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Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent du procès de Mazan.
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Transcription
00:00Le plus important, c'est ce qui se passe à Avignon, autour de Gisèle ex-Pellico.
00:05Cette femme qui a été applaudie aujourd'hui, à la sortie de l'audience.
00:09Les soutiens de Gisèle Pellico sont de plus en plus nombreux.
00:12On va écouter ses applaudissements,
00:14parce que c'était une journée extrêmement particulière aujourd'hui.
00:17Une journée lors de laquelle Dominique Pellico, son ex-mari,
00:20a passé des aveux. Il lui a demandé pardon.
00:23Explication de Corentin Brio.
00:30Dans le boxe des accusés, micro en main, assis dans un fauteuil,
00:41Dominique Pellico a reconnu l'effet d'une voix faible et tremblante.
00:45Je suis un violeur comme ceux qui sont dans cette salle.
00:48Elle était merveilleuse et moi j'étais à côté de la plaque.
00:51Je l'ai bien aimé 40 ans et mal aimé 10 ans.
00:54Je n'aurais jamais dû faire ça. Je dois payer.
00:57Je demande pardon, même si ce n'est pas acceptable.
01:00L'homme s'est expliqué sur les raisons qui l'ont poussé à garder les vidéos des viols
01:04dans des dossiers classés sur son ordinateur.
01:07Il y a une part de plaisir, mais également une mesure d'assurance.
01:10Aujourd'hui, grâce à ça, on peut retrouver ceux qui ont participé.
01:14Au cours de l'audience, il est revenu sur son enfance,
01:17dans laquelle il a expliqué avoir été à la fois victime et témoin de viols,
01:21comme le relate son avocate, maître Béatrice Zavaro.
01:25C'est-à-dire un viol à l'hôpital de Châteauroux quand il a 9 ans,
01:29un viol collectif auquel il assiste et auquel on veut le faire participer quand il a 14 ans
01:34et manifestement des scènes de violence sexuelle entre ses parents
01:37qu'il ne doit pas voir parce qu'un gamin de 14 ans ne doit pas voir ce genre de choses
01:41et qui le perturbe énormément, qui l'attriste et qui surtout le secoue complètement.
01:47Son ex-femme Gisèle est restée stoïque et digne pendant toute la prise de parole.
01:52Au moment de la suspension de la séance, elle est sortie sous les applaudissements.
01:57Et elle mérite ces applaudissements parce qu'elle est tout à fait exemplaire
02:00par sa dignité et par, encore une fois, cette lumière qu'elle dégage dans l'obscurité de ce procès.
02:06On va rejoindre sur place à Avignon Régine Delfour et Stéphanie Rouquier.
02:09Bonsoir à toutes les deux. Vous avez assisté aux audiences.
02:12Comment a réagi Gisèle ex-Pélico pendant les aveux de son marié ?
02:17Vous pouvez l'imaginer, Laurence est extrêmement éprouvante pour elle.
02:22Quand il a pris la parole et s'est excusé, elle a remis ses lunettes qu'elle avait délaissées depuis quelques jours.
02:30Ensuite, elle a pris la parole pour dire que pour elle, c'était compliqué,
02:34c'était même insoutenable de pouvoir entendre Dominique Pélico décrire tout cela.
02:40Cet homme avec lequel elle a vécu pendant 50 ans, qui elle a fait confiance.
02:46C'était vraiment assez bouleversant.
02:48Elle était toute seule ce matin, Gisèle Pélico.
02:50Sa fille Caroline Darrian est arrivée cet après-midi.
02:53Là aussi, on a pu assister à certaines scènes,
02:55puisque Dominique Pélico continue de réfuter qu'il serait l'auteur de ces photos.
03:01On voit sa fille dénudée, endormie.
03:04Caroline Darrian, d'ailleurs, est sortie en disant qu'elle avait envie de vomir.
03:08Elle est revenue, elle lui a crié qu'il mentait.
03:11Vous pouvez imaginer, Laurence, cette tension
03:14et tous ces moments qui sont les plus éprouvants pour les parties civiles.
03:19Merci beaucoup, Régine Delfour, Stéphanie Roquet.
03:21Vous êtes sur place, vous avez vécu ces moments extrêmement émouvants,
03:25notamment lorsque M. Pélico assure d'avoir jamais touché sa fille Caroline.
03:29Maître Sarah Salman, vous êtes avec nous.
03:31Il y a la figure de Mme ex-Pélico, Gisèle, qui force l'admiration.
03:40Et puis, en face, il y a Évéride Hamelon, ses hommes,
03:44et celui-là en particulier, Dominique Pélico,
03:46qui non seulement s'accuse, mais accuse tous les autres en disant
03:49qu'il ne pouvait pas ne pas savoir.
03:51Oui, ça, c'est une évidence.
03:52Mais là, c'est menti qu'à son importance, il dit « je suis un violeur ».
03:55Nous, on ne peut pas le dire parce qu'il y a la présomption d'innocence.
03:57On ne peut pas dire « monsieur, vous êtes un violeur ».
03:58Lui, il le dit, et ça, c'est tout à fait intéressant.
04:00Il aurait pu aussi dire « je vais garder le silence, je vais faire ainsi ».
04:04Là, il choisit de se décharger en partie de sa responsabilité
04:07en rechargeant les autres, mais il reconnaît finalement tout
04:10et cherche des circonstances atténuantes.
04:12Il dit à un moment, ce n'est pas dans ce reportage,
04:14mais il dit qu'il aimait beaucoup son épouse.
04:17Bon, c'est une démonstration de l'amour qui est assez singulière quand même.
04:20Mais pour madame ex-Pélico, ce qui va être très difficile,
04:23c'est le procès, évidemment, mais c'est aussi l'après-procès.
04:26Là, tous les projecteurs sont braqués sur elle.
04:28Elle a un soutien international, mais après le procès,
04:31ça va être aussi quelque chose de très difficile.
04:33Mais je pense qu'elle aura gagné quelque chose, quoi qu'il arrive.
04:36C'est que la honte a définitivement changé de camp dans cette affaire
04:39et, on l'espère, dans ces affaires de violences sexuelles,
04:42de transmission chimique.
04:43Tout à fait, la honte a changé de camp,
04:46et cette femme est d'une dignité inébranlable,
04:50d'un salut pour toutes les femmes et tous les hommes qui sont victimes.
04:54Alors, ce procès est évidemment hors normes par la caractérisation des faits
04:58et la méthode industrielle de destruction de cette femme.
05:03Et lorsqu'on entend, effectivement, le discours de ce présumé innocent
05:07Dominique Pellicot, on ne peut que se saisir, en réalité,
05:10de la dichotomie entre l'affirmation virile collective
05:14et la victimisation infantilisante qui devient individuelle
05:19pour, en effet, se dédouaner de ce mal-amour,
05:24puisqu'il l'indique comme tel vis-à-vis de sa femme.
05:27C'est très, très surprenant, en réalité, de voir ce hiatus, ce creux,
05:31ce fossé entre ce qu'il a opéré, ce qu'il a méthodiquement organisé
05:36à l'appui d'un réseau social qui a bénéficié à des dizaines d'hommes
05:41et sa repentance individuelle au titre de sa victimisation personnelle.
05:47Éric Revelle, on a entendu les applaudissements qu'ont salués Gisèle
05:51à la sortie de l'audience.
05:53On sait qu'elle devient une icône, une icône pour les femmes,
05:56mais aussi pour tous ceux qui ont subi des violences sexuelles.
05:59Oui, absolument, une icône, une héroïne.
06:02Ce qui me frappait tout à l'heure, je le redis,
06:04parce que vos mots étaient choisis.
06:06L'ombre, ce contexte, c'est plus que de l'ombre,
06:10c'est une obscurité totale.
06:11Et puis cette lumière, cette femme qui se dresse,
06:14qui sourit derrière ses verres fumés, légèrement.
06:16C'est la seule fois, j'ai suivi un peu, mais sur les images,
06:19on voit cette souffrance qui s'efface quelques instants
06:22pour laisser place à un léger sourire.
06:24Puis ce qui m'intéresse aussi beaucoup, c'est le profil psychologique de Dominique Pellicot.
06:29Parce que, bon, la cause est entendue.
06:31Maître Salmane le disait.
06:32Je suis un violeur, dit-il, les autres aussi.
06:35Il dit, j'ai été violée dans ma jeunesse.
06:37C'est ça qui est intéressant.
06:38C'est-à-dire qu'il passe tour à tour de victimes,
06:42de bourreaux, d'avocats généraux accusant les autres.
06:45Alors, est-ce que c'est un moment de lucidité
06:49ou parce qu'il est acculé, il a le mur devant lui,
06:51de toute façon, il ne peut que reconnaître les faits,
06:53puisqu'il a tourné les vidéos,
06:54ou est-ce que c'est un profil de manipulateur ?
06:57C'est-à-dire qu'il joue plusieurs cartes à la fois.
07:01Bon, le procès dure en décembre.
07:04Donc, on le saura.
07:06Mais c'est ça qui est frappant.
07:07C'est-à-dire qu'il a été absent pour des causes médicales.
07:09Il arrive et le premier jour, il dit, oui, je suis un violeur.
07:12Et les autres savaient tout.
07:13C'est-à-dire que toute la défense des autres,
07:16vos collègues avocats, est en train de s'effondrer.
07:19Il n'y a plus de solidarité.
07:20Quand vous êtes aux assises, c'est chacun pour soi, souvent.
07:23Là, c'est chacun pour soi.
07:24Oui, mais c'est lui qui le fait.
07:26Alors, son avocat essaie de dire qu'il a été maltraité.
07:30Oui, il fait son travail.
07:31Non, mais il fait son travail.
07:32Mais ce que je veux dire, c'est que tous les enfants
07:34qui ont été maltraités ne sont pas devenus des tueurs.
07:36Alors, vous avez entièrement raison.
07:38Mais quand vous avez un client à défendre de ce type,
07:40il faut bien avoir une ligne de défense.
07:41Là, ils ont choisi la reconnaissance des faits.
07:44Donc, qui dit reconnaissance des faits,
07:45dit chercher la clémence du tribunal.
07:48Oui, mais ce que je veux dire, c'est que quand il déclare,
07:50je suis un violeur et les autres aussi sont des violeurs,
07:52en fait, il devient indéfendable.
07:54Il devient indéfendable.
07:55Si je vous explique que c'est une ligne de défense,
07:57que de dire oui, je suis coupable,
07:59mais je cherche la clémence du tribunal,
08:00c'est une ligne de défense.
08:02En fait, soit vous cherchez un acquittement,
08:04soit vous cherchez à réduire le quantum de la peine.
08:06Il a choisi la deuxième solution.
08:07Très bien.
08:08Mais si vous voulez, si j'étais son défenseur,
08:11l'histoire de...
08:13Il a été sans doute violé, violenté.
08:15Il a vu des scènes horribles de ses parents,
08:17tout ça, très bien.
08:18Mais qu'est-ce qu'il reste, sinon, oui,
08:20de réclamer un peu de clémence dans la peine...
08:22Qu'est-ce que vous voulez dire ?
08:23Excusez-moi, mais qu'est-ce que vous voulez dire d'autre ?
08:24Mais parce qu'est-ce qu'elle s'attendait à ce qu'il dise
08:26la première journée, je suis un violeur,
08:28et tous les gens qui sont ici le savent très bien.
08:30A priori, il a eu quatre jours,
08:31il était même une semaine où il était absent.
08:33Vous pensez qu'il a préparé ses déclarations ?
08:35Quand vous avez une semaine dans une cellule entre quatre murs,
08:37oui, j'ose espérer que vous avez...
08:39Avec votre avocat, vous préparez les déclarations ?
08:40Vous voyez votre avocat régulièrement.
08:42Après, il peut la suivre ou ne pas la suivre.
08:44Il a préparé ce qu'il allait dire.
08:45Et au bout d'une semaine, enfermé dans une cellule,
08:48quand même, il sait très bien qu'il allait commencer comme ça.
08:50Et c'est un propos tellement fort
08:51que ça ne peut pas ne pas être préparé à ma connaissance.
08:53Louis Doreignel, qu'est-ce qui vous frappe, là,
08:55dans cette journée extrêmement spéciale
08:57qui s'est déroulée à Avignon,
08:58où on a eu les aveux de Dominique Pellicot,
09:00où il s'est adressé à sa femme,
09:01son ex-femme, elle lui a répondu,
09:03en lui disant, voilà, j'ai aimé cet homme,
09:05j'aurais donné mes mains à couper pour lui.
09:07Moi, je trouve qu'il y a vraiment deux choses
09:09qu'on peut retenir.
09:10La première, c'est que Gisèle Pellicot
09:12parle sans haine ni violence,
09:14alors que tout pourrait la conduire humainement
09:16à ressentir de la colère,
09:18vraiment la volonté d'en découdre.
09:20Et en fait, on a l'impression qu'elle fait en sorte
09:22que cette cause la dépasse
09:24pour essayer aussi d'en faire presque,
09:26peut-être pas une cause nationale,
09:27mais pour parler à toutes ces femmes
09:29et parfois ces hommes qui vivent
09:31ce qu'elle a vécu, c'est-à-dire l'enfer absolu
09:34pendant toutes ces années.
09:35Et donc, on voit bien qu'elle est en train presque
09:38de s'effacer au profit de cette cause.
09:40Et c'est quand même rarissime
09:42quand on voit l'absolue horreur
09:44qu'elle a vécue.
09:45Ensuite, quand on voit la stratégie
09:47de M. Pellicot,
09:49on peut simplement avoir des doutes.
09:51C'est-à-dire que c'est la première fois
09:53qu'il reconnaît ses agissements.
09:55Par le passé, il refusait
09:57de dire ce qu'il a dit,
09:59en tout cas aujourd'hui.
10:01Et donc, on peut se poser la question,
10:02est-ce qu'il reconnaît par tactique,
10:04je reviens sur ce que disait Éric Reuvel,
10:06par stratégie pour se dire
10:07je vais reconnaître, entre guillemets,
10:09un morceau de ce qu'on me reproche
10:11pour pouvoir nier beaucoup plus facilement
10:14d'autres choses qu'il accable.
10:16En tout cas, c'est à ça que sert un procès.
10:19Et on attend de voir ce que donnera
10:20à l'issue de ce procès.
10:21Puis le cheminement aussi,
10:22ce qui est intéressant,
10:23ça a été dit dans le procès,
10:24c'est le cheminement au début,
10:25quand il commence,
10:26il met des sous-vêtements à son épouse
10:27qu'elle ne veut pas mettre
10:29et il se masturbe devant.
10:30Ça commence comme ça
10:31et ça monte crescendo.
10:32Donc, ce qui sera aussi intéressant,
10:33c'est de comprendre le cheminement intellectuel
10:35qu'il a mené à ce que d'autres hommes
10:39C'est un cheminement intellectuel.
10:40Parce que d'autres hommes viennent
10:41et il est apprécié qu'il ne l'a jamais fait payer.
10:43C'est une question qui a été posée aussi.
10:45Sabrina Medjeba.
10:46Ça interroge également la notion de responsabilité
10:48de l'individu face à ses traumas.
10:50Ça interroge également la conscientisation
10:53de l'âge adulte ou de l'être adulte
10:55vis-à-vis de ses traumas.
10:57Ce monsieur a vécu un viol étant jeune.
11:00Il en a conscience puisqu'il le dit
11:02comme ligne de défense au tribunal.
11:04Pourquoi n'a-t-il pas résolu ses traumas
11:07ou en tout cas ses échecs post-traumatiques
11:10liés au viol
11:12lorsqu'il en avait la possibilité ?
11:13C'est-à-dire qu'on est passé d'une société
11:15où nous sommes tous nos choix sartriens
11:17à une société où nous sommes tous victimes de tout
11:19au nom de tout.

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