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Regardez Les auditeurs ont la parole avec Eric Brunet et Céline Landreau du 04 septembre 2024.

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00:00Jusqu'à 14h, les auditeurs ont la parole, Eric Brunet et Céline Landreau sur RTL.
00:08Allez, j'accueille sans plus attendre Martin, mon cher Martin, bonjour, qui est Martin ?
00:13Bonjour, ancien sauveteur en mer.
00:15Ah, c'est vous qui avez laissé un message tout à l'heure ?
00:17C'est ça.
00:18Ah ben merci, restez avec nous, je vous prends dans une seconde.
00:21Et tout de suite, c'est le rappel des titres avec vous Céline Landreau.
00:25Et justement avec Martin, on évoquera ce drame hier,
00:2812 personnes mortes noyées alors qu'elle tentait de rallier le Royaume-Uni.
00:31Un bilan qui pourrait encore s'alourdir,
00:33puisque deux migrants naufragés étaient hospitalisés en urgence absolue,
00:36et cela alors que l'année 2024 est déjà la plus meurtrière.
00:40Depuis le début de ces traversées, au moins 37 morts depuis janvier.
00:44Hier encore, le ministre des Missionnaires de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
00:47appelait à la signature d'un traité migratoire entre la Grande-Bretagne et l'Union Européenne
00:52pour tenter de mettre un terme à ces départs clandestins.
00:55Et alors que l'on attend toujours un nom pour Matignon,
00:58la course à la présidentielle est lancée.
01:01Présidentielle qui n'aura normalement lieu qu'en 2027.
01:04Mais Édouard Philippe, l'ancien Premier ministre et maire du Havre,
01:06a déjà fait savoir qu'il était candidat,
01:08et prêt dans la perspective d'une élection présidentielle anticipée.
01:12Enfin, les Paralympiques et l'équipe de France qui dépassent désormais
01:15le nombre de titres glanés à Tokyo avec la médaille d'or,
01:18la deuxième ce matin d'Alexandre Léauté,
01:21le paracycliste qui s'est imposé lors du contre-la-montre.
01:25La météo, Peggy Broch cet après-midi, encore bien humide.
01:29Oui, bien plus vieux actuellement sur les Pyrénées, une partie de l'Occitanie.
01:32On aura des pluies orageuses également qui vont se mettre en place.
01:35Et sur le sud-est, ce sera plus vieux et orageux,
01:38avec de la grêle localement, des pluies soutenues, parfois des orages forts.
01:42Ces orages qui vont s'intensifier dans la nuit.
01:45Et sur le nord-est, on va retrouver également un temps avec quelques averses.
01:49Et sur tout le reste du pays, sur l'ouest, un temps beaucoup plus calme,
01:52entre nuages et éclaircies, quelques gouttes possibles,
01:54vers la Bretagne et la Normandie, le tout sous des températures en baisse.
01:5718 à 23 degrés sur l'ouest du pays, encore jusqu'à 26 sur le nord-est
02:02et 27 à 30 degrés près de la Méditerranée.
02:04Et je signale que le Var et les Alpes-Maritimes sont en vigilance orange aux orages
02:09à partir de ce soir 18h.
02:11Merci Peggy, merci beaucoup.
02:19Éric Brunet, Céline Landreau.
02:21Il s'appelle Martin, il nous a laissé un message sur la tragédie de la Manche,
02:26le naufrage de ce bateau de migrants qui a fait 12 morts hier.
02:30Et nous venons de le rappeler.
02:32Martin, merci de passer quelques instants avec nous.
02:35Vous êtes donc un ancien sauveteur en mer.
02:38Vous avez participé par le passé à des sauvetages.
02:42Je sais qu'en 2021, il y a eu un terrible naufrage par exemple.
02:47Oui, on a participé à plusieurs naufrages et plusieurs sauvetages.
02:51Et on va dire que c'était quotidien, les sauvetages de personnes.
02:55Même plusieurs fois par jour, donc c'était très compliqué.
02:59Vous dépendez de quelle administration ?
03:04Vous travaillez pour qui quand vous êtes sauveteur professionnel comme cela, Martin ?
03:08Je ne préfère pas répondre parce que je n'ai pas envie que...
03:11C'est l'État ?
03:12Oui, c'est l'État.
03:13Ah oui, c'est l'État.
03:14Tout dépend de l'État.
03:16Quand vous partez en mission, ça veut dire qu'un bateau a déjà été repéré par des avions, des aéronefs ?
03:26Et on vous demande de partir en mission pour lui venir en aide ?
03:31Alors, ça ne se passe pas totalement comme ça.
03:33C'est soit aéronefs, soit avions.
03:35Soit les forces de l'ordre qui sont sur les côtes, qui signalent un départ.
03:39Ou simplement des pêcheurs ou des gros bateaux portcontainers qui traversent la Manche, qui signalent ça.
03:47Donc on y va, on sécurise le plan d'eau pour éviter qu'il se fasse percuter par tous ces gros bateaux.
03:54Vous y allez alors avec quoi ? Avec des semi-rigides, avec des gros moteurs, c'est ça ?
03:57Non, non, non, ça dépend.
03:59Après, on est en semi-rigides, on est en gros bateaux de 30 mètres, voire même des bateaux de la marine nationale.
04:05Donc on a des gros moyens, des gros bateaux.
04:09C'est les seuls moyens qu'on a.
04:11Après, on est là, on reste à côté, à proximité, on les surveille pour qu'ils ne se fassent pas percuter.
04:17Et si jamais ils tombent en panne et qu'ils demandent assistance, on va les recueillir, porter secours.
04:23Des fois, on leur produit les premiers soins, on leur donne de quoi manger, de quoi boire.
04:28Parce que quand même, passer plusieurs heures en mer, c'est fatigant.
04:34Donc on a déjà fait des ramassés des corps où, quand vous arrivez sur zone,
04:39vous voyez des hélicoptères de partout, des fumigènes de partout,
04:43et vous savez qu'à chaque fumigène, il y a au minimum un corps.
04:45Et donc là, vous arrivez, vous ramassez.
04:50Moi, ce qui m'a le plus marqué dans ces situations-là, on appelle ça les yeux de Neptune.
04:54Attendez, les yeux de Neptune ?
04:57Les yeux, les corps, ils ont des yeux bleus, intenses, qui hypnotisent.
05:04Et encore aujourd'hui, quand je dors, je vois ça.
05:08Ça vous a traumatisé, vous, de devoir comme ça ramasser ces corps ?
05:14Le plus traumatisant, c'est quand vous avez des enfants, c'est de ramasser un enfant qui a à peu près l'âge de vos enfants.
05:21Là, oui, c'est traumatisant. C'est une des raisons qui m'ont fait arrêter.
05:25La mission que vous remplissiez à l'époque, c'était d'accompagner ces embarcations fragiles
05:34afin qu'elles arrivent sur les côtes anglaises.
05:37C'était de les accompagner, mais en leur faisant faire demi-tour pour qu'elles reviennent en France.
05:43Quelle était votre mission de secouriste, Martin ?
05:48Nous, c'était de sécuriser leurs traversées.
05:54Jusqu'en Angleterre ?
05:55Jusqu'à la frontière.
05:57Après, c'était les Anglais qui prenaient le relais à la border force.
06:02Après, quand vous êtes sur un bateau, vous êtes 4, 5, et qu'eux, ils sont 60,
06:10parce qu'on n'est pas armé, on n'a rien, qu'ils sont 60 et tout ça,
06:16je pense que les faire monter de force sur votre bateau, c'est plus dur.
06:21C'est prendre des risques, en fait.
06:23Martin, vous disiez, j'ai encore ces images en tête,
06:27est-ce que c'était devenu une hantise au quotidien, le matin, en allant travailler,
06:32de devoir se trouver face à des situations dramatiques assez fumigènes que vous évoquiez ?
06:39Oui, totalement. Honnêtement, comme on dit, l'humain n'est pas prévu pour ça.
06:45On n'est pas prévu pour aller en mer ramasser des corps d'enfants qui ont 4, 5 ans,
06:52même des adultes, c'est traumatisant.
06:55Surtout, comme je vous ai dit, j'identifiais ces enfants à mes enfants,
07:00parce que c'est particulier.
07:04Il vous est arrivé, dans des situations particulières,
07:08de pouvoir échanger avec ces femmes, ces hommes ?
07:12J'ai échangé, oui, avec un monsieur qui venait d'Inde,
07:14parce que c'est un pays que j'affectionne particulièrement.
07:17J'ai discuté avec lui pour savoir un peu les raisons qui l'amenaient à faire cette traversée,
07:24parce que c'est quand même étonnant de venir d'aussi loin.
07:28Lui, il ne sait pas que c'était juste le côté financier qui l'intéressait.
07:32Parce qu'en Angleterre, il allait avoir beaucoup d'argent,
07:35et qu'après, il allait repartir dans son pays.
07:37Il savait que c'était sa troisième fois qu'il allait en Angleterre.
07:41Il était parti en Angleterre, il est retourné en Inde, et puis il refait ça.
07:46Martin, vous disiez que l'être humain n'est pas fait pour ça,
07:49pour vivre des situations pareilles.
07:51Est-ce que vos collègues, vous-même, vous pouviez bénéficier d'un soutien psychologique
07:56pour tenir dans de telles circonstances ?
08:00En 5 ans, j'ai eu le droit, en collectif,
08:04c'était tous ensemble, on était là,
08:06donc on ne peut pas vraiment trop se confier, on a eu le droit à une heure.
08:08En 5 ans ?
08:09En 5 ans.
08:11Voilà.
08:12Il y a le côté psychologique, mais il y a aussi le côté physique,
08:15qui est très, très difficile.
08:17Parce que vous travaillez de nuit,
08:19parce que les départs sont de nuit,
08:21des fois, à 16h, vous ne savez pas si vous travaillez la nuit ou pas.
08:25Quand vous êtes père de famille,
08:28garder vos enfants, c'est compliqué,
08:30parce que si votre conjoint ou votre conjointe travaille de nuit,
08:34c'est pareil, ce n'est pas évident.
08:36Des fois, quand vous êtes prévu de ne pas travailler,
08:39on vous rappelle sur vos repos en disant
08:41« Ecoute, là, dans 20 minutes, il faut que tu sois là parce qu'on part en mer. »
08:44Alors que c'est d'autres bateaux qui étaient prévus.
08:46Martin, le ministère de l'Intérieur britannique
08:49dit que cette année, depuis le 1er janvier,
08:52donc sur un peu plus de 8 mois,
08:54il y a eu environ 10.000 migrants qui sont arrivés en Grande-Bretagne
08:58en traversant la Manche.
09:0010.000 migrants.
09:01Mais combien se sont noyés,
09:04combien se sont perdus dans les mers,
09:07sans peut-être d'ailleurs qu'on retrouve leurs corps ?
09:10Je ne pourrais pas vous dire, mais il y en a qui tombent.
09:12Moi, ça fait plus d'un an que j'ai arrêté,
09:14parce que c'était compliqué,
09:16mais concrètement, on ne sait pas combien ils partent.
09:19Et donc, des fois, ils arrivent,
09:21peut-être qu'il y en a un ou deux qui sont tombés à l'eau, on ne sait pas.
09:24Et puis, il y a tellement de courant dans ce détroit
09:27que les corps finissent sur les côtes étrangères,
09:30ils finissent au Danemark, au Norvège, et tout ça.
09:33On rappelle que le décompte, c'est au moins 35 morts depuis janvier,
09:36d'après les autorités.
09:38Martin, je voudrais qu'on accueille Franck Hanson,
09:40qui est avec nous. Rebonjour Franck.
09:43Rebonjour Céline, rebonjour Eric.
09:45Vous êtes correspondant, vous, dans le Nord.
09:47Franck, ça fait 20 ans que vous traitez pour l'antenne,
09:51que vous suivez ces traversées qui se répètent,
09:55et une situation qui s'aggrave, on a l'impression.
10:00Oui, j'ai grandi en quelque sorte en tant que correspondant dans le Nord,
10:05avec cette tragédie des démigrants,
10:08depuis plus de 20 ans même, fin des années 90.
10:11C'était les premiers Kosovars qui arrivaient dans le parc de Calais,
10:16qui là aussi déjà voulaient gagner l'Angleterre.
10:20Après, il y a eu le camp de Sangatte,
10:23une solution précaire avec des communautés
10:27qui certes étaient abritées le temps de tenter leur traversée.
10:32Malgré tout, il y a eu des affrontements entre les exilés.
10:36Le président Sarkozy a fait fermer ce camp
10:39qui devenait aussi mal géré,
10:43avec des conditions d'hygiène difficiles.
10:46C'était compliqué aussi la cohabitation avec les habitants du secteur.
10:50Aujourd'hui, il n'y a plus vraiment de...
10:53Il y a eu la jungle de Calais aussi.
10:55C'était un camp improvisé également près du port calaisien.
11:00Aujourd'hui, il n'y a plus de camp officiel,
11:03mais des petits camps un petit peu partout sur le littoral,
11:07entre Calais et Boulogne,
11:09qui sont régulièrement démantelés par les policiers,
11:12par les forces de l'ordre.
11:14C'est un peu une chasse à l'homme, entre guillemets,
11:17mais des conditions difficiles pour les exilés
11:20qui sont toujours aussi déterminés.
11:22Ça, on le voit malgré tout au fil des ans,
11:25et puis qui prennent des risques.
11:27Ce que disait aussi la présidente de l'association Osmos tout à l'heure,
11:30c'est qu'aujourd'hui,
11:32ce n'est plus possible quasiment de traverser l'Angleterre depuis Calais
11:36via le terminal du tunnel sous la Manche,
11:38via le port.
11:40Il y a des années, en arrière,
11:42il y avait des migrants qui tentaient de traverser
11:45dans des camions cachés, avec des mécanismes.
11:48Aujourd'hui, ça, ce n'est quasiment plus possible,
11:50même si on peut supposer
11:52que certains continuent de traverser malgré tout.
11:55Aujourd'hui, les migrants, les exilés,
11:57prennent toujours de plus en plus de risques.
11:59Ils vont plus loin.
12:00Des membres de l'association me disaient
12:02qu'il y en a certains qui vont jusqu'à Dieppe, en Normandie,
12:04alors qu'ils font des kilomètres
12:08dans des conditions souvent précaires,
12:10avec des enfants, des femmes enceintes.
12:12Ils n'ont pas d'autre solution.
12:14Ils restent déterminés dans leur quête.
12:17Et puis, il y a toujours ces filières de passeurs
12:19qui profitent de cette « demande ».
12:23Et puis nous, dans la région,
12:25on voit toujours passer ces migrants,
12:27ces exilés, ces ombres, ces invisibles,
12:30on peut les appeler comme ça,
12:31qui font partie « du paysage ».
12:34Souvent, même, on le sourire malgré tout,
12:36malgré les galères qui traversent.
12:39Ce sont des visages qui marquent.
12:42Je ne veux pas vous laisser insensibles.
12:44Même si l'actualité se répète,
12:46dans notre métier, souvent, malheureusement,
12:48l'actualité se répète tous les ans,
12:50c'est difficile de rester insensible
12:53et de se « lasser ».
12:55On ne peut pas se lasser,
12:57on ne peut pas laisser ces événements se banaliser.
13:00– Restez avec nous.
13:01Franck Hanson, mesdames, messieurs,
13:03si vous prenez les auditeurs en cours,
13:05correspondant, bien sûr, d'Hertel dans le Nord.
13:08Sublime témoignage de Martin,
13:10très fort, très puissant,
13:12très profondément triste.
13:14On a bien senti un Martin traumatisé.
13:17Il va rester avec nous également, Martin.
13:19Geoffrey fait le 3210.
13:21Bonjour Geoffrey.
13:23Vous êtes là, mon cher Geoffrey ?
13:25– Bonjour Eric, je suis là, désolé.
13:27– Eh bien, je vous reprends dans une seconde.
13:28À tout de suite.
13:29Contactez-nous gratuitement via l'appli RTL ou au 3210.
13:33– 50 centimes la minute.
13:34– Les auditeurs ont la parole.
13:36– Eric Brunet, Céline Landreau sur RTL.
13:39– Est-ce qu'on ne pourrait pas poser la question à l'envers ?
13:42Pourquoi est-ce qu'il fuit la France ?
13:44Pourquoi est-ce que la France ne fait pas le nécessaire
13:48pour mettre en place un accueil décent et humain ?
13:52C'est quand même le pays des droits de l'homme.
13:54Je ne comprends pas, moi, tout ça.
13:56Je ne comprends pas.
13:57– C'est un message que nous a laissé au 3210 Latra.
14:00Nous revenons sur ce naufrage hier,
14:02de ce bateau de migrants, 12 morts.
14:04Vous habitez dans le Nord,
14:06vous nous appelez, pas forcément d'ailleurs.
14:08On a eu Martin, il est toujours avec nous, Martin.
14:10Ce témoignage bouleversant de cet homme sauveteur
14:12qui nous a décrit, comment disait-il, Céline, les yeux…
14:15– Les yeux de Neptune, c'est ça, Martin ?
14:17– Oui, c'est bien ça, oui.
14:18– Le regard étonnamment bleu de ces noyés que vous avez repêchés.
14:23Certains avaient l'âge de vos enfants.
14:25Et vous dites d'ailleurs que vous ne vous en êtes vraiment jamais remis.
14:28D'ailleurs, dans un instant, vous nous direz ce que vous faites aujourd'hui.
14:31Mais je voudrais passer la parole à Geoffrey.
14:33Bonjour Geoffrey.
14:34– Bonjour Eric.
14:35– Alors vous, vous habitez, vous avez fait le 3210,
14:37vous vous habitez dans le coin, vous êtes un riverain.
14:39– Oui, tout à fait.
14:41Moi j'habite entre Calais et Dunkerque.
14:43Donc pour faire court, j'habite une petite ville.
14:46D'un côté, il y a un chenal qui part vers la mer,
14:49de l'autre côté, c'est notre petite ville qui a le même problème que nous.
14:52Nous, déjà, je veux dire, c'est un drame.
14:55Ce qui s'est passé, c'est un drame.
14:56Mais il va se passer un autre drame d'ici peu,
15:00c'est que les gens, ils en auront le bol.
15:02Nous, c'est devenu la guerrerie des villes dans notre village.
15:07C'est-à-dire que là, cette nuit, ils ont brûlé, ils ont mis des poubelles,
15:11ils les ont brûlées pour pas que la police passe.
15:13Ça a été affrontement avec la police.
15:15– Mais qui a fait ça ?
15:16– Les migrants, il faut arrêter de dire qu'ils sont tous gentils.
15:20Les migrants, maintenant, se baladent avec des cailloux
15:22pour se battre avec la police.
15:24Quand la police les surprend, ils crèvent le bateau
15:28et là, ça part en cacahuètes.
15:31– D'accord.
15:33– Là, cette nuit, ça a bien dégénéré.
15:36– La police crève les boudins des semi-rigides ou des zodiacs ?
15:40– Oui, voilà, pour pas qu'ils partent.
15:43Et du coup, ce qui s'est passé, c'est que les migrants se rebellent
15:46et du coup, ça a enveni les choses.
15:50Il n'y a qu'un jour de ça, ils ont quand même cassé les pare-brises
15:53de toute une rue de voiture.
15:55C'est des endroits où c'est des maisons.
15:58Ça devient terrible.
16:00– Ce que vous craignez, c'est une confrontation avec des habitants ?
16:04– Ce qui va se passer, c'est les habitants.
16:06On est une petite ville de pêcheurs.
16:08Moi, ce qui va se passer au bout d'un moment,
16:10c'est qu'il y a quelqu'un qui va sortir avec le fusil.
16:12Ça, c'est certain.
16:14Il y a un ras-le-bol général.
16:16On n'en peut plus.
16:18L'avion, il passe jour et nuit.
16:20Il y a des gens, ils ne dorment même plus
16:22parce qu'il y a l'avion qui fait Dunkerque aller
16:24pour les surveiller, ce qui est normal.
16:26Mais nous, on n'en peut plus.
16:28– Frank Hansen, correspondant d'RTL,
16:30dans le Nord, vous nous parliez tout à l'heure
16:32des invisibles,
16:34ces silhouettes que l'on croise forcément
16:36quand on habite dans la région.
16:38Cette tension qui existe parfois,
16:40comme nous le raconte Geoffrey,
16:42entre habitants et migrants,
16:44c'est quelque chose que vous avez noté aussi ?
16:46– Oui.
16:48Alors même si ça fait des années
16:50que le problème existe,
16:52notamment sur Calais,
16:54il y a rarement des incidents aussi graves.
16:56Il y en a eu.
16:58Il y a eu des problèmes d'agression,
17:00entre habitants, migrants, exilés.
17:02Mais c'est vrai que c'est quand même assez rare.
17:04En général, c'est vrai qu'il y a une tension,
17:06il y a une exaspération
17:08de la part de certains riverains
17:10qu'on ne peut pas nier
17:12et qu'on peut aussi peut-être comprendre.
17:14C'est vrai que ce n'est pas forcément évident
17:16de vivre avec ces problèmes de tension permanente,
17:18ces forces de l'ordre
17:20qui sont en permanence sur place
17:22avec des moyens impressionnants,
17:24les gendarmes, les policiers qui patrouillent.
17:26C'est vrai que c'est compliqué
17:28et c'est vrai que les migrants eux-mêmes
17:30sont parfois tendus.
17:32Ils sont parfois hostiles.
17:34Mais pas forcément hostiles
17:36avec les habitants. Ils sont hostiles
17:38parce qu'ils en ont marre d'être un peu
17:40rejetés à droite, à gauche.
17:42Mais c'est vrai qu'il y a
17:44parfois des tensions. Mais honnêtement,
17:46moi je trouve que c'est quand même
17:48assez rare.
17:50Ça pourrait être pire.
17:52Franchement, quand on voit les problèmes...
17:54C'est d'après ce que dit Geoffray.
17:56Geoffray, c'est rare ou vous avez entendu...
17:58Non, non.
18:00Là franchement, il y a 15 jours,
18:02de toute façon c'est passé dans les
18:04journaux télévisés, il y a 15 jours c'était la première fois.
18:06Certainement c'est la première fois qu'ils cassaient
18:08des pare-brises et tout.
18:10Non, non, non. Entre Calais et Dunkerque,
18:12Grandfort-Philippe, à Gravelines.
18:14À Grandfort, oui.
18:16Il y a des camps du côté Dunkerque aussi.
18:18Vous savez, nous on les voit en plein jour avec les bateaux.
18:20Nous on les voit en plein jour.
18:22Et là, ils commencent à s'attaquer aux voitures.
18:24Ils s'attaquent aux voitures parce qu'ils n'ont pas pu passer.
18:26Et du coup,
18:28nous là,
18:30ça commence à dégénérer.
18:32On n'en parle pas parce qu'on est un petit village.
18:34Ça je le sais très bien, on n'est pas à Paris.
18:36Donc ça, on n'en parle pas. Mais là,
18:38c'est de pire en pire.
18:40Je les regrette.
18:42Mais là, ils s'attaquent quand même
18:44à des voitures.
18:46On a déjà retrouvé dans notre ville
18:48des migrants dans les cours pour se sauver.
18:50Ils se sauvent, ils passent dans les cours.
18:52On les a déjà vus assis à des terrasses.
18:54Là, vous pouvez regarder.
18:56Il y avait le même problème
18:58il y a quelques années en arrière.
19:00Il y avait le même problème il y a quelques années en arrière du côté de Sangatte.
19:02Tous les blogs du Dakar
19:04vous pouvez regarder,
19:06vous allez voir. Il y a des vidéos,
19:08des affrontements avec la police en plein residential.
19:10Des poubelles en feu.
19:12Je suis désolé, au bout d'un moment.
19:14Il y a un ras-le-bol. Je comprends.
19:16Je les comprends. Mais nous, on en a ras-le-bol.
19:18Moi, ma voiture, c'est fait pour aller travailler.
19:20Si je me lève le matin et que ma voiture est foutue en l'air,
19:22je fais quoi ?
19:24– Geoffrey, si, si,
19:26on vous dit qu'on n'en parle pas.
19:28Déjà, vous êtes là, vous en parlez.
19:30C'est déjà beaucoup et considérable.
19:32Mais c'est vrai que
19:34ça a été évoqué plusieurs fois par
19:36Franck Ronson dans nos journaux.
19:38Restez avec nous, Geoffrey.
19:40Surtout, j'aimerais qu'on prenne Philippe.
19:42C'est un autre profil, me dit Victor.
19:44Bonjour Philippe.
19:46– Bonjour. – Alors, qui est Philippe ?
19:48– Philippe, 48 ans,
19:50roucher.
19:52J'habite entre Lille et Dunkerque.
19:56Alors là, je ne peux plus
19:58parce que niveau professionnel, c'est compliqué.
20:00Sinon, j'ai été bénévole
20:02sur le camp de Petite Sainte et Grande Sainte.
20:04On allait
20:06avec un camion-douche
20:08trois fois par semaine pour que les réfugiés
20:10puissent se doucher.
20:12– Philippe, on va…
20:14– On ne vous entend pas très bien.
20:16– Sur haut-parleur.
20:18– Peut-être si vous pouvez
20:20couper ce haut-parleur qu'on vous entend un petit peu mieux.
20:22On vous reprend dans un instant.
20:24Ça nous permet de saluer Jean-Alphonse Richard
20:26qui vient d'entrer dans ce studio.
20:28Bonjour Jean-Alphonse. – Bonjour à tous les deux.
20:30– On parlait de toute cette zone
20:32autour de Calais où il y a
20:34des moments, des rapports assez durs
20:36entre les migrants
20:38et les populations locales.
20:40Je suis même certain
20:42que sur ces dernières années,
20:44il y a eu des faits divers que vous avez dû traiter
20:46vous, parfois, qui sont…
20:48– Dans cette région,
20:50oui, évidemment. Lesquels ?
20:52Là, vous me posez une colle, vous m'en venez pourvu.
20:54– C'est comme ça.
20:56– Mais des faits divers liés à cette
20:58terrifiante actualité, non.
21:00– Très bien, c'est une très bonne réponse.
21:02– Le meurtre ou le crime
21:04notoire
21:06dans ce secteur-là. – En revanche, vous avez
21:08une histoire pour nous à 14h,
21:10nouvel horaire de l'heure du crime.
21:12Dans le Pas-de-Calais, on va rester
21:14dans la région parisienne avec, aujourd'hui,
21:16le meurtre terrifiant de Sandra Bigné.
21:18Elle avait 23 ans. Elle était étudiante
21:20en management. Elle fait un stage,
21:22vous savez ces stages de fin d'études
21:24dans des supermarchés de la région parisienne.
21:26Elle va disparaître derrière les murs
21:28de ces magasins. Il va falloir
21:30quelques jours pour retrouver
21:32son corps. Elle a été étranglée.
21:34Le corps, il est très rigide
21:36et les experts vont dire que
21:38elle a séjourné dans une chambre froide.
21:40On l'a gardée plusieurs jours dans une chambre froide.
21:42Eh bien, va se dessiner le scénario
21:44d'un meurtre en famille.
21:46Deux frères, leur oncle et leur cousin.
21:48Ils n'ont rien à voir avec Sandra Bigné.
21:50Mais ce sont les gérants,
21:52les caissiers de ce supermarché.
21:54Ils appartiennent tous à la même famille.
21:56Tous employés du magasin
21:58qui ont commis ce crime.
22:00Et fait notoire,
22:02ce n'est pas la police qui a retrouvé ces suspects
22:04mais c'est la famille. Parce que la police disait
22:06cette fille, elle est majeure. On n'a pas besoin
22:08d'arrêter aussi vite.
22:10Et c'est la famille qui a amené sur un plateau
22:12à la police
22:14ces suspects. Donc c'est une enquête exemplaire.
22:16Sa sœur fait partie aujourd'hui
22:18de nos invités. La morte du supermarché
22:20Sandra Bigné, c'est à 14h
22:22sur RTL.
22:24A tout à l'heure Jean-Alphonse Richard.
22:26Et la suite des auditeurs
22:28ont la parole, c'est dans un instant.
22:38Les auditeurs ont la parole
22:40sur RTL.
22:42Les auditeurs ont la parole sur RTL.
22:44On continue d'évoquer ce drame.
22:46Hier dans la Manche, 12 personnes
22:48mortes noyées. Leur embarcation
22:50s'est disloquée alors qu'ils tentaient
22:52de gagner l'Angleterre. Est-ce qu'on a
22:54retrouvé Philippe ? Rebonjour Philippe.
22:56Oui, oui, je suis là. On vous entend
22:58mieux. Philippe, vous nous avez
23:00appelé. Vous êtes, vous aussi,
23:02de la région et vous êtes
23:04assez impliqué autour de
23:06ce drame. Expliquez-nous.
23:08Oui, donc je vous disais tout à l'heure, bon je le suis un petit
23:10peu moins à cause du travail
23:12mais sinon il y a une période où
23:14on allait sur les camps de Pitsa,
23:16Grande-Synthe, avec un fourgon aménagé
23:18avec des douches pour qu'ils puissent
23:20justement se laver.
23:22Comme je disais tout à l'heure à la présidence d'Osmos,
23:24les conditions de vie sont vraiment
23:26vraiment vraiment précaires.
23:28Pas d'accès à l'eau.
23:30Ils vivent dans des tentes, dans la boue
23:32quand il pleut. C'est une association
23:34qui s'appelle Roots
23:36qui a mis des cuves
23:38à eau sur le camp
23:40et qui tous les jours de toute l'année
23:42ravitaille ces cuves en eau
23:44pour qu'ils puissent justement avoir accès
23:46pour faire la nourriture, pour se laver.
23:48Maintenant il y a une dame
23:50tout à l'heure qui disait
23:52la question à se poser c'est
23:54pourquoi ils ne restent pas en France ?
23:56Oui, c'était un message de Latras sur Le Répondeur.
23:58C'est ça. Alors pourquoi ils ne restent pas en France ?
24:00La moitié des gens sont
24:02anglophones, c'est-à-dire
24:04qu'ils parlent quasi
24:06presque tous parfaitement anglais.
24:08La majorité ont de la famille là-bas.
24:10Après,
24:12il faut savoir aussi que l'Angleterre est un pays
24:14ultra-libéral et que l'accès au travail au black
24:16est beaucoup plus facile que chez nous.
24:18Donc voilà toutes les raisons
24:20qu'ils ont, qu'ils veulent aussi passer.
24:22Et après il y a aussi l'accueil.
24:24Quand les réfugiés, sinon on ne les appelle pas des migrants,
24:26on les appelle des réfugiés.
24:28Quand les réfugiés arrivent en Angleterre,
24:30ils sont en charge. C'est-à-dire qu'ils sont mis à l'abri.
24:32Ils sont nourris.
24:34Mais totalement.
24:36Ils sont mis à l'abri le temps
24:38que leur dossier est traité.
24:40La demande d'asile en France,
24:42c'est le parcours du combattant, c'est une usine à gaz.
24:44Donc je veux dire,
24:46après il y a aussi la loi Dublin.
24:48C'est ce qu'il y a un de vos chroniqueurs tout à l'heure qui a expliqué.
24:50Quand il y en a qui ne sont pas enregistrés dans un autre pays,
24:52en gros, s'ils sont attrapés,
24:54ils sont reconduits du pays dans lequel ils ont été enregistrés.
24:57Et il n'y a rien qui fera
24:59qu'ils n'iront pas.
25:01Quand l'Angleterre a pondu le fait
25:03que maintenant tout réfugié
25:05qui arriverait en Angleterre
25:07sera envoyé au Rwanda.
25:09Nous, quand on en a parlé
25:11aux réfugiés sur le camp,
25:13ils s'en font.
25:15Ils s'en font.
25:17Ils veulent absolument aller en Angleterre.
25:19C'est intéressant ce que disait,
25:21là c'est Philippe qui nous parle,
25:23mais on a commencé cette émission avec ce sauveteur
25:25en mer, Martin,
25:27traumatisé d'avoir passé
25:29tant de mois et d'années
25:31à avoir repêché des corps
25:33de naufragés, de migrants,
25:35de réfugiés. Martin,
25:37vous le disiez quand même tout à l'heure,
25:39j'ai trouvé ça très intéressant,
25:41que vous avez pu parler
25:43avec quelques-uns de ces migrants,
25:45notamment un indien.
25:47C'était sa troisième fois.
25:49C'est pour rebondir sur ce que dit Philippe,
25:51sur la détermination de ces migrants.
25:53Voilà, ceux qui veulent aller en Angleterre
25:55veulent aller en Angleterre. Ils ont de la famille,
25:57etc. Et donc, votre indien,
25:59c'était la troisième fois qu'il allait en Angleterre.
26:01Il avait déjà été, je ne sais pas,
26:03accompagné en Inde où il avait dû rentrer dans son pays.
26:05Mais il retentait la traversée
26:07au péril de sa vie,
26:09la troisième fois de sa vie, de son existence.
26:11Ah oui, il retente.
26:13Et puis même si on les, on va dire,
26:15on va les secourir
26:17le matin et qu'à midi on les ramène,
26:19on va dire, à terre,
26:21l'après-midi ou la soirée suivante,
26:23ils retentent la traversée.
26:25Il y en a qui restent pendant des mois et des mois
26:27et qui sont là
26:29de façon durable,
26:31qu'on connaît, qu'on reconnaît, qu'ils sont là un an,
26:33deux ans, ou pas ?
26:35Pas du tout, non. Quand ils restent longtemps,
26:37on va dire, sur
26:39le secteur, c'est parce que les conditions
26:41météo ne leur permettent pas de
26:43tenter la traversée.
26:45Et d'où ils sont ces bateaux ?
26:47On ne les voit pas arriver, ces petits bateaux,
26:49c'est un littoral
26:51assez facile
26:53à surveiller, finalement,
26:55on n'est pas dans des criques compliquées
26:57comme, je ne sais pas, en Méditerranée.
26:59Ces bateaux avec les passeurs,
27:01on doit les repérer
27:03facilement, ils ne débarquent pas de nulle part.
27:05Ils débarquent
27:07par fourgon, donc après,
27:09la côte
27:11est quand même assez grande,
27:13je ne pense pas
27:15qu'ils peuvent mettre un militaire, un gendarme,
27:17quelqu'un,
27:19tous les 5 mètres, pour surveiller ce qui se passe.
27:21C'est compliqué.
27:23Après, le souci, c'est qu'on déplace
27:25le problème. Avant, ils passaient à certains
27:27endroits, ils passaient à Calais,
27:29ils ont déplacé le problème à Dunkerque,
27:31maintenant, ils ont déplacé le problème à Boulogne,
27:33au lieu de
27:35sécuriser, de trouver
27:37une solution pour qu'ils traversent en toute sécurité,
27:39on déplace juste le problème.
27:41Moi, Martin, je ne sais pas
27:43quel est votre avis sur les questions,
27:45j'entends ce que disait Geoffrey tout à l'heure,
27:47c'est un enfer aussi
27:49pour les populations très très locales,
27:51c'est-à-dire celles qui sont dans ces petites
27:53communes de pêcheurs au bord
27:55du littoral, qui vivent des moments
27:57difficiles aussi.
27:59Vous êtes d'accord avec ça, Martin ?
28:01Je suis entièrement d'accord.
28:03Il y a une dizaine d'années, en arrière,
28:05vous prenez la 16,
28:07les migrants
28:09ou les réfugiés,
28:11comme l'ont appelé les derniers auditeurs,
28:13pour bloquer l'autoroute
28:15pour monter dans les camions.
28:17Donc, je comprends
28:19leur désarroi, mais c'est pas...
28:21la population locale n'y est pour rien
28:23et les associations
28:25qui sont en place pour les aider,
28:27c'est comme ça. Après, moi, si je
28:29faisais un conseil aux associations,
28:31pour justement éviter
28:33tout danger, entraînez-leur
28:35à se servir d'une boussole.
28:37C'est ultra-important
28:39parce que des fois, ils se perdent
28:41et ils ne retrouvent pas leur chemin
28:43et plus ils passent de temps en mer, plus ils ont de risques
28:45d'avoir un...
28:47C'est Martin, le sauveteur, qui conseille ça
28:49aux associations. C'est pas rien.
28:51Martin a, encore une fois,
28:53sécurisé,
28:55sauvé des vies, récupéré des corps
28:57de réfugiés pendant des années. Merci, Martin.
28:59Je voudrais qu'on prenne Hakim, maintenant.
29:01Bonjour, Hakim.
29:03Bonjour, Eric et Céline. Martin,
29:05merci pour ce que vous faites.
29:07Hakim, vous vouliez réagir, vous aussi,
29:09à ce drame.
29:11Parce que c'est pas le dernier, c'est pas le premier.
29:13Et, en fait, ce que je disais,
29:15sur mon message, c'est pas un crime de partir de chez soi.
29:17Je vous assure, les gens qui écoutaient,
29:21intéressez-vous à ce qui se passe dans le monde,
29:23honnêtement. Là, c'est des érythréens,
29:25pour la plupart, qui sont morts. Vous connaissez
29:27le régime de l'érythrée, honnêtement ?
29:29Vous êtes disponible pour l'armée
29:31érythréenne jusqu'à vos 50 ans,
29:33c'est obligatoire, vous n'avez pas le choix.
29:35Vous n'avez même pas le droit de penser autre chose
29:37que le Président. Donc, au bout d'un moment,
29:39écoutez, moi, je veux bien,
29:41c'est compliqué pour les populations locales,
29:43je l'entends bien, je l'entends bien,
29:45mais à eux, on ne leur la serre pas leur tente,
29:47on ne vient pas leur péter une vitre tous les jours.
29:49Ces gars-là, parce qu'il y a
29:51beaucoup de gens, et d'ailleurs, on vous croit quand vous dites votre âge.
29:53Un ukrainien qui disait qu'il avait 15 ans,
29:55vous pouvez le croire, même s'il faisait 1m80.
29:57On n'allait pas lui faire des examens des os,
29:59lui recompter les dents et lui mesurer le crâne.
30:01Ça rappelle des drôles de souvenirs, je vous assure que c'est vrai.
30:03Et, pour vous raconter un petit
30:07qui avait bossé, qui était
30:09interprète pour l'armée en Afghanistan,
30:11je vous jure, j'en tremble quand je vous parle, parce que ce type,
30:13il m'a fait une peine extraordinaire.
30:15Donc, c'est un afghan.
30:17Oui, c'était un afghan, et personne
30:19ne l'a traité comme un humain.
30:21Personne ne l'a traité comme un humain, alors qu'il a passé
30:23plus de 15 ans à traduire pour les gens,
30:25à traduire pour les armées occidentales
30:27qui avaient, a priori, pas grand-chose à voir
30:29avec sa culture et son pays.
30:31Et là, il a fui depuis le 15 août 2021,
30:33parce que les talibans sont revenus.
30:35Et il a laissé ses sœurs et sa mère derrière lui.
30:37Le gars, je le vois toujours et encore,
30:39de temps en temps, il passe quelques semaines
30:41chez moi, de temps en temps, il passe quelques semaines
30:43chez un proche, mais le gars,
30:45moi, je le lâche pas.
30:47Oui, c'est ce que rappelait notre invité tout à l'heure,
30:49la coprésidente d'Osmos,
30:5162 personnes.
30:53Ces gens, ces
30:55naufragés, ces migrants, ne quittent pas leur
30:57pays par plaisir.
30:59Merci beaucoup, Hakim, de nous
31:01avoir appelé pour réagir après ce nouveau
31:03drame dans la Manche.
31:04Tout à l'heure, on a reçu une association
31:06féministe qui était très intéressante aux ailes féministes,
31:08parce qu'on parle
31:10de créer, à Metz et dans
31:12plusieurs autres endroits de France,
31:14dans les parkings souterrains, pour sécuriser
31:16les trajets des femmes,
31:18des places dédiées
31:20aux femmes, des places d'automobiles,
31:22tout près des escaliers et des ascenseurs,
31:24pour ne pas qu'elles aient... Et alors, cette association
31:26féministe disait « mais c'est terrible de faire
31:28de la discrimination homme-femme,
31:30c'est pas une bonne idée ». Et ça a fait
31:32beaucoup réagir.
31:34Madame, il n'y a pas de polémique à avoir.
31:36On ne peut pas mettre un policier derrière chaque
31:38femme. Moi, je suis féministe
31:40et là, je ne comprends pas votre
31:42polémique. Et en plus, c'est rose.
31:44Ben oui, pourquoi pas ? Moi, ça ne me dérange pas.
31:46Si ça nous permet d'éviter
31:48un viol, eh bien, écoutez, c'est toujours ça de
31:50gagner. Donc, très bien, comme en Allemagne,
31:52qu'il y ait des places de parking à proximité
31:54des escaliers ou des ascenseurs.
31:56Merci, au revoir.
31:58Eh bien, on va en parler, puisque vous êtes
32:00nombreux à avoir appelé. Nombreuses, à tout de suite.
32:04Jusqu'à 14h.
32:06Eric Brunet et Céline Landreau
32:08vous donnent la parole sur RTL.
32:10Les auditeurs ont la parole.
32:12Eric Brunet et Céline Landreau
32:14sur RTL.
32:16Céline Landreau, nous allons donc parler
32:18de cette initiative de la ville de Metz.
32:20Oui, le maire de Metz, François
32:22Grodidier, qui annonce
32:24l'instauration à venir dans quelques
32:26mois de 200 à 300
32:28places de parking dans les parkings
32:30publics, des places qui seront réservées
32:32aux femmes. C'est une réponse
32:34sécuritaire, on peut dire, après
32:36un viol la semaine passée
32:38dans sa ville, dans le parking
32:40souterrain d'une grande surface, des places de parking
32:42réservées aux femmes.
32:44Forcément, ça interpelle et
32:46ça fait débat, même si ça existe ailleurs.
32:48On en a parlé, il y a une heure.
32:50Il y a une heure. Alors, cette féministe,
32:52en gros, résumez-moi ce qu'elle disait,
32:54cet invité que nous avions tout à l'heure,
32:56à partir de 12h dans RTL Midi.
32:58Alors, l'invité, c'était Violenne
33:00de Philippis, avocate, cofondatrice
33:02du collectif Action Juridique Féministe.
33:04Elle expliquait qu'elle était
33:06contre parce qu'elle considérait que c'était
33:08une forme de stigmatisation
33:10et que ça allait à l'encontre
33:12d'un certain vivre ensemble plus
33:14inclusif et que si on commençait à réserver des espaces
33:16aux femmes, aux hommes, ça commençait sur les
33:18parkings, ça pouvait après aller plus loin,
33:20peut-être des trottoirs pour les femmes, pour les hommes.
33:22Et qu'une autre réponse était possible, peut-être
33:24un avantage de présence humaine policière
33:26par exemple dans les parkings.
33:28Et j'ai retenu Bénédicte, parce que Bénédicte, t'avais réagi tout à l'heure
33:30en disant, moi je vis en Allemagne,
33:32j'écoute RTL, mais je vis en Allemagne,
33:34à Düsseldorf, et finalement, c'est pas mal.
33:36Bénédicte, vous êtes toujours avec nous.
33:38Vous disiez tout à l'heure que c'est
33:40diablement efficace, finalement.
33:42Diablement efficace, je sais pas, en tout cas,
33:44moi ça me rassure, et là où j'avais réagi,
33:46c'est quand elle expliquait que pour sa petite-fille
33:48c'était pas en bonne image, etc.
33:50Moi, personnellement, ma fille, elle a 10 ans
33:52et je lui dis, c'est pour ta sécurité.
33:54C'est une réalité.
33:56Parce que ces places sont plus proches des sorties, pour être très clair.
33:58Oui, c'est la place à côté de l'escalier,
34:00de l'ascenseur, dans les parkings publics.
34:02Concrètement, c'est proche de l'entrée, voilà, c'est ça.
34:04Mais j'étais d'accord avec elle sur le fait
34:06qu'il fallait anticiper
34:08et tout faire pour éviter un viol.
34:10Mais l'un n'empêche pas l'autre.
34:12Oui, oui.
34:14Vous avez pas le sentiment d'être stigmatisé, vous, Bénédicte,
34:16quand vous allez vous garer sur ces places roses ?
34:18Concrètement, je suis une femme,
34:20j'ai un peu peur quand je suis dans un parking tout seule.
34:22Donc, stigmatiser ou pas,
34:24je ne sais pas.
34:26Moi, ça me permet d'être un peu plus rassurée.
34:28Et effectivement, je serais ravie qu'il y ait
34:30quelqu'un qui puisse surveiller en permanence
34:32et d'être en sécurité tout le temps.
34:34C'est pas le cas. Donc, en théorie, elle a raison.
34:36En pratique, l'un n'empêche pas l'autre.
34:38Marine a fait le 3210.
34:40Bonjour, Marine.
34:42Bonjour.
34:44Qui est Marine ?
34:46Marine, 26 ans, j'habite à proximité de Paris
34:48et j'ai terminé mes études de droit.
34:50Voilà.
34:52Qu'est-ce que vous pensiez de ce débat ? Il est intéressant.
34:54Vous en pensez quoi, vous, de ces places ?
34:56Moi, je suis assez mitigée
34:58sur la réponse apportée à cette problématique.
35:00Je trouve que c'est une mauvaise réponse
35:02à un vrai problème de société
35:04et de sécurité qui touche les femmes.
35:06Pour la simple et bonne raison
35:08que je pense pas qu'on puisse
35:10empêcher les agressions en demandant
35:12aux femmes de se cantonner
35:14dans un espace déterminé,
35:16dans l'espace public.
35:18Je pense pas que c'est ça
35:20qui va empêcher les agressions et les viols.
35:22Peut-être que ça va même les faciliter
35:24puisque la personne qui aura envie
35:26de faire du mal aura juste à se positionner
35:28à proximité des places réservées aux femmes
35:30pour commettre l'irréparable.
35:32Et puis en dehors de ça,
35:34je pense qu'il y a aussi des considérations pratiques
35:36à prendre en compte puisqu'on sait
35:38déjà qu'il y a des places qui sont réservées
35:40aux personnes handicapées et pourtant
35:42ça empêche pas les gens qui sont
35:44en pleine possession de leurs moyens de se garer dessus.
35:46Alors je pense que des places réservées
35:48aux femmes, il y a certaines personnes
35:50qui ne respecteront pas cette incitation-là.
35:52Est-ce qu'il y aura
35:54assez de places qu'il n'y aura
35:56de femmes qui fréquenteront le parking ?
35:58J'en doute.
36:00Je pense qu'il faudrait surtout sécuriser
36:02ces espaces-là, mettre davantage
36:04de caméras, de présence humaine
36:06et peut-être aussi renforcer les éclairages.
36:08Après peut-être que oui, ça permettra
36:10à certaines femmes d'être assurées, d'être à proximité
36:12des sorties et des ascenseurs
36:14mais pour moi c'est une rustine.
36:16Personnellement, c'est pas ça qui me fera
36:18me sentir en sécurité dans le parking
36:20d'un centre commercial.
36:22Vous avez raison, c'est une ficelle.
36:24C'est un petit truc.
36:26Ça relève de la bidouille.
36:28Il y a parfois, Marine,
36:30des parkings qui sont très hostiles.
36:32Moi qui ne suis pas une femme, je ne me sens pas spécialement sécurisée
36:34où il faut faire des grandes traversées
36:36dans la pénombre
36:38la nuit dans les grandes villes.
36:40Mais le fait d'avoir
36:42des places réservées aux femmes ne résoudra pas ce problème-là.
36:44C'est un problème d'aménagement.
36:46Moi j'habite dans une ville
36:48où les éclairages publics sont éteints à partir de 23h.
36:50Et quand je rentre
36:52de soirée ou avec des amis
36:54ou du restaurant et que j'ai dû prendre les transports en commun,
36:56je fais 15-20 minutes à pied
36:58des fois
37:00aux alentours de minuit, minuit et demi
37:02et j'ai juste mon téléphone pour m'éclairer.
37:04La réponse qui m'a été faite par
37:06la municipalité et certains
37:08habitants de la ville, c'est de m'équiper
37:10d'une lampe avec une visité
37:12augmentée pour voir sur
37:1450 mètres. Excusez-moi, mais
37:16ce n'est pas ça qui fait que les femmes vont se sentir
37:18davantage en sécurité.
37:20Je sais que dans certains pays, il y a des wagons
37:22réservés aux femmes, des horaires dans les stations
37:24réservés aux femmes.
37:26Et je pense qu'on devrait surtout apporter des vraies
37:28réponses pénales
37:30aux personnes qui
37:32font des agressions, qui violent.
37:34Et puis ce n'est pas aux femmes
37:36de se limiter,
37:38de s'adapter, comme je le disais
37:40à la personne du standard.
37:42Lorsqu'on est agressé, on nous demande comment on est habillé.
37:44Avec l'histoire des places de parking,
37:46on va maintenant peut-être nous demander
37:48où est-ce qu'on est égaré.
37:50J'espère que ça, on ne vous le demande plus maintenant.
37:52J'espère que les mentalités ont changé,
37:54en particulier chez les policiers.
37:56J'espère que ça change.
37:58Bon,
38:00mais je ne suis pas certain
38:02que ça change partout.
38:04À 13h49, dans un instant,
38:06Bénédicte, Marine
38:08restent avec nous et nous prendront Philippe, pas tout de suite.
38:22Oui, bonjour, je m'appelle
38:24Marie, j'ai 64 ans,
38:26j'habite le Pas-de-Calais. Je voulais
38:28réagir suite à l'idée
38:30proposée de mettre des places de parking
38:32réservées aux femmes près des entrées
38:34et des sorties. L'idée, pour moi, est
38:36excellente. Voilà, bonne journée.
38:38Rappelez Marie, les amis,
38:40on voudrait entendre ce que l'on dise davantage.
38:42En attendant, on va prendre Philippe.
38:44Bonjour, est-ce que cette initiative du maire
38:46de Metz, dans les parkings
38:48souterrains, des places réservées aux femmes
38:50à côté des entrées, des parkings
38:52et des escaliers, est-ce que ça vous semble
38:54bien ?
38:56Bonjour Céline et Eric.
38:58Je pense que...
39:00Bonjour à tous les auditeurs de RTL.
39:02Je pense que l'initiative de M. Grodillier,
39:04en tant que maire,
39:06il répond à une demande de sa population.
39:08Et pour une fois,
39:10un maire va répondre
39:12aux besoins
39:14pratico-pratiques d'une frange de sa population.
39:16Maintenant,
39:18la façon d'être
39:20opposé de
39:22ces deux personnes,
39:24il y a quelque chose quand même de commun
39:26entre cette opposition,
39:28c'est que les deux sont avocates.
39:30Et ça, on pourrait se poser la question
39:32pourquoi elles vont être contre ?
39:34Alors que, dans l'absolu,
39:36tous les moyens qui vont
39:38permettre d'accroître
39:40la sécurité des femmes
39:42dans tous les lieux publics
39:44doivent être encouragés.
39:46Moi, en tant qu'homme, je suis
39:48vraiment pour. Pour être très clair, Philippe,
39:50c'est quoi votre raisonnement ?
39:52C'est de dire, elles sont avocates, donc s'il y a
39:54moins de problèmes, elles ont moins de clients, c'est ça ?
39:56Ben, ça, c'est
39:58un raccourci que vous faites.
40:00Je cherche à comprendre là où vous voulez en venir, en fait.
40:02Je cherche la petite bête,
40:04vous voulez dire ?
40:06Je pense que le point terming
40:08arrive à un moment où il faut arrêter.
40:10Philippe,
40:12je ne sais pas quel âge vous avez, mais on vient
40:14d'une société
40:16de liberté où la question
40:18de la séparation homme-femme
40:20ne se posait pas sur le plan...
40:22C'est quand même un petit...
40:24Non, mais elle se posait,
40:26je sais bien, il y a une inégalité
40:28des sexes, on le sait tout toujours, mais
40:30sur le plan du droit, quand même, ces dernières années,
40:32je ne parle pas des années 30,
40:34mais ces dernières années,
40:36là, l'idée de faire
40:38des places réservées aux femmes
40:40comme si le statut d'une femme était
40:42quelque chose de...
40:44avec une sorte d'apartheid
40:46dans les parkings,
40:48je trouve ça quand même très étrange. Je comprends qu'on puisse
40:50être étonné, même si vous avez raison,
40:52c'est la bonne solution pour limiter
40:54le nombre d'agressions sexuelles
40:56dans les parkings souterrains.
40:58Bien sûr, c'est une bonne ficelle,
41:00c'est un bon truc, il faut le déployer,
41:02mais on peut quand même se dire
41:04des places réservées aux femmes, quand même,
41:06bon,
41:08ça fait drôle, quoi.
41:10Pour les handicapés,
41:12pour les personnes à mobilité réduite,
41:14eh bien, c'est le bon sens qui guide
41:16les gens, alors que
41:18certaines personnes ne respectent
41:20pas. On a été obligé de mettre
41:22des places pour les handicapés parce que les gens
41:24ne respectaient pas le handicap
41:26de l'autre. Eh bien, là, c'est pareil.
41:28Malheureusement, en attendant
41:30qu'une solution
41:32générale et
41:34peut-être culturelle soit mise en place,
41:36eh bien, pourquoi ne pas
41:38passer par là ? Ce n'est pas de l'apartheid.
41:40On ne va pas mettre, on ne va pas séparer
41:42par une ligne les places.
41:44C'est vraiment
41:46de l'encouragement
41:48à ce que
41:50la sécurité soit accrue.
41:52Voilà, c'est tout.
41:53Et vous seriez prêt à ce qu'on aille
41:55plus loin, peut-être, des
41:57wagons réservés dans les transports
41:59en commun, comme ça peut exister dans d'autres pays ?
42:01Non, non, non.
42:03Il ne faut pas
42:05mettre l'initiative
42:07de M. Gros-Didier
42:09dans cette perspective-là.
42:11Ça n'a rien à voir.
42:13Il n'y a aucun signe
42:15religieux derrière.
42:17Non, c'est pratico-pratique, bien sûr.
42:19Non, pas du tout.
42:21Ce n'est pas que pour des raisons religieuses. Dans d'autres pays,
42:23parfois, c'est à des fins sécuritaires. C'est le cas au Brésil.
42:25Ce n'est pas une question religieuse du tout.
42:27Au Brésil, on sépare dans les transports en commun.
42:29Hommes et femmes, oui.
42:30À certaines heures, il y a des wagons réservés.
42:32Merci, Philippe. On est tous à peu près d'accord.
42:34C'est une bonne idée, mais
42:36ça fait drôle.
42:38J'ai envie de dire que c'est une bonne idée, mais dommage
42:40qu'on soit obligés d'en arriver là. Voilà. Merci, Philippe.
42:42Merci, Marine. Merci, Bénédicte. Merci, Marie.
42:44Toutes celles et ceux qui nous ont appelés au 3210
42:46et nous faisons tapis rouge
42:48à Jean-Alphonse Richard.
42:50Pour l'heure du crime, et c'est tout de suite avec
42:52Meurtre au supermarché, l'affaire Sandra Bigné.
42:54A tout de suite. Meurtre au supermarché.
42:56Merci, les amis. Nous nous retrouvons demain, nous,
42:58pour RTL midi. Midi, 14h.
43:00Brunet, Landreau. Landreau, Brunet, bel après-midi,
43:02à l'écoute d'RTL et de l'heure du crime.
43:04Salut, les amis.

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