Les informés du matin du jeudi 20 avril

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00:00 (Générique)
00:08 Ravi de vous retrouver comme chaque matin aux côtés de Renaud Delis, évidemment,
00:11 avec aujourd'hui à la table des informés Sophie Dravinel du Figaro.
00:14 Bonjour Sophie et à vos côtés Sylvain Courage de l'Obs.
00:17 Bienvenue également Sylvain.
00:19 La première question qu'on va se poser avec vous Renaud Delis,
00:22 c'est un président peut-il continuer à se déplacer comme ça ?
00:24 Eh oui, car Emmanuel Macron étant tourné,
00:27 une tournée dans un climat ô combien houlot, on a connu même des...
00:30 Une tournée de date.
00:31 Voilà, pour l'instant, mais il y en aura d'autres, il y en aura d'autres Marc,
00:33 car du côté de l'Elysée, on précise qu'Emmanuel Macron est bien décidé à multiplier ses déplacements.
00:37 Il était donc hier en Alsace où il a été reçu par un comité d'accueil assez hostile.
00:43 Il sera d'ailleurs aujourd'hui dans l'Hérault pour parler éducation,
00:46 mais ça on y reviendra un petit peu plus tard.
00:48 En tout cas, hier, des insultes, des menaces, des huées, des sifflets, des concerts de casserole
00:54 ont accompagné le chef de l'État lors de ce déplacement en Alsace,
00:58 et plus particulièrement à Celesta.
01:00 Un petit aperçu de ce climat et d'une des réponses d'Emmanuel Macron à cette contestation.
01:06 [Cris de la foule]
01:14 C'est le moment qu'on vit, ça ne doit pas nous empêcher d'avancer, c'est ce qu'elle disait.
01:18 On a des tas de défis.
01:19 Ce n'est pas les casseroles qui font avancer la France.
01:22 Voilà, c'est le moment qu'on vit, ce n'est pas les casseroles qui font avancer la France,
01:25 répond Emmanuel Macron, tout en faisant quelques actes de contrition,
01:30 en reconnaissant sa responsabilité dans le conflit de retraite.
01:32 Ça c'était donc aussi hier.
01:34 Que signifie, quelle signification donner à ce climat, à cette hostilité,
01:40 à ce sondage grandeur nature en quelque sorte qu'a fait le chef de l'État ?
01:43 Et est-ce qu'Emmanuel Macron peut continuer de se déplacer dans le pays face à une telle hostilité ?
01:48 Sophie Dravinel, Le Figaro.
01:49 Il y a 100 jours, on a 100 jours pour voir, 100 jours pour tester.
01:52 C'est un délai qu'il a lui-même donné, sachant que très vite, aux acteurs sociaux avec qui il discutait,
01:58 il a aussi évoqué la possibilité d'aller jusqu'à la fin de l'année.
02:01 Donc il se laisse un délai.
02:03 En tout cas, là, évidemment, on est dans le dur, on le voit.
02:06 Et aujourd'hui à Gange, donc à une heure au nord de Montpellier, aux portes des Cévennes, il est aussi attendu.
02:12 Les routes étaient fermées à partir de 5 heures, mais un certain nombre de manifestants, me disait-on hier soir,
02:20 devaient y arriver dans la nuit.
02:22 Donc la détermination est vraiment entière.
02:25 Si je peux me permettre, on a dit la même chose hier matin, quasiment à la même heure, au sujet de l'Alsace,
02:30 en expliquant qu'il y avait des barrages un peu partout.
02:32 Ça n'a pas empêché visiblement ceux qui voulaient épingler Emmanuel Macron de le faire ?
02:37 Alors, petite différence, et d'ailleurs choix géographiques peut-être liés.
02:42 On a su hier soir que les routes étaient bloquées à partir de 5 heures du matin.
02:47 Il faut savoir que Gange, qui n'est pas dans la vallée, mais qui est dans les hauteurs,
02:51 un peu difficile d'accès,
02:54 a été choisi aussi pour ça.
02:58 Patricia Morales, la ministre, qui est une ancienne députée de l'Hérault, l'accompagne.
03:04 C'est elle qui devait faire ce déplacement il y a quelques semaines déjà, qui a été annulée.
03:08 Et donc c'est elle qui a donné cette bonne idée à Emmanuel Macron,
03:12 et qui l'a choisie parce qu'il aurait pu aller aussi à côté en Camargue,
03:16 chez un autre de ses proches.
03:20 Et la Camargue était beaucoup plus accessible, beaucoup plus compliquée en matière de sécurité.
03:24 Là, Gange, c'est vraiment des petites routes, c'est les portes des Cévennes.
03:28 On verra comment les contestataires se débrouilleront pour s'y rendre.
03:31 – J'en reviens à notre question initiale, Sylvain Courage.
03:34 Est-ce que le président peut et doit continuer à se déplacer ?
03:36 – De son point de vue, il n'a pas beaucoup d'autres choix.
03:38 Le pire serait de rester enfermé, terré à l'Élysée.
03:42 Il faut que le dépit s'exprime, c'est la stratégie de la cocotte minute.
03:46 Il essaye de faire sortir la vapeur.
03:49 On connaît sa propension à chevaucher le tigre, à se mettre à portée de gifle.
03:53 Enfin, il a toujours un peu cette démarche virile d'aller au contact.
03:57 Et c'est vrai que ça a fonctionné, parce qu'en fait,
03:59 dans le cadre de la crise des Gilets jaunes, c'est un peu ce qu'il avait fait.
04:02 Alors c'était des assemblées d'élus, c'était beaucoup moins houleux.
04:05 Mais enfin, c'est quand même d'aller au contact.
04:07 Et c'est une vieille tradition, ça remonte à l'Ancien Régime.
04:11 – Comme les casseroles d'ailleurs.
04:12 – Voilà, comme les casseroles, en fait.
04:14 Tout ça, c'est vraiment une culture politique française.
04:18 Donc le monarque, ou le monarque républicain, il doit quand même se montrer.
04:23 Il doit quand même aller au contact du peuple,
04:25 sinon il peut lui arriver beaucoup de problèmes.
04:28 – Le Fil info à 9h10 avec Maureen Suenner et on poursuit juste après.
04:31 [Générique]
04:33 – Le dépôt de bus bloqué à Rennes, des manifestants sur les voies ferrées à Lille.
04:37 Et plusieurs manifestations prévues encore aujourd'hui.
04:39 Les opposants à la réforme des retraites qui seront aussi dans le département de Leraux
04:44 où se déplace Emmanuel Macron.
04:46 Le chef de l'État est dans un collège pour des annonces sur la rémunération des enseignants.
04:50 2000 euros nets par mois pour ceux qui débutent leur carrière, notamment.
04:54 Une représentation de Gérard Depardieu perturbée hier soir à Lille.
04:58 Une centaine de manifestants, des femmes manifestantes surtout,
05:02 alors que 13 nouveaux témoignages de violences sexistes et sexuelles
05:06 ont été recueillis par Mediapart contre l'acteur.
05:09 Des milliers d'habitants de Khartoum au Soudan fuient en ce moment même.
05:13 Ils tentent d'échapper au combat incessant entre l'armée régulière et des paramilitaires.
05:17 Déjà plus de 270 morts en 5 jours.
05:21 En Tunisie, Rached Ranoushi placé sous mandat de dépôt en détention.
05:25 Le chef du parti islamo-conservateur, Renarda, a été arrêté lundi.
05:29 Il est l'un des principaux opposants au président Caïs Saïed accusé de dérive autoritaire.
05:35 Toujours avec Sylvain Courage de L'Obs, Sophie Dravinel du Figaro.
05:47 Est-ce que c'est dangereux, Renaud Delis, politiquement pour le chef de l'État
05:50 de continuer ses déplacements sur le terrain ?
05:53 Oui, très clairement, il y a un risque politique qu'il prend.
05:57 Il n'a pas beaucoup de choix, il ne peut pas rester enfermé à l'Élysée pendant encore 4 ans.
06:03 4 ans c'est long.
06:05 Et puis, il n'a plus grand chose à perdre, si je dois dire.
06:08 C'est-à-dire que le niveau d'impopularité est tel que de toute façon,
06:12 il va avoir du mal à continuer à faire des déçus, y compris dans son camp.
06:17 À partir de là, on peut comprendre cette stratégie, effectivement.
06:20 Emmanuel Macron cherche ces images, ces images de conflits, d'affrontements.
06:26 Il veut aller au contact.
06:28 Le risque est double, me semble-t-il.
06:31 D'abord, accessoirement, il y a aussi un risque physique.
06:33 D'ailleurs, on est dans une période où les élus, en général,
06:36 sont souvent l'objet de menaces, d'agressions.
06:40 Lui-même a déjà été frappé.
06:42 Ça a été le cas aussi de ses prédécesseurs, d'ailleurs.
06:44 Ce climat s'aggrave pas seulement en France,
06:47 mais dans une bonne partie des démocraties occidentales.
06:50 Mais en tout cas, il y a un risque politique aussi, me semble-t-il.
06:54 Parce qu'il y a toujours des populations différentes dans ces comités d'accueil houleux.
06:59 Il y a d'une part des militants politiques, des militants syndicaux, bien sûr,
07:04 qui s'organisent.
07:05 Mais il y a aussi, effectivement, des citoyens, j'allais dire "apolitiques",
07:10 en tout cas non engagés, qui manifestent leur mécontentement,
07:12 leur colère envers le chef de l'État.
07:14 Et ceux-là, ils se heurtent forcément à un vrai rejet
07:19 qui porte des dégâts politiques pour le chef de l'État.
07:23 Et puis, me semble-t-il, le risque principal, c'est que si ces déplacements
07:28 dans ce climat houleux, conflictuel, perdurent et se répètent jour après jour,
07:34 voire semaine après semaine, c'est que Emmanuel Macron soit jugé,
07:38 soit considéré comme responsable ou co-responsable d'être porteur, en quelque sorte,
07:42 de désordre, voire de chaos.
07:44 Et que c'est d'autant plus risqué pour lui, à un moment où sa principale adversaire,
07:50 on le voit dans tous les sondages, dans toutes les enquêtes d'opinion, Marine Le Pen,
07:54 elle, essaye de peaufiner ce profil pâtelin, rassurant, apaisant,
08:00 pour essayer d'incarner celle qui, le jour venu, le moment venu,
08:04 serait susceptible de ramener le calme.
08:06 Et donc là, je pense que, durablement, cette période-là n'est pas tenable
08:12 pour le chef de l'État.
08:14 – Certes, et son opposition, vous parliez, effectivement, très justement,
08:18 Renaud Delis de Marine Le Pen, qui attend son heure avec les siens,
08:22 mais il y a aussi Jean-Luc Mélenchon, qui déjà s'éproche,
08:26 il y a plus de six mois avant le lancement…
08:28 – La différence, si je peux me permettre, c'est que Jean-Luc Mélenchon,
08:30 aujourd'hui, excusez-moi, Sophie, a plus de mal à incarner le calme
08:32 et le retour à l'apaisement, ça ne veut pas dire pas
08:34 que hier, il prenait encore l'insurrection citoyenne.
08:36 – Absolument, et du coup, c'est ce que je m'apprêtais à dire,
08:39 non mais je vous en prie, c'est qu'ils sont dans deux stratégies
08:42 radicalement différentes, et que Jean-Luc Mélenchon
08:44 continue à tenir à la sienne, contrairement à ce qui pourrait
08:48 être validé par les sondages, parce qu'effectivement,
08:50 et comme vous le dites aussi, il n'est pas, Jean-Luc Mélenchon,
08:53 en tout cas à la gauche, au-delà des 30%, qu'il leur permettrait
08:56 d'espérer, dans un deuxième tour, si nous étions en 2027,
08:59 de pouvoir l'emporter. Mais Jean-Luc Mélenchon,
09:01 dans sa Révolution citoyenne, compte sur un changement des esprits,
09:05 c'est toujours une même logique intellectuelle,
09:07 compte sur un changement très rapide des esprits,
09:10 et donc un renversement des tendances et des sondages,
09:13 raison pour laquelle il ne s'y appuie que très peu,
09:15 et donc lui estime, estimait en tout cas, me disent ses proches,
09:19 déjà il y a 6 mois, que le président Emmanuel Macron,
09:23 c'était donc avant toute la période sur les retraites,
09:26 allait être acculé, allait être poussé, allait être réduit
09:30 à chaque déplacement à être empêché. Donc ça, Jean-Luc Mélenchon
09:33 l'aurait déjà anticipé, et eux sont dans cette stratégie
09:37 d'empêchement absolu pour le pousser à bout, pousser à bout,
09:40 pousser à bout à chacun de ces déplacements.
09:42 On a vu hier, dans l'ouest de la France, des stands SNU
09:46 pour le service national universel empêcher de rester plus d'une heure
09:51 dans les villes, et cette stratégie-là, comme ils sont relativement présents
09:54 un peu dans tout le territoire, aussi bien les mouvements
09:57 de la gestation écologique que ceux proches des insoumis,
10:00 ils peuvent tenir longtemps là-dessus. Ce qui est compliqué pour Emmanuel Macron,
10:04 qui selon eux, à un moment sera poussé à la dissolution,
10:07 ce qu'ils espèrent beaucoup, parce qu'il compte sur son tempérament
10:10 entre guillemets "joueur", pour relancer la machine à un moment donné.
10:13 Je voudrais qu'on revienne en quelques mots sur ce qui s'est passé hier aussi,
10:16 c'est-à-dire l'annonce du départ de Laurent Berger de la CFDT.
10:19 Alors on savait qu'il allait partir, il annonce simplement qu'il part un peu plus tôt,
10:22 il va laisser les rênes du syndicat dès le mois de juin.
10:25 Ça change, Sylvain Courage, quelque chose pour Emmanuel Macron ?
10:28 – Oui, ça change un peu, puisque l'on sait qu'il y avait quand même un conflit personnel,
10:31 ou en tout cas une incompréhension durable entre Laurent Berger et Emmanuel Macron,
10:35 qui paraissait destiné à s'entendre. Donc peut-être que, du point de vue de l'exécutif,
10:39 finalement c'est un soulagement d'entamer une période en plus qui est très difficile,
10:43 il faut essayer de revenir à la table des négociations pour négocier un pacte du travail.
10:48 Peut-être qu'une nouvelle interlocutrice, quelqu'un qui n'aura pas participé
10:52 à la mobilisation sociale directement, enfin en premier plan,
10:55 ce sera peut-être plus facile à faire revenir dans de bonnes dispositions.
11:00 Mais ça peut être aussi une mauvaise nouvelle si d'aventure,
11:03 Laurent Berger qui a accumulé un capital politique très fort pendant cette période,
11:08 décidait de l'utiliser, c'est-à-dire qu'il dit que non.
11:12 – Il dit que non, la question lui est posée dans Le Monde hier, il dit "je ne serai pas",
11:15 enfin "serez-vous candidat à un jour en 2027 ?", non,
11:18 et la question lui est posée en 2032, non plus, ça ne le fait rien.
11:20 – Il fait ce qu'il fait, il fait ce qu'il dit, donc vous l'imaginez un jour candidat ?
11:23 – Sauf… – Non, je ne crois pas, non.
11:25 – Moi je dirais en tout cas à gauche, j'ai eu Cécile Duflot,
11:28 qui est ancienne ministre, ancienne députée, qui est aujourd'hui engagée à Oxfam France,
11:32 mais qui parlait à titre personnel et qui me disait
11:36 "les circonstances peut-être pourront l'obliger",
11:39 en mode "effectivement il est sincère, il dit qu'il n'ira pas,
11:42 mais la gauche et les français s'ils font trop de pression sur lui",
11:46 et Olivier Faure me disait à la tête du Parti Socialiste exactement la même chose en disant…
11:49 – Ils l'attendent tous comme le Messie.
11:51 – Ils l'attendent tous comme un messie dans cette part de la gauche.
11:53 – Mais généralement les messies n'arrivent pas là où on les attend.
11:55 – Oui absolument. – Dans l'histoire des élections présidentielles.
11:57 – Je compte sur vous aussi. – Renaud Delis.
11:59 – Indépendamment de ce destin politique hypothétique, mais qu'il réfute,
12:01 par tous les moyens, encore hier, alors envergé,
12:04 notamment je pense au nom de la fidélité à justement son engagement syndical
12:07 et à son organisation, à la CFDT, parce que c'est vrai que s'il entrait en politique,
12:10 ça pourrait aussi, par ricochet, indirectement abîmer son organisation, la CFDT,
12:15 mais indépendamment de cet avenir, moi j'ai été un peu surpris par le moment de cette annonce.
12:21 C'est-à-dire que Laurent Berger n'avait pas au bout de son mandat,
12:24 il l'avait dit, il l'avait annoncé, qu'il le quitte en cours de route,
12:27 ça c'était prévu, mais qu'il l'annonce dès hier, me semble, entre guillemets,
12:34 une excellente nouvelle pour le gouvernement et pour Emmanuel Macron,
12:37 pas tant quant à la succession éventuelle, parce qu'on verra bien,
12:40 et Marie-Elise Léon n'est pas forcément plus susceptible de s'entendre avec Emmanuel Macron,
12:47 mais que moi j'entendais encore ces derniers jours, ces dernières heures,
12:50 les syndicats, l'intersyndical en général, dire et répéter "non, non, la page de retraite n'est pas tournée,
12:55 le conflit continue, c'est pas terminé", et continuer de réclamer le retrait,
13:00 plus la grande mobilisation attendue, qu'il souhaite en tout cas pour le 1er mai,
13:05 et c'est à ce moment-là que celui qui a incarné en tout cas le leadership de cette mobilisation
13:10 depuis plus de 3 mois, annonce qu'il quitte la tête de la CFDT,
13:13 c'est assez surprenant en termes de timing, pourquoi n'est-il pas attendu tout simplement le 5 mai, le 15 mai ou le 25 ?
13:19 Je pense que ça a un effet quand même, ça semble illustrer le fait que, bah oui,
13:25 de fait la page du conflit de retraite est tournée, notamment parce que Laurent Berger s'en va.
13:29 Sophie Dravinel.
13:30 Ce qui permet aussi de partir pour lui à titre plus personnel sur une rupture avec Emmanuel Macron,
13:35 c'est-à-dire de ne pas être celui qui va commencer, puisque la page, la porte commençait à être ouverte,
13:40 qui allait retourner à la table des négociations avec Emmanuel Macron,
13:43 donc il part sur une rupture et il manifeste le fait aussi que ce dossier des retraites est terminé pour...
13:50 Restez avec nous, dans un instant les enseignants vont-ils devoir travailler plus pour gagner plus ?
13:54 Tiens, ça rappelle quelque chose, il y a quelques années, il est 9h20, le Fil info tout d'abord avec Maureen Suignard.
14:00 Le SNU et PPFSU veut une hausse de 300 euros net par mois pour tous les enseignants,
14:05 sans contrepartie à une demande faite sur France Info.
14:08 Avant le déplacement d'Emmanuel Macron dans un collège de Lérault,
14:11 ils veulent annoncer des revalorisations de salaires pour le début de carrière
14:15 et des primes pour tous s'ils font de nouvelles missions.
14:18 Un déplacement qui pourrait de nouveau être perturbé par les opposants à la réforme des retraites.
14:23 Depuis le mouvement de contestation, 59 enquêtes judiciaires ont été engagées par l'IGPN,
14:29 annonce sur France Info la chef de l'inspection générale de la police nationale.
14:33 Le gouvernement français relève sa prévision d'inflation à 4,9% en 2023, puis 2% d'ici 2025.
14:42 Le ministre de l'économie et des finances s'exprime ce matin et réaffirme sa volonté
14:46 d'accélérer le désendettement de la France avec un déficit public à 2,7% en 2027,
14:53 sous la barre des 3% règles fixées par l'Union européenne.
14:56 Le marathon grand public des Jeux olympiques de Paris se tiendra la nuit,
15:00 le même jour que l'épreuve olympique le 10 août 2024.
15:04 Décision prise pour réduire l'impact de la température à cette période de l'année.
15:08 *Générique*
15:21 Oui, avec donc un nouveau déplacement aujourd'hui d'Emmanuel Macron dans l'Hérault, dans un collège.
15:24 Il sera donc question du plan de revalorisation des enseignants négocié entre le ministère et les syndicats.
15:32 Un plan de revalorisation qui se veut global et qui vise notamment à scoquer un enseignant,
15:37 y compris en début de carrière, ne soit en deçà de 2000 euros net mensuel,
15:41 avec donc un certain nombre de strat, de niveaux d'augmentation,
15:46 mais aussi un volet plus spécifique qui est violemment contesté par les syndicats enseignants,
15:52 un volet dit pacte. En l'occurrence, il s'agirait d'une prime qui pourrait aller jusqu'à 3750 euros brut par an,
15:59 en échange de missions supplémentaires au total d'un maximum de 72 heures de travail de plus pour les enseignants sur l'année.
16:06 Un marché qui fait bondir les syndicats enseignants.
16:10 Voici ce qu'en disait ce matin sur l'antenne de France Info, Guylaine David,
16:13 qui est co-secrétaire générale et porte-parole du SNU IPP-FSU.
16:17 Les enseignants travaillent 43 heures en moyenne par semaine.
16:20 Et on sait que les enseignants ne souhaitent pas travailler plus et souhaitent surtout être valorisés en fonction de ce qu'ils font actuellement.
16:28 Et donc cette histoire de pacte, elle coince. Vous l'avez dit, toutes les organisations syndicales y sont opposées.
16:34 Ce que nous on demande, c'est 300 euros nets par mois, sans contrepartie.
16:38 Et dès le mois de septembre, on sait que ça ne sera pas tenu. Et bien évidemment, ça va coincer au niveau des enseignants.
16:43 Alors, travailler plus pour gagner plus, pourquoi est-ce que c'est impossible selon ces syndicats à l'école ?
16:49 Sylvain Courage.
16:50 Ça se heurte à plusieurs obstacles. Objectivement, déjà, il est difficile de mesurer le temps de travail des enseignants.
16:55 On sait qu'un professeur certifié fait 18 heures par semaine, je crois.
16:59 Mais il y a tout le temps de préparation, de notation, toutes les missions d'accompagnement des élèves, etc.,
17:05 qui ont tendance en plus à devenir de plus en plus pesantes, si bien qu'il y a un grand débat sur le temps de travail réel.
17:11 Et certaines études montrent que les enseignants sont déjà à plus de 40 heures. 43 heures, je crois, selon une étude récente.
17:17 Donc il y a ce problème-là. Parce que pour discuter de missions supplémentaires, il faudrait savoir exactement et se mettre d'accord sur le temps de travail.
17:24 Et puis il y a un deuxième obstacle, c'est que les enseignants considèrent qu'ils ont une mission d'éducation et que finalement,
17:30 elle ne répond pas à la même logique que le travail posté ou le travail en entreprise, où effectivement, on peut négocier des primes en fonction de tâches supplémentaires, etc.
17:38 Donc il y a un problème statistique de mesure du travail et puis un problème un peu philosophique.
17:43 Et donc les syndicats réagissent très violemment. Et le gouvernement essaie de prendre appui plutôt sur le corps enseignant en tant que tel,
17:50 de détacher des syndicats pour les convaincre un par un. Mais il en faut 120 000 pour réussir à faire le remplacement que préconise Emmanuel Macron.
17:58 – Sophie Dravidel.
17:59 – Et surtout la difficulté, évidemment, c'est le fait de s'adresser à ce corps enseignant, c'est les difficultés avec les syndicats,
18:06 alors qu'aujourd'hui, les relations sont très ternies. Mais c'est aussi pour Emmanuel Macron qui est là,
18:10 pour recoudre le lien avec les Français, de parler aux parents d'élèves.
18:14 Et c'est vrai que là, pour l'école, c'est une des complexités de ce dossier, c'est de s'adresser à la fois aux enseignants
18:19 et à la fois de rassurer les parents d'élèves sur la qualité du niveau de l'éducation en France,
18:24 qui c'est vrai selon les mesures, les tableaux, année après année, ne manifestent pas que la France soit dans une forme florissante
18:34 en matière de résultats éducatifs à l'international. Et donc cette inquiétude-là, elle est plus ou moins forte chez les parents,
18:42 mais de fait, elle est réelle, elle est mesurée, et donc Emmanuel Macron doit être sur les deux tableaux à la fois.
18:50 C'est possible ça, de faire plaisir à la fois aux enseignants et aux parents d'élèves ?
18:54 Il me semble qu'il y a deux choses différentes en matière de revalorisation des enseignants.
18:57 Il y a un niveau global de salaire des enseignants qui est insuffisant, notamment au regard des...
19:02 Tout le monde s'accorde à dire qu'il est nettement en dessous de nos réserves.
19:04 Inférieur au moyen européen.
19:05 Très nettement inférieur au moyen européen, donc il faut cet effort de rattrapage.
19:08 En l'occurrence, il y a des propositions du gouvernement qui sont jugées insuffisantes, qu'ils sont peut-être d'ailleurs,
19:12 mais rappelons juste que le gouvernement évoque une hausse de 800 euros brut par an, pour tous les professeurs des écoles.
19:19 C'est une moyenne parce que les enseignants de début de carrière en toucheraient davantage que ceux moins dans la carrière.
19:24 Avec un effort pour les enseignants de début de carrière et en revanche moins pour ceux qui ont déjà davantage d'expérience.
19:28 Et 744 euros, là aussi c'est une moyenne, pour ceux du second degré.
19:33 Bon, ça c'est l'enveloppe globale, on peut la juger insuffisante, évidemment, au regard de ce retard.
19:37 Et puis ensuite, il y a l'individualisation des parcours, en quelque sorte.
19:41 Ça, ça répond justement aussi à ce pacte qui est avancé, c'est-à-dire contre des missions supplémentaires,
19:46 en particulier des missions de remplacement des enseignants qui remplaceraient d'autres sur des courtes périodes.
19:52 Donc éventuellement, c'est prime supplémentaire.
19:54 Et là, on le voit bien, on parle du corps enseignant en général de très longue date, mais on le connaît le corps enseignant.
19:59 D'abord, on a des amis qui sont profs et puis en tant que parents d'élèves aussi, on les connaît les profs, on les voit.
20:06 Il y a d'excellents profs qui travaillent, qui travaillent beaucoup et qui en font beaucoup.
20:09 Et puis, il y en a d'autres pour lesquels ce n'est pas le cas.
20:11 Et ce que je dis est valable pour toutes les corporations, y compris pour les journalistes.
20:15 C'est grave ce que vous dites, Roux.
20:17 Nous nous sentons visés.
20:19 Tout le monde le sait.
20:20 Vous avez raison.
20:21 Mais je ne suis pas personne, mais j'en connais des enseignants qui répondent à ces deux catégories.
20:24 Et donc, la logique de ce gouvernement, et c'est là que c'est extrêmement difficile, d'un point de vue politique aussi,
20:29 et d'un point de vue des mentalités, du fonctionnement, c'est justement parfois d'essayer d'individualiser les parcours
20:35 et de récompenser ou d'inciter ceux qui accepteraient d'en faire plus.
20:38 Et on voit bien que là, ça se heurte à une logique de management qui renvoie évidemment à,
20:43 parfois, à la logique de ce corps enseignant pris en tant que tel, comme une globalité totalement homogène, ce qu'il n'est pas.
20:50 Sophie Dravinel, le dernier mot.
20:51 En tout cas, le déplacement d'Emmanuel Macron, aujourd'hui, est significatif de ce qu'il souhaite
20:56 en venant dans cette petite école Louise Michel au fin fond des Cévennes
21:00 et qui a une particularité sur un enseignement particulièrement républicain, laïque, fondé sur la mémoire
21:06 et qui veut former des enfants de façon très uniforme et assez excellente.
21:14 Et c'est vrai que là, c'est le modèle, en tout cas, qu'il présente aujourd'hui.
21:17 La une de vos journaux respectifs, Sophie Dravinel, de Marseille à Paris,
21:21 la une du Figaro, la violence liée à la drogue, explose.
21:24 La une de L'Obs, Sylvain Courage, cocaïne, la France des narcos.
21:27 Qui a copié l'autre entre Figaro et L'Obs ?
21:29 Oui, c'est complémentaire.
21:30 Oui, c'est complémentaire.
21:31 On irait les deux.
21:32 Nos titres se complètent.
21:33 Aujourd'hui, belle journée à tous.
21:34 Retour des Informés, ce soir, 20h.
21:36 !

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