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Un rapport parlementaire rendu public aujourd'hui exige davantage de "contrôles" des établissements privés. Christopher Weissberg, député Renaissance des Français de l'étranger et co-rapporteur, répond à Yves Calvi.
Regardez L'invité d'Yves Calvi du 02 avril 2024 avec Yves Calvi.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h, 9h, RTL Matin.
00:06 Bonjour Christophe Herweisberg.
00:09 Bonjour Yves Thély.
00:10 Vous êtes député Renaissance co-auteur d'un rapport parlementaire avec le député insoumis Paul Vannier.
00:14 Vous allez le présenter aujourd'hui en commission à l'Assemblée Nationale.
00:17 Il porte sur le financement de l'école privée.
00:19 Vous exigez notamment davantage de contrôle de ces établissements.
00:23 Lesquels et pour quoi faire ?
00:25 Alors, c'est pas une exception française.
00:27 Le privé sous contrat c'est quelque chose qui existe un peu partout.
00:30 Mais en France, il y a une chose qu'on voit peut-être moins ailleurs.
00:33 Par exemple en Belgique, il y a 100% du privé qui est financé par le public.
00:36 Mais il y a beaucoup plus de contrôle.
00:37 Il y a beaucoup plus de contrepartie.
00:38 Donc nous ce qu'on veut, c'est que en échange de l'argent public,
00:42 on puisse un, vérifier quand il y a des dérives, et il y en a un certain nombre.
00:45 Et puis aussi que le privé soit mieux associé aux missions de services publics,
00:48 puisque ils ont une mission de services publics.
00:50 Je rappelle ces quelques chiffres.
00:51 En France, l'école privée c'est plus de 2 millions d'élèves sur 12 millions, normalement.
00:55 Répartie dans 7500 établissements sous contrat avec l'État.
00:59 Le réseau des établissements catholiques représente la très grande majorité du privé sous contrat, 97%.
01:04 Je ne comprends pas.
01:05 Elles ne respectent pas les lois républicaines, nos écoles privées ?
01:07 Si, dans leur grande majorité, elles le respectent.
01:09 Il faut se rendre compte que les exemples de Stanislas ou Averroës,
01:13 c'est l'arbre qui cache la forêt.
01:15 Merci de le dire, mais alors pourquoi vous leur cherchez que rel ?
01:19 Parce que quand il n'y a pas de contrôle,
01:20 on peut toujours fantasmer qu'il y a des problèmes partout.
01:23 Et c'est vrai qu'il y a un certain nombre de dysfonctionnements.
01:24 Vous savez quand on commence...
01:25 Mais parlez-moi, les députés ne sont pas là pour chasser le fantasme.
01:27 Non, déjà premièrement, ça fait de nombreuses années que le sujet a été mis sous le tapis.
01:32 Donc c'était quand même important de dire.
01:33 Venir, il y a des choses qui ont été faites depuis quelques années, en fait.
01:36 On ne s'en rend pas compte, mais déjà Papendia avait commencé à travailler sur le sujet.
01:41 Les ministres successifs aussi ont ancré par exemple le fait que les besoins de profs
01:47 peuvent être ressourcés par rapport à un IPS FEP, c'est-à-dire un besoin de mixité scolaire.
01:52 Ça, c'est des mesures qui, au 30%, de nos effectifs, sont sur des établissements privés
01:57 qui ont un besoin de mixité sociale.
01:59 Seriez-vous d'accord pour qu'il y ait des contrôles aussi dans nos établissements publics ?
02:03 Il y en a déjà pas mal, en fait.
02:04 Il y a encore une fois beaucoup d'inspections pédagogiques.
02:07 C'est le cas.
02:08 Moi, vous savez, j'adore le système public et je n'ai rien contre le système privé.
02:12 Mais l'important, c'est que l'État puisse faire assurer ses missions.
02:14 Je vous pose la question à l'envers.
02:16 Le privé, ça fonctionne ou ça ne fonctionne pas ?
02:18 Le privé, ça fonctionne dans bien des cas.
02:20 On a vu souvent des familles, on les a rencontrées pendant nos auditions,
02:24 qui nous disent qu'en fait, elles y vont parce que parfois, il y a plus d'encadrement.
02:27 Il y a un sentiment que quand on va dans le privé, c'est plus familial, c'est plus structuré.
02:32 Parfois, le niveau, franchement, ne diffère pas tant que ça.
02:35 Ce qu'on a vu, c'est que les profs du public sont aussi bons que les profs du privé.
02:38 Selon vous, combien d'établissements sont suspectés de dérive dans le privé ?
02:42 C'est finalement la question que vous soulevez.
02:45 C'est impossible de le savoir. Faute de contrôle.
02:47 Et c'est une des frustrations, c'est que plus vous allez sur le terrain,
02:50 on est allé à Rennes, on est allé à Marseille, on a vu des exemples parisiens,
02:53 on a du mal à savoir.
02:55 Pardonnez-moi, les contrôles sont faits par les parents eux-mêmes.
02:57 S'ils vont dans le privé, ce n'est pas parce qu'ils sont catholiques, juifs ou musulmans,
03:00 mais parce qu'ils ont confiance dans ces écoles.
03:03 Tout à fait, mais...
03:04 Et qu'ils n'ont plus confiance dans les services publics de l'éducation nationale.
03:07 Et c'est pour ça que je dis dans le rapport qu'il faut...
03:09 Le premier moyen d'enrayer la dynamique du privé, c'est que le public soit excellent.
03:14 Et notamment parfois en s'inspirant des techniques du privé,
03:17 avec un encadrement qui est plus souple.
03:20 Ça, j'y crois aussi.
03:22 Mais il y a aussi des dérives.
03:23 Par exemple, et c'est une des préconisations du rapport,
03:25 il y a des établissements privés qui se délaissent des élèves qu'ils considèrent à problème.
03:30 Alors que leur mission, c'est quand même d'aller jusqu'au bout de leur scolarité.
03:32 Donc ça, on demande à ce que le recteur, par exemple,
03:35 valide ou pas un élève qui serait obligé de quitter l'école privée.
03:39 Il y a une grève dans le public aujourd'hui, ça ne vous a pas échappé ?
03:42 Non, ça ne m'a pas échappé.
03:43 A ce propos, vous avez fait vos études dans le public ?
03:46 Alors moi, j'ai fait les deux.
03:48 D'ailleurs, c'était assez intéressant, parce que mes parents voulaient que je sois bilingue,
03:51 mon père était américain, donc j'ai été à l'école bilingue.
03:54 C'était un coup, c'était un sacrifice.
03:55 Il y a une excellente réputation.
03:57 J'avais une bonne réputation, mais dès qu'ils ont pu et que je connaissais mes bases d'anglais,
04:00 ils m'ont tout de suite remis dans le public.
04:02 Et j'ai fait mes études aussi.
04:04 Pourquoi, ils avaient honte ?
04:05 Non, pas du tout, mais ça coûtait cher.
04:07 Et ils considéraient que le public leur coûtait avec leurs impôts
04:09 et qu'il fallait aussi valoriser le public.
04:11 Je voulais vous faire remarquer que cette école privée,
04:13 que vous le vouliez ou non, mais vous jetez un voile quand même aujourd'hui
04:17 en posant les questions que vous soulevez,
04:19 même si elles sont par ailleurs légitimes,
04:21 elle rassure beaucoup de parents, avec des profs qui ne sont pas en grève,
04:24 et un interlocuteur quand on en a besoin.
04:26 Ce qui ne caractérise pas vraiment notre service public de l'éducation nationale.
04:29 C'est ce que je dis dans le rapport.
04:31 Je dis dans le rapport qu'il faut aussi que le public,
04:34 maintenant, s'inspire sur les absences des profs.
04:36 Il y a des choses qui ont été faites, il faut continuer.
04:38 Sur le fait que souvent, il y a un encadrement plus fort.
04:41 Vous savez, aujourd'hui, on est en train de parler des groupes de besoins.
04:44 Souvent, dans le privé, il va y avoir des cours en plus
04:47 qui vont permettre à des élèves en difficulté de le faire.
04:50 Ça, c'est des choses qui, à mon avis, donnent un peu plus de flexibilité dans le privé
04:53 et dont le public doit s'inspirer.
04:55 - Vous remarquez quand même qu'on a commencé cet entretien
04:57 par une diatribe sur le privé et que maintenant, c'est devenu un modèle.
05:00 - Parce que vos questions m'ont poussé vers ça.
05:02 Et au fond, moi je suis pour responsabiliser tous les acteurs.
05:05 Quand on donne de l'argent public, il faut que le privé soit impeccable.
05:08 C'est l'objectif de ce rapport, c'est des choses très concrètes.
05:10 On n'est pas à la chasse au privé, en tout cas pas moi.
05:12 - Non, mais vous nous dites clairement, on n'est pas à la chasse au privé.
05:15 - Moi, je ne suis absolument pas à la chasse au privé.
05:17 Mais il faut que, par rapport à cet argent public,
05:19 le privé soit aussi respectueux des règles qui sont établies par le public.
05:25 - Je vous propose d'écouter Luc Viey, qui est l'ancien président
05:27 de la Fédération Nationale des Syndicats Professionnels de l'Enseignement Libre et Catholique.
05:31 Il a été joint par Margot Le Fur pour RTL.
05:34 - C'est l'éducation qui devrait être une priorité nationale.
05:37 On régresse en France, on régresse dans les études PISA.
05:41 On a des difficultés un peu partout.
05:44 La violence, l'agressivité s'installe dans nos établissements.
05:47 Très honnêtement, la priorité, ce n'est absolument pas la guerre publique-privée.
05:51 Il n'y a pas plus de dérive dans le privé que dans le public.
05:54 - Vous êtes d'accord avec lui ?
05:56 - Ce que je sais, c'est que dans le public, il y a plus de contrôle.
05:59 Et que pour avoir ce postulat, et je ne dis pas qu'il est faux,
06:04 il faut encore qu'on puisse mieux contrôler le privé.
06:07 C'est tout l'objectif de ce rapport, c'est ce qu'a dit la Cour des Comptes.
06:09 Ce n'est pas forcément un rapport qui est d'ailleurs partisan,
06:12 c'est un rapport qui suit aussi les préconisations de la Cour des Comptes,
06:14 qui a dit la même chose.
06:15 - Et vous ne craignez pas de réactiver une guerre, j'allais vous dire,
06:19 à la fois factice et fratricide entre le privé et le public ?
06:22 Enfin, une guerre inutile, voilà.
06:24 - Ce serait la pire des choses.
06:25 Parce que si la guerre est réactionnée, on n'arrivera pas à transformer
06:29 le comportement des acteurs.
06:30 Responsabiliser les gens, responsabiliser tous les acteurs,
06:33 les établissements, les têtes de réseau comme l'enseignement catholique,
06:36 aussi évidemment les collectivités territoriales,
06:39 on en parle beaucoup dans le rapport, et bien sûr l'État,
06:41 ça demande à ce que chacun ait des obligations, respecte ses obligations,
06:44 évalue les politiques publiques, c'est quelque chose,
06:47 personne ne peut être contre ça.
06:49 - Ce que vous venez de nous dire vaut aussi pour le public.
06:51 - Vaut évidemment aussi pour le public.
06:53 et de l'économie mondiale.

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