• il y a 6 mois

Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Catherine Nay - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/catherine-nay-les-signatures-deurope-1

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Transcription
00:00 Mais d'abord, comme chaque vendredi, Catherine Ney est avec nous, qui modifie son texte jusqu'à la dernière minute.
00:05 Bonjour Catherine !
00:06 Bonjour Dimitri, bonjour à tous !
00:08 On parle de la Nouvelle-Calédonie avec vous ce matin Catherine, la nuit a été plutôt calme.
00:12 Les renforts de police et gendarmerie sont arrivés, mais la situation tout de même reste critique.
00:16 Le député Renaissance de Nouvelle-Calédonie, Nicolas Merzdorf, est menacé de mort.
00:20 Mais comment en est-on arrivé là Catherine ?
00:22 Moi je crois par un gros déficit de dialogue.
00:25 Vous savez que lors de sa passation de pouvoir avec Jean Castex, Edouard Philippe avait évoqué la Nouvelle-Calédonie,
00:30 qui le passionnait et trouvait le sujet fascinant et incertain.
00:34 Mais Jean Castex, occupé à la crise sanitaire, la sortie du Covid, le plan de relance, avait passé le dossier à Sébastien Lecornu,
00:41 le ministre de l'Outre-mer.
00:43 Petit rappel, 1988, juste avant le premier tour de la présidentielle, prise d'otage à OVA par des indépendantistes,
00:51 11 gendarmes et 7 canaks tués ont craigné la guerre civile, Mitterrand est réélu, Michel Rocart s'empare du dossier,
00:58 un an plus tard ce seront les accords de Nouméa signés par deux hommes de paix, le canak Djibaou et le député gaulliste Lafleur.
01:06 On gèle tout, en attendant un référendum d'autodétermination, prévu dans 10 ans, et puis réflexion faite, non, ce sera dans 20 ans, en 2018.
01:15 Et puis on organisera 3 référendums, preuve qu'un seul ne suffira pas, ce qui veut dire qu'on marchait sur des oeufs.
01:22 Et en 1989, Djibaou est assassiné par un pasteur qui lui reprochait cet accord, il est le rabbin de la Nouvelle-Calédonie.
01:30 - Un parallèle intéressant. Alors donc 2018, Emmanuel Macron est à l'Élysée depuis un an, le dossier calédonien échoua au premier ministre d'alors, Edouard Philippe.
01:39 - Oui, qui lui va réunir tous les ans le comité des signataires des accords de Nouméa. Tout le monde est là, les loyalistes, les indépendantistes, les élus, les métallurgistes du nickel et les ministres concernés.
01:50 2018, le temps des référendums étant venu, le premier se déroule le 4 novembre, résultat 57% de votants qui disent non à l'indépendance.
02:00 Deuxième référendum, le 4 octobre 2020, Edouard Philippe n'est plus à Matignon, score 23-26%, très bien, reste le troisième, Emmanuel Macron veut aller vite, ce sera en décembre 2021.
02:14 Mais les indépendantistes demandent un délai, ils veulent enterrer leur mort du Covid, ils demandent du temps, refus de l'Élysée, ils boycottent le scrutin, résultat 96,50% non à l'indépendance,
02:28 mais 56% d'abstention. Ce vote est validé par le conseil constitutionnel, mais pour les indépendantistes, ce référendum n'est pas du tout valable.
02:38 - Alors la suite c'est 2022, Emmanuel Macron, réélu président, en Nouvelle-Calédonie, il obtient 61% des suffrages, superbe !
02:46 - Ben oui, mais il y a 65% d'abstention, les indépendantistes l'ont boudé.
02:51 - Alors un an plus tard, en juillet 2023, le président se rend à Nouméa pour 48 heures, il n'y était pas venu depuis 2018.
02:59 Alors fort des trois référendums qui ont dit non à l'indépendance, il croit à la bonne volonté des Calédoniens de se réinventer, le chef indépendantiste, lui, bout de la réunion.
03:09 Mais le président a sa feuille de route, il faut trouver un accord pour élargir le corps électoral, car depuis 1998, tous les entrants n'ont pas le droit de vote,
03:19 c'est un déni démocratique dénoncé par la Cour européenne des droits de l'homme et le Conseil d'État.
03:24 Donc il faut trouver un accord, ce qui permettra ensuite la révision constitutionnelle que Macron prévoit de faire en 2024, les élections provinciales suivront.
03:34 Sauf que les indépendantistes sont à la tête de trois provinces sur quatre, et ils savent que si le corps électoral est élargi, ils risquent de se retrouver minoritaires, donc ils n'en veulent pas.
03:45 Eux, ils sont à Nouvelle-Calédonie depuis 3000 ans, et les Français 150 ans seulement.
03:50 - Alors en septembre 2023, il n'y a pas très longtemps, donc, à Élisabeth Borne, nouvelle première ministre, reçoit à Matignon le comité des signataires des accords de Nouméa.
03:59 Ces gens-là ne se sont pas parlé à l'époque depuis quatre ans, que leur dit Madame Borne ?
04:03 - Eh bien que leur droit à l'autodétermination ne doit pas être théorique, et que c'est bien leur droit, alors que Gérald Darmanin, qui a fait sept voyages dans l'île,
04:11 a proposé d'atteindre l'émancipation dans deux générations.
04:16 Ce qui veut dire qu'il y a des mécontents des deux côtés, les indépendantistes qui croient qu'on les mène en bateau, qui parlent le vrai, et les loyalistes qui s'impatientent parce que les choses traînent.
04:24 "Il nous faut encore du temps", réclame le député Renaissance de Nouvelle-Calédonie.
04:29 Mais faute d'accords, l'Élysée tranche, le Sénat et l'Assemblée nationale, par un vote conforme, décideront d'élargir le corps électoral de Nouvelle-Calédonie.
04:37 Dans Le Monde, Jean-Marc Ayrault et Jean-Manuel Valle suggèrent qu'il faudrait suspendre la réforme du code électoral, ils ne sont pas suivis.
04:45 L'affaire est conclue au Parlement lundi, et les émeutes ont commencé illico.
04:50 Le FLNKS a une branche radicalisée, le CCA, des jeunes souvent incontrôlables, manipulés de l'extérieur, mais les plus grandes violences, ce sont les pilleurs, ce sont des voyous, des très très jeunes,
05:02 qui sont armés jusqu'aux dents, alcoolisés, qui font n'importe quoi, ils sont entre 5000 et 6000.
05:07 - Bon, il faut remettre du dialogue dans le moteur, Catherine.
05:09 - Bon, mais bon courage, dimanche, Emmanuel Macron a proposé une rencontre par vision conférence pour relancer le dialogue.
05:15 Refus, puisque les deux assemblées ont déjà voté ce que les interdependantistes ne voulaient pas.
05:19 Tout ça pour vous dire que la sortie de crise ne va pas être chose aisée, parce que Djibaou n'a pas de successeur.
05:25 - Signature Europe 1, Catherine Ney, merci beaucoup.
05:28 Catherine, cette crise calédonienne, on va la regarder aussi du point de vue de la gauche, dans quelques instants avec Eugénie Bastier, juste après la revue de presse d'Europe 1, qui arrive dans un instant.

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