Les informés du matin du mardi 16 avril 2024

  • il y a 5 mois

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00:00 (Générique)
00:08 Vous êtes sur le plateau des informés, votre rendez-vous de décryptage de l'actualité à la radio France Info et sur le canal 27 avec Renaud Dely.
00:16 Bonjour mon cher Renaud. - Bonjour Jean-Rémy Baudot.
00:18 - Autour de la table avec nous ce matin, Victoria Koussa, journaliste au service politique de France Info. - Bonjour.
00:23 - Bonjour Victoria. Et à vos côtés Étienne Girard, rédacteur en chef à L'Express. - Bonjour Jean-Rémy.
00:28 - Et les informés d'être là ce matin. On va se parler sport ou presque. Si, sport quand même.
00:34 - Sport en France. - On ne va pas vous demander de faire du sport. On va juste parler des Jeux Olympiques et se demander si ça peut être une grande fête populaire.
00:40 - En effet, à 100 jours. Alors 100 jours ce sera demain. - Oui.
00:44 - A 100 jours du début de la compétition. Aujourd'hui, nous sommes donc à 101 jours. 101 comme les 101 Dalmatiens bien sûr Jean-Rémy vous y songiez.
00:52 Eh bien voilà, ça y est, c'est le grand jour. Ce qui semble donner le coup d'envoi en tout cas d'un point de vue symbolique, c'est qu'aujourd'hui,
00:59 comme le chantait jadis l'immémorial Johnny Hallyday évidemment, nous allons allumer le feu, en l'occurrence allumer la flamme olympique.
01:09 La cérémonie va se dérouler dans quelques heures à Olympie. - Pour ceux qui n'ont pas l'image, les gens sont consternés dans le studio.
01:14 - Olympie en Grèce, c'est donc la cérémonie d'allumage de la flamme olympique en Grèce d'ailleurs, où le président du comité d'organisation,
01:22 Tony Estanguet, évidemment s'est rendu pour l'occasion. Il était l'invité de France Info ce matin, Tony Estanguet,
01:28 et il explique à quel point cette journée pour les organisateurs et pour le coup d'envoi des JO est effectivement symbolique.
01:35 - C'est une journée particulière pour nous. Ça fait tellement longtemps qu'on attend de voir cette flamme s'embraser tout à l'heure.
01:43 C'est un peu ce qui nous lie finalement à cette aventure exceptionnelle des JO.
01:47 Donc forcément, il y a beaucoup d'émotions. On a un peu l'impression que ça commence aujourd'hui.
01:52 Donc forcément, c'est une émotion très forte d'être ici et de participer à cette cérémonie du début du relais de la flamme.
01:58 On est ravis que Laure Manoudou soit la première relayeuse française de ce relais de la flamme Paris 2024.
02:04 - Et oui, Laure Manoudou qui ne fait donc pas que nager, mais qui court aussi.
02:07 Laure Manoudou, on s'en souvient, était championne olympique il y a 20 ans, précisément aux JO d'Athènes,
02:11 et qui sera donc la première relayeuse française aujourd'hui à porter la flamme olympique.
02:16 La flamme olympique arrivera en France à Marseille le 8 mai.
02:18 D'ailleurs, Emmanuel Macron se rendra sur place pour l'accueillir.
02:21 Elle parcourra ensuite la France métropolitaine et les Outre-mer jusqu'au 26 juillet.
02:25 Le 26 juillet date du début des compétitions.
02:27 Bref, l'occasion peut-être de réussir à faire monter la ferveur, l'enthousiasme populaire à l'approche de cet événement planétaire.
02:36 Parce que pour l'instant, quand on constate un certain nombre de polémiques et puis un certain nombre d'enquêtes, d'opinions,
02:41 eh bien on s'aperçoit que c'est plutôt le scepticisme, voire l'inquiétude, qui domine en France
02:47 comment faire des JO olympiques une grande fête populaire pour tous.
02:50 - Victoria Coussin, on entendait l'enthousiasme de Renaud Delis et surtout de Tony Estanguet.
02:56 La question que je lui ai posée ce matin, d'ailleurs, c'est est-ce que ce tour de la flamme peut être l'occasion aussi de sensibiliser tout le monde et d'embarquer tout le monde ?
03:05 - Alors pour parler d'allumer le feu, il ne suffit pas d'allumer la flamme.
03:08 Je pense qu'il va falloir aussi entretenir la flamme jusqu'aux JO olympiques dans 100 jours.
03:13 Et on sent surtout qu'il y a du mal à enclencher cette dynamique positive.
03:17 Aujourd'hui, il y a ce symbole d'allumer cette torche, mais on sent que l'exécutif, notamment, a du mal à faire la bascule entre le scepticisme dont parlait Renaud
03:30 et cet enthousiasme propre aux JO sur lequel compte beaucoup le président dès ses voeux au moment de la nouvelle année.
03:38 Il voulait faire de cette année 2024 l'année des fiertés françaises, aussi cette volonté de faire nation.
03:44 Et on sent que le contexte, que les événements de ces derniers mois sont un frein à cette volonté de faire nation du président.
03:52 Et donc, c'est pour ça aussi qu'on le voit Emmanuel Macron s'agiter, se mobiliser de plus en plus ces dernières semaines, ces derniers jours.
03:58 Est-ce qu'ils y parviendront ? Ça, on ne sait pas vraiment.
04:02 Je vous reposerai d'ailleurs la question dans un instant Etienne Girard, mais pour l'heure, il est 9h10 et évidemment, c'est l'heure du Fil info de Mathilde Romagnon.
04:09 C'est une première pour un président de la République. Emmanuel Macron se rend aujourd'hui à Vassieux-en-Vercors pour une cérémonie d'hommage dans le cadre des 80 ans de la Libération.
04:20 Ce petit village de la Drôme a été entièrement détruit pendant la seconde guerre mondiale.
04:25 60 chefs de bande et 1300 habitats insalubres sont visés par l'opération Mayotte Place Nette.
04:32 Elle a été lancée ce matin dans l'archipel. Un an après, Wambushu, opération de lutte contre l'immigration illégale et l'insécurité, 400 policiers et gendarmes sont actuellement déployés à Mayotte.
04:44 Allumage ce matin à 11h de la Torche Olympique en Grèce à Olympie, près de 100 jours avant le début des Jeux.
04:50 La flamme doit commencer son parcours qui l'amènera jusqu'à Paris le 26 juillet prochain.
04:57 Et puis l'équipe de France de basket en fauteuil s'est qualifiée hier soir pour les Jeux paralympiques après sa victoire contre le Maroc.
05:04 20 ans que ça n'était pas arrivé la dernière fois, c'était pour les Jeux d'Athènes.
05:09 France Info.
05:12 Les informés. Renaud Delis. Jean-Rémi Baudot.
05:17 Un retour sur le plateau des informés avec Victoria Coussa de France Info ce matin et Étienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
05:25 Étienne, on parlait juste avant le Fil info de cette difficulté de faire monter un petit peu la ferveur.
05:31 Et on voyait que le politique, l'exécutif, essaie de faire tout ce qu'il peut pour dire que ça va être formidable.
05:36 En même temps, il n'a pas vraiment le choix. Et puis on va sortir. Non, mais je veux dire, on va sortir de la phase où on est vraiment dans la logistique,
05:42 dans quelque chose qui n'est pas très festif à quand même une grande fête.
05:46 Absolument. Et moi, je fais partie des gens qui pensent que ça va être une grande fête parce que ça l'est toujours les Jeux olympiques.
05:54 Mais quand vous regardez les précédentes compétitions, on se rend compte qu'il y a souvent un scepticisme dans la population locale.
06:01 Par exemple, aux Jeux olympiques de Londres, la population est contre les JO jusqu'à la cérémonie d'ouverture.
06:09 Ça peut aller très, très près des compétitions. Et une fois qu'on est dedans, c'est pour ça que pour moi, le moment frappant, c'est moins la flamme que la cérémonie d'ouverture.
06:20 Et puis les médailles qui tomberont éventuellement.
06:22 Exactement. C'est ça qui fait la grande liesse populaire, la grande fête populaire.
06:26 On a cette cérémonie d'ouverture qui est toujours un élément, un moment important, spectaculaire, impressionnant.
06:33 Et tout de suite après, on a les médailles, le sport, les exploits.
06:38 On espère les exploits français. Et c'est ça qui fera la grande fête populaire. C'est ça qui fera des JO un moment inoubliable.
06:46 Finalement, Renaud, on a beaucoup parlé et on parle beaucoup de la sécurité, de l'organisation, des problèmes de transport en région parisienne et tout ça.
06:53 Mais on n'oublie pas l'idée même de l'Olympisme, à savoir le sport et l'exploit.
06:57 Le sport, l'exploit, bien sûr, vous avez raison. Et puis aussi l'afflux de centaines de milliers de touristes étrangers qui vont venir à Paris, dans la région parisienne et au-delà en France.
07:09 Et tout ça, ça va participer d'une atmosphère de fête, forcément, dès lors qu'effectivement, Paris va se retrouver pendant quelques semaines comme étant en quelque sorte le centre du monde.
07:20 Le point de ralliement, le carrefour de gens qui vont venir du monde entier.
07:24 Et rappelons évidemment que ça n'arrive qu'une fois par siècle, que les JO fassent halte à Paris.
07:30 Donc, c'est vrai qu'on a eu tendance au vu d'un certain nombre de polémiques, mais qui reflètent aussi, je pense, l'état du pays.
07:35 Une forme de sinistrose qui, d'ailleurs, est bien antérieure aux contingences politiques.
07:41 On sait que de multiples enquêtes d'opinion ces dernières années ont montré que le peuple français était globalement un des peuples les plus pessimistes par rapport à l'avenir, etc.
07:53 Quand on compare à d'autres pays.
07:56 Or, c'est vrai que d'une part, et Tienjen a raison de le rappeler, ce genre d'événement suscite très souvent le scepticisme avant qu'il ne commence vraiment.
08:04 Vous évoquiez Londres, à un raison. On se souvient qu'en 2016, le Brésil était dans une crise politique réelle, profonde.
08:10 C'était le mandat d'Ilmar Rousseff qui était sur le point d'être destitué.
08:13 Il y avait eu des gigantesques manifestations.
08:15 Il n'empêche que les JO s'étaient bien passées.
08:17 Il y avait même créé une forme de ferveur populaire.
08:20 Et puis, les plus anciens se souviennent qu'avant la Coupe du monde de football 98 en France, vous en souvenez, Jean-Luc Baudot ?
08:26 J'ai téné.
08:27 Il n'y avait pas un enthousiasme débordant pendant des semaines avant que l'événement commence.
08:31 Et l'enthousiasme a progressé au fil de la compétition à mesure que l'équipe de France a eu les résultats qu'on connaît.
08:37 Donc, c'est vrai que traditionnellement, c'est le coup d'envoi à commencer par cette fameuse cérémonie d'ouverture,
08:43 fameuse en l'occurrence, celle qui est prévue, qui déclenche vraiment l'enthousiasme.
08:48 Et ensuite, c'est vrai qu'il y a un certain nombre de menaces, d'inquiétudes liées notamment à la menace terroriste évoquée par Emmanuel Macron hier.
08:54 Mais tout ça, ça existe et ça existera y compris pendant la compétition, bien sûr.
08:59 Et malheureusement, les JO ont déjà été endeuillés dans leur histoire par des attentats terroristes.
09:04 Mais ça ne devrait pas empêcher à un moment, justement au moment où va commencer la compétition,
09:10 que cette ferveur populaire se déploie dans le pays et au-delà.
09:15 Est-ce que vous avez l'impression que finalement, c'est aussi la manière dont ça a été annoncé ?
09:18 On avait dit transport gratuit, on avait dit il y aura des billets, on avait dit...
09:21 Et puis en fait, la réalité est évidemment toujours un peu plus complexe.
09:25 On se souvient, par exemple, moi je me souviens par exemple, pour les Jeux olympiques de Londres.
09:29 À Londres, ils avaient dit très clairement, ça va être le bazar si vous avez la possibilité de ne rester pas.
09:34 Alors qu'en France, on a Anne Hidalgo qui dit, ce serait quand même vraiment dommage de louper une si grande fête.
09:38 Alors que tout le monde sait que ça va être compliqué.
09:40 Est-ce que dans le discours politique, il n'y a pas aussi une forme de transparence à avoir,
09:46 comme d'une certaine manière hier de la part du président, de dire en fait on a un plan B et un plan C,
09:51 quand même même il n'existe pas vraiment ce plan C.
09:53 Il y a forcément une déception par rapport à ce qui était annoncé au départ.
09:57 Peut-être qu'on est à 100 jours, là, bientôt, des Jeux olympiques.
10:01 Et c'est vrai que ces Jeux olympiques n'apparaissent pas vraiment physiquement dans Paris.
10:05 Il y a peu de visuels, par exemple.
10:09 Il y a des stades qui sont en train d'être montés.
10:11 Oui, mais les Parisiens et les touristes qui passent dans Paris ne s'imprègnent pas encore des Jeux olympiques.
10:17 Et du coup, ça participe peut-être aussi au fait qu'il n'y ait pas cet engouement espéré à 100 jours des Jeux olympiques.
10:24 Il y a des visuels qu'on peut voir devant Matignon, qu'on peut voir devant la colonnade de l'Assemblée nationale,
10:30 avec six Vénus de Milo qui représentent des sports olympiques.
10:33 Mais à part ça, il n'y a pas grand-chose de visuel en tout cas.
10:37 Nous, Média, on participe à cet engouement.
10:40 On commence vraiment à lancer les choses avec les politiques, mais il manque peut-être le reste.
10:44 Moi, j'y vois beaucoup dans cette inquiétude globale.
10:50 Finalement, je vais être un peu optimiste, une marque de notre vitalité démocratique,
10:56 on a un peuple qui questionne.
10:58 Nous, les journalistes, on est les premiers à le faire d'ailleurs.
11:01 On n'est pas les derniers à se saisir de polémiques.
11:06 Vous en avez rappelé quelques-unes.
11:08 À raison, et on a raison, parce que nous questionnons l'organisation et la façon dont seront conçus ces Jeux olympiques.
11:18 Avec peut-être en plus ce petit esprit français un peu râleur, un peu perplexe,
11:25 mais qui n'empêchera pas, à mon sens, le jour venu, tout le monde de se prendre d'enthousiasme
11:32 si la fête est bien réussie, est bien organisée, et il n'y a aucune raison qu'elle ne le soit pas.
11:37 Vous avez raison, c'est indéniablement un signe de vitalité démocratique.
11:41 Il ne faut pas déplorer le débat ou les polémiques, ça participe de la vitalité démocratique du pays.
11:45 On s'en souvient, à l'occasion des Jeux olympiques de 2008 qui se tenaient à Pékin,
11:49 il y avait beaucoup moins de polémiques, évidemment, et beaucoup moins de débats.
11:52 C'est ce qui fait aussi la grandeur d'une démocratie, que d'accepter ces échanges, ces mises en cause, ces interpellations.
11:56 Et il y a matière. Il y a eu la question aussi du coût des billets.
11:59 On sait qu'il y a de nouveau 250 000 nouveaux billets qui vont être mis en vente demain,
12:04 pour l'ensemble des sports, que les organisateurs insistent sur le fait qu'il y aura des billets accessibles.
12:08 La moitié, je crois, plus de la moitié à moins de 100 euros, etc.
12:11 Puisqu'il y a eu ces polémiques réelles.
12:13 Il y a un certain nombre de symboles qui ont été mis en avant aussi.
12:15 Évidemment, si ça ne fonctionne pas, ça nuira probablement à l'appréciation des Jeux.
12:19 Je pense aux qualités des eaux de baignade dans la Seine qui doivent accueillir un certain nombre de compétitions.
12:23 Mais à l'inverse, si ça fonctionne, si effectivement des compétitions ont lieu dans la Seine,
12:27 ce sera un événement considérable au regard de l'histoire de Paris.
12:31 Je pense qu'il faut distinguer, vous évoquiez à raison, Victor Lecoussa,
12:35 peut-être le manque d'images parmi ceux qui incarnent aujourd'hui les Jeux.
12:40 Un problème peut-être auquel se heurte la préparation des Jeux olympiques,
12:43 c'est que les deux personnalités politiques, on va dire,
12:46 qui de fait, par fonction, portent les Jeux olympiques, sont très impopulaires.
12:49 Actuellement, je pense à Emmanuel Macron et à Anne Hidalgo.
12:52 Anne Hidalgo, la maire de Paris, évidemment, dont l'impopularité ne sert pas forcément la cause des Jeux parisiens.
12:57 Et notamment au regard des difficultés supposées, annoncées, de circulation et autres.
13:02 Mais ça, il faut distinguer justement ce vernis politique finalement très superficiel,
13:07 de la nature des Jeux et de ce que cette fête planétaire peut déclencher dans l'opinion.
13:14 Et Renaud, vous citiez les billets.
13:17 Ce que dit le CIO, le Comité d'organisation des Jeux olympiques,
13:20 c'est qu'ils n'ont jamais vu des billets partir aussi vite.
13:24 Paris 2024 a le record de commandes des billets le plus rapide et le plus massif de l'histoire des Jeux.
13:31 Voilà un vrai signal faible d'un engouement au sein de la population pour ces Jeux olympiques.
13:36 Etienne Girard, Victoria Koussa, Renaud Delis, on se retrouve dans un instant pour la suite des informés pour l'heure.
13:41 C'est l'heure du Fil info avec Mathilde Romagnon, il est 9h19.
13:45 Elle part de Grèce avant d'arriver à Paris le 26 juillet prochain.
13:50 La torche olympique est allumée ce matin à 11h à Olympie.
13:53 Et la première porteuse française sera la nageuse et championne olympique Laure Manoudou.
13:58 400 policiers et gendarmes mobilisés à Mayotte pour l'opération Place Nette.
14:03 Elle a débuté ce matin et doit durer 11 semaines pour lutter contre l'immigration illégale,
14:08 l'insécurité et le logement insalubre dans l'archipel et un an après l'opération Ouam-Bouchou.
14:14 Nous nous approchons dangereusement d'un accident nucléaire à la centrale ukrainienne de Zaporygia.
14:19 Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique, l'AIEA dénonce des attaques contre la centrale nucléaire ces derniers jours.
14:26 Attaques pour lesquelles Moscou et Kiev se rejettent la responsabilité.
14:30 Après sa défaite 3 buts à 2 à l'aller, Paris doit obligatoirement l'emporter ce soir face au Barça
14:36 pour accéder à la demi-finale de la Ligue des champions de football FC Barcelone-PSG.
14:42 Coup d'envoi à 21h ce soir.
14:56 Retour sur le plateau des informés, 3ème et dernière partie avec Victoria Koussa de France Info.
15:00 Etienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
15:03 Renaud Delis, on va parler ensemble d'une opération qui a commencé ce matin,
15:06 c'était d'ailleurs une information France Info de Victoria Koussa, à Mayotte.
15:11 Un an après l'opération Ouam-Bouchou, il y a une nouvelle opération d'évacuation en cours.
15:16 Celle-ci baptisée Mayotte Place Nette, une nouvelle opération d'évacuation en cours
15:20 pour lutter contre l'insécurité et l'immigration clandestine à Mayotte.
15:24 On sait à quel point l'archipel se heurte à ces deux fléaux depuis maintenant de nombreux mois.
15:29 La situation, malgré un certain nombre d'interventions des pouvoirs publics
15:33 et puis de visites aussi du ministre de l'Intérieur, Jérôme Darmanin,
15:35 ne semble pas foncièrement s'arranger.
15:38 D'où cette nouvelle opération qui est supposée durer pendant de nombreuses semaines d'ailleurs.
15:46 Est-ce que cette nouvelle intervention illustre finalement une forme d'impuissance publique
15:51 ou au contraire la volonté politique du gouvernement ? Elle était souhaitée, cette opération,
15:55 par la plupart des élus de Mayotte, à commencer par Estelle Youssoupha,
15:59 députée du groupe Liott de Mayotte, qui était l'invité de France Info ce matin.
16:03 Les routes migratoires, elles, n'ont jamais été interrompues,
16:06 même s'il y a eu des reconduites.
16:08 Les "quoi ça, quoi ça" avec les migrants ont continué d'arriver.
16:12 Et ça a été l'objet de la colère populaire.
16:15 Et donc il y avait une très forte demande à laquelle répond le gouvernement
16:18 avec cette opération Ouam-Bouchou II.
16:20 On voit depuis plusieurs jours les violences qui reprennent.
16:24 Et c'est des zones de non-droit à laquelle vont s'attaquer les forces de l'ordre.
16:30 Un discours dont on entend maintenant depuis de nombreuses semaines
16:32 et même de nombreux mois concernant la situation à Mayotte,
16:35 le fait que le gouvernement déclenche cette nouvelle opération aujourd'hui,
16:38 est-ce que c'est un signe d'impuissance ou à l'inverse,
16:41 la manifestation de la volonté politique de l'élu cutif de ne rien lâcher sur ce dossier ?
16:46 Un signe d'impuissance ou un signe de mobilisation, Victoria Koussa ?
16:49 Les deux, très certainement.
16:51 On voit que Ouam-Bouchou I a été lancé il y a pile un an, le début de l'opération.
16:56 Et le bilan est en demi-teinte.
16:59 On voit qu'il y a eu plusieurs freins aussi à tout ce qu'a voulu mettre en place le gouvernement.
17:03 A commencer par l'expulsion des bangas, vous savez, ces abris de fortune dans lesquels...
17:08 C'est des bidonvilles, disons-le.
17:09 Oui, c'est des bidonvilles où logent les plus pauvres,
17:12 où logent également beaucoup de migrants en situation irrégulière.
17:16 Pourquoi ? Parce que la justice a suspendu un temps ces expulsions-là avant de donner son feu vert.
17:22 Il y a eu ensuite la volonté de renvoyer les Comoriens aux Comores.
17:27 Les Comores ont bloqué aussi au début.
17:29 Donc, en fait, ça a ralenti tout le processus.
17:32 Il y a une volonté, du coup, d'accélérer cette fois en tentant d'atteindre les objectifs initiaux
17:38 et aussi de ne pas abandonner la population, les habitants qui sont face à...
17:44 qui vivent des situations très difficiles avec des chefs de gang, avec des attaques,
17:51 des violences que nous, en métropole, on ne peut pas comprendre, mais qui sont bien réelles sur place.
17:56 Donc, voilà. Et tout ça aussi à deux mois des élections européennes,
18:00 avec Mayotte qui devient un terrain de campagne politique.
18:04 Ce qui est intéressant, c'est qu'Etienne Girard, il y a un peu deux camps, effectivement,
18:07 et vous le citiez, Victoria, concernant Mayotte.
18:10 Il y a ceux qui sont allés voir sur place, qui ont vu la réalité de ce qu'est Mayotte aujourd'hui,
18:15 et puis ceux qui commentent, si je peux m'exprimer comme ça, Etienne Girard.
18:18 Vous avez raison. Et quand on se penche sur la situation économique, sécuritaire, politique de Mayotte,
18:24 on a beaucoup de surprises. - Sanitaire.
18:26 Sanitaire. On a en réalité beaucoup de surprises.
18:29 Marine Le Pen est arrivée largement en tête au premier tour de l'élection présidentielle à Mayotte.
18:35 Ce n'est pas forcément la candidate qu'on aurait spontanément citée en premier avant de s'intéresser à l'île.
18:42 - Mais parce qu'elle propose quoi là ? De la souveraineté ?
18:45 - Oui, très clairement, le programme et les propositions de Marine Le Pen concernant Mayotte,
18:50 on est sur du sécuritaire et de la souveraineté maximale,
18:54 avec une version XXL de ce qu'est aujourd'hui le projet du gouvernement,
19:00 qui est de revoir le droit du sol à Mayotte.
19:03 Alors il est adapté, il est limité depuis 2018,
19:07 mais le gouvernement aujourd'hui annonce un projet de loi constitutionnelle pour supprimer le droit du sol à Mayotte.
19:18 Aujourd'hui, il faut démontrer pour devenir français qu'un de ses parents a été en situation régulière à Mayotte au moment de sa naissance.
19:27 Demain, il faudra être issu de parents français pour devenir français à Mayotte.
19:34 Et c'est un vrai renversement dans la philosophie française du droit du sol.
19:38 - Je peux ajouter ? C'est justement parce que Marine Le Pen fait un tel score à Mayotte,
19:44 et d'ailleurs elle s'y rend ce week-end à Mayotte,
19:47 que le gouvernement assume des positions aussi dures sur l'île,
19:52 notamment cette volonté de durcir le droit du sol.
19:56 - Sauf qu'on regarde la situation, il y a des positions dures, répressives,
19:59 multipliées les expulsions, ça se comprend.
20:01 Il suffit de constater la situation dramatique dans l'île,
20:05 avec ces barrages, ces affrontements, ces agressions, ces caillassages de bus scolaires,
20:09 avec aussi un sentiment de révolte de la population,
20:12 des barrages qui ont été montés, y compris par les maorais en révolte,
20:15 justement tentés de se faire "justice" eux-mêmes.
20:19 Mais on le voit bien, ce dossier est complexe,
20:21 c'est-à-dire qu'il y a un volet sécuritaire, sans aucun doute,
20:24 l'accélération des expulsions, le rétablissement de l'ordre
20:28 avec des forces de l'ordre supplémentaires,
20:30 mais au-delà, il y a aussi un...
20:31 Alors la question du droit du sol, ça c'est une question
20:33 à la fois éminemment politique et constitutionnelle,
20:35 qui va se poser effectivement dans les semaines et dans les mois qui viennent.
20:39 Mais il y a aussi évidemment un sujet diplomatique,
20:41 la relation avec les Comores en particulier.
20:43 Au-delà, il y a de nouvelles filières d'immigration,
20:45 c'est-à-dire que la question n'est plus simplement
20:47 celle de l'arrivée des Comoriens à Mayotte,
20:49 mais aussi de populations africaines qui viennent du continent africain,
20:52 qui viennent du Kenya, de Tanzanie, etc., de beaucoup plus loin.
20:56 Donc on voit bien qu'il y a une autre dimension,
20:58 qui est aussi une dimension évidemment économique,
21:00 de disparité régionale gigantesque au regard de la situation de Mayotte.
21:06 Rappelons que Mayotte est le 101e département français,
21:08 qui est lui-même de loin le département français le plus pauvre,
21:11 beaucoup plus pauvre évidemment que les départements métropolitains.
21:14 Il y a aussi la question des filières d'immigration à Mayotte,
21:17 des profiteurs, des marchands de sommeil,
21:19 c'est-à-dire qu'il y a des Mahorais aussi eux-mêmes
21:21 qui exploitent des immigrants illégaux,
21:24 et qui effectivement les logent dans des bidonvilles
21:27 ou dans des conditions exécrables pendant des semaines ou des mois
21:30 pour les exploiter avant eux-mêmes de se plaindre ensuite
21:32 des conséquences de cette immigration illégale massive.
21:35 Rappelons que c'est un archipel où il y a à peu près un peu plus de 300 000 habitants,
21:38 dont la moitié sont des étrangers,
21:40 parmi lesquels la moitié encore sont en situation régulière.
21:43 Donc on voit que ce dossier est à la fois explosif et complexe.
21:47 Les solutions sécuritaires aussi indispensables soient-elles
21:51 sont probablement insuffisantes pour résoudre un dossier aussi complexe.
21:55 Et je vais vous citer avant de nous quitter ce que m'avait dit un conseiller de l'exécutif
21:59 sur la situation à Mayotte.
22:01 Il m'avait dit que si les gens en métropole savaient ce qu'on infligeait
22:04 en termes de sécurité aux Mahorais, ils ne seraient pas d'accord.
22:07 Et il est possible qu'effectivement c'est quand vous allez sur place
22:09 que vous vous rendez compte la situation, notamment sanitaire.
22:11 Voilà qui est dit.
22:14 Etienne Girard, merci beaucoup, rédacteur en chef à l'Express,
22:17 à la Lune de l'Express cette semaine.
22:18 Une enquête sur une institution que tout le monde connaît et qui nous questionne,
22:21 l'ONU, que nous on renomme cette semaine l'ONUL.
22:24 À aller chercher dans tous vos bons kiosques.
22:27 Victoria Coussat, journaliste au service politique,
22:29 on vous retrouve au Brief politique cette semaine à 7h24.
22:32 Et puis Renaud Delic, on vous retrouve évidemment chaque matin sur France Info
22:35 pour l'édito à 7h51.
22:40 Ça c'est sur la radio.
22:41 Merci beaucoup de nous avoir suivis pour les informer.
22:43 [Musique]

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