait été lancée, une interpellation intervient
34:55 de la part de Vins et Sociétés qui est le lobby de l'alcool.
34:59 Et que s'était-il passé au moment du Nouvel An, au moment des fêtes, là encore ?
35:04 Oui, apparemment on ne peut pas s'égueiller sans ça, alors rien.
35:07 Il y avait une campagne qui disait "Trinquez à la santé".
35:10 Oui, à l'année, bonne année, bonne santé.
35:12 "Trinquez à la santé alors que l'alcool ce n'est pas la santé".
35:16 C'était rappeler qu'on avait une responsabilisation
35:19 à avoir toutes à chacun par rapport à nos comportements.
35:22 Eh bien ça, ça les avait mis en fureur. C'est intolérable.
35:25 Ils avaient envoyé une lettre à l'Élysée et c'est cela qui, en effet,
35:30 cascade a conduit à l'annulation de la fameuse campagne.
35:34 Mais le Canada, enchaîné au mois de juillet, avait parlé aussi
35:38 d'une première campagne annulée dans les mêmes conditions.
35:41 Et tout ça, ça se fait au mois de mai.
35:43 N'oublions pas l'investissement.
35:45 C'est-à-dire, en dehors de la bonne réflexion,
35:47 de se dire comment peut-on lutter contre ces fléaux,
35:50 comment nous interroger les uns et les autres,
35:53 eh bien l'investissement au mois de mai,
35:56 confronté à ces campagnes qui nous sensibilisent,
36:00 il y a le veto de l'Élysée.
36:02 N'oublions pas, c'est vrai que notre président de la République,
36:05 hier, on parlait de l'image.
36:07 Il est sifflé, ce n'est pas bon pour l'image de la France.
36:09 En revanche, quand on l'a vu à Toulouse, dans les vestiaires,
36:14 s'envoyer cul sec un verre de bière,
36:16 ça, ce n'est pas mauvais pour l'image de la France.
36:18 Donc lui, il est plutôt pour "on y va les gars,
36:21 on est Franchouillard, on s'amuse,
36:23 on ne peut pas exister autrement".
36:25 Ce qui est dramatique, c'est que cet esprit-là,
36:28 il est enraciné depuis longtemps chez nous.
36:30 N'oublions pas, après la guerre, dans les biberons,
36:33 et même avant la guerre,
36:34 que ce qu'on mettait dans les biberons,
36:35 "bah, mon petit gros, si tu veux avoir la santé,
36:38 le petit machin", on lui mettait de l'alcool pur
36:41 au fond du huiron.
36:42 - C'est fini tout ça.
36:43 - Mais bien évidemment, je dis comment on est dans une continuité.
36:47 N'oubliez pas, Mendes France, en 1954-1955,
36:52 non seulement pour relancer la production du lait,
36:55 mais pour lutter contre les gamins qui arrivaient à l'école
36:57 avec leur gourde, et qu'il y avait quoi dans la gourde ?
37:00 Eh bien, il y avait là aussi le petit pinard
37:02 et quelques gouttes d'alcool.
37:04 Et forcément, tout cela était nuisible à notre santé.
37:08 Mais on est tellement imprégné par cet esprit de fête
37:11 qui ne peut dépendre que de l'artifice,
37:13 que les gamins, on a fabriqué du faux champagne.
37:17 Alors, les gamins, quand ils ont fait une petite fête à la maison,
37:21 allez, vous faites comme si vous étiez grands,
37:23 et un jour, vous pourrez boire de l'alcool.
37:26 Et tout ça, ça nous imprègne forcément, tant et si bien
37:29 qu'à 17 ans, que se passe-t-il ?
37:31 Eh bien, à 17 ans, plus de 60% des mômes
37:35 ont déjà connu l'ivresse avec au moins 5 verres d'affilée.
37:41 Et puis, il y a la fameuse tradition du "brinch",
37:45 comment on dit ? "Brinchoping".
37:47 - Il y en a qui s'y connaissent !
37:49 (Rires)
37:51 - La même chose, c'est 65% des gamins
37:55 qui se laissent aller à cette pratique.
37:57 - Et puis, je ne sais pas si vous allez en parler,
37:59 mais derrière l'alcool, la violence qu'on dénonce tout le temps...
38:02 - Mais j'y arrive !
38:03 Là, je rappelle comment les choses se font.
38:06 Mais n'oublions pas non plus les conséquences.
38:09 Depuis très longtemps, on nous a alertés sur le fait
38:12 que la moindre petite quantité d'alcool,
38:15 c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'effet de seuil,
38:17 dès le premier verre, l'alcool agit.
38:19 Il agit sur quoi ? Même le verre de vin !
38:21 Et là, je rappellerai les conclusions de l'IMCA
38:24 depuis 15 ans maintenant, et qui montraient quoi ?
38:28 Eh bien donc, les neurones en subissaient des conséquences.
38:31 Mais l'alcool altère également nos artères.
38:36 Il y a la perte de l'absorption des vitamines et des minéraux.
38:40 Ça altère aussi la reproduction de notre ADN.
38:43 Bref, c'est dramatique, et c'est à l'origine du cancer.
38:47 Ça, c'est physiologiquement, mais après,
38:50 il y a les conséquences sociales,
38:52 par un excellent concours de circonstances, si je puis dire.
38:55 Aujourd'hui, on lance une campagne contre l'inceste.
38:59 Combien de cas d'inceste sont pratiqués
39:02 lorsque l'homme s'est laissé raser à l'abus de contact avec d'âmes bouteilles ?
39:07 Combien de violences conjugagues sont liées également
39:11 à ce petit verre en trop que l'on a pris avec les copains ou tout seul ?
39:16 Combien d'accidents de la route,
39:18 plus de 60% des accidents de la route, sont liés à l'alcool ?
39:22 Et on ne s'arrête pas là !
39:23 Il y a les agressions, il y a les bagarres,
39:26 il y a les incivilités du quotidien.
39:30 Vous voyez qu'il y a un véritable fléau qui est là,
39:33 et pour autant, comme moi, je n'ai jamais bu le moindre verre.
39:37 Vous arrivez dans une soirée, on vous dit "Alors, qu'est-ce que tu es triste ?
39:41 Bois avec nous !"
39:42 Non, je ne me souviens plus que le premier à poil sur la table,
39:44 la chansonnette des chanteurs, c'était moi !
39:46 Mais non ! C'est pour dire qu'on peut être fou sans alcool,
39:50 et c'est ça qui était extraordinaire dans la campagne
39:53 telle qu'elle était envisagée,
39:55 c'était de rappeler que le divertissement n'est pas lié à l'artifice
40:00 et soyons donc responsables de nos actions pour nous et pour les autres.
40:04 102 milliards.
40:05 C'est intéressant parce que ces deux campagnes ont été annulées,
40:08 mais par exemple l'alcool est complètement interdit à la télévision,
40:11 en termes de publicité, c'est très strict,
40:14 et pour autant, et pour autant.
40:16 Oui mais interdit, et sur le Tour de France vous voyez Antenne 2,
40:19 enfin France 2, qui laisse les coureurs le dernier jour,
40:22 on distribue, alors qu'ils sont en train de pédaler,
40:25 on distribue des coupes de champagne,
40:27 ce qui est donc une publicité clandestine,
40:29 ça existe depuis 15 ans et jamais, les autorités n'ont frappé.
40:33 L'alcool, l'abus d'alcool est dangereux pour la santé.
40:36 Avant Charlotte, on va partir à Cherbourg,
40:39 on va aller directement devant la maison de Houma,
40:42 celui qui a violé de façon présumée, Mégane, 29 ans.
40:46 Une question avant, Mathieu Bocoté,
40:49 j'ai vu trois informations qui m'ont un peu choquée aujourd'hui,
40:53 j'aimerais juste avoir votre avis en une phrase, peut-être en deux.
40:56 Une agression à Nice, un migrant de nationalité angolaise
41:00 qui a roué de coup une femme de 53 ans,
41:02 il a sauté sur sa tête, l'agression a été d'une sauvagerie indescriptible.
41:06 On a vu aussi un refus d'obtempérer qui a mal tourné,
41:09 à Montpellier, hier, au volant d'une voiture volée,
41:12 personne n'en parle de ça.
41:14 Un jeune de 17 ans qui a percuté violemment un policier,
41:17 multiple contusion et fracture du tibia pour la victime.
41:20 On a vu aussi, on en a parlé aujourd'hui, à Bretigny-en-Essonne,
41:24 un agent de l'IGPN hors service,
41:26 qui a été roué de coup devant un centre commercial de Bretigny.
41:29 Jusqu'à quand?
41:31 - D'autant que, dans le dernier cas que vous évoquez,
41:34 c'est parce que l'homme qui s'est fait rouer de coup
41:36 avait simplement dit "évitez la prudence,
41:38 évitez le respect de la politesse civique",
41:40 appelons-ça comme ça, et on l'a tabassé pour ça.
41:42 C'est paradoxal, il était autrefois attendu de la part de chaque citoyen
41:45 qu'il soit non seulement respectueux des normes sociales,
41:48 qu'il les rappelle de temps en temps
41:50 quand des gens déviaient des normes sociales
41:52 de bien vivre ensemble.
41:54 Aujourd'hui, si vous décidez de rappeler simplement à quelqu'un
41:57 de ne pas foutre le bordel par donné la formule,
41:59 vous pouvez risquer votre vie.
42:01 - C'est intéressant parce qu'on en parlait avec Marc Menon
42:03 au bureau cet après-midi, on a envie de se taire,
42:05 on a envie de courber les chines,
42:07 on a envie de raser les murs, Marc Menon.
42:09 - Oui, mais c'est ça, c'est qu'on s'inscrit dans une sorte de lâcheté
42:12 parce qu'on a peur,
42:14 mais est-ce que nous n'avons pas un devoir physique,
42:16 est-ce que l'héroïsme au quotidien,
42:18 c'est pas oser prendre le risque d'être victime,
42:22 mais pour lutter afin que l'on ne soit pas dans le carcan
42:25 de ces violences qui de plus en plus nous enferment
42:28 et nous terrorisent.
42:30 - Violences qui terrorisent, on va à Cherbourg avec vous Charlotte.
42:33 12 personnes ont été arrêtées et placées en garde à vue
42:36 après avoir manifesté et déployé des banderoles
42:39 devant le domicile où vivait Oumar,
42:42 le jeune homme qui a massacré la jeune femme,
42:45 Mégane, qui est sortie du coma il y a quelques jours,
42:48 on en avait parlé sur ce plateau.
42:50 Qui y avait-il sur ces banderoles ?
42:52 Plusieurs questions pour vous ce soir.
42:54 Pourquoi le maire de Cherbourg, le maire socialiste de Cherbourg,
42:57 qu'on a très peu entendu jusqu'alors,
42:59 parle de racisme et de haine avec ces manifestations
43:02 et ces banderoles ?
43:04 Beaucoup de questions pour comprendre ce qui s'est passé
43:06 derrière ces banderoles, Charlotte.
43:08 - Sur les banderoles, déjà le collectif,
43:10 il y avait assez peu de personnes en réalité,
43:12 mais ces jeunes qui ont déployé les banderoles,
43:15 ils venaient de partout en France et ils participent
43:17 d'un collectif qui s'appelle Argos,
43:19 que l'on voit sur les banderoles,
43:21 et qui est en gros un collectif qui est né
43:23 après la dissolution de Génération Identitaire,
43:25 cette association dont on avait déjà parlé.
43:27 Et là, en l'occurrence, sur ces banderoles,
43:29 ils sont devant l'endroit où vivait Oumar
43:32 avant d'être mis en détention provisoire aujourd'hui.
43:35 Il y a deux slogans sur les banderoles.
43:37 L'Etat ne te défend pas, prépare-toi.
43:40 Et la deuxième, Mégane violée par Oumar,
43:42 17 mentions au casier et 5 condamnations.
43:45 Alors, il y a 12 de ces personnes,
43:47 je ne sais pas s'ils étaient plus nombreux,
43:49 mais en tout cas, 12 ont été arrêtées.
43:51 Ils ont entre 18 et 28 ans.
43:53 Ils ont fait 48 heures de garde à vue
43:55 et ensuite, ils sont passés en comparution immédiate.
43:57 Vous savez, on en a parlé hier, des comparutions immédiates
43:59 post-émeute. Ils sont passés en comparution immédiate,
44:02 en l'occurrence pour, je cite,
44:04 "une provocation non suivie des faits
44:06 à commettre un crime ou un délit".
44:08 Alors, la question serait intéressante,
44:10 parce qu'ils ont probablement demandé un report eux-mêmes
44:12 pour préparer la défense, puisqu'ils se sont tués
44:14 pendant la garde à vue, ils ont usé leur droit au silence,
44:16 mais de savoir quel est le crime ou le délit,
44:19 en l'occurrence, qui est visé très exactement par la justice.
44:23 Alors, il y en a deux, je mets à part,
44:25 il y en a deux qui ont été poursuivies
44:27 pour transport d'une arme sans motif légitime,
44:29 puisque dans les voitures ont été retrouvées
44:31 des matraques et des couteaux.
44:32 Donc là, c'est des procédures évidemment à part.
44:34 Il y en a un qui avait un casier judiciaire,
44:36 déjà une condamnation.
44:38 Donc la comparution immédiate est beaucoup plus compréhensible
44:40 dans l'ordre naturel.
44:42 Je fais par rapport à ce qui se passe d'habitude,
44:44 parce que c'est comme ça qu'il faut analyser la chose.
44:46 Et le jugement a finalement été reporté
44:48 au 16 octobre prochain.
44:50 En attendant, les 12 personnes sont libres
44:52 sous contrôle judiciaire, avec interdiction
44:54 de paraître dans la région.
44:56 Alors, je note simplement, on parlait du syndicat
44:58 de la magistrature juste avant, on pourrait évoquer même
45:00 des autorités ou des responsables politiques.
45:02 Je note qu'en l'occurrence, personne n'a jugé
45:04 la comparution immédiate absolument insupportable.
45:08 Le syndicat de la magistrature fait une table ronde
45:10 à la fête de l'humanité sur les procès fictifs
45:12 que seraient les comparutions immédiates.
45:14 Bon là, ils avaient piscine cet après-midi.
45:16 Et par ailleurs, souvenez-vous,
45:18 au moment de... on en avait parlé,
45:20 alors c'était Christophe Castaner à l'époque, mais qui disait
45:22 parfois l'émotion légitime dépasse le cadre juridique.
45:25 On parlait en l'occurrence de George Floyd,
45:27 donc une affaire qui avait lieu aux Etats-Unis.
45:29 Et il y avait eu des dégradations, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui
45:32 dans cette manifestation devant le domicile d'Umar.
45:36 Alors on a le maire et la préfecture qui ont réagi en effet,
45:39 se félicitant de la rapidité de la réaction.
45:42 Alors là, c'est pareil, je ne peux pas m'empêcher
45:44 de faire un peu de mauvais esprit et de me dire qu'au moment
45:46 où la population a été interrogée dans le quartier où vit Umar,
45:51 donc où sont déployés ces banderoles,
45:53 vous avez tous les habitants qui sont interviewés
45:55 et qui disent, premièrement, que ce Umar en question
45:58 terrorisait tout le quartier, qu'il empêchait,
46:01 vous vous souvenez, on en avait parlé,
46:02 que les gens avaient peur de rentrer, qu'ils squattaient
46:04 avec ses amis en bas, que tout le monde baissait la tête, etc.
46:06 Alors en effet, la mairie et la préfecture peuvent se féliciter
46:09 de la rapidité de la réaction.
46:11 Je pense que les habitants rêveraient d'une rapidité
46:13 de la réaction en tout temps, en tout lieu,
46:15 et pour des choses qui leur font prendre autrement plus de risques
46:18 que des banderoles, quoi qu'on pense,
46:20 et du message et du collectif qui déploie les banderoles.
46:23 Ensuite, il y a, et si on se détache encore une fois du collectif,
46:27 parce que vous pensez bien génération identitaire
46:29 et le truc qui est né après génération identitaire,
46:31 c'est tellement pratique.
46:32 Si on regarde simplement le message qu'il y a sur la banderole,
46:35 un, ils évoquent la question du suivi judiciaire de cet individu,
46:39 notamment quand il était mineur, puisqu'il a 18 ans aujourd'hui.
46:42 Or, il a 17 antécédents, en effet, préalables.
46:46 Donc, ils posent la question du suivi judiciaire.
46:48 Ensuite, ils posent la deuxième question,
46:50 de l'impuissance de l'État à protéger correctement ses citoyens.
46:53 Ce sont deux revendications que l'on trouve dans la bouche
46:56 de toutes les familles de victimes, pardon,
46:59 et dans la bouche des Français aussi,
47:01 quand ils revendiquent une meilleure justice,
47:03 une justice qui les protège mieux.
47:05 Alors, c'est sûr que tweeter pour un groupe qui est connu
47:07 pour d'autres options politiques, en l'occurrence,
47:09 que cette manifestation ou ces banderoles-là,
47:12 résumer ce qu'ils écrivent sur ces banderoles
47:14 à quelques militants présents ce jour-là et identifier,
47:17 c'est tellement plus facile que de répondre aux familles de victimes
47:20 qui, quand elles parlent, n'ont jamais un tweet de telle mère,
47:23 jamais un tweet de la préfecture,
47:25 jamais une réaction du gouvernement.
47:27 C'est tellement facile, en fait, c'est un prétexte
47:29 où là, la réaction est immédiate,
47:31 elle est en général indignée sur le terrain du discours global.
47:35 En attendant, personne ne répond sur ces banderoles
47:37 qui recoupent quand même ce qu'on entend
47:39 dans la bouche de beaucoup d'autres gens.
47:41 Le maire a également dénoncé le racisme des manifestants.
47:45 A-t-il eu raison de se prémunir contre l'amalgame
47:49 que certains sont tentés de faire, Charlotte Dornel ?
47:52 Alors là, il y a deux choses. En effet, je vais citer le tweet exact.
47:54 Le maire de Cherbourg nous dit
47:56 "Merci à la police pour la rapidité des interventions.
47:58 Ces discours de haine et de racisme sont contraires à la République."
48:02 Alors là, encore une fois, j'aimerais juste qu'on se focalise
48:05 sur cette manifestation et sur ces banderoles
48:07 et que le maire, en l'occurrence, précise
48:09 ou que quelqu'un lui pose la question
48:11 qu'est-ce qui est raciste exactement dans ces slogans ?
48:14 C'est le prénom d'Houmar ? C'est le sien.
48:16 C'est le rappel des antécédents judiciaires de cet homme ?
48:19 Je ne vois pas le rapport avec du racisme.
48:21 Il n'y a aucune évocation, en l'occurrence, de la race, de qui que ce soit.
48:23 Est-ce que c'est l'accusation, la mise en accusation de l'État
48:26 dans sa capacité à défendre les citoyens ?
48:28 Je ne vois toujours pas le rapport avec le racisme.
48:30 Donc en fait, ce qu'on comprend, c'est que c'est simplement
48:33 une réaction automatique, en réalité.
48:36 Et le maire socialiste, il dévoile sa pensée à lui, en réalité,
48:40 quand il réagit comme ça.
48:41 C'est-à-dire que c'est le profil de ce jeune homme,
48:43 dont la mère est française, en l'occurrence,
48:45 dont le père est sénégalais,
48:47 et lui, le jeune homme en question, il est français,
48:49 de nationalité française, né en France.
48:51 Donc, parce que son père est sénégalais,
48:54 parce que sa couleur de peau est racisée,
48:56 comme diraient certains,
48:57 alors il devient intouchable,
48:58 alors on ne peut plus évoquer ce qu'il a fait,
49:00 alors on ne peut pas mettre son prénom sur une pancarte.
49:02 Mais c'est le summum du racisme que de traiter différemment
49:05 un criminel, précisément en fonction de sa couleur de peau.
49:08 Là, vraiment, il s'illustre, en l'occurrence,
49:11 par une discrimination qu'il fait lui-même.
49:13 Par ailleurs, je rappelle une chose, la loi est la même pour tous.
49:16 Pour les fils de France,
49:18 pour les fils adoptés par la France,
49:20 et pour les hôtes étrangers en France.
49:22 La loi, en l'occurrence, est la même pour tous,
49:24 et le viol, et en plus dans ces conditions,
49:26 est insupportable chez tous,
49:28 et doit être dénoncé exactement de la même manière par tous.
49:31 Et en l'occurrence, quand on s'attarde sur le profil du criminel
49:36 avant de doser son indignation,
49:38 là se niche l'idéologie la plus pure, en l'occurrence,
49:42 et évidemment que l'indignation doit être absolue dans cette histoire.
49:46 Et par ailleurs, puisque le maire nous emmène lui-même sur ce terrain,
49:49 la surreprésentation, on en a parlé hier dans les émeutes,
49:53 la surreprésentation de la question de l'immigration dans la délinquance
49:57 est un fait, ce n'est pas une opinion.
49:59 Si je prends la simple délinquance étrangère,
50:02 donc l'immigration au sens des étrangers,
50:05 on a 25% d'étrangers en prison en France,
50:08 ils représentent 7% de la population.
50:10 C'est donc un fait, un fait qu'on peut lire de la manière qu'on veut,
50:14 un fait sur lequel on pourra tous s'engueuler pendant des heures,
50:17 quelles sont les causes, les conséquences, les solutions,
50:20 là ça relève des opinions politiques différentes.
50:23 En revanche, cette surreprésentation est un fait.
50:26 Donc ça ne sert à rien de s'énerver là-dessus,
50:28 ne pas accepter de le voir, ça n'est pas de l'antiracisme,
50:31 c'est du déni, c'est aussi simple que ça.
50:34 Donc maintenant, le voir, c'est en effet renvoyer les politiques
50:38 devant la question de l'énorme problème que nous avons à gérer.
50:41 C'est vrai ce que je dis sur les délinquants étrangers à 100%,
50:45 et c'est vrai aussi dans la surreprésentation qu'on a vu hier dans les émeutes,
50:48 ça n'existe pas par ailleurs puisqu'on n'a pas de statistiques ethniques.
50:52 C'était très étonnant cette lecture sur les émeutes,
50:55 mais on l'avait en l'occurrence.
50:56 Et quand vous voyez que les fils adoptifs, c'est-à-dire des Français,
50:59 mais adoptés, c'est-à-dire leurs parents étaient étrangers,
51:03 quand vous voyez qu'il y a une telle...
51:05 Par exemple, vous avez un fils adoptif dans la famille,
51:07 et il fait énormément de bêtises, et à chaque fois qu'il en fait une,
51:11 il vous explique que c'est en raison de son adoption.
51:13 Mais si vous êtes un parent qui a vraiment envie du bien pour cet enfant,
51:18 vous vous penchez sur cette question, vous vous dites "il y a un problème à régler,
51:22 il y a quelque chose à examiner".
51:24 Et c'est exactement ce qu'on ne fait pas parce qu'on ne veut pas mettre les mots
51:27 simplement sur la réalité.
51:29 Le père a par ailleurs exprimé sa colère,
51:33 et même reconnu que l'agresseur présumé avait de la chance
51:36 d'avoir été trouvé par les flics avant lui.
51:38 Que retenir de son témoignage ?
51:40 Déjà, pareil, on nous dit que c'est de la haine quand on évoque
51:43 la question même de la défense, qu'évoquait Marc juste avant
51:46 que je fasse cette chronique.
51:48 Déjà, je voudrais dire une chose, la défense, le fait de se préparer
51:51 à pouvoir se défendre, ce n'est pas la même chose que la vengeance.
51:54 Ce n'est pas la même notion que se faire justice soi-même.
51:57 Quand il y a une femme ou un homme d'ailleurs qui est agressé,
52:00 d'abord, la légitime défense est autorisée, voire même...
52:03 Enfin, elle est autorisée, c'est même parfois un devoir.
52:06 Et par ailleurs, aller défendre une personne qui est en train d'être agressée,
52:08 c'est un devoir aussi.
52:10 Ce n'est pas de la vengeance que de vouloir protéger quelqu'un.
52:12 C'est la première chose.
52:14 Après, le père, il nous dit simplement ce qu'avait dit David Lysnard,
52:16 souvenez-vous, quand une personne âgée avait été agressée à Cannes,
52:19 il avait dit "moi, si c'était ma mère, ça se passerait très très mal
52:22 si je retrouvais les jeunes délinquants".
52:24 Évidemment que c'est un sentiment normal, et la justice,
52:27 la bonne justice, c'est là précisément pour apaiser
52:30 ce désir de vengeance, cette colère, cette haine qui existe dans le cœur,
52:33 en l'occurrence des parents.
52:35 Alors, la chose qui m'est venue le plus à l'esprit, c'est de dire
52:38 on a quand même un gros problème, pourquoi ?
52:40 Ces derniers jours, on a eu plusieurs histoires absolument atroces
52:43 et beaucoup de familles qui ont parlé.
52:45 Je vais simplement vous faire des citations rapidement.
52:47 On a la mère de Lindsay, souvenez-vous, cette petite fille
52:50 qui s'était suicidée après un harcèlement scolaire
52:53 qu'elle avait tenté de dénoncer.
52:55 Elle dit "j'ai été finalement reçue par les juges,
52:57 j'avais l'impression d'être moi-même une délinquante.
52:59 Le jour de la rentrée, il y avait les harceleurs qui se marraient.
53:01 Je suis humaine, vous savez, heureusement que je n'étais pas là
53:03 à la sortie de cette école."
53:05 Vous avez la femme de Philippe Munguiaud, dont le procès s'ouvre dans deux jours,
53:08 ce chauffeur de bus à Bayonne qui avait été tabassé à mort.
53:11 Elle dit "je me suis exprimée parce que cette violence inouïe,
53:14 n'importe qui peut la subir, n'importe où.
53:16 On ne peut pas vivre comme ça, on se croyait un peu préservés ici,
53:18 mais en fait non."
53:20 On a la mère d'Enzo, vous savez, ce gamin poignardé dans le Nord.
53:23 "Il n'y a pas d'appel à la vengeance, mais je veux que la justice
53:25 fasse quelque chose, la France en a marre.
53:27 Pourquoi ne parle-t-on pas de mon fils ?
53:29 Parce qu'il ne vient pas d'une cité, parce que nous sommes restés
53:32 dans le respect, le silence et le calme."
53:34 On a la mère d'Anthony, un autre gamin qui s'est fait poignarder
53:36 il y a quelques jours, parce qu'il refusait l'entrée à quelqu'un
53:39 à une soirée privée. Elle, elle dit pareil.
53:41 "C'est un fait divers comme ils en voient tous les jours,
53:43 j'ai l'impression que pour les politiques, c'est normal."
53:46 Et le père de Mégane justement, dont on parlait ce soir, lui dit
53:50 "je ne peux pas admettre que ce prédateur, cette pourriture ait pu être en liberté
53:53 dehors avec ce qu'on savait de lui.
53:55 Les autorités connaissent toutes ses condamnations,
53:57 il faisait régner la terreur dans son quartier, dans sa famille,
54:00 mais non, il pouvait se promener comme ça, tranquillement en ville.
54:03 Il ne faut vraiment pas que je pense à ça, ça me rend fou."
54:05 Et bien cette phrase "ça me rend fou", vous savez, on parle des déséquilibrés,
54:08 on les excuse tout le temps, les criminels, en disant "ils sont déséquilibrés".
54:11 Il faudrait faire attention à ce que cette haine et cette colère
54:13 qui n'est pas purgée par une justice qui fonctionne mal,
54:16 ne transforment pas tous les Français victimes en déséquilibrés à leur tour.
54:20 Merci pour votre regard, Charlotte.
54:24 Mathieu, je me tourne vers vous, sur ce sujet.
54:28 Il y a quelques mois, vous plaisantiez, je disais,
54:30 en parlant d'une femme, d'un homme trans qui irait voir un gynécologue.
54:35 Voilà, c'est arrivé, c'est à peau, et le gynécologue est pointé du doigt,
54:39 il y a une plainte contre lui.
54:40 Pourquoi ? Parce qu'il a refusé d'examiner une femme trans.
54:44 Oui, mais je précise que je ne blaguais pas à l'époque.
54:46 C'est inévitable, avec la logique de l'époque,
54:48 on va se retrouver avec des hommes qui disent "j'étais chez mon gynécologue".
54:51 Mais nous y sommes.
54:53 Alors qu'est-ce qui se passe ?
54:54 Le couple, c'est un homme avec sa compagne, une femme trans,
54:58 se présente au rendez-vous pour un gynécologue.
55:01 Il dit ça à la secrétaire, la secrétaire constate qu'il y a un petit problème,
55:04 probablement, on va dire biologique, pour le médecin qui n'est pas spécialiste de ça.
55:08 Le médecin répond "je ne suis pas spécialiste de ça, allez ailleurs,
55:11 je ne suis pas spécialisé, je ne suis pas compétent pour gérer votre situation".
55:15 Le couple est en colère et fait un commentaire sur Google,
55:18 sur un très sévère endroit du médecin,
55:20 qui répond avec son propre commentaire, je le cite,
55:23 c'est assez piquant et sévère.
55:25 "Je n'ai aucune compétence pour m'occuper des hommes,
55:27 même s'ils se sont rasé la barbe et viennent dire à ma secrétaire qu'ils sont devenus femmes".
55:31 Bon, on comprend l'attention.
55:33 SOS Homophobie dit "attends, ça c'est de la transphobie".
55:37 Et là on serait devant un cas de transphobie de la part du médecin.
55:40 Mais moins à cause de sa déclaration,
55:42 que parce qu'il a refusé d'examiner l'homme,
55:46 l'homme qui est en transition pour devenir femme,
55:49 et qui dit "je suis désolé, je ne suis pas qualifié pour cela".
55:52 Parce que ce machin bizarre, ancien, c'est quoi la biologie, existe.
55:56 Et le fait est que si vous êtes en transition,
55:58 ou même pas en transition, et que je vous dis "écartez-vous les jambes madame",
56:01 et finalement qu'est-ce que je vois?
56:03 Je ne vois pas, plonge ça, une manière de plonger dans le monde,
56:06 mais plutôt une manière du monde qui se braque.
56:08 Qu'est-ce que je vois? Ce n'est pas le même traitement.
56:11 - Oui, c'est formé pour ça.
56:13 - Globalement on pourrait dire un urologue serait nécessaire.
56:15 Là, il y a une réponse ensuite.
56:17 Par ailleurs, le médecin s'est excusé d'avoir tenu de tels propos.
56:19 Il dit "j'aurais pas dû répondre comme ça, j'étais trop sévère sur la barbe".
56:23 Très bien. Mais là, l'association Espaces Santé Trans intervient.
56:27 Et nous dit, qu'elle se dontait des questions,
56:29 "les gynécologues ont vocation à suivre des femmes trans,
56:32 même sans opérations de réassignement génital, et même sans hormones".
56:36 Donc, on est dans un monde, ne l'oublions pas,
56:38 où il suffit qu'un homme dise qu'il se sent femme,
56:40 pour qu'il soit reconnu comme femme trans.
56:42 Et ce que nous dit Espaces Santé Trans,
56:44 c'est que le gynécologue doit s'occuper de cette personne,
56:47 même s'il n'a pas eu d'opération de changement de sexe, pour le dire ainsi.
56:50 Dernier commentaire là-dessus, avant la finale.
56:53 Un professeur invité à commenter, le professeur Deruel,
56:56 dit, qui est un gynécologue, lui aussi à Montpellier,
56:59 il dit "vous savez, je comprends le malaise du médecin,
57:01 mais sachez que je ne suis pas fermé".
57:03 Et pour prouver qu'il est ouvert, qu'est-ce qu'il nous dit?
57:05 Il nous dit "en revanche", parce qu'il dit "moi, si j'étais dans la même situation,
57:08 j'aurais un problème. En revanche, j'aurais grand plaisir
57:10 à m'occuper d'un homme enceint".
57:12 Bon, alors, il a racheté sa morale et sa conscience
57:14 en disant qu'il pouvait s'occuper d'un homme enceint,
57:16 tout cela est très normal.
57:18 - Non mais qu'est-ce qu'on peut retenir de tout ça?
57:20 C'est juste un bras cadavrantesque.
57:22 - Et pourtant, c'est la nouvelle norme. Premièrement, très simple,
57:24 si vous ne reconnaissez pas la théorie du genre,
57:26 avec cette idée qu'il y a un primat du ressenti,
57:28 sur voilà comment je me sens, plutôt que la réalité biologique,
57:30 et que vous êtes médecin, vous êtes désormais dans la transphobie
57:33 et le propos haineux. Donc sachez que si vous préférez la science,
57:37 ce truc qui avait quand même quelques vertus,
57:39 et que vous n'acceptez pas cette nouvelle théorie qui est une religion,
57:42 c'est-à-dire que je vous dis que je suis une femme,
57:44 même si je ne suis pas physiquement une femme,
57:46 vous êtes dans les propos haineux. Deuxièmement,
57:48 et ça nous conduit sur une autre chose dont je parle souvent ici,
57:50 les mots se sont substitués à la réalité.
57:52 Les mots ne servent plus à décrire le monde,
57:54 mais à créer un monde alternatif.
57:56 Dès lors, le mot "femme" ne désigne plus ce qui était
57:59 traditionnellement depuis la nuit des temps une femme,
58:02 mais désormais c'est tout ce qui s'auto-représente comme femme.
58:05 Donc le mot, on vit dans un monde dédoublé,
58:08 qui est le monde de l'idéologie permanente.
58:10 Et si vous n'acceptez pas de vivre dans le monde
58:12 de l'idéologie permanente, encore une fois, vous êtes haineux.
58:15 Et en dernière instance, on est dans une époque
58:17 qui parle sans cesse de... qui lutte contre la post-vérité,
58:19 qui célèbre la science. Je m'excuse,
58:21 mais cette histoire, ce n'est rien d'autre que le triomphe
58:23 de l'antiscience.
58:25 - Merci beaucoup pour votre regard. Dans un instant,
58:27 Pascal Proulx, j'ai une question à Simon Guilin.
58:29 Est-ce que vous êtes un homme ou une femme?
58:31 - Est-ce que je suis un homme ou une femme?
58:33 - Oui. - Comment est-ce que vous pouvez
58:35 me poser cette question, Christine?
58:37 - Ah ben! C'est l'actualité, c'est comme ça.
58:39 - Bon. Allez. - Je vous laisse répondre.
58:41 - Bon. Je vais y réfléchir. La minute inf...
58:45 A demain.
58:47 - Eh ben, on y va. Au Maroc, le roi Mohamed VI
58:50 a donné son sang lors de sa visite auprès des blessés
58:53 dans un des hôpitaux de Marrakech.
58:55 Le dernier bilan sur place fait état de 2 900 morts
58:58 et 5 500 blessés. Volontaires et secouristes
59:01 restent mobilisés pour tenter de retrouver
59:03 d'éventuels survivants.
59:05 Le programme alimentaire mondial tire la sonnette d'alarme.
59:07 Les demandes d'aide alimentaire sont en hausse
59:09 alors que le financement de l'organisation
59:11 est en déficit de 60%.
59:13 Les conséquences pourraient être catastrophiques
59:15 et pousser 24 millions de personnes supplémentaires
59:17 au bord de la famine.
59:19 Et puis, le gouvernement lance une campagne
59:21 de lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants.
59:24 Chaque année, ils sont 160 000 à en être victimes.
59:27 Cette campagne publique, la première depuis 20 ans,
59:29 vise également à l'alerter sur l'inceste.
59:32 ♪ ♪ ♪

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