• il y a 2 mois

Tous les vendredis, samedis et dimanches, Pascale de La Tour du Pin reçoit un invité au cœur de l'actualité politique pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment. Ce soir, Jean-Pierre Obin, ancien inspecteur de l’Éducation nationale, répondra à ses questions.
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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatorre Dupin.
00:04Il est 19h32 sur Europe 1, Jean-Pierre Robin, bonsoir.
00:07Bonsoir.
00:08Vous êtes ancien inspecteur de l'éducation nationale, auteur du rapport Robin en 2004
00:13et auteur de cet ouvrage « Les profs ont peur, école et laïcité, enquête sur le
00:19grand renaussement » aux éditions de l'Observatoire.
00:21Jean-Pierre Robin, c'est très intéressant de vous entendre ce soir.
00:25Alors on va parler de votre livre, mais d'abord, on remarque une chose, vous tiriez déjà
00:31il y a 20 ans, parce que le rapport Robin, c'était en 2004, je redonne la date, on
00:36est en 2024, la sonnette d'alarme face à l'entrisme de l'islamisme à l'école,
00:4020 ans après.
00:41Que dites-vous, Jean-Pierre Robin ?
00:43Je dis que les choses se sont considérablement dégradées en 20 ans, puisqu'il y a 20
00:50ans, l'Inspection Générale observait des choses qui se passaient, cet entriste
00:56islamiste dans une soixantaine de collèges que nous avions choisis parce que nous les
01:02avions en difficulté ou en risque de difficulté de ce point de vue.
01:09Aujourd'hui, l'islamisme, son entrisme, c'est partout, il s'est étendu à toute
01:13la France, à tous les territoires.
01:17Les atteintes à la laïcité touchent toutes les disciplines et les professeurs sont confrontés
01:23à des incidents de plus en plus fréquents, ce qui fait qu'ils ont des craintes, des
01:30appréhensions, parfois peur et qu'ils s'auto-censurent de plus en plus souvent.
01:36Alors ce qui est incroyable, c'est que l'auto-censure des professeurs, écoutez,
01:43moi j'ai été aussi très interpellé par cette affaire il y a quelques jours, cette
01:46affaire, on en parlait tout à l'heure, là aussi je voudrais avoir votre regard, professeur
01:49giflé par une élève à Tourcoing parce qu'elle refusait de doter son voile, c'était
01:53dans le règlement intérieur de l'école, et une partie des professeurs qui donnent
01:58raison à l'élève, une partie des professeurs qui donnent raison à l'élève.
02:03Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qui se passe dans le corps professoral également,
02:07Jean-Pierre Aubin ?
02:08Il y a deux choses, il y a l'agression proprement dite, qui sans la banaliser n'est pas quelque
02:16chose de rare puisque les statistiques de la dernière enquête de l'IFOP de 2023 montrent
02:23qu'un professeur sur cinq a déjà subi dans sa carrière des menaces ou des agressions
02:29pour des raisons religieuses.
02:31Un professeur sur cinq, c'est énorme !
02:33Oui, et parmi ceux-ci, 12% ont déjà été agressés physiquement, 12%, dont le tiers,
02:44c'est-à-dire 4% l'année dernière, l'année précédente de le sondage.
02:48Si vous voyez ce que ça veut dire en termes de chiffres absolus, c'est plusieurs dizaines
02:53de milliers de professeurs qui ont subi une agression physique, alors pas seulement des
03:00élèves, ça peut être des parents dans une primaire, ça peut être une tierce personne,
03:04un frère, un ami, etc., qui déboule dans l'école et qui agresse un instituteur, une
03:10institutrice, et ces chiffres, évidemment, sont extrêmement inquiétants, ce qui montre
03:16que les chiffres de l'éducation nationale, que je démonte dans mon livre, ne veulent
03:21pas dire grand-chose, en fait, il ne faut pas trop s'y fier, en particulier sur leur
03:26fluctuation.
03:27Maintenant, quant à l'affaire d'Arras, deuxième point, plus précis...
03:32L'affaire de Tourcoing, c'était à Tourcoing, de Tourcoing, cette professeur judiciaire
03:37beaucoup, bien sûr, aujourd'hui, à la mémoire de Dominique Bernard.
03:41L'affaire de Tourcoing, on peut dire que cette professeur a fait son travail, a fait
03:48son devoir, qu'elle a été soutenue par la hiérarchie, là, on n'est pas dans le pas
03:52de vague, vous voyez, elle a été soutenue par la ministre et les choses se déroulent,
03:58je dirais, comme elles devraient se dérouler à chaque fois, dans tous ces incidents qui
04:04se multiplient, c'est-à-dire la fermeté, à la fois une procédure pénale et une procédure
04:09disciplinaire, et la procédure disciplinaire qui se conclut par le conseil de discipline
04:14et l'exclusion définitive de l'élève, dès lors qu'elle a agressé un professeur.
04:18Jean-Pierre Robin, quand on écoute, effectivement, et je vais réagir à vos chiffres, les chiffres
04:24que vous venez de nous donner sur Europe 1, la question que nous posons aujourd'hui, l'éducation
04:29nationale, est-elle en capacité de protéger, de protéger, parce qu'on en arrive là, ses
04:33enseignants ?
04:35La force est de constater que non, pas globalement, elle tente peut-être de le faire, peut-être
04:44mieux qu'il y a quelques années, mais en tout cas, c'est précisément cette question
04:50qui est l'objet du rapport du Sénat de mars dernier, qui trace 38 propositions pour que
05:00les professeurs soient mieux protégés, c'était l'objet même de ce rapport sénatorial.
05:04Il est tombé un peu, bon, dans l'oubli, dans les oubliettes ce rapport, parce qu'il est
05:11arrivé à un très mauvais moment sur le plan politique.
05:13Il dérangeait ce rapport ? Il dérangeait ?
05:15Il dérangeait, on n'a même pas su s'il dérangeait, puisqu'en fait, à partir de
05:24sa publication, il y a eu la campagne des Européennes, ensuite la dissolution, la vacance
05:30du pouvoir politique et personne ne s'en est saisi.
05:32Je crois qu'il faudrait le sortir du tiroir où il semeille et que le gouvernement actuel
05:41se saisisse de ces 38 propositions qui sont le plus souvent excellentes.
05:46Comment fait-on ? Dans tous les domaines, la justice, le ministère
05:50de l'Intérieur, le ministère de l'Éducation nationale, il y a vraiment une série de propositions
05:59qu'il faudrait pouvoir mettre en oeuvre, qui ne sont pas si difficiles que ça à mettre
06:02en oeuvre d'ailleurs, pour la plupart.
06:05Cela suffirait selon vous pour faire face à des jeunes qui contestent la laïcité,
06:11notamment la loi de 2004 sur le port des signes religieux dans les établissements scolaires
06:16ou est-ce qu'il faut aller plus loin ? Peut-être une nouvelle loi sur la laïcité, Jean-Pierre
06:20Aubin ? Alors je pense qu'il faudrait déjà appliquer
06:24la loi et on voit que c'est parfois difficile.
06:28Il faut prendre conscience que l'islamisme est un phénomène de longue durée qui ne
06:34touche pas, comme vous l'avez dit tout à l'heure, que la France mais l'ensemble du
06:38monde occidental et pas seulement que le monde occidental, les pays arabes sont les premières
06:41victimes de l'islamisme, mais que ça ne peut se combattre que sur la longue durée
06:47et sur la cohérence et la continuité des politiques publiques.
06:51Or à l'éducation nationale, nous n'avons pas eu ces dernières années cette continuité
06:56des politiques publiques concernant la lutte contre l'islamisme.
07:00Nous avons eu cinq ministres en quelques années et de manière presque caricaturale, un ministre
07:10qui avait une position ferme a succédé à un ministre qui avait une position indifférente
07:16ou complaisante, etc.
07:18Je crois qu'il n'y a rien de pire que ces coups de balancier, ces coups d'accordéon
07:24pour mener une politique qui ne peut se comprendre que sur le long terme.
07:29Jean-Pierre Aubin, ancien inspecteur de l'éducation nationale, auteur du rapport Aubin, je le rappelle
07:34en 2004, auteur de l'ouvrage Les profs ont peur, écoles et laïcité enquêtent sur
07:38le grand renoncement.
07:39Est-ce que l'école a vraiment aujourd'hui les moyens de faire face dans les prochaines
07:43années à cette poussée ou à cet entrisme islamiste ?
07:47Si rien ne change, non.
07:52Si rien ne change, tout va continuer et même continuer à empirer.
07:55Donc il faut absolument changer les choses ou commencer à les changer et il y a un certain
08:03nombre de leviers pour ça.
08:05Le principal des leviers, en particulier si on considère qu'une frange du corps enseignant
08:12ne comprend pas la laïcité, ne l'enseigne pas et est complaisante vis-à-vis des ennemis
08:16de la laïcité, comme vous l'a remarqué tout à l'heure, c'est la formation.
08:21Il faut absolument travailler sur la formation des enseignants et en particulier la formation
08:27initiale, car ce sont les jeunes professeurs qui sont les plus complaisants, ceux qui sortent
08:32fraîchement émoulus de l'université aujourd'hui.
08:34Parce qu'ils ont été endoctrinés ? Selon vous ?
08:37Bah oui !
08:38Endoctriner est un grand mot, je ne pense pas...
08:41C'est peut-être un peu fort mais...
08:42Oui.
08:43C'est peut-être un peu fort.
08:44Oui.
08:45Ils sont confrontés à des enseignants universitaires ou des départements universitaires qui sont
08:53très influencés, non pas d'ailleurs tant par l'islamisme que par le hookisme et une
09:00idéologie qui n'est a priori, qui n'a pas grand chose à voir avec l'islamisme, qui
09:05n'a pas la même provenance, prochariant d'un côté les campus américains de l'autre,
09:11mais qui ont une caractéristique commune, c'est de refuser l'universalisme.
09:17Ce sont des idéologies différentialistes.
09:20Véronique Jacquet, une question à vous poser.
09:21Oui, Jean-Pierre Robin, vous avez évoqué le rapport du Sénat de mars dernier en parlant
09:28de 38 propositions et vous avez dit qu'elles pourraient servir ces propositions.
09:32Quelles sont les plus emblématiques ?
09:34Je ne parlerai pas des propositions qui visent le ministère de la Justice ou le ministère
09:43de l'Intérieur, par exemple, en matière de sécurité.
09:47Mais pour ce qui est de l'éducation nationale, le Sénat propose de sortir la formation des
09:56enseignants des universités et en particulier immédiatement la formation à la laïcité.
10:02C'est-à-dire le danger qui est observé par les sénateurs de ce côté.
10:10Or, la formation, c'est la base de tout.
10:14Sans être convaincu que la laïcité doit être enseignée et être convaincu d'une
10:23bonne conception de la laïcité, les élèves ne seront pas convaincus eux-mêmes.
10:30Et dans le cadre d'incidents emblématiques comme celui de Tourcoing, une partie des élèves
10:38va prendre fait et cause pour l'agresseur.
10:41C'est incroyable.
10:42On va continuer, si vous le permettez.
10:44Une partie des enseignants aussi.
10:45Jean-Pierre Robin, permettez-moi de vous demander de rester avec nous, on va donner la parole
10:49à Brandon Warhead pour le journal Permanent, de rester avec nous.
10:52On va continuer, si vous le voulez bien, d'en parler dans un tout petit instant.
10:56Jean-Pierre Robin, ancien inspecteur de l'éducation nationale et auteur du rapport Robin.
11:00En 2004, il est 19h43 sur Europe 1, une annonce antenne.
11:05Retrouvez On te date raconte du lundi au vendredi de 14h à 15h sur Europe 1.
11:10Faits divers, affaires criminelles, portraits de personnalités, Christophe Ondelade vous
11:13raconte les histoires qui ont marqué les français.
11:15Demain, On te date raconte reviendra sur l'histoire de John List, le Dupont de Ligonnès américain.
11:21Tous les épisodes d'On te date raconte sont disponibles dès maintenant en replay et en
11:25podcast sur le site et l'application Europe 1.
11:28Il est 19h44.
11:30Europe 1 soir, week-end.
11:3119h21, Pascal Delatorre Dupin.
11:34Et nous sommes toujours avec Jean-Pierre Robin, ancien inspecteur de l'éducation nationale,
11:38auteur du rapport Robin en 2004 et auteur de l'ouvrage Les profs ont peur, écoles et
11:42laïcité, enquête sur le grand renoncement.
11:45Véronique Jacquier est avec nous dans ce studio et Paul Melun également.
11:48Jean-Pierre Robin, je voulais qu'on continue d'échanger ensemble parce que c'est passionnant.
11:52Vous disiez effectivement qu'il faudrait sortir les enseignants de l'université, sortir
11:57les enseignants de la formation parfois qu'ils reçoivent.
12:02Vous avez évoqué le wokisme, ça touche les enseignants.
12:05Ça ne touche pas que les enseignants.
12:06On parlait il y a quelques instants, c'est vrai qu'il y a des écoles qui sont plus touchées
12:11que d'autres, par exemple à l'ENM, l'école de la magistrature, où effectivement ce type
12:15de doctrine est très forte.
12:17Mais sauf que ça prend du temps, Jean-Pierre Robin.
12:21La réforme qui avait été prévue par Gabriel Attal, mais qui n'est pas arrivée au bout
12:29du processus du fait de la dissolution, prévoyait effectivement que le ministère de l'éducation
12:37nationale reprenne la tutelle sur les écoles de formation des enseignants, qui auraient
12:41pris le nom d'ailleurs d'écoles normales ou d'écoles normales supérieures.
12:46Cette réforme est restée dans les tuyaux, faute de temps.
12:51Je pense que le gouvernement actuel devrait la reprendre et la remettre sur les rails.
12:58Oui, recréer que l'éducation nationale reprenne la main, Paul Melun.
13:03Pour prendre ce type de mesures, M.
13:05Aubin, peut-être faut-il aussi une certaine forme de courage politique, et en tout cas
13:09le courage d'affronter les ennemis de l'école ou les ennemis de la laïcité aujourd'hui.
13:13Est-ce que vous pensez aujourd'hui que ce courage existe encore en politique, dans la
13:17classe politique, sans vous demander de préférence électorale bien sûr, mais est-ce que vous
13:21pensez que c'est encore possible d'inverser la tendance avec peut-être des ministres
13:25de l'éducation qui seront plus volontaristes que ceux qu'on a pu avoir ?
13:28C'est-à-dire que parmi les cinq derniers ministres de l'éducation nationale, il y
13:35a deux qui avaient du courage et qui étaient volontaires, Jean-Michel Blanquer qui restait
13:39trop longtemps, et Gabriel Attal qui n'est pas resté assez longtemps.
13:43Vous n'avez pas cité Pape Ndiaye par exemple ?
13:46Non.
13:47Vous l'avez remarqué.
13:48Non mais, par cet état, je veux dire, effectivement, il faut une continuité dans la politique
13:56éducative bien sûr.
13:57Mais pardonnez-moi, Jean-Pierre Robert, pardonnez-moi, mais...
13:59Le grand responsable de ces atterroiements, c'est quand même le président de la République.
14:03Oui, mais justement, vous parlez de cohérence et de continuité.
14:06En même temps, c'est transformé en alternativement.
14:10Oui.
14:11Vous parlez de cohérence et de continuité dans la politique publique, mais même avec
14:16Jean-Michel Blanquer qui restait cinq ans ministre de l'éducation nationale, on a
14:22quand même vu qu'il n'y avait pas d'inflexion majeure sur cette question-là.
14:26Les racines du mal sont profondes quand même, non ?
14:29Il va falloir au moins une génération pour mener cette bataille.
14:34Oui, oui, dans mes livres, je parle de plusieurs générations.
14:38Ah oui, plusieurs générations.
14:39D'accord, mais on est parti pour une guerre de cent ans ?
14:41On est parti pour un combat qui est de très longue durée.
14:47Je pense que l'islamisme vient de loin.
14:50Les islamistes pensent avoir le temps pour eux.
14:53Le temps travaille pour eux.
14:55Et c'est un combat que la France, d'ailleurs, ne peut pas mener.
14:59Mais vous diriez que c'est un combat civilisationnel ?
15:01Vous voyez, ça dépasse l'éducation nationale quand même.
15:05C'est un combat pour une civilisation qui est la civilisation des Lumières.
15:10Je crois que c'est bien là-dessus que l'islamisme attaque l'Occident.
15:16C'est sur ces valeurs qui sont nées au XVIIIe siècle
15:21et qui sont pour eux autant d'abominations.
15:25Il y a une publication islamiste qui est un peu connue, un peu célèbre.
15:31C'est celle qui a suivi les attentats du Bataclan et des terrasses de café.
15:36Ce journal de Daech s'intitulait « La France à genoux »
15:42et présentait en première page, en couverture,
15:45deux policiers dans les bras l'un de l'autre en train de pleurer devant le Bataclan.
15:51Il y a eu toute une série de textes théoriques dans cette revue
15:55qui attaquaient la France, qui attaquaient l'école française précisément.
16:00En passant en revue, toutes les valeurs des Lumières,
16:04la liberté, l'égalité, la fraternité, la tolérance, l'humanisme, etc.
16:09montraient que chacune de ces valeurs était contraire à la doctrine islamique.
16:17Et donc, ça se concluait par un appel au meurtre des enseignants français.
16:22C'est là pour la première fois qu'on a vu
16:25que vous devez tuer les enseignants qui enseignent ceci à vos enfants.
16:32Donc, le reste, évidemment, était terrible,
16:37mais il n'était pas surprenant quand on avait lu cette publication.
16:42Jean-Pierre Robin, on ne découvre pas, vous ne découvrez pas,
16:46votre rapport, déjà c'était il y a 20 ans,
16:49qui a laissé faire et au nom de quoi, selon vous, qui a laissé faire ?
16:54Eh bien, là, les responsables politiques sont évidemment les premiers responsables.
17:02À droite comme à gauche ?
17:04À droite comme à gauche, puisque en 2004, nous avons remis ce rapport à François Fillon,
17:11qui était à l'époque ministre de l'éducation nationale, qui l'a enterré.
17:16Et puis ensuite, d'autres ministres de droite puis de gauche se sont succédés
17:21et aucun n'a repris les conclusions.
17:24Tout le monde a mis la poussière sur le tapis,
17:26jusque aux attentats Charlie Hebdo puis du Bataclan,
17:32où là, on s'est aperçu que l'islamisme était quelque chose d'extrêmement virulent, dangereux.
17:39Et surtout, que lorsque les établissements de l'éducation nationale
17:44ont dû faire des moments de recueillement à l'issue, le lendemain ou le surlendemain de ces événements,
17:51toute une série d'élèves ont manifesté leur désapprobation,
17:55voire leur soutien des criminels, des assassins.
17:59Et là, ça a été une prise de conscience, en particulier pour le gouvernement de Manuel Valls,
18:06qui a lancé une opération de communication autour des valeurs de la République.
18:11Mais c'était déjà dans notre rapport de 2004.
18:14Ces incidents, suite aux attentats de New York, de Washington et de Madrid,
18:21avaient eu lieu dans nos établissements scolaires.
18:23On a laissé faire, et on a laissé faire.
18:26Et voilà où on en est aujourd'hui.
18:27Vous dites, il faudra des générations.
18:29Mais c'est terrible.
18:31Pardon, les bras m'ont tombé, Jean-Pierre Aubin.
18:33Parce que moi, je pense à tous les parents.
18:35Personnellement, j'ai des enfants, Véronique, Paul.
18:39Mais quel monde, quelle société, on leur laisse ?
18:42Parce qu'il faut des générations pour remettre les choses juste dans le bon ordre.
18:47Mais c'est terrible.
18:48Mais pardonnez-moi, c'est une guerre qu'on ne veut pas aborder,
18:52c'est une guerre qu'on ne veut pas mener,
18:54mais c'est une guerre qui commence, et qui a déjà commencé.
18:56Jean-Pierre Aubin, non ?
18:58Mais bien sûr, elle existe.
19:00Elle a fait de très très nombreux morts, déjà.
19:03C'est-à-dire que ce que nous voyons, c'est-à-dire le développement d'une idéologie,
19:08a une pointe acérie qui est le djihadisme.
19:11C'est-à-dire le développement violent, militaire, de cette idéologie,
19:17sur toute une série de scènes internationales et nationales.
19:24L'assassinat de ces deux professeurs, Samuel Paty et Dominique Bernard,
19:30en est un exemple, évidemment, frappant et cruel.
19:34Nous sommes dans un combat, qui est un combat que je ne sais pas qui le gagnera.
19:41Malin serait celui qui pourrait...
19:44Mais vous ne croyez pas, pardonnez-moi Jean-Pierre Aubin...
19:46C'est déjà dire la conclusion de ce combat.
19:48Mais oui, vous ne croyez pas justement qu'il ne faut pas dire,
19:50nous ne savons pas qui le gagnera, mais nous allons le gagner ce combat.
19:54Enfin, moi ça me choque quand je vous entends parler comme ça.
19:56Il faut se donner les moyens de gagner ce combat.
19:59Je ne suis pas dans la position d'un homme politique, je suis un observateur.
20:04Et franchement, si on me demandait mes certitudes, je n'en ai aucune.
20:09Mais le problème, c'est celui des hommes politiques qui ne tiennent pas le discours que vous tenez.
20:15C'est aux hommes politiques de dire, nous gagnerons le combat.
20:19Ils ont peur de quoi, Paul Melland ?
20:21Il semblerait que les hommes politiques, en tout cas par-delà le clivage gauche-droite,
20:24aient sous-estimé de façon très importante, depuis 40 ans, 30 ans, le phénomène de l'islam politique.
20:30Là où nous étions prévenus, Erdogan disait, quand il était Premier ministre de Turquie,
20:34à la fin des années 90, les mosquées seront nos casernes et les fidèles seront nos soldats.
20:38Il avait annoncé la couleur, il avait annoncé l'islam politique.
20:41Et des gens talentueux comme M. Aubin avaient prévenu très tôt de la menace de l'islam politique,
20:46sur l'éducation nationale, mais plus généralement sur toutes les strates de notre société.
20:50A l'université, dans l'armée, on en parle peu, mais ça existe aussi partout.
20:55Donc l'islam politique, effectivement, est très puissant, et l'islam politique livre le combat.
20:59Si nous ne le livrons pas en face, et là je rejoins ce que disait Véronique il y a quelques instants,
21:03si nous en face nous ne livrons pas le combat, de fait, il est perdu.
21:06Et effectivement, quand nos auditeurs écoutent ce soir M. Aubin, et moi j'en fais partie,
21:10on a de quoi être très inquiets, je pense.
21:12Et surtout, on n'arrive pas, on ne sait pas, pardon, excusez-nous Jean-Pierre Aubin, mais par où commencer ?
21:17Le commencement de la guerre entre guillemets, par où Jean-Pierre Aubin ?
21:23Par reconnaître déjà la réalité dans ses dimensions les plus sombres, parfois.
21:33Donc déjà, nommer les choses, dire les choses. On a fait quelques progrès depuis quelques années.
21:39Je me souviens du temps où on parlait de terrorisme, mais surtout pas de terrorisme islamiste.
21:45Ça y est, aujourd'hui...
21:47Mais comme un rinx ! Mais comme un rinx cet après-midi, Jean-Pierre Aubin, vous avez écouté le maire d'Arras,
21:51il n'a pas prononcé... Victime de la barbarie d'un homme, je vous jure, on l'a fait écouter tout à l'heure.
21:57Oui, oui, il y a des monstres, ce sont...
22:03Mais même encore aujourd'hui, c'était 11h ce matin.
22:05Des psychopathes, des terroristes...
22:07Non, il y a une idéologie qui est au fondement de tous ces crimes, ces développements violents, cet antrisme.
22:17Et il est vrai que la France est souvent bien seule dans ce combat en Europe.
22:27Si je prends par exemple ce qui se passe en Belgique, l'antrisme islamiste en Belgique est dans l'école belge bien plus important.
22:35Bien plus important qu'en France.
22:37Et il n'y a pas en Belgique de réels mouvements qui s'y opposent.
22:43Contrairement à la France, où il y a un mouvement que j'appellerais républicain,
22:47qui peut se situer d'ailleurs aussi bien à gauche qu'à droite,
22:49de gens qui résistent et qui disent les choses telles qu'elles sont.
22:55Malheureusement, à Bruxelles, ce n'est pas le cas.
22:59C'est très grave de voir que l'Europe n'est pas unie et souvent complaisante au lobbying des groupes islamistes,
23:07en particulier des groupes proches des frères musulmans qui sont extrêmement actifs à Bruxelles.
23:11Merci infiniment Jean-Pierre Robin, c'était passionnant.
23:13C'est un inspecteur de l'éducation nationale, auteur du rapport Robin en 2004,
23:17et auteur de l'ouvrage Les profs ont peur, école et laïcité, enquête sur le grand renoncement.
23:21Merci à vous.

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