• il y a 2 minutes
Le panier RTL a trois ans : pour en parler, Dominique Schelcher, président-directeur général de Coopérative U.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 22 octobre 2024.

Category

🗞
News
Transcription
00:00RTL Matin. L'heure de l'invité d'RTL Matin est au main. Alors que le panier RTL fait
00:05aujourd'hui ses trois ans, vous recevez ce matin l'un de ceux chez qui bon
00:08nombre de nos auditeurs font leurs courses, Dominique Schellcher, le patron
00:11de la coopérative U. Bonjour et bienvenue sur RTL Dominique Schellcher.
00:15Bonjour Thomas Soto. Les impôts plus hauts font-ils ou feront-ils
00:19mécaniquement des paniers plus étriqués ? Si on en croit le comportement des
00:24clients actuellement, oui, parce que depuis, je vais vous dire, la dissolution,
00:29depuis le mois de juillet, très clairement, il y a une accélération de
00:32l'épargne des Français. Les Français n'aiment pas ces périodes d'incertitude
00:35où en plus on laisse planer le risque d'augmentation d'impôts, de nouvelles
00:40taxes. Les impôts font si actuellement qu'ils
00:44augmentent, ils détestent ça. Donc ils mettent de l'argent de côté et c'est pas
00:47bon pour la consommation. Effectivement, on voit qu'actuellement la consommation
00:50est en souffrance. Il y a une déconsommation dans vos magasins
00:53aujourd'hui ou pas ? Sur le marché, oui. Les volumes sont en baisse. Des produits
00:58de grande consommation, mais eu sur ce marché, paradoxalement, se portent bien.
01:02Voilà, on fait notre travail de commerçant, on accompagne les clients et
01:06donc les clients viennent chez nous. Mais au global, c'est vrai que le marché est
01:08difficile. Une contraction de combien à peu près ? Vous savez la chiffrer ou pas ?
01:12Sur le premier semestre, exactement, le chiffre doit être de moins 1,6% de
01:17volume, donc en nombre de produits vendus en moins dans l'ensemble des magasins en
01:21France. En fait, et Amandine le disait, les trois ans du panier RTL, il a pris
01:2530% en trois ans quand même, ce panier avec des hausses de prix parfois
01:29considérables sur certains produits. Maintenant que l'inflation, à défaut de
01:32reculer, est revenue dans des normes, est-ce que les prix vont reculer ?
01:36Vraiment reculer ? Parce qu'on n'est pas revenu à la situation d'avant.
01:39Le panier RTL dit juste, joyeux anniversaire au panier RTL ce matin, il dit juste, il dit
01:44qu'effectivement, on reste plus cher qu'il y a trois ans et on ne reviendra pas au
01:49prix d'avant, clairement. On reste beaucoup plus cher qu'il y a trois ans.
01:53Par contre, à court terme, ça baisse. Chez eux, les prix baissent sur un certain
01:56nombre de produits depuis le mois d'avril. Mais je comprends les Français, je
02:00comprends les Français qui voudraient revenir au prix d'avant, mais il y a
02:04une réalité. Et une des explications derrière tout ça, c'est que, par exemple,
02:10les salaires ont augmenté depuis. Et donc l'ensemble des acteurs de la chaîne, que
02:14ce soit l'agriculteur, le producteur ou nous, on doit couvrir, par exemple, ces
02:19hausses de salaire depuis trois ans. Ça veut dire qu'on ne reviendra jamais au
02:22prix. Les 20% qu'on a pris globalement, ils ne bougeront pas. Maintenant, ce qui
02:26compte, c'est la hausse à partir de maintenant ou la petite baisse à partir
02:29de maintenant. Mais on ne reviendra pas à la situation d'avant. On ne reviendra pas à la
02:31situation d'avant. Par contre, notre travail de commerçant, et c'est ce qui
02:34va se passer dans les prochaines négociations qui vont démarrer dans les
02:37semaines qui viennent, c'est sur un certain nombre de matières premières
02:40qui baissent, d'aller chercher des baisses et de les répercuter immédiatement et au
02:44plus vite pour les consommateurs. Pardon, mais ce numéro-là des négociations qui
02:49vont reprendre, on l'entend à chaque fois. Et à chaque fois, les uns et les autres,
02:51vous nous rejouez le même sketch, c'est pas moi, c'est lui, entre les industriels
02:54et la grande distrib'. Mais on fait tous notre travail. Vous savez, nous,
02:58depuis le début de cette crise, inflationniste particulièrement, le
03:02gouvernement nous avait appelé à faire un panier anti-inflation.
03:04EU n'a jamais arrêté de faire ses 150 produits à prix coûtant. Les Français
03:09nous disent souvent, mais messieurs les commerçants, prenez donc moins de marge.
03:12Sur nos meilleures ventes de produits, notre marque, on ne prend plus de marge
03:16depuis février 2023. C'est un effort considérable. Vous faites c'est pas moi, c'est lui,
03:20c'est pas moi, c'est les industriels qui... Non, je n'ai pas dit ça. C'est notre
03:25travail, à eux, à nous, de nous entendre. Et le but, c'est de répercuter les
03:31justes baisses de prix à nos consommateurs. Et je peux vous dire qu'on
03:34le fera chez eux. On le fait depuis la crise. Les clients nous font confiance.
03:37Ils ne se trompent pas. Ils voient bien la réalité de nos prix. Et ils viennent chez
03:41nous. Donc, on continuera ce travail. Est-ce que vous entendez la colère des
03:44agriculteurs qui recommence à gronder à bas bruit ? Est-ce qu'elle vous inquiète,
03:47cette colère ? Mais complètement. Pour moi, la crise du printemps n'est
03:51absolument pas réglée. Les braises couvent. Les récoltes ont été
03:55mauvaises dans de nombreux territoires. Moi, je rencontre régulièrement des
03:59agriculteurs. Encore, il y a peu, un vice-président de la FNSEA. Et face à des
04:04promesses aussi seulement partiellement tenues... Par qui ? Parce que là, on a besoin de
04:08savoir qui ne tient pas ses promesses, qui ne tient pas ses engagements, qui est
04:12responsable de la situation. Est-ce que vous, vous sentez une responsabilité dans
04:14la colère des agriculteurs ? Mais nous, on fait partie de cette chaîne. Donc, on a
04:18aussi une responsabilité. Et on essaye d'agir, par exemple, avec nos fameux
04:21contrats tripartites, quand on met une coopérative agricole, un transformateur
04:25et nous autour de la table. Et on a des prix minimums, des engagements. Moi, je
04:29signe des contrats jusqu'à cinq ans. Ça, c'est des façons de solutionner des
04:33problèmes. Mais pour répondre à votre question sur des engagements pas tenus,
04:36il y a eu des promesses du gouvernement au printemps. Mais entre-temps, il y a eu
04:40dix solutions. Le gouvernement a changé. Et je pense qu'on n'est pas allé au bout
04:44de toutes les mesures annoncées. Et c'est ça qui gêne aujourd'hui beaucoup les
04:47agriculteurs. Quelle est la mesure sur laquelle il faudrait aller au bout et qui
04:50pourrait changer la donne ? On est toujours dans l'opacité sur ce que gagnent les
04:52producteurs. Les industriels ne sont pas transparents là-dessus. Alors, la plus
04:56grande mesure, mais malheureusement, ce sera trop tard pour les négociations de
05:00cette année, qu'on propose et sur laquelle on se rejoint avec les
05:03agriculteurs depuis la rentrée, c'est de couper la négociation, de faire une
05:07première négociation entre les agriculteurs et les industriels, par
05:10exemple, avant le 1er décembre. On signe un contrat. Ensuite, l'industriel vient
05:14nous voir avec ce contrat en disant, voilà, le blé, je l'ai acheté à ce prix-là.
05:18Monsieur le distributeur, acceptez ce prix-là. Et ça, ce serait formidable comme
05:22mode de fonctionnement. Et on plaide pour ça. Maintenant, avec la FNSEA, avec les
05:26jeunes agriculteurs, on espère que, mais cette fois, ce sera pour 2026. Ce ne sera pas pour 2025.
05:33Quand Lactalis, par exemple, décide de baisser sa collecte annuelle de lait de 450 millions de litres
05:37sur une commande globale de 5 milliards d'oeufs, est-ce que c'est une mauvaise
05:41manière faite aux producteurs, faite aux consommateurs ? Est-ce que vous le
05:44comprenez ? Vous savez, les grandes décisions stratégiques d'entreprise, ce
05:50sont des décisions stratégiques d'entreprise qu'elles prennent en
05:52fonction des indicateurs qu'elles ont devant elles. Donc, c'est compliqué quand
05:55on n'a pas tous les éléments de juger. Par contre, ce qu'il faut derrière, je
06:00comprends par contre la difficulté dans laquelle ça met un certain nombre de
06:04producteurs, mais il y a des mobilisations en ce moment pour retrouver des
06:07écoulements. Et si U peut faire partie des gens qui prendront une partie de
06:12cette collette, on le fera. On le fera, on travaille avec un embouteilleur de
06:16notre lait qui s'appelle LSDH, une très belle entreprise qui travaille sur ce
06:19sujet. Et donc, s'il faut, on prendra notre part là-dessus.
06:23Il paraît, Dominique Schellscherck, que vous voulez augmenter la TVA sur les
06:26produits les plus sucrés pour financer une sorte de chèque alimentation. Comment
06:29ça fonctionnerait, ça ? Absolument. Donc ça, c'est un rapport de l'Institut
06:33Montaigne que j'ai co-présidé la semaine dernière. Je ne suis pas tout seul. C'est
06:3618 mois de travail, 100 personnes auditionnées. L'idée, c'est quoi ? Il y a
06:40aujourd'hui des impacts considérables de la malbouffe en France, 125 milliards
06:45d'euros sur nos finances publiques chaque année. On ne peut plus continuer comme ça,
06:49il faut réagir. Et donc, l'idée qu'on propose, c'est effectivement de taxer
06:54davantage les produits très sucrés pour que peut-être, en partie, on s'en détourne
07:00un peu. Et avec les sommes générées, jusqu'à 1 milliard d'euros, on financerait un
07:06chèque ou une aide alimentaire. Je n'aime pas parler de chèques, je préfère
07:10parler d'aide. De 30 euros par mois pour les 4 millions de foyers précaires qui
07:14ne mangent plus assez de fruits et légumes. L'idée, c'est ça.
07:17L'impôt est la réponse à tout. Vous nous disiez au début de notre entretien, l'impôt fait
07:21réduire les caddies, les gens ne peuvent plus consommer, ils épargnent, ils ont peur,
07:24ils sont inquiets. Et vous dites, paf, on va monter la TVA.
07:27Problème de santé publique, on ne peut pas un enfant de 8 ans, aujourd'hui, à consommer
07:32autant de sucre que son grand-père pendant toute sa vie. On court droit au mur, on va
07:37droit dans le mur. C'est un électrochoc pour moi, pour nous tous, et on change nos
07:45comportements. Vous avez en face de vous, comment dire, un commerçant, un distributeur
07:49qui veut aussi se remettre en cause là-dessus. Bien sûr, mais ça ne se fera pas du jour au
07:53lendemain. Il faut envisager de sortir certains de ces produits dont on sait qu'on a
07:57Olivier Dauvert tous les matins qui nous raconte tout ce qui est bien et tout ce qui
07:59n'est pas bien. Est-ce que vous vous dites, chez eux, peut-être que certains produits
08:04dont on sait vraiment que c'est de la saloperie, on ne va plus les vendre ?
08:06On a déjà fait évoluer nos deux ventes caisses en introduisant par exemple ce que
08:10j'appelle du snacking sain, des compotes, des barres de céréales, des noix de cajou,
08:15des choses comme ça, vous voyez, pour ne plus avoir que des produits sucrés et enlever
08:19certains produits sucrés. On a déjà fait ce genre d'opération et ça porte ses fruits.
08:23On le voit aussi à l'étranger, il y a des mesures fortes parfois qui ont été prises.
08:27Si vous voulez, sur ce sujet-là, le problème c'est quoi ? C'est que les incantations,
08:31les messages de sensibilisation ne fonctionnent pas. L'obésité progresse, particulièrement
08:36chez les jeunes. Si on ne passe pas à des mesures majeures de politique publique,
08:41on ne changera pas la donne et ça nous coûtera à la fin beaucoup plus cher.
08:44Avec un problème que ça posera pour ceux qui seront en dessous du seuil, qui ne sont pas
08:47fortunés, qui payeront 15 points de TVA de plus sur ces produits sucrés et qui ne bénéficieront
08:52pas du chèque, évidemment. C'est toujours pareil, ça aidera les plus fragiles et tous les autres
08:56ils paieront plus. Dernière question, on est dans un pays où des tablettes de chocolat sont vendues
09:00sous boîtier plastique avec antivol, expérimentation en cours dans un monoprix de Marseille.
09:04C'est anecdotique ou c'est plus grave que ça ? On est là à mettre des antivol ?
09:08Non, je pense que c'est vraiment anecdotique. Évidemment, on ne fait pas ça chez nous.
09:12Mettre sous antivol une tablette de chocolat, moi je le regrette. Ce n'est pas le sens de l'histoire.
09:17Après voilà, c'est sans doute très urbain, très localisé, très ponctuel et ça n'est absolument pas
09:24en train de se généraliser. Mais il y a plus de vols dans les magasins, ça fait partie des choses
09:28que vous constatez ou pas vraiment ? Pas forcément, pas forcément au niveau national. Et encore une
09:32fois, ce sont souvent des phénomènes très urbains dans des zones parfois plus difficiles, ce que je
09:36peux comprendre. Mais il ne faut pas le généraliser du tout, il ne faut pas stigmatiser. Ce n'est pas
09:41le moment, on a assez de soucis déjà à traiter. Merci beaucoup Dominique Schellscher d'être venu
09:45ce matin sur RTL. Restez avec nous. Mais oui, parce que vous allez être dans l'œil de Philippe Kévrivière, je retiens.

Recommandations