Face à l'Info Été (Émission du 22/07/2023)

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Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h

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00:00 Bonsoir à tous, il est presque 19h sur CNews, on est ensemble pour 2h, 1h de Face à l'Info et ensuite 1h d'Horde et Pro.
00:08 Avec autour de la table pour cette première heure Jonathan Cixous, bonsoir Jonathan.
00:12 Bonsoir Gauthier.
00:13 Raphaël Stainville, bonsoir Raphaël.
00:14 Gabriel Cluzel, vous avez deux éditos ce soir cher Gabriel.
00:17 Bonsoir Gabriel et bonsoir Nathan Devers.
00:20 Mais tout de suite, c'est le rappel des titres.
00:26 Une femme de 45 ans tuée de plusieurs coups de couteau au thorax. Le drame s'est déroulé hier soir à son domicile situé à Franconville dans le Val d'Oise.
00:34 Son compagnon retrouvé à ses côtés inconscient après une prise de médicaments est actuellement hospitalisé.
00:40 Les deux jeunes enfants du couple, âgés de 2 et 3 ans et demi, étaient présents dans le logement.
00:44 Une enquête pour homicide volontaire par conjoint a été ouverte.
00:48 En Grèce, le feu de forêt qui fait rage depuis 5 jours continue d'embraser l'île touristique de Rhodes.
00:54 Trois hôtels ont subi des dégâts et cet après-midi, plus de 20 bateaux ont participé à une opération d'évacuation de 1500 personnes qui se trouvaient sur les plages de Kiotari et de Lardau.
01:04 5 hélicoptères et 173 pompiers sont engagés pour combattre le feu.
01:08 Cet incendie est le plus difficile auquel aient été confrontés les pompiers de l'île.
01:13 J-1 avant l'entrée en liste de l'équipe de France dans le Mondial féminin à Sydney.
01:18 Les Bleus joueront contre la Jamaïque demain à midi.
01:21 C'est le départ d'une compétition où les Bleus veulent briser leur plafond de verre.
01:25 Favorites du match, la France, bousculée physiquement en préparation, devra se méfier de l'impact et de la vitesse de la Jamaïque.
01:31 Autour d'Hervé Renard, les 23 sélectionnés ont l'ambition de passer le cap des demi-finales.
01:37 Et au sommaire de Face à l'Info ce soir.
01:40 Papendiei a quitté le ministère de l'Education nationale laissant sa place à Gabriel Attal qui fait tout pour se démarquer de son prédécesseur depuis 48 heures.
01:49 Mais au fond, pourquoi Papendiei a été remercié par Emmanuel Macron ?
01:52 Son très mauvais bilan me direz-vous ?
01:54 Harcèlement scolaire, attaque contre l'enseignement catholique, atteinte à la laïcité qui s'envole, refus d'aller sur le terrain.
02:00 Où qu'on regarde, c'est pas loin d'être catastrophique.
02:02 Mais non, pour une tribune publiée dans le monde, c'est à cause de l'extrême droite que Papendiei est parti.
02:07 L'édito de Gabriel Puzel.
02:09 La colère monte à Marseille. Les policiers de la BAC veulent arrêter le travail.
02:12 Après le placement en détention provisoire d'un de leurs collègues mis en examen pour violences en réunion.
02:17 Il y a une semaine, Linda Kebab, policière, expliquait qu'une fronte de la police se préparait.
02:22 Nous y sommes. En urgence, le directeur général de la police nationale a fait le déplacement aujourd'hui à Marseille pour tenter d'éteindre le feu.
02:29 On y revient avec Raphaël Stainville.
02:31 En Israël, l'armée et même le pays tout entier traversent une crise sans précédent.
02:36 Plus de 1000 réservistes menacent de suspendre leurs services volontaires.
02:39 Si une loi judiciaire est votée, des manifestations éclatent comme Israël n'en a jamais connu.
02:45 Que prévoit cette loi qui provoque tant de colère ? Les réponses de Nathan Devere.
02:49 C'est très mauvais pour la santé. Et pourtant, qui n'y a jamais cédé ?
02:53 La malbouffe gagne du terrain. C'était hier la journée internationale.
02:56 Des burgers, frites et autres sauces ultra-caloriques.
02:59 Ce type de nourriture, très peu pour Jonathan Cixous. Il nous dira pourquoi.
03:04 Enfin, peut-être avez-vous déjà vu Barbie, le film avec Margot Robbie et Ryan Gosling.
03:09 Véritable carton au box-office. Grand film féministe ou pamphlet woke des constructeurs.
03:15 La vie tranchée forcément de Gabriel Pluzel.
03:18 Voilà le programme. Face à l'info, c'est parti.
03:23 [Générique]
03:34 Gabriel, on commence avec vous. Je le disais dans le sommaire.
03:37 Dans une tribune publiée dans Le Monde, Philippe Meyreux, professeur honoraire en sciences de l'éducation,
03:43 membre d'Europe Écologie Les Verts, accuse l'extrême droite d'avoir obtenu le départ de Papandyaï.
03:49 Oui, il est des soutiens qui sont un peu des baisers de la mort, des tuniques de Nessus.
03:55 Et parmi ceux qui pleurent Papandyaï, on trouve Philippe Meyreux.
04:01 C'est un homme de l'ombre, pas très connu du grand public,
04:04 mais qui est extrêmement influent depuis des dizaines d'années dans l'éducation nationale.
04:09 Si on en croit un article de Libération, il est l'homme qui murmure à l'oreille des ministres depuis très longtemps.
04:16 Et le magazine Cozette dit même qu'il est l'anti-sèche des ministres.
04:21 Donc c'est quelqu'un qui a été extrêmement influent.
04:26 Il se définit sur son compte Twitter comme écologiste, mais aussi chercheur et militant en pédagogie.
04:32 Moi, je suis chercheur, je vois à peu près. Militant en pédagogie, j'ai un peu plus de mal.
04:37 Et pour lui, Papandyaï, je cite sa phrase, "paye de son éviction d'avoir pris les distances avec les marqueurs politiques et éducatifs de l'extrême droite".
04:49 Parce que vous avez remarqué que jusqu'à Papandyaï, dans l'éducation nationale, il y avait vraiment des forts marqueurs d'extrême droite.
04:55 Ça n'a échappé à personne.
04:58 Et Philippe Meyreux enfonce le clou pour celles et ceux qui en doutaient encore.
05:03 "L'affaire est désormais entendue, il ne fait pas bon sous le règne d'Emmanuel Macron de déplaire à l'extrême droite".
05:10 Cette tribune et cette citation ont été retweetées par Edouid Plenel.
05:16 Philippe Meyreux a retweeté le retweet d'Edouid Plenel.
05:19 On sent qu'ils sont extrêmement bons copains.
05:22 C'est la même génération, c'est les mêmes options politiques.
05:24 Et puis c'est un peu comme Mélenchon, c'est le même prisme et la même incantation pour saisir le monde.
05:29 C'est la faute de l'extrême droite.
05:33 Le CRIF est d'extrême droite, l'Élysée est d'extrême droite, l'éducation nationale est donc d'extrême droite.
05:38 Si ma soupe est chaude, c'est l'extrême droite, si je rate le train, c'est l'extrême droite.
05:42 Et c'est très pratique parce que cette vision monomaniaque permet d'éviter tout autocritique,
05:48 et toute introspection et toute tentation de faire un audit sur soi-même.
05:54 Donc Papandia n'est pas responsable, il est victime.
05:59 Et du reste, on peut décliner ça dans d'autres domaines de la gauche, c'est récurrent.
06:03 Par exemple, nous avons des problèmes avec l'immigration massive.
06:06 Ce n'est pas la faute de la gauche qui a favorisé cette immigration massive,
06:10 mais celle de l'extrême droite qui est très méchante et même pas du tout gentille.
06:15 Alors pourquoi dire que ce soutien est un cadeau empoisonné ?
06:18 Eh bien parce que, dis-moi qui tu regrettes, je te dirais qui tu es, qui te regrette.
06:24 Et en creux, ça donne raison à tous ceux qui, depuis son départ et même auparavant,
06:31 présentaient Papandiai comme un idéologue d'ultra-gauche.
06:36 Ce que prônait Papandiai à l'éducation nationale, a en fait été prôné par Philippe Mérieux
06:44 durant de très longues années.
06:48 Et vous savez, il y a beaucoup d'intellectuels qui ont dénoncé toutes ces théories pédagogistes
06:53 dont il était l'initiateur.
06:55 Alors on parlait d'Alain Finkielkraut, de Régis Debré, de Jacqueline de Romy,
07:01 Marcel Gaucher, bien d'autres ont dénoncé tout ce pédagogisme ambiant
07:07 qui a proprement déconstruit l'éducation nationale.
07:12 Et comment pourrions-nous le décrire ?
07:14 Eh bien, en fait, il a tué la verticalité qui existait entre le professeur et l'élève,
07:20 le magistère du professeur qui lui donnait son autorité,
07:25 donc de facto, il a par conséquent tué l'autorité,
07:29 et il a tué toute transmission des savoirs classiques,
07:35 parce qu'il était entendu que désormais, l'élève devait construire son propre savoir.
07:41 Il faut savoir que tout ça s'inspire de Bourdieu, et très imprégné de Bourdieu,
07:47 qui considérait que finalement, la transmission de ces savoirs classiques
07:52 participait de la reproduction endogamique d'héritiers.
07:58 Et c'est en réalité tout le contraire qui s'est passé,
08:01 c'est-à-dire qu'à partir du moment où on a cessé avec ce modèle d'école,
08:05 eh bien, on aboutit aux fameux déshérités, tel que les a décrits dans son bouquin éponyme
08:11 François-Xavier Bellamy, c'est-à-dire que des enfants qui n'ont plus rien reçu,
08:17 et en réalité, l'héritage est devenu plus endogamique que jamais,
08:21 puisque ce sont dans les familles où il y a une habitus de transmission,
08:24 pour reprendre un mot cher à Bourdieu,
08:26 que s'est transmise cette culture classique,
08:31 que des livres non indigents, avec une syntaxe et un vocabulaire riche,
08:38 ont été donnés aux enfants, que des musées ont été visités,
08:41 que des sorties culturelles ont été faites,
08:43 mais ça ne s'est plus fait au sein de l'école comme cela pouvait se faire autrefois.
08:49 On sait bien qu'aujourd'hui, les panneaux d'affichage des résultats du BAC
08:53 sont des villages potenquins qui n'abusent plus grand monde.
08:59 Et donc, cet enjeu-là est au cœur de l'éducation nationale.
09:03 Alors, vous allez me dire comment on en est arrivé là.
09:05 Écoutez, il faut remonter un peu loin en arrière, et c'est sans doute,
09:08 je vais apporter de l'eau au moulin, je vais accuser non pas l'extrême droite,
09:12 mais la droite, l'eau au moulin de cette gauche,
09:16 parce qu'elle s'est un peu désintéressée de l'éducation nationale.
09:20 Après la guerre, il y a eu une espèce de yalta entre les forces politiques dans notre pays.
09:25 La droite s'est gardée ce qu'elle considérait être les choses sérieuses,
09:28 vous savez, nous étions en un temps de reconstruction,
09:31 donc l'industrie, l'économie, et puis tout ce qui était d'ordre culturel,
09:37 l'éducation, la presse, finalement, qui pouvait lui paraître secondaire,
09:42 a été laissé à la gauche, qui ne l'a plus jamais lâchée.
09:46 Et ce qui explique qu'aujourd'hui, l'éducation nationale est fortement marquée par cette empreinte.
09:55 Alors, est-ce que le départ de Papandiang signe la fin des pédagogistes à l'éducation nationale ?
10:00 Alors, on peut toujours rêver, on peut espérer aussi, c'est important,
10:04 mais rien n'est moins sûr, parce que tous ceux qui pratiquent l'éducation nationale au quotidien actuellement
10:09 savent que la extrême gauche tient l'icou serré encore ce mammouth.
10:15 Mais au moins, peut-on espérer que Philippe Mérieux et ses épigones
10:19 ne murmurent plus à l'oreille de Gabriel Attal.
10:23 Vous savez que quand Gabriel Attal a été nommé, Philippe Mérieux a écrit sur Twitter qu'il était
10:28 "Je vous le donne un mille, un gage pour la droite et l'extrême droite".
10:33 Donc, vous voyez, une telle obsession commence à devenir légèrement comique.
10:37 C'est grave, docteur ? Ben oui, c'est grave.
10:40 En réalité, les Français n'attendent pas une école de droite, en plus, on va être très clair.
10:44 Ils attendent même une école de gauche.
10:46 Ils attendent l'école des hussards noirs de la République, d'une autre gauche,
10:51 celle qui, sous la Troisième République, avait à cœur de concurrencer l'école des…
10:58 Comment on appelle ça ? Des écoles chrétiennes, des pères des écoles chrétiennes,
11:02 de montrer que l'excellence était du côté de l'école publique.
11:06 Et il suffit pour cela de relire Claudine à l'école.
11:10 Dans Claudine à l'école, on voit l'instituteur, en dimanche,
11:15 partir pour le certificat d'études dans la ville d'à côté, avec tous ses élèves en dimanche,
11:20 et revenir triomphant. C'est le triomphe romain.
11:23 Alors, tout le monde n'est pas reçu, parce que si tout le monde est reçu, personne n'est reçu,
11:26 nous sommes d'accord, vous voyez, c'est le problème des 80% de classes d'âge au bac.
11:30 Et bien, c'est avec cette école-là qu'il va falloir renouer, tôt ou tard,
11:37 et c'est d'ailleurs la seule voie pour que les professeurs aussi
11:40 retrouvent sens, dignité et prestige pour leur métier.
11:45 - Nathan Devers, qu'est-ce qui a coûté sa place à Papendiaïe ?
11:48 L'extrême droite ou son mauvais bilan ?
11:50 - Je pense qu'il y a plusieurs choses.
11:52 Incontestablement, on ne peut pas dire que l'éducation nationale soit en bon état.
11:56 Et je pense que Papendiaïe n'a pas montré qu'il avait la fibre politique.
12:00 C'est-à-dire que quand il est arrivé au ministère de l'éducation nationale,
12:03 il avait derrière lui une forme d'aura intellectuelle, universitaire,
12:07 et il n'a pas fait cette mue vers le politique.
12:10 Je pense quand même qu'il y a eu, dès le début, un procès qui lui a été fait,
12:13 où on lui a reproché son sujet d'études en tant qu'universitaire.
12:16 Il avait écrit "La condition noire", il avait travaillé sur les questions
12:19 de racisme aux États-Unis et en France, et on en a déduit à partir de là
12:22 qu'il avait toutes sortes de positions qui d'ailleurs n'étaient pas
12:25 tout à fait les siennes. Par exemple, je ne pense pas qu'on puisse dire
12:27 que Papendiaïe soit d'ultra-gauche, qu'il ait une sensibilité de gauche
12:31 sur un certain nombre de sujets. C'est vrai, c'est incontestable,
12:33 il le dit lui-même, mais d'ultra-gauche, je ne pense pas.
12:35 Et je pense qu'il y a eu ce malentendu qui s'est fait, et que sans doute lui-même
12:37 a très mal vécu la perception qu'une grande partie de l'opinion publique
12:41 a eue de lui quand il est arrivé, alors même qu'il n'avait pas encore
12:43 passé une demi-journée au ministère de l'Éducation nationale.
12:46 Raphaël Stendhal, j'imagine que vous ne partagez pas l'avis de Nathan Devers.
12:49 Oui, je trouve que Nathan est très mesuré et trouve bien des explications
12:55 pour expliquer l'échec de Papendiaïe. Moi, je pense qu'il ne s'est jamais
12:59 débarrassé de ses travaux universitaires, et qu'il en a même fait la démonstration
13:02 lorsque, depuis plusieurs mois, ministre de plein exercice à New York,
13:08 il a rappelé tout son sujet d'études sur la question noire,
13:12 la question racialiste. Je pense qu'il a privilégié l'accessoire
13:17 des débats et des questions qui ne concernent que si peu l'école,
13:22 au lieu de se concentrer sur sa tâche qui aurait dû être principale,
13:28 à savoir l'instruction des matières fondamentales.
13:31 Oui, et c'est vrai Jonathan Siksu que quand Papendiaïe était outre-Atlantique,
13:35 il critiquait depuis l'étranger la France en tant que ministre.
13:38 Exactement, et la nature de ses propos, quand on les réécoute aujourd'hui,
13:41 sont aussi scandaleux que lorsque il les a prononcés, mais ça a été
13:45 un coup dans l'eau, ça a fait pchit. Ce sont pourtant des propos racistes.
13:48 Le ministre de l'Éducation nationale, à l'étranger, dit que la France,
13:53 il s'alarme du fait qu'en France, on éduque tous les petits Français
13:55 de la même façon, et qu'on n'éduque pas un petit noir d'une certaine façon,
13:58 un petit blanc d'une certaine façon, et qu'on ne racialise pas
14:01 l'éducation nationale. Et ça avait été remarqué sur le moment,
14:07 mais il est vrai qu'on a passé ça, on a laissé passer ça,
14:10 et si vous voulez, c'est une chose parmi d'autres, parce que Papendiaïe
14:14 nous a gratifié de bien des pépites durant son passage rue de Grenelle,
14:18 jusqu'à ses propos contre cette chaîne, etc. Si vous voulez, il a certes montré
14:24 qu'il n'était pas politique, mais qu'il pouvait l'être quand il le voulait,
14:27 également politique.
14:29 Et ce n'est pas ses propos contre cette chaîne, comme j'ai pu le lire sur Twitter,
14:31 qui lui ont coûté sa place.
14:32 Absolument pas.
14:33 C'est son très mauvais bilan, disons-le, puisqu'en plus,
14:35 Emmanuel Macron l'a soutenu quand il nous a attaqués.
14:37 Juste un point, deux secondes. Là où on peut aussi lui en vouloir,
14:40 à lui comme à d'autres auparavant, c'est vrai, mais c'est de prendre
14:42 le ministère de l'Éducation nationale comme une sorte de laboratoire idéologique,
14:46 alors même que c'est le plus crucial, puisque c'est là qu'on décide
14:49 comment on va former les cerveaux des futurs citoyens,
14:51 et c'est pour ça qu'on ne peut pas jouer avec.
14:53 Nathan, en 30 secondes, et après on passe à Marseille avec Raphaël Stainville.
14:55 En 30 secondes, sur ce point, je suis d'accord avec vous.
14:57 Et d'ailleurs, c'est un paradoxe, je ne sais pas si vous avez écouté
14:59 le discours qu'il a fait lors de la passation,
15:01 qui était un beau discours où il disait "le temps de l'école n'est pas le temps politique,
15:03 n'est pas le temps idéologique".
15:05 Et c'est vrai que là-dessus, il y a eu une contradiction,
15:07 parce que dans le discours, il dit tout à la fois "j'ai été sensible,
15:09 en tant que ministre de l'Éducation nationale,
15:11 à un certain nombre de sujets de mes engagements politiques",
15:13 et que le temps de l'école n'est pas un temps idéologique.
15:15 Sur ce point, c'est vrai qu'il y a une contradiction.
15:17 On part à Marseille avec Raphaël Stainville,
15:19 où la fronde des policiers est en place,
15:21 puisque l'un des policiers de la BAC a été placé en détention provisoire,
15:25 après avoir été mis en examen pour violences en réunion, Raphaël.
15:29 Et il y a plus de 600 policiers qui sont déjà à l'arrêt.
15:33 On avait Rudi Mana ce matin sur L'Ordre des pros,
15:35 qui nous disait que 70% des policiers marseillais avaient cessé le travail.
15:41 Oui, ce mouvement est en train de prendre à Marseille,
15:43 et il essaime aussi dans le Grand Sud,
15:45 et gagnera peut-être dans les prochains jours l'ensemble de la France.
15:49 Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que mercredi dernier,
15:52 déjà nous évoquions ce grand malaise dans la police,
15:56 après que Linda Kebab, sur C News, ait exprimé,
15:59 vous l'avez rappelé, cette fronde qui se préparait.
16:03 Nous, nous nous contentions de parler de malaise,
16:06 mais en vérité, c'était un euphémisme,
16:09 il fallait bien le comprendre comme ça,
16:11 nous sentons déjà poindre cette colère.
16:14 Aujourd'hui, ce n'est plus un malaise, c'est vraiment une crise.
16:17 Alors concrètement, que s'est-il passé pour qu'on en arrive à une telle situation ?
16:22 Que s'est-il passé pour qu'un syndicat en appelle l'ensemble des policiers de France
16:27 à débrier, finalement, à se mettre, ce qu'ils appellent en 562 dès maintenant,
16:31 c'est-à-dire à ne plus faire que le service minimum ?
16:35 Vous savez, chaque jour, les policiers sont obligés,
16:37 doivent remplir un logiciel pour renseigner,
16:39 leurs conditions administratives,
16:41 et le code 562 correspond à une position d'attente de pause.
16:46 Donc jeudi, quatre membres de la BAC de Marseille,
16:49 vous le disiez encore, sont soupçonnés de violence
16:52 après qu'un jeune ait porté plainte contre eux pendant les émeutes,
16:55 ont été mis en examen pour violence en Réunion
16:58 par personnes dépositaires de l'autorité publique.
17:01 Et l'un de ces policiers a été placé en détention provisoire.
17:05 C'est principalement cela qui a mis le feu au poudre.
17:08 C'est ce que disait hier le commissaire Mathieu Vallée,
17:11 sur votre antenne, la colère gronde depuis l'incarcération
17:14 d'un policier de la BAC de Marseille.
17:16 Pour les policiers, la présomption d'innocence n'existe pas.
17:19 Ils n'ont droit qu'à la présomption de culpabilité.
17:22 La détention provisoire n'est pas l'exception, mais bien la règle.
17:25 Ils ont sauvé la République durant les émeutes.
17:27 Ils ont les mêmes droits que tous les justiciables,
17:31 pas plus, mais pas moins non plus.
17:34 Surtout que c'est le deuxième placement en détention provisoire
17:37 d'un policier, après celui qui a tiré sur Naël.
17:40 C'est exactement cela.
17:41 C'est ce qui explique cette colère, cette incompréhension,
17:43 cette indignation.
17:45 D'autant plus que dès lors que des policiers sont soupçonnés
17:48 de violences policières, immédiatement se met en place
17:51 un récit de la part d'une certaine gauche, LFI en particulier,
17:56 et d'un certain nombre de médias, qui viennent nourrir,
17:59 accréditer à l'exclusive le récit des supposés victimes,
18:05 et sans jamais prendre en compte la présomption d'innocence
18:08 de ces policiers.
18:09 Les policiers ne comprennent pas cette injustice qui leur est faite.
18:12 Ils ne comprennent pas qu'ils ne puissent pas bénéficier
18:14 de cette présomption d'innocence,
18:16 cette même présomption d'innocence dont le nombre de politiques
18:19 se prévale pour conserver notamment leur poste.
18:21 Pire, ce qu'ils ne comprennent pas, c'est que le chef de l'État lui-même,
18:24 au lendemain de la mort de Naël, à Marseille d'ailleurs,
18:27 ait pu considérer que le tir de ce policier était inexcusable
18:31 et inacceptable, comme le condamnant sans procès.
18:34 Enfin, la police ne comprend pas que des criminels, des braqueurs,
18:39 des pédophiles parfois, puissent être aujourd'hui
18:41 sous simple contrôle judiciaire, dans l'attente de leur procès,
18:44 quand l'un des leurs, dans l'exercice de sa profession,
18:47 se retrouve en détention provisoire.
18:49 C'est d'autant plus incompréhensible qu'un simple contrôle judiciaire,
18:52 c'est ce qu'il rappelle, n'aurait pas compromis la sérénité
18:55 de l'enquête, qu'il n'y avait aucun risque à ce qu'il se soustraie
19:00 à la justice, qu'il s'échappe, qu'il s'enfuit.
19:03 En réalité, on a vraiment l'impression d'une justice d'exception
19:07 et que cette détention provisoire répond à d'autres motivations,
19:11 comme la peur peut-être qu'à nouveau, les quartiers puissent s'embraser.
19:14 Oui, c'est ce qu'avait dit Franck Lénard, l'avocat du policier
19:17 qui a tiré sur Naël quand il est resté en détention provisoire
19:20 après une demande de remise en liberté.
19:21 Et signe que tout ça est pris très au sérieux, Raphaël,
19:24 le directeur de la police nationale était aujourd'hui à Marseille.
19:27 Alors, je vais vous dire, si c'était vraiment pris au sérieux
19:30 par la place Beauvau, je pense que Gérald Darmanin répondrait
19:34 à cette crise de lui-même. Mais où est Gérald Darmanin ?
19:38 Où est le ministre de l'Intérieur ? Pour l'instant, il est aux abonnés
19:41 absents, il est bien silencieux. Je pense qu'en dépêchant à Marseille
19:46 le directeur de la police nationale, il ne prenne pas conscience
19:51 de l'ampleur de ce qui est en train de se passer.
19:54 Comme s'il passait à côté de ce qui dépasse une crise habituelle
19:59 dans la police où on pourrait s'attendre à des revancations catégorielles,
20:03 des revalorisations salariales. Non, là, c'est vraiment une crise morale
20:08 qui frappe la police. Alors, on le voit, il faut bien prendre conscience
20:14 de ce qui se passe à Marseille. On le disait tout à l'heure,
20:17 il y a 600 policiers qui ont déjà débrayé, qui se sont mis en arrêt maladie.
20:20 Un exemple, hier soir à Marseille, une ville de 900 000 habitants,
20:24 il n'y avait que deux voitures de police secours qui circulaient
20:28 et qui répondaient aux 17. Donc, cette crise, elle est grave,
20:34 elle est profonde, elle touche Marseille, mais elle est en train de gagner
20:37 progressivement d'autres villes, notamment dans le sud, à Martigues,
20:42 à Toulon, et c'est en train de prendre également à Lyon, à Nice,
20:45 et même à Paris. L'appel du syndicat unité SGP police,
20:49 qui appelait, je le rappelais tout à l'heure, à se mettre en 562,
20:53 c'est-à-dire à lever le pied, est délargement, largement suivi.
20:56 Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que si nos institutions ont pu tenir
21:00 ces dernières semaines, c'est bien parce que des policiers, des gendarmes,
21:03 au péril souvent de leur vie, ont ramené l'ordre.
21:07 Ils risquent tous les jours leur vie face à des dealers, à des braqueurs,
21:10 à des émeutiers, pour des salaires de misère, et ils ne réclament pas
21:13 d'augmentation aujourd'hui. Non, ils réclament juste d'être entendus,
21:17 ils réclament juste de la justice pour eux-mêmes.
21:21 Et d'ailleurs, les Français ne s'y trompent pas,
21:23 73% d'entre eux font confiance à notre institution.
21:27 Quelle politique aujourd'hui peut se targuer d'une telle côte de confiance ?
21:31 Signe encore du soutien des Français pour sa police,
21:34 les cagnottes qui fleurissent. C'était le cas déjà au moment
21:38 pour la famille du policier de Nanterre, et c'est encore le cas aujourd'hui
21:43 avec les policiers de Marseille qui ont une cagnotte qui est largement abondée.
21:49 Le grand paradoxe dans cette histoire...
21:50 Une cagnotte qui fait une nouvelle fois polémique.
21:51 Exactement. Le grand paradoxe dans cette histoire, c'est que ce sont les émeutiers
21:55 et les pillards qui, depuis plusieurs jours et semaines, devraient vivre
21:59 dans l'angoisse d'être arrêtés au petit matin par l'APJ.
22:03 Et le grand paradoxe, c'est que ce sont les policiers aujourd'hui
22:07 qui ont peur pour leur vie, qui ont peur d'être lâchés par leur direction
22:11 et qui vivent dans l'angoisse d'être reconnus par des pillards
22:15 quand leur nom n'est pas jeté en pâture dans les journaux.
22:18 C'est vrai, Gabrielle Cluzel, qu'on est sans doute au début d'une crise profonde
22:21 dans la police qui pourrait faire tâche d'huile dans le pays en plus.
22:24 C'est assez inquiétant, parce que c'est un peu quand même le dernier rempart, la police.
22:28 Donc on se dit, s'ils commencent à rentrer dans la philosophie,
22:31 "Bah écoutez, puisque c'est comme ça, débrouillez-vous,
22:33 on va avoir l'air tous collectivement malins."
22:36 C'est vrai que c'est extrêmement vécu de façon très injuste par les policiers,
22:44 parce que, je vais vous donner un exemple très simple,
22:46 les délinquants qui s'estiment victimes d'une injustice policière,
22:51 eux, s'épanchent sur tous les plateaux télé.
22:54 Les gendarmes, les policiers ont un devoir de réserve
22:57 qui fait qu'on ne les connaît pas, ils sont parfaitement désincarnés,
23:00 on ne les plaint pas, personne ne se demande s'ils ont été un gentil bébé,
23:02 un gentil petit garçon, s'ils sont gentils avec leurs voisines, etc.
23:06 Donc je crois que tout cela, aujourd'hui,
23:10 suscite une gronde, des bons mots ne vont pas suffire à éteindre,
23:16 ça c'est évident, et si ça fait tache d'huile,
23:20 ça risque de devenir très compliqué,
23:22 j'espère que ce gouvernement en prend toute la mesure.
23:24 Allez, on marque une courte pause, et ensuite quand on revient,
23:27 on parle de la crise en Israël avec Nathan Devers.
23:29 Deuxième et dernière partie de Face à l'Info,
23:37 on va voir à l'international en Israël avec vous Nathan Devers.
23:40 Israël qui traverse une crise qu'elle n'a jamais connue,
23:43 que se passe-t-il très précisément actuellement en Israël ?
23:46 Oui, alors il y a en ce moment des manifestations absolument fleuves,
23:50 depuis quelques jours, en fait depuis janvier 2022,
23:52 j'y reviendrai, qui sont hebdomadaires,
23:54 mais là c'est le moment où toutes ces manifestations se cristallisent,
23:57 parce que lundi va être voté au Parlement israélien,
24:00 à partir de lundi, une réforme très contestée,
24:03 qui est une réforme de la Cour suprême.
24:04 Alors qu'est-ce qui se passe concrètement ?
24:06 Donc je le disais, c'est quasiment hebdomadaire depuis un an,
24:09 mais là ça prend une dimension beaucoup plus forte.
24:11 Donc depuis quelques jours, trois ou quatre jours,
24:13 vous avez des citoyens israéliens qui, de tout le pays,
24:16 affluent par dizaines de milliers vers Jérusalem à pied.
24:19 Et donc ils ont décidé de marcher comme ça par les routes,
24:21 d'abord par des petits chemins presque de campagne,
24:23 puis par des routes, puis par l'autoroute.
24:24 Et donc ils arrivent par dizaines de milliers,
24:27 et ils prévoient de camper devant le Parlement
24:29 pendant toute la durée du vote.
24:32 Évidemment, il y a une dimension très symbolique derrière,
24:34 c'est que c'est en quelque sorte un mimétisme
24:36 des pèlerinages bibliques,
24:37 où tout le peuple affluait aussi à Jérusalem.
24:40 Donc là, il y a une dimension de pèlerinage politique.
24:42 Ce sont donc, je le dis, des marcheurs,
24:43 des gens qui contestent le gouvernement,
24:45 mais qui viennent d'horizons politiques assez divers.
24:48 Donc naturellement, il y a toute la gauche,
24:49 mais il y a aussi des hommes politiques de droite assez importants.
24:52 Par exemple, il y a le fils du président Begin,
24:54 qui est un homme important à droite
24:56 et qui fait partie de la contestation,
24:58 de tout milieu socio, et qui viennent,
25:00 alors qu'ils contestent la politique gouvernementale,
25:02 c'est très important, avec beaucoup de drapeaux.
25:04 Ils tiennent à montrer qu'ils sont dans une logique
25:06 extrêmement patriote, et que ce n'est pas du tout
25:08 une opposition, si vous voulez,
25:09 entre un patriotisme gouvernemental
25:11 et une opposition qui serait un peu...
25:13 Et alors là où ça prend une crise,
25:14 cette crise prend une dimension encore plus importante,
25:17 c'est qu'il y a eu aujourd'hui,
25:18 enfin hier, une déclaration de 1140 réservistes
25:22 de l'armée de l'air,
25:23 donc des gens qui sont en volontariat
25:25 dans l'armée de l'air,
25:26 dont 235 pilotes de chasse,
25:28 qui disent que si cette loi est adoptée,
25:30 ils vont suspendre leurs services volontaires.
25:32 Donc ça crée des tensions énormes.
25:34 Alors en quoi concrètement consiste
25:36 cette réforme de la justice
25:38 qui fait tant polémique ?
25:40 Alors Netanyahou est revenu au pouvoir
25:42 en janvier de cette année,
25:44 et dans une coalition,
25:46 qui est une coalition avec des partis
25:47 clairement d'extrême droite,
25:49 et avec des partis religieux.
25:51 Donc ça lui a fait une configuration
25:53 qui était complexe pour lui,
25:54 où il était sous leur pression.
25:56 Et dans ce contexte, il a cette réforme
25:58 de la Cour suprême.
25:59 Alors pour la présenter en quelques mots,
26:01 en Israël, la Cour suprême,
26:03 c'est une institution extrêmement importante,
26:05 parce qu'elle correspond disons à ce que,
26:07 en France, on pourrait dire à la fois
26:08 le Conseil constitutionnel,
26:09 le Conseil d'État,
26:10 et la Cour de cassation.
26:11 Si vous voulez, c'est tout le pouvoir judiciaire,
26:13 et elle a le pouvoir très fort,
26:14 à la fois de pouvoir bloquer une loi
26:15 votée par le Parlement,
26:16 bloquer une décision gouvernementale,
26:18 mais aussi s'occuper d'affaires judiciaires
26:21 qui concernent des particuliers.
26:22 Donc par exemple, il y a énormément d'affaires
26:24 concernant des constructions de jardins
26:26 qui opposent des Arabes israéliens,
26:27 des Israéliens, des Palestiniens,
26:28 des constructions de routes.
26:29 Et là, la Cour suprême a souvent bloqué
26:31 ce genre de décision,
26:32 ce pourquoi elle est perçue
26:34 comme le symbole par excellence
26:35 de l'État de droit.
26:36 Alors, cette réforme,
26:37 elle changerait deux choses essentielles.
26:39 Premièrement, les modalités
26:41 de la nomination des juges.
26:42 À la Cour suprême, il y a 15 juges.
26:44 Et ces juges, ils sont nommés
26:46 par une commission,
26:47 qui jusqu'alors était composée
26:49 de 9 personnes,
26:50 dont 2 juges de la Cour suprême,
26:52 2 parlementaires,
26:54 2 membres du gouvernement,
26:55 et 2 membres du barreau.
26:56 Donc sur les 9, ça veut dire
26:57 qu'il y a une minorité politique
26:58 et une majorité professionnelle.
27:00 La réforme consisterait à faire en sorte
27:02 qu'il n'y ait non pas 9,
27:03 mais 11 personnes dans cette commission
27:04 de nomination.
27:05 Et sur les 11,
27:06 une majorité absolue de politiques.
27:09 Ça veut dire membres du gouvernement
27:10 plus parlementaires.
27:11 Donc ce qui signifie que si vous avez
27:13 des élections législatives
27:14 avec une majorité politique
27:15 à gauche ou à droite,
27:16 ça a un impact direct
27:18 sur la nomination des juges,
27:19 ce qui n'était pas le cas jusqu'alors.
27:21 Deuxième impact de cette réforme
27:22 beaucoup plus important,
27:23 qui est de limiter les pouvoirs
27:24 de la Cour suprême,
27:25 donc de limiter la séparation
27:26 des pouvoirs.
27:27 Donc supprimer le contrôle,
27:29 la constitutionnalité
27:30 des lois fondamentales.
27:31 Il n'y a pas de constitution en Israël,
27:32 donc c'est supprimer ça.
27:34 Limiter la censure des lois ordinaires
27:36 et empêcher la Cour suprême
27:38 de bloquer des décisions administratives
27:41 en raison de la raisonnabilité.
27:43 Alors qu'est-ce que ça peut nous apprendre
27:45 du conflit, au-delà de cette loi,
27:47 du conflit israélo-palestinien ?
27:49 Ce que ça peut nous apprendre,
27:50 c'est que quand on parle
27:51 de ce qui se passe dans cette région,
27:52 surtout en Occident,
27:53 moi ce que je regrette,
27:54 c'est que le débat,
27:55 je le trouve un peu caricatural,
27:56 parce qu'on a l'impression
27:57 qu'Israël et Palestine
27:58 s'opposent comme deux blocs
27:59 complètement monolithiques.
28:00 Et on passe sous silence
28:01 ce que j'appellerais le fait
28:02 qu'il y a un conflit israélo-israélien
28:04 et un conflit palestino-palestinien.
28:06 Évidemment pas un conflit armé,
28:07 mais ce que j'entends par là,
28:08 c'est une polarisation politique telle
28:10 qu'elle crée une conflictualité énorme
28:12 qui n'est pas celle
28:13 qu'il peut y avoir en France.
28:14 Et donc là, on voit bien
28:15 que ce qui est en train de se passer,
28:16 c'est que vous avez un clivage
28:17 très profond, par exemple,
28:18 au sein de la société civile israélienne,
28:20 entre des gens qui estiment
28:22 qu'ils vivent dans une démocratie
28:23 qui n'en est pas une
28:24 parce que bloquée
28:25 par le pouvoir des juges
28:26 et qu'ils ont beau voter à des élections,
28:27 les lois ne passent pas,
28:28 et des gens qui estiment que,
28:30 je cite des officiels,
28:31 qu'ils entrent dans une fin
28:33 de l'ère démocratique,
28:34 ça c'est ce qu'a dit Yair Lapide,
28:35 et qu'ils entrent dans un régime illibéral.
28:37 Donc cette polarisation-là,
28:38 elle est très importante
28:39 et on n'en parle pas assez
28:40 quand on parle d'Israël
28:41 et pour la Palestine,
28:42 ce serait exactement la même chose.
28:43 Il y a une polarisation très forte.
28:44 Merci beaucoup Nathan.
28:46 Sans transition,
28:48 on va parler d'un tout autre sujet
28:50 avec vous Jonathan.
28:52 Il va être question d'alimentaire.
28:54 C'était hier la journée mondiale
28:56 de la malbouffe,
28:57 évidemment une journée
28:58 qui vise à sensibiliser
28:59 contre les dangers
29:00 de cette nourriture,
29:01 de cette mauvaise nourriture,
29:02 souvent dans les fast-food.
29:04 Concrètement,
29:05 en quoi consiste
29:06 cette journée mondiale
29:07 contre la malbouffe ?
29:08 Concrètement,
29:09 Gauthier n'a pas grand-chose,
29:10 comme la plupart des journées mondiales
29:11 en général,
29:12 et quel que soit le thème,
29:13 mais ça le mérite au moins
29:14 d'en parler, d'exister.
29:16 Ça le mérite de mettre
29:18 le sujet sur la table.
29:19 La malbouffe,
29:20 dans la langue de Shakespeare,
29:21 c'est la "junk food",
29:22 c'est-à-dire que c'est
29:23 tout ce qui est pizza,
29:24 tout ce qui est hamburger,
29:26 évidemment,
29:27 et tout ce qui est boissons
29:28 hyper sucrées,
29:29 soda et autres.
29:30 C'est tout ça
29:32 qu'on catégorise
29:33 dans cette appellation.
29:35 Ce qui a été longtemps
29:36 une spécificité américaine,
29:38 et ça c'est nouveau,
29:39 devient le quotidien des Français.
29:41 Alors même que le repas français
29:43 est entré au patrimoine immatériel
29:45 de l'UNESCO,
29:46 c'est pas rien,
29:47 les Français, eux,
29:48 se nourrissent de plus en plus mal.
29:50 On est, par exemple,
29:52 le deuxième pays au monde
29:54 de consommation,
29:55 de consommateurs
29:56 de hamburgers.
29:57 Vous savez combien on en consomme
29:58 de hamburgers chaque année ?
29:59 2,6 milliards.
30:01 Ça vous l'appétit,
30:02 à cette heure-ci.
30:03 2,6 milliards de hamburgers
30:05 sont consommés en France.
30:06 D'ailleurs,
30:07 une grande chaîne de fast-food
30:08 qui commence par un M,
30:09 comme Mickey,
30:10 - On a compris.
30:11 - Et après les Etats...
30:13 En France,
30:14 c'est le plus grand marché,
30:15 après les Etats-Unis,
30:16 encore une fois.
30:17 La conséquence,
30:18 les conséquences,
30:19 elles sont dramatiques
30:20 pour le corps humain.
30:22 C'est l'obésité,
30:23 c'est le diabète,
30:24 ce sont des maladies cardiovasculaires,
30:25 ce sont aussi des cancers.
30:27 Et en France,
30:28 désormais,
30:29 près d'un Français sur deux
30:31 est sujet,
30:32 soit au surpoids,
30:33 soit même à l'obésité.
30:35 C'est considérable.
30:36 Et à terme,
30:37 c'est une véritable bombe sanitaire.
30:40 Et c'est un fléau,
30:41 un fléau qui touche aussi les jeunes,
30:43 voire les plus jeunes.
30:44 Les ados sont de plus en plus touchés,
30:46 mais aussi les enfants,
30:47 et on le voit dans les statistiques,
30:49 on commence à les catégoriser
30:51 aux alentours de 6, 7 ans,
30:53 même parfois en cas d'obésité.
30:54 - Alors c'est un fléau, oui,
30:55 mais c'est un fléau qui coûte peu cher,
30:57 donc on n'a pas beaucoup de moyens,
30:59 forcément,
31:00 ça permet de remplir le caddie.
31:01 - C'est ça.
31:02 C'est une triste fatalité.
31:04 Il y a une ségrégation alimentaire,
31:07 on le voit depuis des années,
31:08 là aussi,
31:09 dans les pays outre-Atlantique.
31:11 En Amérique latine,
31:12 aussi des pays pauvres,
31:13 tels que le Mexique,
31:14 tel que le Brésil,
31:15 où l'obésité frappe
31:18 dans des proportions inimaginables
31:20 les populations les plus pauvres,
31:22 déjà dans ces pays pauvres.
31:24 Tout le monde ne peut pas dire,
31:26 comme Winston Churchill,
31:28 "J'ai des goûts très simples,
31:29 je me contente du meilleur",
31:30 malheureusement.
31:31 Et on retrouve ça chez nous aussi,
31:33 donc désormais,
31:34 des cas d'obésité
31:36 dans les strates de la population
31:39 les plus pauvres.
31:40 Et ce qui est incompréhensible,
31:42 du moins,
31:43 je n'ai toujours pas trouvé d'explication à cela,
31:44 c'est la prudence,
31:45 pour ne pas dire la frilosité des autorités,
31:48 pour aborder ce sujet de santé publique
31:51 qui, comme je vous le disais,
31:52 s'avère être une bombe à retardement.
31:55 Les pouvoirs publics n'abordent pas cette question,
31:58 alors même qu'il y a d'autres sujets
31:59 qui sont abordés.
32:00 Regardez,
32:01 il y a plein de campagnes de sensibilisation,
32:02 régulièrement,
32:03 pour les cancers du sein,
32:04 du côlon,
32:05 du poumon,
32:06 campagnes de sensibilisation sur l'alcool, etc.
32:09 L'État sait faire quand il le veut,
32:11 mais sur ce point-là,
32:12 on n'en parle pas,
32:13 ou très peu.
32:14 J'ai le souvenir d'une récente campagne,
32:16 elle a au moins un an et demi,
32:17 si ce n'est deux ans,
32:18 des affiches pour sensibiliser à l'obésité,
32:21 et c'était extraordinaire.
32:22 Vous aviez,
32:23 j'avais vu cette affiche dans le métro,
32:25 en 4x3,
32:26 une femme en surpoids,
32:28 et avec ce slogan,
32:29 "Les préjugés ne soignent pas l'obésité".
32:32 Ça veut dire quoi ?
32:33 On inversait totalement le message
32:36 qui s'adressait finalement à vous,
32:37 qui n'êtes pas obèse,
32:38 et c'est à vous de changer votre regard
32:40 vis-à-vis des obèses.
32:41 Donc, aucun message de responsabilisation,
32:44 si vous voulez,
32:45 envers les personnes concernées.
32:46 Donc, ce type de campagne
32:48 n'avait aucun discours clair, déjà,
32:50 pour nous informer,
32:51 et n'avait aucun discours clair
32:53 pour sensibiliser, évidemment,
32:55 les personnes qui étaient touchées,
32:56 parce que l'obésité,
32:57 c'est aussi une maladie.
32:59 C'est, dans la plupart des cas,
33:01 lié à la malbouffe,
33:02 c'est incontestable,
33:03 mais il y a aussi des maladies
33:04 qui suscitent, comme ça, ce surpoids.
33:07 J'avais aussi remarqué,
33:09 je n'étais pas tout seul à l'avoir remarqué,
33:11 mais durant les crises de Covid,
33:13 les personnes qui avaient engorgé
33:17 les services des urgences à l'hôpital
33:19 étaient en surpoids.
33:21 Et le surpoids avait été
33:23 l'un des fameux facteurs de comorbidité,
33:25 mais cela nous a été dit,
33:27 parmi mille autres informations à l'époque,
33:29 ça a vraiment été noyé
33:31 dans la masse des infos.
33:33 Et ça aurait pu être aussi
33:35 l'occasion pour les autorités
33:37 de dire profiter de cette crise malheureuse
33:41 pour faire attention à votre poivre,
33:43 pour faire attention à ce que vous mangez.
33:46 Elles n'ont rien dit.
33:47 Elles n'ont rien dit de tout cela,
33:49 à croire qu'elles avaient franchement la trouille
33:50 d'être taxées de grossophobie.
33:52 Alors les autorités,
33:53 elles ont quand même regardé
33:54 ce que consommaient les Français
33:55 avec le fameux panier anti-inflation
33:57 qui ne concerne pas tous les aliments
33:59 qu'on peut acheter,
34:00 mais une liste bien précise.
34:01 Oui, c'est ça.
34:02 Il faut dire qu'avec près de 21% d'inflation
34:04 sur près de deux ans,
34:06 le gouvernement a dû,
34:08 effectivement, vouloir,
34:10 a dû plafonner, a voulu plafonner
34:12 les prix de certains produits.
34:15 Il faut dire aussi qu'en plus de l'alimentation,
34:17 où les prix ont flambé,
34:19 c'était les prix de l'énergie, de l'électricité,
34:21 l'essence à la pompe, les loyers, etc.
34:23 Pour bon nombre de Français,
34:25 la simple gestion du quotidien
34:27 est devenue une mission impossible.
34:28 C'est pourquoi, en début d'année,
34:30 souvenez-vous, Bruno Le Maire a réuni à Bercy
34:33 plusieurs responsables,
34:34 plusieurs patrons d'enseignes
34:36 de l'agroalimentaire.
34:38 Il y a eu de nombreuses tractations.
34:39 Pourquoi ?
34:40 Parce que l'État, lui,
34:41 il voulait choisir le fameux panier anti-inflation,
34:45 mais les grandes enseignes ont dit
34:46 "Non, c'est nous qui choisissons
34:47 ce qu'il y a dedans".
34:48 Finalement, tout le monde y a trouvé son compte
34:50 puisque le gouvernement a réussi
34:52 à ce qu'il y ait des produits de base
34:53 qui soient plafonnés,
34:54 et les grands distributeurs,
34:57 les grandes enseignes,
34:58 ont pu, elles, choisir les produits
35:00 qui rentraient là-dedans.
35:01 Et c'est là où ce n'est pas très bon signe
35:02 pour le consommateur,
35:03 parce que si, évidemment,
35:04 il y a quelques produits frais,
35:05 il y a aussi beaucoup de gâteaux,
35:08 beaucoup de sodas,
35:09 beaucoup de produits hyper préparés.
35:12 Et c'est aussi tout cela
35:14 qu'on retrouve sur ces listes à petit prix,
35:16 autant de choses qui n'engagent pas
35:18 à changer de mauvaises habitudes.
35:20 Et je remarque, en vous disant cela,
35:22 qu'il y a un sérieux paradoxe.
35:23 Alors que dans notre société,
35:24 où l'on parle d'une société de consommation,
35:26 une société de consommateurs,
35:28 il suffit de voir, d'ailleurs,
35:29 le poids qui a pris l'expression "pouvoir d'achat".
35:32 Ce serait intéressant d'approfondir...
35:35 Première préoccupation des Français.
35:36 Oui, mais acheter quoi ?
35:37 Ce n'est pas que de la bouffe.
35:38 On le voit bien souvent.
35:40 Donc, dans cette société de consommation,
35:43 on assiste, paradoxalement,
35:45 à une immaturité des consommateurs.
35:47 Si on ne leur dit pas
35:48 "ne n'abusez pas de telle ou telle chose",
35:50 on voit que, dans bien des cas,
35:51 parfois, c'est l'inverse qui est fait.
35:55 Manger 5 fruits et légumes par jour
35:57 n'a en rien fait chuter les ventes de chips, par exemple.
36:00 Mais de toute façon, ce petit jeu-là,
36:02 les géants de l'agroalimentaire
36:03 seront toujours plus forts que l'État,
36:05 parce qu'eux, ils ont des moyens démesurés
36:07 pour pouvoir faire des campagnes de publicitaires
36:09 et pour écraser le consommateur
36:10 sous des pubs alléchantes.
36:11 Il y a quand même une invention française,
36:13 Jonathan, assez remarquable,
36:15 qui s'appelle le "nitricore".
36:16 Le "nitricore", comme ça,
36:17 on peut savoir le taux de calories
36:19 et savoir si un produit est bon ou mauvais
36:21 pour la santé.
36:22 Exactement.
36:23 C'est ce que vous avez.
36:24 C'est une petite réglette
36:25 qu'on voit sur les emballages.
36:26 Je pense que tous ceux qui nous écoutent
36:27 voient très bien ce que c'est.
36:28 Et puis, ça va de A, vert, à E, rouge.
36:31 Ce n'est pas du Rimbaud.
36:33 C'est une classification
36:35 qui indique le taux de sucre,
36:36 le taux de calories, etc., dans ces produits.
36:40 C'est vrai qu'on est le seul pays au monde
36:42 à avoir inventé cela.
36:43 Les industriels jouent le jeu,
36:45 mais il y en a beaucoup qui trichent aussi.
36:47 C'est assez facile, paraît-il,
36:49 de tricher en jouant sur les quantités,
36:51 les proportions indiquées sur l'emballage.
36:53 Mais on assiste surtout à un phénomène intéressant.
36:55 C'est qu'il y a un vrai changement des habitudes
36:58 qui est directement lié à l'inflation.
37:02 Les Français achètent moins.
37:04 Le déclencheur, ça a été effectivement
37:06 la flambée des prix liés à l'inflation.
37:10 Mais il y a eu par là même
37:12 une sense de prise de conscience.
37:14 C'est-à-dire qu'ils ont découvert
37:15 qu'ils n'étaient pas plus malheureux
37:16 et qu'on ne tombait pas d'inanition
37:18 lorsque le placard ne débordait pas
37:20 de boîtes de cookies
37:21 et le frigo de plats tout préparés.
37:24 Et donc on a vu qu'en achetant moins,
37:26 on pouvait très bien vivre aussi.
37:28 Ça n'empêche pas ce qu'on appelle
37:29 les achats-plaisirs dans le domaine d'être en hausse.
37:33 Et c'est directement lié au petit prix
37:35 des producteurs, des distributeurs
37:37 et de leurs marques.
37:38 Mais il y a aussi une tendance réelle.
37:40 C'est que les Français achètent moins,
37:41 mais achètent mieux.
37:43 C'est peut-être la leçon retenue,
37:45 la leçon de Jean-Pierre Coff qu'ils ont retenue,
37:47 qu'ils ne pouvaient s'empêcher de lancer.
37:50 Mais c'est de la merde.
37:52 Fin de citation.
37:53 Je referme les guillemets.
37:55 Personne ne cède à la malbouffe autour du plateau ?
37:57 Si.
37:58 Ah oui, on est obligé de le reconnaître, évidemment.
38:00 Non, Raphaël ?
38:01 Jamais.
38:02 Jamais ?
38:03 Menteur.
38:04 Bon, après avoir parlé à menteurs,
38:05 dit Nathan Devers.
38:07 Nathan qu'ils invalent deux hamburgers au petit-déj.
38:09 Maintenant, un peu moins.
38:11 Non, mais il faut dire que vous n'avez pas dit aussi
38:13 quelque chose qui est difficile à avouer,
38:14 mais parfois c'est bon.
38:15 Par goût, je ne m'apprécie pas du tout.
38:18 Mais faire de la cuisine, ça demande du temps.
38:20 Quand on fait des travails et qu'on est dans le secteur tertiaire,
38:23 c'est plus facile que de revenir au charbon
38:26 et que le soir, on rentre, on prend un plat tout préparé.
38:29 Malheureusement.
38:30 Faire la cuisine, ça prend du temps.
38:31 Aller au cinéma aussi, Gabriel,
38:33 puisque vous allez nous parler de Barbie,
38:35 qui est un véritable carton au box-office.
38:38 Le film est sorti ce mercredi,
38:40 et c'est donc de lui que vous allez nous parler.
38:42 Je l'ai vu hier, personnellement.
38:44 Je vais parler de ce film et aussi de Barbie,
38:47 parce que c'est un personnage qui m'a toujours beaucoup intéressée.
38:50 Sauf à vivre dans une cave ou dans une capsule sur la Lune,
38:53 vous n'aurez pas pu échapper au matraquage rose bonbon
38:57 avec des étincelles, des paillettes partout,
39:00 qui accompagnent la sortie de ce film.
39:01 Même en cherchant des informations sur la réalisatrice,
39:03 j'ai eu une explosion de paillettes sur Google.
39:07 C'est très impressionnant.
39:08 C'est pareil pour les acteurs aussi.
39:10 Exactement.
39:11 On ne recule devant aucun effort.
39:14 Cette opération est importante pour Mattel,
39:17 parce que l'idée, c'est de faire revenir en grâce
39:20 un produit qui a quand même 64 ans.
39:22 Pour une bimbo, c'est un âge mûr.
39:25 Pour ça, l'entreprise a fait appel à une réalisatrice
39:29 réputée féministe, Greta Gerwig,
39:32 qui a déjà fait « Les quatre filles du Dr. Marsh »,
39:35 un excellent film.
39:36 Le résultat est un film humoristique,
39:38 de mise en abîme, d'auto-dérision,
39:40 de clin d'œil multiple au stéréotype Barbie.
39:43 Ça procède un peu de Woody Allen, finalement,
39:46 ou de Jean Dujardin dans OSS 117.
39:50 On se moque des clichés, tout en s'y complaisant.
39:53 C'est très intelligemment fait,
39:56 parce qu'on identifie les reproches
39:59 qui ont pu être faits à ces clichés,
40:01 et on leur tord le cou pour ne pas laisser
40:03 à d'autres le soin de le faire.
40:04 Finalement, ça cloue le bec aux détracteurs.
40:06 C'est une espèce de passe de judo.
40:08 On utilise les faiblesses en force.
40:11 Le rose honey des féministes devient l'emblème
40:14 du « woman power ».
40:15 Ce n'est pas vraiment un film pour les enfants,
40:17 Gabrielle, disons-le.
40:18 Non, pas du tout.
40:19 N'emmenez pas vos filles de 5 ans,
40:21 elles n'y comprendront que quick.
40:23 Mais il a un intérêt presque universitaire,
40:27 presque d'étude,
40:28 parce que ce film en dit beaucoup
40:32 sur la condition de la femme occidentale,
40:35 ses contradictions, depuis 60 ans.
40:38 Ce film se passe à Barbilande,
40:41 avec une sorte de matriarcat,
40:43 où les hommes sont très bien,
40:45 tout à fait déconstruits,
40:46 comme le préconise Sandrine Rousseau.
40:49 On croirait un peu l'Ukrainie.
40:51 Je ne sais pas si vous l'avez lu,
40:52 c'est fantastique,
40:53 ce livre de Bernard Kirini,
40:54 « Les Assoiffés »,
40:55 je ne sais pas si vous connaissez,
40:56 qui imagine une révolution féministe
40:59 dans les années 70,
41:00 avec les femmes qui prennent le pouvoir.
41:02 On voit à ce moment-là que le matriarcat
41:04 est à peu près aussi peu envahable
41:08 que ce que l'on nous dit du patriarcat.
41:10 C'est assez intéressant.
41:12 Il faut quand même savoir que 92% des Américaines
41:17 ont eu une Barbie entre l'âge de 3 et 12 ans.
41:19 C'est quelque chose d'absolument incroyable.
41:21 Ça a envahi l'Europe,
41:22 ça a envahi les autres pays.
41:24 58 millions de poupées vendues par an
41:27 à travers le monde, vous vous rendez compte ?
41:29 C'est un véritable phénomène.
41:32 Quand en 1959,
41:35 l'épouse du fondateur de Mattel crée Barbie,
41:38 alors Barbie, pourquoi Barbie ?
41:40 Parce que c'est le diminutif de Barbara,
41:41 qui est la fille du fondateur de Mattel.
41:43 Vous coucherez moins bête ce soir.
41:45 Elle avait clairement une volonté émancipatrice.
41:48 Elle le dit.
41:49 Jusque-là, les petites filles jouaient avec des poupons,
41:52 elles se projetaient en tant que mère.
41:54 Là, l'idée de les faire,
41:56 c'est de se projeter en tant que femme.
41:59 On voit tout de suite quelque chose
42:03 qui s'est réalisé dans les journaux féminins
42:05 aussi dans ces 60 dernières années,
42:06 c'est l'alliance du capitalisme, du business
42:09 et du féminisme, du progressisme,
42:12 teinté plutôt de gauche habituellement,
42:14 quand on le définit.
42:16 Tout cela fait un tandem qui marche merveilleusement bien.
42:20 C'est vrai que la Barbie,
42:21 ça a été un jouet révolutionnaire pour les petites filles
42:23 parce que ce n'est plus un jouet extérieur.
42:25 Ce n'est plus le bébé de la fillette,
42:27 c'est la fillette elle-même.
42:29 Il nous reste une minute, Gabrielle.
42:31 Oh là là, c'est terrible.
42:33 C'est terrible, je vous le dis.
42:34 Barbie, depuis son origine, a toujours été,
42:36 c'est vrai, une femme de son temps.
42:38 Alors oui, il faut que je fasse très vite.
42:40 Enfin, une caricature de femme de son temps
42:42 parce que la poupée née dans les Trente Glorieuses,
42:44 elle ressemblait avec ses jambes vertigineusement fuselées,
42:47 son décolleté pigeonnant,
42:49 sa taille exagérément fine,
42:51 à l'héroïne de Pas-de-Printemps pour Marnie.
42:53 Et puis, elle a évolué.
42:55 Alors, c'est vrai qu'on n'a jamais su,
42:57 tout le monde s'est un peu renvoyé la balle,
42:59 si elle était de gauche ou de droite.
43:01 À gauche, on la compare à Karen,
43:03 vous savez, l'électrice type de Trump.
43:05 À droite, on dit quand même que cette cagole
43:07 aux formes si affriolantes
43:11 et qui ne s'occupe pas beaucoup de son enfant
43:14 ni de son conjoint,
43:16 qui est un peu en option dans la boîte,
43:18 vous l'aurez remarqué,
43:20 à peu près autant que le caniche et le skate,
43:22 n'est pas vraiment un modèle pour les petites filles.
43:24 Alors, le problème du film et de Barbie,
43:26 c'est que c'est assez américain.
43:27 C'est-à-dire qu'il se veut une vocation messianique.
43:30 Il veut changer le monde,
43:32 projeter une certaine vision de la femme.
43:34 Et moi, je crois que les petites filles,
43:36 aujourd'hui, quand elles jouent à Barbie et à Ken,
43:38 elles n'ont pas envie d'une Barbie
43:40 qui écrase le Ken,
43:42 d'un Ken complètement fallot.
43:44 Elles ont envie d'un rapport équilibré
43:46 entre Ken et Barbie,
43:48 comme l'est celui entre leur père et leur mère.
43:50 Elles ont besoin d'un jouet
43:52 ou d'un outil idéologique au service du capitalisme.
43:54 Merci beaucoup, Gabrielle.
43:56 Allez au cinéma, allez voir Barbie,
43:58 mais après l'heure des pro 2, car c'est tout de suite.
44:00 Vous pouvez aller au cinéma à partir de 21h seulement.
44:02 A tout de suite.

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