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Les informés du matin du vendredi 20 décembre 2024

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00:00Et bienvenue dans les informés du matin, une demi-heure pour décrypter l'actualité avec vous Renaud Dely, bonjour.
00:06Bonjour Benjamin.
00:07Et nos informés du matin, Julie Marie Lecomte, chef du service politique de France Info,
00:10et Louis Osalter, journaliste politique au Figaro, bonjour à vous deux.
00:14Avant de parler de la visite d'Emmanuel Macron à Mayotte,
00:16on revient évidemment sur la promesse de François Bayrou,
00:19Renaud, cette promesse de constituer un gouvernement avant Noël,
00:22mais avec une méthode qui pose question.
00:24Et oui, c'est le cadeau que veut s'offrir en quelque sorte pour Noël le Premier ministre,
00:27qui annonce la formation du gouvernement, soit pour ce week-end, soit plus tard pour lundi.
00:32Il a réuni hier à Matignon les partis dits de l'arc républicain, de gauche, du centre et de la droite,
00:38qui avaient déjà été reçus par Emmanuel Macron dans la même configuration il y a une semaine,
00:42toujours en quête d'un accord de non-censure.
00:45Sauf qu'à la sortie de la réunion, plusieurs se sont montrés déçus,
00:48en particulier Olivier Faure et les partis de gauche,
00:50estimant qu'ils n'avaient pas vraiment avancé, justement,
00:52vers ne pas trouver de raison de ne pas censurer le gouvernement.
00:57Voici ce que disait François Bayrou de l'architecture qu'il a en tête
01:01et du défi qui se pose à lui pour constituer cette majorité et ce gouvernement.
01:06C'était hier soir chez nos confrères de France 2.
01:08Depuis le Parti communiste jusqu'à la droite de gouvernement républicaine,
01:15je leur dis, nous ne pouvons pas nous en sortir si nous ne sommes pas ensemble.
01:19Tout le monde spécule sur le chaos.
01:22Moi, je dis, on doit essayer et je crois qu'on peut y arriver.
01:25Et je crois que le chemin existe.
01:27Mais je vous dis avec certitude, si on ne réussit pas dans cet essai,
01:33alors c'est la dernière station avant la falaise.
01:36Tous ensemble, dit François Bayrou,
01:37d'où ce qu'il appelle une offre publique de participation au gouvernement,
01:41même s'il connaît déjà la réponse de la plupart des acteurs.
01:44Les socialistes, les communistes, les écologistes ne rentreront pas au gouvernement.
01:47Ils l'ont dit répété depuis le début parce que ce n'est pas un Premier ministre de gauche.
01:50Le Bloc central, lui, y sera.
01:52Il y a un léger suspens sur l'attitude de LR
01:54qui pose un certain nombre de conditions,
01:56mais qui semble intéressé par une participation.
01:58Mais tout ça, évidemment, François Bayrou veut aller au-delà,
02:01essayer surtout de ne pas être censuré par ces forces-là dans les prochaines semaines.
02:06Et en ce sens, dans cette direction,
02:08il fait une ouverture hier lors de cette interview à France 2
02:13sur la réforme des retraites,
02:15en déclarant qu'il est prêt à reprendre les discussions autour de la réforme des retraites
02:19sans suspendre celle qui est en vigueur,
02:21mais y compris avec une discussion possible
02:24sur la remise en cause de l'âge de départ à la retraite à 64 ans.
02:28Et on va revenir sur cette proposition,
02:29mais d'abord, Julie-Marie Lecomte,
02:31quel sens donner finalement à cette offre publique de participation au gouvernement ?
02:36Il reste dans la logique initiale.
02:38François Bayrou, il veut constituer le gouvernement le plus large
02:41dans un moment critique et crucial pour le pays.
02:44Donc, ce qu'il dit au parti hier, c'est
02:47prenons ensemble nos responsabilités.
02:49Moi, je vous invite à mettre les mains dans le cambouis.
02:53Donc, venez, venez bosser avec moi.
02:55Entrez au gouvernement.
02:58Et ce qu'il fait dans le même temps,
02:59c'est qu'il passe et propose un deal, un marché,
03:05destiné notamment à la gauche,
03:09en disant, écoutez, moi, je suis d'accord,
03:13puisque c'est un des points bloquants.
03:16La réforme des retraites, on la remet sur la table.
03:19Je n'ai pas de tabou.
03:19Il va assez loin parce qu'en disant, après tout,
03:22si vous trouvez une meilleure solution,
03:25si en huit mois, on réussit à trouver une meilleure solution
03:27que le report de l'âge légal à 64 ans, allons-y.
03:30Bon coup, je suis prêt.
03:31Donc, en fait, il déverrouille un certain nombre de choses
03:34et autres avancées importantes faites hier
03:37lors de cette interview sur France 2.
03:40Le 49.3, il avait été moins clair au cours de la réunion
03:43puisqu'un certain nombre d'acteurs sont ressortis en disant
03:45sur le 49.3, on ne comprend pas très bien ce qu'il veut.
03:48Hier soir à 20h, il est très clair.
03:51Il dit le 49.3 uniquement en cas de blocage ultime,
03:55c'est-à-dire uniquement sur le budget.
03:57Donc, en fait, il offre à la gauche deux points,
04:03deux victoires politiques, deux totems,
04:06le 49.3, les retraites.
04:09Alors, sans doute pas pour faire en sorte
04:11que des socialistes entrent au gouvernement,
04:14mais en tout cas pour leur permettre de ne pas censurer
04:18en gardant la tête haute,
04:20alors qu'ils sont sous la pression constante
04:22des insoumis qui pensent qu'ils sont ridicules,
04:24qui croient au Père Noël pour reprendre,
04:26par exemple, un tweet de Manuel Bompard.
04:28Vous parlez de deux totems, Julie et Marie Lecomte,
04:29mais Louis Ossalter, pourquoi François Bayrou
04:31refuse-t-il d'exclure, finalement, complètement
04:34l'usage du 49.3, sauf catastrophe ?
04:36Parce que je pense qu'il a parlé avec des anciens premiers ministres
04:39qui nous ont expliqué que ce serait une bêtise,
04:42que ça le coincerait au moment où il en aurait vraiment besoin.
04:45Et notamment sur le budget, il fixe l'échéance de mi-février
04:48pour faire un nouveau budget pour l'année 2025.
04:52Oui, il y aura peut-être, finalement, dans ce budget,
04:55la discussion va peut-être tourner court,
04:56comme on l'a vu avec Marine Le Pen et Michel Barnier,
04:58Marine Le Pen ayant eu la peau de l'ancien premier ministre.
05:01Donc peut-être que François Bayrou essaie de parer à l'avance
05:05à un scénario comme celui-là.
05:06Mais si vous voulez, maintenant, le suspense,
05:08il est évidemment moins sur le fait que des ministres,
05:10que le Parti socialiste, plutôt, participe au gouvernement,
05:13la réponse, non, que sur ce fameux pacte de non-censure
05:16et sur combien de temps il peut tenir.
05:18C'est ça le vrai enjeu de la journée
05:21et des journées qui vont se dérouler jusqu'à la formation du gouvernement.
05:24Sachant que la position de François Bayrou était assez floue hier.
05:27Mais ce qui est assez flou aussi, c'est ce que demandent exactement
05:30le Parti socialiste à gauche et les Républicains à droite.
05:33Alors les Républicains, on comprend que c'est quand même des postes,
05:35c'est-à-dire qu'ils veulent rester au gouvernement,
05:36voire renforcer leur présence avec quelques garanties
05:39sur des sujets forts comme l'immigration.
05:41Ce dont a besoin le Parti socialiste,
05:42c'est d'avoir, comme l'a dit Julie, des victoires idéologiques,
05:45de marquer des points.
05:47Est-ce que le cap franchi hier soir par François Bayrou
05:50sur le fait de remettre en cause l'âge de départ à 64 ans
05:53va suffire au Parti socialiste ?
05:54C'est la question du jour.
05:55– On n'a pas l'impression pour l'instant.
05:56– C'est plus des bouées de sécurité que des victoires idéologiques.
05:59– Oui, c'est pour s'arrimer.
06:01– C'est une façon de se sécuriser, en réalité,
06:03au moment où ils vont dériver et se décrocher de la France insoumise.
06:09Et bien d'ailleurs, ce que veut la droite,
06:10c'est quand même aussi appliquer sa politique.
06:12Donc là, François Bayrou va devoir déployer tout son talent de centriste.
06:16– Mais ce qui est très intéressant sur la réforme des retraites
06:18et sur ce qu'on appelle le bouger de François Bayrou,
06:19ce n'est pas tellement pour l'instant la réaction sceptique, on va dire,
06:23voire hostile d'une partie de la gauche,
06:24que d'observer ce qui s'est produit déjà
06:27et ce qui va se produire chez les partenaires sociaux, chez les syndicats.
06:30On sait que certains syndicats, Force Ouvrière et la CFTC,
06:33ont déjà accueilli plutôt favorablement cette hypothèse
06:36de rouvrir des discussions sur la réforme des retraites,
06:37ce qui n'est pas le cas de la CGT, bien sûr.
06:39Sans surprise, on attend de voir ce que la CFDT va dire.
06:43Si jamais la CFDT dit, ben banco, on se remet autour de la table
06:47et on rediscute, y compris pendant six ou neuf mois de la réforme,
06:51ça sera un peu plus compliqué, me semble-t-il, pour les socialistes de dire,
06:55il n'y a rien, ce n'est pas une avancée, on reste à la réforme actuelle.
06:57Ce qui est assez bien joué d'un point de vue politique de la part de François Bayrou,
07:00c'est de dire que si jamais on n'entre pas dans ces discussions,
07:02y compris en levant le tabou des 64 ans,
07:05de toute façon on reste à la réforme actuelle.
07:07Parce qu'il faut rappeler juste que, contrairement,
07:09il y a une illusion qui est perpétuée,
07:10qui est que la réforme actuelle pourrait être abrogée.
07:12Alors, il y a des problèmes techniques, éventuellement,
07:14qui ont été évoqués par Marc Fesneau il y a quelques minutes,
07:16le président du groupe Modèle, sur ce plateau.
07:18Mais surtout politiquement, le Parlement actuel
07:20ne permet pas l'abrogation de la réforme des retraites.
07:22Il y a certes une majorité potentielle et probablement réelle à l'Assemblée nationale,
07:26mais il n'y en a pas au Sénat.
07:27Et ensuite, avec la navette parlementaire, l'échec éventuel d'une CMP,
07:30si jamais c'est une proposition de loi qui est à l'origine
07:33de l'abrogation de la réforme des retraites,
07:34et forcément ce serait le cas,
07:35ce n'est pas le gouvernement actuel qui va la proposer,
07:38à l'issue d'une CMP, il faudrait que l'exécutif
07:40prenne l'initiative de redonner le dernier mot à l'Assemblée nationale,
07:43ce qu'évidemment il ne ferait pas.
07:44Donc, dans la configuration actuelle du Parlement,
07:46c'est une illusion que de dire on peut abroger la réforme des retraites.
07:49C'est pour ça que cette ouverture sur des discussions,
07:51même à long terme, etc.,
07:53est quand même assez intéressante.
07:55Reste à savoir si, effectivement, elle sera saisie ou pas.
07:57Sur la méthode, Julie-Marie Lecomte,
07:59on voit finalement que le temps presse.
08:00On nous parle d'un gouvernement avant Noël,
08:01on voit cette pression qui est mise sur les partis avant midi.
08:04Il est important d'aller vite, justement,
08:06pour ne pas revivre l'épisode Barnier, c'est ça ?
08:09De ce que dit son entourage,
08:12Emmanuel Macron a quand même intégré l'idée
08:15que finalement, ce temps laissé,
08:18sous couvert de jeux olympiques,
08:20entre les législatives et la nomination de Michel Barnier,
08:24il a été trop lent.
08:25Il a alimenté le sentiment de climat délétère.
08:30Le fait que Michel Barnier, également,
08:33ait mis 15 jours à constituer son propre gouvernement.
08:37Il est passé beaucoup de temps, lui aussi,
08:39à savoir qui il allait faire entrer,
08:41plutôt que d'aller sur le fond de ce qu'allait faire ce gouvernement.
08:49Il a été considéré aussi comme un péché originel.
08:54On voit que François Bayrou fait autrement,
08:57parce que quand même la réunion d'hier
09:01permet quand même d'avancer.
09:05On n'en est pas, de ce qu'on en sait,
09:08aux négociations de marchands de tapis sur
09:12« moi j'en veux deux », « moi j'en veux trois »,
09:15« oui mais s'il lui rentre, je t'envoie plus mes gars ».
09:19On n'en est pas là, on est sur des vrais...
09:22Sur des vrais sujets politiques.
09:25Et oui, effectivement, symboliquement,
09:27attendre l'année prochaine.
09:29Parce que ne pas nommer avant Noël,
09:31ça veut dire nommer en 2025.
09:33Ça semble quand même assez compliqué.
09:36Ça renforce l'idée de « on n'y arrive pas »,
09:40« on ne sait pas où on va ».
09:42Donc oui, avant Noël.
09:43Mais en fait, avant Noël, c'est ce week-end.
09:45Il y a peut-être le petit subterfuge aux Altaires
09:47de dire « on nomme les poids lourds avant Noël »
09:49et « on termine cette liste ».
09:51Apparemment, ce n'était pas l'idée de François Bayrou
09:53devant ses interlocuteurs.
09:55Surtout, il y a l'arlésienne du gouvernement resserré.
09:57Est-ce qu'on peut vraiment faire un gouvernement resserré
09:59en coalition où tout le monde va aller cotiser
10:01un petit peu et va réclamer des places ?
10:03Je n'en suis pas sûr, c'est une promesse.
10:05L'arlésienne, et puis c'est un peu démago
10:07si j'en discutais avec des ministres.
10:09L'histoire du gouvernement resserré,
10:11oui, ça donne le sentiment de task force,
10:13l'équipe resserrée, etc.
10:15Mais en fait, quand on a un énorme ministère,
10:18je ne sais pas, par exemple,
10:20santé, travail, affaires sociales,
10:22quand on regroupe tout ça,
10:24en réalité, ce n'est pas gérable.
10:26Il faut des interlocuteurs
10:28aux acteurs des différents secteurs.
10:30Il faut juste rappeler une bonne nouvelle,
10:32d'ailleurs, pour l'ensemble des auditeurs,
10:34des téléspectateurs et chacun d'entre nous,
10:36puisque vous évoquiez la perspective de Noël,
10:38c'est qu'on n'a jamais été aussi près de Noël.
10:40On n'a jamais été aussi près de Noël.
10:42Merci pour cette intervention, Renaud Nellier.
10:44Ça nous fera un sujet de discussion, justement.
10:46À quoi va ressembler le deuxième jour
10:48d'Emmanuel Macron à Mayotte ?
10:50Le premier a été marqué par l'EUE
10:52du président de la République.
10:54Des habitants ont demandé sa démission.
10:56Aujourd'hui, il se rend dans des villages isolés.
10:58L'eau, l'électricité et les secours
11:00ont encore du mal à y arriver
11:02six jours après le cyclone Shido.
11:04François Bayrou n'utilisera pas le 49.3
11:06sauf s'il y a blocage absolu
11:08sur le budget.
11:10Déclaration hier soir du Premier ministre
11:12sur France 2.
11:14Il espère d'ailleurs l'adoption de ce budget
11:16à la mi-février.
11:18Une épreuve très difficile.
11:20Le résumé par Gisèle Pellicot
11:22de près de 4 mois d'audience
11:24au procès des viols de Mazan.
11:26La cour criminelle de Vaucluse a condamné hier
11:28tous les hommes accusés.
11:30Les peines vont de 3 ans de prison
11:32à 20 ans de réclusion criminelle.
11:34La peine la plus lourde pour Dominique Pellicot
11:36condamnée pour avoir drogué, violé
11:38et fait violer son ex-épouse.
11:40La journée est classée orange dans le sens
11:42des départs sur les routes.
11:44C'est même rouge en Ile-de-France pour ce jour
11:46de vacances de Noël.
11:48Bison Futé prévoit des bouchons surtout vers les Alpes
11:50et autour de la Méditerranée.
12:02Et en compagnie ce matin
12:04de Julie Marie, le compte-chef du service politique
12:06de France Info et Louis Osalter,
12:08journaliste politique au Figaro.
12:10Emmanuel Macron qui prolonge aujourd'hui
12:12son séjour à Mayotte.
12:14Mayotte où il a été effectivement
12:16bousculé, chahuté, hué hier
12:18par une partie de la population
12:20qui critique fortement l'Etat
12:22qui est évidemment une population
12:24meurtrie par ce cyclone terrible
12:26et qui attend davantage
12:28et plus vite de secours
12:30et d'aide de la part de l'Etat
12:32et du Président de la République.
12:34Le chef de l'Etat qui a décrété une journée
12:36de deuil national qui aura lieu lundi
12:38avec les drapeaux en berne, avec tous les français
12:40invités à se recueillir lors d'une minute de silence
12:42à 11h. Il a annoncé aussi
12:44un certain nombre de mesures d'urgence,
12:46blocage des prix de produits de grande consommation notamment
12:48et puis des déclarations
12:50de l'état de catastrophe naturelle et même de l'état
12:52de calamité naturelle exceptionnelle, tout ça
12:54pour accélérer les procédures justement
12:56d'urgence pour secourir la population.
12:58Et puis enfin, le chef de l'Etat
13:00qui a annoncé donc qu'une
13:02loi spéciale serait présentée
13:04pour reconstruire Mayotte
13:06dans des délais extrêmement
13:08rapides, évidemment une loi spéciale
13:10qui rappelle d'autres initiatives
13:12du même type prises par l'Etat ces derniers mois.
13:14Voici ce qu'en disait hier
13:16Emmanuel Macron.
13:18Ce qu'on veut pouvoir faire c'est le faire vite et donc on va comprimer
13:20avec cette loi les délais et donc on va
13:22simplifier les textes, les procédures.
13:24Le meilleur exemple que je prendrais
13:26c'est ce qu'on a fait pour les Jeux Olympiques
13:28ou pour Notre-Dame où on a
13:30comprimé les délais
13:32en parallélisant si je puis dire toutes les procédures
13:35en faisant tout d'un seul tenant
13:37et en créant aussi un établissement
13:39public qui simplifie tout et qui permet
13:41d'être l'assemblié si je puis dire
13:43de tout ce qui est fait normalement de manière éparse.
13:45Alors est-ce qu'il est possible de s'inspirer notamment
13:47de la loi spéciale qui avait été votée pour Notre-Dame
13:49pour reconstruire dans des délais extrêmement
13:51brefs Mayotte et puis peut-être
13:53plus durablement évidemment et aussi
13:55de s'attaquer aux problèmes
13:57endémiques auxquels se heurtent cette île
13:59meurtrie, des problèmes de pauvreté
14:01d'abord, d'habitat, d'habitat insalubre
14:03mais aussi des problèmes d'immigration
14:05et d'insécurité, donc comment
14:07est-ce que l'Etat peut se consacrer peut-être à la fois
14:09dans l'urgence à la reconstruction
14:11et au-delà, à plus long terme
14:13au développement et à l'expansion
14:15de Mayotte. D'ailleurs Louis Osalter
14:17on a vu cette mobilisation pour Notre-Dame
14:19venue de fonds privés, est-ce qu'on peut imaginer
14:21la même chose pour Mayotte ?
14:23En tout cas les dons à flux, ce qui est sûr
14:25c'est que la Fondation de France a noté que
14:27quasiment jamais une collecte n'avait démarré
14:29avec autant de vigueur
14:31ce qui est évidemment une bonne nouvelle
14:33sauf que l'Etat doit évidemment
14:35intervenir, d'ailleurs il n'avait pas mis
14:37un euro dans la reconstruction de Notre-Dame
14:39je le précise pour l'anecdote, cette fois il faudra sans doute
14:41engager des fonds
14:43Il y a un problème juridique déjà, Mayotte
14:45est un département français depuis le quinquennat de
14:47Nicolas Sarkozy, or cette décision
14:49a fait fi de
14:51la singularité de ce territoire
14:53qui est un territoire d'outre-mer très particulier
14:55dans un environnement
14:57géographique et géopolitique
14:59il y a deux sujets qui vont se poser
15:01il y a l'habitat et puis il y a l'immigration
15:03et d'ailleurs les deux sont liés
15:05s'il y a autant d'habitats précaires en tôle à Mayotte
15:07c'est parce qu'il y a 100 000
15:09clandestins au moins sur une population
15:11de 320 000 habitants
15:13Bruno Retailleau l'a évoqué à mon avis
15:15il a bien fait
15:17de lier les choses
15:19et l'immigration
15:21elle-même est liée à un contexte géopolitique
15:23Mayotte est une île de l'archipel
15:25des Comores, le président comorien ne cesse
15:27depuis longtemps de faire des déclarations
15:29hostiles parce qu'il revendique la souveraineté
15:31des Comores sur l'île de Mayotte
15:33dont pourtant les habitants depuis les années 70
15:35se sont prononcés pour le maintien
15:37en France, sauf que maintenant ces habitants
15:39demandent la sécurité, la stabilité
15:41et maintenant le fait simplement
15:43d'être logés. Donc il est évident
15:45que ce sujet dont on parle
15:47depuis des années doit être réglé
15:49sauf qu'il se posait déjà avant le cyclone
15:51il se pose maintenant avec encore plus d'acuité
15:53mais je rappelle qu'il y avait deux textes
15:55un texte qui était engagé pour Mayotte
15:57une révision constitutionnelle pour supprimer le droit du sol
15:59et surtout un texte de loi pour le développement de Mayotte
16:01pour apporter concrètement des moyens
16:03et un cadre juridique
16:05au fait d'assurer un meilleur développement humain
16:07dans l'archipel
16:09sous l'impulsion de Gérald Darmanin
16:11on a l'impression de parler de notre époque
16:13mais c'était au début de l'année, c'était au printemps
16:15et la dissolution et tout ce qui s'en est suivi
16:17a interrompu le parcours
16:19de ces projets de loi, il a interrompu
16:21le travail législatif qui avait été fait
16:23ces projets de loi sont plus valables que jamais
16:25sans doute faudra-t-il les compléter
16:27et ce sera le cadre de la loi spéciale
16:29pour répondre concrètement aux impacts du cyclone
16:31mais en fait le cyclone ne fait que révéler
16:33de manière dramatique et tragique
16:35des problèmes qui se posaient déjà avec énormément d'acuité
16:37et on a d'ailleurs vu Emmanuel Macron
16:39pris à partie hier par des habitants
16:41sur la question de l'eau notamment
16:43pas seulement en réalité
16:45on retient toujours ces moments
16:47très forts où le président
16:49est pris à partie mais il y a aussi des habitants
16:51qui lui sont tombés dans les bras en le remerciant d'être là
16:53et qui lui ont même demandé de rester
16:55plus longtemps, ce qui dit encore
16:57beaucoup malgré tout du fait
16:59que cette cinquième
17:01des institutions de la cinquième république
17:03avec ce président un peu roi
17:05un peu thaumaturge, un peu sauveur
17:07reste quand même très
17:09ancré chez les français
17:11moi ce qui me frappe
17:13c'est le recours
17:15à la comparaison avec Notre-Dame
17:17alors certes le véhicule législatif
17:19la loi spéciale
17:23attention, Emmanuel Macron
17:25oui Notre-Dame c'est sa grande réussite
17:27de ses deux quinquennats
17:29avec les Jeux Olympiques
17:31loi spéciale
17:33Notre-Dame on pense Jeux Olympiques
17:35attention à ne pas tomber dans
17:37une forme de pensée
17:39magique
17:43une catastrophe, un drame
17:45j'abats la carte, on va faire comme pour Notre-Dame
17:49Emmanuel Macron se projette très vite dans la reconstruction
17:51c'est normal, c'est le président de la république
17:53après le problème là c'est qu'on est
17:55une semaine après le passage du cyclone
17:57la question de l'urgence est
17:59toujours pas réglée
18:01elle est sanitaire aussi
18:05enterrer les morts, compter le nombre
18:07de victimes, l'eau
18:09l'électricité, la nourriture, pour l'instant
18:11on n'en est pas du tout au moment de la reconstruction
18:13on n'a pas encore traité la question d'urgence
18:15avec Renaud Delis une démission de l'Etat
18:17c'est ce que disent beaucoup d'habitants
18:19c'est ce dont se défend
18:21Emmanuel Macron
18:23il y a une singularité de Mayotte
18:25un département français
18:27beaucoup plus pauvre que tous les autres
18:29et en même temps beaucoup plus riche
18:31entre guillemets
18:33que les territoires alentours
18:35notamment les Comores
18:37ou un certain nombre de pays africains
18:39on voit ce qui explique cette immigration massive
18:41venant en particulier des Comores
18:43y compris des côtes africaines
18:46donc l'Etat à la fois
18:48n'a pas suffisamment
18:50ces dernières années intégré cette singularité
18:52sans aucun doute il y a eu
18:54des échecs très lourds
18:56ou des absences de l'Etat bien sûr
18:58et en même temps c'est vrai que
19:00si Mayotte
19:02n'était pas un département français
19:04la situation serait sans doute encore pire
19:06évidemment je n'évoque pas le cyclone terrible
19:08qui est quand même la cause principale
19:10du drame en cours actuellement
19:12mais ensuite je pense que précisément
19:14l'urgence est là, il faut d'abord y répondre
19:16évidemment et ce n'est pas encore le cas
19:18malgré les mobilisations
19:20qui affluent et notamment cette question de l'eau
19:22les questions sanitaires, les menaces
19:24d'épidémie etc.
19:26et en même temps il faut peut-être profiter
19:28de ce drame terrible, profiter entre guillemets
19:30pour remettre tous les sujets sur la table
19:32et que l'Etat s'y attelle vraiment cette fois-ci
19:34durablement, on voit qu'il y a aussi un syndrome
19:36une forme de quoi qu'il en coûte dans le propos du
19:38chef de l'Etat mais je pense que les circonstances
19:40y prêtent, il y a eu un débat sur par exemple
19:42il a été reproché parfois
19:44que certains évoquent la question de l'immigration
19:46je pense qu'il faut bien distinguer les choses
19:48il ne s'agit pas évidemment dans le contexte tragique
19:50qui est celui de Mayotte de ne pas soigner
19:52secourir, aider les citoyens
19:54quels qu'ils soient, qu'ils soient en situation régulière
19:56ou en situation irrégulière, c'est pas la question
19:58peu importe qu'ils aient des papiers ou pas
20:00ça c'est le contexte d'urgence mais en revanche je pense que ça serait
20:02une erreur que de nier
20:04que cette immigration massive elle participe
20:06de la paupérisation de Mayotte et donc aussi
20:08de l'ampleur que le drame a pris
20:10il y a 40% d'habitats insalubres à Mayotte
20:12et une population effectivement
20:14massive qui se loge
20:16mal et qui n'a pas de quoi vivre
20:18ça participe aussi de
20:20l'ampleur de ce drame
20:22et puis dernier point, c'est pas totalement un hasard
20:24si Marine Le Pen arrive très nettement
20:26en tête lors de la dernière
20:28élection présidentielle à Mayotte, donc il faut prendre
20:30toutes les questions en même temps me semble-t-il
20:32la pauvreté
20:34d'où la question aussi du
20:36blocage des prix mais ça n'est que temporaire
20:38la pauvreté, l'emploi, l'activité
20:40mais aussi l'immigration, la sécurité et tous les autres problèmes
20:42Vous parlez de cette immigration aussi qui met à mal
20:44les services publics, on a entendu sur
20:46France Info, les Mahorais l'évoquaient
20:48très régulièrement, Louis Osalter sur cette
20:50immigration justement Emmanuel Macron a affirmé
20:52qu'il fallait augmenter le nombre
20:54de reconduites à la frontière
20:56c'est un objectif aujourd'hui pour vous ?
20:58Oui mais c'est un peu comme en métropole
21:00il est compliqué de reconduire quelqu'un qui vient d'arriver
21:02l'enjeu aussi de l'immigration à Mayotte
21:04c'est des femmes comoriennes
21:06ou d'ailleurs comme l'a dit Renaud
21:08malgaches ou d'Afrique de l'Est désormais
21:10qui viennent accoucher dans la maternité de
21:12de Mamoudzou qui est la plus importante de France
21:14en nombre de naissances
21:16en accouchement toutes les heures
21:18et où trois quarts des naissances sont de mères étrangères
21:20d'où d'ailleurs la proposition
21:22de supprimer le droit du sol qui est portée
21:24par les deux députés de Lille
21:26qui sont encore en politique différente puisque l'une est
21:28désormais du Rassemblement National
21:30et l'autre est du groupe le centriste
21:32Lyotte à l'Assemblée Nationale mais elles sont tout à fait d'accord
21:34sur ce point. Après ça ne réglera pas du tout
21:36la situation à court terme. Déjà il faut une
21:38révision constitutionnelle donc ça
21:40n'est sans doute pas possible
21:42vu la situation politique
21:44actuellement mais en revanche
21:46que l'Etat se déploie pour prendre à bras
21:48le corps ce sujet
21:50c'est très important. Est-ce que
21:52la visite présidentielle permettra de donner
21:54une impulsion politique pour traiter ce sujet
21:56après évidemment avoir réglé les urgences
21:58vitales que sont l'eau, l'électricité
22:00le soin porté à toutes les populations
22:02qui sont victimes. C'est la question qui sera ouverte
22:04et pour ça il faut un suivi politique. Et peut-être qu'Emmanuel Macron
22:06est bien placé pour le porter compte tenu du
22:08contexte d'instabilité gouvernementale. Si ça se trouve
22:10on va changer de ministre des Outre-mer bientôt
22:12et là on voit le problème
22:14que pose une instabilité gouvernementale
22:16c'est que les sujets urgents et moins urgents
22:18ne peuvent pas être suivis de manière efficace. En tout cas le Président de la
22:20République est présent encore pour quelques heures
22:22sur l'île de Mayotte. Merci Louis Osalter
22:24Merci Julie-Marie Lecomte d'avoir été avec nous
22:26pour les informer. Merci Renaud. Merci à vous Benjamin.
22:28Les informés reviennent ce soir à 20h sur France Info
22:30La France Info, la France continue.

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