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00:0020h, 21h, les informés, Agathe Lambret, Jean-Rémi Baudot.
00:07Bonsoir à tous, bienvenue dans les informés du soir, votre rendez-vous de décryptage de l'actualité,
00:11votre rendez-vous de débat tous les soirs sur France Info, la radio et France Info, le canal 27 de la TNT.
00:18Bonsoir Agathe Lambret.
00:19Bonsoir.
00:19Quel est le programme ce soir ?
00:20La droite veut poser sur la ligne du futur gouvernement, elle veut aussi de gros ministères,
00:26mais à quel titre Michel Barnier lui résiste-t-il aux pressions de son ancienne famille politique ?
00:32Et les macronistes, comment peuvent-ils peser, peuvent-ils d'ailleurs peser autant qu'ils le voudraient ?
00:38Thierry Breton lui claque la porte, il renonce à sa reconduction comme commissaire européen, mais pourquoi ?
00:43Ursula von der Leyen, la présidente de la commission, a-t-elle eu sa tête ?
00:47Emmanuel Macron a-t-il plié ?
00:49Qu'est-ce que cela dit de l'influence de la France en Europe ?
00:53Et sur ce point, l'éclairage de notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazé.
00:57Enfin, la campagne américaine marquée par une nouvelle tentative d'assassinat présumée de Donald Trump.
01:02L'ex-président, l'impute aux attaques de Joe Biden et Kamala Harris, comment en est-on arrivé là ?
01:08Quelles conséquences cela peut-il avoir sur le cours de l'élection ?
01:12Et pour en parler, nous informer ce soir.
01:14Corinne Laïc, journaliste à l'Opinion, je rappelle l'un de vos derniers livres.
01:18Président combrioleur chez Fayard.
01:21Franck Boisy, journaliste économique à Libération.
01:24Patrice Moyon, chroniqueur économique et social, éditorialiste à Ouest France.
01:28Et puis, on l'a dit, on reviendra un petit peu plus tard avec nos correspondants à Bruxelles
01:32et nos journalistes spécialistes des Etats-Unis.
01:34Les informer, c'est parti.
01:38Et on commence, Agathe, avec l'une des images de la journée.
01:40Les LR, à nouveau reçus à Matignon.
01:42Exactement, Gérard Larcher, le président du Sénat.
01:45Jean Vauquiez, le patron des députés.
01:48Bruno Retailleau, le chef de file des sénateurs.
01:50Une famille pas facile à gérer pour Michel Barnier.
01:53Non seulement la droite réclame une vraie politique de droite,
01:57mais elle veut aussi les ministères qui vont avec, de grands ministères régaliens.
02:01Ce qui commence à inquiéter certains dans l'ex-majorité présidentielle,
02:05en particulier au Modem.
02:06Écoutez François Bayrou.
02:08On est devant un paysage politique complètement éclaté.
02:15Avec un résultat d'élection qui a donné pire que la proportionnelle.
02:19Et donc cette perspective qui voudrait que,
02:26au profit d'une élection très compliquée à déchiffrer,
02:31devant un paysage de l'Assemblée nationale extrêmement morcelé,
02:36ce soit un parti minoritaire qui impose ses vues,
02:40c'est impossible, ça ne marcherait pas.
02:42On aurait un accident majeur.
02:45Et c'est pourquoi je n'y crois pas.
02:47C'était François Bayrou, patron du Modem sur BFM TV hier soir.
02:50Y a-t-il mainmise des LR sur la ligne et sur le futur gouvernement ?
02:54Face à cela, quelle est la réponse et quelle est la méthode ?
02:57Barnier, est-ce que le risque d'un gouvernement RPR existe vraiment ?
03:01Corine Leïc, est-ce que quand vous voyez la droite qui bombe un peu le torse,
03:05vous y voyez une forme de petite tentation hégémonique chez LR ?
03:09Je me rappelle un slogan de l'année 1986,
03:13à la veille d'une campagne législative que les socialistes s'avaient perdu d'avance.
03:18Ils avaient lancé le slogan « Au secours, la droite revient ».
03:22Et là, ils pourraient pousser ce cri aujourd'hui,
03:24parce qu'ils se réveillent dans leur lit avec un inconnu,
03:27et on leur dit « ben voilà, t'es marié avec lui ».
03:29Et c'est les LR.
03:30Je pense que les LR, jusqu'à présent, ont un peu trop montré…
03:34On voit assez bien la scène, vous avez bien tout décrit, c'était parfait.
03:38Les LR ont un peu trop montré leur appétit de pouvoir.
03:42C'est vrai qu'ils en étaient frustrés depuis 12 ans,
03:46mais ils ont été beaucoup trop démonstratifs,
03:48et qu'il y a un décalage entre leur nombre de députés et leur appétit.
03:54Le problème de Michel Barnier, ça sera de calmer ses appétits,
03:58de montrer qu'il n'est pas le chef de file d'une troupe LR.
04:03Ça va être difficile pour lui, parce que je pense que ses appétits sont grands,
04:07parce que son banc de touche n'est pas si important que ça,
04:10parce qu'il ne peut pas non plus trop puiser dans les macronistes,
04:13parce qu'il faut aussi donner le sentiment d'une diversification.
04:16Et donc, la démonstrativité des LR est un problème pour lui.
04:21J'ai le sentiment qu'il est conscient de ce problème,
04:23d'où le temps qu'il prend pour former son équipe.
04:26Mais il y aura probablement des ministres LR dans le gouvernement.
04:30À quel poste ? C'est aussi évidemment un sujet de débat,
04:32parce que leur appétit fait qu'ils ont plutôt envie d'être à Bercy ou à l'intérieur,
04:36qu'au secrétariat d'État, à l'égalité femmes-hommes.
04:38– Bon, la droite, on l'entend exiger une politique de droite,
04:41on parle de rupture de pactes législatifs.
04:44Patrice Moyon, West France, la droite, elle se sent pousser des ailes.
04:48– Elle se sent pousser des ailes, et pour un peu,
04:50on finirait presque par croire qu'elle a gagné les élections.
04:52– Ah, parce qu'elle n'a pas gagné les élections !
04:54– Mais oui, l'Assemblée continue à diviser en trois tiers.
04:58Et donc Michel Barnier, s'il ne veut pas être victime d'une censure dès le départ,
05:05il va devoir tenir compte de ça.
05:07Donc avoir l'appui des LR, oui, un peu, mais pas trop.
05:11– Un peu, mais pas trop, Agathe.
05:13– Un peu, mais pas trop, oui, mais Michel Barnier est un peu coincé,
05:16parce qu'il ne peut pas totalement envoyer balader,
05:19déjà c'est sa famille politique, et ensuite ils sont 47 députés,
05:22et quand on n'a qu'une majorité très relative, 47 députés,
05:26ça commence à faire beaucoup, parce qu'il est loin des 289 députés,
05:29même en faisant alliance avec l'Eliott et avec les députés macronistes.
05:33Maintenant, ce qui est intéressant, c'est que Michel Barnier,
05:35d'après ce que l'on m'a raconté, ne se laisse pas faire.
05:38Donc il ne cède pas aux pressions des ex-LR.
05:41D'ailleurs, tout à l'heure, il les a reçus groupés,
05:43le président du Sénat, le patron des sénateurs, le patron des députés,
05:46et quelqu'un me disait, il fait exprès de les recevoir groupés,
05:49pour éviter les divisions qui pourraient finalement les renforcer,
05:53et de les recevoir les uns après les autres.
05:56Les entreprises s'appellent du team building.
05:58Il les reçoit ensemble, et donc il n'est pas question qu'il cède.
06:03Après, il récompensera certains, évidemment, qui auront de beaux ministères.
06:06Mais par exemple, Laurent Wauquiez ne cache pas son appétence
06:09pour le ministère de l'Intérieur, et ça, d'après beaucoup d'échos,
06:14ce n'est pas sûr que Michel Barnier s'aide sur ce point.
06:16Déjà parce que Laurent Wauquiez est assez clivant,
06:19et ensuite parce que le ministère de l'Intérieur,
06:21c'est aussi un ministère qui implique d'avoir vraiment confiance
06:23dans la personne que tu nommes.
06:25Et Michel Barnier et Laurent Wauquiez ne sont pas de grands amis.
06:28Il y a plutôt des passifs entre eux, et il n'y a pas une confiance infinie.
06:32Donc voilà, ce qui pourrait permettre de nommer quelqu'un d'autre à ce poste-là.
06:36– Franck Boisyze, peut-être que ce ne sera pas un gouvernement de droite ?
06:39– Je pense que le chiffre…
06:41– Je suis sûr qu'à Libé, vous êtes persuadé que ce sera un gouvernement de droite ?
06:43– Je pense qu'à Libé, on se dit qu'il y en a au Bureau National du Parti Socialiste
06:46qui a eu lieu, justement, la nomination de Barnier,
06:48donc ils doivent peut-être réfléchir à la manière dont ils ont pris position.
06:51Quoi qu'il en soit, je crois que le chiffre que rappelait Agathe est quand même important.
06:54Combien de divisions ? 47 parlementaires.
06:57Ce n'est pas ça qui permet d'imposer ses vues, notamment sur un ministère régalien.
07:02Qu'est-ce qu'on entend aujourd'hui dans nos salles de rédaction successives
07:05comme nom qui circule, notamment le nom de Valérie Pécresse,
07:08voire d'Éric Wörth qui reviendrait ensemble dans une sorte de duo à Bercy,
07:12sur un ministère aussi régalien que l'Intérieur,
07:14je pense qu'effectivement l'hypothèse Wauquiez semble quand même assez surrealiste,
07:17sachant que le ministère de l'Intérieur, dans le cadre d'une nouvelle dissolution
07:20qui pourra intervenir, c'est aussi le ministère des élections.
07:22Mine de rien, c'est un élément dont il faut tenir compte pour la proximité avec l'Élysée.
07:26Est-ce que finalement, Michel Barnier, quand il va faire ses comptes
07:29sur les alliances et le poids de chacun, ne va pas se dire qu'au bout du compte,
07:34LR va en avoir pour ses 47 députés, mais pas pour le double ?
07:38Et pour reprendre la métaphore de Corinne tout à l'heure,
07:41qui avait en tête un slogan des années 80,
07:43moi je pense à un film des années 80 qui,
07:45sans me résumer un petit peu à ce qui se passe en ce moment,
07:47s'appelait Cuisine et Dépendance.
07:51Corinne, de l'opinion, on sait que le gouvernement,
07:55normalement, doit être nommé cette semaine,
07:57on sait que la semaine elle dure 7 jours,
07:59est-ce que vous pensez qu'on l'aura dans la semaine ?
08:02Plus tard ?
08:03Je vais me reposer sur ce que dit Vincent Jeanbrun,
08:06qui est le porte-parole de la droite républicaine à l'Assemblée,
08:09et qui dit que ça l'étonnerait qu'on ait quoi que ce soit avant dimanche.
08:13Donc il vaut mieux viser la toute fin de la semaine.
08:19Michel Barnier ne veut pas composer son gouvernement
08:22à la proportionnelle des résultats,
08:24parce que c'est ce que Gabriel Attal suggérait,
08:26en faisant valoir que le poids des macronistes était de 40%,
08:30donc il fallait qu'il y ait 40% de ministres macronistes.
08:34Et Michel Barnier ne veut pas de ce genre de cuisine,
08:39et donc il veut composer un gouvernement,
08:46mais il va falloir qu'il l'élargisse à minima
08:48à quelques membres de la société civile,
08:51pour donner le sentiment d'une diversité et d'une ouverture.
08:55Et c'est compliqué, c'est difficile,
08:58parce qu'il faut trouver des personnes qui soient disponibles,
09:00si possible compétentes,
09:02mais surtout qui n'aient rien à perdre,
09:04parce que la fragilité de son bail à Matignon
09:08étant avérée,
09:10quelqu'un qui aura un job hyper intéressant,
09:13mais qui perdrait pour être ministre pendant trois mois,
09:15ça se réfléchit.
09:16Je pense par exemple à Valérie Pécresse,
09:18elle est présidente de région,
09:19qui est un poste très intéressant.
09:21Si elle quitte la région,
09:23je ne sais pas comment peut se faire son retour.
09:25En revanche, Eric Werth est député,
09:27donc s'il devient ministre, c'est moins problématique.
09:29Rachida Dati, elle, semble assurée de rester.
09:33Il paraît qu'elle insiste aussi pour rester Rachida Dati,
09:36mais pour rebondir sur ce que disait Corinne Laïc.
09:39C'est vrai que, par exemple, Bruno Retailleau,
09:41qui est chef de file des sénateurs,
09:43ou Laurent Wauquiez, qui est maintenant patron du groupe des députés,
09:46ils n'ont pas trop intérêt à quitter cette place
09:49pour un gouvernement qui aura peut-être une durée de vie de trois mois.
09:52Ils ne savent pas s'il y aura une prochaine dissolution bientôt.
09:55C'est quand même assez hasardeux,
09:56et ça ne va pas aider Michel Barnier dans la composition de son équipe.
09:59A fortiori, pour la société civile,
10:01à Libération, on a questionné deux ou trois dirigeants d'entreprises
10:04dont le nom a été quelque peu testé ou casté.
10:07Et l'un d'entre eux nous confiait en aparté
10:09qu'avant tout contact en la matière,
10:12il avait d'abord pris contact avec son conseiller d'administration
10:15pour s'assurer que s'il faisait un simple aller-retour de quelques semaines,
10:17il serait réintégré.
10:18Et c'était qui ?
10:19On ne va pas vous le dire.
10:21C'était une grande société, des petites sociétés.
10:24Son nom a été cité.
10:25Et c'était assez drôle quand il me disait
10:27que j'ai d'abord parlé avec mon conseiller d'administration
10:29avant de parler avec ceux qui m'ont appelé
10:31pour savoir si j'avais un ticket de retour.
10:33Et d'ailleurs, Emmanuel Macron avait aussi pensé
10:35à des grands patrons pour Matignon,
10:37mais il n'avait pas forcément envie de...
10:40Je ne pense pas que ce soit tellement pour la durabilité du poste.
10:44Je pense qu'il a renoncé assez rapidement, Emmanuel Macron,
10:47à nommer quelqu'un de la société civile
10:49parce que la plupart des partis et des groupes politiques
10:52lui disaient que vu la situation,
10:54il valait mieux nommer un premier ministre
10:56qui ait la connaissance politique, la connaissance du Parlement,
10:58l'habitude de la négociation, des deals.
11:01Et ce n'est pas les mêmes en politique
11:03que dans la tête d'une grande entreprise.
11:05– Patrice Moyon, est-ce que Michel Barnier a intérêt
11:08à miser sur sa propre famille politique historique
11:10au risque de s'éloigner d'un gouvernement de rassemblement
11:13qui était quand même la feuille de route donnée par l'Elysée ?
11:15– En fait, il est en même temps.
11:18Il doit à la fois s'appuyer sur sa famille politique historique,
11:22mais il doit être capable ensuite d'avoir des textes
11:25qui vont être capables de faire une majorité d'idées
11:28à l'Assemblée nationale.
11:30C'est vraiment un exercice impossible.
11:32Et puis, je pense qu'il y a aussi un autre risque,
11:34c'est que ce petit jeu politique fait les affaires
11:36aussi du Rassemblement national.
11:38Je pense que les Français, ils attendent aussi des choses très concrètes.
11:41– Bon, on a commencé à en parler il y a un instant
11:43la question des macronistes aussi.
11:45On va y revenir dans un instant.
11:46Les informés, vous restez avec nous.
11:48Dans une poignée de secondes, il sera 20h15
11:50et c'est l'heure du Fil Info avec Emmanuel Langlois.
11:53Avignons le procès.
11:55Hors norme des viols en Syrie,
11:57Demazan devrait reprendre Dominique Pellicot.
11:59Le principal accusé sera en principe de retour à l'audience demain
12:03après une absence de plus d'une semaine en raison de son état de santé.
12:07C'est son avocate qui l'annonce.
12:09Elle dit aussi qu'il comparaîtra avec des conditions particulières d'adaptation,
12:13notamment des temps de repos réguliers pendant ses audiences.
12:17Un coup de théâtre à Bruxelles aujourd'hui,
12:19se disant désavoué par la présidente Ursula von der Leyen,
12:22le français Thierry Breton claque la porte de la Commission européenne.
12:26L'Elysée propose de le remplacer par Stéphane Séjourné,
12:28l'actuel ministre des missionnaires des affaires étrangères.
12:32Les réactions ne se font pas attendre à la gauche.
12:34L'ERN dénonce le choix du chef de l'État.
12:37Emmanuel Macron envoie son clone à la Commission sans consulter personne
12:41et au mépris du vote des Français,
12:43accuse l'eurodéputé insoumise Manon Aubry sur le réseau X.
12:47Et puis ce lourd bilan en Europe centrale et orientale
12:50après le passage de la dévastatrice tempête Boris,
12:54victime depuis vendredi dernier de pluies incessantes.
12:57Les pays de la région déplorent au moins 15 morts ce soir
13:00et des milliers de sinistrés.
13:02Les dégâts matériels sont immenses et encore difficiles à estimer.
13:06Certains habitants ont même dû être évacués par hélicoptère.
13:17Agathe Lambret, Jean-Rémi Baudot.
13:19Retour sur le plateau des informés avec Corinne Laïc de l'Opinion,
13:22Franck Boisise de Libération, Patrice Moyon de West France.
13:26Agathe, on va continuer à parler de ces tractations autour de ce gouvernement
13:30et les macronistes eux, comment ils se positionnent dans tout ça ?
13:33Ils ont du mal et il y a plus que jamais différentes teintes de macronistes.
13:38Il y a l'aile droite à qui l'arrivée de Michel Barnier convient plutôt bien
13:42à condition d'être bien servie au gouvernement et surtout d'être respectée.
13:46Écoutez mon invité tout à l'heure, Sylvain Maillard, député macroniste de Paris.
13:50Nous, de notre côté, ce que nous voulons, c'est que notre sensibilité soit évidemment respectée,
13:55qu'elle soit présente dans ce gouvernement mais surtout qu'elle soit présente
13:59dans les textes qui vont être portés dans les semaines et dans les mois qui viennent.
14:02Donc on a des lignes rouges, on a un pacte d'action qu'a présenté Gabriel Attal
14:06et donc nous voulons que nos propositions soient portées.
14:09Voilà pour l'aile droite et puis il y a l'aile gauche, pas très bien dans ses baskets aujourd'hui
14:13face au tandem LR-Barnier. Mais l'aile gauche est-elle vraiment audible ?
14:17Quelle stratégie adopter pour peser ? Et le groupe macroniste est-il en train de se fracturer ?
14:22Vous pensez qu'il se fracture, Patrice Moyon, ce groupe macroniste ?
14:25Ce groupe macroniste a le blues depuis la dissolution, il y avait déjà des tensions avant
14:30et on se demande quel sera l'avenir politique du macronisme une fois Emmanuel Macron parti.
14:36C'est-à-dire que la recomposition du paysage politique, elle est loin d'être terminée.
14:41On est vraiment dans un puzzle dont on ne sait pas très bien comment il va se reconstituer.
14:46Avec probablement un nouveau clivage droite-gauche.
14:49On disait qu'il avait disparu ou qu'il était dépassé et en fait on le retrouve.
14:54Avec un Gabriel Attal au milieu de tout ça, Corinne ?
14:57Oui, Gabriel Attal, sa caractéristique c'est qu'il a des ambitions pour 2027.
15:01Donc évidemment on voit bien que jusqu'à présent il était un peu au bord de la piscine
15:06et il met un orteil de temps en temps dans l'eau
15:09parce qu'il veut participer certainement au gouvernement
15:12mais il ne veut pas non plus être comptable de ce qui va être fait pour garder le maximum de liberté.
15:18On voit bien que l'ensemble pour la République, puisque c'est son nouveau nom,
15:23se divise entre députés de gauche et députés de droite.
15:26Ce que vous avez dit c'est évidemment que ceux de droite ne sont pas gênés par Michel Barnier.
15:30Il y a un sujet qui va être un peu l'arbitre des élégances,
15:32c'est ce que Barnier voudra faire sur l'immigration,
15:35qui sera probablement le sujet qui va le plus fâcher.
15:38Parce que si, comme Gérard Larcher l'a suggéré vivement,
15:41il s'agit de reprendre les articles de la loi immigration de 2023
15:44qui ont été invalidés par le conseil constitutionnel,
15:47il y aura de belles emploignades sur ce sujet-là
15:50entre l'aile droite, l'aile gauche et le gouvernement Barnier.
15:54D'ailleurs ça a déjà commencé quand on a entendu que Michel Barnier
15:59envisageait de créer un ministère à l'immigration.
16:01Il y a l'aile gauche de la Macronie qui s'est levée comme un seul homme
16:04pour dire que c'était un symbole dangereux.
16:06Ça dépense le contenu qu'on donne à ce ministère de l'immigration.
16:09Exactement.
16:10On peut le concevoir comme un ministère qui favorise l'intégration.
16:13Bien sûr.
16:14L'immigration est déjà, pour la gauche en tout cas,
16:18vécue comme une provocation.
16:20Oui, c'est un chiffon rouge.
16:21Voilà, enfin Roland Lescure a été nuancé,
16:23il disait, lui il incarne plutôt l'aile gauche de la Macronie,
16:25ça existe au Canada, mais attention quand même à ne pas ressortir
16:29des épouvantails ou des chiffons rouges pour attirer l'extrême droite.
16:33Non, il serait ministère de l'intégration plutôt que de l'immigration,
16:36ça serait bon.
16:38Bien sûr, mais non, c'est l'État.
16:40Et sur l'immigration, il y a un autre sujet, c'est l'aide médicale d'État.
16:42Gabriel Attal avait quand même laissé ce dossier sur son bureau,
16:46on sait qu'il en a laissé beaucoup.
16:48La droite ne veut pas forcément la supprimer,
16:51mais la moindrir considérablement.
16:53Pour l'aile gauche de la Macronie, pas question d'y toucher
16:56et ce sera potentiellement un des premiers sujets,
16:58à moins que Michel Barnier décide de temporiser
17:00parce qu'il sait que c'est un sujet très sensible et épidermique,
17:04mais ça, ça pourrait fracturer très vite la Macronie.
17:06Ça va venir, je le crains mécaniquement, le sujet de l'aide médicale d'État
17:10parce qu'on pense souvent qu'on va voter le budget dans quelques semaines,
17:13mais il y a un deuxième budget qu'on vote,
17:15celui de l'assurance sociale,
17:17on se rappelle dans le jargon absolument infâme
17:20le projet de loi de financement de la Sécurité sociale,
17:22et donc ce thème-là va revenir dans le projet de loi
17:25sur le financement de la Sécurité sociale.
17:26Alors vous me donnez une transition parfaite,
17:28on va parler de ce budget qui est évidemment,
17:30au-delà de la question de l'immigration ou de la Sécurité,
17:33Agathe, c'est l'autre embûche pour Michel Barnier.
17:36Oui, et comme on s'en doutait, le Premier ministre ne sera pas dans les temps.
17:39Michel Barnier qui envisage de ne présenter le budget 2025
17:42qu'après sa déclaration de politique générale début octobre.
17:45La date butoir du 1er octobre, donc, ne serait pas tenue,
17:49ce qui dérange le président insoumis de la commission des finances de l'Assemblée,
17:52Éric Coquerel, qui menaçait carrément de venir à Matignon
17:55réclamer les lettres au plafond, qui fixent les crédits pour chaque ministère.
18:00Au-delà du calendrier, il y a le fond, un budget pour quoi faire ?
18:03Maintenant, est-ce qu'il y a vraiment urgence ?
18:05Est-ce que la situation est si grave que ça ou on a un peu de délai ?
18:09C'est grave, docteur ? Franck Boziz ?
18:11J'essaie de poser un diagnostic mesuré,
18:13mais ce qui pose problème, c'est que plus on retarde,
18:16et là on n'est plus sur le 1er octobre,
18:18mais plutôt sur le 9 octobre, aux dernières nouvelles,
18:21pour commencer à prendre en compte les premiers documents,
18:24c'est que plus on retarde la date d'examen du budget,
18:27plus la discussion budgétaire, qui est quand même assez essentielle,
18:30va s'en retrouver rétrécie.
18:32Or, derrière ces aspects rébarbatifs,
18:35le budget est un acte profondément politique.
18:38Savoir comment et à quel niveau on va apercevoir l'Etat,
18:41les recettes, l'impôt, et de quelle manière on va affecter les dépenses,
18:45ce sont de vrais choix politiques.
18:47Il y a tout un débat sur l'augmentation de la fiscalité,
18:50sur telle ou telle partie des contribuables ou des entreprises.
18:53Il y a tout un débat sur un certain nombre d'économies
18:56en matière de transition énergétique, de formation professionnelle.
18:59Toutes ces décisions, je me permets de le répéter,
19:01sont éminemment politiques et seront un marqueur
19:04de l'action du gouvernement de Michel Barnier.
19:06– Mais quand Barnier dit, Michel Barnier pardonnez-moi,
19:09dit qu'il croit en une justice fiscale,
19:11comment est-ce que vous, journéeiste économie,
19:13au Service Économie et à Libération, vous entendez ça ?
19:15– Je l'entends comme un sérieux coup de pied dans les rotules
19:18de Bruno Le Maire qui avait fait des économies budgétaires
19:21et de la non-augmentation des impôts une sorte de dogme
19:25et la possibilité sur un certain type d'impôt assez précis
19:29d'augmenter la pression fiscale.
19:32On a commencé à en parler un petit peu à Libération,
19:34il est question de taxer un petit peu plus les énergéticiens,
19:37il est peut-être question de taxer ce qu'on appelle les rachats d'actions,
19:40c'est-à-dire les entreprises qui rachètent elles-mêmes leurs actions.
19:42Il est peut-être question de taxer un peu plus les très hauts revenus,
19:45au-delà d'un plafond assez élevé.
19:47Donc toutes ces mesures qui seront peut-être un petit peu symboliques
19:50montreront en tout cas que le dogme de la non-augmentation
19:53des prélèvements obligatoires risque d'être battu en brèche.
19:56– On peut taxer encore plus les plus hauts revenus, Corine Maïc ?
19:59– Dans un souci de justice fiscale, on peut imaginer que les impôts
20:02des plus riches et des entreprises soient augmentés,
20:05mais que ceux des plus modestes soient baissés,
20:07auquel cas on n'augmente pas le taux global des prélèvements obligatoires.
20:11Mais c'est vrai que Michel Barnier a mis ce sujet sur le tapis,
20:15de toute façon il serait venu parce que le budget est vraiment
20:18le rendez-vous politique de toutes les promesses qui ont été faites
20:21pendant les deux campagnes que nous avons vécues,
20:23les européennes plus les législatives.
20:25On aura un budget de toute façon, quoi qu'il arrive,
20:27il ne faut pas trop se laisser impressionner par ces questions de détail.
20:31Le vrai sujet c'est quel budget ?
20:33Et est-ce que les parlementaires auront suffisamment de temps pour le travailler ?
20:37Ça c'est une vraie question, puisqu'il est à peu près acquis
20:40que maintenant on est plutôt sur la date du 9 octobre
20:42plutôt que celle du 1er octobre.
20:44– Donc 8 jours après la date prévue.
20:46– Voilà, que le gouvernement a quand même une faculté,
20:48c'est de procéder par amendement,
20:50il peut modifier le budget par amendement
20:52et ces amendements ne sont pas soumis aux mêmes règles
20:55que le projet de loi de finances initiale,
20:57donc ça c'est une facilité qu'il a,
20:59mais de toute façon Michel Barnier est contraint
21:02par la situation de la dette publique française,
21:06ainsi que par le rendez-vous qu'il a avec la commission de Bruxelles
21:10pour présenter une trajectoire de retour des finances publiques
21:14à 3% du PIB d'ici à normalement 2027,
21:18mais la date paraît de plus en plus improbable.
21:20– C'est ça, dans un contexte où la France est sous une procédure
21:24pour déficit excessif de Bruxelles,
21:26Patrice Mouillon, ce budget, il ne va pas faire des heureux, non ?
21:29Quoi qu'on mette dedans, a priori il n'y aura pas beaucoup de bonnes nouvelles ?
21:32– Oui, en tout cas pour répondre à la question initiale,
21:34oui il y a urgence et plus on attend, plus on risque de tailler à la hache
21:38avec le risque de faire des économies par exemple qui coûtent cher,
21:42des économies qui coûtent cher, c'est par exemple celle qui était pressentie
21:46avec des économies pour le fonds vert qui s'inscrivent
21:49dans le cadre de la transition énergétique,
21:51donc il y a la nécessité à la fois d'être dans le comptable,
21:54effectivement de faire attention à cette dérive des comptes français,
21:57mais aussi de tenir la trajectoire parce qu'il faut investir,
22:00il faut investir dans la transition énergétique,
22:02il faut investir dans la réindustrialisation,
22:05donc plus on attend et plus on risque de faire un peu n'importe quoi.
22:10– Il y a un exemple frappant dans ce qui vient d'être dit,
22:15c'est le bonus sur les voitures électriques,
22:18on se rend compte qu'au fur et à mesure qu'il s'est réduit,
22:20il est passé de 7000 euros au départ à 4000 euros aujourd'hui,
22:23les immatriculations de véhicules électriques en France ont singulièrement baissé,
22:28donc voilà un exemple d'économie budgétaire qui à long terme
22:31peut avoir des conséquences assez problématiques sur la transition énergétique.
22:34– Avec un enjeu c'est de ne pas aggraver les déficits publics,
22:37et ça, ça va être quand même compliqué dans la période
22:39où tout le monde, les uns et les autres, veulent des aides ici,
22:42des allègements là, etc.
22:44– Jean Pisaniferi qui est l'économiste qui avait inspiré le programme d'Emmanuel Macron,
22:48qui lui aussi a planché sur la question de la transition climatique,
22:52estime que ça sera difficile de ne pas augmenter les impôts,
22:56reste à savoir où et à qui s'adressent ces augmentations d'impôts.
23:00Il y a beaucoup de niches fiscales en France,
23:02et je pense qu'une revue de détail des niches fiscales françaises
23:05permettrait sans doute des marges de manœuvre.
23:07– Je pense que les patrons sont résignés à ce qu'il y ait des hausses d'impôts,
23:11ça dépend lesquelles.
23:13Par exemple, je peux vous citer l'exemple d'un grand patron que j'ai vu récemment
23:16qui dit que si on augmentait le taux d'impôt sur les sociétés,
23:21de deux ou trois points, ça pourrait être acceptable,
23:24parce qu'il a beaucoup baissé ces dernières années.
23:26En revanche, il faudrait que les impôts de production
23:29qui taxent le chiffre d'affaires de l'entreprise,
23:32donc l'origine de la fabrication, soient baissés.
23:36Il serait favorable à ce que, si hausses d'impôts il y a,
23:39ces hausses d'impôts soient temporaires.
23:41Mais en France, on a du mal avec le temporaire,
23:44car souvent ils durent très longtemps.
23:46Donc il y a toute une palette,
23:48Franck en a cité certaines tout à l'heure,
23:50de mesures fiscales frappant les entreprises,
23:53qui peuvent être envisagées.
23:55– Oui, et Franck Boisid, les patrons se disent qu'ils ont échappé au pire,
23:58ce n'est pas le Nouveau Front Populaire,
24:00alors bon, c'est la droite, ça ira quoi qu'il arrive ?
24:02Ils sont résignés ?
24:03– Je pense qu'ils sont même moins que résignés,
24:06ils sont optimistes, et pour rebondir sur ce que disait Corinne,
24:09quand ils disent qu'ils accepteraient une hausse de l'impôt sur les sociétés,
24:13l'impôt sur les bénéfices, pour parler clair,
24:16c'est pour une raison assez simple,
24:17c'est que les patrons de ces grandes entreprises
24:19payent finalement assez peu d'impôts sur le territoire français.
24:22Donc si vous demandez au PDG de Total ce qu'il pense du fait
24:25que l'impôt sur les bénéfices passe de 25 à 28%,
24:28comme il doit payer à peu près 4 à 5% d'impôt sur les bénéfices
24:32sur son chiffre d'affaires en France et que le reste est payé à l'étranger,
24:35ça ne va pas les affecter.
24:36– C'est le contre-exemple Total, justement.
24:38– Mais pour un certain nombre de grandes entreprises, c'est bien.
24:40– L'enjeu c'est quand même les entreprises du coin de la rue,
24:43les PME, les TPE.
24:45– Oui, mais même un patron de PME, TPE, à tout prendre,
24:50il préfère qu'on taxe les bénéfices,
24:53c'est-à-dire une fois que c'est déroulé tout le processus de fabrication,
24:56plutôt qu'on taxe en amont au moment de la formation du chiffre d'affaires.
25:00– Est-ce que vous avez compris, Colin Lai, que depuis qu'il est au pouvoir,
25:03Emmanuel Macron n'a jamais utilisé cet argument-là ?
25:05C'est-à-dire que puisqu'on le sait qu'il est pro-business,
25:09il ne peut pas être taxé de vouloir faire rendre gorge aux entreprises.
25:13Et donc il n'a jamais appelé finalement à cette forme de solidarité
25:17envers les plus riches et envers les grandes entreprises.
25:20Pourquoi il n'a jamais tenté d'actionner ce truc-là ?
25:22Même en disant que c'est temporaire.
25:24– Parce qu'il n'en a pas eu un besoin criant, comme c'est le cas aujourd'hui.
25:29– On avait besoin d'argent avant.
25:31– Non, quand il est arrivé, on était à un peu plus de 3%.
25:36Il a réduit certaines dépenses pour pouvoir passer sous la barre des 3%.
25:45Ça a été très temporaire.
25:46Et après, on est tombé dans la période Covid,
25:48où le déficit a explosé de manière exponentielle,
25:52mais en toute impunité, si j'ose dire.
25:54Puisque tout le monde en faisait autant,
25:56parce qu'il y avait des circonstances exceptionnelles qui le justifiaient.
25:59Et c'est depuis cette période qu'on a du mal effectivement à revenir en dessous.
26:03Et il s'est toujours refusé à utiliser l'arme fiscale,
26:06avec quelques bonnes raisons,
26:08qui est qu'on est le pays où le taux de prélèvement obligatoire est le plus élevé
26:11et où les entreprises et les particuliers payent déjà énormément d'impôts.
26:15Donc il préfère faire porter les efforts sur les dépenses.
26:18Le problème, c'est qu'il ne met pas en place les politiques publiques
26:20qui permettraient de le faire.
26:21Donc c'est pour ça que nous avons beaucoup de déficits et de dettes.
26:24Et Franck Boisis, on voit que l'inquiétude remonte chez les Français,
26:27s'agissant de la dette,
26:29qui est une inquiétude de plus en plus concrète, à juste titre.
26:33Elle remonte sans doute parce qu'on a fait beaucoup de buzz
26:36autour de cette procédure pour déficit excessif.
26:41Il n'y a pas de quoi s'inquiéter en vrai ?
26:42Il n'y a pas de quoi s'inquiéter parce que la France, d'abord,
26:43n'est pas le seul pays de l'Union européenne
26:45qui entre dans le cadre de cette procédure.
26:48Et ensuite, on se doute bien que ce soit pour l'Italie,
26:52que ce soit pour la France,
26:53que ce soit pour un certain nombre de pays de l'Union européenne.
26:56Il n'y a pas de possibilité de contrainte.
26:58C'est-à-dire qu'on ne peut pas dire à un État membre de l'Union européenne
27:00certes, vous avez un déficit excessif,
27:02à la limite, on peut infliger une sanction financière,
27:04ce qui n'a jamais vraiment été le cas,
27:06mais on ne peut pas contraindre les États
27:09à modifier leur politique budgétaire.
27:11C'est pour ça que l'inquiétude des Français, finalement,
27:13sur ce dossier-là, elle n'a pas vraiment lieu d'être.
27:15Et la sanction des marchés financiers, de la hausse des taux d'intérêt...
27:18On a l'impression que Franck Boisis se satisfait d'être le mauvais élève.
27:20Moi, ce n'est pas très grave. On va rester entre nous.
27:22Pas le mauvais élève, l'un des mauvais élèves.
27:25L'élève qui accepte l'endettement pour des jours meilleurs.
27:28Ce n'est pas ce qu'on appelle un jour.
27:30Chère Janice, chers informés, on se retrouve dans un instant.
27:32Il est 20h30.
27:40Et à 20h30, l'info. Bonsoir Sophie Etienne.
27:42Bonsoir Jean-Rémi, bonsoir à toutes et à tous.
27:44Sauf contre-indication, le procès des viols de Mazan reprendra demain à Avignon.
27:48Le principal accusé, Dominique Pellicot, est désormais apte à comparaître
27:52après plus d'une semaine d'absence due à son état de santé.
27:55L'audience va donc recommencer avec des mesures adaptées
27:57comme des auditions séquencées et des temps de repos.
28:00Dominique Pellicot est accusé d'avoir drogué son ancienne épouse pendant 10 ans
28:03avant de la faire violer par des dizaines d'hommes.
28:06Selon Donald Trump, la tentative d'assassinat présumée contre lui hier en Floride
28:10est due à la rhétorique de Joe Biden et Kamala Harris.
28:13Le suspect adhérait à leur discours et a agi en conséquence,
28:16affirme le candidat républicain sur la chaîne conservatrice Fox News.
28:19Hier, alors qu'il jouait au golf sur son terrain de Palm Beach,
28:22un homme armé a été repéré à quelques centaines de mètres.
28:25Il a été interpellé dans la foulée et inculpé pour détention illégale d'armes.
28:29Le brevet des collèges ne changera pas cette année.
28:32Contrairement à ce que prévoyait le gouvernement sortant,
28:34il souhaitait modifier l'équilibre entre le contrôle continu et les épreuves finales
28:38et rendre l'obtention du diplôme obligatoire pour passer en seconde.
28:41L'arrêté qui enterrine ces changements n'a pas pu être publié à temps,
28:45à savoir avant la rentrée scolaire.
28:47Et puis l'une des dirigeantes du réseau social X salue
28:50une belle journée pour la liberté d'expression
28:53après que Thierry Breton a démissionné de son poste de commissaire européen au marché intérieur.
28:57Thierry Breton avait ouvert une enquête pour des manquements présumés de X
29:00en matière de protection des mineurs.
29:02Après l'annonce de sa démission, Emmanuel Macron a proposé
29:05le nom de Stéphane Séjourné pour le remplacer.
29:16Retour sur le plateau des informés avec Patrice Moyon de West France,
29:19Corinne Laïc de l'Opinion, Franck Boisise de Libération
29:23et je salue à distance Pierre Bénazé, correspondant de France Info à Bruxelles.
29:28On va parler, Agathe, de ce coup de poker, de ce coup de colère du jour, celui de Thierry Breton.
29:36Oui, Thierry Breton qui annonce lui-même sa démission de la commission européenne.
29:39Il voulait retrouver son poste mais il renonce
29:42et il accuse Ursula von der Leyen, la présidente de la commission,
29:45d'avoir obtenu sa tête.
29:47Pour bien comprendre, après les élections européennes,
29:49un nouveau parlement s'est mis en place
29:51et Ursula von der Leyen, réélue à la tête de la commission,
29:54est en train de recomposer son équipe de commissaires européens,
29:57un peu comme Michel Barnier avec son gouvernement.
29:59Emmanuel Macron a-t-il cédé à la puissante Ursula von der Leyen ?
30:03Cette affaire est-elle le signe d'une perte d'influence de la France en Europe ?
30:07Le couple franco-allemand a-t-il encore du sens ?
30:10Et on va tout de suite prendre la direction de Bruxelles.
30:12On vous retrouve, Pierre Benazé, correspondant de France Info, sur place.
30:16Cette démission de Thierry Breton, déjà, dites-nous, c'était une surprise ?
30:20Oui, c'était une surprise parce que,
30:22contrairement à ce qui est affirmé dans certains couloirs à Paris,
30:26la confirmation était effective.
30:28Ça avait déjà été évoqué par Emmanuel Macron
30:30lors du sommet de la fin du mois de juin
30:33et puis confirmé le 25 et 26 juillet de manière quasi officielle.
30:38Donc, Thierry Breton a effectivement raison quand il écrit dans sa lettre
30:41« J'ai été confirmé, j'ai été désigné »,
30:43sachant qu'évidemment, il était désigné pour être candidat
30:47puisqu'il faudra encore, malgré tout,
30:49ce n'est pas parce qu'on est commissaire sortant
30:50qu'on ne doit pas repasser le grand oral,
30:53passer sous les fourches codines du Parlement européen.
30:55Mais il était effectivement désigné.
30:57C'est une surprise donc, et surtout, c'est évidemment fracassant
31:02puisqu'il part, effectivement, du jour au lendemain, il abandonne son poste.
31:06Mais alors, vous qui connaissez toutes les coulisses,
31:07qu'est-ce qui s'est passé ces derniers jours ?
31:10Alors, ce qui s'est passé, ce n'est même pas ces derniers jours,
31:12c'est plutôt ces dernières semaines.
31:14En réalité, on sait qu'Ursula von der Leyen, d'une part,
31:17voulait avoir la parité.
31:19Il n'y a pas du tout assez de femmes dans les candidats qu'on lui a proposés.
31:22Elle avait demandé à tous les pays de lui proposer un ticket,
31:25un homme, une femme, qu'elles puissent choisir
31:27et revenir à la parité.
31:29Lors du dernier connexion des commissaires,
31:30elle avait 14 hommes pour 13 femmes,
31:32c'était plutôt pas mal.
31:33Là, le résultat des nominations,
31:36telles qu'il était à peu près au milieu du mois d'août,
31:38ce n'était même pas un tiers de femmes sur l'ensemble du collège des commissaires,
31:426-7 femmes peut-être.
31:44Elle a fait beaucoup pression sur certains pays.
31:47On a vu que les Slovènes ont changé d'avis,
31:49ils ont remplacé une femme par un homme,
31:51ça doit encore être confirmé par le Parlement.
31:53On a vu que les Bulgares ont fini par présenter un ticket,
31:56ce sont les seuls à avoir véritablement joué le jeu,
31:58un homme, une femme.
31:59Les Roumains ont remplacé un homme par une femme.
32:01Et là, pendant des semaines et des semaines,
32:04chacun a essayé de négocier d'avoir un portefeuille plus grand.
32:08Et la France aussi,
32:09on sait qu'il y a eu une mésentente assez nette
32:13entre Thierry Breton et Ursula von der Leyen,
32:15c'est vraiment sur la place publique.
32:17Il y a eu une négociation entre l'Élysée et la Commission européenne
32:22pour avoir un nouveau candidat,
32:24un candidat avec lequel Ursula von der Leyen pourrait s'entendre.
32:28En échange de quoi ?
32:29Le portefeuille que Stéphane Séjourné pourrait obtenir serait relativement gonflé.
32:33On parle même d'une vice-présidence pour le commissaire français.
32:36Pierre Bénazé, vous restez avec nous, je me tourne vers vous, Franck Boisid.
32:40Alors déjà, c'est un peu ironique parce qu'elle voulait des femmes
32:43et puis la France propose Stéphane Séjourné.
32:45Mais par rapport à ce qui s'est passé ces dernières semaines,
32:47quel est votre regard, vous ?
32:48Je pense que la parité a bon dos.
32:50Il était de notoriété quasiment publique
32:52que les relations étaient exécrables entre Thierry Breton et Ursula von der Leyen.
32:56Les tweets qu'il a fait quand elle a été élue,
32:59avant même qu'elle soit élue,
33:01disant qu'il n'était pas question de laisser la présidence de la Commission
33:05une fois de plus au PPE.
33:07La remise en cause qu'il a fait des relations
33:10que peut avoir Ursula von der Leyen avec certains parlementaires,
33:13ce qu'on a appelé le peepergate,
33:14où un de ses proches a été nommé sur un poste très bien rémunéré
33:17à la Commission européenne.
33:19On peut dire que Thierry Breton n'a pas épargné la présidente de la Commission
33:24à tel point qu'on se demandait d'ailleurs
33:25s'il n'avait pas lui-même des ambitions pour sa propre personne.
33:28Et donc, qu'est-ce qu'elle a fait visiblement ?
33:30Elle a passé un deal dans son dos avec Emmanuel Macron sur le thème.
33:33Si on le met de côté,
33:35je vous propose un nouveau poste de commissaire plus élargi
33:39pour son successeur,
33:41et visiblement Emmanuel Macron a topé.
33:44C'est ça, selon les informations de France Info,
33:46effectivement Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron
33:48se sont mis d'accord un peu dans le dos de Thierry Breton.
33:52Ce qui pose la question de l'influence du président sur la scène européenne
33:57et de Corine Maïc.
33:59Tout à fait, parce qu'Emmanuel Macron est déjà très affaibli aux yeux des Allemands
34:03par la dissolution, qu'ils ne comprennent pas.
34:06Et donc, le fait d'avoir cédé à une représentante du PPE
34:11à un moment où les relations entre la France et l'Allemagne sont en souffrance
34:17est interprétée comme un signe d'affaiblissement de la France
34:20vis-à-vis de la Commission et de Bruxelles.
34:24Je pense qu'il y a une tendance de l'Elysée à post-rationaliser ce qui s'est passé,
34:30puisqu'effectivement, comme l'a dit Franck,
34:32Breton avait été validé par Emmanuel Macron.
34:35Il faut comprendre que si Emmanuel Macron a proposé très tôt Thierry Breton,
34:40c'est parce qu'il voulait avoir les mains libres
34:42avant de nommer un Premier ministre dont il ne connaissait pas l'identité
34:46et la volonté de s'immiscer dans cette nomination.
34:49Donc, il préférait le faire avant plutôt que d'avoir à dealer avec son futur Premier ministre.
34:55Et j'ajoute que la solution qui est trouvée lui permet,
35:00comme un judoka, je vais dire, de faire de sa faiblesse une force.
35:04C'est-à-dire qu'il libère le portefeuille des affaires étrangères en France
35:09et comme ça, c'est un portefeuille sur lequel il peut avoir la main,
35:13puisque ça fait partie du domaine réservé, partagé, dirait Michel Barnier.
35:17Donc, il retrouve quand même une capacité de nomination à un poste important
35:21et il a un fidèle à Bruxelles.
35:23Oui, c'est ça. Pour rebondir sur ce que dit Corinne Laïc,
35:26ce poste était tellement important de commissaire européen
35:29qu'Emmanuel Macron voulait avoir la main dessus en amont.
35:31Pour lui, l'Europe, c'est un sujet central.
35:34Et malgré cela, alors que la France est quand même un pays essentiel au sein de l'Union européenne,
35:40Emmanuel Macron n'arrive pas à imposer le nom de son candidat.
35:43Donc, c'est quand même assez inquiétant.
35:45Et ce que cela dit de la perte d'influence de la France, d'Emmanuel Macron,
35:50du sentiment aussi peut-être de toute puissance d'Ursula von der Leyen.
35:53Alors, il faut se rappeler que ce n'est pas la première fois qu'Emmanuel Macron est désavoué.
35:562019, sa candidate est désavouée par le Parlement.
35:59Exactement. La candidate choisie par Emmanuel Macron n'avait pas été validée par les parlementaires européens
36:04et déjà, ça avait été un camouflet pour le chef de l'État.
36:07Mais ce deuxième camouflet aujourd'hui, alors que la France est déjà dans une position compliquée,
36:11que les relations avec le chancelier allemand ne sont pas bonnes,
36:14que l'Allemagne fait cavalier seule sur l'immigration,
36:17ça commence à faire beaucoup pour l'image de la France en Europe.
36:21On va reprendre la direction de Bruxelles. Je vous retrouve, Pierre Bénazer.
36:24On vous retrouve parce que, donc, pour remplacer Thierry Breton,
36:27la France propose Stéphane Séjourné qui lui cognait très bien, on peut quand même le dire, les instances européennes.
36:32Oui, il n'arrive pas en terrain conquis parce qu'il y aura encore le grand oral devant le Parlement européen.
36:38Et là, le Parlement peut effectivement décider de rejeter l'ensemble du Collège.
36:43C'est la raison pour laquelle, de temps en temps, un commissaire n'arrive pas à passer la rampe
36:47parce qu'il y a un marchandage qui se fait en coulisse avec le pays qui l'a nommé.
36:52En l'occurrence, Stéphane Séjourné a quand même présidé le groupe Renew,
36:56les centristes libéraux au Parlement européen, pendant plus de deux ans.
36:59Il a à son bilan le fait d'être capable de négocier des compromis,
37:03par exemple sur le pacte asile-immigration ou restauration de la nature.
37:07Donc, ça devrait l'aider lors de ce grand oral, d'autant qu'il fait partie de la majorité reconduite.
37:12Et puis après, on va voir ce qu'il aura comme portefeuille.
37:15Pour l'instant, Ursula von der Leyen garde ça précieusement secret.
37:20On le saura à Strasbourg sous peu.
37:22Elle va l'annoncer dès que ça sera validé, en particulier par le Parlement slovéne.
37:27Stéphane Séjourné connaît l'endroit.
37:30Il a été aux responsabilités à Bruxelles et à Paris, donc il connaît les trois institutions.
37:35Reste à voir maintenant ce qu'on va lui donner à faire.
37:37Pierre Benazza, merci beaucoup pour ce regard depuis Bruxelles.
37:40Vous êtes le correspondant de France Info.
37:42Franck Boisid, le bilan de Thierry Breton, il a quand même fait pas mal de trucs en fait.
37:47Le point de départ, c'est que Thierry Breton est un commissaire européen assez atypique.
37:51Il a eu une vie en entreprise avant d'arriver à la Commission européenne.
37:54Il a dirigé une entreprise assez controversée en France aujourd'hui,
37:57qui est l'entreprise informatique Atos, qui connaît beaucoup de difficultés.
37:59Et une fois qu'il est arrivé à la Commission européenne, il a mené des combats qui ont marqué.
38:02Il a été ministre aussi, rappelons-le.
38:03Il a été ministre de l'économie aussi.
38:05Il a fait descendre les déficits en dessous de 3% du PIB.
38:08Autre temps, Corinne.
38:10Mais quand il est arrivé à Bruxelles, il a mené certains combats significatifs.
38:13Je pense notamment aux combats sur la fiscalité des GAFA.
38:17C'est-à-dire qu'il était remonté comme une pendule contre le fait que les GAFA payent très peu d'impôts en Irlande.
38:21Il s'est battu pour que Apple rembourse ce qu'il a vu comme avantage fiscal en Irlande.
38:27Il a mené une politique de commande massive et unitaire sur les vaccins pendant le Covid.
38:32Donc il s'est comporté un petit peu finalement comme un patron d'entreprise dans sa délégation à la Commission européenne.
38:38Même s'il y a aussi peut-être les travers de l'homme.
38:41C'est-à-dire que c'est quelqu'un qui fait beaucoup de communication, qui travaille plutôt en solitaire.
38:45Ce qui a agacé d'ailleurs notamment ses autres collègues à la Commission,
38:49dont la commissaire chargée de la concurrence, qui le voyait parfois aller un petit peu sur ses plates-bandes.
38:54Et puis dernière chose, il a eu quelques échanges avec Elon Musk,
38:57ce qui est quand même assez savoureux parce qu'il a essayé de le cadrer un petit peu dans ses débordements.
39:02Il s'est fait recadrer d'ailleurs sur ces questions-là, notamment par Ursula von der Leyen.
39:06Patrice Moyon ?
39:07Oui, alors son bilan est positif parce qu'il incarne quand même un virage de l'Europe.
39:12Vous vous souvenez, disant l'ère de la naïveté, c'est fini.
39:17Il a incarné aussi le début d'une Europe de la défense, la construction d'une souveraineté européenne.
39:24Il est aussi intervenu sur les matériaux critiques.
39:27Sur un certain nombre de sujets où l'Europe sait désormais qu'elle sera en compétition avec les États-Unis et la Chine,
39:37il a incarné le virage d'une Europe qui ne serait pas uniquement une Europe des consommateurs,
39:42mais aussi une Europe souveraine, souveraine sur les questions énergétiques,
39:46souveraine sur les questions de santé, souveraine sur les questions de défense.
39:50Maintenant, ce qui est essentiel pour Emmanuel Macron, au-delà d'avoir un commissaire européen compétent,
39:55c'est d'avoir surtout un fidèle à ce poste-là.
39:57Ce que dit le fait que le chef de l'État propose Stéphane Séjourné pour remplacer Thierry Breton,
40:02c'est que cohabitation ou coalitation ou changement de régime, je ne sais pas ce qu'il y a avec Michel Barnier,
40:09il entend bien garder la main sur les sujets européens et il fait d'une pierre deux coups.
40:13Parce que Stéphane Séjourné était déjà son conseiller à l'époque où Emmanuel Macron était ministre de l'économie à Bercy.
40:18Donc ils se connaissent vraiment très bien, c'est un fidèle.
40:20Et Emmanuel Macron fait d'une pierre deux coups parce qu'il libère le ministère des Affaires étrangères
40:24qui est convoité notamment par Gérald Darmanin,
40:27qui pourrait quitter l'intérieur pour satisfaire quelqu'un d'autre qui convoite le ministère de l'intérieur.
40:32Bref, Emmanuel Macron résout un problème, c'est qu'il libère une place qui était très convoitée.
40:38C'est-à-dire que ça l'arrange d'une certaine manière ?
40:40D'une certaine façon.
40:41Il a transformé sa faiblesse en force tout à fait relative.
40:45Peut-être que pour boucler la boucle, il peut nommer Breton à Bercy et puis comme ça, ça sera achevé.
40:51Ça va déranger les candidats à Bercy.
40:53Bon, les informés, on va passer de Bruxelles à une autre grande capitale, Washington,
40:57où en tout cas on va prendre la direction des Etats-Unis dans quelques instants.
40:59Mais pour l'heure, il est 20h44, c'est l'heure du Fil Info avec Emmanuel Langlois.
41:06Michel Barnier qui continue ses consultations en vue de former son gouvernement
41:10qui sera en principe connu à la fin de la semaine, sans doute pas avant dimanche.
41:14Gérard Larcher, Laurent Wauquiez et Bruno Rotaillot, les ténors des Républicains,
41:18ont à leur tour été reçus cet après-midi par le Premier ministre à Matignon.
41:22Il doit prochainement recevoir maintenant des élus du groupe Liott et du Parti Communiste.
41:27Les discussions vont prendre encore un peu de temps, prévient sur France Info,
41:32Sylvain Maillard, le député Ensemble pour la République de Paris.
41:37Le procès des viols en série de Mazan va en principe reprendre devant la cour criminelle du Vaucluse.
41:43Dominique Pellicot, le principal accusé, sera de retour à l'audience demain,
41:47annonce son avocate après une absence de plus d'une semaine en raison de son état de santé.
41:52Il est jugé pour avoir drogué sa femme pour la faire violer par des dizaines d'hommes.
41:57Et puis aux Etats-Unis, la campagne présidentielle entre Kamala Harris et Donald Trump s'envenime
42:02au lendemain d'une deuxième tentative d'assassinat présumée contre le candidat républicain.
42:07L'ancien président américain incrimine ce soir la rhétorique, dit-il, des démocrates
42:12contre lui. Joe Biden, l'actuel président, le locataire de la Maison Blanche, déclare, lui,
42:18qu'il a toujours condamné la violence politique quant aux suspects des tirs d'hier.
42:23Elle a été formellement inculpée ce lundi, notamment pour détention illégale d'armes.
42:28France Info
42:3120h, 21h, les informés. Agathe Lambret, Jean-Rémi Baudot.
42:37Allez, dernière partie de ces informés qui décoiffent ce soir autour de Corinne Laïc,
42:40journaliste à l'Opinion, Franck Boisise, journaliste à Libération, Patrice Moyon, éditorialiste à Ouest France.
42:46Et on va retrouver dans un tout petit instant Dominique Simonnet qui est écrivain et journaliste spécialiste des Etats-Unis.
42:52On vous retrouve dans un instant. Mais d'abord, Agathe, on en vient à ce qui semble être bien,
42:56une nouvelle tentative d'attentat contre Donald Trump.
42:59Oui, et Donald Trump y a réchappé pour la deuxième fois en deux mois.
43:02Les faits se sont produits hier soir, 20h hors de Paris.
43:05Donald Trump golfait dans sa propriété de Mar-a-Lago, en Floride.
43:09Mais contrairement à la première tentative d'assassinat mi-juillet,
43:13où un homme avait ouvert le feu et touché Trump, cette fois, le tireur n'a pas tiré.
43:19Il a été repéré puis arrêté. C'est un homme blanc de 58 ans qui avait à plusieurs reprises affiché son soutien à l'Ukraine.
43:26Alors que dit cette violence du débat politique aux Etats-Unis ?
43:30Cette nouvelle tentative d'assassinat présumée peut-elle contribuer à faire de Donald Trump un héros insubmersible ?
43:37L'aider à creuser la distance avec Kamala Harris ?
43:40On va en parler avec vous, Dominique Simonnet. Bonsoir.
43:43Bonsoir.
43:44Écrivain, journaliste spécialiste des Etats-Unis.
43:46Vous êtes co-auteur avec Nicole Bacharan, les grands jours qui ont changé l'Amérique aux éditions Perrin, publiées en septembre 2021.
43:54C'est la deuxième tentative, quand même, en quelques semaines, d'assassinat contre Trump, en deux mois.
43:59C'est quand même du jamais vu, cette pression et cette violence dans une campagne.
44:04C'est sûr qu'il y a une violence qui s'exprime dans cette campagne qui est assez inédite.
44:10On n'a pas vu ça depuis, sans doute, depuis l'année 1968, qui avait été une année très, très dure au moment de la guerre, la guerre du Vietnam,
44:19qui avait été émaillée aussi par l'assassinat du candidat Bob Kennedy.
44:26Mais depuis ce temps-là, on n'avait pas vu, effectivement, une élection aussi électrique, bourrée de péripéties.
44:35Rouvenez-vous ce qu'on vient de vivre depuis plusieurs semaines, l'affaiblissement de Joe Biden, ce débat contre Trump, l'abandon de Joe Biden,
44:45la première tentative, vous venez d'en parler, d'assassinat de Donald Trump, l'arrivée de Kamala Harris.
44:52Maintenant, encore cette deuxième tentative, et avec tous ces procès aussi de Donald Trump qui ont été repoussés.
44:58Tout ça fait une agitation et un désordre dans le fonctionnement normal du débat démocratique, qui est assez inquiétante, surtout quand ça se traduit par des violences.
45:10Là, il n'y a pas eu passage à l'acte, en tout cas, il n'a pas été achevé.
45:15Mais on voit qu'effectivement, la situation est très, très tendue et ça augure mal de la vie démocratique américaine.
45:22Une campagne électrique, vous le disiez, dans une société violente et polarisée.
45:26Est-ce que vous en voyez un fait de campagne, quelque chose qui pourrait faire basculer l'opinion d'un côté ou de l'autre, cette deuxième tentative ?
45:35Je ne le crois pas. On voit que là, actuellement, il y a effectivement une exploitation.
45:40Bien sûr, évidemment, Donald Trump, comme il l'a toujours fait, c'est sa manière de faire, de se présenter en héros, en homme fort, en personnalité qui surmonte toujours toutes les épreuves.
45:54On se souvient de cette image absolument incroyable quand il s'est relevé, le visage ensanglanté, levant le poing, appelant ses partisans à se battre devant le drapeau américain.
46:06Donc c'est ça, Donald Trump, c'est une image de quelqu'un qui est extrêmement doué pour maîtriser la communication politique.
46:15Et il en joue, évidemment. Après, de là à accuser les démocrates d'avoir d'une certaine manière participé ou suggéré ou incité d'une manière implicite à une tentative d'assassinat,
46:31là, on est dans un autre univers. On est dans l'univers, justement, qui est dans cette zone sombre de la campagne où ce sont des fake news, ce sont des calomnies, ce sont des insultes.
46:44Et ce n'est pas non plus un exercice très sain de la vie politique. Et cela dit, pour répondre à votre question, selon les tours, pardon, je ne pense pas que ça puisse influencer.
46:56D'abord parce qu'il n'y a pas d'image. On le voit bien, il n'y a pas d'image. S'il y avait eu une image, il serait peut-être eu un effet plus important.
47:02Il n'y a pas d'image et puis ça n'a pas abouti. Et on l'a vu lors de la première tentative, il y a eu un effet dans les sondages, même dans les états-clés où l'élection se joue.
47:16Mais un petit frémissement dans les sondages pendant quelques jours. Et après, les choses reviennent à l'équilibre.
47:21Et c'est assez étonnant de voir à quel point cette élection est très très serrée avec deux camps qui sont pratiquement de balance, à peu près au même niveau,
47:29qui reviennent sans arrêt à l'équilibre. Et ça va se jouer encore pendant les prochains jours et jusqu'à la dernière minute.
47:36Juste pour préciser un élément que vous citiez, Donald Trump cet après-midi, enfin aujourd'hui, a accusé la rhétorique, je cite,
47:42la rhétorique utilisée par les démocrates, par Joe Biden et Kamala Harris d'être responsable de ce qui lui était arrivé.
47:48Un mot là-dessus, peut-être, Patrice, sur cette violence de la société américaine ?
47:52Alors sur cette violence, d'abord, il faut savoir que c'est un pays où il y a beaucoup d'armes à circuler.
47:5642% des foyers américains, non seulement ont une arme, mais souvent des armes de guerre.
48:01Ensuite, le poids dans la politique américaine de l'association NRA, l'association des armuriers.
48:14NRA, pardon. Qui compte 5 millions de membres, tout de même, aux États-Unis.
48:20Qui avait mis 10 millions de dollars dans la campagne de Donald Trump en 2016.
48:25Et la rhétorique violente, c'est d'abord celle de Donald Trump. Il faut quand même le rappeler.
48:29Donald Trump, hier ou avant-hier, disait encore qu'il détestait Taylor Swift, la chanteuse qui a apporté son soutien à Kamala Harris.
48:39C'est quand même une telle violence, juste pour parler d'une chanteuse, d'une star mondiale, afin d'avoir toujours des mots très forts.
48:46Et c'est vrai que la polarisation du débat s'est accentuée aussi ces dernières années.
48:51Mais pour revenir à ce que disait Dominique Simonet, c'est vrai que là, je pense que, déjà, d'une part,
48:55il me semble qu'on n'a pas constaté dans les sondages d'évolution, effectivement, en faveur de Donald Trump,
49:01depuis la première tentative d'assassinat. Et la grosse différence, là, c'est qu'il n'y a pas d'image.
49:06Et c'est vrai que ce qui était absolument sensationnel, spectaculaire, lors de la première tentative d'assassinat,
49:10c'est de voir ce Donald Trump, le point levé, l'oreille en sang, mais extrêmement combatif.
49:16Et là, on s'est dit, ça peut absolument toucher sa base, mais peut-être aussi convaincre les indécis.
49:22Là, aujourd'hui, il n'y a pas ces images-là. Et c'est pour ça, d'ailleurs, peut-être aussi que Donald Trump
49:27se précipite pour renverser la charge de l'accusation et pour cibler Joe Biden et Kamala Harris.
49:34Parce qu'il se dit que c'est peut-être comme ça qu'il pourra en tirer profit, de passer pour la victime,
49:40non pas d'une tentative d'assassinat d'un fou isolé, mais de ses adversaires politiques.
49:45– Dominique Simonnet, est-ce qu'on peut considérer, qu'est-ce que c'est de votre lecture,
49:48que finalement, la violence politique qu'il y a dans les termes, et Agathe en parlait à l'instant,
49:52dans cette rhétorique politique, finalement, immanquablement, elle va forcément,
49:58et forcément, elle se retrouve dans de la violence physique.
50:02– Ça incite, Agathe a totalement raison, ça incite forcément, vous savez, la violence verbale,
50:09à force d'être omniprésente, elle est véhiculée, elle est charriée comme un flot par les réseaux sociaux,
50:17ces calomnies, ces mensonges, ces fake news, tout ça finit dans des esprits un peu crédules,
50:25sensibles, fragiles, ou pas très équilibrés, ça peut effectivement faire des passages à l'acte.
50:32Cela dit, c'est très difficile d'incriminer et de trouver des responsabilités directes à qui que ce soit.
50:39La seule chose, c'est qu'on voit qu'un certain nombre de personnalités,
50:42Donald Trump, Agathe a raison, Donald Trump qui traite Taylor Swift,
50:49lui qui dit je hais Taylor Swift, ce n'est pas un discours qui est digne d'une personnalité
50:54qui se présente à la présidence des États-Unis, on est hors champ de la décence démocratique,
51:00et ça c'est grave, on voit aussi de la part d'Elon Musk qui dit
51:05personne n'a encore essayé d'assassiner Biden, qu'est-ce que ça veut dire ?
51:11Ce qui est inquiétant, c'est le niveau de débat, le niveau de violence verbale,
51:19on voit que Donald Trump n'a pas d'adversaire, il n'a que des ennemis,
51:24c'est une guerre qu'il mène sans arrêt, avec rage, et ça ce n'est pas bon,
51:28ce n'est pas comme ça qu'on mène une démocratie, ça pose la question de la vérité objective,
51:36ça pose la question des réseaux sociaux, ça pose plein plein de questions
51:40qui ne vont pas se résoudre ni dans notre émission ni en quelques semaines,
51:45mais malgré tout je pense que nous sommes tous confrontés à cela,
51:49à cette modernité des technologies et à cette montée d'une certaine manière,
51:54d'une forme de populisme qui dégrade la vie politique,
51:59et on espère que les quelques jours avant le 5 novembre,
52:03dernier jour de l'élection américaine puisqu'elle a déjà commencé par anticipation et par correspondance,
52:10on espère qu'il y aura quand même une certaine pacification
52:13et que le débat va vraiment pouvoir se porter sur les opinions et sur les idées et sur les programmes.
52:20Franck Boisiz.
52:21J'ai l'impression que l'ultime victime de tout ce qui se passe est effectivement la démocratie américaine,
52:26un détail que je trouve assez marquant c'est que le Secret Service maintenant est sur les dents pour les deux candidats
52:30parce qu'il craint un attentat ou une agression à tout moment,
52:34et est-ce qu'on ne va pas avoir des campagnes électorales maintenant sous cloche,
52:36j'ai vu que les candidats commençaient à s'exprimer devant des barrières en plexiglas,
52:40c'est-à-dire que les mesures de sécurité sont renforcées,
52:42les meetings risquent d'être, ou les sorties en public risquent d'être réduites,
52:46et finalement c'est l'essence même de la démocratie,
52:49c'est-à-dire la campagne électorale, le débat d'idées, la confrontation des candidats,
52:52il ne va être affecté qu'aux Etats-Unis, sur les dernières semaines, sur les derniers mois,
52:56le président Slovaque Robert Fico, l'ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe,
53:00c'est un mouvement qui est peut-être international,
53:04je ne sais pas comment il faut le clarifier, il faut le préciser,
53:10mais ça n'est pas peut-être uniquement une question américaine.
53:14Mais je pense qu'il faudra peut-être regarder à l'issue du scrutin américain
53:18si on n'a pas par exemple un taux d'abstention plus élevé,
53:21parce que l'électeur américain se dira,
53:23mais finalement je ne me reconnais pas dans cette campagne qui est d'une violence inouïe.
53:28Patrice Moyon, vous avez travaillé aux Etats-Unis de mémoire.
53:31Oui.
53:32A l'époque, la société américaine que vous avez connue, elle n'était pas comme ça.
53:37La société américaine a profondément changé,
53:40c'est effectivement un pays qui est profondément clivé aujourd'hui,
53:43avec une partie de la société américaine qui se sent abandonnée par l'autre,
53:46je pense notamment au Middle West,
53:48au territoire où il y a eu une forte désindustrialisation.
53:51Et puis il y a, je pense, le poids aussi aujourd'hui,
53:55et pas seulement aux Etats-Unis, des réseaux sociaux,
53:57c'est-à-dire qu'on libère la parole,
53:59mais Elon Musk illustre parfaitement ces dérives de la parole
54:04qui, sur les plus fragiles aussi, poussent à passer à l'acte.
54:09Dominique Simonnet, vous vouliez rebondir sur ce que disait Patrice Moyon ?
54:12Oui, je suis totalement d'accord avec lui.
54:15Je pense aussi qu'il y a une certaine, comment dire,
54:18une certaine chatique démocratique dans nos sociétés,
54:23et aux Etats-Unis en premier,
54:25ce qui fait qu'un certain nombre de personnes se trouvent très loin
54:28des lieux de décision, très loin de Washington,
54:31on le voit en France aussi, Washington c'est Paris,
54:33mais on entend à peu près ce même type d'expression,
54:36qui se sentent un peu exclus, oubliés, voire oubliés quelquefois,
54:42et que leur ressentiment peut résonner avec des paroles populistes
54:49qui essayent de les flatter, d'aller dans leur sens.
54:54Mais malgré tout, l'essentiel dans la campagne,
54:57ça reste toujours la même chose, ça reste l'économie.
55:00Quand je dis l'économie, ce n'est pas la macroéconomie,
55:02ce ne sont pas les chiffres du chômage qui sont bons,
55:05la passion qui commence à être jugulée,
55:08ce ne sont pas les créations d'emplois,
55:11ce sont les vrais chiffres que les gens vont regarder,
55:14notamment ceux dans le Michigan, le Wisconsin, la Pennsylvania,
55:18tous les états clés qui vont faire l'élection,
55:22ce sont les chiffres des étiquettes du supermarché ou de la pompe à essence.
55:27La question qui se pose, la question essentielle,
55:30est-ce que ma vie sera mieux avec lui ou avec elle ?
55:34C'est la vraie question, plus qu'un événement comme celui d'hier.
55:39Merci beaucoup Dominique Simonnet, journaliste, écrivain, spécialiste des Etats-Unis.
55:43Je rappelle votre dernier livre avec Nicole de Bacharan,
55:46Les grands jours qui ont changé l'Amérique aux éditions Perrin.
55:49Merci beaucoup les informés par ailleurs.
55:50Allez, on va faire un tour des Unes.
55:52Franck Boisise, à Libération, la Une, demain.
55:54Elle est très drôle, je vous la conseille.
55:55C'est une photo d'Emmanuel Macron à côté d'Ursula von der Leyen.
55:59Et Emmanuel Macron dit à Ursula, Ursula, j'ai un copain à recaser.
56:03Corinne Laïc, c'est marrant aussi la Une de l'Opinion ?
56:05Elle est moins marrante, mais elle dit à peu près la même chose.
56:07Europe, le clash breton fragilise la France.
56:10Je rappelle votre livre, Le Président combrille alors chez Fayard.
56:13Patrice Moyon, à la Une de Ouest-France, demain.
56:15Ouest-France met l'accent sur la question des crèches
56:18à la suite de la parution du livre de Victor Castaner, Les Ogres.
56:21Vous savez, Victor Castaner, c'est celui aussi qui avait révélé
56:24le scandale européen avec les maisons de retraite.
56:27Merci beaucoup les informés.
56:28Agathe, on se retrouve demain pour les informés.
56:30À 20h.
56:31Et les informés qui reviennent demain matin
56:33avec Salia Braklia et Renaud Delis à 9h.