Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
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00:00 Mais d'abord Catherine Ney, comme tous les vendredis dans Europe 1 Matin. Bonjour Catherine.
00:04 - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05 - Alors dans ses voeux, Emmanuel Macron qualifiait la célébration du 80e anniversaire du débarquement de "fierté française".
00:12 Comprenez dont il serait le bénéficiaire. Vous avez regardé la télévision hier Catherine, vous avez ressenti vous de la fierté française ?
00:19 - Ecoutez, surtout beaucoup d'émotions. L'organisation c'est vrai était parfaite et le site grandiose, les plages, la mer si calme.
00:27 Un ciel d'azur qui avivait plus encore notre sentiment de reconnaissance, de compassion envers ces milliers de jeunes hommes
00:34 venus y perdre la vie pour que la liberté et raison du tyran fou allemand.
00:39 On avait le coeur en vrille devant ces vétérans tous centenaires, derniers quémoins et acteurs de cette bravoure.
00:45 Des héros que l'on ne reverrait plus, on en est sûr. Et puis il y avait les invités prestigieux, tous ces chefs de gouvernement,
00:52 rois et reines, représentant les pays qui avaient participé à l'opération Overlord et le président Zelensky très applaudi.
00:58 Un béhomol, moi je dirais la longueur du spectacle, très réussi certes, mais sous le soleil qui me faisait craindre un malaise,
01:06 la déshydratation des plus anciens, des vétérans au président Biden.
01:11 Mais Emmanuel Macron c'est vrai est imbattable dans l'exercice. Il est notre commémorateur en chef.
01:17 Déjà en 2018, pour le centenaire de l'armistice 14-18, il avait quitté Paris pendant huit jours pour se rendre sur les lieux des combats
01:24 quinze étables avec Apothéose le 11 novembre, sous l'arc de triomphe avec Trump et Poutine,
01:29 et présent des dizaines d'invités étrangers, une formidable autopromotion.
01:34 Mais vous voyez ce goût du passé, son regard dans le rétroviseur accuse peut-être chez lui une forme de cécité sur le présent, le quotidien des français.
01:43 - Alors la France ne peut être la France sans grandeur, c'est ce que disait le général de Gaulle. Est-ce qu'Emmanuel Macron aurait retenu la leçon ?
01:50 - Sans doute, en tout cas de Gaulle était absent dans ses discours d'hier, mais il se rattrape ce matin à Bayeux,
01:55 où le général débarquait le 12 juin 1944, six jours après le débarquement, quand Churchill et Roosevelt l'avaient écarté de l'opération
02:01 et voulaient même retarder son arrivée en France. Eisenhower et Sir Anthony Dunn, le chef de la diplomatie anglaise, eux le soutenaient à mort.
02:09 Mais son fameux discours de Bayeux sur les institutions, c'était deux ans plus tard en 1946.
02:14 Alors le président va-t-il les évoquer ce matin ? Façon de rappeler qu'elle lui offre la stabilité jusqu'au bout de son mandat.
02:21 - Oui, et cette grandeur gaulliste, ses successeurs au général de Gaulle, s'en sont-ils inspirés ?
02:26 - Oui, Valéry Giscard d'Estaing qui déclarait en 1975 à la télévision
02:30 "Mon idée fondamentale, c'est que la supériorité de la France n'est pas l'économie ou la force, c'est la supériorité de l'esprit.
02:37 Celle du pays qui conçoit le mieux les problèmes de son temps et qui apporte les solutions les plus imaginatives,
02:43 les plus ouvertes, les plus généreuses. En bref, son autoportrait d'homme supérieur."
02:49 - Bon, et François Mitterrand alors ?
02:50 - Ah ben lors de son premier conseil européen en 1981, il prêchait pour la naissance d'un espace social à l'échelle du continent.
02:56 C'était l'alignement de ses partenaires sur ses 110 propositions socialistes.
03:01 Il était même allé voir Reagan pour le convaincre de créer un nouvel ordre économique mondial et à Mexico, pays de grandes inégalités,
03:09 il s'adressait aux humiliés, aux damnés de la Terre.
03:12 "Nos idées seront contagieuses, elles feront le tour du monde", promettait-il.
03:17 On ne l'a pas écouté. Mais c'est le même qui un an plus tard réunissait les chefs d'État et de gouvernement au château de Versailles,
03:23 un sommet spectacle où chacun était reçu, arrivé en hélicoptère,
03:27 dîner dans la grillerie des glaces, au milieu des ors et des fastes du roi soleil.
03:31 Il était le premier président de la République à oser le faire, tout de même un sacré télescopage idéologique avec ses débuts.
03:39 Mais François Mitterrand s'est installé en monarque pendant 14 ans.
03:42 - Bon, et Nicolas Sarkozy maintenant ?
03:43 - Moi je dirais qu'il a donné le meilleur de lui-même.
03:45 Le deuxième semestre 2008, il présidait l'Union Européenne.
03:49 Enfin des enjeux à sa mesure, la Géorgie, son plan de sauvetage des banques européennes,
03:55 menacée de faillite par la crise des subprimes américaines,
03:58 son imagination et son leadership avaient été loués par ses homologues européens et au niveau international,
04:04 un moment de grandeur de son quinquennat.
04:07 - Et François Hollande, pour finir ?
04:08 - Lui, il a choisi l'exact contraire en se voulant un président normal,
04:12 qui ressemble à un voisin de palier, qui habite chez lui, fait ses courses avec un sac en plastique à la main le samedi comme un kidam.
04:19 Il l'avait théorisé dans un livre avec Edoui Plenel, un grand contresens, dont il a eu du mal à se remettre.
04:27 - Signature européen, Catherine Ney, merci beaucoup ma chère Catherine.