10- Jessica de Bideran

  • il y a 6 mois
SESSION 3 : DES RELATIONS AU PUBLIC « DÉMATÉRIALISÉES » ?

Quand les archives d’écrivains s’exposent : réflexions à
propos de quelques tendances numériques au sein de
musées et maisons littéraires
Jessica de Bideran (Université Bordeaux Montaigne- MICA)
Transcript
00:00 Merci beaucoup d'abord à toutes et tous pour votre invitation et pour aussi avoir accepté
00:11 que je puisse vous présenter une partie de mes travaux à distance parce que c'est vrai
00:15 que la fin du semestre universitaire est toujours un petit peu chaotique et il était vraiment
00:20 compliqué pour moi de me déplacer aujourd'hui et cette semaine.
00:23 Le travail que je vais vous montrer rapidement cet après-midi, donc il va vraiment faire
00:29 écho avec ce qui a été présenté par Léa sur la Grotte Chauvet, je le trouvais vraiment
00:35 très très intéressant et aussi ce que vient de finalement présenter Geneviève,
00:39 c'est vraiment en écho à ce qui vient d'être dit, donc ça ouvre plein de pistes de réflexion.
00:46 Donc effectivement mon travail il est inscrit en sciences de l'information et de la communication
00:50 et ça fait maintenant plusieurs années que je travaille notamment autour de la question
00:57 des musées, expositions, maisons d'écrivains, musées littéraires, expositions littéraires
01:02 et maisons d'écrivains.
01:03 Et donc dans le cadre de cette journée, lorsque j'ai été sollicité, j'ai proposé de présenter
01:11 donc une réflexion autour du travail mené autour d'une maison d'écrivains et comment
01:17 ça a transformé les métiers, notamment des médiatrices.
01:21 Donc je vais vraiment être très très rapide sur l'introduction parce que je pense que
01:28 tout le monde dans la salle et à distance finalement connaît ces éléments et puis
01:33 ça a été rappelé par les personnes qui sont intervenues auparavant.
01:40 Mais c'est vrai que toutes les campagnes de numérisation qui ont été menées ces
01:45 20 dernières années, pour le dire rapidement, ont effectivement amené au partage, ouverture
01:52 des données, mais il y a eu aussi toute une création d'outils de médiation, comme
01:56 l'a très bien souligné Geneviève juste avant.
02:00 Et le point de départ de mon travail, c'est de me dire que finalement cette numérisation
02:07 massive qui concerne notamment des fonds d'écrivains, des fonds littéraires, va bouleverser ce
02:16 qui est le tropisme des maisons d'écrivains, des maisons de musées, qui s'inscrivent
02:21 généralement dans ce qu'on appelle une muséographie analogique.
02:24 Ça avait été travaillé notamment par Raymond Montpetit, à la fois notamment dans
02:28 les musées d'histoire, c'est-à-dire la reconstitution ou la conservation d'un
02:36 décor plus ou moins authentique, et où les objets vont avoir un rôle presque, souvent
02:42 les termes de reliques sont souvent utilisés pour évoquer ces maisons d'écrivains,
02:47 ces musées littéraires.
02:48 Et l'idée, c'est finalement pas tant les fonds d'écrivains ou la littérature
02:53 ou les archives littéraires qui sont au centre de ces muséographies, mais ce qu'on
02:57 peut appeler l'auteur en tant qu'expo, c'est-à-dire que c'est lui qui devient
03:02 l'objet de l'exposition et finalement il est présenté toujours en essayant, avec
03:09 cette difficulté autour du patrimoine littéraire qui est à la fois immatériel et matérielle.
03:15 Donc ce que je vais vous présenter, c'est vraiment une recherche en cours, et notamment
03:21 sur un territoire d'observation privilégié qui est mon territoire, la Nouvelle-Aquitaine,
03:27 parce qu'on a une diversité de maisons d'écrivains, de musées littéraires, et
03:32 on a un certain nombre de projets, notamment de numérisation autour des fonds d'écrivains.
03:38 Et depuis 2014, je travaille plus particulièrement avec le Centre François-Mauriac de Malagard,
03:43 comme sont l'indique, c'est la maison de villégiature de la famille Mauriac, de
03:48 François-Mauriac, qui a été conservée.
03:51 Cette collaboration a d'ailleurs commencé d'abord par la numérisation d'archives
03:57 et de presse notamment, et ensuite toute une réflexion sur l'évolution des outils
04:02 de médiation qui sont proposés en ligne et hors ligne.
04:07 Donc le Centre François-Mauriac de Malagard, on peut d'abord dire que c'est une maison
04:12 musée authentique, dans le sens où elle a été donnée par ses enfants à la famille,
04:20 et surtout, elle permet d'illustrer ce que Daniel Fabre appelait en 2001, dans le
04:26 cas d'une réflexion sur l'apparition de ce concept de patrimoine littéraire, qui
04:30 est un des rares objets patrimoniales qui n'a pas de définition juridique précise,
04:37 parce que justement il est en permanence entre des objets écrits, du patrimoine écrit,
04:41 et des objets monumentaux et l'immatérialité.
04:44 Donc il est l'idée d'une vérité fictionnelle et performatique de toute conversion patrimoniale,
04:52 c'est-à-dire que c'est le fait évidemment de déclarer que cet objet-là est patrimonial,
04:56 qu'il devient patrimoine.
04:57 Et à Bordeaux, ça s'illustre particulièrement, enfin Bordeaux et Gironde plus largement,
05:02 ça s'illustre particulièrement autour de cette fiction qu'on appelle "Les Trois M".
05:06 J'ai mis ici un extrait de Michel Suffrand, un écrivain bordelais, qui parle des biadits
05:12 culturels dits des Trois M.
05:14 Donc on a Montaigne, Montesquieu et Moriac.
05:17 Et je vous ai mis une photographie de la grande bibliothèque de la ville de Bordeaux, qui
05:24 lorsque la nuit arrive, s'éclaire et où on a une représentation éclairée ici, des
05:31 trois signatures, donc Montaigne, Montesquieu et François Moriac, qui s'affiche comme
05:39 ça dans l'espace public sur la façade de cette bibliothèque.
05:47 Alors cet exemple, il n'est pas anecdotique, c'est que finalement, la difficulté de ce
05:54 patrimoine littéraire, c'est qu'effectivement, il trouve des ancrages et il a besoin d'une
05:59 multitude de lieux et d'ancrages et d'acteurs pour s'ancrer et pour exister finalement
06:04 dans l'espace public.
06:05 Donc ces ancrages, ça va d'abord être évidemment les fonds littéraires.
06:08 Donc très belle photographie de François Moriac dans sa bibliothèque.
06:12 Donc les fonds littéraires autour de Moriac, ils sont dans trois lieux.
06:16 La bibliothèque littéraire Jacques Doucet, prioritairement.
06:19 C'est François Moriac de son vivant, de trois ans avant son décès, qui lègue une
06:24 grande partie de ses archives à la bibliothèque littéraire Jacques Doucet.
06:27 Puis il y a deux autres fonds qui se sont constitués plus tardivement et notamment
06:35 suite à la volonté de la famille de ses enfants et maintenant de ses petits-enfants,
06:40 donc à la bibliothèque de Bordeaux et donc à Malagarre.
06:45 Donc la bibliothèque de Bordeaux, je vous ai mis aussi ici une autre monumentalisation
06:50 de ce patrimoine littéraire.
06:52 C'est un facsimilé d'un cahier sur lequel François Moriac écrivait, puisqu'il écrit
06:59 sur des cahiers d'écoliers.
07:01 C'est un facsimilé qui est un auvent pour se protéger de la pluie avant qu'on pénètre
07:06 dans la bibliothèque de Bordeaux.
07:08 Ces auvents reprennent là aussi des archives d'écrivains.
07:12 Ici on a une page de Montaigne, de l'exemplaire de Bordeaux et ici une page de François Moriac.
07:20 On a le centre François Moriac de Malagarre, j'y reviendrai tout à l'heure, sa maison
07:25 de vacances.
07:26 Et on a aussi des séries d'actions qui permettent cette monumentalisation et aussi des séries
07:32 d'actions d'animer ce patrimoine littéraire.
07:34 Ici une présentation en bibliothèque avec, dans le cadre de projets d'éducation artistique
07:40 et culturelle, une conservatrice de la bibliothèque qui présente une partie des fonds Moriac à
07:46 des élèves qui vont ensuite, et on retrouve le numérique, donner une seconde vie à ces
07:51 fonds en créant par exemple des, comment dire, qui vont écrire en ligne, utiliser
08:00 des réseaux sociaux par exemple pour écrire à la manière de François Moriac.
08:04 Puis on a aussi évidemment les amis de François Moriac, toute une série d'associations comme
08:09 ça qui font vivre les illustres dans l'espace public et ici aussi sur les réseaux sociaux
08:17 puisque c'est le capture écran du compte Twitter de cette association.
08:22 Pour être plus précis sur la particularité du Centre François Moriac de Malagarre, parce
08:29 que peut-être que tout le monde ne connaît pas bien cette structure, François Moriac
08:36 décède en 1970 et en 1985 les enfants décident de donner la maison à la région Aquitaine
08:47 et elle est restée vraiment, c'est-à-dire qu'ils continuent à s'en servir mais il
08:54 n'y avait pas eu de transformation majeure depuis le décès de François Moriac et entre
08:59 1985 et 1997 il va y avoir une série de travaux pour pouvoir accueillir des publics puisque
09:05 dans le don qui est fait par la famille est stipulé que la maison doit être ouverte
09:09 au public et que la structure doit aussi devenir un centre d'archives et accueillir une série
09:14 de fonds documentaires liés à l'écrivain.
09:18 Je vous ai mis quelques extraits de verbatim, des entretiens que j'ai régulièrement avec
09:24 les médiatrices, donc j'envoie à dessein le terme médiatrice féminin puisque ce ne
09:29 sont que des équipes féminines, elles ne sont pas à 70 comme à Chauvet mais elles
09:34 sont 5 à faire des visites et la particularité c'est que c'est une maison d'écrivains
09:38 qui aussi ne se visite que sous forme de visite guidée, c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'accès
09:42 libre à l'intérieur de la maison et donc les termes qu'elles utilisent ça va être
09:47 des termes de type une authenticité médiatisée, une colline inspirée, un haut lieu mauréatien.
09:54 Donc on voit bien que l'auteur est partout présent dans cet espace-là, il y a une forme
10:02 de présence, d'aura qui est extrêmement présente.
10:05 Et la particularité aussi du Centre François Mauriac de Malagarre mais d'une façon générale
10:10 des maisons d'écrivains comme le signalait Dominique Poulot en 2013, c'est vraiment
10:15 l'idée de l'expérience scolaire, ces maisons d'écrivains elles existent aussi
10:19 en lien avec l'école pour amener à la lecture principalement et c'est vrai que
10:24 dans les publics qui sont accueillis au sein du Centre François Mauriac de Malagarre,
10:28 on a à peu près 15 000 visiteurs par an et donc voilà plus d'un tiers qui est des
10:35 publics scolaires, ce qui représente quand même un chiffre assez important avec une
10:39 personne dédiée qu'au public scolaire et c'est vrai que les actions qui sont menées
10:44 sont vraiment des actions en direction de l'apprentissage de la lecture et d'amener
10:51 une diversité de publics, ça va de la maternelle, on ne va pas les amener à la lecture, mais
10:57 ça va de la maternelle à l'enseignement supérieur et d'avoir comme ça toute une
11:02 série d'actions autour de la lecture et donc on se sert finalement de la maison comme
11:08 une réserve pour amener à la lecture de François Mauriac qui apparaît encore de temps
11:16 à autre dans les programmes scolaires notamment des lycéens.
11:20 Donc ça c'est pour le constat non numérique du Centre François Mauriac de Malagarre et
11:29 depuis 2014, comme je vous le disais, le Centre François Mauriac de Malagarre connaît une
11:34 certaine mue, c'est-à-dire qu'une grande partie de ses pratiques professionnelles sont
11:42 impactées par l'introduction du numérique et notamment des pratiques professionnelles
11:46 qui vont de l'information à la communication, on a vraiment tout le prisme de l'information
11:51 et de la communication qui sont impactées par l'introduction comme ça du numérique,
11:57 enfin je reviendrai sur ce qu'on appelle numérique d'ailleurs, mais au sein de la structure.
12:02 Donc j'ai parlé à peu près de cinq médiatrices, il faut savoir que c'est une maison d'écrivain
12:06 qui a à peu près dix professionnels à temps plein dont une personne dédiée aussi à
12:11 la GED, enfin à la documentation et puis aujourd'hui à la GED, ce qui pour une maison
12:16 d'écrivain est relativement important puisque souvent ce sont des structures qui sont bien
12:21 plus modestes en termes de professionnalisation.
12:24 Donc depuis 2014 et avec une nette accélération depuis 2019-2020, le Centre François Mauriac
12:31 de Malaga est aujourd'hui ce qu'on peut appeler une maison musée augmentée, je reprends
12:35 l'expression qui était notamment présentée par Geneviève autour effectivement de l'apparition
12:42 comme ça notamment des objets connectés et de tout ce qui est réalité augmentée.
12:49 Donc comment ça se matérialise très concrètement dans le travail, la mise en circulation et
12:59 les formes d'adresses au public, cette numérisation ? On observe donc toute une série d'injonctions
13:05 comme l'ont très bien présenté Sébastien Apiotti et Eva Sandry, donc ces injonctions
13:10 à l'utilisation de médias numériques au sein des structures muséales et culturelles
13:15 plus largement.
13:16 Donc ça va de la numérisation des archives et de la mise en place d'une bibliothèque
13:23 numérique, ça a été présenté aussi en le travail, l'impact du numérique dans la
13:30 façon dont les professionnels des bibliothèques travaillent.
13:34 Il faut savoir qu'au sein de Malaga la documentaliste a dû se former sur le tas, donc il y a aussi
13:44 notamment à la gêne, à l'indexation etc.
13:46 Donc il y a toute une réalité derrière professionnel qui est quand même assez complexe.
13:50 Une injonction comme ça du pouvoir public, en l'occurrence ici de la DRAC et de la région,
13:57 à numériser les archives, ça représente à peu près 30 000 pièces d'archives, c'est
14:03 pas anecdotique, c'est pas un petit fond, c'est des archives qui concernent essentiellement
14:08 l'univers familial évidemment de la maison, là où à la bibliothèque de Niterra-Janvoussé
14:15 ou à la bibliothèque de Bordeaux ça va être des fonds plus liés évidemment à
14:19 la partie écrivain professionnel de l'auteur.
14:21 À Malaga on va plutôt avoir des fonds qui renseignent plutôt son entourage familial,
14:28 son entourage amical, son entourage de travail, des échanges aussi avec des lecteurs par
14:33 exemple, on a ce genre de choses.
14:34 Donc il y a une bibliothèque numérique, très concrètement on numérise, on met en
14:38 ligne et avec une difficulté, c'est que c'est un auteur qui est encore sous droit,
14:44 donc avec la problématique d'une bibliothèque numérique qui n'est pas en accès libre,
14:47 les données ne peuvent pas être en accès libre et il faut se créer un compte, demander
14:52 la création d'un compte et on ne peut pas accéder à tous les documents.
14:56 Deuxième forme d'apparition du numérique, on va avoir un espace comme ça qui est une
15:05 sorte de centre d'interprétation qui est un sas qui permet de patienter avant de rentrer
15:09 justement dans la maison, ce qu'on appelle le chez du rouge, c'est une demeure où
15:14 on faisait de la vigne et où avait lieu les vendants, je crois que le chez où était
15:18 stocké le vin avant d'être mis en bouteille.
15:24 Donc on a ce qu'on appelle des totems documentaires avec des tables interactives et donc sur ces
15:34 totems documentaires, on va retrouver toute une série comme ça de tables.
15:38 Alors je suis désolée mais j'entends quelqu'un parler, c'est très personnel.
15:44 Et donc voilà, ces totems interactifs, ils sont mobiles et là aussi ils sont très monumentaux.
15:52 Donc c'est des tables interactives assez classiques, Jolien va présenter dans ses
15:57 diaporamas une série de photographies qui en montraient.
16:00 Donc on a un apport informationnel, c'est-à-dire qu'on va se puiser dans les archives pour
16:05 apporter des informations supplémentaires qui ne sont pas visibles dans l'espace de
16:11 l'exposition.
16:12 Et puis troisième expérience, déjà plus, en tout cas, enfin plus, comment dire, qui
16:28 est un peu à part autant la bibliothèque numérique, les tables interactives, c'est
16:31 des choses que l'on voit apparaître assez naturellement maintenant, enfin en tout cas
16:36 il y a une forme d'ancienneté.
16:39 La visite virtuelle qui a été créée dans le cadre de la fermeture des travaux et ici
16:45 il y avait vraiment un enjeu professionnel, c'est-à-dire que l'idée étant que la maison
16:52 avait besoin de restauration, il fallait fermer la maison pendant au moins un an ou deux ans
16:56 et on ne pouvait pas, enfin voilà, l'idée de la région c'était on ne va pas mettre
17:03 au chômage technique les médiateurs et les médiatrices en l'occurrence, donc on va proposer
17:07 une espèce de palliatif à la fermeture de la maison et on va créer une visite virtuelle
17:12 dans les écuries, non les tables pardon, où les visiteurs ont pu se rendre, donc bon,
17:18 après il y a eu le confinement donc c'est un peu compliqué la chose, mais voilà, cette
17:22 visite virtuelle a été faite à partir d'une captation photographique de la maison sur laquelle
17:27 on est venu enrichir le discours avec l'apport de documents et d'informations notamment
17:34 photographiques.
17:35 Et donc cette expérience a amené à repenser totalement la posture de Malaga et du numérique
17:47 et donc a été créée cette appellation que je trouve intéressante de Malagar numérique,
17:53 on a l'impression comme ça qu'on crée une espèce de marque et ça c'est quand même
17:58 un vrai changement de posture pour une maison d'écrivain, on va réunir sous l'appellation
18:03 Malagar numérique l'ensemble des offres qui sont faites par Malagar autour du numérique,
18:09 on a la bibliothèque numérique, on a Malagar vient à vous, je reviendrai là-dessus et
18:13 on a donc une présentation de la visite virtuelle, des écrans tactiles et de l'escape game,
18:18 on retrouve tout ce qui a été présenté encore une fois dans le cadre de la présentation
18:25 précédente.
18:26 Et ce que je trouve intéressant dans le fait d'utiliser ces termes qui rappellent une
18:29 marque c'est que ça permet de penser l'idée d'industrialisation, enfin on assiste comme
18:34 ça à une forme d'industrialisation des formes culturelles qui se déclinent en offre
18:38 et je reprends ici l'expression de Camille Rondeau qui a travaillé notamment sur la
18:42 déclinaison de Gallica en Gallica marque blanche dans un texte qui a été récemment
18:47 publié dans Communication et Langage et voilà elle analyse comme, je ne sais pas si vous
18:54 avez eu l'occasion de parler de Gallica marche peu blanche mais voilà c'est vraiment une
18:58 forme de, on va décliner le Gallica en des Gallica marque blanche pour des partenaires
19:04 collectifs, des territoriales ou autres et on retrouve finalement cette idée de, pareil,
19:10 de marque de réunir sous la même appellation un objet numérique qui va devenir une offre
19:14 en fait, une offre de service qu'on va proposer à différents publics et différentes personnes.
19:19 Alors très concrètement, et là je vais juste me concentrer sur la visite, aujourd'hui
19:29 elle est, cette visite virtuelle qui était proposée pendant le temps du travau, depuis
19:33 septembre 2023, elle n'existe plus à Malagard puisque évidemment la maison a réouvert
19:44 et donc il a fallu transformer cette offre en une nouvelle offre et donc c'est la visite
19:48 de la maison augmentée et donc on va faire, on rajoute ce que Liz Rondeau appelle des
19:53 adjuvants numériques, c'est-à-dire de nouveau on va empiler comme ça les offres
20:00 de médiation, les discours, les formes d'écriture et très concrètement les médiatrices elles
20:05 sont passées comme ça d'être équipées avec des livres où on avait Le Sagouin,
20:10 les œuvres complètes de François Moriarty, Le Drôle, etc.
20:12 Donc elles se baladaient dans la maison avec leurs livres, très concrètement aujourd'hui
20:16 elles se baladent avec une tablette et sur cette tablette tactile elles vont en permanence
20:21 pouvoir aller piocher dans l'ensemble des au moins 8000 documents photographiques parce
20:29 qu'il y a une focalisation quand même et ça c'est une vraie transformation, c'est
20:32 que finalement on n'expose pas tant que ça des archives, des manuscrits mais on va
20:36 beaucoup exposer évidemment des photos, c'est logique on est dans la maison donc
20:40 ça fait écho à l'univers familial que l'on traverse et on va venir comme ça avec
20:46 une forme de transparence projetée, alors tout est caché, tout est masqué et on a
20:52 ici par exemple à l'intérieur d'un placard qu'elle ouvre, on nous présente donc le
20:58 service de porcelaine et on nous explique qu'il était utilisé pour le mariage et
21:02 on a ici une photographie du mariage de François Moriarty et de sa femme donc il y a quelque
21:07 chose qui est presque de l'ordre de la magie comme ça, une forme de transparence
21:11 de l'objet numérique, du substitut numérique qui va comme ça apparaître.
21:15 Ici dans le bureau pour avoir observé des visites on a des publics qui vont s'amuser
21:22 à retrouver, là on voit François Moriarty et sa femme puisqu'elle retapait à la machine
21:28 tout ce qu'il avait écrit de façon manuscrite et voilà on va rechercher la machine à écrire,
21:34 on va rechercher le fauteuil sur lequel il était assis etc.
21:37 Donc il y a un peu un cherche et trouve qui se met en place avec la projection de ces
21:42 photographies.
21:43 Et je pense que j'en arrive à la limite de mon temps donc je vais m'arrêter là
21:51 sur la dernière, je voulais quand même continuer avant de terminer mais ce qui est aussi intéressant
21:58 c'est que cette offre numérique elle va se décliner et là aussi c'est une transformation,
22:02 alors on n'est plus outillé avec des livres mais on va être outillé avec une tablette,
22:06 on va aller chercher des documents numériques en fonction de la réaction des publics, on
22:11 va s'adapter, on va aller comme ça chercher très très facilement une série d'images
22:16 dans la tablette et on va aussi avoir des propositions hors les murs donc avec une série
22:21 d'usages pédagogiques, les usages pédagogiques comme l'avait bien signalé Patrick Frey
22:25 dans un texte en 2019, l'usage pédagogique il est très utile pour réguler l'usage
22:30 numérique c'est-à-dire qu'il donne une forme d'usage à des propositions numériques
22:36 et très concrètement aujourd'hui les médiatrices elles se déplacent hors les
22:39 murs, elles vont dans les classes, c'est très difficile aujourd'hui pour des classes
22:43 de pouvoir avoir accès à des bus, de se déplacer etc.
22:46 On est une région qui est très vaste en termes de géographie et donc plutôt que
22:50 de venir à Balagar c'est Balagar qui vient à vous et donc on vous propose un escape
22:55 game en réalité virtuelle, on vous propose une visite virtuelle, on va retrouver les
23:00 mêmes offres mais plus à l'intérieur de la maison mais dans la salle de classe.
23:06 Donc ça aussi c'est une transformation du métier de la médiatrice qui n'est plus
23:10 seulement sur site mais est amenée comme ça à se déplacer et qui gère aussi toute
23:15 une logistique qui n'avait pas forcément été anticipée en termes de casques, de
23:20 mises à jour etc.
23:21 Et je terminerai sur toute une série de questions parce qu'encore une fois ça reste
23:27 un travail qui est vraiment en cours et qui est des réflexes, enfin je vous soumets une
23:31 série de réflexions.
23:32 Ce qui est intéressant c'est que d'abord là où avant on avait plutôt des extraits
23:38 de lecture au sein de la maison, l'apparition de ces archives d'écrivains, de ce substitut
23:43 numérique et notamment de la photographie fait qu'on a une multiplication de ce que
23:48 les informaticiens appellent des scripts, c'est-à-dire qu'on va épuiser comme ça
23:53 dans les… il y a presque 8000 clichés photographiques qui ont été numérisés et dans lesquels
23:58 elles peuvent aller piocher, donc on multiplie les récits possibles autour de la maison.
24:02 Donc c'est plus seulement une maison littéraire mais ça va être la maison où on va présenter
24:07 aussi comment autrefois on vivait finalement.
24:09 Ça va déplacer comme ça le discours et le récit.
24:14 J'ai toute une série de réflexions autour justement d'une muséologie qui se rapproche
24:19 presque plus d'une muséologie à la Georges-Anthier-Rivière, des arts et traditions populaires, où on
24:24 va présenter d'anciennes façons de vivre plus que finalement juste la littérature
24:30 et le patrimoine littéraire.
24:32 La médiatrice, elle devient finalement une sorte de relais de témoin.
24:37 Elle n'est plus seulement là pour transmettre un discours mais elle a un rôle finalement
24:45 de témoin, de valeur, d'authenticité.
24:47 Elle va certifier l'authenticité de ce qu'elle raconte et cette authenticité,
24:51 elle va être le rappel à la photographie.
24:55 On ne retrouve pas du tout l'aliénation qu'on a pu avoir dans ce que présentait
24:58 Léa sur la Grotte Chauvet.
25:00 Elle se sent extrêmement libre puisqu'elle peut multiplier comme ça les formes de récits.
25:11 Il faut savoir aussi que toute cette médiation a été pensée avec elle.
25:16 Je pense que ça joue beaucoup sur l'outil qui est proposé à la fin puisque le fait
25:22 qu'elle prenne en charge le dispositif et pas les publics, que ce soit pas délégué
25:32 au public fait qu'elles ont eu vraiment leur moyen de la construction du dispositif.
25:38 On peut s'interroger sur est-ce que ça remet en question l'idée de la confiance éprouvée
25:44 qui avait été mis en avant par Johannes Le Marais.
25:47 L'objectif là maintenant ça va être d'aller faire des études du côté des publics.
25:51 Il y a aussi tout un travail à mener autour de cette utopie de la transparence, c'est-à-dire
25:56 que ces substituts numériques apparaissent comme par magie dans la maison puisqu'il
26:03 s'agissait d'être le moins intrusif possible.
26:05 Et en dernier recours, ce qui est intéressant aussi c'est de voir dans quelle mesure on
26:10 assiste finalement à une industrialisation des biens symboliques et à une transformation
26:14 des pratiques professionnelles dans le sens où ça entraîne aussi chez l'ensemble
26:19 de l'équipe toute une mise à niveau en compétences numériques.
26:24 Voilà, écrire un cahier des charges, mettre à jour les outils, appréhender le fait qu'il
26:36 y aura des évolutions techniques à mettre en place, etc.
26:38 Ça c'est des choses qu'il faut apprendre finalement sur le tas.
26:41 Et il y a un vrai rôle notamment de la région Nouvelle-Aquitaine dans la mise en place de
26:45 ces outils puisque c'est aussi vu comme un soutien à l'innovation locale puisque ce
26:50 sont généralement des entreprises locales qui participent à la production de ces outils.
26:55 Et je m'arrêterai là pour ne pas déborder, j'espère ne pas avancer trop longuement.
26:59 Je vous remercie.
27:01 Merci.
27:03 Merci.
27:05 Merci.
27:06 Merci.
27:08 Merci.
27:09 [SILENCE]

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