La France promeut un plan pour soutenir sa haute gastronomie : "C'est du foutage de gueule !"

  • il y a 5 mois
Avec Xavier Denamur, restaurateur, co-auteur de Denamur sur le grill (2017 ; Court Circuit) et auteur de Et si on se mettait enfin à table (2015, Calmann-Levy)

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##C_EST_A_LA_UNE-2024-04-15##

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Transcript
00:00 Il est 7h13 mais qu'est-ce qui se passe en France ? On mange pourtant bien non ?
00:04 La gastronomie fait face depuis la fin des années 90 à la montée en puissance des gastronomies étrangères
00:10 et elle se trouve distancée pour les performances et l'influence d'autres pays.
00:15 C'est ce qu'a annoncé Olivier Grégoire, la ministre, qui propose donc un plan en deux volets.
00:22 Un centre d'entraînement pour les jeunes talents français
00:25 et puis la création d'une fédération ou institut des métiers de la haute gastronomie
00:29 pour structurer la filière.
00:30 Nous sommes avec Xavier Denamur, restaurateur, co-auteur de Denamur sur la table
00:35 et puis si on se mettait enfin à table aussi, un livre fait et rédigé il y a quelques années, Xavier Denamur.
00:44 Rebonjour à vous.
00:45 - Merci.
00:45 - Est-ce que la gastronomie française est distancée là maintenant ?
00:51 - Alors distancée, je ne pense pas qu'on soit distancé.
00:54 Je pense qu'on a une image au niveau mondial de la gastronomie
00:57 mais quand on parle de gastronomie, on parle du bistrot, du restaurant, des produits, de l'agriculture, etc.
01:03 Ce que fait Olivia Grégoire en voulant lancer ce plan ?
01:06 Elle fait surtout de la communication.
01:08 On parle ici d'une dizaine, pour regarder le projet qu'ils ont, de leur plan.
01:12 C'est une dizaine d'applantés, une dizaine de chefs étoilés, surétoilés.
01:16 On parle de haute gastronomie dans le Moyen-Orient ou à Hong Kong ou à Macao.
01:21 On ne parle pas aux Français, on ne parle pas aux gens, aux 100 millions de touristes qui vont venir dans ce pays.
01:26 On parle de quoi ? On parle de M. Gagnère qui ouvre à Dubaï un foodkess.
01:31 On parle de la restauration bling-bling.
01:33 La vraie restauration, c'est très bien qu'il y en ait.
01:36 Moi, je suis comme Thierry Marck, je trouve que l'excellence, tout ça, c'est une belle image et tout.
01:39 Mais ça ne correspond pas à la réalité.
01:41 On nous compare avec le Danemark.
01:43 Le Danemark a eu le meilleur chef-soisonneur du monde.
01:46 Moi, je suis allé au Danemark, on ne mange pas très bien au Danemark.
01:48 Je viens d'aller en Angleterre, on se dit que les meilleurs cocktails, en Angleterre, ça ne casse pas les briques.
01:52 La plupart du temps, il faut avoir vraiment beaucoup de pognon pour manger.
01:55 Il faut savoir quand même que Mme Grégoire, qui a lancé ce plan-là,
01:59 elle a quand même juste avant mis, je dirais, arrêté en race campagne l'idée que dans ce pays, on devait savoir ce qu'on mange.
02:05 C'est-à-dire que les millions de touristes qui allaient venir, il y avait un plan, ça s'appelait le non-fait maison.
02:10 C'est-à-dire après le fait maison sur lequel on travaillait, sur lequel, qui marche bien,
02:15 elle devait faire que les plats qui étaient industriels servis dans la restauration française,
02:18 peut-être la moitié, et ça, c'est une mauvaise image de notre gastronomie,
02:23 on devait l'indiquer. Et là, ils sont arrêtés parce que les lobbyistes ont dit
02:26 "Oh mais, il ne faut pas trop nous déranger, ça va stigmatiser les restaurateurs".
02:29 Voyez, on en est dans un plan où on ne fait que de la com'
02:32 et la réalité où les gens sont d'ailleurs, les français aussi qui nous entendent,
02:36 eux sont dans la précarité alimentaire, il y en a au moins 10 millions qui ne mangent pas leurs pains,
02:39 qui ne mangent pas des légumes, etc.
02:41 Et bien, on leur parle de haute gastronomie. Alors je pense que c'est un peu du foutage de gueule
02:44 et on devrait quand même s'occuper réellement de la gastronomie, de la restauration en France,
02:50 en aidant d'ailleurs les restaurateurs à payer peut-être moins de charges,
02:54 à trouver plus de salariés facilement, et avoir de la transparence et des moyens de contrôle.
02:58 Voilà la réalité.
02:59 - Oui. Mais, alors, c'est de la com' mais en même temps, ça participe aussi peut-être de l'image de la France
03:05 pour continuer d'attirer, d'avoir de la haute gastronomie qui rayonne dans le monde entier, Xavier Denamur, non ?
03:12 - Oui, il faut toujours de la com', on a bien sûr qu'on a...
03:15 C'est bien de faire de la com', mais vous mettez un budget minuscule...
03:20 Je rappelle quand même que vous allez aider 10 restaurateurs à s'implanter dans des pays où vous allez...
03:25 Vous êtes, je ne sais pas moi, en Arabie Saoudite,
03:29 il y a des restaurateurs, Alenou, je ne sais pas qui, qui ont des trucs en Arabie Saoudite.
03:34 Mais combien il y a de clients de touristes en Arabie Saoudite qui vont voir le restaurant pour venir en France ?
03:39 Je pense qu'il y a peut-être d'autres moyens si on veut faire de la com'.
03:41 Je rappelle quand même qu'on va avoir plus de 40 millions de personnes qui vont visiter l'île de France,
03:46 et principalement avec les J.O. etc.
03:48 Ceux-là, s'ils tombent malades en mangeant une mayonnaise,
03:51 parce que la mayonnaise, elle est industrielle, la plupart du temps, le restaurant, elle a même été conservée,
03:55 ça va faire désordre.
03:56 Votre petit plan de com' d'un million et demi, vous risquez de le fracasser contre la réalité.
04:01 Parce que là, les médias mondiaux, etc., ils vont être là.
04:04 Donc là, c'est là où il faut aller faire attention et c'est là où il fallait montrer
04:07 que notre pays, pays de la gastronomie, on aurait été les premiers à avoir vraiment la transparence sur table.
04:12 Et ça, que ce soit des Français ou des touristes, ils seraient très heureux de savoir à quoi ils vont être mangés.
04:18 C'est le cas de dire, quand ils franchissent la porte d'un restaurant,
04:20 parce qu'on ne sait toujours pas ce qu'on a, dès qu'on franchit la porte d'un restaurant, on ne sait pas sur quoi on va tomber.
04:25 Sauf, bien sûr, dans la gastronomie, parce qu'il n'y a pas de problème.
04:27 Quand vous payez 400 balles ou 500 balles pour un menu,
04:30 j'imagine bien que les produits sont de route frais et que vous allez sur place.
04:32 Mais tout le monde n'a pas les moyens d'aller chez Manassi.
04:34 - Non, non, ça c'est vrai. Et d'ailleurs, Xavier Denamur, vous avez raison d'insister là-dessus,
04:39 parce que c'est ce que disent beaucoup d'auditeurs, par exemple, on leur pose cette question,
04:43 est-ce que la haute gastronomie française est menacée ?
04:45 Il y a Jacqui, par exemple, qui dit, il n'y a pas de haute gastronomie,
04:48 mais une culture culinaire que l'on a fait oublier aux Français par l'agroalimentaire,
04:53 elle est devenue haute pour les privilégiés, les élites et rêve pour les autres.
04:56 C'est ce que vous disiez en quelque sorte, en fait, tout à l'heure.
05:00 - Et il y a Aube qui dit, il n'y a plus de gastronomie en France,
05:03 elle se résume à un petit pois dans une grande assiette avec un trait de vinaigre balsamique,
05:07 accompagné d'une eau finement pétillante, où est passée la cuisine d'antan.
05:13 En tout cas, ça fait causer, ça fait réagir.
05:15 Merci Xavier Denamur d'avoir été avec nous.
05:17 Vous, tout va bien en cuisine ? Ça va ou pas ?
05:20 - Oui, nous tout va bien.
05:22 Quand on fait de la cuisine simple, honnête, etc., ça marche très très bien.
05:28 Moi, ce que je recommande, c'est aux restaurateurs, etc.,
05:31 de faire de la cuisine simple, honnête et pas de faire 36 000 plats s'ils ne peuvent pas le faire.
05:35 Et là, du coup, on aura une meilleure image de notre gastronomie.
05:38 Et je dis, moi, au gouvernement, qu'ils arrêtent de faire de la com'
05:42 et qu'ils se mettent dans la réalité, ça c'est mieux.
05:44 - Merci Xavier Denamur.
05:46 C'est toujours un plaisir de vous entendre sur Sud Radio.
05:49 Il est 7h19.

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