• il y a 2 mois
Le choc de l'assassinat d'un industriel allemand par l'IRA a condamné au suicide sa femme, l'une de ses deux filles et son gendre. Grâce aux témoignages des petites-filles de la victime, retour sur une période de violence qui a endeuillé trois générations.

L'enlèvement puis l'assassinat de Thomas Niedermayer à l'hiver 1973 s'inscrivent dans une succession d'événements tragiques qui ont déchiré l'Irlande du début des années 1970. Un an plus tôt, le Bloody Sunday laissait quatorze civils désarmés morts sur une chaussée de Derry, assassinés par l'armée britannique – et la région en proie aux premiers signes d'une guerre civile. En représailles, l'IRA lançait une campagne d'attentats à la bombe sur le sol d'Irlande du Nord et en Angleterre. Mais rien ne laissait présager que l'organisation s'en prendrait à Thomas Niedermayer, dirigeant de l'usine Grundig de Belfast et consul honoraire de la RFA domicilié en Irlande depuis plus de quatorze ans. Le cerveau des attentats menés par l'IRA à cette époque, Michael Keenan, était un ancien ouvrier de son usine... La famille Nierdermayer demeurera sept ans dans l'incertitude avant d'obtenir la preuve de la mort du kidnappé, enterré dans les bois à un kilomètre du domicile après que l'enlèvement eut mal tourné. Ses proches ne s'en remettront jamais.

Cycle de traumatisme

Selon les recherches du journaliste David Blake Knox dans son livre Face Down (non traduit), dont est adapté le documentaire de Gerry Gregg, l'industriel allemand aurait dû servir à l'IRA de monnaie d'échange contre les sœurs Dolours et Marian Price, deux poseuses de bombes emprisonnées en Angleterre. Un coup trop violent porté au crâne de Thomas Niedermayer aura forcé l'IRA à changer ses plans, cacher le corps et tenir sa langue pendant plus de sept ans, avant qu'un informateur de la police ne finisse par révéler la vérité. Sept ans durant lesquels la famille s'est délitée sous l'angoisse, aboutissant dans les années qui ont suivi à une vague de suicides : celui de la femme de l'industriel, qui revint en Irlande dix ans après la découverte du corps de son mari et entra dans la mer pour n'en plus ressortir, suivi de l'une de ses deux filles, Gabriele, présente le soir du kidnapping, en 1993, pour finir enfin par celui du mari de cette dernière en 1996. Un documentaire qui, par le prisme des témoignages, étudie le "cycle de traumatisme, de chagrin et de culpabilité du survivant", selon les mots de la petite-fille de l'industriel, qui a paralysé des dizaines de familles comptant leurs morts en Irlande du Nord, des années 1970 jusqu'à l'accord du "Vendredi saint" signé en 1998.

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00:30L'Université d'Ottawa est la plus grande université de l'Histoire de l'Histoire
00:35L'Université d'Ottawa est la plus grande université de l'Histoire
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02:05L'université d'Ottawa est la plus grande université de l'Histoire
02:11Je savais toujours me recevoir de bébés
02:15Je savais toujours me recevoir de bébés
02:20et je ne suis jamais reparti
02:24quoi qu'on fasse et où qu'on aille, maman aurait été fière de Tania et moi
02:29tout ce qu'elle voulait c'est qu'on soit heureuse
02:34Quand j'étais plus jeune, je ne pensais pas atteindre l'âge que j'ai actuellement.
02:48Ma mère disait toujours que dans la famille, on ne dépassait jamais les 40 ans.
02:53Donc le jour où je les ai eus, ça a été une véritable fête, à plusieurs niveaux.
02:59J'aurais pu me laisser engloutir par la dépression, mais j'ai réussi à m'en sortir.
03:14Et aujourd'hui, j'aime la vie.
03:20C'est merveilleux d'être mère. Mes enfants illuminent ma vie.
03:27Tanya a beaucoup souffert. Le chagrin l'a complètement terrassée.
03:32Moi, je me suis enfuie et je refais ma vie ailleurs, mais elle, elle n'a pas pu.
03:38Elle a beaucoup pris sur ses épaules. C'est vraiment une femme formidable.
03:46On ne nous avait jamais raconté l'histoire de notre famille.
03:54C'est seulement à la mort de mon père, quand on a fouillé son bureau et qu'on est tombés sur toutes ces vieilles coupures de journaux,
04:01qu'on a pris conscience de tout le contexte autour de l'histoire de notre grand-père Thomas.
04:08Le 29 octobre.
04:15Mon cher Hans, nous avons reçu votre bande et nous avons vraiment été très heureux.
04:20Mais avant de répondre à votre bande ou de nous raconter, je voudrais vous présenter un chanson d'Irlande.
04:39Belfast, la capitale de ce coin étrange du Royaume-Uni, qui se trouve à l'extérieur de la Grande-Bretagne.
04:46Ulster a eu un emploi en tant qu'enfant, et elle a été en train de se battre pour la survie depuis toujours.
04:51Le taux d'emploi en Irlande est maintenant de 8%.
04:55Quelque chose de drastique devait être fait pour attirer de nouveaux employés sur l'eau.
05:01180 nouvelles fabriques ont déjà été établies dans la province.
05:06Certains sont venus du continent, comme cette plante Grundig.
05:09C'est l'unique de ses dizaines de fabriques construites à l'extérieur de l'Allemagne.
05:13Au début, il y avait 16 techniciens allemands ici.
05:16Maintenant, il n'y en a que 6, l'un d'entre eux est le directeur général.
05:22À l'intérieur d'un carton, on a découvert l'histoire de notre grand-père Thomas Niedermayer.
05:28Il a commencé comme apprenti chez Grundig, dans un atelier en Allemagne.
05:32Puis il a grimpé les échelons jusqu'à devenir directeur de l'usine de Belfast.
05:36Il a aussi été consul honoraire d'Allemagne de l'Ouest en Irlande du Nord.
05:42Thomas et Ingeborg, notre grand-mère, ont déménagé à Belfast avec leurs deux filles, Renate et Gabrielle.
05:49La famille s'est vite acclimatée à sa nouvelle vie en Irlande du Nord.
06:03Ils étaient très heureux.
06:05Lui, c'était le frère de mon mari.
06:08Comme je vous le disais, il était consul d'Allemagne et directeur de l'usine Grundig.
06:14Et on était tous très fiers.
06:16Je peux dire en toute sincérité que ça a été la période la plus heureuse de ma carrière de secrétaire.
06:22Monsieur Niedermayer était un bon patron.
06:25Mais ça ne l'empêchait pas d'avoir aussi beaucoup d'espoir pour le futur.
06:29Je me souviens qu'il y a quelques années, il m'a dit qu'il voulait être secrétaire.
06:34Je me souviens qu'il m'a dit qu'il voulait être secrétaire.
06:37Je me souviens qu'il m'a dit qu'il voulait être secrétaire.
06:40Je me souviens qu'il m'a dit qu'il voulait être secrétaire.
06:44Mais ça ne l'empêchait pas d'avoir aussi le sens de l'humour.
06:47Il avait toujours l'allure dynamique et l'esprit aiguisé comme une lame.
06:52Par exemple, il savait très précisément ce qu'il allait faire au cours des 5 années suivantes pour aider l'entreprise à se développer.
07:02J'ai commencé à travailler ici à 16 ans, en 1969.
07:08Je me souviens que votre grand-père avait organisé une réunion avec mes parents et moi pour discuter de mon apprentissage.
07:19Thomas, votre grand-père, était très respecté.
07:24On avait même un peu peur de lui, moi le premier.
07:28Quand on s'approchait de son bureau et qu'on voyait le panneau du consulat d'Allemagne sur sa porte,
07:33on disait que c'était quelqu'un de très important et qu'on n'avait pas intérêt à lui chercher des poux.
07:40À l'époque, il y avait une énorme pénurie d'emplois en Irlande du Nord.
07:44Donc, en s'implantant ici, l'usine a permis à plus de 2000 personnes de gagner leur vie.
07:50Aussi bien des catholiques que des protestants.
07:54Pour l'entreprise, la religion n'avait aucune importance.
07:58Ce qu'elle voulait, c'était de la main-d'oeuvre.
08:04L'Irlande
08:23En septembre 1970, un ami d'enfance m'a dit
08:27« J'ai découvert l'Ira provisoire et demain je vais me faire introniser. Tu veux venir avec moi ? »
08:33Et sans réfléchir, j'ai répondu « D'accord, ça a l'air sympa. »
08:37À 15 ans, on était excités comme des puces à l'idée de rencontrer des agents secrets de l'Ira.
08:42Mais très vite, ils nous ont menacés.
08:45« Si jamais vous donnez des infos, que vous cafetez ou que vous en parlez à quelqu'un, on vous flingue. »
08:53J'ai grandi à Derry.
08:56J'ai toujours voulu entrer dans la police.
08:59Mais je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait, évidemment.
09:02Je pensais que le conflit ne durerait pas et que j'allais devenir un simple policier.
09:07Mais rien que les deux premières années, j'ai été envoyé sur 12 scènes de meurtres religieux.
09:13J'étais dans les locaux de la RTE quand soudain une bombe a explosé.
09:35Et tout l'immeuble a tremblé.
09:37Puis une autre bombe a explosé.
09:39Puis une autre.
09:41C'est 3h30 du matin.
09:43Et pour les 20 dernières minutes, Belfast a été éclatée par la plus grande offensive bombardière de cette année.
09:50L'été 1972 a été une horrible période de troubles, de tueries et de massacres.
10:00L'Irlande du Nord s'est retrouvée au bord de la guerre civile, suite à une campagne très concertée de l'Irak contre l'État.
10:11La population protestante a répliqué aux agissements des paramilitaires et la situation a vite tourné au chaos.
10:17J'ai rencontré un membre du conseil de l'armée de l'Irak qui m'a dit, on est parti pour 20 ans de guerre et à la fin ce sera un territoire dévasté, mais ce sera le nôtre.
10:48Il y a tellement de choses que j'ignorais sur mes grands-parents, ma mère et ma tante.
10:59Notre grand-mère, Inge, venait de Prusse-Orientale, au nord de l'Allemagne.
11:04En 1945, la région a été envahie par l'armée rouge.
11:09Inge m'a raconté le calvaire qu'elle avait subi cette année-là, alors qu'elle était encore adolescente.
11:15Pour échapper aux troupes soviétiques, elle est montée dans un train de réfugiés.
11:20Là, elle a été témoin de terribles atrocités, des viols, des massacres.
11:26Elle a vécu au milieu des cadavres et des mourants pendant six mois à bord de ce train qui parcourait toute l'Allemagne.
11:33Huit membres de sa famille ont trouvé la mort dans ce conflit.
11:49Puis elle rencontre Thomas. Elle reprend goût à la vie, se marie et a des enfants.
11:56C'est à cette époque-là que je l'ai rencontrée. Ils se sont mariés, puis ils sont partis vivre en Irlande.
12:04Gabrielle, qu'on appelait Gabi, était notre mère et l'aînée des deux filles.
12:10Sa petite sœur s'appelait Renate.
12:16Renate et moi, on est devenus amoureux de l'Irlande,
12:19et on s'est rendu compte que l'Irlande était l'un des meilleurs endroits où on pouvait vivre.
12:24C'est là qu'on s'est rendu compte que l'Irlande était l'un des meilleurs endroits où on pouvait vivre.
12:31Renate et moi, on est devenus amies assez tôt, dès l'école primaire.
12:35Ce qui nous a rapprochés, c'était notre amour des chevaux.
12:39Chez elle, c'était même une passion. Elle les adorait.
12:45Pour elle, les animaux passaient avant tout. Elle était toujours prête à les sauver.
12:50On était totalement différentes, mais ça ne nous a pas empêchés de devenir très amies.
12:56Elle avait une grande sœur.
12:59On la trouvait géniale parce qu'elle se maquillait, parce qu'elle était toujours bien habillée,
13:05et qu'elle avait un petit copain.
13:11J'ai rencontré Gabi à 13 ans, quand je suis entrée au pensionnat.
13:16Moi, j'étais interne, elle était externe.
13:19C'est une fille qui avait beaucoup d'élégance.
13:23Elle était très distinguée, un peu comme la princesse Grasse dans sa façon de bouger, de s'habiller.
13:29C'était très facile de s'en faire une amie.
13:33Le père de Gabi, Thomas Niedermayer, était quelqu'un de calme et de très gentil, avec un regard doux.
13:40Je me souviens de ses yeux. Il dégageait la même sérénité que Gabi.
13:46Début mars 1973, dix membres de l'IRA ont été chargés de placer trois voitures piégées à Londres.
13:56Après, ils se sont rendus à l'aéroport d'Eastrow.
14:04Ces dix membres étaient très importants pour l'IRA.
14:07Parmi eux se trouvaient Marianne et Dolores Price, deux jeunes activistes très respectés.
14:12Ils ont tous été condamnés.
14:14Les Surprises ont demandé à être transférés dans une prison nord-irlandaise, mais le gouvernement britannique a refusé.
14:20Alors, elles ont entamé une grève de la faim.
14:26Je connaissais pas mal de subalternes de l'IRA, et ils étaient plutôt sympas.
14:30Certains étaient même adorables.
14:32C'est leur chef qui était des monstres.
14:35En 1973, le conseil de l'armée de l'IRA avait comme point de rendez-vous un magasin de bonbons tenu par deux vieilles sœurs célibataires.
14:43Ils organisaient leur réunion dans la cuisine, en buvant du thé.
14:46C'est là que j'ai rencontré Brian Kinnan.
14:51On me l'a présenté comme le quartier-maître général de l'IRA.
14:56On me l'a présenté comme le quartier-maître général de l'IRA.
15:09Kinnan était la personne la plus importante de l'IRA.
15:16On pense qu'il s'est rendu en Libye, qu'il a eu un entretien privé avec le colonel Qadhafi,
15:23et que celui-ci lui aurait promis de lui livrer des armes.
15:32Kinnan avait travaillé chez Grundig.
15:35Il avait même été délégué syndical à l'époque où Niedermayer était directeur général.
15:42Brian Kinnan n'était pas le genre d'homme qu'on avait envie de côtoyer trop souvent.
15:47Il est venu quelques fois au bureau de la direction.
15:50Le temps est monté et M. Niedermayer a dû lui demander de sortir.
15:57Brian Kinnan était l'une des personnes les plus charismatiques que j'ai jamais connues, et j'en ai connu.
16:02On sentait qu'il était prêt à tout pour arriver à ses fins.
16:12Un jour, je m'en souviens parfaitement, je suis arrivé au magasin de bonbons et l'ambiance était très pesante.
16:20J'ai tout de suite remarqué que les membres du conseil de l'IRA étaient tous tétanisés par la situation des SPV des Sœurs Price.
16:32C'est à ce moment-là que le conseil de l'IRA a autorisé son premier kidnapping.
16:38L'OLP avait déjà kidnappé et même assassiné des sportifs.
16:41Et il y avait aussi l'ETA qui enlevait des gens.
16:45À l'époque, les personnages influents étaient difficiles à kidnapper en Irlande du Nord, parce qu'ils vivaient dans des quartiers protégés.
16:52Alors que Niedermayer, lui, habitait dans le secteur républicain de Belfast.
16:57Et en plus, c'était le consul honoraire de la RFA en Irlande du Nord.
17:07Il n'y avait pas école, c'était les vacances de Noël.
17:12On ne rendait jamais de visite le jour de Noël ni le lendemain.
17:15Donc j'y suis allée le surlendemain.
17:17Pendant les vacances, la mère de Renate a été hospitalisée.
17:21C'est Renate qui m'a ouvert la porte.
17:23Elle m'a emmenée dans la cuisine et a fait du thé.
17:26Je me suis dit que son père devait être dans son bureau, parce qu'on n'y est pas entrés pour regarder la télé sur le grand écran.
17:32Et puis je suis repartie chez moi en début de soirée.
17:42C'était deux jours après Noël, tard le soir.
17:46À la maison, il n'y avait que Renate et Thomas.
17:50D'après les rapports de police, ça a sonné à la porte.
17:55Et Renate est allée ouvrir.
18:12Le lendemain matin, j'écoute les infos et j'entends que monsieur Niedermayer a été enlevé.
18:18J'ai failli faire une crise cardiaque.
18:24C'était difficile de s'en prendre à un ambassadeur britannique ou à un juge.
18:28Ils étaient tous protégés.
18:30Alors que Niedermayer vivait avec les gens du quartier.
18:32Pourquoi se serait-il méfié ?
18:34Il leur fournissait du travail, il était gentil.
18:36Mais qui dit gentil, dit gentil.
18:39La fait que l'on voit ici un très bien-mêlé homme d'atteinte nationale au Nord de l'Irlande,
18:44a fait que c'était un cas qui était répété par toute la population et par ces dirigeants.
18:52Au Nord de l'Irlande.
18:54Vous ne pouvez pas mettre d'envergure qu'il n'y ait pas eu de...
18:58La tegention a été forte.
19:00qui a fait que ce cas a été pris en charge
19:03par la population et les groupes de gouvernement
19:07au nord de l'Irlande et en Grande-Bretagne.
19:13Nous étions tous choqués.
19:15Nous avons pleuré.
19:30M. Niedermeyer avait disparu
19:33et personne n'expliquait ce qui s'était passé.
19:36Il y avait un climat de mystère et d'angoisse.
20:31J'imagine que certains articles publiés
20:33pendant cette période d'incertitude
20:36ont dû causer énormément de peine.
20:43L'attitude des journalistes, moi y compris, a été affligeante.
20:48Certains ont prétendu que c'était un trafiquant d'armes.
20:52J'ai été contacté par un journaliste
20:54qui m'a dit qu'il n'y avait pas d'information
20:58sur l'Ira.
20:59J'ai été contacté par un journaliste allemand,
21:02Boris Gallasch.
21:03Il m'a dit que la nouvelle théorie,
21:06c'est que l'Ira n'a rien à voir avec l'enlèvement.
21:09Pour les dirigeants de Grundig,
21:11ce n'était pas un coup des Républicains,
21:14mais des loyalistes.
21:15Et moi, je les ai crus.
21:17J'ai écrit dans l'Observeur que, d'après les autorités allemandes,
21:21Niedermeyer n'avait pas été kidnappé par l'Ira,
21:24mais par les loyalistes.
21:27Gallasch admirait sincèrement l'Ira.
21:30Je pense qu'il faisait ce que l'Ira attendait de lui,
21:33en détournant l'attention du public vers les loyalistes
21:37et en se servant de moi qui travaillais à l'Observeur.
21:40Il leur fallait un idiot utile, et ça a été moi.
21:43On a dit aussi qu'il avait une maîtresse
21:46et qu'il s'était enfui avec elle.
21:48Ca a provoqué un scandale.
21:50Je me suis retrouvée dans tous les journaux.
21:53J'étais tout le temps suivie.
21:55Il y avait des voitures qui déboulaient de partout.
21:58Je devais presque brûler les feux rouges pour leur échapper.
22:03Un jour, au supermarché, je me trouvais derrière deux dames
22:07qui n'arrêtaient pas de critiquer cette fameuse secrétaire.
22:10Je leur ai tapé sur l'épaule et j'ai dit,
22:13c'est moi, la femme dont vous parlez.
22:16On se connaît ?
22:17C'est un miracle qu'elle n'ait pas fait une attaque sous mes yeux
22:21parce qu'elle avait dit des choses vraiment méchantes sur moi.
22:25Qu'est-ce que vous pensez que vous avez fait ?
22:28Je ne sais pas. C'est quelque chose que je ne comprends pas.
22:32Ca n'a jamais arrivé. Je ne sais pas quoi penser.
22:34Est-ce possible que votre père soit encore vivant ?
22:37Oui. Jusqu'à ce qu'il soit prouvé mort,
22:39je continuerai à croire qu'il est encore vivant.
22:42Comment a-t-elle réagi à cette période d'anxiété ?
22:45Je pense qu'elle s'est bien amusée.
22:49Au début, on était tous très confus et on ne savait pas quoi faire.
22:53On a réussi à s'organiser.
22:54Je ne sais pas ce qu'on aurait fait sans elle.
22:57Si la pire chose s'est passée, voulez-vous en savoir plus ?
23:01Oui, certainement.
23:02Rien ne nous a pas laissé savoir ce qui s'est passé,
23:04d'une façon ou d'une autre.
23:07Je n'avais jamais entendu la voix de ma mère comme ça.
23:10Elle dégage une certaine force de caractère.
23:13On sent qu'elle veut vraiment savoir ce qui s'est passé.
23:15Elle semble dire, bien sûr que je veux savoir,
23:18mais en attendant, on doit bien continuer à vivre.
23:24Je trouve ça très courageux de sa part.
23:31Après l'enlèvement de son père, elle est restée complètement stoïque.
23:36Elle gardait son chagrin pour elle.
23:38Mais je me souviens qu'un jour, toute excitée,
23:41elle m'a dit qu'elle avait rencontré quelqu'un, un garçon à part.
23:45Elle était en train de se noyer et il a été sa bouée de sauvetage.
23:49Elle pouvait s'appuyer sur lui et envisager enfin un avenir.
23:54Moins d'un an après la disparition de Thomas,
23:57ma mère et mon père se sont fiancés.
23:59Je sais que le jour du mariage, la sécurité a été une source d'inquiétude.
24:03Ils avaient peur que l'IRA s'en prenne à toute la famille Niedermayer.
24:06D'autant plus que la veille de la cérémonie,
24:08un homme avait été tué par balle dans les environs.
24:11Un membre de l'IRA s'est accidentellement tiré une balle
24:14avec son propre pistolet à moins de 2 km du lieu de l'Anos.
24:18Ca a déclenché une vraie paranoïa.
24:22Tout le monde s'est demandé ce que cet homme faisait là
24:24et s'il avait été envoyé pour mener une opération spéciale à la cérémonie.
24:29Quand Robbie et Gabby se sont mariés,
24:31on connaissait la date de l'événement, mais pas l'heure exacte.
24:35Les policiers nous ont dit que c'était le jour de la cérémonie.
24:38Les policiers nous ont prévenus seulement une heure avant
24:41parce qu'ils craignaient que Robbie et Gabby soient pris pour cibles par l'IRA.
24:45Et au mariage, il y avait des agents de la police secrète pour nous protéger.
24:58Kinnan était une sorte de mythe,
25:01le croque-mythède de l'IRA provisoire.
25:03Un homme intraitable qui arrivait à convaincre les gens de prendre en charge
25:07et qui arrivait à convaincre les gens d'obéir à ses ordres.
25:10Et en général, ses ordres, c'était d'aller tuer quelqu'un.
25:13Il n'en avait rien à cirer des victimes. Il était sans pitié.
25:17Brian Kinnan ne pouvait pas se tenir à l'écart dans les attentats de Londres.
25:22Il devait aller sur place pour pouvoir dire ensuite,
25:24« Oui, j'y étais. J'ai vu nos poseurs de bombes héroïques à l'œuvre.
25:28Pas question pour lui de rater ça. »
25:33Je me suis mise à la place d'Ingeborg
25:35et j'ai essayé de comprendre ce que ça faisait
25:38de regarder sans arrêt par-dessus son épaule en espérant croiser son mari.
25:43Elle a dû imaginer tout un tas de scénarios.
25:46Elle a beaucoup changé.
25:48Elle ne s'est jamais résignée à son sort.
25:52Elle a passé un examen psychiatrique
25:55et lors de cet examen, elle a confirmé qu'elle était sincèrement convaincue
25:58que son mari était toujours en vie.
26:01Pendant tout ce temps, elle a gardé espoir.
26:05Tout au long des années 70,
26:07la police a continué à rechercher mon grand-père.
26:36On l'accusait d'avoir dirigé l'équipe des poseurs de bombes en Angleterre.
26:40Il a été amené à Londres dans un avion de la Royal Air Force,
26:43c'est dire son importance, et il a été réculpé.
26:52Pendant sept ans,
26:55ma famille a attendu sans relâche
26:57et n'a cessé de réclamer des informations sur mon grand-père.
27:01J'ai toujours veillé à entretenir un bon réseau d'informateurs.
27:05Un jour, l'un d'entre eux m'a dit
27:07« Il y a un homme qui devrait t'intéresser.
27:09Il est discret, mais très important.
27:11Nous lui avons donné pour nom de code « Disciple. » »
27:18J'ai retrouvé « Disciple » à Springfield Road,
27:21dans le quartier républicain de Cambridge,
27:23et j'ai demandé à l'hôpital de l'hôpital,
27:25« Est-ce qu'il y a quelqu'un qui pourrait m'aider ? »
27:28J'ai trouvé « Disciple » à Springfield Road,
27:31dans le quartier républicain de Belfast West.
27:34Il m'a dit « Je suis très proche de l'IRA. »
27:38À une époque, je buvais régulièrement des coups avec le commandant.
27:42Un jour, quelqu'un lui a posé la question
27:44« Il s'est passé quoi avec Niedermeyer ? »
27:47Il a répondu « T'inquiète pas pour lui,
27:49il est au fond d'un trou et il continue de creuser. »
27:52« Comment ça, il continue de creuser ? »
27:54« Donc il peut continuer de creuser. »
27:57« Et il est où ? » « Près du pont de Collinglen. »
28:00C'était à un kilomètre de la maison de Thomas Niedermeyer.
28:03Toute la province était en état d'alerte,
28:05avec des barrages routiers partout.
28:07Et pendant tout ce temps, il se trouvait à un kilomètre de chez lui.
28:11D'après mon expérience,
28:14quand des hommes se pointent chez vous sans cagoule pour vous enlever,
28:17c'est que vous ne reviendrez pas.
28:19Il n'y avait aucune chance qu'ils soient relâchés.
28:24On a créé une organisation de protection de la nature
28:28qu'on a appelée le groupe d'action environnementale de Belfast West.
28:32Et on a obtenu une subvention
28:34pour nettoyer le parc forestier de Collinglen.
28:37Il y avait des carcasses d'animaux,
28:39des vieux frigos, des matelas.
28:41Je me suis dit « Comment on va faire
28:44pour retrouver un corps au milieu de tout ça ? »
28:47C'est ce que j'ai fait.
28:49Je me suis dit « Comment on va faire
28:51pour retrouver un corps au milieu de tout ça ? »
28:55Au fil des semaines,
28:57le niveau des ordures diminuait
28:59et les rats ont commencé à apparaître.
29:01La météo était épouvantable.
29:03Il n'arrêtait pas de pleuvoir.
29:05J'étais de plus en plus tendu
29:08parce que c'était une grosse opération.
29:17Le premier jour de la quatrième semaine,
29:20toujours aucun signe du corps.
29:22Je commençais à désespérer.
29:24Et vers 2h de l'après-midi,
29:26l'un des deux gars qui s'occupaient de la pelteuse
29:29s'est mis à crier « Alan, arrête tout !
29:31On l'a retrouvé ! »
29:35J'ai accouru tout de suite.
29:38Et là, j'ai vu un pantalon en laine
29:40avec des os qui dépassaient.
29:45L'après-midi du tout dernier jour,
29:47on a trouvé ce qu'on était venu chercher.
29:49Et effectivement, il était enterré face à nous.
29:54Face contre terre.
30:20On a eu du mal à l'identifier
30:22parce qu'il n'avait pas de dossier dentaire.
30:27Voilà une photo de Thomas Niedermayer de son vivant.
30:30Le médecin légiste a eu une idée de génie.
30:34Il a fait faire un transparent de ce portrait de l'homme d'affaires
30:38sur lequel on voit distinctement ses dents.
30:41Puis, il l'a superposé à la photo du crâne.
30:45Et ça correspondait parfaitement.
30:48Ça nous a confirmé qu'il s'agissait bien du corps de Thomas Niedermayer.
30:58Cette tragédie est d'une grande tristesse.
31:02Pour moi, c'est l'histoire la plus honteuse de l'Irlande du Nord.
31:09Mon mari et moi, on s'est rendus sur place.
31:12Et un dirigeant de Grundig nous a accompagnés.
31:14Il nous a dit « Je ne vous laisse pas y aller.
31:16Je viens avec vous. »
31:19On a pris l'avion tous ensemble et on est allés au funérail.
31:47J'ai demandé à Disciples s'ils savaient qui était derrière
31:51toute cette opération autour de Niedermayer.
31:54Il m'a répondu « Oui, tout le monde le savait à l'époque. »
31:59C'est Brian Kinnan qui a eu l'idée.
32:02Et ça aurait été un coup de maître s'il avait réussi à trouver
32:06le corps de Thomas Niedermayer.
32:08C'est ce que j'ai fait.
32:11C'est ce que j'ai fait.
32:13C'est ce que j'ai fait.
32:15Ça aurait été un coup de maître s'il avait réussi à obtenir
32:17le transfert des Surprise en Irlande du Nord.
32:23Scotland Yard nous a autorisés à entrer dans la prison de Brixton.
32:28Et là, on nous a amené Brian Kinnan.
32:31Je lui posais des questions
32:33et lui se contentait de nous foudroyer du regard.
32:38On voyait qu'il était totalement dévoué à la cause
32:41Pour lui, on était juste des gêneurs.
32:45Je pense que ça a été plus profitable pour lui que pour nous, parce qu'il n'a pas dit un mot.
33:01Au cours d'un de nos entretiens, Disciple m'a révélé que John Bradley était impliqué dans cette affaire.
33:08Pourtant c'était juste une petite frappe, le genre de type à qui on faisait appel pour piquer une bagnole,
33:13mais pas pour un gros coup comme l'enlèvement de Niedermeyer.
33:20Pour connaître les détails du plan de Keenan, il suffisait d'interroger Bradley.
33:27Quand des types comme ça reprennent leurs esprits et se retrouvent face à deux enquêteurs qui les confrontent à la violence de leurs actes,
33:33ils finissent toujours par parler.
33:37Il nous a raconté, un jour ils ont débarqué chez moi sans prévenir et ils m'ont dit,
33:42on est sur une grosse opération et on cherche quelqu'un pour garder un prisonnier.
33:47Ils m'ont emmené dans une maison à Hillhead Crescent et à l'intérieur il y avait Niedermeyer.
33:51Je l'ai tout de suite reconnu.
33:53Le deuxième soir, Niedermeyer était plutôt calme.
33:56Il était détenu dans une petite chambre sombre, la seule lumière était celle du poêle électrique.
34:07À un moment donné, il a demandé à aller aux toilettes.
34:10Mais une fois dans le couloir, il a essayé de s'enfuir.
34:13Trois hommes l'ont rattrapé et l'ont ramené dans sa chambre.
34:18Il s'est mis à crier.
34:20On a commencé à paniquer.
34:22On l'a jeté sur le matelas par terre, mais il continuait à crier.
34:27Alors un des gars a sorti son Browning 9mm et l'a frappé deux fois à la tête.
34:34Le corps de Niedermeyer est devenu inerte.
34:38Il était mort.
34:46On a aussi appris qu'au moment de cette opération, Kinan était en cavale.
34:50Il a dormi à différents endroits et entre autres chez Eugene McManus.
34:58McManus était un adjudant de la brigade de Belfast.
35:02Quand on l'a interrogé, il nous a raconté que toute cette opération Niedermeyer
35:06avait été élaborée par Brian Kinan, mais que ça avait très mal tourné.
35:12Il nous a dit que si Lyra avait découvert que Kinan était responsable d'un tel fiasco,
35:18sa réputation en aurait pris un sacré coup.
35:21Donc c'est lui-même qui a insisté pour que tout ça reste entre nous,
35:24que le corps soit enterré dans le plus grand secret et qu'on n'en parle plus jamais.
35:31Les parisiens ont été en prison pour leur part pour l'arrestation et la mort de Thomas Niedermeyer en 1973.
35:38John Christopher Bradley, l'un des hommes qui l'ont gardé, a été condamné à 20 ans de prison.
35:43Un autre accusé, Eugene McManus, qui a admis qu'il avait aidé les kidnappeurs
35:47et qu'il appartenait à l'IRA, a reçu une sentence de 5 ans.
35:51La vie et la mort de Thomas Niedermeyer n'avaient aucune importance pour ces ravisseurs.
35:56C'était ça, Lyra.
35:58Une organisation qui tuait des gens.
36:01Niedermeyer a été victime de ce culte de la mort, tout comme sa femme et le reste de sa famille.
36:17Mon objectif, c'est d'en apprendre plus sur ma famille, sur ce qu'ils ont traversé et sur qui ils étaient vraiment.
36:29Voilà la maison dans laquelle mon grand-père Thomas a été emmené après son enlèvement.
36:34C'est là qu'il a été assassiné.
36:37Les gens qui vivent ici aujourd'hui n'ont rien à voir avec ce qui s'est passé.
36:41La maison se trouve dans un quartier résidentiel tranquille.
36:45Ce n'est pas un bâtiment abandonné avec les fenêtres mûrées,
36:49dans lequel on imagine des horreurs comme la détention d'un otage.
36:54C'est surréaliste pour moi d'être ici et de regarder l'endroit où il a été détenu,
36:59où il s'est débattu et où on l'a tué.
37:07Peu de temps après les obsèques, Ingeborg est retournée vivre en Allemagne, à Bamberg, la ville natale de Thomas.
37:16Je me souviens de mamie Ingeborg.
37:19Elle était toute petite, très timide et elle avait toujours l'air extrêmement triste.
37:30Il y avait beaucoup d'amour entre ma mère et elle.
37:33Elles se parlaient en allemand, donc personne ne comprenait ce qui se passait et ce qu'elles se disaient.
37:39Mamie Ingeborg revenait régulièrement ici, même après avoir vendu la maison.
37:45Et à chaque fois, elle venait s'asseoir sur ce banc, encore et encore.
37:50C'est tellement triste.
37:55C'était comme si elle était restée coincée ici, à l'endroit précis où leur vie avait définitivement basculé.
38:03Quand je pense à mon grand-père, à ma grand-mère, à Renate, à ma mère et à toutes les souffrances qu'ils ont dû endurer ce jour-là, ça me brise le cœur.
38:14Sans même que je le sache, ça a assombri ma vie.
38:22En juin 1990, la famille de l'homme qui a tué sa fille,
38:27en juin 1990, Ingeborg est retournée en Irlande.
38:36Elle a choisi le front de mer à Bray, où Thomas et elle avaient passé tant de bons moments.
38:43Elle a tout organisé à la perfection, en souvenir de ses jours heureux.
38:57Tragiquement, Madame Niedermayer s'est donnée la mort en se noyant dans la mer.
39:08Elle en avait fini avec la vie, oui.
39:16C'est terriblement triste d'en arriver à se dire que le suicide est la seule solution.
39:22Renate adorait les animaux. Je pense même que c'étaient eux, ses vrais amis.
39:31C'est difficile d'imaginer la douleur que ça a dû lui causer d'être celle qui a ouvert la porte.
39:39Je pense même que c'était eux, ses vrais amis.
39:45Je pense même que c'était eux, ses vrais amis.
39:52Dans les années qui ont suivi l'enlèvement, elle a développé un trouble de l'alimentation.
39:58Puis elle est partie loin, elle a déménagé en Afrique du Sud.
40:03Là-bas, elle a travaillé comme bénévole dans un refuge pour animaux blessés et abandonnés.
40:11Et elle est morte là-bas, en 1992, de troubles métaboliques liés à la boulimie.
40:17Pour moi, c'est une forme de suicide.
40:20Oui, ça va être…
40:43Il était surnommé le Chien. C'est comme ça que l'appelaient les services de renseignement.
40:47C'était un peu le Rottweiler de l'ira provisoire.
40:52J'ai interrogé un grand nombre d'informateurs républicains au fil des ans.
40:56Beaucoup m'ont raconté que lorsque Jerry Adams ou Martin McGuinness arrivaient quelque part, les gens restaient assis.
41:03Mais quand Kenan entrait dans une pièce, tout le monde se mettait au garde-à-vous.
41:08Ma mère était d'une douceur et d'une gentillesse.
41:24Elle a toujours eu un côté mélancolique, mais elle était dévouée à 100% à Tanya et moi.
41:30A aucun moment, on ne pouvait douter de son amour inconditionnel.
41:35Elle consacrait sa vie à nous donner tout ce qu'elle pouvait.
41:43Un soir, je suis rentrée et papa a dit que maman avait disparu.
41:48Elle a dit qu'elle allait faire des courses en ville.
41:51Mais le lendemain, son corps a été retrouvé dans une voiture au milieu d'un champ.
41:58L'enlèvement de Thomas a déterminé toute la vie de ma mère,
42:02les choix qu'elle a faits et même son rapport au bonheur en général.
42:11Elle a laissé tout un tas de cartes postales et elle nous a écrit une lettre à chacune.
42:17Sur la mienne, il y a des endroits où l'encre a bavé à cause des larmes qu'elle a versées.
42:23Elle dit, je sais que tu feras de grandes choses dans la vie.
42:26Souviens-toi que je t'aime.
42:28Et c'est pour ça que cette lettre est si difficile à écrire.
42:33Dans celle qu'elle m'a écrite, elle dit, je suis désolée,
42:36mais tu comprendras pourquoi mon geste est nécessaire.
42:40Je t'aime, mais il est clair que ma vie est terminée.
42:44Donc, je suis désolée, mais tu comprendras pourquoi mon geste est nécessaire.
42:50Ma vie est terminée.
42:53Donc, il est temps d'y mettre fin.
42:56Jeudi soir, ma toute dernière lettre.
42:59Elle s'adresse à Tania et moi.
43:01Je veux que vous sachiez que je vous aime.
43:04Devenez de grandes dames.
43:06Menez la carrière que vous aurez choisie.
43:08Et surtout, soyez heureuses.
43:10Je serai toujours avec vous.
43:21Qu'est-ce que ça veut dire ?
43:23Parce que ça me frappe, c'est ce que je veux dire, comme un renouement.
43:27Mais il n'y aura pas de renouement.
43:29Kinan était le conseiller de McGuinness et Adams dans le processus de paix.
43:34Toutes les propositions que le gouvernement britannique faisait à Adams et McGuinness
43:38devaient être soumises à Kinan.
43:40S'il donnait son accord, le reste de l'Ira lui en boitait le pas.
43:45Son soutien dans le processus de paix et dans la stratégie pacifique du Sinn Féin
43:50a été absolument crucial.
43:54C'est une erreur monumentale de croire que Brian Kinan est devenu un homme de paix.
43:59La lutte armée a pris fin, mais il continue de mener campagne
44:03contre l'État nord-irlandais à coups de mensonges,
44:06de tentatives de subversion et de procédés malhonnêtes.
44:10Ma mère est morte en 1994,
44:14et cette perte a profondément affecté mon père, Robin.
44:21Et en 1999, lui aussi s'est suicidé.
44:26C'est une des nombreuses répercussions de ce kidnapping de Thomas à son domicile.
44:33Mon père est autant victime que le reste de la famille Niedermeyer.
45:04Famille, Sinn Féin et membres de l'IRA ont pris des décisions pour porter le coffre.
45:16Quand quelqu'un comme Kinan meurt,
45:19le monde préfère retenir l'image du grand patriote irlandais
45:22qui a combattu les Britanniques
45:25et consacré sa vie à une noble cause.
45:30Et les victimes comme Thomas Niedermeyer passent complètement à la trappe.
45:42Pourquoi n'a-t-il pas dit la vérité ?
45:45Était-ce si difficile de s'expliquer auprès de la famille,
45:48de dire « Voilà ce qui s'est passé, on l'a fait,
45:52et vous savez quoi ? On a eu tort.
45:55On vous demande pardon. »
45:57Mais il n'a rien dit.
46:13Je m'appelle Tania.
46:15Je suis l'une des deux petites filles de Thomas Niedermeyer.
46:18Ma sœur n'avait que 14 ans quand notre mère est morte
46:21et 19 ans quand notre père est mort.
46:25Voilà notre héritage.
46:28Voilà le traumatisme que la décision de kidnapper Thomas
46:31a causé sur plusieurs générations.
46:34Mais ce cycle de traumatisme, de chagrin
46:37et de sentiments de culpabilité d'avoir survécu
46:40ne devrait pas définir notre existence.
46:45Mes enfants savent ce qui est arrivé à notre famille.
46:49Ils ont une certaine compréhension des événements.
46:57J'espère qu'ils nous aideront à briser ce cycle
47:00et qu'ils auront une vie heureuse, prospère et pleine d'amour,
47:04même en étant au courant de tout.
47:14Merci beaucoup de m'avoir écoutée.
47:32Le malheur que notre famille a subi doit s'arrêter à Tania et moi.
47:36Je ne veux pas qu'il se propage à la génération suivante.
47:41Je refuse que la vie de nos enfants soit encore affectée par tout ça.
47:51La mort de ma mère a été un coup terrible.
47:56Lorsque j'ai eu un enfant à mon tour,
47:59je me suis rendue compte à quel point on a toujours besoin de sa maman,
48:03même à l'âge adulte.
48:07Je trouve ça vraiment génial qu'on fasse ce voyage en Allemagne
48:11pour rencontrer une partie de notre famille qu'on ne connaissait pas du tout.
48:18Tania et moi, on avait toujours eu la conviction
48:21qu'on ne vivrait jamais au-delà de 40 ans.
48:26Finalement, on a toutes les deux franchi la barre, heureusement.
48:37Je ne pense pas qu'on soit des cas à part.
48:40Il y a plein de gens qui vivent des choses bien pires
48:43que ce qui est arrivé à notre famille.
48:47Et ils réussissent à s'en sortir, à surmonter ça
48:50et à dépasser leur statut de victime.
48:55Donc je suis intimement persuadée que Tania et moi,
48:58on arrivera aussi à surmonter ce qui est arrivé à notre famille.
49:06Sous-titrage Société Radio-Canada
49:36Musique douce
50:06...
50:36...

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