Tous les soirs à 20h15, Pierre de Vilno reçoit un invité qui fait l’actualité politique. Ce soir, Alma Dufour, députée LFI/NUPES de Seine-Maritime.
Retrouvez "L'invité politique d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linvite-politique-deurope-1-soir
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00:00Europe 1 Soir.
00:0219h21, Pierre De Villeneuve.
00:04Et oui, jusqu'à 21h, vous avez l'habitude maintenant d'Europe 1 Soir.
00:07Merci d'être de plus en plus nombreux à nous écouter sur Europe 1.
00:10Raphaël Stainville et Guillaume Bigot vont nous rejoindre dans un instant.
00:13Bonsoir à Alma Dufour.
00:15Bonsoir.
00:16Députée LFI de Seine-Maritime.
00:19Ce coup de théâtre à l'Assemblée Nationale, est-ce que c'était préparé ?
00:24Alors non.
00:26C'est la première question que tout le monde pose.
00:29Non, en fait, c'était une initiative de mon collègue...
00:32Unilatérale ?
00:33Oui, unilatérale, complètement.
00:35Parce que comme vous êtes levée comme une flèche et vous avez applaudi,
00:39j'ai l'impression que vous attendiez le moment venu,
00:41un peu comme dans un guet-apens, ou...
00:43Si vous voulez tous les secrets des dieux...
00:45Oui, je veux.
00:46Non, mais en gros, moi, comme j'étais celle qui posait la question au gouvernement,
00:50il m'a prévenue...
00:51Oui, à Franck Riester qui vous répondait.
00:53Voilà, enfin, je voulais la poser à Gabriel Attal,
00:55parce que vu la gravité de la situation, j'aurais voulu que ce soit lui qui réponde,
00:58mais quoi qu'il en soit, en gros, deux secondes avant que je prenne la parole,
01:02effectivement, Sébastien m'a dit ce qu'il allait faire.
01:04C'était trop tard pour qu'on ait une discussion collective ou quoi que ce soit.
01:07En tout cas, voilà, je l'ai...
01:08À part moi, deux secondes avant, personne n'était au courant de la France insoumise.
01:12Est-ce que si vous l'aviez su avant, vous l'auriez dit ?
01:14Non, non, attends, déconne pas, il ne faut pas faire ça.
01:17Écoutez, on s'attendait évidemment à ce que ça déclenche une nouvelle vague,
01:21des polémiques, etc.
01:23Néanmoins, on le remercie de l'avoir fait.
01:25Pourquoi ?
01:26Parce que déjà, par exemple, au Parlement italien aujourd'hui,
01:28des députés ont brandi le drapeau israélien,
01:30parce que ça arrive dans une journée très particulière,
01:33c'est la journée où la Norvège, l'Espagne et l'Irlande
01:36reconnaissent enfin l'État palestinien.
01:38Où, du coup, se pose la question de l'Union européenne,
01:41qui est à la traîne sur ce sujet par rapport au reste de la communauté internationale,
01:44de reconnaître enfin l'État palestinien.
01:47Et deuxième chose excessivement importante,
01:50c'est le lendemain du massacre épouvantable dans un camp de réfugiés
01:53où on a vu des PD décapités.
01:55Pour le coup, vraiment, par l'armée israélienne.
01:58Décapité ?
01:59Oui, vous n'avez pas vu les images, c'est dommage,
02:01les médias les montrent peu.
02:02En réalité, les images des violences atroces
02:04qui circulent sur les réseaux sociaux depuis 8 mois
02:06et qui doivent expliquer aussi en grande partie
02:08la colère d'une partie de la jeunesse que vous voyez dans la rue,
02:11c'est des images insoutenables.
02:13On est sur un génocide et c'est pour ça qu'on se permet d'employer ces mots.
02:16Et enfin, dernier point, juste dernier point,
02:18c'est le Conseil de sécurité de l'ONU qui se réunissait aujourd'hui
02:21et la France en est membre permanent
02:23et nous demandons enfin à Emmanuel Macron de prendre des actes.
02:26Oui, alors justement, vous parlez d'Emmanuel Macron,
02:28juste avant de parler d'Emmanuel Macron,
02:30sur le terme de génocide, vous qui êtes justement scrupuleuse
02:33avec l'effi des termes employés par les Nations Unies,
02:35peut-être attendons que les Nations Unies parlent de génocide.
02:38Voilà, tout à fait.
02:39Emmanuel Macron dit ce soir ne pas vouloir agir,
02:41en l'occurrence pour la reconnaissance de l'État de Palestine,
02:44sous le coup de l'émotion,
02:46sachant que pour lui le sujet n'est pas tabou.
02:48Qu'est-ce que vous lui répondez ?
02:50En fait, je me demande quand est-ce qu'il va reconnaître l'État palestinien,
02:53c'est-à-dire le jour où les deux millions de Gazaouis seront morts
02:56et qu'il n'y aura plus une maison debout et plus aucun hôpital debout.
02:58Parce que c'est ça qu'on est en train de parler,
03:00la bande de Gaza est devenue inhabitable,
03:03la moitié des habitations sont déjà détruites,
03:0580% des hôpitaux sont détruits,
03:07le dernier hôpital de Rafah ne fonctionne plus,
03:09il y a encore un million de personnes à Rafah
03:11et les chars israéliens viennent d'entrer dans la ville.
03:13Donc quand est-ce qu'il va trouver que c'est le bon moment
03:15de reconnaître l'État palestinien ?
03:17On est dans un événement qui est long,
03:19de plusieurs mois, mais qui est une riposte,
03:21encore une fois, aux attentats du 7 octobre.
03:23C'est une riposte aux attentats du 7 octobre,
03:25mais si vous prenez...
03:27Donc l'État israélien riposte.
03:29Si vous remontez, alors attendez,
03:31il y a riposte et puis il y a massacre indiscriminé
03:33de civils jusqu'à commettre un génocide.
03:37Comme il y a eu un massacre le 7 octobre,
03:39dans les Kiboutz.
03:41Mais on ne parle pas de la même ampleur monsieur,
03:43il y a 40 fois plus de victimes dénombrées.
03:45Mais justement,
03:47une vie est une vie.
03:49À un moment donné,
03:51il y a quand même des histoires d'échelle,
03:53et ce n'est pas manquer d'empathie pour les victimes
03:55du 7 octobre, que de rappeler qu'il y a
03:5740 fois plus de morts dénombrées
03:59à Gazaoui, la moitié encore sous les décomptes
04:01qu'on n'a pas encore compté, et surtout que 2 millions
04:03de personnes sont privées d'eau, de nourriture,
04:05d'électricité depuis 7 mois,
04:07et que c'est ça qu'a reconnu le procureur
04:09de la Cour pénale internationale pour
04:11justifier la demande d'un mandat d'arrêt contre
04:14J'entends vos arguments, Alma Dufour,
04:16juste parce qu'il y a vos arguments,
04:18et puis il y a les observateurs
04:20qui disent 1.
04:22France Insoumise n'en a que faire
04:24de la Palestine, c'est que dans un but électoral,
04:26parce qu'il y a les élections
04:28européennes qui approchent,
04:30et que vous êtes très bas dans les sondages,
04:32et que c'est le moment, c'est votre carburant
04:34électoral de parler de la Palestine. Qu'est-ce que vous répondez ?
04:36Je trouve ça odieux,
04:38parce que s'ils étaient sincères,
04:40ils verraient que depuis octobre,
04:42on mobilise sans relâche sur cette question,
04:44et la campagne des européennes
04:46était bien loin d'avoir commencé.
04:48Sans relâche sur quel sujet ? J'ai pas compris.
04:50Sur la question du cessez-le-feu à Gaza, tout simplement.
04:52Ça fait depuis octobre qu'on alerte sur ce qui va se passer.
04:54Vous avez tardé de dire
04:56que le Hamas était un mouvement terroriste,
04:58hier encore, à Paris-Dauphine.
05:00Quand on pose la question,
05:02Harima Hassan, elle ne répond pas.
05:04Monsieur, dès le 8 octobre,
05:06on a demandé à ce que le Hamas soit traduit devant la Cour pénale
05:08internationale et jugé pour crime de guerre.
05:10C'est exactement ce qui s'est passé.
05:12Nous avons suivi la boussole du droit international
05:14depuis octobre. Du début jusqu'à la fin,
05:16tout ce que nous avons dit qu'il se passerait,
05:18toutes les attitudes que le gouvernement israélien a eues,
05:20et tous les massacres qui ont été commis,
05:22nous avons alerté le gouvernement,
05:24nous avons alerté les médias français,
05:26depuis huit mois. Nous reprocher
05:28de faire un calcul électoral,
05:30d'ailleurs avec des relents un peu
05:32islamophobes, voire racistes,
05:34comme s'il n'y avait que les musulmans
05:36et les habitants de quartiers populaires qui se préoccupaient
05:38de la population de Gaza, c'est excessivement
05:40insultant, je vais le dire clairement,
05:42parce que, honnêtement, la France insoumise,
05:44moi, ce qui nous caractérise...
05:46Non, non, mais parce que
05:48il y a un truc qui nous caractérise, c'est qu'on ne baisse jamais
05:50les yeux et qu'on ne cède jamais sur nos valeurs.
05:52Il y a un pouce de terrain sur nos valeurs, même si
05:54ça doit nous entraîner des polémiques injustes,
05:56même si on doit être stigmatisés,
05:58même si on doit être bouté de l'artérité.
06:00Une dernière question, si vous le permettez, Madame la députée.
06:02Sébastien Delogu,
06:04quand il s'est fait exclure,
06:06donc là, il est exclu pendant deux semaines,
06:08il va avoir la moitié seulement
06:10de son indemnité pendant deux mois,
06:12dit que c'est une médaille, c'est une récompense.
06:14Mais on a envie de lui dire
06:16qu'il est député de la République,
06:18ce n'est pas un jeu, on n'est pas dans un jeu vidéo.
06:20Là, il est député de la République.
06:22C'est quand même dément de dire
06:24que c'est une médaille, c'est une récompense.
06:26C'est une médaille.
06:28Si ça permet
06:30à la société française et surtout
06:32à la communauté internationale,
06:34on va s'en rendre compte,
06:36de démasquer le double discours
06:38du gouvernement français et de
06:40l'Assemblée nationale sur le sujet
06:42de Gaza.
06:44Il a un mandat électoral.
06:46Il représente les Français de sa
06:48circonscription. On n'est pas là pour jouer au martyre.
06:50Mais il ne joue pas au martyre.
06:52Vous dites si c'est une récompense
06:54et si ça permet d'avancer les choses.
06:56Ça permet d'avancer les choses.
06:58Écoutez, je pense qu'il y a beaucoup de Français de sa circonscription
07:00qui sont très contents qu'il ait fait ce geste.
07:02Je pense qu'il y a beaucoup de gens sur les réseaux sociaux
07:04qui nous félicitent
07:06et qui nous disent enfin
07:08une force politique qui assume d'aller jusqu'au bout
07:10parce que vous avez l'impression qu'on est isolé
07:12en France, mais la réalité c'est que la France
07:14commence à perdre sérieusement de son crédit
07:16sur la scène internationale parce qu'elle
07:18est absolument partielle dans cette affaire
07:20et qu'elle ne prend aucune sanction, que ce soit
07:22économique ou au Conseil de sécurité
07:24de l'ONU alors qu'elle est membre permanent.
07:26Merci beaucoup Alma Dufour d'avoir été avec nous
07:28en direct sur Europe 1, député LFI
07:30de Cénébarne.