Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Catherine Nay - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/catherine-nay-les-signatures-deurope-1
Category
🗞
NewsTranscription
00:00T'aimais comme tous les vendredis, Catherine Ney est avec nous, bonjour Catherine.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05Alors une nouvelle ère politique s'ouvre sur un scénario inédit Catherine,
00:08on entre en coexistence entre le Président et le Premier Ministre.
00:12Alors coexistence, on n'est pas en cohabitation ?
00:14Non mais pas du tout, parce que des cohabitations,
00:17et bien il y en a eu deux qui ont scandé les deux septennats de François Mitterrand.
00:21En 1986, la gauche est battue au législatif, il appelle Jacques Chirac à Matignon,
00:25après ça t'a assuré qu'il n'y ait pas pour lui une majorité trop ample,
00:28il a changé le mode de scrutin, ça s'est joué à quatre voix près avec la proportionnelle,
00:3235 députés Front National sont élus, une belle épine dans le flanc de la droite.
00:38Et la cohabitation où François Mitterrand, père de la nation,
00:42ne manquait pas de dire tout le bien et surtout le mal qu'il pensait de son Premier Ministre.
00:45Résultat, il est réélu un artiste, mais cinq ans plus tard, rebelote,
00:50la majorité mitterrandienne est à nouveau battue à plate couture,
00:54Edouard Balladur rentre à Matignon, là cette fois c'est une cohabitation de velours,
00:58mais François Mitterrand est un homme malade, alors Balladur, plus populaire que lui,
01:02tu meurs forcément, ça lui donne des idées, l'Elysée.
01:06La rivalité avec Jacques Chirac commence, on connaît la suite, au finish,
01:09c'est ce dernier qui accède à l'Elysée.
01:11Ça c'est la cohabitation classique, le Président n'a plus la majorité,
01:16c'est l'opposition qui gouverne, mais ensuite Jacques Chirac va innover.
01:19Oui, il invente la dissolution à froid, la droite est majoritaire,
01:23à l'Assemblée Nationale, au Sénat, dans les conseils régionaux, alors où est le problème ?
01:27C'est l'impopularité record d'Alain Juppé, le meilleur d'entre nous, ça marche pas.
01:31Le bon sens a exigé de le remplacer, mais l'idée révulse,
01:34Chirac veut garder Juppé, il veut que lui.
01:36Alors un remaniement, on l'a fait, un référendum trop dangereux, que faire ?
01:41Villepin, secrétaire général, a une idée de génie, on va dissoudre,
01:44et les Français redonneront au gouvernement une majorité,
01:48peut-être plus courte, on se sera débarrassé des Balladuriens frondeurs,
01:51et Chirac croit à ce compte de fait merveilleux, d'ailleurs les RG lui promettent la victoire.
01:55Incroyable mais vrai, c'était à l'époque l'euphorie à tous les étages,
02:00mais patatras, la gauche gagne, Lionel Jospin arrive à Matignon,
02:03et Chirac a inventé le septennat qui dure deux ans.
02:06Alors après la dissolution classique, après la dissolution à froid,
02:102024, Emmanuel Macron invente la dissolution façon puzzle.
02:14Oui, comme dans les Tontons-Flingueurs, le film qu'il aime tant,
02:17mais tout de même, vouloir annoncer la dissolution dix minutes après avoir pris une racluse européenne,
02:21et alors que Jordan Bardella, le vainqueur, venait lui demander d'organiser des élections législatives bancaires.
02:28Vous imaginez le coup de massue sur la tête des Français.
02:31Et bien résultat, au premier tour, le RN écrase tout, 11 millions de voix,
02:37panique à bord, alto-fascisme, c'est le front républicain, les désistements contre nature,
02:42et au soir du deuxième tour, qui parle en premier ? Mélenchon, qui dit j'ai gagné.
02:47C'est faux bien sûr, mais ça devient une vérité puisqu'il l'a dit.
02:50Et 50 jours plus tard, après moult intergiversations au temps de Rennes d'un jour,
02:54the winner is Michel Barnier.
02:56Incroyable mais vrai.
02:58Après que Jupiter ait lui-même téléphoné à Marine Le Pen,
03:02pour s'assurer qu'elle ne le censurerait pas, parce qu'il faut le dire,
03:05Michel Barnier, ça va durer trois jours, trois mois ou trois ans,
03:08et bien c'est elle qui le décidera.
03:10Incroyable mais vrai encore, les LR, qui auront pourtant été les pouces au crime de la dissolution,
03:15puisqu'avant l'été ils menaçaient de censurer le gouvernement à l'automne,
03:19et bien le président au fond a voulu les prendre au mot et à froid.
03:22Et bien résultat, les LR se retrouvent avec 47 députés,
03:25mais c'est eux qui gagnent le gros lot avec Matignon.
03:27D'ailleurs leur joie faisait plaisir à voir.
03:29Hier à Annecy, ils lui ont fait, les LR, la fête à Michel Barnier, ils étaient heureux.
03:34Ah oui, franchement ils lui ont ouvert les bras, avec chaleur, fait des selfies,
03:38dans le fond ils étaient bien plus contents que s'ils avaient eu Xavier Bertrand, ça c'est vrai.
03:41Et il faut dire que ce premier ministre a réussi son entrée,
03:44sa passion de pouvoir un chef-d'oeuvre, et puis il a de l'autorité naturelle,
03:48c'est un homme respecté.
03:49Alors le président lui donne carte blanche pour son gouvernement, on verra.
03:53En tous les cas, les LR, qui ne voulaient pas participer il y a peu,
03:57voudraient tous être ministres, sont tous candidats,
03:59ils font des offres de services, mais il risque d'y avoir des déceptions,
04:03parce que demain, le gouvernement, ça ne peut pas être l'état LR,
04:07comme on disait, l'état RPR.
04:09D'ailleurs le premier ministre sait déjà dans quelles proportions
04:12il veut composer son équipe.
04:14Il veut des ministres méritants, solides, efficaces, sobres.
04:17Il va donc puiser dans tout le bloc central,
04:20faute de pouvoir élargir au-delà.
04:23Et aujourd'hui, on en est là.
04:25Tiens, je rajoute juste, dans le Figaro ce matin,
04:27quelques noms sont testés de personnalités qui pourraient rentrer,
04:31enfin que les Français aimeraient bien voir éventuellement rentrer
04:33dans le gouvernement Barnier.
04:34Celui qui arrive en tête, Tony Estanguet, l'organisateur des Jeux Olympiques.
04:38Et c'est dans le temps, la presse, qu'on va lire en détail
04:40dans un instant avec Olivier Delagarde.
04:41Merci beaucoup Catherine Ney, toujours un plaisir
04:43de vous avoir au micro d'Europe un matin.