Cet été sortira "Fêlés", un film avec à l'affiche l'acteur Pierre Richard. Il est l'invité de Yves Calvi et nous parle de cette nouvelle aventure cinématographique en exclusivité.
Regardez L'invité d'Yves Calvi avec Yves Calvi du 25 juin 2024.
Regardez L'invité d'Yves Calvi avec Yves Calvi du 25 juin 2024.
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00:00RTL Matin, Amandine Bégaud et Yves Calvi.
00:03Il est 8h20, bonjour Pierre-Richard.
00:05Bonjour.
00:06Nous sommes ravis de vous accueillir dans la matinale d'RTL.
00:08Vous serez le 28 août à l'affiche du film « Fais-les », c'est au pluriel, réalisé par Christophe Duturon.
00:13Vous y incarnez le personnage de Pierre, le directeur d'une institution d'aide aux personnes touchées par un handicap psychique,
00:19afin de leur permettre de mener une vie normale, ou en tout cas la plus normale possible.
00:23Je précise que c'est une comédie bien entendu.
00:25Qu'est-ce qui vous a plu dans ce rôle ?
00:28Ce qui m'a plu dans ce rôle, c'est que c'est un rôle un peu quand même finalement, c'est pas un film dramatique.
00:35Mais mon rôle c'est quand même un rôle très touchant, qui a lui-même des problèmes aussi, des problèmes assez difficiles à résoudre.
00:43Parce que, il faut dire que cette maison, elle existe vraiment, c'est pas un décor.
00:48Oui.
00:49Je suis rentré le premier jour dans, ça s'appelle l'arc-en-ciel, c'est pas un décorateur qui a choisi une maison avec le metteur en scène.
00:55C'est une maison qui existe, qui reçoit tous les jours des adhérents, avec laquelle j'ai tourné.
00:59Et c'est en ça que cette expérience en plus était vraiment intéressante.
01:03C'est que mes camarades, à part Bernard Lecoq et Charles Le Turquem, mes camarades étaient, mes cartes de tournage étaient vraiment des adhérents, avec leurs problèmes.
01:13Et que, je me souviens que quand je suis arrivé le premier jour, Dutouron m'a dit, attention, parce que, attention, il va falloir jouer bien, parce qu'ils ne jouent pas, ils sont.
01:24Oui.
01:25Ils sont au premier degré.
01:26Et bien, comment on se dépatouille pour justement un tournage de ce type, quand on arrive au milieu de cet univers particulier ?
01:32En étant humble, en ne jouant pas les vedettes, et même, on n'a pas intérêt parce qu'ils sont nature.
01:40Oui.
01:40Et nous, on n'a pas intérêt à en faire trop, à jouer et tout.
01:43Au fond, il faut s'appliquer à être aussi le plus sincèrement possible.
01:48Oui.
01:49Il faut jouer avec une sincérité qu'ils ont, eux.
01:51Donc, ils ne jouent pas, ils sont, tout simplement.
01:53Alors, évidemment, ce n'est pas le moment de faire des granzés.
01:56Oui, je veux dire, c'est la radio, j'ai oublié qu'on ne me voyait pas en train de faire des granzés.
02:00Si, si, on vous voit quand même un peu, pour rassurer.
02:03Et c'était une expérience de comédien fantastique, parce que j'ai joué avec une bipolaire, parce que j'ai joué avec des gens qui vivent là dans la journée, qui rentrent chez eux le soir,
02:15mais qui gèrent même cette maison, qui déjeunent ensemble avec le directeur de cette maison.
02:22Enfin, le directeur, celui qui l'a fondée.
02:24D'ailleurs, je prends le rôle de celui qui l'a fondée.
02:26Mais, pardonnez-moi, pour cela, il faut accepter, là, je parle de vous, d'être quand même déstabilisé dans ses repères.
02:32Je l'étais.
02:33Alors, comment ça se passe ?
02:34Je l'étais parce que, des fois, il me sortait des choses à laquelle on ne s'attend pas.
02:37Par exemple ?
02:38Par exemple, je n'ai pas d'exemple comme ça, mais si on lui dit, tu vas chercher un café, puis tu vas le porter à la table.
02:45Et moi, pendant ce temps-là, je parle.
02:46Et puis, tout à coup, au lieu d'aller à la table, il vient vers moi en me tendant un café.
02:49Il ne faut pas que je discupe, sinon ce n'est pas prévu.
02:52Oui.
02:53Il faut que je prenne le café, ou que je mentire avec ça.
02:57Je vous donne un exemple parmi tant d'autres.
03:00Ils sont très attachants.
03:04Et c'est pour ça que j'ai adoré faire ce film.
03:07Parce qu'en même temps, ils sont drôles, bien sûr, parce qu'ils sont surprenants.
03:13Mais en plus, ils sont très attachants.
03:16Je vais vous dire, quand je suis parti, le dernier jour, ils ont dû être tristes.
03:21Pourquoi ?
03:22Parce que, tout à coup, on a fait une éruption, les comédiens...
03:27Leur univers avait basculé quand vous étiez là ?
03:30On a été à la cantine ensemble.
03:33On a passé nos journées ensemble.
03:35On se quittait le soir, mais le lendemain, on était avec eux.
03:39Moi, j'étais le directeur, parce que comme j'étais le directeur,
03:41tout juste, ils ne m'appelaient pas monsieur le directeur.
03:43De toute façon, parce que je pense qu'on leur a apporté,
03:48mais ils m'ont beaucoup apporté aussi.
03:50Quand je suis parti, j'étais presque allé...
03:53Moi aussi, j'étais triste.
03:54J'avais l'impression d'avoir vécu un mois et demi de récréation.
03:57J'étais comme un élève qui...
04:00Oui.
04:00La récréation est finie.
04:02Il fallait que je rentre dans la vie normale.
04:03Mais pourtant, on parle quand même de cinéma.
04:06C'est un film qui arrive à son terme.
04:08Vous avez travaillé avec des partenaires dont on peut dire
04:10qu'ils ne sont pas faciles, faciles quand même.
04:12Mais ça, c'était le talent de Christophe Duturon
04:17d'en jouer avec, c'est-à-dire avec habileté,
04:21de les respecter, de leur expliquer la scène qu'ils allaient jouer.
04:25Et parfois, ils ne jouaient pas exactement comme disait Christophe,
04:28mais c'était aussi bien ou c'était différent.
04:31Oui.
04:33Ça vous a obligé à improviser ?
04:35Parfois.
04:36Parfois, oui.
04:37À vous adapter.
04:38À m'adapter en tout cas.
04:39Voilà.
04:40Et puis, c'est vrai que quand j'arrivais le matin,
04:45ça n'avait rien à voir avec notre copain comédien.
04:49Oui.
04:49Il venait vers moi et puis ils étaient contents de me voir.
04:52Et moi, j'étais content de les voir aussi.
04:55Pour vous dire, par exemple,
04:58on avait une séquence.
05:00Dans le film, c'est une bipolaire, cette jeune femme.
05:03Je rappelle que le film s'appelle Fêlé au pluriel.
05:05Vous savez Fêlé, qu'est-ce que c'est ? On est tous fêlés.
05:08D'ailleurs, je n'arrête pas de le répéter dans le film.
05:11C'est ce qui me fait paraître drôle.
05:13Parce que je n'arrête pas de le répéter.
05:14J'ai toujours un exemple.
05:15J'ai dit, imaginez un potier qui est en train de faire un pot.
05:18Et puis, il y avait une petite fêlure, on ne la voit pas.
05:20Si rien ne se passe, le pot durera longtemps.
05:23Mais il suffit d'un petit incident, un petit...
05:26Il n'y en a rien.
05:27Et la fêlure, tout à coup, devient fracture.
05:29Et nous sommes tous comme ça, au fond.
05:33On peut tous avoir une petite fêlure sans qu'on le sache.
05:35Mais qu'il arrive un désespoir amoureux, un accident de voiture, et tout.
05:40Et puis, voilà que tout à coup, on est complètement paumés.
05:43Et ça peut vous arriver à vous, à moi, plus à vous.
05:47Je m'excuse.
05:49Je vous regarde et je me dis, oula !
05:52Non, c'est vrai, mais bon...
05:54Pierre Richard, qu'est-ce que vous a appris ce tournage si particulier,
05:57avec ces partenaires si particuliers ?
06:00Ce qui m'a appris, c'est d'abord une compréhension de l'autre.
06:05On vit quand même, surtout les comédiens,
06:09on est dans un petit cercle fermé de comédiens.
06:11Bien sûr.
06:12D'acteurs, tout.
06:14Là, j'ai tourné avec des gens vrais.
06:19En général, les gens vrais font de la figuration dans un film.
06:22Si on peut tous demander dans un film,
06:25quelqu'un pour dire, ça t'ennuie pas, tu peux faire ça,
06:27il est tout content.
06:28Mais eux, d'abord, ils ont tourné un mois et demi avec nous.
06:30Et puis surtout, j'ai pas eu l'habitude de tourner,
06:33en dehors de Lecoq, de Bernard,
06:37qui est excellent comme comédien.
06:40C'est un merveilleux comédien, oui.
06:41Et de Charlotte de Zurkheim, et même de Berlian, qui est venu deux jours.
06:46Qui appréciera le même.
06:48Et même de Berlian, vous venez de me dire.
06:50Lui, il m'inquiète.
06:52Pourquoi ?
06:54Pourquoi Berlian vous inquiète ?
06:56Je l'adore, parce qu'il est râleur.
06:58Oui.
06:59Il est râleur.
07:00Et comme moi aussi, c'est qu'on râlait tous les deux de conscience.
07:03On s'entendait bien dans le râle.
07:05Comment on construit une comédie, puisque c'est une comédie,
07:08dans le contexte que vous venez de nous décrire ?
07:10C'est une comédie, mais c'est une comédie, vous savez, en fait,
07:13Moi, j'y crois de plus en plus.
07:15C'est que le rire et le drame s'entendent très bien.
07:19C'est jamais aussi triste que quand un film est drôle,
07:21et c'est jamais aussi drôle qu'un film est triste.
07:23J'essaye de...
07:25C'est le trivial et le solennel vont très bien ensemble.
07:29D'ailleurs, pour moi, c'est la définition du burlesque.
07:32La crise politique que nous traversons en ce moment, ça vous intéresse,
07:35ou ça vous passe au-dessus de la tête ?
07:37Ça m'intéresse, oui.
07:38C'est difficile de ne pas s'y intéresser.
07:39J'ai vu à côté, là, en ce moment.
07:42J'ai vite filé.
07:44Je suis parti en...
07:45Oui, bien, mais comment ne peut-on pas être intéressant en ce moment ?
07:48Parce que je ne suis pas tout jeune et j'ai jamais vécu ça.
07:51Ah bon ?
07:55Oui, j'ai jamais vécu ça, parce qu'apparemment,
07:57il y a quand même un gros bouleversement qui s'apprête à...
08:00Oui, bien sûr.
08:02Et alors, à 89 ans, excusez-moi,
08:04enfin, le 16 août prochain, je le précise,
08:07qu'est-ce que ça vous fait ?
08:09Ça vous bouleverse ?
08:11Vous êtes curieux ?
08:12Curieux, oui.
08:13Bouleversé, pas encore.
08:14Peut-être dans 8 jours, je ne sais pas.
08:16Mais curieux.
08:18Comment ne pas être curieux ?
08:19Parce qu'on ne peut pas ouvrir le poste
08:22sans en être concerné,
08:24sans pouvoir écouter ce qui va se passer.
08:26Marine Le Pen était notre invitée il y a quelques instants.
08:28Est-ce que vous redoutez, par exemple, son accession au pouvoir ?
08:32Il y a Jordan Bardet, là.
08:34Déjà, je suis très mal placé,
08:35parce que, je vais vous dire,
08:36je n'ai aucune considération pour les hommes politiques.
08:38Pourquoi ?
08:40Parce que, pour moi, ce sont des carriéristes.
08:42Alors, il y en a quand même...
08:43Vous ne manquez pas de toupets.
08:45C'est votre métier de faire une carrière.
08:47Il y en a quand même 2 ou 3
08:48pour lesquels j'ai de la considération.
08:50Quand même.
08:51Mais sur la centaine, ça ne fait pas beaucoup.
08:54Je reviens un peu en arrière.
08:56Vous avez eu beaucoup de partenaires dans votre vie.
08:58Et là, vous venez d'avoir des partenaires
09:00particuliers dans tous les sens du terme.
09:02Depardieu, Mireille d'Arc, Jean Carmet.
09:05Qu'est-ce qui vous ont laissé comme trace ?
09:07Est-ce qu'il y en a un avec qui
09:08vous aviez une intimité particulière ?
09:11Ceux que vous avez cités,
09:13effectivement, j'en fais tout un spectacle.
09:17Entre Mireille, si sublime, si belle,
09:19que Yves Robert m'a caché
09:21jusqu'au moment où j'ai tout tourné avec elle.
09:23Je ne la connaissais pas avant d'avoir moteur.
09:25Et tout à coup, je l'ai vue pour la première fois.
09:27Et voir Mireille pour la première fois,
09:29avant de tourner,
09:31dans sa beauté suprême.
09:33Et dans sa robe sublime.
09:35Quand j'ai sonné, je l'ai vue pour la première fois,
09:37parce qu'il me l'avait cachée.
09:39Je l'ai vue pour la première fois de face.
09:41Déjà, j'étais un peu troublé.
09:43Ma voix a commencé à...
09:45Évidemment, jusque-là, ça allait.
09:47C'est quand elle s'est retournée que ça n'allait plus.
09:49Là, j'avais le regard fixe.
09:54Un peu qui aurait pu ressembler à mon...
09:58J'ai regardé cette sublime forme de...
10:02Alors, j'ai des souvenirs avec elle,
10:03tellement parce qu'elle est adorable.
10:06J'ai des sublimes...
10:07Évidemment, je ne parle pas de Carmet,
10:09totalement ingérable,
10:13qui m'a fait tous les cours les plus pendables,
10:15même à moi et à mes vivresberts.
10:17Je ne sais pas, par exemple, on est dans la rue,
10:19on discute pendant que le plan est prêt.
10:21Je vois que vous voulez que j'arrête.
10:22C'est pas ça, j'aurais pas dû vous lancer.
10:23Tout est de ma faute.
10:24Vous m'avez lancé sur un sujet qui pourrait durer des heures.
10:26Alors, c'est de votre faute.
10:28De toute façon, tout est de ma faute.
10:30Votre film, Pierre Richard,
10:32fait les, réalisé par Christophe Duturon,
10:34avec notamment Bernard Lecoq et Charlotte d'Otterkaim,
10:36et François Berlé.
10:37Il en sort dans nos salles le 28 août, je rappelle.
10:39Oui, pareil.
10:40Oui, je vous le confirme.
10:41Nous étions ravis de l'annoncer à nos auditeurs.
10:43Très bonne journée à vous.
10:44Vous êtes le bienvenu sur RTL.
10:45Merci.
10:46Bonne journée.