Ukraine et Occident : L'envers du décor.

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00:00Bonjour, bonjour à tous, bienvenue dans l'échec qui est mondial.
00:13Washington, et avec lui le camp occidental,
00:15déploie des moyens considérables pour retarder l'inexorable victoire russe.
00:19Quelles sont les motivations et les objectifs poursuivis par cette coalition ?
00:23Pourquoi s'acharnent-elles à soutenir Kiev ?
00:26C'est la question à laquelle nous répondrons aujourd'hui dans cette émission.
00:29Le 9 juin 2024, le sénateur américain-républicain Lidsey Graham
00:40a justifié le soutien de Washington au régime de Kiev
00:43par la perspective de pouvoir s'emparer de matériaux critiques en Ukraine
00:47pour une valeur se chiffrant en milliers de milliards de dollars.
00:50Des matériaux qu'il ne s'agit surtout pas d'abandonner à la Russie et à la Chine.
00:55Cette approche coloniale qui concerne également les ressources agricoles
00:58de ce qui fut le grenier à blé de l'Europe,
01:01ne doit cependant pas faire oublier un autre objectif primordial,
01:05à savoir la sauvegarde de l'hégémonie américaine
01:08et de l'unipolarité issue de la chute de l'Union soviétique.
01:11Les motivations de Washington en Ukraine,
01:14qu'elles soient politico-stratégiques ou économiques, sont faciles à identifier.
01:18Celles des grandes puissances européennes, du Japon ou de la Corée du Sud,
01:21le sont beaucoup moins.
01:23Elles sont même souvent contraires aux intérêts réels de ces nations.
01:29Depuis le 24 février 2022,
01:36l'argument universellement avancé par les Occidentaux
01:40pour justifier le quoi qu'il en coûte du soutien à l'Ukraine
01:43est la défense des valeurs démocratiques.
01:46C'est le leitmotiv du président français Emmanuel Macron
01:49ou celui de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
01:54L'unité autour de nos principes de liberté, de souveraineté et de démocratie.
02:01Ces principes nous ont fait et continuent de nous tenir ensemble.
02:05C'est celui qui croit en ce qu'il défend,
02:09qui sacrifiera tout, quoi qu'il en coûte, pour gagner.
02:13Poutine a commencé le combat contre nous tous,
02:17contre la liberté, le droit à l'autodétermination
02:20et la démocratie en général,
02:22contre tout ce que nous défendions depuis plus de 70 ans.
02:26En fait de valeurs démocratiques,
02:28celles défendues par le régime de Kiev
02:30semblent pourtant difficilement compatibles avec l'Occident libéral.
02:35Pour Volodymyr Zelensky, Stéphane Bandera est un héros de l'Ukraine.
02:39Or Bandera, dans sa déclaration d'indépendance du 30 juin 1941,
02:44déclarait vouloir une Ukraine qui soit partie prenante de la grande Europe d'Adolf Hitler.
02:50L'État ukrainien nouvellement formé
02:52travaillera en étroite collaboration avec le National-Socialisme de la Grande Allemagne
02:56sous la direction de son chef Adolf Hitler
02:59qui veut créer un nouvel ordre en Europe et dans le monde
03:02et aide les Ukrainiens à se libérer de l'occupation soviétique.
03:06L'armée révolutionnaire populaire ukrainienne
03:08qui a été formée sur les terres ukrainiennes
03:10veut continuer à se battre avec l'armée allemande alliée
03:12contre l'occupation moscovite
03:14pour un État souverain et uni
03:17et un nouvel ordre dans le monde entier.
03:19Les Occidentaux ont cependant décidé de passer outre
03:23car la priorité semble donnée à la guerre contre la Russie.
03:26Ainsi, les restrictions émises par l'administration américaine
03:30contre le soutien à l'unité de représailles bandériste Azov
03:34viennent-elles d'être levées ?
03:39Ukraine.
03:40Washington lève son embargo sur l'aide militaire à la brigade Azov.
03:46En 2016, les organisations Amnesty International
03:50et Human Rights Watch
03:52avaient accusé des membres d'Azov
03:54d'avoir commis des violations des droits humains,
03:56dont des tortures.
03:59Washington a cependant jugé que l'actuelle brigade Azov
04:02était différente de la milice volontaire créée il y a 10 ans,
04:06mettant en avant son rôle héroïque dans la défense de Mariupol.
04:11Ce soutien apporté aux unités bandéristes
04:13va pourtant également à l'encontre
04:15d'un autre impératif idéologique occidental,
04:18la promotion des minorités LGBT.
04:21Le 16 juin 2024,
04:23la Gay Pride n'aura duré qu'une demi-heure à Kiev,
04:25dispersée sous la menace de contre-manifestants radicaux.
04:33À Kiev, première marche des Fiertés depuis l'invasion russe.
04:36À la fin de la Gay Pride,
04:37quelques centaines de militants ont parcouru l'avenue Kreschatik,
04:41en direction de la rue désormais vide,
04:43où s'était déroulée la parade.
04:45L'un des organisateurs de cette contre-marche,
04:47qui se tenait à côté d'un homme coiffé d'une casquette ornée d'une croix gammée,
04:51a nié que les menaces de mort étaient homophobes.
04:54Cette défense affichée des valeurs dites démocratiques
04:57et du droit international de la part des pays de l'OTAN
05:00cache de toute évidence des objectifs plus prosaïques,
05:04comme celui du contrôle des ressources naturelles ukrainiennes.
05:07Pour le sénateur Lindsey Graham,
05:13les richesses potentielles de l'Ukraine justifient
05:16les dizaines de milliards dépensés par Washington,
05:19qui ne le seraient pas ainsi à fond perdu.
05:21L'Ukraine dispose de réserves de minéraux critiques
05:25d'une valeur de 10 à 12 billions de dollars.
05:27L'Ukraine peut devenir le pays le plus riche de toute l'Europe.
05:29Je ne veux pas donner cet argent et ses actifs à Poutine
05:32pour qu'il les partage avec la Chine.
05:34Si nous aidons l'Ukraine maintenant,
05:35elle peut devenir notre meilleur partenaire commercial.
05:38Et les actifs miniers essentiels d'une valeur de 10 à 12 billions de dollars
05:42pourraient être utilisés par l'Ukraine et l'Occident
05:44plutôt que transférés à Poutine et la Chine.
05:47Ces minéraux précieux ne sont pas la seule motivation économique
05:50des puissances occidentales pour s'emparer de l'Ukraine.
05:54Ce territoire a toujours suscité des convoitises
05:57et était considéré comme le grenier à blé de l'Europe.
06:00Le général Ludendorff avait déjà voulu s'en emparer en 1917,
06:04puis Adolf Hitler en 1941.
06:07Les grandes entreprises internationales en ont rêvé
06:10et l'appauvrissement de l'Ukraine post-Maïdan
06:12leur a offert une opportunité inespérée.
06:15La générosité du FMI n'était finalement pas si désintéressée
06:19qu'elle en avait l'air
06:20et la vente des terres ukrainiennes à des compagnies privées
06:23était une de ses exigences.
06:25Ce fut finalement le président Volodymyr Zelensky
06:28qui accomplit cette réforme.
06:30Le 1er juillet 2021,
06:31la loi sur l'acquisition des terres ukrainiennes
06:34par des conglomérats fut votée.
06:36Depuis le 1er janvier 2024,
06:38ces conglomérats peuvent acquérir jusqu'à 10 000 hectares de terres agricoles.
06:46Le marché ukrainien des terres agricoles
06:49ouvre ses portes à des investissements supplémentaires.
06:52Malgré les restrictions importantes imposées aux entreprises étrangères,
06:57les perspectives du marché foncier sont positives.
07:01Selon les experts,
07:02même une libéralisation limitée aura un impact positif
07:07sur la dynamique du marché.
07:10Officiellement, l'actionnariat est limité aux entreprises,
07:13aux banques et aux citoyens ukrainiens.
07:15Mais les banques étrangères sont déjà là pour financer,
07:17en attendant l'acquisition pure et simple.
07:20Ce qui constituera l'étape ultime.
07:22L'opération militaire spéciale a changé la donne.
07:25La Russie détient désormais environ 35 000 km²
07:29de terres fertiles soumises à sa législation
07:32en réservant la propriété aux citoyens russes.
07:35Pour les investisseurs étrangers,
07:37l'acquisition de celles encore contrôlées par Kiev
07:40devient extrêmement risquée,
07:42personne ne pouvant prédire où l'armée russe s'arrêtera.
07:45L'avenir financier de l'Ukraine et sa reconstruction
07:48ont déjà donné lieu à des tractations
07:50avec les grands investisseurs publics et privés.
07:52Après plusieurs tours de négociations en 2022,
07:55Volodymyr Zelensky et Larry Fink,
07:57le président et directeur général
07:59du plus grand fonds d'investissement nord-américain BlackRock,
08:02sont parvenus à un accord.
08:07Larry Fink s'accorde avec Volodymyr Zelensky
08:10sur la reconstruction de l'Ukraine.
08:12BlackRock va organiser les investissements
08:14pour le redressement de l'économie ukrainienne.
08:17Le but ?
08:18Coordonner à court terme les investisseurs potentiels
08:21et les participants à l'effort de reconstruction
08:23en dirigeant les capitaux
08:25vers les secteurs les plus indispensables de l'économie,
08:27a expliqué le gouvernement ukrainien
08:30à l'issue d'une visioconférence le 28 décembre.
08:33En juillet 2023,
08:35l'offensive ukrainienne venait d'être lancée
08:37et les fonds d'investissement,
08:38sûrs de la victoire des forces autonomes qui y viennent,
08:41commençaient déjà à anticiper la reconstruction du pays,
08:45estimée à au moins 411 milliards de dollars.
08:48BlackRock est rejoint par McKinsey et JPMorgan Chase.
08:53Ukraine
08:54BlackRock, McKinsey et JPMorgan Chase
08:58au premier plan de la reconstruction.
09:01Engagé par Volodymyr Zelensky depuis novembre,
09:04BlackRock a rapidement été rejoint par JPMorgan,
09:08investisseur historique en Ukraine.
09:11Pour BlackRock et JPMorgan,
09:13c'est une mission pro bono.
09:15Mais elle n'est pas pour autant désintéressée.
09:18Une mission d'une telle ampleur
09:20leur permet de faire un état des lieux
09:22des possibilités d'investissement dans le pays
09:25dont les débouchés risquent de se multiplier à l'issue du conflit.
09:30L'Ukraine représente donc une zone d'investissement potentielle
09:33dans la perspective d'une reconstruction sous égide occidentale.
09:37Pour autant,
09:38la prolongation du conflit manifestement défavorable à Kiev
09:42a incité les créanciers à réclamer le recouvrement de la dette ukrainienne
09:47émise avant le début de l'opération militaire spéciale.
09:54Les bailleurs pressent l'Ukraine
09:56de reprendre le remboursement de sa dette.
09:58Les créanciers de l'Ukraine ont déclaré que Kiev
10:01avait pu attendre pour les rembourser
10:03après l'irruption des troupes russes dans le pays il y a deux ans.
10:06À présent, leur patience a atteint ses limites.
10:09Le groupe Pousse Kiev,
10:11qui vient tout juste de recevoir une aide américaine
10:13d'environ 60 milliards de dollars,
10:15a conclu un accord pour reprendre les paiements
10:18en échange de la remise d'une grosse part de sa dette.
10:21Selon le Wall Street Journal,
10:23ce groupe de détenteurs d'obligations étrangers,
10:25dont BlackRock et Pimco font partie,
10:28prévoit de faire pression sur l'Ukraine
10:30pour qu'elle recommence à payer les intérêts de sa dette
10:33dès l'année prochaine.
10:35Malgré les risques,
10:36de nombreux investisseurs voient encore l'Ukraine
10:38comme une source d'opportunités économiques et financières.
10:42Mais in fine,
10:43ce qui semble dominer dans l'approche occidentale du conflit,
10:46ce sont les déterminismes géopolitiques.
10:53La Pologne, tout d'abord,
10:54n'a pas renoncé à des territoires
10:56qui furent en partie ses colonies jusqu'au XVIIe siècle.
11:00En novembre 2014, Grzegorz Skrytina,
11:03ministre polonais des Affaires étrangères,
11:05fit scandale dans les médias nationaux
11:07en rappelant cette réalité historique.
11:13Grzegorz Skrytina compare l'Ukraine à une colonie.
11:16Tempête à la diète polonaise.
11:18« Je pense que toute conversation sérieuse
11:20sur l'avenir de l'Ukraine
11:21et la quête d'une réponse sérieuse
11:23sur la manière de mettre fin au conflit
11:25doit avoir lieu en notre présence.
11:27Parler de l'Ukraine sans la Pologne,
11:29c'est comme parler de la Libye, de l'Algérie,
11:31de la Tunisie, du Maroc,
11:33sans l'Italie, la France, l'Espagne »,
11:35a déclaré Grzegorz Skrytina.
11:38La relation entre la Pologne et l'Ukraine
11:40est en effet ancienne.
11:42L'Ukraine centrale fut une colonie polonaise
11:44jusqu'au milieu du XVIIe siècle
11:46lorsque l'Ethman Bogdan Klemitsky
11:48demanda son rattachement à l'Empire russe.
11:51Il faut attendre 1945
11:53pour que Staline s'empare enfin
11:55des deux dernières provinces polonaises
11:57de Galicie et de Volhynie
11:59pour les donner à la République socialiste
12:01soviétique d'Ukraine.
12:03Comme le père de l'indépendance polonaise,
12:05le général Józef Pilsudski,
12:07les élites polonaises actuelles
12:09rêvent de reconstituer leur zone d'influence
12:11entre la mer Baltique et la mer Noire.
12:13La Pologne ambitionne
12:15de constituer la barrière de l'Est
12:17face à la Russie.
12:19Elle développe pour cela ce qu'elle appelle
12:21l'initiative des trois mers
12:23qui consiste à créer un bloc géopolitique
12:25autour de la mer Baltique,
12:27de la mer Noire et de la mer Adriatique.
12:30Malgré ces ambitions,
12:32la Pologne n'a pas les ressources humaines,
12:34économiques ou militaires nécessaires
12:36pour défier sérieusement la Russie en Ukraine.
12:39Mais ses objectifs convergent
12:41avec ceux de Washington.
12:47Le sénateur Lindsey Graham,
12:49qui lorgne, nous l'avons vu, sur les richesses minérales
12:51de l'Ukraine, considère de manière générale
12:53que l'argent des contribuables
12:55américains n'a jamais été aussi bien
12:57dépensé qu'en Ukraine.
12:59C'est le meilleur investissement
13:01que nous ayons fait. Merci monsieur.
13:03Nous sommes tous pour.
13:05Et il ne parle pas là d'enjeux économiques
13:07mais de géopolitiques
13:09et de la nécessité pour Washington
13:11de contrôler l'Europe de l'Est.
13:13La conception nord-américaine
13:15de la diplomatie est fondée sur la vision
13:17du monde du géopoliticien
13:19John Mackinder, tel que formulée
13:21au début du siècle dernier.
13:23Qui gouverne l'Europe de l'Est, domine le heartland.
13:25Qui gouverne le heartland,
13:27domine l'île-monde.
13:29Qui gouverne l'île-monde, domine le monde.
13:31Pour Mackinder et ses successeurs,
13:33le monde se divise entre
13:35l'île-monde, qui inclut les continents
13:37eurasiatiques et africains,
13:39et face à elle, les grandes îles
13:41qui l'entourent, l'Amérique, l'Australie,
13:43le Japon et les îles britanniques.
13:45L'enjeu pour l'Amérique
13:47est de contrôler l'île-monde,
13:49où se trouve l'essentiel de l'humanité
13:51et des richesses. Et pour cela,
13:53il faut contrôler l'Europe orientale
13:55et en particulier l'Ukraine.
13:57L'un des héritiers de Mackinder
13:59est le géopoliticien américain d'origine polonaise
14:01Zbigniew Brzezinski.
14:03Il a formulé au milieu des années 90
14:05ce que devait être la politique
14:07étrangère américaine jusqu'à nos jours
14:09et énoncé ses conceptions
14:11dans son ouvrage de référence
14:13Le Grand Échequier,
14:15publié en 1997.
14:17Brzezinski catégorise
14:19les pays en acteurs géostratégiques
14:21et pivots géopolitiques.
14:25Les acteurs géopolitiques
14:27de premier plan sont les États dotés
14:29d'une capacité, d'une volonté nationale
14:31suffisante pour exercer leur puissance
14:33et leur influence au-delà de leurs frontières.
14:35De ce fait,
14:37ils sont en mesure de modifier
14:39les relations internationales
14:41au risque d'affecter les intérêts de l'Amérique.
14:43La France,
14:45l'Allemagne, la Chine, la Russie
14:47sont des acteurs géostratégiques,
14:49mais pas l'Ukraine, l'Azerbaïdjan
14:51ou la Corée du Sud qui constituent
14:53des pivots géopolitiques.
14:57La notion de pivots géopolitiques
14:59désigne les États dont l'importance
15:01tient moins à leur puissance réelle et à leur motivation
15:03qu'à leur situation géographique sensible
15:05et à leur vulnérabilité potentielle
15:07laquelle influe sur le comportement
15:09des acteurs géostratégiques.
15:11Le plus souvent, leur localisation leur confère
15:13un rôle clé pour accéder à certaines régions
15:15ou leur permet de couper
15:17à un acteur de premier plan
15:19des ressources qui lui sont nécessaires.
15:21Ainsi, dans la géopolitique
15:23américaine, l'Ukraine n'est pas
15:25considérée comme un acteur politique
15:27mais comme une zone à contrôler
15:29pour dominer l'île-monde.
15:31Bozhezinski affirme en effet
15:33je cite,
15:35qu'identifier et protéger les pivots géopolitiques
15:37majeurs de l'après-guerre froide
15:39est essentiel pour la géostratégie
15:41globale de l'Amérique.
15:43Le 30 avril 2014, au lendemain
15:45du rattachement de la Crimée à la Fédération
15:47de Russie, le géopoliticien
15:49ne s'est pas contenté de confirmer
15:51devant le Center for Strategic
15:53and International Studies
15:55l'avance géopolitique de l'Ukraine
15:57pour Washington, mais a proposé
15:59la stratégie qui a finalement
16:01été adoptée par l'OTAN.
16:03Je suis certain que si nous voulons
16:05dissuader les Russes d'avancer, nous devons
16:07les convaincre que ce sera coûteux et long.
16:09Et ce ne sera coûteux et long
16:11qu'à condition que les Ukrainiens
16:13se battent.
16:15Les Ukrainiens ne se battront que
16:17s'ils croient qu'ils finiront par recevoir
16:19de l'aide de l'Occident, en particulier
16:21sous la forme des armes nécessaires à une défense
16:23réussie.
16:25Ils ne battront pas les Russes à terrain
16:27découvert où des milliers de chars avancent.
16:31Ils les vaincront d'une seule façon,
16:35par une résistance urbaine
16:37prolongée.
16:39De cette façon,
16:41la guerre devient coûteuse.
16:43Ensuite, son coût économique pour les
16:45Russes augmente considérablement.
16:47Puis, la guerre devient inutile
16:49d'un point de vue politique.
16:51Mais pour défendre une ville,
16:53il faut des armes anti-chars et des missiles à main.
16:55Il faut une certaine
16:57organisation pour rendre la
16:59guerre difficile.
17:01Mais les combats urbains sont le type de
17:03combat le plus difficile et le plus coûteux
17:05pour tout partenaire impliqué dans la guerre.
17:07À moins que ce partenaire ne soit
17:09prêt à utiliser des armes de destruction totale
17:11qui ne sont évidemment pas utilisées ici.
17:13Les objectifs
17:15géopolitiques de la Pologne et des
17:17Etats-Unis en Ukraine sont clairement
17:19et publiquement définis.
17:21Ce n'est pas le cas de ceux de l'Allemagne.
17:23Traditionnellement, Berlin a toujours
17:25considéré l'Europe centrale,
17:27la Mitteleuropa, comme une zone
17:29d'influence naturelle. Ce mouvement
17:31est désigné par l'expression
17:33«Drang nach Osten», en français
17:35«la ruée vers l'Est».
17:37Cette volonté d'expansion fut théorisée
17:39par le géopoliticien allemand
17:41Karl Haushofer, puis
17:43par le Troisième Reich, qui en fit
17:45le fameux «espace vital»
17:47à coloniser. C'est ce que
17:49préconise Adolf Hitler dans Mein Kampf.
18:11Le traumatisme de la société allemande
18:13après la Seconde Guerre mondiale
18:15interdit à ses représentants
18:17d'évoquer ouvertement des ambitions
18:19territoriales. Et il est difficile
18:21de savoir si les vieilles conceptions
18:23géopolitiques ont laissé des traces
18:25au sein des élites allemandes.
18:27En attendant, l'Ukraine a été jusqu'au
18:29début de l'opération militaire spéciale
18:31un réservoir de main-d'œuvre bon marché
18:33dans lequel l'économie allemande,
18:35alors prospère, n'hésitait
18:37pas à piocher. Il ne s'agit
18:39pas là de juger de la validité des
18:41concepts géopolitiques anglo-saxons
18:43ou germaniques, mais de garder
18:45à l'esprit que dans la mesure où les classes
18:47dirigeantes de ces pays respectifs
18:49y croient fermement, cela
18:51détermine leur politique étrangère.
18:53Les raisons de soutenir l'Ukraine
18:55pour les Occidentaux sont donc de trois ordres.
18:57Idéologique, au nom des
18:59dites valeurs occidentales. Économique,
19:01pour la possession des matières
19:03premières. Et géopolitique,
19:05par le rôle de pivot attribué
19:07à l'Ukraine.
19:09Pour en parler, je reçois
19:13Édouard Husson, historien
19:15et cofondateur de l'Institut
19:17Brennus. Édouard Husson, bonjour.
19:19Bonjour Xavier. Merci d'avoir
19:21accepté notre invitation et ma première
19:23question consiste à vous
19:25demander s'il est vraiment
19:27sincère de la part des Occidentaux
19:29d'évoquer les valeurs démocratiques
19:31en Ukraine pour justifier le quoi
19:33qu'il en coûte du soutien
19:35précisément de l'Occident à l'Ukraine.
19:37Si je suis
19:39provocateur, je vais dire que
19:41le menteur finit
19:43toujours un jour par croire
19:45à son propre mensonge. En tout
19:47cas, on est à
19:49un stade où je suis convaincu
19:51qu'une partie des
19:53classes moyennes, des milieux dirigeants
19:55occidentaux croient à ce
19:57qu'ils disent sur l'Ukraine
19:59symbole absolu
20:01de la démocratie et de la lutte pour la liberté.
20:03Et je suis toujours
20:05fasciné quand je vois
20:07les drapeaux sur les bâtiments
20:09publics en France, les drapeaux ukrainiens,
20:11je me dis mais est-ce que ces gens
20:13sont déjà allés en Ukraine ?
20:15Je respecte quelqu'un qui dit
20:17il faut défendre l'Ukraine, très bien
20:19mais est-ce que
20:21pour autant il faut en faire un symbole
20:23de la vertu et de la démocratie
20:25quand on connaît l'histoire de ce pays
20:27dans les 30 dernières années
20:29et surtout quand on est solidaire avec le peuple
20:31ukrainien, dans le moins qu'on
20:33puisse dire c'est qu'il n'est pas acteur de son histoire
20:35depuis 30 ans et donc
20:37je pense qu'il y a une forme de sincérité.
20:39Et cet argument moral
20:41est-ce que vous pensez qu'il peut convaincre
20:43le reste du monde, notamment
20:45ce qu'on appelle le sud global ?
20:47Alors les gens dont je parle
20:49vivent dans une bulle. Les occidentaux
20:51avec
20:53leur valeur morale
20:55brandie
20:57avec la version
20:59arde si j'ose dire
21:01de la commission européenne
21:03ou du gouvernement américain
21:05on a vu l'épisode
21:07tragique comique
21:09et grotesque de la
21:11gay pride à Kiev si je ne me trompe pas
21:13il y a quelques jours
21:15donc l'occident vit dans sa bulle
21:17il ne se rend pas compte que
21:19le reste du monde
21:21l'accuse de double langage
21:23et en particulier je crois qu'il y a quelque chose
21:25de très important à comprendre
21:27c'est qu'en fait
21:29hors du monde occidental
21:31hors d'Amérique du Nord et
21:33d'Europe occidentale
21:35on va dire ou d'Europe centrale
21:37il y a fondamentalement
21:39un rejet de l'arrogance
21:41occidentale mais aussi un sentiment très
21:43fort que le monde occidental
21:45ne croit pas à l'égalité
21:47entre les peuples et que le monde
21:49occidental, Etats-Unis
21:51Allemagne, Grande-Bretagne
21:53en tête est convaincu
21:55qu'il y a un privilège
21:57occidental à défendre
21:59qui est celui de
22:01organiser la gouvernance mondiale
22:03et ça je pense que c'est
22:05définitivement rejeté
22:07par le reste du monde
22:09Parlons maintenant des motivations économiques
22:11l'Ukraine regorge-t-elle
22:13de richesses comme le prétend par exemple
22:15le sénateur républicain à l'Instagram
22:17qui parle de milliers, de milliards
22:19de dollars
22:21Oui, alors je pense
22:23que l'Instagram n'a
22:25pas tort et il a
22:27un côté singe en bouche d'or
22:29qui est assez réjouissant
22:31On parlait à l'instant
22:33des valeurs morales invoquées
22:35moi je suis surpris que
22:37il y ait très peu
22:39d'analyses dans les
22:41médias occidentaux sur
22:43la concurrence entre
22:45les Etats-Unis et la Russie, l'Union
22:47Européenne pour le
22:49sous-sol ukrainien, l'exploitation
22:51des gisements de minerais
22:53de métaux etc
22:55et je vais donner un seul exemple
22:57au printemps
22:592021
23:01l'Union Européenne a signé
23:03avec le gouvernement de Kiev
23:05donc c'était avant la guerre
23:07un partenariat pour
23:09l'utilisation
23:11des ressources et des matières
23:13premières et dans
23:15le cadre de ce partenariat
23:17il y a un
23:19atlas des investissements
23:21qui a été réalisé, alors les Etats-Unis
23:23sont aussi de la partie
23:25c'est à dire qu'il y a, si je ne me trompe pas
23:27il y a un ministère ukrainien des ressources
23:29naturelles et ce ministère
23:31a réalisé
23:33un atlas des investissements
23:35c'est à dire un relevé de tous les
23:37gisements de minerais, de métaux
23:39précieux etc que l'on peut trouver en Ukraine
23:41c'est en accès libre sur internet
23:43si vous le cherchez
23:45donc il y a un enjeu
23:47l'INSECRA me parle
23:49on estime
23:51que la valeur des métaux
23:53qui sont dans le sous-sol ukrainien
23:55c'est plus de 7000 milliards de dollars
23:57Dans la
23:59géopolitique américaine
24:01l'Ukraine est considérée comme un pivot
24:03cet impératif
24:05fait-il l'unanimité ou pourrait-il être
24:07contourné par exemple par l'arrivée de
24:09Donald Trump ?
24:11Alors je crois
24:13la notion de pivot elle vient
24:15récemment de Brzezinski
24:17mais qui lui-même l'a pris
24:19à la tradition géopolitique en partie
24:21celle de Mackinder
24:23avec l'opposition entre la puissance maritime
24:25et la puissance continentale
24:27et l'idée que si la puissance
24:29maritime, la grande puissance
24:31maritime des Etats-Unis voulait
24:33bloquer la domination
24:35eurasiatique du monde
24:37il fallait contrôler l'Ukraine
24:39alors ce
24:41c'est effectivement quelque chose
24:43qui est présent dans les
24:45élites américaines même si je pense qu'aujourd'hui
24:47l'échiquier
24:49est mondial et le problème
24:51auquel sont confrontés
24:53les élites américaines
24:55c'est qu'ils ont
24:57pensé
24:59ébranler la Russie
25:01en l'occupant
25:03dans une guerre dont elle ne saurait pas
25:05se dépêtrer et aujourd'hui ce sont plutôt
25:07les Etats-Unis et l'Union Européenne
25:09qui ne savent pas comment sortir de la guerre d'Ukraine
25:11mais il y a aussi la guerre de Gaza
25:13il y a aussi les tensions autour
25:15de Taïwan et dans ce
25:17cadre-là je pense
25:19qu'on est plus
25:21aujourd'hui dans des considérations politiques
25:23il ne faut pas avoir l'air de céder
25:25en Ukraine
25:27avant l'élection présidentielle
25:29américaine parce que ça serait un argument
25:31pour Trump, par ailleurs Trump
25:33qui est un homme efficace a dit qu'il
25:35a laissé
25:37penser qu'il
25:39négociera rapidement
25:41la fin de la guerre d'Ukraine, ça c'est vrai
25:43Merci Edouard Husson
25:45Merci Xavier
25:47Je rappelle que vous êtes historien et co-fondateur
25:49de l'Institut Brénus
25:55Comme d'habitude on termine notre émission
25:57avec vos questions que vous nous posez
25:59sur les réseaux sociaux Telegram ou Odyssée
26:01avec le hashtag
26:03échecquiermondial RT en français
26:05Une question nous a été envoyée par Philippe
26:11Quels sont les intérêts de la France
26:13en Ukraine ?
26:17La France n'a aucun intérêt
26:19ni en Ukraine ni en mer Noire
26:21Historiquement que ce soit en 1917
26:23ou en 1939
26:25les héros de l'Ukraine actuelle
26:27étaient alliés de l'Allemagne et ennemis de la France
26:29En revanche
26:31la classe dirigeante française à l'instar
26:33des autres classes dirigeantes occidentales
26:35actuelles observe avec inquiétude
26:37la perspective de plus en plus
26:39évidente de sa défaite
26:41militaro-économique face à la Russie
26:43Cela explique vraisemblablement
26:45la fébrilité et le côté
26:47erratique de la diplomatie française
26:49vis-à-vis du conflit ukrainien
26:51Merci beaucoup de nous avoir suivis
26:53Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine
26:55pour un nouveau numéro de l'Echecquier Mondial
26:57A bientôt sur RT en français