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00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur AMC et BFM TV, bonjour Louis Boyard, merci de répondre à mes questions.
00:11Ce matin vous êtes député La France Insoumise, Nupes du Val-de-Marne.
00:15Plusieurs députés La France Insoumise étaient présents à Sciences Po vendredi pour soutenir le blocus de l'école
00:21aux côtés des militants pro-palestiniens et vous, vous étiez hier à la Sorbonne, en plein cœur de Paris,
00:26pour soutenir les étudiants qui tentaient d'installer des tentes et de mener un blocus.
00:30Vous vous êtes d'ailleurs interposé entre les forces de l'ordre et les étudiants.
00:35Vous croyez en la démocratie représentative, Louis Boyard ?
00:38Tout à fait.
00:39Tout à fait, vous êtes vous-même d'ailleurs un représentant de la France.
00:42Qu'est-ce que vous pensez du fait qu'ils étaient 50 ?
00:45Pour avoir été sur place, ils n'étaient pas 50, ils étaient beaucoup plus nombreux.
00:50Combien ?
00:51Bon écoutez, je dirais qu'il y avait bien 600 personnes avec tous les rassemblements de soutien qu'il y avait autour.
00:55Alors, parce qu'il faut distinguer deux choses, les étudiants, qui étaient à l'intérieur de la Sorbonne,
01:00et les manifestations autour.
01:01Les étudiants eux-mêmes, d'après à la fois des observateurs issus de la Sorbonne, mais aussi les forces de l'ordre,
01:07ils disent qu'ils étaient 50.
01:09À ce sujet, je suis comme vous, j'aimerais qu'il y ait beaucoup plus d'étudiants qui soient dans la rue et dans les blocages
01:14pour soutenir ces revendications.
01:16C'est par rapport au nombre d'étudiants à la Sorbonne, vous savez combien il y en a ?
01:19Je dirais 20 000 en moyenne ?
01:2055 000.
01:2155 000 étudiants à la Sorbonne, une cinquantaine peut-être plus, 12 tantes, 20 tantes même peut-être,
01:28tous les amphithéâtres et les salles de cours qui ont dû être évacuées,
01:31l'ensemble des cours de l'université et les examens qui ont dû être annulés.
01:34Est-ce que vraiment c'est l'image que vous vous faites de la question de la majorité et du rapport de la majorité avec la minorité ?
01:39Est-ce que vous pensez très sincèrement qu'il y a une majorité du peuple français qui soutient ce qui se passe actuellement à Gaza ?
01:45Non.
01:46Donc est-ce que si jamais vous aussi vous avez une idée de la démocratie représentative,
01:50vous n'avez pas honte comme une majorité du peuple français de l'inaction de la part du gouvernement français
01:55et de l'inaction de la plupart des gouvernements par ailleurs ?
01:58Vous avez des étudiants qui ont décidé de se mobiliser pour un cessez-le-feu.
02:02Moi je ne vous parle pas de la question de la mobilisation, je vous parle de la question du blocage.
02:05C'est-à-dire se mobiliser, manifester, bloquer une université, interdire la tenue des cours, fermer les amphithéâtres.
02:12Je vais répondre à cette question. Ils font quoi si jamais ils n'utilisent pas les méthodes de blocage ?
02:16Ils manifestent.
02:17Vous les écoutez quand ils manifestent ?
02:18Oui.
02:19Non, mais ils ne sont pas écoutés, on ne les regarde même pas.
02:21Quand ils font des pétitions, on ne les regarde même pas.
02:23Alors dès lors qu'il commence à y avoir des manifestations et des blocages, alors là on commence à s'intéresser à ces étudiants.
02:28Vous voulez dire qui quand on dit on ?
02:29Je veux parler à la fois de la classe médiatique et de la classe politique.
02:32Attendez, le sujet là, il n'est pas de savoir si jamais ils étaient assez à la sorbonne ou pas,
02:37de savoir si jamais le blocage est une bonne méthode pour pouvoir se mobiliser ou pas.
02:40Au fond, moi ce que je pose en question, c'est la question de savoir entre la majorité et la minorité et de la capacité de blocage.
02:44Mais attendez, je vous ai dit que la majorité du peuple français, et je pense que je peux l'affirmer très sereinement,
02:48la majorité du peuple français s'oppose à ce qui est en train de se passer à Gaza.
02:51La majorité des jeunes trouvent que le gouvernement français est totalement...
02:54Personne n'est favorable à une guerre. Personne, je crois.
02:57Alors dans ce cas, pourquoi est-ce qu'on n'a pas encore obtenu le cessez-le-feu ?
03:00L'Organisation des Nations Unies a appelé à un cessez-le-feu.
03:03Pourquoi le gouvernement israélien n'applique pas ce cessez-le-feu ?
03:06Parce que l'ultra-majorité des peuples du monde demandent à ce qu'arrêtent le massacre à Gaza.
03:10Et là, par contre, ce qui commence à choquer, c'est que quand il y a des blocages,
03:13alors là, tout de suite, ça commence à choquer.
03:15Pardon, moi ce qui me choque, c'est ce qui se passe à Gaza.
03:17Et ces étudiants sont en train de donner une grande leçon à ce pays.
03:20Quand on est citoyen de la République française et qu'on a sous nos yeux un génocide,
03:24on se mobilise, on utilise tous les moyens qu'on a en notre pouvoir pour obtenir la paix.
03:28Ces étudiants ont une fierté, ils honorent la France et je continuerai d'être à leur côté.
03:32Quand vous dites « je continuerai d'être à leur côté »,
03:34est-ce que ça veut dire, Louis Boyard, que vous appelez les autres universités de France à suivre le mouvement ?
03:39Pour le coup, c'est les étudiants qui doivent eux-mêmes organiser leur combat.
03:44C'est Callion ?
03:46Bien sûr, mais par contre, plus il y aura d'étudiants qui rentreront dans le mouvement
03:50pour essayer de faire en sorte que le gouvernement français se bouge, mieux ce sera.
03:53Parce qu'aujourd'hui, il y a une pression internationale qui est en train de s'exercer, qui fonctionne.
03:57Regardez, on ne parle que de ça.
03:59Aujourd'hui, on ne parle que de ces jeunes qui ont décidé de se lever.
04:01Qui ont décidé de se lever pour enfin obtenir la paix.
04:03Vous avez vu qui en parle ? On en parle même dans le monde entier.
04:06Et notamment l'Ayatollah Khomeini, qui vous montre un exemple.
04:09Il a lui-même posté des vidéos d'occupation des universités.
04:12Il cite la France, il dit « voyez ce qu'il se passe dans le monde, dans les pays occidentaux,
04:16en Angleterre et en France, ainsi que dans les États américains.
04:18Les gens sortent en grand nombre pour scander des slogans contre Israël et l'Amérique.
04:22La réputation des États-Unis et d'Israël a été ruinée. Ils n'ont vraiment aucune solution. »
04:27L'Ayatollah Khomeini qui vous prend en modèle, comment vous le vivez ?
04:30Alors, Victor Orban par exemple.
04:32Comment vous le vivez ?
04:33Non mais attendez, je vais vous répondre.
04:34Victor Orban, le premier ministre hongrois.
04:36Lui, il soutient le gouvernement israélien.
04:38Est-ce que vous allez attraper la veste de Gabriel Attal pour lui dire
04:40« alors monsieur Attal, vous êtes sur la même ligne que monsieur Orban ? »
04:43Vous mettez l'Ayatollah Khomeini sur le même plan ?
04:46Je n'ai ni de la sympathie pour l'Ayatollah, ni de la sympathie pour monsieur Orban.
04:51Mais je veux dire, pour vous, l'Ayatollah Khomeini et Victor Orban ?
04:54Non mais attendez, en octobre…
04:56Si, c'est ma question.
04:57C'est ma question à Louis Boyard.
04:58Je vais vous donner ma réponse.
04:59En octobre, on était en train de dire
05:01« non, ce n'est pas le moment de parler de ce qui se passe à Gaza.
05:03D'abord, on doit critiquer le communiqué de la France insoumise. »
05:05Dans les mois qui suivaient, on disait
05:06« non, ce n'est pas le moment de parler de ce qui se passe à Gaza.
05:08D'abord, on doit savoir s'il y a le droit de faire des manifestations ou pas. »
05:10Là aujourd'hui, on dit
05:11« non, attendez, ce n'est pas le moment de parler de ce qui se passe à Gaza.
05:13Il y a des mains rouges.
05:14Ah non, attendez, il y a eu un tweet.
05:15Quand est-ce qu'on aura le droit de parler de ce qui se passe à Gaza ?
05:17Quand est-ce qu'on arrêtera de sauter de diversion en diversion
05:20pour faire en sorte qu'on ne parle pas
05:22de ce dont une majorité des Français veulent parler ?
05:24J'aimerais juste terminer en disant quelque chose.
05:26L'ultra-majorité des Français
05:28a honte de l'inaction gouvernementale
05:30et je pense même à honte de la qualité
05:32du débat médiatique aujourd'hui
05:34sur ce qui se passe à Gaza.
05:35Je n'ai pas de chiffres là-dessus
05:36et je trouve que le rapport sur la question
05:38de la majorité et de la minorité
05:40est assez obscur.
05:42Seulement 30% des Français qui font confiance aux médias
05:44ça paraît quand même être un chiffre
05:46qui en dit long.
05:48Et qu'est-ce que vous pensez des sondages
05:50par exemple sur les Européennes
05:52qui donnent à 6% la France insoumise dans ces cas-là ?
05:54On est à 9%. On est en dynamique.
05:56Et j'ai même envie de vous dire autre chose.
05:58J'appelle, parce que là aujourd'hui il y a le sujet quand même
06:00de Mathilde Panot, la présidente du groupe
06:02et Rima Hassan, une candidate aux élections européennes
06:04qui sont convoquées à la police
06:06pour apologie du terrorisme
06:08sans aucun fondement.
06:09Je pense que si jamais il y a 10 ans
06:11on avait dit aux Français
06:12que la présidente d'un des principaux groupes d'opposition
06:14allait être convoquée par la police
06:16pour apologie du terrorisme.
06:17Que des conférences de candidats allaient être annulées.
06:19Que Sciences Po allait voir
06:21une subvention perdue
06:23parce qu'une manifestation n'a pas plu à une présidente de région.
06:25Je pense que les Français ne reconnaissent pas leur pays.
06:27Quand on a une haute estime...
06:29Je vous repose ma question Louis Boyard
06:31parce que vous n'y avez pas répondu.
06:32Le fait que l'Ayatollah Khomeini, c'est-à-dire le juge suprême religieux
06:35de l'Iran vous prenne en modèle,
06:37comment vous le vivez ?
06:38Mais ça là, vraiment je ne vais pas répondre à votre question en fait.
06:40Tout simplement.
06:41Parce qu'en fait je vous ai donné l'exemple.
06:43Victor Orban, lui qui soutient la police.
06:45Moi je parle de l'Ayatollah Khomeini.
06:47Le juge suprême religieux de la République islamique d'Iran.
06:50Je vous montre que votre raisonnement est totalement absurde.
06:53Parce qu'il y a un type de l'autre côté du monde
06:55qui a fait un tweet.
06:56Alors dans ce cas, ça disqualifie tout le mouvement français.
06:58C'est pas un type.
06:59Ah oui, c'est un dirigeant pour lequel je n'ai aucune sympathie.
07:02Je vous rassure.
07:03J'imagine bien.
07:04C'est pourquoi moi, en tout cas, si j'étais soutenue par l'Ayatollah Khomeini
07:06ça me mettrait mal à l'aise.
07:07Au minimum.
07:08Attendez, vous vous rendez compte ?
07:09Non, vous non.
07:10Attendez, je vais vous dire.
07:11Aujourd'hui, on se retrouve à avoir...
07:13Parce qu'il y a quand même la France...
07:15834 personnes ont été exécutées en Iran l'an dernier.
07:18Et je le condamne.
07:19Ce qui se passe actuellement en Iran,
07:21particulièrement le combat pour les droits des femmes en Iran,
07:23c'est un grand combat.
07:25Mais aujourd'hui, la France et plus généralement l'Europe,
07:28les Etats-Unis, se retrouvent dans une telle contradiction
07:31quand on se prétend être des pays démocratiques,
07:33des pays des droits de l'homme,
07:35et qu'on soutient ce qu'est en train de faire le gouvernement israélien.
07:37Ça permet à des gens comme ceux-là,
07:39des gens qui sont dégoûtants dans ce qu'ils font dans leur pays,
07:41de jeter l'opprobre sur nous.
07:43Et quand je vous disais qu'ils nous mettent...
07:45Quand je vous dis que nos gouvernements nous mettent la honte...
07:47Mais vous ne voyez pas une contradiction
07:49dans le fait que le combat pour la liberté
07:51que vous voulez soutenir
07:53soit soutenu par un homme comme l'Ayatollah Khomeini ?
07:55Non mais écoutez, moi je ne suis pas en garde à vue, d'accord ?
07:58C'est la quatrième fois que vous me posez la question.
08:00Victor Orban soutient le gouvernement israélien.
08:03Vous ne faites pas le parallèle.
08:05En fait, qu'est-ce que vous cherchez à me faire dire ?
08:07Et d'ailleurs, je suis venu ici pour parler de ma présidente de groupe
08:10qui se retrouve convoquée pour quelque chose qu'elle n'a pas commis.
08:12Vous êtes venu ici pour répondre à mes questions.
08:14Et moi, on ne va pas en poser de questions.
08:15Je poserai les questions que j'ai envie.
08:17Et moi, j'ai envie de vous parler de ce qui se passe à Gaza aussi.
08:19Mais vous en parlerez sans aucun problème.
08:20Je vous parle aussi de ce qui s'est passé hier.
08:21Je ne sais pas, on doit être à dix minutes d'interview.
08:23Pour le moment, je n'ai pas eu l'occasion de m'exprimer sur le sujet.
08:25Vous n'étiez pas à la Sarbania.
08:26Vous n'avez pas décidé d'aller soutenir les étudiants.
08:28Je suis heureux d'aller soutenir ces étudiants.
08:29Mais attendez, on a sous nos yeux,
08:31et j'utilise les mots de l'avocate devant la Cour internationale de justice,
08:34le premier génocide filmé en direct sur nos téléphones.
08:36Non, non.
08:37Alors, on va dire les choses très précisément.
08:39Ça n'existe pas.
08:40Puisque vous citez la présidente de la Cour internationale de justice,
08:43j'imagine que vous faites référence à Madame Johanne Donoghue,
08:46qui vient de donner une interview à la BBC.
08:48C'est elle qui a présidé le Tribunal suprême des Nations Unies,
08:51notamment le 26 janvier,
08:53lorsque la question du génocide a été posée.
08:56La question du génocide, le mot de génocide,
08:58n'a d'ailleurs pas été retenu pour définir l'action d'Israël à Gaza.
09:02En revanche, si elle le précise,
09:04elle le précise, vous pourrez regarder,
09:05elle l'a dit à la BBC hier,
09:06elle dit « Je voudrais corriger ce qui, souvent, a été mal compris dans les médias,
09:10l'accusation de génocide aurait été plausible. »
09:13Non, elle dit, il a été jugé plausible
09:15le risque pour le droit des Palestiniens d'être protégés du génocide.
09:19Alors, comment est-ce que vous appelez un État
09:22qui tue 40 000 personnes,
09:24qui empêche l'entrée de médicaments sur une zone de guerre
09:27dans laquelle on ampute des enfants sans anesthésie,
09:29dans lequel il n'y a pas d'eau,
09:30dans lequel il n'y a pas de nourriture,
09:32dans lequel il y a actuellement une famine,
09:33dans lequel le gouvernement israélien a annoncé qu'il allait attaquer Rafa,
09:36où se trouvent des millions de réfugiés,
09:38vous appelez ça comment ?
09:39Vous, vous appelez ça génocide.
09:41La Cour internationale de justice a expliqué
09:43qu'il y a besoin d'un certain nombre de mesures conservatoires
09:46pour éviter le risque de génocide.
09:48Qu'a fait le gouvernement israélien depuis ?
09:50Qu'a fait le gouvernement israélien depuis ?
09:53Et qu'a fait le gouvernement israélien depuis ?
09:56Le gouvernement israélien n'a effectivement pas du tout répondu à ces accusations.
10:00Il n'a pas répondu aux mesures conservatoires.
10:02Donc le risque de génocide est caractérisé.
10:04Et il est d'ailleurs possible,
10:05et c'est Nicolas Pancaré qui nous l'expliquait ce matin sur RMC,
10:07que Benjamin Netanyahou soit lui-même condamné
10:10par un mandat d'arrêt de cette Cour internationale de justice,
10:14peut-être même aujourd'hui.
10:15Alors dans ce cas,
10:16pourquoi est-ce que notre gouvernement continue de livrer des armes
10:18à ce gouvernement-là ?
10:19Vous demandez au gouvernement de cesser toute livraison d'armes.
10:23Toutes ventes.
10:24Alors ce n'est pas une livraison d'armes.
10:26Il y a des munitions qui ont été livrées.
10:29Je le redis, l'ultra-majorité du peuple français observe ces images
10:35et est dégoûté par ce qui se passe.
10:37J'ai du mal avec les expressions d'ultra-majorité, d'ultra-minorité, de majorité.
10:40Encore une fois, quand je vous dis qu'ils sont 55 000,
10:43on peut discuter des chiffres.
10:45Oui, mais moi dans ce cas je vous l'affirme
10:47et je suis heureux que l'ultra-majorité du peuple français
10:50soit aujourd'hui profondément indignée par ce qui est en train de se passer.
10:52Et pourquoi vous n'appelez pas une manifestation alors, plutôt qu'un blocage ?
10:55Parce qu'on est appelé à des manifestations.
10:56Mais comme je vous le dis, quand on ne bloque pas, vous ne le couvrez pas.
10:58La preuve, votre question.
10:59C'est totalement faux.
11:00Non mais Louis Boyard, à un moment,
11:01vous ne pouvez pas toujours vous mettre dans cette position-là.
11:03Il y a eu des manifestations, de nombreux samedis d'ailleurs,
11:05des manifestations de soutien aux palestiniens.
11:07Vous en avez vu les images sur toutes les télévisions de France,
11:11dans tous les journaux.
11:12Et c'est parfaitement normal de couvrir toutes les manifestations.
11:15On ne fait pas des manifestations pour parader.
11:17On ne fait pas de manifestations pour notre bonheur.
11:19On fait des manifestations pour que les choses changent.
11:21Aujourd'hui, les manifestations ne permettent pas de faire entendre
11:24au gouvernement français qu'il y a besoin de clamer avec plus de force
11:28le cessez-le-feu et qu'il y a besoin aujourd'hui
11:30de prendre des sanctions contre Israël.
11:32Donc, les étudiants passent au blocage.
11:34C'est un honneur, c'est une fierté,
11:35parce que c'est le seul mode d'action qu'ils ont
11:38pour faire respecter la fierté de la citoyenneté française,
11:40à savoir ne pas laisser faire un massacre et un génocide.
11:43Valérie Pécresse annonce en effet la suspension
11:45de tous les financements de la région Île-de-France à Sciences Po.
11:49Ça représentait 1 million d'euros et peut-être même 100 000 euros
11:52qui devaient être donnés dans quelques semaines.
11:55Comment vous réagissez à cela ?
11:56Encore une fois, qu'on soit d'accord ou pas
11:58avec la manifestation de ces étudiants.
12:00Ce n'est pas possible qu'une responsable politique
12:02décide de suspendre les subventions d'une école,
12:05et pas n'importe quelle école, Sciences Po-Paris,
12:08parce qu'elle n'est pas d'accord avec une manifestation.
12:10Ce n'est pas parce qu'elle n'est pas d'accord.
12:11Elle dit que la question, c'est d'appeler à la sérénité
12:15et à la sécurité des étudiants.
12:17Vous savez, ça a toujours fonctionné comme ça.
12:19Pour vous, c'est un mensonge ?
12:20Bien sûr que c'est un mensonge.
12:22Et ça ne justifie pas de retirer les subventions
12:24à un établissement parce qu'en réalité, regardez,
12:26si jamais il y avait eu la même manifestation,
12:28mais en soutien au gouvernement israélien,
12:30est-ce que Valérie Pécresse aurait supprimé la subvention ?
12:33Non !
12:34Parce que ce qui les gêne, c'est la revendication de ces étudiants.
12:37Et ce n'est pas normal quand vous êtes un responsable politique
12:39de retirer une subvention à une école
12:41parce que vous n'êtes pas d'accord avec la manifestation.
12:43Vraiment, je lance l'alerte à tous les démocrates qui m'écoutent.
12:46La France est en train de franchir des paliers
12:48en termes de recul de la démocratie et des libertés publiques.
12:51Une présidente de groupe et une candidate en ce moment même
12:54qui sont auditionnées par la police,
12:56des conférences annulées,
12:57des écoles qui se voient perdre leurs subventions.
12:59Mais ce n'est pas la France, ça !
13:00Si il y a 10 ans, on avait dit aux Français
13:02que la France ressemblerait à ce qu'elle est aujourd'hui
13:04avec la répression qu'on a vue sur le mouvement des Gilets jaunes,
13:06avec le 49-3 sur la réforme des retraites,
13:08quand on a une haute estime de la démocratie,
13:10on ne laisse pas faire.
13:11Et je veux vraiment que le message passe.
13:13Le pire qui puisse arriver, c'est que les gens restent silencieux.
13:15Il faut continuer de s'indigner.
13:17Si jamais on rend ça normal, alors on a déjà perdu.
13:19Est-ce que votre place à vous, Louis Boyard,
13:21était de vous mettre entre la police et les étudiants ?
13:25L'objectif, c'est de faire en sorte que les manifestations
13:27se passent le plus calmement possible.
13:28Et quand on se met entre...
13:30Vous pensez vraiment que l'objectif, c'est que ce soit calme ?
13:32Bien sûr.
13:33C'est votre objectif que ce soit calme ?
13:34Bien sûr que c'est mon objectif que ce soit calme.
13:36Personne ne souhaite que les étudiants se mettent à taper les policiers
13:39ou que les policiers se mettent à taper les étudiants.
13:40J'ai eu plusieurs auditeurs ce matin qui appelaient sur RMC
13:42pour réagir à la question des blocus.
13:44Et ce qui m'a frappée, c'est notamment le témoignage de deux d'entre eux.
13:46Il y a Christian qui a téléphoné, qui est porteur de presse,
13:50qui se lève à 2h du matin pour aller travailler.
13:52Et il a dit, j'ai toujours été de gauche jusqu'à Jean-Luc Mélenchon.
13:56Et ensuite, il y a Ali qui a téléphoné,
13:58qui lui est chauffeur, livreur,
14:00livreur de Lidl dans la Loire.
14:02Et il a dit, finalement, s'il y avait une guerre
14:05entre les choux de Bruxelles et les choux-fleurs,
14:07alors là, je suis sûre que je trouverais LFI.
14:09Ils sont toujours partout où il y a des conflits.
14:12Parce qu'aujourd'hui, vous avez une France qui est bouillonnante,
14:14mais sur beaucoup de sujets.
14:16On parle beaucoup de la Sorbonne, de Sciences Po,
14:18mais chaque fois qu'il y a une grève d'une usine qui va se faire délocaliser,
14:22vous trouvez les députés insoumis.
14:24Chaque fois qu'il y a un combat à mener pour la justice,
14:26pour l'égalité, pour la liberté, l'égalité et la fraternité,
14:28vous trouvez les députés insoumis.
14:30Le peuple français est profondément indigné de la situation.
14:32Alors, on a besoin de députés de combat
14:34qui viennent soutenir le peuple.
14:35Et ça, c'est la fierté de notre pouvoir.
14:36Même entre les choux de Bruxelles et les choux-fleurs ?
14:38Moi, j'aime les deux, personnellement.
14:40Donc, vous ne vous mêleriez pas de ce conflit-là.
14:43Louis Boyard, il y a d'autres points sur lesquels je voudrais vous interroger,
14:45et notamment ce drame, la mort de Matisse,
14:49qui a été poignardée à mort.
14:51Et ça lance ce débat sur la question de la justice des mineurs.
14:55Je suis frappée de voir que vous avez toujours été pour le droit de vote à 16 ans.
14:59Et l'un de vos arguments, c'est d'ailleurs de dire,
15:01parce que j'ai écouté les interviews de vous,
15:03que à 16 ans, on est capable de réfléchir, je vous cite,
15:06de comprendre et de s'engager.
15:09Alors, faut-il qu'à 16 ans, on soit jugé comme un adulte ?
15:12Je suis pour le droit de vote à 16 ans.
15:14C'est sur le volontariat.
15:16S'il y a des jeunes qui ne veulent pas voter à 16 ans,
15:18ils n'en font pas la demande.
15:19Je pense qu'on pose le problème d'une mauvaise manière.
15:22Aujourd'hui, par exemple, dans la plupart des enseignements,
15:24on n'enseigne pas le droit.
15:26Ce n'est pas vrai de dire que si jamais vous augmentez la répression pénale,
15:29vous allez avoir des jeunes qui vont ouvrir le code pénal
15:31et qui vont se dire, je ne vais pas faire ça,
15:33parce que le code pénal prévoit cela.
15:34Ça n'a absolument aucun sens.
15:35C'est toujours pareil, c'est à chacun de s'informer,
15:38de connaître la loi, de connaître le droit.
15:40Là, le problème, c'est qu'on parle d'enfants.
15:42Je ne vais pas nier qu'aujourd'hui, il y a un grand sujet.
15:45Quand ça vous arrange, vous dites que c'est des enfants ?
15:47Non, parce que j'ai écouté vos interviews,
15:49et honnêtement, quand vous développiez votre idée du droit de vote à 16 ans,
15:52vous ne parliez pas du tout d'enfants, justement.
15:54Vous disiez au contraire qu'ils étaient très mûrs
15:56et suffisamment mûrs pour prendre leurs décisions
15:58et pour agir en citoyen.
15:59On peut être un adolescent et être très mûr.
16:01Regardez par exemple ce qu'ont pu faire les lycéens
16:03pendant la réforme des retraites.
16:04Ce que je veux vous dire...
16:05Il n'y a pas une contradiction, là, Louis Boyard ?
16:06Non, il n'y a aucune contradiction.
16:08À 16 ans, on peut être suffisamment mûr pour voter,
16:10mais pas suffisamment mûr pour être responsable
16:12de ses actes comme un adulte ?
16:13Si jamais vous en faites la demande, oui.
16:15Mais par contre, si jamais vous pensez qu'on va régler les soucis
16:17en augmentant la répression dans le code pénal,
16:19vous mettez le doigt dans l'œil.
16:21Parce que l'objectif aujourd'hui, c'est de répondre à un véritable...
16:23Je ne parle pas de la question de l'augmentation de la répression.
16:25Je parle de la proposition de Gabriel Attal,
16:27reprise par le ministre de la Justice,
16:29de pouvoir réfléchir à lever l'excuse de minorité.
16:33L'excuse de minorité, c'est quoi ?
16:35C'est le fait de ne pas juger de la même manière
16:37ceux qui ont moins de 18 ans et ceux qui ont plus de 18 ans.
16:39Très bien. Peut-être que ça donne bonne conscience à Gabriel Attal.
16:42Le problème, c'est que concrètement, sur le terrain, ça ne change rien.
16:44Écoutez, je vais vous raconter...
16:45Mais Louis Boyard, vous n'êtes pas favorable, donc ?
16:47Vous n'êtes pas favorable à la levée de l'excuse de minorité ?
16:49J'y suis absolument pas favorable
16:51parce que, premièrement, j'estime qu'il faut protéger les adolescents
16:53et leur donner un statut particulier.
16:55Et deuxièmement, parce que ce n'est pas la bonne solution.
16:57Vous savez, il y a six mois, dans ma circonscription,
16:59il y a un jeune qui a été tué.
17:01Et j'ai été dans un centre social.
17:03Et il y avait un mur.
17:05Sur ce mur, il y avait des jeunes qui le connaissaient
17:07ou qui le voyaient juste comme une connaissance de quartier
17:09qui écrivaient des choses sur ce mur.
17:11Ils écrivaient, mais pourquoi tant de violence ?
17:13Que se passe-t-il à l'école ?
17:15Les jeunes, aujourd'hui, se posent énormément de questions
17:17par rapport à une problématique dont on saisit tous.
17:19La question de la violence ?
17:21La question de la violence, la question des réseaux sociaux,
17:23la question de la santé mentale.
17:25Aujourd'hui, Gabriel Attal mène une politique
17:27qui est faite pour les gens qui ne vont pas à l'école.
17:29Parce qu'aujourd'hui, quand on va à l'école,
17:31on sait que la politique de Gabriel Attal
17:33ne change absolument rien.
17:35Premièrement, sur la question de tout ce qui se passe dans la jeunesse,
17:37consultez les jeunes.
17:39Allez voir les jeunes, demandez-leur.
17:41Ils n'ont pas une seule fois eu la voix au chapitre.
17:43Et ensuite, deuxièmement, je ne sais pas dans quel pays vit
17:45Gabriel Attal, dans la République de Stanislas
17:47ou dans le Stanislassistant.
17:49Vous faites référence à l'école privée Stanislas ?
17:51Dans des écoles où il y a tous les moyens,
17:53où dès qu'il y a une consigne qui est donnée,
17:55les professeurs ont le moyen de le faire,
17:57où peut-être tous les élèves sont millionnaires
17:59ou majoritairement millionnaires comme dans son gouvernement.
18:01Je vais être provocateur parce qu'aujourd'hui,
18:03vous avez une école à deux vitesses.
18:05J'ai vu un article du Parisien
18:07qui explique la liste des endroits
18:09où il faut habiter pour savoir
18:11où est-ce que vous allez avoir l'école
18:13qui permettra à votre enfant de réussir.
18:15Toutes les écoles doivent permettre aux enfants de réussir.
18:17Aujourd'hui, Gabriel Attal
18:19mène une politique qui n'a aucun effet concret
18:21parce que l'école n'a pas les moyens aujourd'hui
18:23de mener sa mission. Donc, le véritable sujet,
18:25c'est d'encadrer les enfants.
18:27Et aujourd'hui, il n'y a pas suffisamment de personnel pour encadrer les enfants.
18:29Louis Boyard, vous n'êtes donc plus favorable
18:31aux droits de vote à 16 ans ?
18:33Je suis toujours favorable aux droits de vote à 16 ans.
18:35Je ne suis pas favorable pour autant à ce qu'on leur donne
18:37le même statut que des majeurs, parce que ça reste des adolescents.
18:39Sur la question de la GPA,
18:41la gestation pour autrui, est-ce que pour vous,
18:43avoir recours à une mère porteuse,
18:45c'est de l'ultralibéralisme ?
18:47Ou est-ce que c'est un progrès social, sociétal ?
18:49Quelle est votre position ?
18:51Il y a un sujet sur le fait que la marchandisation
18:53du corps des femmes n'est pas quelque chose
18:55qui me paraît acceptable. Et aujourd'hui, on se retrouve
18:57dans une situation où beaucoup de femmes
18:59se retrouvent dans des situations de précarité.
19:01On parle énormément de la situation des mères isolées.
19:03Et donc, si jamais on commençait à mettre
19:05le doigt dans tout ça, dans la marchandisation
19:07du corps des femmes, alors on rentrerait
19:09pour moi dans un système
19:11pour lequel je ne suis pas favorable.
19:13Vous n'êtes donc pas favorable à l'autorisation de la GPA en France ?
19:15Non.
19:17Louis Boyard, sur les écrans, vous l'avez entendu ce matin,
19:19pas d'écran avant 3 ans,
19:21pas de téléphone portable avant 11 ans.
19:23On parlait de la jeunesse, est-ce que vous êtes d'accord
19:25avec les conclusions de ce rapport ?
19:27Encore une fois, je veux bien distinguer deux choses.
19:29Entre les annonces politiciennes de Gabriel Attal
19:31et ce que disent les experts. Ce que disent les experts,
19:33c'est que ce n'est pas une bonne chose d'exposer ses enfants
19:35à des écrans dès le plus jeune âge. En revanche,
19:37je veux quand même dire quelque chose. Les écrans font partie
19:39de la vie des jeunes. Dire qu'on va enlever les écrans
19:41de la vie des jeunes, c'est totalement irréaliste.
19:43Cette opposition entre lire des livres et regarder TikTok,
19:45ça c'est Gabriel Attal ?
19:47C'est du grand n'importe quoi.
19:49Vous pouvez très bien regarder TikTok
19:51et lire des livres. Je fais les deux.
19:53Par ailleurs, vous avez même sur les réseaux sociaux
19:55des personnes qui font des vidéos
19:57culturelles où ils vous apprennent des choses.
19:59Il faut arrêter de regarder Internet comme un monde
20:01négatif. Internet, c'est incroyable.
20:03Ça forme énormément de jeunes.
20:05Ça les intéresse au monde entier.
20:07Pas question d'interdire TikTok,
20:09pas question d'interdire les réseaux sociaux.
20:11Le véritable sujet, c'est comment est-ce qu'on fait
20:13pour apprendre aux jeunes à se servir
20:15des réseaux sociaux. Il y a un véritable sujet
20:17sur le harcèlement scolaire sur les réseaux sociaux,
20:19sur le temps passé devant les réseaux sociaux,
20:21sur le contenu qu'on peut visionner
20:23sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui,
20:25l'école n'est absolument pas adaptée
20:27à ce que vit ma génération.
20:29Vous me rappelez votre âge, Louis Boyard ?
20:31J'ai 23 ans.
20:33C'est très bien de le dire. Vous êtes l'un des deux
20:35députés de l'Assemblée nationale.
20:37Merci d'avoir répondu à mes questions ce matin.
20:39Vous êtes député de la France insoumise
20:41du Val-de-Marne. Merci à vous.