• il y a 5 mois
Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h

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00:00:00Bonsoir à tous et bienvenue dans Face à l'Info, vous connaissez le rendez-vous.
00:00:04On est ensemble pendant une heure avec moi ce soir pour m'accompagner.
00:00:07Philippe David, bonjour.
00:00:08Bonjour.
00:00:09Pierre-Marie Sèvres, bonjour.
00:00:10Bonjour.
00:00:11Régis Le Saumier, bonjour.
00:00:12Bonjour Élodie.
00:00:13Et Alexandre Devecchio va nous rejoindre d'une minute à l'autre.
00:00:15Tout de suite, on commence par l'essentiel de l'actualité avec vous, Maureen Vidal.
00:00:18Bonjour Maureen.
00:00:19Bonjour Élodie, bonjour à tous.
00:00:21À la une de l'actualité, cette horrible découverte.
00:00:24Une enfant de 2 ans est décédée hier dans l'eau, laissée dans une voiture en pleine chaleur.
00:00:29Son grand-père l'aurait laissée endormie dans la voiture malgré la température extérieure d'une trentaine de degrés.
00:00:33Il aurait tenté de la réanimer en vain.
00:00:36Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances de ce décès.
00:00:4067 migrants interpellés ce matin dans la Somme alors qu'ils s'apprêtaient à prendre la mer.
00:00:45Repérés par petits groupes par les gendarmes, de nombreux enfants se trouvaient parmi eux.
00:00:49Tous ont été conduits à la gendarmerie d'Abbeyville pour une étude sur leur situation administrative.
00:00:54La tension monte au Proche-Orient face à la crainte d'une escalade militaire entre l'US Bola libanais et Israël.
00:01:00Plusieurs compagnies aériennes ont annoncé suspendre leur vol vers Beyrouth dont Air France.
00:01:04Pour rappel, Israël menace de frapper violemment l'US Bola libanais après une attaque meurtrière sur le plateau syrien du Golan.
00:01:13Merci beaucoup Maureen Vidal. Au sommaire de votre Face à l'info ce soir avec vous Philippe David.
00:01:18On va revenir sur le sabotage subi par la SNCF.
00:01:21C'était vendredi dernier, 800 000 voyageurs ont été impactés.
00:01:24Un militant de la mouvance de l'ultra-gauche a été interpellé hier sur un site de la SNCF en Seine-Maritime.
00:01:30A-t-on appris aujourd'hui de sources policières ?
00:01:32Vous nous expliquerez pourquoi il y a ce genre de problème et surtout pourquoi la mouvance a tenté de gâcher la fête.
00:01:38Et la fête des JO et les départs en vacances.
00:01:41On reviendra avec Alexandre Devecchio sur la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques.
00:01:45De quoi la polémique qui l'entoure est-elle le nom ?
00:01:48Que penser des explications, justifications même du metteur en scène ?
00:01:51Peut-on parler de guerre culturelle ? On lui posera la question.
00:01:54Pierre-Marie Sèvres, vous allez nous parler des refus d'obtempérer.
00:01:57Un conducteur qui tentait de fuir la police après un refus d'obtempérer s'est violemment encastré ce dimanche dans un camion stationné.
00:02:04Ça s'est passé à Perpignan. L'homme est mort sur le coup.
00:02:07Alors vous allez revenir d'abord évidemment sur ce fléau mais aussi sur ce que cela veut dire de l'autorité de l'État.
00:02:12Et vous nous direz aussi pourquoi il est si difficile de les combattre.
00:02:16On parlera international avec Régis Le Saumier.
00:02:18La frappe d'un missile attribué au Hezbollah libanais sur un stade de la ville de Majdal Shams au nord-est du plateau du Golan,
00:02:24qui est une région syrienne annexée par Israël depuis 1981, a tué 12 membres de la communauté druze dont une majorité d'enfants.
00:02:30Israël a promis, je cite, de frapper l'ennemi avec force.
00:02:33C'est son ministre de la Défense qui le dit. On fera le point avec vous sur la situation sur place.
00:02:37Doit-on craindre une escalade ?
00:02:39Et puis on terminera de nouveau avec vous, Philippe David.
00:02:41La semaine dernière, vous nous parliez de la tournée d'été des plateaux de Lucie Castet.
00:02:45Dans cette tournée, elle a promis une grande réforme fiscale. Ce sont ses mots.
00:02:49Alors qu'est-ce que cela veut dire d'abord ?
00:02:51On vous posera la question et ce sera aussi l'occasion de parler finance publique.
00:02:55Comment peut-on combler la dette sans ne vexer personne ?
00:02:57Vous essayerez de nous répondre face à l'info. C'est parti !
00:03:12Philippe David, je le disais, vous aviez choisi ce soir de revenir sur les sabotages contre les lignes TGV.
00:03:19C'était vendredi dernier et donc la piste de l'ultra-gauche semble se préciser.
00:03:24Oui, Elodie, une piste qui avait été privilégiée dès vendredi par les services de renseignement,
00:03:28dès que les incendies volontaires avaient été découverts.
00:03:32Une piste qui s'est a priori confirmée ce week-end, même si on ne l'a appris qu'aujourd'hui.
00:03:36Une piste qui a pu être confirmée grâce à la réactivité d'un cheminot, il me semble.
00:03:40Oui, hier, un individu a été repéré par un conducteur de train sur un domaine de la SNCF.
00:03:46Ce conducteur de train a eu le réflexe de prévenir qu'il le doit
00:03:49et les policiers qui sont venus pour intercepter l'individu ont trouvé dans son véhicule
00:03:54des clés d'accès à des locaux techniques de la SNCF, qu'on ne peut pas avoir théoriquement sans complicité,
00:03:59des pinces coupantes, un jeu de clés universel et même de la littérature d'ultra-gauche.
00:04:04Ce qui a permis de faire avancer cette piste.
00:04:06En effet, que fait un homme un week-end avec tout cet attirail à proximité d'une ligne de chemin de fer,
00:04:12deux jours après un sabotage qui a visé les lignes de TGV, desservant l'ensemble du territoire ?
00:04:18L'individu étant en garde à vue, on espère très rapidement en savoir plus.
00:04:22Une série de sabotages qui ne sont pas les seuls, puisque plusieurs départements
00:04:26ont vu aujourd'hui leur réseau de fibres optiques, qui sert notamment pour l'internet, être saboté.
00:04:31Mais on le disait, comment est-il possible que la piste de l'ultra-gauche a été envisagée d'emblée, dès vendredi ?
00:04:36Certaines sources sécuritaires le disaient déjà.
00:04:38Oui, très rapidement, dès le matin. On l'a appris tôt le matin.
00:04:42Le mode opératoire par incendie a été une première piste, mais pour le moment,
00:04:45les autorités sont très discrètes, très occupées qu'elles sont, à essayer d'arrêter l'ensemble des responsables
00:04:51qui ont agi un peu sur tout le territoire. Des actes qu'on pouvait cependant aisément prévoir.
00:04:56Pourquoi ?
00:04:57Parce qu'à l'extrême-gauche, on déteste tout ce qui représente les nations et le capitalisme.
00:05:01Et les Jeux Olympiques sont la quintessence des deux.
00:05:04De la représentation nationale, puisque les athlètes courent sous les couleurs d'un pays,
00:05:09enfin concours, parce que tous ne courent pas, notamment les tireurs à l'arc, sous les couleurs d'un pays,
00:05:14et du capitalisme, puisque les sponsors des Jeux font tous partie ou presque des plus grosses multinationales de la planète.
00:05:23Cerise sur le gâteau, faire un sabotage dans une autre période de l'année n'aurait eu un effet qu'en France.
00:05:30Alors que là, vous le faire pendant les Jeux Olympiques, où le monde entier a les yeux rivés sur la France,
00:05:35sachant que vous allez impacter les athlètes qui cherchent à se déplacer, les journalistes et les supporters,
00:05:40vous vous faites une publicité planétaire gratuitement.
00:05:44– Mais est-ce qu'on peut dire qu'il y a une mensuétude pour les opérations
00:05:47qui viennent justement de l'extrême-gauche ?
00:05:49– Absolument, et ça ne date pas d'aujourd'hui.
00:05:52Regardez Greenpeace, qui a mené nombre d'actions illégales un peu partout sur la planète,
00:05:57y compris en France, en s'introduisant dans des sites nucléaires.
00:06:01Greenpeace est-elle considérée comme un groupe menant des actions illégales qui devraient être interdites ?
00:06:08Pas du tout, Greenpeace est considérée aujourd'hui comme une ONG, une organisation non-gouvernementale,
00:06:14c'est-à-dire un machin, je vais dire ça comme ça, le général De Gaulle le disait bien pour l'ONU,
00:06:19œuvrant pour le bien commun, ce qui est un peu fort de café quand même
00:06:23quand on mène des opérations depuis des décennies qui sont illégales.
00:06:27Mais il est vrai qu'au nom de l'écologie, on peut faire et dire tout et n'importe quoi,
00:06:32à commencer par n'importe quoi.
00:06:33– Alors vous dites n'importe quoi, mais est-ce qu'il y a des exemples précis que vous avez en tête ?
00:06:36– Oui, mais j'arrêterai, je ne vais pas tous les donner, sinon nos amis n'auraient pas la parole.
00:06:40– Oui, on n'a qu'une heure.
00:06:41– Alors j'en ai des dizaines.
00:06:42Tiens, commençons par ceux qui racontent n'importe quoi et qui sont encensés par les médias.
00:06:46Je pense en premier lieu à Greta Thunberg, que j'appelle pour ma part Greta Thaïoïo,
00:06:51vu le sérieux de ses propos.
00:06:53Nous sommes face à une gamine qui peut dire n'importe quoi,
00:06:56qui n'a aucune connaissance scientifique, mais qui est encensée par tout le monde, ou presque.
00:07:00Mieux, sa mère peut déclarer quorum popolo, que sa fille voit le CO2 à l'œil nu.
00:07:07Je vous jure, sa mère l'a dit, qu'elle voit le CO2 à l'œil nu.
00:07:10Alors le problème, c'est que le CO2, c'est un gaz incolore et inodore.
00:07:14À moins qu'on lui ait greffé l'œil de Super Jamie,
00:07:16pour ceux qui aimaient les séries américaines des années 70,
00:07:19je ne vois pas comment on peut affirmer une chose pareille,
00:07:23sans se faire contredire par qui que ce soit.
00:07:25Mais le problème, c'est que si vous osez les contredire,
00:07:28vous êtes tout de suite accusé d'être un climato-sceptique,
00:07:31ce qui revient à être accusé d'hérésie au temps de l'Inquisition.
00:07:35Alors, pour ce qui est de faire n'importe quoi et avec la pire violence,
00:07:39on a vu ce qui s'est passé à La Rochelle il y a une dizaine de jours,
00:07:42et on ne se souvient de ce qui s'est passé à Saint-Sauline il y a un an et demi.
00:07:46Et on a vu des élus aller manifester, portant leur écharpe tricolore,
00:07:51alors que des voyous ultra-violents attaquaient les forces de l'ordre
00:07:54à quelques dizaines de mètres d'eux.
00:07:56Ils brûlaient leurs véhicules,
00:07:58ils saccageaient des champs appartenant à des agriculteurs.
00:08:01Ces élus qui prenaient et prennent encore la défense des casseurs,
00:08:04en s'opposant notamment à la dissolution de groupes violents,
00:08:07comme notamment les soulèvements de la terre.
00:08:09Des soulèvements de la terre sauvés par le Conseil d'État,
00:08:12puisque je rappelle que Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur,
00:08:15avait tenté de les dissoudre, mais que le Conseil d'État s'y était opposé.
00:08:20Alors, des soulèvements de la terre qui ne sont pas les seuls
00:08:22parmi les groupuscules d'ultra-gauches violents,
00:08:24comme Dernière Rénovation, Dernière Génération,
00:08:27sans oublier les antifas qui sont aujourd'hui représentés à l'Assemblée nationale.
00:08:31– Et en conclusion de cette épisode, Philippe ?
00:08:34– Vu la mensuétude dont bénéficient les groupuscules d'ultra-gauches
00:08:37qui semblent si difficiles à dissoudre pour l'exécutif,
00:08:40on les a vu être beaucoup plus rapides et efficaces
00:08:42pour les groupuscules d'ultra-droite, et à raison, je dois le dire,
00:08:45il y a fort à parier que ce n'est pas demain la veille
00:08:48que ce type d'action délictuelle, voire criminelle, va s'arrêter.
00:08:51– Merci beaucoup Philippe David, et d'ailleurs, quand vous parliez des élus,
00:08:54notamment qui se sont rendus à Sainte-Sauline, on se rappelle que Jean-Luc Mélenchon
00:08:57avait dit que c'était une balade sympathique en famille,
00:08:59et pourtant on avait déjà à ce moment-là les saisies de la police
00:09:02où il y avait des haches, des boules de pétanque,
00:09:04mais visiblement tout le monde va en balade à famille avec des haches.
00:09:07– Vous ne trouvez pas qu'une balade sous les boules de pétanque,
00:09:09c'est bucolique quelque part ? – Je n'ai jamais tenté.
00:09:12– C'était au début du printemps, je crois au mois de mars,
00:09:14c'est très bucolique, vous avez les boules de pétanque,
00:09:16vous les évoquez, ce n'est pas sympathique, vous m'irez,
00:09:18vous avez vu ce qu'a dit Mademeylou Oudakastéra sur l'invasion du terrain
00:09:21à Saint-Etienne, elle a dit que c'était bon enfant,
00:09:23c'est sûr que quand vous êtes joueur, vous voyez les supporters
00:09:25de l'équipe adverse qui envahissent le terrain,
00:09:27vous ne devez pas vous sentir en toute sécurité,
00:09:29mais je suis peut-être un peu ringard, comme pour les groupuscules d'ultra-gauche.
00:09:32– Pierre-Marie Sèvres, c'est vrai que sur la dissolution d'un certain nombre
00:09:34de groupuscules, on voit la difficulté, parce que par exemple,
00:09:36les soulèvements de la terre se sont eux-mêmes constitués
00:09:39de manière à ne pas pouvoir être dissous si facilement,
00:09:41c'est-à-dire que maintenant ces groupuscules sont plus malins
00:09:43que législateurs, c'est-à-dire qu'ils essayent de contourner la loi
00:09:46en se constituant pour éviter de pouvoir être dissous si facilement,
00:09:48notamment au Conseil des ministres.
00:09:50– Si vous voulez, le tissu associatif d'extrême-gauche est extrêmement dense,
00:09:54ils ont beaucoup de juristes, ils bénéficient d'immenses financements
00:09:57parce qu'ils ont une mobilisation des militants aussi,
00:09:59ça il faut leur rendre, ils savent faire, ils ont des grosses compétences,
00:10:02donc effectivement, quand vous avez une armée d'avocats qui vous soutient,
00:10:06moi qui défend, qui représente une association pour la justice,
00:10:09il se trouve qu'on a pas mal de juristes avec nous,
00:10:11mais on n'a pas une armée d'avocats, on n'a pas 50 avocats
00:10:13qui pourraient venir nous aider du jour au lendemain
00:10:15s'il y avait un problème, quel qu'il soit,
00:10:17c'est pour ça d'ailleurs que nous évitons de commettre des problèmes.
00:10:20Mais donc oui, je pense que c'est cette tradition du tissu associatif
00:10:24de gauche et d'extrême-gauche qui est extrêmement, d'une ampleur incroyable,
00:10:29vous regardez les nombres de donateurs dans une association de droite
00:10:32ou les associations de gauche, c'est évidemment le budget Greenpeace,
00:10:36ce sont des millions d'euros, donc voilà, à droite,
00:10:40les associations de droite n'ont pas ces moyens-là, malheureusement.
00:10:43– C'est vrai Régis Saumet, quand on se replonge sur ce qu'on a vécu vendredi,
00:10:46on voit bien à quel point c'était des groupuscules
00:10:48et c'est pour ça que des sources sécuritaires disaient
00:10:50on a forcément affaire à des groupuscules extrêmement organisées
00:10:52parce qu'ils connaissaient très bien le réseau ferré,
00:10:54ils savaient où taper pour effectivement faire un maximum de dégâts entre guillemets
00:11:00et on voit aussi maintenant que ça devient, comme vous le disiez aujourd'hui,
00:11:03c'est la fibre optique, ça va peut-être devenir un mode d'action
00:11:05qui va se répéter, ça va peut-être malheureusement donner des idées.
00:11:07– Alors il y a eu une antériorité, on se souvient en 2008
00:11:10de l'affaire du groupe de Tarnac avec Julien Coupa,
00:11:14pareil, c'était le sabotage de réseaux, de caténaires, de TGV de façon coordonnée,
00:11:21donc cette obsession, comme vous l'avez décrite,
00:11:24vous avez décrit les fondements de l'extrême gauche pour les TGV,
00:11:28elle ne date pas d'hier, après il y a toujours l'hypothèse
00:11:37d'une puissance étrangère, qui semble s'éloigner là aujourd'hui.
00:11:43– Mais on a vu des rumeurs, notamment sur les réseaux sociaux,
00:11:46avec des déclarations des uns et des autres, dès vendredi,
00:11:49qui n'ont pas été vérifiées, mais où il pouvait y avoir une ingérence étrangère,
00:11:52l'Iran aussi a été cité.
00:11:53– Oui, alors voilà, après il y a eu aussi une pseudo-revendication,
00:11:57puisque c'était plutôt un soutien qui a été envoyé via un serveur situé à Seattle,
00:12:05habitué, qui était un canal habituel des groupes de la mouvance anarcho-autonome,
00:12:10enfin voilà, ou écologistes radicaux.
00:12:15Donc voilà, on peut penser que vraiment tout laisse penser là,
00:12:20avec notamment cette arrestation qu'on est face à ce type d'association.
00:12:26Ce qui est intéressant quand même, ce qui a été dit,
00:12:29c'est vrai qu'on a remarqué, notamment avec M. Darmanin,
00:12:33une célérité manifeste à se débarrasser des groupes d'extrême droite,
00:12:38dont les statuts d'ailleurs ne sont pas plus clairs que ceux des Black Blocs
00:12:44ou de la jeune garde lyonnaise par exemple.
00:12:47Mais on nous explique que les Black Blocs ce n'est pas possible,
00:12:50parce qu'ils ne sont pas en association constituée.
00:12:54– Oui, ce n'est pas un groupe facile à…
00:12:56– Bon, je ne crois pas que le GUDE non plus était…
00:12:58Par contre en revanche, de ce point de vue là, ça va très vite.
00:13:00Donc il y a quand même avec, quand Gérald Darmanin annonce ses dissolutions,
00:13:07on rajoute une association islamiste pour faire bonne mesure,
00:13:10mais on remarque aussi que jamais des groupes d'ultra violents,
00:13:15donc d'extrême gauche, ou que ce soit les antifas,
00:13:18la jeune garde que j'ai cité, ne sont concernés dans l'équation.
00:13:21Et c'est où très rarement, donc là il faut s'interroger aussi
00:13:26sur ce qu'on en fait ces groupes là.
00:13:29– Et les Jeux Olympiques c'est un bon exemple,
00:13:31les services de renseignement l'avaient dit,
00:13:33que les dangers qui existaient en termes de terrorisme,
00:13:35en termes d'action de ce genre là, c'était l'ultra gauche ou l'islamisme.
00:13:39Et ils disaient spécifiquement que sur l'extrême droite,
00:13:41sur l'ultra droite, il n'y avait pas grand danger.
00:13:43Et moi ça m'amène à ce que je répète régulièrement,
00:13:46à savoir que la France a fait son éducation,
00:13:48elle a fait sa formation sur plusieurs générations,
00:13:52du danger que représente l'extrême droite,
00:13:54et a raison, on a une histoire qui est très lourde dans le sujet,
00:13:56évidemment qu'on n'a pas envie de refaire les mêmes erreurs,
00:13:58mais on ne le fait pas pour l'extrême droite.
00:13:59– L'ILIG, l'OAS…
00:14:00– Voilà exactement, toute l'histoire de Vichy…
00:14:02– Bien sûr, mais en termes d'activisme.
00:14:05– Oui, oui, absolument.
00:14:06– L'ILIG et l'OAS, ça représente quand même…
00:14:08– Mais sur le danger de l'extrême gauche, on n'a pas fait ce problème là,
00:14:11même si on va, rappelons-nous quand même,
00:14:13les dizaines de millions de morts du communisme,
00:14:15le plus grand meurtrier de masse, c'est encore soit Mao, soit Staline,
00:14:20donc c'est les communistes.
00:14:21– On a eu chez nous Action Directe, on a eu des groupes activistes terroristes.
00:14:26– Et ça donne aussi une image d'impunité quand on voit qu'effectivement,
00:14:29quand le ministre de l'Intérieur dit, il faut dissoudre tel ou tel groupe usul,
00:14:33quand il n'y arrive pas, on se dit évidemment,
00:14:35ces groupuscules s'en sortent aussi renforcés quelque part.
00:14:37– Absolument, c'est absolument certain de toute façon.
00:14:40– Et puis quand même une chose, quand on voit par exemple,
00:14:43des travaux d'utilité publique, je pense par exemple à l'autoroute Toulouse-Castre,
00:14:47où dès qu'il y a des manifestations, une entreprise de DBTP a des camions brûlés,
00:14:53mais c'est complètement fou qu'on puisse tolérer des choses pareilles,
00:14:56parce qu'il y a eu des études d'utilité publique qui ont été faites,
00:14:59et parce que vous avez 100 personnes qui disent, nous on n'est pas d'accord,
00:15:02c'est des raisons envers et contre tous.
00:15:03Il faudrait quand même se poser les bonnes questions.
00:15:05Où est l'autorité de l'État ? Mais là, vaste programme.
00:15:07– Oui, avec surtout sur ce genre, souvent on l'a vu pour Sainte-Soline,
00:15:10comme on le voit pour l'autoroute dont vous parliez,
00:15:12c'est souvent en plus la différence entre les manifestants qui viennent de Paris
00:15:15en disant qu'il ne faut pas ce projet, versus les locaux,
00:15:18que ce soit des maires ou des personnes qui ont envie que ces zones soient désenclavées
00:15:22ou qu'il y ait plus potentiellement d'activités, qui se disent, nous on est plutôt pour.
00:15:25C'est-à-dire qu'en plus, il y a deux points de vue qui s'affrontent.
00:15:27– C'est exactement ça.
00:15:28Ceux qui vont manifester pour Toulouse-Castre,
00:15:30les trois quarts ne sont pas foutus de vous parler de Castre ou de Toulouse,
00:15:35sauf s'ils y sont allés une fois dans leur vie, parce qu'ils ne sont pas du tout du coin.
00:15:38Mais comme à Sainte-Soline, il y avait combien de personnes de Sainte-Soline à Sainte-Soline ?
00:15:41Pratiquement aucune.
00:15:42Mais là, c'est la casse qui vient, qui se rassemble au nom de l'écologie
00:15:48ou d'autres choses, et tout ça dans une espèce de mensuétude
00:15:52qui est quand même difficile à expliquer.
00:15:54– Alexandre de Vécu nous a rejoint, bonjour.
00:15:56– Bonjour.
00:15:57– Un dernier mot pour terminer sur ce tour de table.
00:15:59Vous n'avez pas pu tout entendre, mais effectivement, on parlait avec Philippe David
00:16:02d'une sorte d'impunité de l'ultra-gauche, de ses actions violentes.
00:16:06On a l'impression qu'on leur passe un petit peu tout, ou un peu trop facilement tout.
00:16:09– Oui, il y a une forme de deux poids, deux mesures,
00:16:11parce qu'on agite souvent le spectre d'une extrême droite qui est imaginaire,
00:16:16en tout cas qui respecte les règles de la démocratie
00:16:19et qui, à ma connaissance, ne casse rien.
00:16:22On agit de cette menace-là, jusqu'à parler parfois même
00:16:24de menaces terroristes d'extrême droite.
00:16:27Et on a une espèce de bienveillance pour l'ultra-gauche,
00:16:31parce qu'elle agirait, soi-disant, au nom du bien.
00:16:35Mais enfin, si chacun agit au nom de ce qui lui paraît juste
00:16:39et s'autorise à ne pas respecter les règles et à utiliser la violence,
00:16:43surtout, on ne sera plus en démocratie.
00:16:46Donc oui, ça montre encore une fois une bienveillance
00:16:49à l'égard de certains courants politiques et, à l'inverse,
00:16:53une extrême sévérité à l'égard d'autres courants
00:16:57qui, pourtant, respectent le jeu démocratique et les règles de la société.
00:17:02– On va changer de sujet, en parler international maintenant avec vous,
00:17:05Régis Le Sommier, puisque, je le disais dans le sommaire,
00:17:08la frappe d'un missile attribué au Hezbollah libanais,
00:17:10ce qui est tombé sur un stade de la ville de Majdal Shams,
00:17:13au nord-est du plateau du Golan.
00:17:15C'est une région syrienne qui a été annexée par Israël en 1981.
00:17:18Elle a causé la mort de 12 membres de la communauté druze, dont une majorité d'enfants.
00:17:22Israël, via son ministre de la Défense, a promis de frapper l'ennemi avec force.
00:17:26Benyamin Netanyahou s'est rendu sur place aujourd'hui.
00:17:29Est-ce qu'on va, Régis, vers une guerre généralisée dans la région ?
00:17:32– Alors, il faut déjà prendre en compte le fait que, dans cette zone,
00:17:36les combats qui ont existé à plusieurs reprises,
00:17:39il y a eu deux guerres entre le Hezbollah et Israël,
00:17:45plusieurs dizaines d'années d'occupation du Liban Sud par le Sahel et par l'État hébreu.
00:17:51Depuis le 7 octobre, de façon concomitante avec les attaques terroristes du Hamas,
00:17:58le Hezbollah a pris l'initiative de réactiver cette guerre.
00:18:03Et le front nord de l'État hébreu est depuis une zone extrêmement sensible.
00:18:09Alors, de toute façon, ça a toujours, comme je le disais, été une zone sensible.
00:18:14Les escarmouches, les embuscades tendues par les uns et les autres ont toujours existé.
00:18:20Le Hezbollah a décidé donc, je le disais, de venir en appui au Hamas.
00:18:28De façon, son action d'abord, c'est borné à augmenter la tension sur cette frontière
00:18:34pour compliquer l'opération de Tsahal à Gaza, en menaçant d'ouvrir un second front,
00:18:40en fixant les troupes israéliennes qui auraient pu être utiles ailleurs.
00:18:44Ça a provoqué aussi l'exode d'une partie des habitants des villages proches de la frontière.
00:18:52Et donc, jusqu'à, depuis le 7 octobre, il y a eu une escalade progressive
00:19:00des attaques de drones, attaques de missiles, des bases ont été détruites, des deux côtés d'ailleurs.
00:19:07Et dans ces combats, largement remportés, on dira, par Israël pour le moment,
00:19:12le mouvement chiite libanais a perdu quand même 500 combattants et Tsahal une trentaine, uniquement pour ce front.
00:19:19Mais les choses ont déjà failli empirer le 13 avril, avec les frappes israéliennes sur Israël
00:19:23et provoquées déjà une confrontation plus large.
00:19:25Pourquoi ce massacre d'enfants risque-t-il de mener vers un conflit total ?
00:19:29Alors, après le 13 avril, effectivement, on est monté dans une période de tension extrême.
00:19:34On pouvait penser que la riposte d'Israël avait le potentiel pour déclencher un conflit majeur.
00:19:39En réalité, elle a été proportionnée.
00:19:41Il faut quand même reconnaître qu'il y a encore eu des étapes franchies.
00:19:48Le 24 avril, Israël annonçait pour la première fois avoir mené une action offensive
00:19:54sur le territoire libanais.
00:19:56Alors, il s'agissait à nouveau de frappes avec l'aviation,
00:19:59mais à une portée beaucoup plus importante qu'à l'ordinaire.
00:20:03Je cite encore Yoav Galand qui disait
00:20:07les avions de combat et l'artillerie de l'armée israélienne ont frappé 40 cibles terroristes du Hezbollah.
00:20:14Il disait d'ailleurs qu'ils avaient réussi déjà à tuer un certain nombre de commandants
00:20:21sur les quelques 10 ou 15 commandants de brigade.
00:20:26On ne sait pas très bien.
00:20:27Vous savez, le Hezbollah, c'est un mouvement qui dissimule complètement,
00:20:30qui a fait de la dissimulation, la taquilla, justement.
00:20:33Concept chiite à la base.
00:20:35Une sorte de règle de vie.
00:20:37C'est très difficile, même quand on est dans...
00:20:40Moi, je me souviens d'avoir été à Alep
00:20:42où les combattants du Hezbollah étaient présents.
00:20:44On ne les voyait pas.
00:20:45C'est-à-dire qu'ils sont extrêmement, extrêmement discrets.
00:20:48Ils ont été éduqués comme ça.
00:20:50Et donc, Israël, évidemment, essaye de les cibler, pratique l'assassinat ciblé
00:20:54depuis le 7 octobre, a réactivé.
00:20:57Mais c'est très difficile de savoir exactement combien de combattants de bataillons
00:21:03ont été neutralisés, on dira.
00:21:07Le Hezbollah d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec celui d'hier, notamment de la guerre de 2006.
00:21:12Il est structuré et renforcé grâce à son action en Syrie, en Irak et au Yémen.
00:21:16Est-ce qu'Israël peut se permettre de vivre avec un danger pareil au nord de sa frontière ?
00:21:20C'est bien le problème, et c'est bien ce qui alerte la société israélienne, les politiques, etc.
00:21:27Le Hezbollah, quand il y a eu la dernière confrontation, en 2006, n'a pu rien avoir.
00:21:34Quand vous dites « structuré et renforcé » à travers son action en Syrie,
00:21:39c'est-à-dire qu'il a véritablement permis à l'armée de Bachar el-Assad,
00:21:44avec l'aide des Russes, de se métamorphoser pour devenir une force de combat redoutable
00:21:50qui a permis à cette même armée de récupérer 90% du territoire syrien.
00:21:56Quand je parle du Yémen, c'est les outils qui ont été encadrés par des officiers,
00:22:05des cadres du Hezbollah.
00:22:10Et quand je parle de l'Irak, évidemment, il s'agit des milices chiites irakiennes
00:22:14qui sont à la fois aidées par le Hezbollah et également par le corps des gardiens de la révolution iranienne.
00:22:19Donc si vous voulez, vous avez une force qui est assez impressionnante.
00:22:23Le Hamas, par rapport à ça, c'est pas grand-chose, vous voyez.
00:22:28En avril, le Hezbollah a même montré qu'il était capable de riposter toujours dans ses échanges avec Israël.
00:22:36A l'aide de drones kamikazes, il a réussi à cibler le QG de la brigade Golani,
00:22:41qui est une unité légendaire, et également l'unité de reconnaissance 621
00:22:46qui avait été spécialement créée en 1995 pour lutter contre le Hezbollah.
00:22:51Ce sont parmi les formations les plus prestigieuses de l'armée israélienne.
00:22:55On est passé au stade où les deux adversaires sont capables de se renseigner l'un sur l'autre,
00:23:05de viser leurs unités d'élite réciproques.
00:23:09Israël avait de son côté visé des cadres du Hezbollah,
00:23:13notamment des forces spéciales qui s'appellent la brigade Al Ridwan.
00:23:17Mais en fait, ce qui est allé crescendo, c'est cette capacité des gens du Hezbollah
00:23:24à atteindre des villes, la ville d'Acre par exemple, d'Haïfa,
00:23:29à avoir des cibles choisies, donc à conserver une capacité de frappe importante
00:23:34et n'ayant pas perdu son potentiel de renseignement non plus.
00:23:38Israël, lui, est allé crescendo, à viser jusqu'à des objectifs dans la plaine de la Beka,
00:23:44au nord de Beyrouth, qui est un fief du Hezbollah, et notamment la ville de Baalbek.
00:23:49Il y a eu finalement une situation.
00:23:53Aujourd'hui, on arrive avec cette frappe probablement indirecte sur cette communauté druze.
00:24:02Je m'explique pourquoi indirecte parce qu'il s'agit d'une communauté,
00:24:05les druzes étant une secte du chiisme, sur le plateau du Golan.
00:24:09Vous avez rappelé tout à l'heure qu'il a été annexé par Israël en 1980,
00:24:12après avoir été occupé depuis la fin de la guerre des Six Jours, depuis 1967,
00:24:18et que les communautés druzes se sont longtemps reconnues comme syriennes
00:24:23et non pas comme israéliennes.
00:24:25Cette ville n'est pas considérée par le Hezbollah comme une ville d'adversaires du Hezbollah,
00:24:31même s'il y a des druzes dans l'armée de Tzahal, d'ailleurs des unités assez redoutables.
00:24:36Si vous voulez, je pense qu'il s'agit, quand on parle de ce missile en particulier,
00:24:41il faut savoir que le jour même, 50 missiles ont été tirés par le Hezbollah sur l'état d'Israël.
00:24:47Un, en effet, a atteint ce quartier.
00:24:51On est dans une situation où on a l'impression que, d'une part et d'autre,
00:24:58jusqu'à présent, on reste au bord de la guerre totale, mais sans franchir la dernière ligne rouge.
00:25:03Ce qui se passe, c'est qu'Israël aimerait forcer le Hezbollah,
00:25:09c'est l'objectif d'Israël, à abandonner ses positions dans l'extrême sud du Liban
00:25:14pour permettre à ses ressortissants de revenir dans les villages évacués après le 7 octobre.
00:25:20Pour le moment, Tzahal s'attaque à des zones où le renseignement a repéré les positions du Hezbollah,
00:25:28les mouvements de ses opérateurs, et si une escalade est à craindre,
00:25:33on sent que chaque camp hésite à déclencher l'opération ultime
00:25:38qui constituerait à envoyer des troupes sur le territoire de l'adversaire.
00:25:43Alors pourquoi Tzahal, d'abord à conserver de bien mauvais souvenirs de l'occupation du Liban Sud
00:25:48et du retrait opéré en mai 2000,
00:25:53cette manœuvre, on le rappelle, avait offert au Hezbollah une notoriété bien au-delà du monde chiite,
00:25:58dans l'ensemble du monde arabo-musulman, où Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah,
00:26:04était devenu une sorte d'icône de la résistance.
00:26:07D'ailleurs, quand vous êtes à Beyrouth, quand vous parlez du Hezbollah,
00:26:11personne ne parle du Hezbollah, on parle de la résistance.
00:26:14C'est résistance à l'état d'Israël, résistance dans le Liban Sud,
00:26:18et justement ce retrait qui a offert quelque part une victoire.
00:26:21Vous savez, la notion de victoire, dans le monde arabe d'ailleurs,
00:26:24est souvent bien différente de chez nous.
00:26:26Ça veut dire ne pas céder, et c'est comme ça qu'il faut la comprendre.
00:26:31Donc voilà, on est dans une impasse,
00:26:38chacun hésite pour finir à aller plus loin,
00:26:43à déclencher le premier mouvement qui pourrait mener l'ensemble de la région
00:26:51dans une guerre totale.
00:26:54Il faut voir que derrière le Hezbollah, je l'ai rappelé tout à l'heure,
00:26:57il y a l'Iran, il y a les Qods, les gardiens de la révolution.
00:27:02J'ai évoqué la question du monde chiite aussi,
00:27:05et de sa capacité de perturbation,
00:27:07notamment à cause de la présence des Américains alliés d'Israël en Irak,
00:27:11qui deviennent des cibles de facto.
00:27:13Et puis hier, il y a eu une déclaration surprenante de Recep Tayyip Erdogan,
00:27:18le président turc, qui a dit « si c'est le cas, nous aussi on va s'engager ».
00:27:23Donc Turquie, Iran, Hezbollah, ça fait beaucoup.
00:27:28Ça veut dire quoi ?
00:27:29Ça veut dire qu'il va falloir voir ce que va faire Israël.
00:27:33Est-ce que la riposte, comme dans le cadre du 13 avril,
00:27:37aux frappes iraniennes sur le territoire israélien,
00:27:40va être proportionnée ?
00:27:41On peut l'espérer, on peut l'attendre.
00:27:44Les propos de Netanyahou n'allaient pas, dans un sens,
00:27:47sembler très, très offensifs.
00:27:50Beaucoup en Israël pensent d'abord qu'il faut régler la question de Gaza
00:27:54avant de s'occuper de ce front nord.
00:27:57Il y a une sorte d'attente, de paix armée, on va dire,
00:28:02ou en tout cas, paix, en fait il n'y en a plus,
00:28:05parce que je vous l'ai dit, il y a des échanges de missiles
00:28:09et des affrontements quasiment quotidiens.
00:28:12Mais l'étape supplémentaire serait pour Israël
00:28:15de déclencher l'opération terrestre.
00:28:17Merci beaucoup Régis Le Sommier, Alexandre Devecchio, Philippe David.
00:28:20Une réaction chacun avant la pause sur ce risque d'embrasement
00:28:23et de guerre totale, même si, comme le les a dit Régis,
00:28:25pour l'instant on est sur une sorte d'équilibre, si j'ose dire,
00:28:28où chacun est prêt, mais ne va pas jusqu'au bout.
00:28:31Gros risque pour Israël, parce qu'ils ont déchiré un front au sud à Gaza,
00:28:34si vous ouvrez un deuxième front au nord, au sud Liban,
00:28:38gérer deux fronts, c'est quand même extrêmement compliqué militairement.
00:28:42Donc je ne sais pas où on va, mais en tout cas,
00:28:45c'est particulièrement inquiétant pour la situation au Proche-Orient.
00:28:48Un dernier mot Alexandre Devecchio là-dessus.
00:28:50Oui, effectivement, à la fois risque,
00:28:52et c'est pour ça qu'il n'y a pas d'escalade pour le moment,
00:28:55et en même temps, opportunité, je dirais aussi,
00:28:58il y a un risque notamment si l'Iran et la Turquie entrent dans la danse,
00:29:02mais je pense qu'à terme, être comme ça pour Israël,
00:29:05finalement cerné entre Gaza d'un côté,
00:29:08et le Hezbollah libanais de l'autre, est un véritable problème.
00:29:12Donc ils vont sans doute fonctionner par étapes,
00:29:14mais tôt ou tard, il faudra qu'ils règlent ce problème avec le Hezbollah libanais.
00:29:19Et c'est vrai que dans la foulée du 7 octobre,
00:29:21et de l'émotion légitime qu'il a déclenchée,
00:29:24ils ont une fenêtre, c'est un état qui est tellement diabolisé,
00:29:29qu'il leur faut pour intervenir, malheureusement,
00:29:33une attaque aussi violente que celle qui a été celle du 7 octobre.
00:29:38Donc je pense qu'effectivement l'affaire n'est pas terminée,
00:29:42qu'ils n'ont pour le moment pas les moyens de riposter,
00:29:45mais que c'est quelque chose auquel ils pensent à terme.
00:29:49Merci beaucoup, on va marquer une courte pause,
00:29:51et on se retrouve pour parler à la fois cérémonie d'ouverture,
00:29:54refus d'obtempérer et grande réforme fiscale, à tout de suite.
00:30:01De retour pour la deuxième partie de Face à l'info,
00:30:03on va parler avec vous Alexandre Devecchio,
00:30:05de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques,
00:30:07puisque vous l'avez sans doute vu,
00:30:08elle a semé quelques peu le trouble en France,
00:30:10mais aussi dans le monde entier.
00:30:12Et Thomas Joly, le grand organisateur,
00:30:14a affirmé que ce n'était pas le christianisme
00:30:16qui était sa source d'inspiration pour cette parodie de la scène,
00:30:19mais que l'idée était de représenter une grande fête païenne
00:30:22reliée aux dieux de l'Olympe.
00:30:24Mais j'ai l'impression que vous avez du mal à y croire Alexandre.
00:30:26Oui, ça m'a fait penser à Gérald Darmanin
00:30:28qui voyait des supporters anglais
00:30:31là où il y avait des racailles devant lui.
00:30:33C'était à peu près ça.
00:30:35Si vous voulez, Thomas Joly prétend qu'il s'est inspiré du festin des dieux,
00:30:39une toile du XVIIe siècle,
00:30:43visible au musée manien de Dijon.
00:30:47Le problème, c'est qu'on a un peu du mal à le croire
00:30:50parce qu'il a quand même mis 48 heures pour nous expliquer ça.
00:30:54Et que tous ceux qui étaient dans son entourage
00:30:57et qui défendaient jusque-là ce spectacle
00:31:00expliquaient que c'était une provocation géniale.
00:31:02Ils assumaient.
00:31:04Et qu'en France, il y avait un droit aux blasphèmes.
00:31:07La drag queen Pish,
00:31:09qui a joué dans cette scénette,
00:31:12a confirmé que c'est bien la scène qu'elle a jouée.
00:31:15Elle a même précisé que si Mario Maréchal a réagi,
00:31:18c'est qu'on a réussi notre coup.
00:31:21Donc on se dit qu'il y a peut-être une forme de rétropédalage,
00:31:24que finalement, ils ont un peu honte de leur happening.
00:31:28Et peut-être qu'ils sont embêtés aussi
00:31:30parce que le CIO est sorti du silence.
00:31:33Il s'est même excusé après la polémique
00:31:35en expliquant qu'aucune sorte de démonstration
00:31:38aux propagandes politiques, religieuses ou raciales
00:31:40n'est autorisée dans un lieu, site ou autre,
00:31:43emplacement olympique.
00:31:45Donc là, on était quand même dans une forme sans doute
00:31:48de propagande et de politique, je crois.
00:31:51Et c'est ce qui a choqué finalement dans cette cérémonie.
00:31:54Et vous ne le croyez pas non plus, j'imagine,
00:31:56quand il explique qu'il n'a pas voulu faire une cérémonie politique,
00:31:59mais une cérémonie, je cite les propos de Thomas Joly,
00:32:02qui répare et qui réconcilie.
00:32:04Oui, tout à fait.
00:32:06Je faisais partie de ceux qui étaient plutôt bienveillants,
00:32:10qui ont essayé en fait, si vous voulez,
00:32:12tout le long de la cérémonie, d'y croire.
00:32:15Exactement.
00:32:17Et en fait, ce qui en fait une cérémonie politique,
00:32:20c'est le côté systématique et répétitif, si vous voulez.
00:32:23Ça commence avec Aya Nakamura et la garde républicaine,
00:32:28on peut se dire finalement.
00:32:30Et l'Académie française.
00:32:31Et l'Académie française.
00:32:32C'est une manière de faire un clin d'œil,
00:32:34de répondre aux critiques.
00:32:35Quand on veut être bienveillant, on se dit même,
00:32:37il réconcilie la modernité avec le passé.
00:32:40Pourquoi pas ?
00:32:42Sur ce, on arrive, on a la scénette du plan A3.
00:32:48Si vous voulez, là encore, on se demande un peu
00:32:51ce que ça fait là.
00:32:53Et on peut se dire, quand on est magnanime finalement,
00:32:56dans l'histoire de France et à Paris particulièrement,
00:32:59ce sont aussi les mœurs légères, les artistes libertins.
00:33:03Après tout, ça peut faire partie du tableau.
00:33:06On enchaîne avec la conciergerie.
00:33:08Et là, c'est pareil.
00:33:10On a Marie-Antoinette décapitée.
00:33:12Bon, c'est l'histoire, c'est la Révolution française.
00:33:15Mais on se dit, la Révolution française,
00:33:17c'est par exemple l'abolition de l'esclavage.
00:33:19Bizarrement, pourquoi ne retenir que Marie-Antoinette décapitée ?
00:33:24Peut-être que l'abolition de l'esclavage,
00:33:26ça ne cadrait pas avec justement le discours
00:33:28que voulaient tenir les organisateurs d'une France
00:33:32réduite peut-être à ses heures les plus sombres.
00:33:34En tout cas, c'est dommage de ne retenir
00:33:36que la terreur de la Révolution française.
00:33:38Vous voyez, ça s'accumule.
00:33:40Ensuite, j'en oublie sans doute,
00:33:42il y a le couplet féministe.
00:33:44Là encore, pourquoi pas Simone Weil ?
00:33:47Ce sont des figures respectables
00:33:49et c'est bien de mettre les femmes en avant.
00:33:51Mais les grands hommes, par exemple, de l'histoire de France
00:33:53étaient totalement absents de cette cérémonie-là.
00:33:57Et enfin, ça se termine sur une orgie romaine
00:34:01avec femme à barbe.
00:34:02Et là, on ne sait plus très bien
00:34:04si on est à l'Eurovision
00:34:05ou si c'est la cérémonie d'ouverture.
00:34:07Déjà qu'à l'Eurovision, des fois,
00:34:08on a l'impression d'être à la Gay Pride, si vous voulez.
00:34:10Donc, il y a tout ça qui se mélange
00:34:12et ça finit par être agaçant, si vous voulez,
00:34:15parce qu'en réalité,
00:34:16l'écrasante majorité des Français
00:34:18trouve toutes les formes de sexualité respectables,
00:34:21toutes les formes d'amour respectables
00:34:23sont plutôt portées sur la tolérance.
00:34:26Mais quand ça devient systématique,
00:34:27ça devient une forme de catéchisme et de propagande.
00:34:29Et c'est là qu'on a une forme de paradoxe, si vous voulez,
00:34:32parce que ce qui était remarquable aussi,
00:34:35c'est que toutes les critiques, si vous voulez,
00:34:38de cette cérémonie
00:34:40étaient tout de suite renvoyées à l'extrême droite.
00:34:43On avait l'impression qu'on était un mauvais citoyen
00:34:45si on n'aimait pas cette cérémonie-là.
00:34:47On blasphémait, si vous voulez.
00:34:49Et j'ai trouvé ça paradoxal
00:34:50pour des gens qui, justement,
00:34:52se vantaient du droit au blasphème,
00:34:54d'être transgressives,
00:34:56de ne pas supporter la critique.
00:34:59Il y a cet aspect-là
00:35:01qui rend cette cérémonie politique,
00:35:03le côté manichéen systématique.
00:35:05Il y a aussi, je crois,
00:35:07quand on parlait tout à l'heure de tolérance,
00:35:09beaucoup ont dit, vous voyez,
00:35:10c'est un hymne à l'universalisme français.
00:35:12Et je crois que moi,
00:35:13ce qui m'a un peu agacé,
00:35:14c'est que pour moi,
00:35:15ce n'est pas de l'universalisme.
00:35:16L'universalisme, c'est justement le fait
00:35:18de penser que l'individu,
00:35:20il est avant tout ce qu'il fait
00:35:22et non ce qu'il est,
00:35:23son appartenance ethnique, religieuse,
00:35:26ses préférences sexuelles.
00:35:28Ce qui caractérise les individus, finalement,
00:35:30c'est leur capacité à faire des choses
00:35:32et peu importe leur identité sexuelle
00:35:35ou leur couleur de peau.
00:35:37Donc là, on n'était pas du tout,
00:35:38si vous voulez, dans l'universalisme.
00:35:40On était plutôt dans le catalogue La Redoute,
00:35:42si vous voulez,
00:35:43de toutes les lubies militantes du moment.
00:35:47C'est du communautarisme
00:35:48et pas de l'universalisme.
00:35:50Et c'est du militantisme,
00:35:52si vous voulez,
00:35:53plus que du réel humanisme.
00:35:55Et c'est pour ça que je crois que Thomas Joly,
00:35:57quand il dit qu'il voulait réconcilier,
00:36:00moi, je n'en suis pas sûr.
00:36:01Je crois qu'il a plutôt fragmenté.
00:36:03D'ailleurs, il a vendu un peu la mèche.
00:36:05Maintenant, il dit que ce n'est pas politique.
00:36:06Mais avant la cérémonie,
00:36:08il expliquait au monde
00:36:10que si jamais le ERN avait gagné,
00:36:13ça aurait été une cérémonie de résistance.
00:36:15Donc, on peut le soupçonner,
00:36:17même si la cérémonie a été pensée
00:36:19avant les élections,
00:36:21qu'il y avait une dimension militante.
00:36:23Et d'ailleurs, la scénariste de la cérémonie
00:36:26a expliqué que ce n'était pas une cérémonie,
00:36:29c'était une manif longue de six kilomètres.
00:36:32Est-ce que c'était vraiment le rôle
00:36:34de cette cérémonie, finalement,
00:36:36de faire du militantisme progressiste ?
00:36:38Je crois qu'on devait célébrer l'histoire de France
00:36:41et les valeurs sportives et olympiques.
00:36:45Et on n'a pas beaucoup vu tout ça.
00:36:47Et je pense que c'est ce qui a choqué
00:36:49légitimement une partie des téléspectateurs.
00:36:52Pour vous, à travers cette cérémonie,
00:36:54la gauche entendait mener un combat culturel.
00:36:56Qu'est-ce que vous entendez par cette expression
00:36:58de combat culturel ?
00:37:00Le combat culturel, c'est un concept
00:37:02qui a été forgé par Gramsci,
00:37:04un penseur communiste,
00:37:06qui expliquait que c'était au moment
00:37:09de la montée du fascisme en Italie
00:37:12et que le fascisme avait pris le pouvoir
00:37:14pas seulement en s'imposant sur le plan politique,
00:37:16mais en s'imposant également
00:37:18sur le plan métapolitique,
00:37:20c'est-à-dire en ayant ce qu'il appelait
00:37:22l'hégémonie culturelle sur le système médiatique,
00:37:25dans les écoles, dans les universités,
00:37:28sur les syndicats, dans le domaine de l'art
00:37:32et du spectacle,
00:37:34que c'était en fait un projet total.
00:37:36Et en fait, la gauche a bien retenu
00:37:38la leçon de Gramsci,
00:37:40ce qui n'était pas idiot,
00:37:42c'est-à-dire qu'elle mène systématiquement
00:37:44le combat politique,
00:37:46toutes les occasions sont bonnes,
00:37:48et là, on l'a vu, d'une certaine manière,
00:37:50ils ont instrumentalisé la cérémonie d'ouverture
00:37:52pour faire passer un certain nombre de messages,
00:37:54et c'est quelque chose qu'ils font systématiquement,
00:37:56parce qu'aujourd'hui, on dit beaucoup
00:37:58que la droite a gagné le combat culturel,
00:38:00tout ça parce que ces news existent,
00:38:02mais ce n'est pas vrai, en réalité,
00:38:04la gauche reste dominante dans la plupart des médias,
00:38:06il reste quand même France Télévisions
00:38:08et bien d'autres chaînes,
00:38:10mais pas seulement,
00:38:12on parlait des syndicats,
00:38:14dans les écoles, dans les universités,
00:38:16dans le monde de l'entreprise aussi,
00:38:18elle a une influence,
00:38:20donc là, on était vraiment
00:38:22dans cette démonstration Gramscienne-là,
00:38:24c'est-à-dire qu'on prend
00:38:26la cérémonie d'ouverture des JO
00:38:28en mondialisation, et on en profite
00:38:30pour mener le combat
00:38:32contre ce qu'on appelle l'extrême droite,
00:38:34et pour faire passer un certain nombre
00:38:36de messages dits progressistes,
00:38:38et en fait, en réalité, extrêmement militants.
00:38:40Est-ce que vous auriez jusqu'à parler
00:38:42de la guerre culturelle, et qu'est-ce que ça veut dire
00:38:44que cette guerre culturelle, ce concept ?
00:38:46Oui, c'est intéressant,
00:38:48c'est un concept dont on parle
00:38:50de plus en plus aujourd'hui,
00:38:52c'est un concept qu'on a forgé
00:38:54aux Etats-Unis,
00:38:56au début des années 60, on a commencé
00:38:58à en parler, justement,
00:39:00après mai 68,
00:39:02mais ça devient vraiment
00:39:04un concept qui passe
00:39:06dans le langage des politologues.
00:39:08Dans les années 90,
00:39:10Pat Buchanan, un intellectuel
00:39:12américain, qui fait
00:39:14justement un discours accusant
00:39:16la gauche de mener une guerre culturelle,
00:39:18c'est au moment où Clinton
00:39:20est élu, et reproche justement
00:39:22à la gauche, peut-être, d'abandonner le combat
00:39:24social, qui était son terrain
00:39:26traditionnel,
00:39:28on se disputait, si vous voulez,
00:39:30entre la droite et la gauche, pour savoir
00:39:32ce qu'on devait faire économiquement,
00:39:34politiquement, et là, il dit
00:39:36finalement, la gauche, comme elle n'a plus
00:39:38tellement de projet économique,
00:39:40le projet pour les classes populaires,
00:39:42elle mène le combat
00:39:44sur le plan culturel, la question
00:39:46des minorités,
00:39:48les questions sociétales,
00:39:50et c'est vrai que l'Amérique
00:39:52n'en est pas sortie. Aujourd'hui, on voit que c'est une société
00:39:54extrêmement polarisée,
00:39:56avec, d'un côté,
00:39:58une gauche woke,
00:40:00extrêmement agressive, et de l'autre côté, c'est vrai,
00:40:02aussi, une droite Trumpist,
00:40:04qui est extrêmement radicale,
00:40:06et je pense que cette radicalité,
00:40:08là, elle existe,
00:40:10aussi, parce que, justement, quand on mène la guerre
00:40:12culturelle, on n'est plus, justement, dans un simple
00:40:14combat politique, pour savoir
00:40:16ce qu'on doit faire, si vous voulez,
00:40:18la question est de savoir
00:40:20qui l'on est, en fait,
00:40:22quelle Amérique on veut,
00:40:24et on voit bien qu'il y a deux visions
00:40:26extrêmement antagonistes de l'Amérique,
00:40:28et c'est vrai que c'est quelque chose qu'aujourd'hui,
00:40:30on retrouve, je trouve, en France,
00:40:32qui est un peu inquiétant,
00:40:34parce qu'il y a deux conceptions, quasiment, de la France
00:40:36différentes, une conception progressiste,
00:40:38finalement, qui a été résumée
00:40:40par Emmanuel Macron, lors de sa première campagne,
00:40:42lorsqu'il explique qu'il n'y a pas de culture française.
00:40:44Donc, c'est l'idée qu'il n'y a pas
00:40:46d'héritage culturel, il n'y a pas d'héritage
00:40:48historique, la France est une page
00:40:50blanche, toutes les cultures
00:40:52peuvent y venir,
00:40:54en fait, on est un patchwork
00:40:56de toutes les cultures
00:40:58du monde, et en face, il y a une droite
00:41:00qui s'assume de plus en plus
00:41:02comme telle, il fut un temps où elle ne voulait pas
00:41:04du tout mener le combat culturel, et qui dit, non,
00:41:06justement, la France, ce n'est pas seulement ça,
00:41:08c'est aussi
00:41:10une histoire, une culture, qu'on
00:41:12peut partager avec des
00:41:14nouveaux venus, mais dont on est fiers,
00:41:16et qu'on aimerait perpétuer
00:41:18d'une manière ou d'une autre.
00:41:20Et donc, ça crée une société
00:41:22aussi beaucoup plus polarisée en France,
00:41:24et moi, je crois qu'il faut trouver
00:41:26un équilibre. En réalité,
00:41:28une société, elle n'est jamais complètement
00:41:30figée dans l'histoire, c'est vrai qu'elle peut s'enrichir
00:41:32de nouveaux apports,
00:41:34mais je crois que même pour accueillir de nouveaux
00:41:36venus, il faut leur transmettre,
00:41:38si vous voulez, un certain nombre
00:41:40de choses, une société, pour qu'elle avance,
00:41:42il faut qu'elle
00:41:44ait conscience d'elle-même, de son histoire,
00:41:46c'est un peu comme l'école, d'ailleurs, le débat
00:41:48qui oppose les pédagogistes et ceux qui ont une vision
00:41:50plus traditionnaliste de l'école, les pédagogistes
00:41:52disent, finalement, il ne faut plus rien transmettre
00:41:54aux enfants, le savoir vient
00:41:56de leur expérience,
00:41:58il y a ceux qui disent, non, il y a un savoir qu'il faut transmettre
00:42:00et après, les enfants
00:42:02forgent leur propre esprit critique
00:42:04et je crois que le paradoxe
00:42:06de cette cérémonie, et ce qui était intéressant aussi,
00:42:08c'est que si les organisateurs,
00:42:10ceux qui l'ont pensé, étaient dans une
00:42:12logique visiblement de la table rase,
00:42:14de ne pas aimer beaucoup l'histoire
00:42:16de France, de
00:42:18vouloir faire une cérémonie
00:42:20un peu woke, j'utilise le mot,
00:42:22même s'il est presque galvaudé, mais en tout cas
00:42:24quelque chose à l'américaine,
00:42:26célébrant la diversité,
00:42:28toutes les minorités,
00:42:30finalement, ils ont, malgré eux,
00:42:32montré
00:42:34que l'histoire était importante
00:42:36parce que, revenons au début,
00:42:38ils ont voulu organiser cette
00:42:40cérémonie sur la Seine. D'ailleurs,
00:42:42beaucoup disaient, en termes de sécurité,
00:42:44c'est pas forcément la
00:42:46meilleure chose à faire. Pourquoi sur la Seine ?
00:42:48C'est l'essayiste Fergan Azeri
00:42:50qui a très bien montré ça, parce que
00:42:52autour de la Seine, il y a tous les plus beaux monuments
00:42:54je crois
00:42:56de France. Vous avez la
00:42:58Tour Eiffel, mais vous avez, on l'a dit,
00:43:00la Conciergerie, le Pont des Invalides,
00:43:02le Louvre, qui n'est pas très
00:43:04loin. Et je crois que ce qui a été fort dans cette cérémonie
00:43:06d'ouverture et qui a fait oublier un peu
00:43:08les outrances, c'est justement
00:43:10qu'il y avait ce cadre magnifique
00:43:12de Paris. Et donc, malgré
00:43:14eux, ils ont célébré
00:43:16la tradition.
00:43:18Donc, ces woke qui
00:43:20voulaient faire table rase, finalement, sont un peu
00:43:22eux aussi des réactionnaires qui signent.
00:43:24Merci Alexandre Devecchio.
00:43:26Un mot à chacun là-dessus. C'est vrai que Régis Le Sommier,
00:43:28évidemment, cette cérémonie d'ouverture, elle a fait aussi
00:43:30beaucoup réagir à l'international.
00:43:32Elle a fait réagir à l'international.
00:43:34On oublie parfois que
00:43:36certaines choses auxquelles nous
00:43:38on s'est habitués, qu'on partage
00:43:40pas forcément, mais qu'on peut accepter,
00:43:42sont absolument
00:43:44inacceptables pour une partie
00:43:46du monde. Et que là,
00:43:48étant vu par un milliard d'individus
00:43:50à travers la télé,
00:43:52étant censé rassembler le monde
00:43:54entier autour de l'olympisme,
00:43:56ce dont
00:43:58on nous accuse régulièrement,
00:44:00notamment, on va dire, les régimes
00:44:02illibéraux, pour reprendre Emmanuel Macron,
00:44:04eh bien, finalement,
00:44:06ils en ont la démonstration.
00:44:08Regardez ce que font les Français, regardez
00:44:10ce qu'ils présentent. Ils se moquent des chrétiens,
00:44:12etc. D'ailleurs, j'ai trouvé ça intéressant.
00:44:14Je me suis retrouvé d'accord
00:44:16avec Jean-Luc Mélenchon
00:44:18dans son analyse, où il explique
00:44:20justement sur l'histoire de Marie-Antoinette,
00:44:22mais en disant, pourquoi elle ?
00:44:24Moi, j'irais même plus loin, parce que
00:44:26quand on connaît son histoire
00:44:28réellement, parce que la question aussi du
00:44:30hawkisme, c'est qu'il y a une approche idéologique
00:44:32qui fait fille, d'ailleurs, de subtilités
00:44:34historiques. Marie-Antoinette a été
00:44:36décapitée à la conciergerie,
00:44:38ayant subi des sévices
00:44:40de la part de
00:44:42types hargneux pendant des semaines
00:44:44avec son enfant.
00:44:46C'est d'ailleurs très bien raconté
00:44:48dans un livre de Stéphane Zweig,
00:44:50que je recommande, et
00:44:52en fait, on se dit, pourquoi on n'aurait pas
00:44:54mis finalement les femmes tondues de la libération
00:44:56aussi ? C'est des types hargneux
00:44:58qui s'acharnent sur une femme.
00:45:00Est-ce que c'est les valeurs que ces gens
00:45:02sont censés défendre ? Parce qu'ils parlent de féminisme,
00:45:04d'émancipation. Là, ils montrent
00:45:06une reine de France humiliée
00:45:08quelque part, à l'endroit où elle a subi
00:45:10le supplice. C'est là où c'est vraiment
00:45:12problématique. Ensuite, sur l'histoire de la Seine,
00:45:14la meilleure démonstration
00:45:16que tout ça, c'est du foutage de gueule,
00:45:18c'est le tweet de France 2
00:45:20qui dit, une Seine
00:45:22c'est légendaire.
00:45:24Ce tweet a disparu.
00:45:26Et puis, pour vous répondre
00:45:28sur la question de l'étranger,
00:45:30on en a quand même un peu honte de cette cérémonie
00:45:32puisqu'elle n'est plus accessible sur le
00:45:34site du comité international
00:45:36olympique, qu'on sait aujourd'hui
00:45:38que 59 pays en ont
00:45:40coupé des bouilles.
00:45:42Ça, c'est quand même des choses qui montrent
00:45:44qu'on n'a pas
00:45:46fait de bien, à mon sens,
00:45:48même si elle était
00:45:50sur bien des aspects extrêmement
00:45:52extraordinaires, sur ces monuments,
00:45:54sur une certaine scénographie,
00:45:56quelque part, on avait presque
00:45:58l'impression que Lady Gaga était réactionnaire.
00:46:00Elle ne transgressait
00:46:02pas grand-chose, Lady Gaga.
00:46:04Mais en vérité, personne ne transgressait
00:46:06grand-chose, c'est ça aussi.
00:46:08La Seine, ça a été fait des milliers de fois.
00:46:10Et en réalité, ça pouvait être subversif
00:46:12à une époque où la religion catholique
00:46:14avait du pouvoir. Aujourd'hui,
00:46:16ce qui aurait été courageux,
00:46:18peut-être un peu bête aussi, mais ce serait
00:46:20d'attaquer Mahomet. Là, on prend des risques,
00:46:22on est réellement subversif. Là, si vous
00:46:24voulez, ce n'était pas le cas.
00:46:26Et du reste, certains ont dit
00:46:28« Oui, il y a droit au blasphème, vous êtes Charlie, justement,
00:46:30quand il s'agit d'attaquer Mahomet, mais vous
00:46:32ne supportez pas les critiques de la religion catholique. »
00:46:34Je pense que la religion catholique s'en remettra
00:46:36et on peut les supporter, mais
00:46:38dans un journal satirique, se moquer de Mahomet
00:46:40ou de Jésus, c'est le rôle du journal
00:46:42satirique. Là, c'était une cérémonie d'ouverture
00:46:44en mondiovision. Est-ce que ça avait
00:46:46un rapport avec l'Olympisme
00:46:48et avec l'histoire de France ?
00:46:50On va changer de sujet, on va parler refus d'obtempérer
00:46:52avec vous, Pierre-Marie Sèvres, puisqu'il y en a
00:46:54eu un ce week-end à Perpignan, il me semble.
00:46:56Oui, exactement.
00:46:58C'était ce dimanche. Alors, ce dimanche,
00:47:00un jeune homme circule en voiture dans
00:47:02Perpignan. D'après le récit du procureur de la République,
00:47:04il n'a pas de permis, pas d'assurance,
00:47:06pas de ceinture de sécurité.
00:47:08Alors, il est repéré dans la vieille ville de Perpignan
00:47:10et un véhicule de police lui ordonne de s'arrêter,
00:47:12ce qu'il ne fait pas. Le jeune homme refuse,
00:47:14il accélère même, il grille un feu rouge,
00:47:16puis un autre, il manque de percuter des passants.
00:47:18La vitesse ne lui fait vraisemblablement
00:47:20pas peur, en témoignera d'ailleurs son casier
00:47:22judiciaire qui est absolument rempli d'infractions
00:47:24de la route, comme l'a dit le procureur de la République.
00:47:26Mais joué avec le feu, on se brûle,
00:47:28parfois tragiquement. Quelques minutes plus tard,
00:47:30le chauffard rate un virage, son véhicule
00:47:32s'encastre dans une camionnette stationnée
00:47:34au bord d'une avenue. Le conducteur est mort
00:47:36sur le coup, il avait 30 ans.
00:47:38Sous la violence du choc, la camionnette a même été
00:47:40projetée au milieu de la chaussée.
00:47:42Heureusement, celle-ci était inoccupée
00:47:44et son propriétaire ne s'ajoute pas à la liste des victimes.
00:47:46Mais ce n'est pas toujours le cas. Parfois,
00:47:48les victimes, ce ne sont pas les conducteurs,
00:47:50mais des simples passants. A Clamart, par exemple,
00:47:52dans la nuit du 6 au 7 juin, un chauffard
00:47:54de 14 ans conduit une voiture volée.
00:47:56Le chauffard n'a évidemment pas de permis, il a 14 ans.
00:47:58Il est même sous contrôle judiciaire,
00:48:00c'est-à-dire qu'il est laissé libre en attendant
00:48:02un autre procès. Décidément, il n'en finit pas.
00:48:04Alors qu'une voiture volée reconnaît...
00:48:06Alors qu'une voiture de police reconnaît la voiture
00:48:08volée, une courte poursuite s'engage.
00:48:10Le chauffard de 14 ans perd le contrôle de son véhicule
00:48:12dans une ligne droite. Il percute de face,
00:48:14de plein fouet, une autre voiture.
00:48:16Le chauffard s'en sort avec un bras cassé.
00:48:18L'autre voiture, c'était un homme de 34 ans
00:48:20qui a été percuté, qui est mort
00:48:22sur le coup.
00:48:24Les refus d'obtempérer, c'est un fléau, évidemment,
00:48:26par ce genre de drame que je viens de vous raconter là,
00:48:28qui arrive toutes les semaines,
00:48:30que ce soit d'ailleurs les chauffards ou les passants
00:48:32innocents, ça reste toujours dramatique,
00:48:34mais les refus d'obtempérer portent aussi en eux
00:48:36autre chose, à mon avis. Quelque chose d'aussi
00:48:38grave, c'est qu'ils grignotent progressivement
00:48:40l'autorité de la police, de la justice,
00:48:42de l'État, et in fine, même,
00:48:44ils participent à faire de la société française
00:48:46cette société tendue et si inflammable
00:48:48qu'on connaît.
00:48:50Pour procéder dans l'ordre, je vais d'abord vous dire ce que c'est
00:48:52qu'un refus d'obtempérer. Un refus d'obtempérer, c'est le fait
00:48:54pour un conducteur de ne pas obéir à la sommation
00:48:56d'un policier ou d'un gendarme qui est clairement
00:48:58identifié en tant que policier ou gendarme. Donc les policiers
00:49:00et les gendarmes doivent vérifier, oui, la personne a bien
00:49:02compris que j'étais policier
00:49:04ou gendarme. Donc c'est en soi une infraction, c'est
00:49:06un délit qui peut vous coûter jusqu'à deux ans de prison
00:49:08si vous le commettez, voire cinq en
00:49:10cas de mise en danger de la vie d'autrui, voire sept
00:49:12si vous mettez en danger un
00:49:14policier ou un gendarme. Ce qui arrive régulièrement
00:49:16en témoignent les deux affaires dont je viens de vous parler.
00:49:18Alors effectivement, les deux affaires dont vous venez de parler
00:49:20sont dramatiques, mais est-ce que ce sont des phénomènes
00:49:22plutôt isolés ou est-ce que c'est
00:49:24vraiment un problème de fond ? Alors vous avez raison
00:49:26de me poser la question. Les accidents, les erreurs,
00:49:28ça arrive, il n'y a pas toujours de leçons à en tirer
00:49:30à un niveau global. Mais lorsque ces
00:49:32incidents et ces erreurs ont une tendance à se répéter, alors
00:49:34il peut y avoir un vrai sujet, un sujet à comprendre
00:49:36et à traiter. Et lorsque des vies
00:49:38sont en jeu, comme c'est le cas en l'occurrence, il n'y a pas
00:49:40une minute à perdre à faire ces deux opérations.
00:49:42Alors en matière de statistiques, nous avons
00:49:44la chance pour les refus d'obtempérer d'y voir assez clair.
00:49:46En 1993, a été instauré
00:49:48le permis à point en France, et
00:49:50dans le même temps, on a créé ce qu'on a appelé l'Observatoire
00:49:52National Interministériel de la Sécurité
00:49:54routière. Donc cet observatoire,
00:49:56il ressent chaque année le nombre de délits routiers
00:49:58et notamment les refus d'obtempérer.
00:50:00En 1993, cet observatoire
00:50:02a relevé un nombre assez important
00:50:04de 1099 refus
00:50:06d'obtempérer, c'est-à-dire 3 par jour.
00:50:08Ça me paraît assez important.
00:50:10Mais cet observatoire dit qu'en 2022,
00:50:12on n'est plus à 1000, on est à
00:50:1425 000 refus d'obtempérer simples
00:50:16et 4400 refus d'obtempérer
00:50:18graves. Ce qui veut dire
00:50:20qu'ils mettent en danger la vie d'autrui.
00:50:22Donc en 30 ans, on est passé de 1000 refus d'obtempérer
00:50:24par année à 30 000.
00:50:26Multiplication par 30.
00:50:28Comment est-ce qu'on peut expliquer une hausse si importante ?
00:50:30C'est ça qui est vraiment important, qui est vraiment intéressant.
00:50:32Il y a un élément d'explication que je peux vous donner,
00:50:34c'est la peur des émeutes.
00:50:36Je vais vous dire pourquoi. Parce qu'il y a une note
00:50:38de la Direction Nationale de la Sécurité
00:50:40Publique, qui est la note 89,
00:50:42qui
00:50:44demande aux policiers
00:50:46de ne pas poursuivre les véhicules,
00:50:48sauf en cas de fait de grande gravité.
00:50:50Pour éviter les émeutes. Il y avait le syndicat Alliance
00:50:52Police Nationale qui avait révélé le contenu
00:50:54d'un échange entre un policier
00:50:56et sa salle de commandement, une conversation
00:50:58authentique, qui est toujours disponible sur Internet.
00:51:00Je vais vous la lire, tout simplement.
00:51:02À chaque fois qu'un policier
00:51:04est en voiture, en patrouille,
00:51:06il tient en courant sa salle de commandement,
00:51:08ses officiers, de ce qui se passe.
00:51:10L'opératrice de la salle de commandement annonce
00:51:12qu'il a une voiture volée en face de lui, qu'il engage la poursuite.
00:51:14L'opératrice se dit, vu la note 89,
00:51:16je vais vous demander de cesser le suivi du véhicule.
00:51:18Elle marque un petit temps.
00:51:20Pour la note 89, vous cessez de suivre.
00:51:22Est-ce que vous pouvez accuser réception ?
00:51:24Et le policier répond, laconiquement,
00:51:26oui j'accuse réception, c'est magnifique cette note,
00:51:28avec une petite note d'amertume
00:51:30qui est difficile de ne pas voir.
00:51:32Cette note a un but clair, c'est d'éviter les émeutes.
00:51:34Mais ce but-là n'est atteint
00:51:36qu'à court terme. Parce que l'effet,
00:51:38en réalité, il est tout autre. Si la police
00:51:40a interdiction de poursuivre les véhicules volés
00:51:42ou des délits de faible gravité,
00:51:44alors les délinquants se sentent complètement impunis,
00:51:46ils se sentent complètement intouchables
00:51:48et ils persistent dans leur méfait.
00:51:50Auréolée désormais d'une confiance bien délétère
00:51:52et pousse au crime.
00:51:54Mais le refus d'obtempérer, c'est aussi plus que ça.
00:51:56C'est aussi un symptôme d'un phénomène de fond,
00:51:58c'est le rejet de l'autorité, la haine de la police,
00:52:00on en parle régulièrement, c'est gravissime.
00:52:02Et ce phénomène de fond est lui-même la conséquence,
00:52:04à mon avis, d'un déclin généralisé
00:52:06d'une société française qui ne sait plus punir,
00:52:08car de toute façon elle ne sait plus ce qu'elle veut,
00:52:10elle ne sait plus où elle va,
00:52:12elle ne sait plus ce en quoi elle croit.
00:52:14Sinon, si on n'était pas dans ce déclin généralisé,
00:52:16comment est-ce qu'on pourrait concevoir qu'une phrase
00:52:18comme celle qu'a lancée la maire de Naël il y a quelques semaines,
00:52:20vous vous en souvenez, c'était à savoir
00:52:22des refus d'obtempérer, qui n'en a pas fait ?
00:52:24Qui n'a jamais conduit sans permis ?
00:52:26Comment est-ce qu'on pourrait entendre ce genre de phrases
00:52:28si on n'était pas dans ce déclin généralisé ?
00:52:30Et dans ce tableau bien nord, est-ce que vous voyez une solution,
00:52:32une porte de sortie peut-être ?
00:52:34Alors je vous ai fait descendre dans la cabine d'un véhicule de police
00:52:36et je vous propose de descendre ou de monter,
00:52:38c'est selon la chaîne pénale jusqu'à la justice.
00:52:40Alors la justice, vous savez, c'est cette institution,
00:52:42c'est toujours bon de le rappeler, neutre et impartiale,
00:52:44en tout cas en principe, qui agit comme mécanisme régulateur
00:52:46de tous les comportements en société.
00:52:48Si un comportement qui était précédemment incriminé
00:52:50et rejeté par la société ne pose aujourd'hui plus problème,
00:52:52alors la justice va tout simplement
00:52:54le punir de moins en moins sévèrement
00:52:56jusqu'à même cesser peut-être de le poursuivre.
00:52:58Je vous donne un exemple qui reste en actualité, le délit de Blasphème.
00:53:00Il était l'aboli en France en 1881.
00:53:02Mais à l'époque, l'Alsace-Moselle
00:53:04ne faisait pas partie de la France.
00:53:06Et alors quand on l'a récupéré,
00:53:08le droit local d'Alsace-Moselle a continué à s'appliquer en partie.
00:53:10Et donc le délit de Blasphème
00:53:12continuait à exister en Alsace-Moselle.
00:53:14Il était devenu complètement désuet.
00:53:16Le délit de Blasphème n'a pas donné lieu
00:53:18à la moindre condamnation depuis des décennies
00:53:20et on l'a même supprimé il y a quelques années, enfin en 2017.
00:53:22Donc voilà, ça c'est un comportement,
00:53:24c'est l'exemple d'une justice
00:53:26qui est de plus en plus douce,
00:53:28qui adoucit un comportement et qui accepte
00:53:30un comportement, elle le permet.
00:53:32Et à l'inverse, quand un comportement pose de plus en plus de problèmes,
00:53:34la justice, accompagnée normalement par son ministre
00:53:36et par la loi, aggrave sa répression
00:53:38pour y mettre un fin, pour y mettre fin.
00:53:40C'est pas plus compliqué que ça le rôle de régulateur de la justice.
00:53:42Alors qu'est-ce que fait la justice pour le refus d'obtempérer ?
00:53:44Donc comme je vous l'ai dit,
00:53:46le refus d'obtempérer, c'est un délit.
00:53:48Dans le code pénal, il est puni de deux ans de prison,
00:53:50voire cinq, voire sept.
00:53:52Mais le grand problème de notre justice, c'est non pas la lettre
00:53:54de nos textes, c'est-à-dire ce qui est écrit dans le code pénal,
00:53:56mais c'est son application.
00:53:58On pourrait avoir
00:54:00quelques griefs contre le code pénal, à savoir notamment
00:54:02qu'il n'y ait pas de peine minimum. Mais enfin c'est un autre sujet.
00:54:04Là, en l'occurrence, l'application de cet article,
00:54:06qu'est-ce qu'il donne ? Alors je vous donne un autre
00:54:08exemple. En mai 2023, à Nantes,
00:54:10vous avez entendu parler de cette affaire.
00:54:12C'est un adolescent de 16 ans qui circulait à bord d'une voiture
00:54:14volée, là encore. Il a arrêté
00:54:16un barrage de police et il prend la décision
00:54:18grave, délictuelle, c'est un délit,
00:54:20de forcer ce barrage.
00:54:22Et au cours du forçage de ce barrage,
00:54:24il va traîner un policier sur une vingtaine
00:54:26de mètres. Alors ce policier, la tête de ce
00:54:28policier a violemment heurté le sol, il a eu
00:54:30un grave traumatisme crânien, etc.
00:54:32Cinq mois plus tard, le jeune chauffard a été
00:54:34condamné par la justice. Il a été condamné à quoi ?
00:54:3635 heures de travaux d'intérêt général.
00:54:38Voilà, et je vous reviens tout de suite.
00:54:40C'est pas un cas isolé ce que je vous dis là.
00:54:42Je vais même vous parler de statistiques.
00:54:44Statistiquement, j'ai été voir les statistiques
00:54:46du casier judiciaire qui nous permettent de voir
00:54:48quel est le
00:54:50degré de sanction judiciaire.
00:54:52Alors quand un refus de tempérer
00:54:54parvient jusqu'à un tribunal, ce qui est d'ailleurs pas
00:54:56si fréquent, il y a de peine de prison que dans
00:54:5844% des cas. Donc moins la moindre...
00:55:00Si vous arrivez au tribunal,
00:55:02c'est que c'était suffisamment grave pour aller au tribunal,
00:55:04et dans seulement 44% des cas,
00:55:06vous allez avoir une
00:55:08peine de prison. Et encore,
00:55:10sur ce 44%, vous avez
00:55:12une peine sur deux qui est une peine avec sursis.
00:55:14Et donc sur les
00:55:16peines de prison fermes qui restent, qui ne sont plus que 23%
00:55:18du total, vous avez 84%
00:55:20de ces peines qui sont inférieures
00:55:22à un an, ce qui veut dire qu'elles sont automatiquement
00:55:24aménageables, ce qui veut dire que vous n'allez pas
00:55:26en prison. Et donc quand vous faites un petit calcul grossier,
00:55:28ce que j'ai fait, quand vous faites un refus
00:55:30d'obtempérer et que vous êtes envoyé au tribunal,
00:55:32ce que je répète n'est pas chose aisée,
00:55:34vous n'avez qu'une chance sur 30 d'aller en prison.
00:55:36Donc vous le voyez, pour être sanctionné
00:55:38après un refus d'obtempérer, il faut vraiment le vouloir.
00:55:40Le vouloir, c'est pas ce qu'a voulu Tristan,
00:55:42il était un jeune homme de 30 ans qui rentrait
00:55:44seul de soirée dans Paris le 3 septembre dernier,
00:55:46il n'a rien voulu du tout, lui. Il a été percuté
00:55:48de plein fouet par un véhicule qui tentait d'échapper
00:55:50à la police, son corps a été projeté sur
00:55:52plusieurs mètres, malgré les secours, il n'a pas pu être
00:55:54réanimé. Tristan était informaticien,
00:55:56Tristan avait la vie devant lui,
00:55:58Tristan ne doit pas être mort pour rien.
00:56:00La justice doit donc sévir en amont
00:56:02contre les délinquants qui se transforment bien souvent
00:56:04en chauffards dès l'heure qu'ils en ont le besoin,
00:56:06parce qu'un délinquant c'est polymorphe,
00:56:08ça commet tous les crimes et les délits,
00:56:10et en aval, contre des chauffards
00:56:12qui mettent leur vie en danger, mais aussi celle
00:56:14de ceux qui n'ont rien demandé, comme d'habitude, celle des victimes.
00:56:16Merci beaucoup Pierre-Marie Sèvres,
00:56:18et merci pour tous les chiffres aussi bien précis
00:56:20qui aident à comprendre précisément
00:56:22à quoi on parle. On va terminer avec vous, Philippe-David.
00:56:24Pour conclure, vous avez décidé de nous parler
00:56:26ce soir d'un serpent de mer.
00:56:28Oui Elodie, et vu la taille du serpent, on pourrait même
00:56:30plutôt l'appeler le monstre du Loch Ness,
00:56:32puisqu'il s'agit de la grande réforme
00:56:34fiscale qui a été évoquée hier par
00:56:36Lucie Castex, qui semble croire
00:56:38encore, à moins qu'elle fasse semblant,
00:56:40qu'Emmanuel Macron va la nommer Première Ministre.
00:56:42Mais ce n'est pas sur les propositions
00:56:44fiscales du nouveau Front Populaire que je veux revenir,
00:56:46mais sur le grand coup de bambou
00:56:48fiscal, parce que c'est comme ça qu'il faut l'appeler,
00:56:50auquel on peut se préparer après les Jeux Olympiques.
00:56:52Visiblement, vous n'avez pas de bonnes nouvelles
00:56:54pour nous ce soir, Philippe. Non, elles sont même carrément
00:56:56mauvaises, puisqu'il faut trouver 20 milliards
00:56:58qu'il faut aller chercher où ?
00:57:00Eh bien évidemment, dans nos poches. La question
00:57:02qui se pose est dans quelles poches va-t-on aller
00:57:04les chercher ? Mais vaste programme. Oui,
00:57:06vaste programme, Elodie, car la France cumule
00:57:08le plus fort taux de prélèvement obligatoire
00:57:10et la plus forte dépense publique,
00:57:12tout en ayant des comptes dans le rouge
00:57:14depuis 50 ans, en effet, le dernier
00:57:16budget en équilibre de la France s'était
00:57:18en 1974. Et malgré
00:57:20des impôts plus élevés que dans tous
00:57:22les grands pays, les caisses de l'État sont
00:57:24vides, ce qui pose une question incontournable,
00:57:26où va l'argent ?
00:57:28Une question qui s'impose quand on voit l'état de
00:57:30notre école, qui est totalement
00:57:32désastreux, il suffit de regarder les classements
00:57:34PISA et TIMSS, ou encore la police,
00:57:36la justice, ou évidemment
00:57:38l'armée, qui sont à l'os et qui fonctionnent
00:57:40avec des bouts de chandelle. Et malgré tous
00:57:42ces impôts, donc, rien ne marche dans
00:57:44le régalien. Mais quels impôts pourrait-on
00:57:46augmenter sans que ça grogne trop dans les
00:57:48chaumières ? Vaste programme, là, justement.
00:57:50De nouveau. Difficile d'augmenter
00:57:52l'impôt sur le revenu, puisque moins de la moitié
00:57:54des foyers français le payent.
00:57:56L'augmenter augmenterait encore la
00:57:58fracture entre ceux qui payent et ceux qui ne payent pas,
00:58:00sauf à augmenter drastiquement
00:58:02le nombre de ceux qui le payent, c'est-à-dire
00:58:04à peu près les 57% qui ne le payent
00:58:06pas. Mais ça aurait un effet
00:58:08pervers de faire des
00:58:10mécontents partout, entre ceux qui ne le
00:58:12payaient pas et qui vont devoir le payer, et
00:58:14ceux qui le payent et qui vont le voir augmenter.
00:58:16Alors, dans ce domaine, l'impôt le plus juste
00:58:18est, à mon avis, mais on n'est pas très nombreux
00:58:20à penser ça, la TVA, puisque
00:58:22tout le monde paye. Mais on vous rétorquera que
00:58:24la personne au RSA paye la même TVA
00:58:26sur une baguette de pain que le multimillionnaire.
00:58:28Soit, mais quand le riche achète
00:58:30une très grosse voiture ou une très belle maison,
00:58:32il paye de très grosses taxes qui rentrent
00:58:34dans les caisses de l'État. Une telle mesure
00:58:36mécontenterait donc tout le monde. Cependant,
00:58:38vu l'état des finances publiques, à mon avis,
00:58:40une hausse de la TVA à 26
00:58:42sur les produits manufacturés peut être
00:58:44envisagée, même si le gros
00:58:46FR pervers qu'elle aurait, et qu'elle risquerait
00:58:48d'impacter la consommation, la consommation
00:58:50qui est, malheureusement, je dis bien
00:58:52malheureusement, parce que c'est la preuve que le pays
00:58:54ne va pas très bien, vu le déficit commercial,
00:58:56le principal vecteur d'une croissance
00:58:58déjà faible. – Alors, est-ce qu'il faut taxer les riches,
00:59:00Philippe ? – Alors, taxer les riches, c'est un
00:59:02slogan qui ne mange pas de pain. Dans un
00:59:04pays où l'égalitarisme et la jalousie
00:59:06de ceux qui réussissent sont deux sports
00:59:08nationaux dans lesquels nous cumulerions
00:59:10les trois marches du podium s'ils étaient
00:59:12des disciplines olympiques.
00:59:14Cependant, rappelons une réalité économique.
00:59:16Quand on dit d'une personne qu'elle a une fortune
00:59:18de 1 milliard, ça ne signifie pas
00:59:20qu'elle a 1 milliard sur son compte en banque.
00:59:22Ça signifie que l'ensemble
00:59:24de ses actifs représente
00:59:261 milliard. Donc, si on
00:59:28la taxe très fortement, elle va
00:59:30devoir vendre des actifs pour payer ses impôts,
00:59:32il ne faudra alors pas se plaindre
00:59:34de voir encore des pans entiers
00:59:36de notre économie passer dans des mains
00:59:38étrangères. Ou alors, qu'est-ce qu'elle
00:59:40fait ? Elle va réduire massivement la voilure
00:59:42en France pour aller produire et payer
00:59:44ses impôts à l'étranger. Une mesure
00:59:46totalement contre-productive, tant
00:59:48en termes d'emploi que d'impôts et de cotisations
00:59:50sociales perçues. Bref, un
00:59:52slogan populiste au vrai sens du terme.
00:59:54– Alors, effectivement, ça semble compliqué pour les
00:59:56particuliers, mais qu'en étaient-ils des entreprises ?
00:59:58– Alors, même chose pour les entreprises françaises,
01:00:00puisqu'elles sont parmi les plus taxées du monde
01:00:02avec un des coûts du travail les plus élevés du monde.
01:00:04Ce qui pénalise grandement leur compétitivité.
01:00:06Depuis des années,
01:00:08on a décidé par la politique de l'offre
01:00:10de faire un choc de productivité,
01:00:12de compétitivité, le but étant
01:00:14de réindustrialiser la France.
01:00:16Je rappelle qu'aujourd'hui, l'industrie représente
01:00:189% de notre PIB, c'est-à-dire
01:00:20le niveau de la Grèce, un pays qui,
01:00:22je le rappelle, a fait faillite. Taxer
01:00:24les entreprises aurait pour effet pervers de les rendre
01:00:26encore moins compétitives dans une
01:00:28économie mondialisée, donc de détruire
01:00:30des emplois et de diminuer mécaniquement
01:00:32les rentrées sociales. Enfin,
01:00:34c'est la dernière possibilité que certains évoquent
01:00:36ces derniers temps, taper dans les
01:00:386 000 milliards d'euros d'épargne
01:00:40des Français pour rembourser
01:00:42une partie de la dette et donc redonner confiance
01:00:44à ceux qui nous prêtent, mais je pense
01:00:46qu'après avoir vu la scène de Marie-Antoinette
01:00:48lors de la dernière
01:00:50cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques,
01:00:52cela peut peut-être les pousser à y réfléchir
01:00:54à deux fois. – Mais alors, quelle solution, Philippe ?
01:00:56– Alors, la solution de facilité sera d'augmenter les impôts
01:00:58avec toutes les conséquences désastreuses que je viens d'évoquer.
01:01:00Il va donc falloir regarder
01:01:02de très près la dépense publique
01:01:04sans le moindre tabou, y compris
01:01:06les dépenses sociales, mais je peux vous
01:01:08promettre une chose, si le plat à la mode
01:01:10de l'été, c'est souvent le gazpacho,
01:01:12à la rentrée, ça va être la soupe à la grimace.
01:01:14– Merci beaucoup, Philippe David,
01:01:16merci à tous les quatre d'avoir été là,
01:01:18Régis Le Sommier, Pierre-Marie Saeve, Alexandre Devecchio
01:01:20et Philippe David. Tout de suite, vous retrouvez
01:01:22l'heure des pro 2 avec Eliott Deval et ses invités.

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