La grande interview : Jordan Bardella

  • il y a 7 mois
Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
Transcript
00:00 Bienvenue et bonjour Jordan Bardella.
00:02 Bonjour Madame Ambrouk.
00:03 Merci de votre présence et votre grande interview ce matin sur CNews Europain.
00:06 Vous êtes le président du Rassemblement National et bien sûr la tête de liste RN aux Européennes.
00:11 Marine Le Pen se rendra tout à l'heure à la cérémonie d'entrée au Panthéon du résistant communiste Missak Manouchian.
00:17 Vous y serez également Jordan Bardella et le tout malgré les réserves d'Emmanuel Macron qui avait affirmé et estimé dans l'humanité, je cite,
00:24 que les forces d'extrême droite seraient inspirées de ne pas être présentes. Alors pourquoi vous, vous y serez et plus largement, pourquoi le RN tient-il à être représenté ?
00:32 Parce qu'à chaque fois que la République nous convoque, nous répondons à son appel.
00:37 La résistance française doit être honorée, elle fait partie de notre récit national, elle fait partie de notre histoire.
00:44 Et nous y serons évidemment pour commémorer l'entrée au Panthéon de ceux qui ont lutté pour défendre une certaine idée de la France,
00:52 en tout cas une idée de la France libre. Je déplore un peu que le président de la République utilise des moments qui devraient être des moments d'unité nationale
01:00 pour attiser des polémiques, pour diviser les Français et pour opposer les Français les uns aux autres.
01:05 Emmanuel Macron doit accepter qu'il y ait en France des gens qui ne votent pas pour lui et des gens qui, accessoirement, ont voté pour Marine Le Pen,
01:11 pour le Rassemblement national. À près de 42% des voix, lors de la dernière élection présidentielle, nous avons le premier groupe d'opposition à l'Assemblée
01:19 et il est bien normal que nous soyons présents dans ce type de moments importants pour la République française.
01:24 Pour honorer, dites-vous, Jordan Bardella, cet esprit de la résistance, ce symbole du patriotisme et aussi ce symbole des étrangers anonymes de la résistance.
01:33 Que répondez-vous à ceux qui en appellent à la décence ? Et qui rappellent que parmi les fondateurs de votre parti, il y avait des anciens vichystes ?
01:41 Oui, on peut refaire l'histoire. Il y avait aussi M. Bidot, qui a été le successeur de Jean Moulin, à la tête de la résistance française.
01:53 Et il y avait notamment en France M. Mitterrand, qui a été l'un des compagnons de route de M. Bousquet, qui a été le président de la République française socialiste
02:01 et qui a reçu des mains du maréchal Pétain, l'une des plus hautes distinctions du régime de Vichy.
02:05 La France, je dis que l'histoire est complexe et que si on refait l'histoire de l'ensemble des mouvements politiques, alors il faut la faire pour l'ensemble du spectre politique.
02:15 En tout cas, Marine Le Pen a rappelé que son grand-père avait son nom sur le monument aux morts de la Trinité en Bretagne
02:23 et qu'une partie de sa famille a donné sa vie pour défendre la France libre et pour défendre encore une fois une certaine idée de la France.
02:32 Moi, je déplore que le président de la République, qui est le président de tous les Français, qui est le garant de l'unité nationale de la République française
02:40 et de ses institutions, utilise l'histoire de France, utilise l'histoire nationale.
02:46 Il vous a pas interdit. Il vous a dit que vous serez inspiré de ne pas y être.
02:49 Il l'utilise quand on lit.
02:51 C'est une utilisation, là, une instrumentalisation ?
02:53 Oui, il instrumentalise l'histoire de France pour faire de la politique politicienne et je trouve ça assez indigne.
02:58 Vous vous souvenez que lors du second tour de l'élection présidentielle de 2017,
03:03 Emmanuel Macron s'était rendu à Auradour-sur-Glane pour instrumentaliser l'horreur,
03:08 le massacre qui a été commis à Auradour-sur-Glane par les nazis,
03:11 pour dresser un camp contre un autre et venir agiter le spectre de la menace fasciste, de la menace nazie,
03:19 pendant le second tour d'une élection présidentielle.
03:21 Tout ça relevait évidemment du théâtre, mais de le faire avec l'histoire de France
03:24 et avec les moments les plus douloureux de ce que nous avons pu vivre par le passé.
03:27 Et je trouve assez indigne là où la mémoire appelle au rassemblement, à l'apaisement et à l'unité.
03:33 Rassemblement, il n'en est pas question dans cette même interview, justement,
03:36 où Emmanuel Macron a estimé que le RN ne faisait pas partie de l'arc républicain.
03:39 Et ce matin, dans Le Figaro, Gabriel Attal propose un débat à Marine Le Pen sur l'agriculture.
03:45 Avant de venir au débat, Jordan Bardella, est-ce que vous voyez une contradiction
03:48 entre le président qui dit "vous ne faites pas partie de l'arc républicain"
03:51 et les premiers ministres qui proposent un débat à Marine Le Pen ?
03:54 Madame, on est dirigé par des gens qui passent leur temps à dire tout, le contraire de tout,
03:59 avec à chaque fois la conviction d'avoir raison.
04:03 Semaine A, Emmanuel Macron nous dit que le RN est dans l'arc républicain.
04:08 Deux jours après, son premier ministre abonde.
04:10 Trois jours plus tard, le RN naît dans la bouche d'Emmanuel Macron,
04:14 plus considéré dans l'arc républicain.
04:16 Et pourquoi, selon vous ?
04:17 Je vais vous dire, parce qu'ils font de la politique.
04:19 Vous n'en faites jamais, vous ?
04:20 J'essaie d'en faire au service des Français.
04:22 Et pour moi, le combat politique ne passe pas systématiquement
04:25 par le dénigrement de mes adversaires.
04:27 Or, je pense que quand on est le chef de l'État,
04:29 on doit aussi respecter des gens qui ne votent pas pour soi.
04:32 Et je déplore qu'Emmanuel Macron ait trop souvent utilisé l'outrance, l'injure,
04:37 l'irrespect envers les Français qui ne votent pas pour lui,
04:39 comme une méthode de gouvernement.
04:41 Moi, je suis en désaccord avec les gens qui ont voté précisément pour Emmanuel Macron.
04:45 Je ne sais pas s'il serait autant à le refaire aujourd'hui,
04:47 mais ce n'est pas pour cela que je les considère en dehors de l'arc républicain,
04:51 ou que j'exprime à leur égard, de l'invectible ou de l'irrespect.
04:55 Vous estimez que c'est une insulte à vos électeurs,
04:56 à ces millions de citoyens qui votent pour Marine Le Pen ?
04:58 Oui, je ne me laisse pas diffamer de la même manière que Marine Le Pen ne se laisse pas diffamer.
05:02 Diffamer, c'est une diffamation ?
05:03 Oui, parce que quand on diffame le Rassemblement national,
05:05 en expliquant qu'on n'a rien à faire là, qu'on est hors de l'arc républicain,
05:09 et qu'on serait un danger pour la République,
05:11 en réalité, on cherche à mettre de côté quasiment un Français sur deux
05:15 qui, dans les sondages aujourd'hui, voteraient en faveur du Rassemblement national.
05:19 Donc, moi, j'appelle Emmanuel Macron au respect de sa fonction, à de la dignité,
05:26 surtout quand il s'agit d'évoquer les passages les plus troubles de notre histoire.
05:30 Donc, nous y serons.
05:31 Et encore une fois, je vais vous dire que le couple Manouchion, soit étranger, n'est pas un sujet.
05:37 Parce qu'ils étaient étrangers, certes,
05:40 mais pour reprendre les mots de Peul et Loir, ils savaient quelle était leur patrie,
05:44 et en l'occurrence, ils se sont battus pour la France.
05:46 Sur le débat lui-même qu'a proposé Gabriel Attal-Jardin de Bardella,
05:49 pourquoi Marine Le Pen refuse-t-elle une confrontation avec le Premier ministre ?
05:52 Marine Le Pen, est-ce qu'elle donne l'impression de se défiler ?
05:55 Il faut être un peu cohérent.
05:57 Gabriel Attal a été nommé, d'après les mots de la Macronie,
06:00 comme une arme anti-Bardella pour les élections européennes.
06:03 Alors, il faut que Gabriel Attal vienne débattre avec moi.
06:07 Il n'est pas tête de liste aux européennes comme vous.
06:09 Il a été, et vous le savez, il a été mis en place précisément à cinq mois des élections européennes
06:13 pour tenter de sauver, non pas le soldat, mais le camp Macron lors de ces élections européennes.
06:18 Moi, je lui ai proposé de débattre, pour l'instant, il ne souhaite pas débattre avec moi.
06:22 Donc, il faut être cohérent.
06:24 Je veux dire, j'ai proposé un débat à Gabriel Attal.
06:27 Gabriel Attal, il est engagé à cinq mois des élections européennes.
06:31 Dans cette bataille, tous les commentaires le disent, dans l'entourage de la Macronie,
06:35 on dit la nomination d'Attal, c'est l'arme anti-Bardella.
06:37 Donc, il faut qu'il accepte de venir débattre avec moi.
06:40 Un certain nombre de propositions ont été faites par les chaînes de télé.
06:43 Je pense que c'est l'occasion de confronter les visions de l'association.
06:45 Est-ce que vous ne risquez pas de perdre une occasion de débat sur un sujet important,
06:47 qui est celui de l'agriculture ?
06:49 Gabriel Attal, c'est quand même le chef de la majorité.
06:51 Et Marine Le Pen, reconnaissons qu'un tel débat pourrait être très intéressant pour les Français.
06:55 Marine Le Pen a été, par deux fois, par trois fois, candidate à l'élection présidentielle.
07:01 Par deux fois au second tour de l'élection présidentielle.
07:04 Peut-être une troisième fois au second tour de la prochaine élection présidentielle.
07:08 Par conséquent, Marine Le Pen débat avec le président de la République,
07:12 qui a été son adversaire à deux reprises lors de l'élection présidentielle.
07:15 Vous estimez que ce n'est pas du niveau ?
07:17 J'estime que Gabriel Attal doit assumer ses responsabilités.
07:21 Il a été envoyé pour tenter d'éviter un accident électoral,
07:26 ça semble très mal parti, mais tenter d'éviter un accident électoral,
07:29 au camp de la majorité présidentielle.
07:31 Pourquoi refuse-t-il de débattre avec moi ?
07:33 Donc, vous lui réitérez la demande ce matin.
07:35 Oui, mais le problème, c'est que personne ne veut débattre.
07:37 M. Choui ne veut pas débattre, M. Darmanin ne veut pas débattre,
07:39 M. Attal ne veut pas débattre.
07:40 Ça paraît quand même très compliqué de faire de la politique
07:42 dans une démocratie où aucun des ténors de la majorité ne souhaite débattre.
07:47 Et Gabriel Attal propose ce débat avec Marine Le Pen,
07:49 sachant pertinemment qu'il n'y aura pas lieu.
07:50 Il ne débat pas avec vous, mais en tous les cas,
07:52 il vous cible très clairement ce matin dans le Figaro sur l'agriculture.
07:55 Il dit en cinq ans de Parlement européen,
07:57 le bilan de Jordan Bardella sur l'agriculture, c'est zéro.
07:59 Zéro rapport, zéro résolution, zéro action.
08:01 100% girouette.
08:03 Je donne l'exemple, le RN a voté contre la PAC en 2019 pour en 2021.
08:07 Et maintenant, vous êtes de nouveau contre.
08:09 Oui, mais je devrais maîtriser un peu plus ces dossiers, M. Attal,
08:12 parce que si les agriculteurs sont dans la rue aujourd'hui,
08:15 très en colère, et cette colère, elle est légitime.
08:18 Ce n'est pas de la responsabilité du Rassemblement national.
08:20 C'est précisément parce que depuis sept ans et plus,
08:24 nous sommes confrontés à des dirigeants politiques
08:27 qui multiplient, comme l'ont fait M. Attal et M. Macron depuis sept ans,
08:31 les accords de libre-échange qui mettent en concurrence notre agriculture.
08:35 Ils n'étaient pas totalement contre tous les accords, M. Bardella.
08:38 Avec des pays du bout du monde qui ne respectent aucune des normes économiques,
08:43 sociales, sanitaires, environnementales qui sont imposées aux agriculteurs français.
08:47 C'est parce que M. Attal et M. Macron ont soutenu à l'Union européenne
08:53 la politique du Green Deal, dite du pacte vert,
08:56 qui prévoit dans les 20 prochaines années une baisse du nombre de cheptels,
09:00 une baisse des rendements agricoles, des contraintes toujours plus difficiles
09:04 sur les produits phyto qui sont utilisés par les agriculteurs,
09:06 qui fait qu'aujourd'hui, nos agriculteurs n'arrivent plus à être compétitifs
09:09 et à vivre de leur travail.
09:10 Donc il faut le patriotisme économique.
09:12 Deuxièmement, nous avons fait pression depuis cinq ans
09:15 sur la politique agricole commune au Parlement européen
09:17 pour que soient légalisés les aides d'État et que les États puissent
09:21 directement flécher les aides financières aux agriculteurs
09:24 vers les agriculteurs de leur État respectif.
09:26 La PAC a évolué.
09:28 Donc elle n'est pas parfaite.
09:30 J'en conteste encore une fois la philosophie au niveau européen.
09:35 Mais dans l'état actuel des choses, cette PAC est nécessaire
09:38 pour les agriculteurs.
09:39 Donc je l'ai votée et je l'assume.
09:41 Donc quand ça va dans le bon sens, vous pouvez voter
09:43 avec la majorité présidentielle au Parlement européen.
09:46 C'est pas la majorité présidentielle, mais en sous notre pression,
09:50 si vous voulez, ils décident de revenir sur ce qu'ils ont fait depuis sept ans.
09:54 Puisque c'est nous qui avons inspiré ces décisions, nous les soutenons.
09:57 Je donne un autre exemple qui n'a rien à voir.
09:59 Ça fait des années que le RN défend l'abrogation du droit du sol.
10:02 Lorsqu'Amayot, Gérald Darmanin, qui a toujours soutenu le droit du sol,
10:05 vient au pied du mur dire "je suis contre le droit du sol",
10:08 merci de reprendre nos idées.
10:10 Il vient légitimer le combat politique que nous menons.
10:12 Mais voyez bien que sur l'intégralité des sujets, en fait,
10:15 il y a une convergence vers les analyses, vers la lucidité
10:19 et vers les solutions que prône le RN.
10:21 Et je crois que c'est de bonne augure évidemment pour la suite
10:24 parce qu'enfin le bon sens peut se retrouver à la tête de la politique.
10:28 Jordan Bardella, l'agriculture mais aussi bien sûr l'immigration
10:31 au cœur de la campagne des européennes.
10:33 Vous avez d'ailleurs effectué un premier déplacement dans les Alpes-Maritimes
10:35 ce lundi en compagnie de l'ancien patron de Frontex, Fabrice Leggeri,
10:39 désormais numéro 3 sur votre liste et on va en parler.
10:42 Mais tout d'abord, sur ce déplacement à Menton,
10:44 vous avez rencontré les officiers de la CRS6
10:46 et vous avez reçu une médaille des mains du commandant de cette compagnie.
10:50 Avec vidéo et photo, le ministre de l'Intérieur a demandé un rapport,
10:53 une enquête à ce sujet.
10:55 Comment vous réagissez et à quel titre avez-vous reçu cette médaille ?
10:59 J'ai visité une caserne, un commandement de CRS.
11:03 En tant que parlementaire, on a le droit de rendre visite à nos forces de l'ordre,
11:10 de se déplacer dans des établissements pénitentiaires,
11:12 dans des centres de rétention administrative.
11:14 Mais cette polémique est assez indigne en fait.
11:18 Parce que moi je pense que le ministre de l'Intérieur,
11:20 plutôt que de déployer son énergie contre ses propres services,
11:24 devrait s'atteler à régler la question de l'insécurité,
11:27 de l'islamisation de notre société et à l'évidence,
11:32 la question de notre immigration.
11:35 Parce que je suis effectivement allé à Menton
11:37 pour apporter mon soutien à nos forces de l'ordre
11:39 et à l'ensemble de ces fonctionnaires de police
11:41 qui sont confrontés à des afflux réguliers entre la France et l'Italie
11:45 et pour dénoncer une décision du Conseil d'État qui s'appuie sur un avis,
11:49 j'explique pour que les Français comprennent bien.
11:52 La Cour de justice de l'Union européenne a émis un avis
11:55 qui a été mis en pratique dans une décision du Conseil d'État au 2 février
11:58 qui rend impossible les refoulements immédiats de migrants à la frontière française.
12:04 Pas d'immédiateté.
12:05 Les policiers que je suis allé soutenir, visiter, ils m'ont dit quoi ?
12:09 Ils m'ont dit "demain si nous avons un afflux majeur entre la France et l'Italie",
12:13 c'est-à-dire en fait à Lampedusa, de gens qui arrivent
12:16 et qui se retrouvent ensuite à la frontière entre la France et l'Italie
12:18 pour rentrer dans l'Hexagone.
12:20 Nous ne pourrons pas faire face et nous n'aurons pas les leviers juridiques
12:24 et administratifs pour les refouler.
12:27 Il faut savoir aujourd'hui.
12:28 Pour être totalement complet, c'est-à-dire qu'il faudrait vraiment s'entendre
12:30 sur ces sujets-là avec l'Italie et une fois qu'il y a accord avec l'Italie,
12:33 là on pourra refouler.
12:34 Mais c'est ingérable.
12:35 C'est ingérable.
12:36 Les entrées en Méditerranée centrale ont augmenté depuis juillet dernier de 300%.
12:42 Moi je dis une chose très simple, c'est que ces élections européennes
12:46 revêtent aussi un enjeu de civilisation et que l'immigration est peut-être
12:50 le plus grand défi qui va se poser à la France et à l'Europe.
12:54 Défi évidemment extérieur majeur puisque la démographie fait l'histoire
12:58 et que nous sommes face à un continent, l'Afrique, qui va passer
13:01 d'un milliard de cent millions d'habitants à deux milliards de cinq cents millions
13:04 d'habitants en 20 ans.
13:05 Et défi à l'intérieur de notre sol où l'immigration entraîne
13:08 sur le sol français la constitution d'enclave étrangère
13:12 où nos compatriotes n'ont plus le sentiment d'être en sécurité
13:15 ou de reconnaître leur pays.
13:17 Lors de ces déplacements, pardonnez-moi Jordan Bardal, c'est important
13:19 parce que les personnalités qui vous entourent et qui peuvent apporter
13:22 des solutions, vous étiez, je le disais, aux côtés de l'ancien patron
13:25 de Frontex, Fabrice Leggeri, numéro 3 sur votre liste.
13:28 J'ai souligné qu'à droite, notamment François-Xavier Bellamy,
13:31 dénonce votre incohérence, dit-il, soulignant que vous n'avez eu de cesse
13:34 d'attaquer Frontex, puisqu'on parle de l'immigration, de la qualifier
13:37 d'hôtesse d'accueil des migrants en 2019, au même moment où
13:41 M. Leggeri était le patron, le directeur avait les manettes de Frontex.
13:44 Tout à fait, c'est la raison pour laquelle il a quitté Frontex.
13:47 Fabrice Leggeri, qui est un grand serviteur de l'État, qui est un préfet français,
13:50 était à la tête de Frontex, qui est l'agence de garde frontière européenne.
13:53 Moi, j'ai dénoncé le rôle de Frontex. Fabrice Leggeri, qui a été à la tête
13:57 de Frontex, il dit quoi ? Il dit "j'ai été mis à la tête d'une agence
14:01 visant à protéger les frontières de l'Europe. La Commission européenne
14:05 et les ONG m'ont empêché de faire mon travail. Et il a été mis en cause
14:09 par la Commission européenne elle-même, par les institutions
14:12 de l'Union européenne elle-même, qui sont ces supérieurs hiérarchiques
14:15 pour avoir renvoyé et refoulé des bateaux dans les pays de départ,
14:19 en tout cas au large des côtes européennes. Donc on a là un fonctionnaire
14:23 européen, qui est un grand serviteur de l'État français, qui fait le choix
14:27 du Rassemblement national parce qu'il dit que c'est le choix de la crédibilité
14:29 sur l'immigration et qu'il dit précisément... - Il y a des mots très violents.
14:33 - Exactement. Et il dit "j'en suis parti, j'ai démissionné, j'ai été poussé
14:39 vers la sortie, il faut bien le dire, parce que j'ai voulu faire mon travail
14:43 et que l'Union européenne est venue me dire que mon rôle n'était pas
14:46 de protéger en fait les frontières, mais d'accueillir les migrants".
14:49 Donc Frontex était évidemment une hôtesse d'accueil pour migrants,
14:52 alors qu'elle devrait être un instrument au service de la protection
14:55 de nos frontières. Moi je crois en un principe très simple, c'est la double
14:59 frontière. Il faut des protections aux portes de l'Union européenne,
15:03 en Grèce, en Italie. Il faut rendre possible par la loi et matériellement
15:08 faisable le push-back, c'est-à-dire quand il y a des bateaux qui arrivent
15:12 sur les côtes européennes, on les met en sécurité, on les raccompagne
15:15 dans les pays de départ. Et évidemment il faut une dissuasion, parce que
15:18 tant que notre pays continuera d'être un guichet social, attractif sur le plan
15:22 social pour tous les peuples du monde, alors nous organiserons les conditions
15:25 de notre propre submersion. Et moi je dis une chose très simple,
15:28 Fabrice Leggeri dit "il faut mettre fin au temps de la naïveté" et moi je dis
15:33 qu'il n'y a pas de droit inconditionnel à la France.
15:36 C'est ce dont vous parlerez certainement le 26 mars prochain à Paris,
15:40 puisque vous comptez organiser, Jordan Parral, des états généraux
15:43 de l'immigration, d'abord avec qui ? C'est seulement le Rassemblement
15:46 national, parce qu'on a en tête, et je le rappelle aux plus jeunes
15:49 auditeurs, aux téléspectateurs, qu'il y avait eu ces états généraux
15:53 également, qui avaient été organisés par la droite, je crois que c'était
15:56 dans les années 90, grande convention des états généraux.
15:59 Vous vous inspirez de ce qu'a fait la droite pour vos états généraux ?
16:02 Oui, je pense que le programme du RPR dans les années 90, à l'époque
16:05 où le RPR était réellement de droite, est aujourd'hui le programme
16:08 du Rassemblement national, en tout cas sur la question de la sécurité
16:11 et de l'immigration. Moi je pense que la sauvegarde de notre identité
16:14 et la défense de nos valeurs est le sujet le plus fondamental
16:17 de ces élections européennes, donc l'immigration a une place majeure
16:20 dans cette campagne, et j'organiserai avec les parlementaires,
16:23 la force parlementaire du RN, avec évidemment des personnalités
16:26 de la société civile dont je ferai connaître les noms,
16:29 d'autres auront l'occasion de me rejoindre, j'ai ma petite idée,
16:32 d'autres auront l'occasion de me rejoindre sur la liste également
16:35 du RN pour ces élections européennes, parce que je souhaite faire l'union
16:38 et je souhaite faire le rassemblement de tous les patriotes
16:41 pour permettre la victoire, et nous ferons évidemment
16:44 aujourd'hui les états généraux de l'immigration, et nous proposerons
16:47 parce que l'enjeu n'est pas tant de regarder aujourd'hui notre identité
16:50 et notre pays changé, mais de proposer des réponses pour que la France
16:53 demeure la France au XXIe siècle, et que les Français puissent
16:56 évidemment être protégés.
16:58 La France, justement, Jordane Bardella, après la mort de Navalny,
17:01 opposant et adversaire numéro un à Poutine, la France demande
17:04 une enquête indépendante sur la mort de l'opposant, vous au pouvoir,
17:07 vous l'auriez demandé ?
17:08 Oui, bien sûr.
17:09 Bien sûr, sans aucune hésitation ?
17:10 Ben, ça va de soi, le régime russe...
17:12 Ça va de soi, bon nom de vous, je n'en suis pas si sûre.
17:15 Vous m'interrogez, je vous réponds, Alexei Navalny était le premier
17:18 opposant au régime, et je crois qu'on reconnaît, ou non,
17:21 la qualité démocratique d'un état, la manière dont il considère
17:24 ses opposants et son opposition, et enquête il doit y avoir,
17:28 mais il est évident que le pouvoir russe a une part de responsabilité
17:31 dans le décès de son opposant, bien sûr.
17:34 Une part ?
17:35 Oui, son euphémisme.
17:37 C'est-à-dire, donc, qu'il est totalement responsable ?
17:39 Je pense qu'il a une très grande part de responsabilité, évidemment.
17:42 Alors, pourquoi les eurodéputés RN, un an avant sa mort,
17:44 et la question avait été posée à Marine Le Pen en février 2023
17:47 au Parlement européen, n'ont-ils pas voté une résolution
17:49 qui dénonçait des conditions qui ont donc, si on vous entend bien,
17:52 conduit à cette mort ?
17:53 Parce qu'il ne faut pas se satisfaire du titre des résolutions,
17:56 il faut regarder ce qu'il y a précisément dans ces résolutions.
17:59 Il est décrit...
18:00 Allez-y, non, allez-y.
18:02 C'est une longue résolution, mais il décrit les conditions inhumaines
18:05 de détention, et c'est une résolution peut-être symbolique pour certains,
18:08 mais qui dénonçait justement les conditions d'enfermement de l'opposant.
18:12 Moi, je dénie le droit à l'Union européenne de s'arroger des pouvoirs
18:15 diplomatiques, voilà. Donc, on a toujours été extrêmement clairs
18:18 sur ce sujet. À partir du moment où l'Union européenne cherche
18:21 à s'arroger les prérogatives diplomatiques qui sont théoriquement
18:24 celles des États, eh bien, nous refusons ou nous abstenons
18:28 sur ce type de résolution.
18:29 Donc, si c'était la France qui avait voté, par exemple, au Parlement
18:31 une telle, disons, une sorte de résolution comme celle-là,
18:34 vous auriez voté ?
18:35 Probablement. On est dans une dérive depuis maintenant une décennie
18:40 de l'Union européenne qui, en matière diplomatique ou en matière
18:43 de défense, tente de s'arroger les prérogatives des États.
18:46 On l'a vu d'ailleurs sur les propos extrêmement ambigu
18:49 qu'a tenu Emmanuel Macron à l'égard d'un éventuel partage
18:52 de la dissuasion du système, de la dissuasion français.
18:54 C'est pour ça que vous n'avez pas voté pour dénoncer les conditions ?
18:56 Oui, je pense qu'il faut mettre des lignes rouges.
18:58 Et je pense que l'Union européenne doit être remise à sa place
19:02 et que l'Europe, moi je crois dans l'idée européenne,
19:05 mais doit être d'abord une Europe des nations,
19:07 des coopérations entre États. Et il y a des lignes rouges.
19:09 Je pense que la gestion de l'immigration est une ligne rouge.
19:12 La défense et la diplomatie sont également d'autres lignes rouges
19:15 parce que si on écoute l'Union européenne, il faut faire la guerre
19:17 avec la terre entière.
19:18 Merci, Jordan. Juste d'un mot, comment on appelle un régime
19:20 qui tue ses opposants ?
19:22 Un régime autoritaire, voire plus.
19:24 Plus, c'est quoi ?
19:25 Totalitaire.
19:26 C'est le cas de la Russie ?
19:27 Je ne distribue pas des brevets de, je ne sais pas,
19:30 moi Emmanuel Macron. La Russie est une puissance nucléaire.
19:34 La France est une puissance nucléaire.
19:36 Par conséquent, je crois qu'il faut être extrêmement vigilant,
19:38 surtout en temps de guerre, aux mots que l'on utilise.
19:40 Mais c'est à l'évidence un régime autoritaire.
19:42 Merci, Jordan Bardella.
19:43 Merci à vous.
19:44 C'était votre grande interview ce matin et à bientôt.
19:45 [Musique]
19:49 [SILENCE]

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