SMART TECH - Emission du lundi 29 avril

  • il y a 5 mois
Lundi 29 avril 2024, SMART TECH reçoit Benoit Faiveley (directeur, projet Sanctuary on the Moon) , Camille Nkodia Issenmann (cofondatrice, Opale) , Mavel Stéphane (Responsable marché et stratégie Identité Numérique, IDNow) et Matthieu Bourgeois (Avocat)

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Transcript
00:00 *Musique*
00:08 Dans la loi qui vient d'être adoptée à l'Assemblée nationale, il est dit qu'il y aura désormais une obligation de vérifier l'âge des utilisateurs sur les sites pornographiques.
00:16 Et puis il y a l'ARCOM, le régulateur des télécoms, qui a produit son référentiel technique pour justement savoir quel type d'utilisation, quel type de technologie on devra utiliser pour contrôler l'âge sur les services.
00:29 Enfin bref, tout semble être là, pourtant il reste des points de blocage et quelles sont ces technologies qui seront utilisées pour le contrôle de l'âge en ligne ?
00:37 Ce sont ces questions auxquelles nous allons répondre dans Smartech aujourd'hui.
00:42 On va aussi regarder ce qui se passe du côté du numérique responsable avec un essai qui vient de paraître.
00:48 Et puis je voudrais qu'on s'intéresse au patrimoine humain qu'on a décidé d'envoyer sur la Lune.
00:55 C'est tout de suite 3 questions A dans Smartech.
00:57 [Musique]
01:01 Allez, on part quelques minutes sur la Lune grâce à mon premier invité, Benoît Fevelay. Bonjour.
01:06 Bonjour.
01:07 Alors vous êtes le directeur du projet Sanctuary on the Moon.
01:10 C'est une mission qui vise à transporter notre patrimoine humain sur la surface de la Lune, tout ça dans une capsule.
01:18 Cette capsule va être envoyée dans le cadre de la mission Artemis de la NASA.
01:23 D'abord, pourquoi ce projet puisque vous en êtes à l'initiative, Benoît ?
01:26 Eh bien parce que l'espace m'a toujours fait rêver et puis qu'ancien ingénieur et journaliste, j'ai conjugué mes deux passions,
01:36 à savoir la passion pour l'exploration spatiale et puis le fait de raconter des histoires.
01:41 Mais à qui vous allez raconter des histoires sur la Lune, Benoît ?
01:44 Eh bien justement, je pense qu'en sanctuarisant des connaissances de l'art mais aussi des génomes pour toujours sur la Lune,
01:52 on s'adresse non seulement à nos descendants dans un très très très très très lointain futur mais aussi à nous aujourd'hui,
01:58 à nous autres humains aujourd'hui.
02:00 Et on pense que le spatial est un vecteur génial pour pouvoir communiquer ce genre de thématique.
02:09 Et qu'est-ce qu'on va embarquer comme information ?
02:11 Alors je vous l'ai dit, Sanctuary va s'articuler autour d'un triptyque, ce que l'on est avec des génomes,
02:19 ce que l'on sait avec de la science et ce que l'on fait avec de l'art.
02:22 Donc on va y inclure notamment le patrimoine mondial de l'humanité.
02:25 Et notre patrimoine génétique aussi.
02:27 Exactement, donc sur la première partie du triptyque, vous avez deux génomes qui ont été tirés en double aveugle,
02:32 donc tirés au hasard parmi la population canadienne et donc qui ont été intégrés in extenso sur quatre disques.
02:38 D'accord, patrimoine donc laïque scientifique et puis culturel, des artistes qui sont impliqués dans le projet.
02:44 Et puis oui, alors aujourd'hui je ne peux encore trop rien dire, parce qu'il y a encore des choses qui sont confidentielles,
02:51 mais voilà, donc l'UNESCO qui est quand même la maison de tous les artistes, des créateurs qui s'y jouent en projet.
02:58 Donc c'est la première fois en 46 ans que et l'UNESCO et la NASA participent à un tel type de projet dans l'espace.
03:03 La dernière fois c'était le disque qui avait été envoyé sur les sons de voyageurs en 77.
03:07 Et donc oui, oui, c'est une première et cocorico, le projet est français.
03:10 Bravo, alors parlez-nous un peu de cette capsule, elle va être fabriquée en quoi, comment, par qui ?
03:17 Alors on a des disques de saphir, c'est une technologie qui était au départ militaire et qui était disponible au commissariat à l'énergie atomique à Grenoble,
03:27 et puis qui a été rendue à la vie civile, si je puis m'exprimer ainsi.
03:32 Et donc c'est des disques de saphir sur lesquels on peut en coder, on peut graver entre 3,4 et 7 milliards de pixels par disque.
03:41 Des disques, il y en aura 24.
03:43 Alors là, montrez-le, vous en avez apporté un exemplaire.
03:45 Exactement, donc ça c'est un disque science, dont la thématique est l'espace, donc on y a assemblé...
03:50 Donc c'est un mini CD ?
03:52 Ben oui et non, ça fait à peu près la taille d'un CD, mais les informations qu'on trouve dessus peuvent être lues à l'œil, à l'œil nu, ou avec une loupe.
04:01 Donc ce qui prémunit le découvreur de l'objet...
04:05 La nécessité d'avoir un support physique, oui, ça c'est la complexité.
04:11 Ok, alors cette capsule, elle pèsera 1,4 kg quand même ?
04:16 Oui, ce qui en fait une masse assez conséquente posée sur la surface de la Lune,
04:21 donc choisie par la NASA, et on est très heureux qu'elle nous ait alloué cette masse, cette quantité de masse.
04:30 Et puis ça sera 2 fois 1,4 kg parce qu'il y a toujours...
04:34 On aura un autre lancement en backup, donc en secours, si jamais le premier lancement venait à échouer.
04:39 D'accord. Vous avez cité des partenaires prestigieux autour de ce projet, peut-être les relister ensemble.
04:45 Donc l'UNESCO, le CNES, le CEA, l'INRIA, le Centre des sciences du génome de la Colombie-Britannique au Canada,
04:52 tout ça sous le haut patronage d'Emmanuel Macron, le président de la République française.
04:56 Pourtant, vous m'avez dit en préparant cette émission qu'il manquait encore des fonds.
05:01 Eh bien oui, on aimerait faire en sorte d'avoir un...
05:05 Là, pour le moment, on a un projet qui est exceptionnel, mais on aimerait en faire un projet historique.
05:12 Et comme je vous l'ai dit, c'est de pouvoir réaliser une œuvre qui puisse être déposée sur le sol de la Lune
05:18 pour nos descendants dans un très lointain futur, mais aussi pouvoir en exploiter les contenus sur Terre.
05:22 Donc à travers une sorte d'écosystème d'événements qu'on pourrait recréer,
05:27 avec des expositions qui pourraient être créées en France à l'étranger,
05:31 des concerts diffusés en live stream sur les réseaux sociaux,
05:33 parce qu'on va mettre entre 6 et 8 heures d'audio sur un disque.
05:38 - Ça serait une sorte d'exposition universelle à l'ère du numérique.
05:44 - Exactement. Et puis on pense aussi qu'il y a un côté incroyablement fédérateur,
05:48 parce que sur les disques Genome, par exemple,
05:51 la différence de génome entre le vôtre et celui d'une Peruvienne ou d'une Ethiopienne est de l'ordre de 0,1%.
05:59 Donc ce qui fait que visuellement, vous ne voyez rien. Il n'y a aucune différence.
06:03 Donc ce côté, ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous sépare.
06:09 - Super. Donc vous cherchez des fonds publics, privés également, j'imagine ?
06:13 Pourquoi pas les particuliers ?
06:15 - Un peu les deux, pourquoi pas.
06:17 Aujourd'hui, on a assis la légitimité du projet avec des partenariats,
06:23 avec des institutions et des organisations que vous avez citées.
06:26 Mais aussi, on va chercher des fonds auprès de France 2030, par exemple,
06:30 auprès des régions, mais aussi avec certaines sociétés privées,
06:34 avec lesquelles on aimerait pouvoir développer des partenariats autour de la musique,
06:38 autour de l'art, par exemple.
06:41 On voudrait faire aussi une curation d'art qui s'étale du paléolithique jusqu'à l'art contemporain,
06:45 sur tous les continents, et qui emmènerait une espèce de best-of sur la Lune,
06:49 mais qu'on pourrait aussi exploiter sur Terre.
06:51 - Merci beaucoup, Benoît Fevelet.
06:53 Je rappelle le nom de la mission, Sanctuary on the Moon. Merci beaucoup.
06:58 - Contrôle de l'âge en ligne. Quelles sont les solutions, les technologies qui sont envisagées ?
07:06 On en parle aujourd'hui avec mes deux invités. Camille Isselman, bonjour.
07:10 Vous êtes la cofondatrice d'Opal, qui est une startup qui a développé une technologie en double,
07:15 Anonima en expliquera bien évidemment de quoi il s'agit.
07:19 En tout cas, ça permet de faire un contrôle, vous nous dites, simple, fluide et sécurisé de l'âge.
07:24 Opal a été sélectionnée pour intégrer la promotion 2024 de l'incubateur Sista,
07:29 et a rejoint le programme Women in FinTech de Villa. Félicitations pour ça déjà.
07:35 Avec vous en plateau, Stéphane Mavel, vous êtes une experte des sujets d'identification et d'authentification.
07:41 Vous êtes passé par des grandes banques, mais également des organismes publics, le secteur public.
07:47 Et vous êtes aujourd'hui la responsable marché et stratégie identité numérique de AIDINA.
07:52 AIDINA qui est aujourd'hui une plateforme qui propose plusieurs solutions autour de l'identité.
07:56 Tout à fait.
07:58 Et qui est l'un des principaux fournisseurs de vérification d'identité et d'identité numérique actuellement.
08:04 Ma première question, c'est cette question de la vérification de l'âge sur les services en ligne.
08:12 Elle est ancienne, on a parlé de multiples solutions technologiques,
08:16 on a l'impression qu'on a à peu près fait le tour de tous les problèmes qui se posaient.
08:21 On a cette loi pour réguler, sécuriser Internet qui a été adoptée à l'Assemblée nationale.
08:26 Et qui nous dit que ça y est, il va falloir vraiment appliquer la vérification de l'âge sur les sites pornographiques.
08:31 On a l'ARCOM, le régulateur des télécoms et du numérique,
08:36 des télécoms, non d'ailleurs, du numérique, pardon,
08:40 qui nous dit, nous on a un référentiel aujourd'hui qu'on vous soumet à consultation,
08:45 qui décrit très précisément les critères de ce que doit être une vérification de l'âge en ligne.
08:51 On a l'impression que tout est prêt, est-ce qu'il y a encore des choses qui coincent mesdames ?
08:55 Alors Camille ?
08:57 Alors la loi doit encore être promulguée, donc c'est la prochaine étape.
09:02 On attend la promulgation, mais c'est une question de jours, semaines, pour qu'elle soit promulguée.
09:08 Donc nous attendons avec fébrilité.
09:10 D'accord, et puis on attend aussi la fin de la consultation, lancée par l'ARCOM.
09:14 Oui, le 12 mai, on a jusqu'au 12 mai pour faire nos remarques sur le référentiel.
09:19 Et je crois de mémoire qu'il fallait qu'il soit publié deux mois après le vote de la loi.
09:24 Donc on est sur un peu avant l'été, pour avoir un référentiel finalisé,
09:28 et savoir précisément quelles sont les exigences à respecter.
09:31 Pourquoi est-ce que ça prend tant de temps ?
09:34 Ah là là, c'est...
09:36 Vous êtes sur ces sujets aussi, pas depuis hier,
09:41 sur l'identité numérique depuis de nombreuses années.
09:44 Pourquoi c'est si long ?
09:46 Alors, il y a deux sujets. Je te laisserai Camille sur la vérification d'âge,
09:50 parce que c'est vrai que nous, on n'est pas un spécialiste de la vérification d'âge,
09:53 on est un spécialiste de la vérification d'identité à distance.
09:55 Là, je fais partie des données d'identité.
09:57 Mais je pense vraiment qu'il faut dissocier les sujets d'identité numérique,
10:01 qui sont effectivement aussi longs en France, mais pour d'autres questions,
10:04 du sujet du contrôle d'âge et d'accès au site à contenu pour adultes en particulier,
10:10 qui est un sujet encore plus sensible, on va dire,
10:13 que les sujets d'identité numérique, dits "plus classiques" de notre quotidien.
10:17 Donc c'est plus un blocage du côté, je dirais, des questions de société,
10:21 des questions éthiques, de protection de nos libertés sur Internet.
10:25 C'est exactement ça. Donc il y a un double sujet.
10:27 Il y a des questions, effectivement, d'éthique et de société.
10:30 Est-ce qu'on veut être une société qui suivons les usages des gens sur Internet à la trace ?
10:34 Et il y a plusieurs façons de faire, de façon à ce que ce ne soit pas problématique.
10:38 Donc typiquement, nous, on a choisi de le faire en double anonymat.
10:41 Donc on ne peut pas tracer ce qu'on appelle votre historique de navigation.
10:46 Mais il y a aussi également des questions économiques.
10:49 Parce que la question de la vérification qui s'impose à ces sites
10:52 leur rajoute une pression économique supplémentaire,
10:55 ce qui fait que ça rend difficile l'adoption.
10:58 Et peut-être que ça peut freiner aussi les usages, les utilisateurs,
11:02 faire baisser les fréquentations. J'imagine que c'est ce paramètre.
11:05 Il y a cette question-là qui se pose.
11:08 Effectivement, il y a cette question qui se pose.
11:11 Et c'est pour ça que c'est important, pour pouvoir massifier cet usage,
11:14 de la vérification.
11:17 Vous savez, moi je suis une maman de 4 enfants, ce que je disais tout à l'heure,
11:21 dont un adolescent. Donc la conversation où vous vous rendez compte
11:24 que votre enfant a pu consulter du contenu qui n'est pas destiné pour lui
11:32 dans la cour de récré et sur des téléphones mobiles,
11:35 vous vous rendez compte que c'est assez rapidement un sujet qui est vraiment
11:38 trop, trop, trop, enfin, beaucoup trop diffus pour qu'il puisse être traité aussi rapidement.
11:44 Donc voilà comment est-ce qu'on se pose sur le sujet.
11:49 Et voilà pourquoi on a décidé, nous, en tout cas, de l'attaquer sous cet angle.
11:55 Alors, oui, vous vouliez ajouter quelque chose ?
11:57 Oui, non, je voulais juste ajouter que vous avez raison.
11:59 Qu'est-ce qu'il y a encore comme frein ? Le frein c'est l'adoption.
12:02 Ce qu'on ne sait pas, ce que personne ne sait finalement, c'est comment est-ce que les utilisateurs,
12:06 20 millions, près de 20 millions de personnes chaque mois qui vont sur les sites à contenu pornographique,
12:11 comment ces utilisateurs vont se comporter face aux solutions qu'on va leur mettre entre les mains.
12:16 Et c'est là le véritable enjeu.
12:18 Et nous, on a un positionnement un peu différent.
12:20 Moi, ce que je défends depuis des années, maman aussi,
12:23 et je pense que la protection de nos enfants c'est vraiment quelque chose qui nous tient à cœur à tous,
12:27 adultes, je pense.
12:29 Nous, ce qu'on pousse, c'est, on va tous être dotés d'une identité numérique à un horizon,
12:34 même dans la nouvelle loi, c'est dit à horizon 2027,
12:37 tous les français pourront avoir accès à une identité numérique.
12:39 C'est de dire, il faut que cette identité numérique,
12:41 elle permette aussi l'accès à ces usages-là,
12:44 qui ne sont pas des usages non autorisés quand on est majeur.
12:48 Donc, nous, on dit, il ne faut pas qu'on développe des solutions spécifiques au contrôle d'âge,
12:53 parce que sur un téléphone mobile, ça va se voir, quelqu'un qui a une application,
12:57 je prouve que j'ai 18 ans et ça va à mon avis.
12:59 Encore une fois, je n'ai pas de boule de cristal,
13:01 mais moi, je pense que ça risque de créer un frein.
13:03 Nous, on dit, avec mon identité numérique,
13:05 je peux aussi dire oui, je suis majeure, ou non, je ne le suis pas.
13:09 Alors, oui, donc il faut voir comment on partage cette information.
13:12 Alors justement, je voulais qu'on explique, qu'est-ce que le double anonymat ?
13:15 Alors, le double anonymat, c'est le principe technologique
13:20 qui permet de faire en sorte que les sociétés ou les solutions
13:25 qui effectuent la vérification de l'âge, comme AIDINA ou d'autres,
13:29 puissent effectuer cette vérification sans être au courant de l'historique de navigation de l'utilisateur
13:34 et également permettre aux sites qui ont besoin de faire vérifier,
13:39 donc les sites pornographiques, les sites de jeux en ligne,
13:41 il n'y a pas que la pornographie, on a un usage étendu de la vérification de l'âge,
13:47 ne soit pas au courant de votre identité.
13:50 Alors, comment c'est possible ça ?
13:52 Parce qu'à partir du moment où je vais demander à faire valider mon identité,
13:56 il y a bien un premier prestataire qui va savoir qui je suis.
13:59 C'est ça.
14:00 D'accord ? Donc là, je ne suis pas anonyme.
14:01 Non, vous n'êtes pas anonyme, mais en fait, c'est le prestataire du milieu,
14:04 c'est le tiers de confiance et c'est le positionnement que nous, on a pris.
14:07 Donc en fait, vous vous retrouvez au milieu,
14:09 donc il y a un individu qui va dire, j'ai besoin de prouver que j'ai plus de 18 ans,
14:14 plus de 15 ans ou plus de 12 ans en fonction de l'usage.
14:17 Et donc, il va nous demander de l'aider à faire cette preuve.
14:23 Nous, on va aller appeler une société de vérification, une plateforme de vérification.
14:27 On travaille avec plusieurs plateformes qui existent et qui font de la vérification d'identité.
14:33 On va appeler une de ces plateformes.
14:35 En appelant une de ces plateformes, on va avoir l'information et sauf que…
14:38 À partir de quelles données ? Qu'est-ce que vous collectez ?
14:40 Alors nous, on collecte un identifiant de session.
14:42 C'est-à-dire que quand je clique sur "Est-ce que j'ai plus de 18 ans ?"
14:45 on a votre identification de session, mais je ne sais pas que vous vous appelez Jean-Michel ou Anne-Marie.
14:48 Et ces plateformes qui vont vérifier derrière si cette personne a plus de 18 ans ou pas.
14:53 Elles partent de quelles données ?
14:55 Elles peuvent partir de plusieurs types de modalités de vérification possibles,
15:00 soit par l'analyse des traits de votre visage.
15:03 Donc on peut faire ce qu'on appelle un selfie.
15:05 Et donc avec ce selfie, en analysant les traits de votre visage,
15:08 je peux dire si vous avez plutôt 15, 18 ou 50.
15:11 Et donc ça nous permet de renvoyer le "go" et de dire "Ah, Opal, elle a bien plus de 50"
15:16 et moi je dis au site "C'est bon, vous pouvez le laisser entrer".
15:19 Mais donc vous savez pour quel site je demande cette vérification ?
15:22 Oui, sauf que moi je ne connais pas votre identité.
15:24 Moi je sais juste que vous avez cliqué et que vous êtes l'identifiant de session XXXX.
15:29 Identifiant de session qui n'est jamais le même pour la même personne.
15:34 Parce que c'est bien dans le référentiel de l'ARCOM, il est bien dit qu'il faut vraiment que cet identifiant soit…
15:39 Parce que l'enjeu c'est quand même de dissocier la demande de vérification de l'âge
15:45 et la validation sur un site spécifique.
15:48 Il ne faut pas qu'on puisse faire le rapprochement entre l'identité de la personne et le site qu'elle souhaite consulter.
15:54 Donc il y a aujourd'hui, je parlais de la consultation de l'ARCOM avec la liste des critères qui doivent être respectés par les technologies.
16:00 Je ne sais pas si vous vous entrez dans ces 12 ou 14 critères.
16:04 Je crois que pour le double anonymat c'est 14 ?
16:07 Ou 16 même ?
16:09 Je l'ai noté quelque part.
16:11 C'est 16.
16:13 C'est 12 + 4 pour le double anonymat.
16:16 Est-ce qu'avec l'ensemble de ces critères, ça semble déjà beaucoup,
16:20 est-ce qu'on atteint vraiment l'optimum pour garantir qu'on est dans un cadre qui va protéger absolument l'utilisateur,
16:28 son anonymat et l'anonymat de ce qu'il fait sur Internet ?
16:33 Je pense qu'on est très bien. On pourra l'avoir lu, on a quelques remarques à faire.
16:38 Mais oui, s'il s'est respecté.
16:40 Moi, à la lecture du référentiel, j'ai une remarque sur le double anonymat parce que ce n'est pas très clair dans ce qui est dit.
16:47 Moi, dans ce que je lis, je lis qu'il faudra que les sites implémentent au moins une solution qui respecte le double anonymat.
16:53 Mais il semblerait qu'ils puissent aussi avoir d'autres solutions qui ne respectent pas le double anonymat.
16:58 Il y a encore des zones dans le référentiel, mais on est un certain nombre de spécialistes à avoir encore trois semaines pour répondre.
17:06 Il va falloir que ça soit plus précis.
17:08 Il y a des zones qui ne me semblent pas forcément si précises que ça.
17:12 En revanche, les 16 critères, s'ils sont respectés, on est dans ce qu'il y a de plus sécurisé possible.
17:21 Et tout l'enjeu, c'est de le rendre le plus fluide possible et de faire en sorte que ce soit invisible pour l'utilisateur.
17:27 Chez nous, le parcours d'onboarding est de moins de 30 secondes et la réutilisation après est de...
17:33 Justement, Opal a réalisé un test avec le groupe Dorcel.
17:36 Oui.
17:37 Pas un des moindres dans les acteurs des sites pornographiques.
17:40 Et vous nous dites que vous avez réussi à un taux de conversion trois fois supérieur aux autres solutions en double anonymat.
17:45 Qu'est-ce qui fait la différence justement ? Qu'est-ce qui fait que c'est plus ou moins adopté ?
17:49 La différence, c'est l'optionalité. C'est-à-dire qu'on laisse beaucoup de choix à l'utilisateur.
17:53 Donc quand vous arrivez, en fait, vous avez plusieurs options. Si vous n'aimez pas le selfie, du coup, vous pouvez choisir de le faire par carte bancaire avec un paiement à zéro.
18:01 D'accord.
18:02 Vous pouvez aussi décider de le faire par votre identité digitale.
18:05 Donc on est en train de discuter avec les fournisseurs d'identité digitale pour en rajouter plusieurs à notre portail.
18:11 Vous pouvez également décider, si vous le souhaitez, de mettre votre carte d'identité pour que nous, on puisse faire la vérification.
18:16 Et du coup, je rebondis un peu sur ce que disait Stéphane tout à l'heure.
18:19 Et quels sont les choix qui ont été privilégiés ?
18:21 Les choix qui ont été privilégiés, c'est le selfie. A 50% instantanément, le selfie.
18:27 Et c'est la solution qui marche le mieux.
18:29 Puisque, du coup, c'est vraiment en quelques secondes quand vous avez l'âge.
18:32 Par contre, quand vous êtes un peu borderline, c'est-à-dire que vous avez 18 ans et 3 jours, là, effectivement, on va être sur des...
18:38 Qu'on fait un peu jeune et qu'il y a ce trend dans son avis.
18:40 Oui, qu'on fait un peu jeune. Voilà.
18:41 Et si on a un copain, si on a un grand frère, si on a un copain à côté de nous aussi ?
18:45 C'est ça. De toute façon, si on a un complice, malheureusement...
18:48 Mais dans le référentiel de l'Arkom, attention, le selfie...
18:51 L'Arkom dit bien qu'il ne faut pas que ce soit des méthodes qui permettent de laisser passer des faux positifs.
18:58 Alors qu'aujourd'hui, les selfies, il y a une marge d'erreur.
19:01 La carte bancaire, en France, un jeune de 12 ans peut avoir une carte bancaire.
19:04 Alors on est à 99,5% sur le selfie.
19:07 En tous les cas, c'est clairement dit dans le référentiel que toute solution qui laisserait passer des faux positifs,
19:13 ce qui est le cas des solutions, ne serait pas autorisée.
19:15 Alors ils acceptent pour l'instant, justement, les notifications par carte bancaire et ça pourrait même être pérennisé.
19:21 On pourrait rester sur ce modèle.
19:23 Je ne crois pas. En tous les cas, c'est bien de créer une porte ouverte.
19:26 D'accord. Et, effectivement, la solution par carte bancaire, c'est un moindre mal.
19:34 L'idée, c'est, en attendant, parce que c'est quand même compliqué d'intégrer une solution,
19:38 il faut se poser des questions, qu'est-ce que je fais de mon parcours utilisateur ?
19:41 Après, ces grandes plateformes X, elles ont, à mon avis, les moyens de disposer de bonnes solutions technologiques.
19:51 Mais il y a aussi de plus petites plateformes.
19:53 Et c'est surtout que si on leur laisse le temps, là pour le moment c'est 6 mois, d'utiliser la carte bancaire,
19:58 elles vont de toute façon sauter sur l'occasion et dire, parce que la carte bancaire, elles l'ont déjà implémentée.
20:03 Ça permet déjà de filtrer une bonne partie des utilisateurs.
20:07 Une bonne partie.
20:08 Tous les ados n'ont pas de carte. Effectivement, il y a des ados qui ont des cartes, y compris le mien, bien sûr.
20:13 Moi aussi.
20:14 Mais, effectivement, tous n'en ont pas.
20:16 Ça enlève. Et puis, surtout, les 6-8 ans qui tombent sur du contenu, ceux-là, ça les filtre directement.
20:22 Donc, on a quand même une solution à peu près acceptable.
20:25 Alors, on n'a plus beaucoup de temps, mais je voulais qu'on voit ensemble, justement,
20:30 si on part de la solution identité numérique, puisque tous les Français vont avoir accès à une identité numérique,
20:36 on va dire régalienne, comme la carte nationale d'identité, en version numérique d'ici à 2027.
20:42 Si on part de cet identifiant pour vérifier l'âge ou la majorité, puisque c'est aussi un sujet, ça,
20:49 est-ce qu'on vérifie l'âge ou est-ce qu'on vérifie la majorité ?
20:52 Comment est-ce que ça fonctionnera ?
20:54 Comment est-ce qu'on pourra filtrer le type d'info qu'on fournit ou non à un site ?
20:58 Alors, aujourd'hui déjà, il y a un filtrage, contrairement à justement quand on présente notre pièce d'identité dans le monde physique,
21:03 où là, toutes les données sont sur la pièce.
21:05 L'avantage déjà de l'identité numérique, c'est qu'on peut fournir là où les données qui sont nécessaires au service.
21:10 Aujourd'hui, on peut fournir "j'ai plus de 12 ans", "j'ai plus de 15 ans", "j'ai plus de 18 ans".
21:15 En revanche, tel que ça fonctionne aujourd'hui pour nous, par exemple, Iris ou pour France Identité,
21:19 on n'a pas cette barrière que propose Opal qui permet de garantir le double anonymat.
21:24 Nous, on a fait un développement supplémentaire où on peut stocker dans le mobile de l'utilisateur sa date de naissance
21:31 et du coup, être capable de lui permettre à lui d'être complètement autonome s'il veut accéder à un site à contenu pour adultes.
21:37 Mais concrètement, elle est où sa date de naissance ? Elle est dans son portefeuille ?
21:41 Elle est dans un élément. Alors, à terme, ça sera le portefeuille, le fameux portefeuille d'identité.
21:46 Pour le moment, on est effectivement dans les prémices du portefeuille,
21:49 mais on est déjà complètement conforme au protocole du futur portefeuille d'identité.
21:54 Et là, dans ce cas-là, l'utilisateur veut accéder à un site, il va scanner avec son mobile le code-barre qui est sur le site à contenu pour adultes
22:01 et le dialogue va être entre le téléphone de l'utilisateur et le site.
22:06 Ce qui fait que nous, ID.NAO, on est complètement hors du sujet, donc double anonymat évidemment plus que garantie.
22:12 On voit que tout ça va bouger, qu'il va falloir qu'on s'habitue à ces nouveaux usages visiblement.
22:16 Merci beaucoup à toutes les deux pour vos éclairages. Camille Issenman, cofondatrice d'Opal et Stéphane Mavel de ID.NAO,
22:24 donc Responsable marché et stratégie identité numérique. Merci beaucoup.
22:28 Merci à vous.
22:29 C'est l'heure de notre rendez-vous avec Mathieu Bourgeois, avocat. Bonjour Mathieu.
22:40 Vice-président du Cercle de la Donnée. Alors cette semaine sort officiellement, ça y est, cette étude consacrée à l'empreinte des données sur le vivant.
22:48 Et c'est pour un numérique responsable à laquelle vous avez évidemment participé.
22:52 Mais je voulais qu'on revienne justement sur qui sont les contributeurs de cette étude et puis dans quel cadre se sont déroulés les travaux, Mathieu.
23:00 Oui. Bonjour Delphine, bonjour à tous. Alors il s'agit d'une initiative conjointe du Cercle de la Donnée et de l'Agora 41
23:06 qui sont deux think tanks indépendants et interdisciplinaires fondés en 2018 et auxquels j'appartiens.
23:11 Le second think tank a été lancé à l'initiative de l'ANDSI, l'Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d'Information.
23:16 Cette collaboration fait suite à une première étude qui a été publiée en 2022 qui s'appelait Souveraineté numérique.
23:22 Alors cette fois-ci, le groupe de travail s'est formé en 2021, juste avant en fait la sortie de cette étude sur la souveraineté.
23:27 Onze auteurs et contributeurs y ont participé, des ingénieurs, médecins, psychologues, cliniciens, juristes.
23:34 Un grand merci à eux d'ailleurs et à Jean Martineau qui a présidé ce groupe de travail.
23:38 Cette étude est préfacée par Philippe Biouix dont je profite de l'occasion pour le remercier,
23:43 qui est ingénieur et essayiste, très connu pour avoir notamment publié L'âge d'or des low-tech, ouvert à une civilisation technique soutenable.
23:50 L'apparution a lieu ce matin sur le site internet du Cercle et cette étude sera prochainement présentée auprès d'instances publiques et privées.
23:57 Alors en attendant, pouvez-vous nous donner davantage de détails sur l'étude ?
24:01 Alors pour être bref, c'est une étude de 117 pages. Cette étude se décompose en trois morceaux.
24:06 Le premier morceau c'est une prise de conscience, le deuxième morceau c'est une réflexion et le troisième morceau c'est un réveil auquel on appelle.
24:13 Alors la prise de conscience, dans la première partie de l'étude, il y a une prise de conscience qui se fait sur la matérialité de la donnée.
24:20 Puisque comme on a déjà eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises, donc je ne m'épancherai pas trop longtemps,
24:24 la donnée numérique n'est pas immatérielle, elle n'est pas virtuelle, elle est tout à fait matérielle.
24:28 Alors elle existe depuis la nuit des temps, on revient d'ailleurs sur cette histoire, depuis la nuit des temps, puisque tous les organismes vivants produisent de la donnée.
24:35 Simplement, la donnée artificielle et en particulier la donnée numérique produite par l'homme depuis la seconde guerre mondiale,
24:40 à la différence de la donnée naturelle qui est régulée par des mécanismes de fatigue, d'oubli et de mort,
24:46 et bien la donnée numérique est produite par des machines qui ne se fatiguent pas, qui n'oublient pas et qui potentiellement vivent très longtemps,
24:53 beaucoup plus longtemps en tout cas que la vie humaine. Donc c'est évidemment un facteur d'empreinte.
24:58 A ajouter à cela que la donnée numérique présente trois singularités, la non-rivalité, elle ne s'échange pas, elle se duplique,
25:06 c'est le fameux succès interplanétaire du copier-coller, elle s'accumule puisqu'elle persiste, ça on l'explique dans l'étude,
25:15 c'est un choix technologique d'ailleurs des pères de l'Internet, et puis la gratuité des années 90-2000 du modèle Internet qui a prévalu,
25:22 fait qu'elle explose en quantité et notamment du fait que l'intelligence artificielle aujourd'hui se nourrit de ces données,
25:28 donc évidemment les promoteurs de l'intelligence artificielle ont tout intérêt à promouvoir des mécanismes de collecte des données.
25:33 Ce qui fait d'ailleurs une partie du problème sanitaire, c'est qu'une partie du Net est fondée sur des mécanismes d'addiction à la consommation de contenu numérique
25:41 puisque ces contenus génèrent des données. Donc pour ces raisons-là, et c'est là la prise de conscience, l'empreinte de la donnée sur le vivant est tout à fait significative.
25:49 Et la deuxième partie de l'étude, c'est là où on explore un peu cette empreinte en amenant à une réflexion.
25:54 Elle est préoccupante sur le terrain écologique puisqu'elle ponctionne des ressources électriques importantes,
25:59 la donnée numérique mobilise de l'électricité en permanence, elle ponctionne des ressources naturelles puisqu'en étant stockée,
26:04 elle mobilise des espaces fonciers avec les data centers et de l'eau aussi.
26:07 Et puis, et ça c'est peut-être un peu moins attendu, à mon avis c'est un petit peu plus inattendu, elle fatigue, elle fatigue énormément l'être humain.
26:15 Elle le fatigue psychiquement et physiquement. Voilà. Et donc j'en dirai pas plus, mais dans l'étude on explore un petit peu ces mécanismes de fatigue cognitive
26:23 avec des dysrégulations émotionnelles, relationnelles, parfois même des maladies, des maladies professionnelles, des épuisements, etc.
26:30 Donc, et c'est la dernière partie de l'étude, cette étude propose trois séries de mesures.
26:36 Une mesure, un volet économique avec une proposition visant à soumettre à autorisation de mise sur le marché les services numériques les plus addictifs, en fait.
26:44 Un deuxième pilier éducatif qui vise à faire prendre conscience aux citoyens et notamment aux plus jeunes de l'empreinte du numérique sur le vivant et sur leur santé.
26:54 On a constaté en échangeant sur cette étude que c'est la santé qui marque les esprits et c'est probablement par là qu'il faut prendre le sujet.
27:00 Adjoint à ça, une proposition visant à soumettre à analyse d'impact le déploiement de certains outils numériques qui ont une forte empreinte.
27:08 Et enfin, un troisième volet, le volet service public visant à mobiliser l'État pour améliorer le service public de la donnée et pour faire appel à des opérateurs numériques à faible empreinte.
27:18 Très bien. Et donc, vous mobilisez le pouvoir public aussi à travers cette étude, j'imagine que c'est l'objectif.
27:25 Absolument. L'idée, et d'ailleurs, voyez hier, il y avait un dîner de présentation en avant-première de l'étude avec un certain nombre de personnes qui ont collaboré.
27:34 Il y avait un élu, un sénateur qui était présent, qui a d'ailleurs pris pas mal d'exemplaires de l'étude.
27:39 On espère et on devrait réussir à faire une présentation auprès de la représentation nationale, donc Sénat ou Assemblée nationale.
27:45 Et on espère évidemment que cette étude sera largement relayée. Encore une fois, et j'insiste, les membres du CERTE et de la GORA...
27:51 Et de prouver finalement qu'on a une autre voie possible, un numérique responsable.
27:54 Mais c'est clairement le cas, puisque la bonne nouvelle, c'est que le numérique, on l'a complètement construit.
27:58 Donc on peut complètement le reconstruire, on peut changer la trajectoire. C'est nous les maîtres du jeu, c'est pas le numérique qui est maître du jeu.
28:05 C'est vrai que j'entends souvent dire "on n'a pas le choix", c'est pas vrai.
28:08 Oui, on se dit "c'est peut-être un petit peu tard".
28:10 Mais en fait, jamais !
28:12 Bon, tant mieux ! Merci beaucoup Maître Bourgeois, vice-président du Cercle de la Donnée.
28:17 On lira avec grande attention cette étude dans son détail.
28:21 Et puis merci à vous de nous suivre très régulièrement dans Smartech, sur Bsmart également, en podcast et puis sur les réseaux sociaux.
28:28 On se retrouve très vite pour de nouvelles histoires sur la tech.
28:31 [Musique]