• il y a 8 mois
Retour chronologique sur les grands personnages de l'histoire

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00:00 Bonjour à tous, très heureux de vous retrouver pour les belles figures de l'histoire.
00:04 Avec Saint-Etienne de Hongrie, c'est une des plus belles pages de l'histoire chrétienne
00:09 qui s'est écrite au tournant de l'an 1000.
00:11 Premier roi chrétien de son pays, c'est en quelque sorte le Clovis hongrois.
00:15 Pendant 40 ans, il a fait de son royaume un pays prospère, appuyé sur la foi.
00:20 Ce grand roi a aussi laissé le souvenir d'un homme d'une grande bonté
00:24 et sa mémoire et sa fête restent très importantes.
00:28 Nous partons à la découverte de Saint-Etienne de Hongrie avec le père Jean-François Thomas.
00:32 Bonjour mon père.
00:33 Bonjour Aymeric.
00:34 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:35 Vous êtes jésuite et auteur des Vertus méditées publiées chez Via Romana.
00:39 Véronique Jacquet est avec nous. Bonjour Véronique.
00:41 Bonjour à tous.
00:42 Cette émission est en partenariat avec l'hebdomadaire France Catholique.
00:47 Véronique, qui est Saint-Etienne de Hongrie, le premier roi et le saint patron de la Hongrie ?
00:53 Les français ne le connaissent pas mais c'est un bâtisseur d'empire
00:56 au même titre que Clovis ou Charlemagne.
00:59 C'est lui qui va amarrer le bassin des Carpathes au monde occidental.
01:02 Il est né au Xe siècle, vers 975.
01:05 Son père s'appelle Géza.
01:07 C'est un grand prince hongrois mais ce n'est pas un roi
01:10 parce qu'à l'époque la Hongrie n'est pas un royaume.
01:13 Ça s'appelle la panonie et Géza va être la cheville ouvrière
01:17 finalement d'un grand basculement autour de l'an 1000.
01:19 Il va sédentariser son peuple.
01:22 Il va choisir le baptême dans le rite latin.
01:25 Il va encourager ses compagnons à se convertir au christianisme
01:28 alors qu'ils étaient païens.
01:30 Et puis il va chercher la paix avec le puissant Saint-Empire romain germanique
01:34 qui régnait alors au cœur de l'Europe.
01:36 Et Etienne a d'abord été prénommé Vashk.
01:39 Et Etienne, c'est son nom de baptême en référence à Etienne,
01:43 le premier martyr du christianisme à Jérusalem.
01:45 Donc on voit qu'il y a cette empreinte chrétienne
01:47 mais qu'on est encore dans un monde avec des mémoires païennes.
01:50 Et Géza veut de son vivant qu'Etienne lui succède.
01:53 Donc il lui fait épouser Gisèle qui va devenir Sainte Gisèle du Hongri
01:56 et qui est la fille du duc de Bavière Henri II.
01:59 Alors ça parait un peu compliqué mais ce qu'il faut comprendre à cette union
02:02 c'est qu'en fait elle crée le premier lien familial
02:05 entre un prince hongrois et une dynastie européenne
02:08 car la fameuse Gisèle est apparentée à la dynastie des empereurs germaniques.
02:12 Voilà pour poser le décor.
02:14 Ensuite, qu'est-ce qui se passe à la mort du père d'Etienne ?
02:16 Un noble hongrois et cousin d'Etienne qui s'appelle Copany
02:20 revendique le fait de lui succéder au nom d'une tradition tribale
02:24 qui fait que le plus ancien doit prendre la place du chef
02:27 et là évidemment ça va mal se passer d'autant que le Copany est resté païen
02:31 et qu'Etienne est chrétien.
02:33 On retrouve là des mœurs assez barbares puisque Copany va être tué
02:36 et qu'Etienne va demander à ce qu'il soit démembré
02:39 et ce que les membres de son corps soient cloués sur les portes de plusieurs châteaux.
02:43 Tout cela pourquoi ?
02:45 Eh bien en fait pour imprimer la terreur chez les autres princes
02:48 et leur dire "Bah maintenant le patron c'est moi"
02:50 et c'est ce qui va se passer.
02:52 Etienne trouve un ascendant chez les autres princes hongrois
02:57 et il obtient du pape Sylvestre II la couronne
03:01 pour devenir roi, pour être sacré roi
03:04 le tout avec l'accord de l'empereur Auton III
03:07 quelque part il rentre dans la cour des grands
03:09 avec on va dire le secours de l'église
03:12 et il instaure donc la monarchie en ayant une légitimité
03:16 et pas n'importe laquelle, celle du pape
03:19 et on va dire qu'il gouverne à la grâce de Dieu
03:22 et avec la grâce de Dieu.
03:23 Et donc il décide de se faire sacré roi
03:25 ça c'est important parce qu'on va pouvoir faire le parallèle peut-être avec Clovis
03:28 en l'an 1000 ou 1001 à Esthergoms qui était le fief de sa famille
03:33 on n'est pas trop sûr de la date mais on dit que c'est un 25 décembre
03:36 et comme Clovis le roi franc il est oint avec de l'huile consacrée.
03:40 Alors père Thomas on voit que c'est quand même une époque sacrément chamboulée
03:43 expliquez-nous le contexte de cette époque.
03:45 Les 10e et 11e siècle sont une époque charnière
03:50 c'est le début de l'ère médiévale
03:54 mais avec l'émergence des états modernes nous dirons
04:00 avec la naissance d'un certain nombre de royaumes
04:04 et puis les deux événements principaux
04:08 c'est la naissance de l'empire du Saint-Empire romain germanique
04:13 qui va avoir donc une influence jusqu'au 19e siècle
04:18 et puis l'invasion musulmane en Espagne
04:22 et là bien évidemment les royaumes chrétiens vont se réveiller.
04:28 En Hongrie c'est la naissance d'un royaume
04:31 il est d'ailleurs intéressant de noter que le premier roi de Hongrie est un saint, Saint-Étienne
04:37 et que le dernier roi de Hongrie est un bienheureux, le bienheureux Charles 1er Habsbourg.
04:42 Donc il y a une sainteté qui s'est perpétuée à travers les siècles dans l'histoire de ce pays.
04:46 Voilà, quelle que soit en effet la violence qui a pu essaimer la première période
04:54 mais aussi les périodes successives parce que la Hongrie sera toujours un endroit
04:59 où vont passer beaucoup de peuples, où il y aura des invasions, des revendications nationalistes des uns et des autres.
05:07 Du point de vue de l'Église, est-ce qu'on peut situer cette période aussi dans cette dynamique
05:13 de la christianisation et de l'évangélisation finalement
05:16 qui se poursuit de l'ouest vers l'est avec la confrontation justement au peuple barbare ?
05:22 Oui, alors un regard superficiel pourrait dire "ah oui c'est l'an 1000,
05:27 donc voilà l'Église est complètement focalisée, elle est millénariste"
05:32 ce qui n'était absolument pas le cas.
05:34 Non, ce qui est intéressant c'est de voir que les papes de l'époque
05:38 vont vraiment miser sur l'évangélisation par le développement notamment des ordres monastiques,
05:46 des ordres contemplatifs et ces ordres auront un rôle,
05:50 l'ordre bénédictin aura un rôle très important en Hongrie et Saint-Étienne saura s'en servir.
05:57 Le pape de l'époque, Sylvestre, au départ avait tout de même une tentation d'être le suzerain de Saint-Étienne
06:06 mais Saint-Étienne s'est toujours bien gardé d'être le vassal de qui que ce soit.
06:10 Il ne voulait pas être le vassal de l'empereur du Saint-Empire romain germanique
06:15 et il n'a pas voulu non plus être le vassal du pape
06:18 tout en recevant bien évidemment son pouvoir spirituel de monarque du Saint-Ciel.
06:25 C'est la fameuse distinction des pouvoirs, on va y revenir, c'est très important.
06:28 Mais auparavant Véronique, dites-nous comment est-ce que Saint-Étienne a fait de la Hongrie un royaume chrétien ?
06:34 D'abord, transformer la Hongrie en royaume chrétien c'était vraiment l'ambition de Saint-Étienne.
06:40 Il consacre son royaume à la Vierge Marie, il transforme la fédération des tribus,
06:47 puisque c'était finalement des tribus, ce n'était pas un royaume en soi, en un véritable royaume.
06:51 Et pour ce faire, il passe d'abord par une unité spirituelle et puis il y aura une unité et une prospérité économique.
06:57 Alors, évoquons d'abord l'unité spirituelle, la conversion de tout un peuple bien entendu,
07:02 en faisant venir des missionnaires de Bavière ou de Bohème pour aider à l'évangélisation.
07:07 Ensuite, la création d'une église rattachée à Rome et il fonde deux archevêchés et huit évêchés.
07:13 Il encourage la construction de nombreuses églises, il facilite la venue de moines bénédictins
07:17 et donc il y aura la construction de plusieurs abbayés et monastères durant ses 38 ans de règne.
07:23 Et puis, il rédige des lois obligeant à respecter les fêtes chrétiennes, à confesser les mourants,
07:28 à garantir le droit de propriété. Il s'inspire aussi de l'évangile pour la protection de la veuve et de l'orphelin.
07:35 Donc il met un petit peu d'humanité dans ce monde de barbare, si j'ose dire.
07:38 Et puis, il y a aussi une unité et une prospérité économique,
07:44 parce que autour des monastères et des évêchés qui vont se construire,
07:48 il va y avoir un tissu économique qui va irriguer les villes alentours.
07:53 Et puis surtout, Étienne a une bonne idée, il décide une route de pèlerinage
07:57 qui va relier l'Europe de l'Ouest en passant par la Hongrie,
08:01 pour gagner la Terre Sainte via Constantinople.
08:05 Et ça va devenir cette route la principale route de commerce et d'échange.
08:09 Donc c'est ainsi que la Hongrie va gagner une prospérité économique sous le règne d'Étienne.
08:14 Elle va aussi connaître, ça c'est très important évidemment, une très longue période de paix,
08:18 puisque Étienne c'est 38 ans de règne.
08:20 Alors, pour Étienne, cela dit, la vie privée n'est pas rose,
08:24 parce qu'il voit mourir tous ses enfants en bas âge, sauf un fils survivant, Emmerich.
08:29 Mais ce dernier meurt à l'âge de 30 ans lors d'une partie de chasse.
08:32 Donc il ne va jamais vraiment retrouver une bonne santé Étienne.
08:35 Ça va profondément l'achever, la mort de son fils.
08:39 Et lui-même décède à l'âge de 63 ans le 15 août 1038.
08:44 Et malheureusement, sa mort va provoquer une guerre civile qui va durer jusqu'à la fin des années 1070.
08:49 Alors Père Thomas, en fait, on voit qu'il a initié beaucoup de choses,
08:52 ça a été un bâtisseur de royaumes, d'empires,
08:55 et pour autant, à sa mort, c'est un échec et c'est une guerre. Comment le comprendre ?
08:59 Cela ne veut pas dire que cet échec apparent soit vraiment un échec.
09:03 Non, parce que son héritage a demeuré.
09:06 Et c'est ce qui a permis d'ailleurs à la guerre civile,
09:09 même si elle a duré tout de même assez longtemps, de se calmer peu à peu.
09:14 D'autant plus que ceux qui prendront la succession,
09:17 donc ce ne sont pas les membres de sa famille, mais c'était les gens qui lui étaient opposés,
09:21 ne vont absolument pas rejeter cet héritage.
09:24 Donc cela signifie bien que ce que Saint-Étienne avait construit
09:28 était accepté et reconnu par tous comme étant pour le bien commun.
09:34 C'est une pierre qui a tenu finalement à travers les siècles,
09:37 malgré les vicissitudes évidemment de l'histoire.
09:39 Alors j'aimerais qu'on en vienne justement à travers l'exemple de Saint-Étienne
09:43 à cette articulation complexe entre le spirituel et le temporel.
09:47 Un roi chrétien, mais qui veut aussi une certaine autonomie pour pouvoir gérer son pays
09:51 et en même temps qui impulse une dynamique chrétienne réelle.
09:56 Quel est le rôle du pouvoir politique ?
09:59 Quel doit être le rôle du pouvoir politique par rapport au pouvoir spirituel ?
10:02 Est-ce que c'est un protecteur, un facilitateur ?
10:04 Et dans quel domaine ? Et quelles sont les limites aussi de cet exercice ?
10:08 Chez Saint-Étienne, la distinction était encore un peu une confusion.
10:12 La distinction viendra plutôt par la suite,
10:16 notamment avec ce que Saint-Thomas d'Aquin pourra écrire sur la royauté,
10:20 son traité de la royauté, qui éclaire vraiment bien les choses.
10:24 Saint-Étienne, il emploie la manière forte.
10:28 Ce qu'il veut, c'est construire un royaume.
10:30 Il a compris que pour construire un royaume, son père l'avait déjà un peu compris,
10:34 mais il était resté attaché aux idoles païennes.
10:37 Il fallait vraiment passer par le christianisme,
10:39 que c'était ça qui ferait l'unité du pays.
10:42 Donc il va bien évidemment utiliser le christianisme comme une arme politique.
10:46 Lorsque le pape, comme je l'ai dit, a eu quelques désirs de se mêler un peu trop de ses affaires,
10:55 il a gardé une juste et prudente distance.
10:59 Donc pour lui, c'était, je pense, le désir d'avoir les deux pouvoirs entre les mains,
11:06 mais toujours dans le but, qui était tout à fait louable, de créer un pays unifié.
11:12 C'est par la suite que l'Église s'émancipera en quelque sorte de la tutelle politique.
11:16 Quand on dit que c'est le Clovis hongrois, c'est aussi parce qu'il a marié d'une certaine manière,
11:21 effectivement, les partisans de l'Empire, qui étaient plutôt civilisés, on va dire,
11:26 et les barbares, donc réussir ce ciment, finalement, cette unité à l'intérieur d'un pays, grâce à la foi.
11:34 Oui, mais l'évangélisation menée par Saint-Étienne était tout de même plus rude que celle menée au temps de Clovis.
11:40 Au temps de Clovis, l'évangélisation ne s'est pas faite par la force.
11:44 Or, au temps de Saint-Étienne, il faut quand même reconnaître que ces peuples n'ont pas eu vraiment le choix.
11:51 Et pourtant, Saint-Étienne est saint et Clovis ne l'est pas.
11:54 Voilà, c'est le paradoxe.
11:56 Alors, Véronique, parlons de la mémoire de Saint-Étienne, qui, encore aujourd'hui, dans le cœur des Hongrois, est extrêmement présente.
12:04 Oui, en Hongrie, on n'a jamais oublié Saint-Étienne. Il est honoré le 20 août, en souvenir de sa canonisation le 20 août 1083,
12:13 c'est-à-dire près de 50 ans après sa mort, qui est survenue un 15 août.
12:17 L'été dernier, outre les feux d'artifice habituels à Budapest, les Hongrois ont pu découvrir dans le ciel une gigantesque croix
12:24 au-dessus du Parlement de Budapest, une croix formée grâce à des drones.
12:29 Voilà, vous le voyez, c'est quand même assez spectaculaire, ce que les Hongrois ont pu observer dans le ciel de Budapest le 20 août 2023.
12:36 Et puis, on peut noter quand même que le pape François est venu en Hongrie en avril 2023.
12:40 Il a salué l'ancrage catholique de ce peuple.
12:43 Je vous propose justement de nous rendre à Budapest, à présent, pour assister à cette fête du 20 août,
12:50 qui est une fête à la fois spirituelle et patriotique, comme on le dit en Hongrie.
12:54 Regardez, c'est signé Éloi Rochebrune.
12:58 On distingue encore les doigts de sa main droite.
13:01 Mille ans après sa mort, la relique de Saint-Étienne de Hongrie est conservée à Budapest.
13:05 Tous les ans, ce trésor national est placé dans un reliquaire, puis béni par un prêtre.
13:10 La Sainte-Dextre incarne le roi Saint-Étienne. C'est sa main droite qui est restée intacte.
13:16 Pour nous, c'est une véritable providence, car le roi Étienne, en tant que saint et roi, a fait beaucoup de bien pour la nation au cours de son règne.
13:23 D'une main forte, il a fondé cette nation et ce pays, et d'une main très déterminée, il a tracé le chemin à suivre pour l'avenir.
13:30 La main du premier roi chrétien de Hongrie est portée par des militaires depuis la Basilique jusque dans les rues de Budapest.
13:38 Les Hongrois viennent en nombre, honorer leur saint patron.
13:41 Cette cérémonie représente tout pour la Hongrie. C'est la plus grande fête nationale pour nous, Hongrois.
13:51 La Sainte-Dextre est ce qui reste du roi Saint-Étienne, le premier roi de Hongrie et fondateur de notre nation.
13:57 Elle est très importante à nos yeux.
13:59 Le 20 août est une fête spirituelle et patriotique. La célébration met à l'honneur les racines chrétiennes de la Hongrie.
14:07 Père Thomas, peut-être une petite réaction à ce qu'on vient de voir ? On aurait du mal à l'imaginer en France.
14:15 C'est dommage, oui. Notre héritage est identique à celui de la Hongrie.
14:21 Nous sommes vraiment un pays construit par l'Église et avec encore aujourd'hui des racines qui sont totalement chrétiennes.
14:30 Alors, Véronique, on n'en a pas terminé avec la mémoire de Saint-Étienne, puisque d'abord il faut dire qu'à son tombeau, les miracles se sont multipliés.
14:40 Les pèlerins ont afflué à travers l'histoire. La Hongrie, aussi catholique, sera un rempart de la chrétienté contre les Mongols et les Turcs.
14:47 Et puis aujourd'hui encore, sa couronne est vénérée au sein du Parlement hongrois.
14:52 Oui, alors cette couronne a une histoire aussi incroyable. On peut la voir sous la coupole du Parlement hongrois.
14:59 Elle aurait été envoyée en l'an 1001 à Étienne par le pape Sylvestre II, pour son couronnement.
15:05 Mais elle est de style byzantin, donc elle est sans doute un petit peu plus tardive. On le voit à l'écran, ses aimants ont été fabriqués à Constantinople, aujourd'hui Istanbul.
15:14 C'est vraiment, vraiment une très, très belle couronne. C'est émouvant de se dire qu'on a quand même une couronne qui a plus de 1000 ans.
15:21 Et dans l'histoire de la Hongrie, 53 ont été sacrées avec cette couronne. Le dernier, Charles IV de Hazbourg-Lorraine, couronné en 1916.
15:29 C'est dire quand même la pérennité de cette tradition monarchique avec cette couronne.
15:33 Elle a été appelée "Sainte Couronne". Pourquoi ? Parce que donnée par un pape.
15:37 Et elle a une croix qui n'est pas droite, mais inclinée. Vous le voyez d'ailleurs à l'écran, la croix est de travers.
15:42 Alors pourquoi ? Eh bien parce que lors de la conquête de la Hongrie par les Turcs au XVIe siècle, la reine Isabelle a voulu l'emporter en la mettant dans un coffre qui était trop petit.
15:51 Elle a forcé un petit peu sur le couvercle. Et c'est ce qui donne à la couronne cette croix penchée.
15:56 Les Hongrois ont voulu en tout cas la conserver en l'état.
15:59 Merci Véronique. Peut-être un mot, Père Thomas, sur la dimension, je dirais, nationale.
16:05 Parce que, évidemment, dès qu'un pays chrétien se revendique son appartenance nationale, son identité nationale, comme on dit, évidemment ça fait écho à des débats, mais il ne faut pas être anachronique.
16:18 Comment considérer cette question de la relation à un pays, à son pays, sans tomber dans le nationalisme ?
16:24 Vous avez pu remarquer que plus vous allez à l'est de l'Europe, plus il existe une identité nationale entre, généralement, la religion et l'État.
16:37 C'est vrai aussi pour la Russie, mais c'est vrai aussi pour des pays comme la Bulgarie, la Roumanie.
16:43 Donc la Hongrie, c'est un pays qui est catholique, mais qui baigne également dans cet état d'esprit, parce que c'est explicable, justement, par le passé historique qui a été tellement bouleversé.
16:56 Ce sont des pays qui ont toujours été en guerre, qui ont toujours été la proie de désirs des voisins, etc.
17:06 Et donc, il est tout à fait normal que ce qui leur a permis de survivre, et ce qui leur permet encore de survivre aujourd'hui...
17:14 Il y a eu le communisme aussi qui...
17:16 Le communisme qui avait pris le relais, mais avec une même idée, c'est justement cet attachement national, alors qu'on va dire nationaliste de façon un peu péjorative dans nos pays occidentaux, mais qui est à prendre dans le bon sens du terme.
17:34 Mais est-ce qu'il faut considérer que la foi est utilisée comme un instrument au service de cette identité nationale ?
17:40 Non. On voit bien que la foi n'est pas un instrument dans un pays comme la Hongrie.
17:45 Il y a de toute façon des personnes qui ne croient pas. La Hongrie a été très marquée par le communisme, et ça a été très dur après la chute du communisme, peut-être justement, de reprendre, de retrouver ses racines spirituelles.
18:01 Mais les Hongrois d'aujourd'hui ont bien compris que c'était ce qui permettait à leur pays de survivre et de progresser.
18:09 Véronique, que faut-il lire pour approfondir cette belle figure de Saint-Étienne ?
18:14 Alors en France, je le redis, on ne connaît pas bien un Saint-Étienne de Hongrie, donc il n'y a pas non plus une profusion de livres.
18:19 J'en ai trouvé un, Saint-Étienne de Hongrie, par Marie-Madeleine de Sevins, aux éditions Fayard.
18:25 Vous le voyez qui s'affiche à l'écran. Et puis bien sûr, on n'oublie pas France Catholique, qui fait sa une sur les premiers martyrs cette semaine.
18:32 France Catholique sur abonnement et sur france-catholique.fr.
18:35 Voilà, un dernier mot pour vous dire que Saint-Étienne, en fait, a deux fêtes.
18:40 D'abord le 16 août dans l'église universelle, et puis le 20, on l'a dit, en Hongrie.
18:45 C'est aussi la fête nationale. Là encore, nous en parlions à l'instant.
18:49 Et puis cette citation de Saint-Étienne de Hongrie à son fils, "N'inflige jamais honte à quelqu'un par premier mouvement, ne châtie et ne condamne personne par violence."
18:59 Voilà, des conseils de bon sens, mais aussi évidemment qui montrent la bonté de cet homme, malgré cette époque rude, encore une fois.
19:07 Père Thomas, peut-être un dernier mot aussi, ce serait piété marial. On n'en a pas parlé, mais c'est vrai que le roi Saint-Étienne de Hongrie, et Véronique l'a dit tout à l'heure, avait une forte dévotion mariale.
19:16 À l'époque, est-ce que c'était courant ou est-ce qu'au contraire c'est remarquable de la part de ce roi ?
19:23 Le manteau marial avait déjà recouvert toute l'Europe et tous les pays qui devenaient chrétiens les uns après les autres.
19:30 Ce manteau marial trouve son envol notamment en France. C'était quelque chose de courant.
19:39 Donc la Hongrie n'a rien inventé en la matière. En tout cas, elle a pérennisé, ce qui est déjà pas mal.
19:45 Voilà, c'est la fin de cette émission. Merci beaucoup Père Jean-François Thomas. Vous êtes l'auteur des Vertus méditées, je le rappelle, publiées chez Via Romana.
19:51 Merci aussi à Véronique Jacquier, à Gwendal Dobress et aux équipes techniques de CNews.
19:56 Et puis à suivre demain dans Enquête d'Esprit, à 13h, nous parlerons des mystères de la messe.
20:02 Et pour l'heure, vous restez bien sûr à notre écoute sur CNews.

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