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Inondations meurtrières en Espagne, l'Europe face aux élections américaines, budget en France... Raphaël Glucksmann, député européen et coprésident de Place publique, est l'invité de Thomas Sotto.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 04 novembre 2024.

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Transcription
00:00Et tout de suite l'invité d'RTL Matin, Thomas, vous recevez Raphaël Glucksmann, député européen Place Publique.
00:09Bonjour et bienvenue sur RTL, Raphaël Glucksmann.
00:11Bonjour.
00:12Dis donc, vous êtes un vrai champion au jeu du roi du silence, vous.
00:14Où est-ce que vous étiez passé toutes ces dernières semaines, tous ces derniers mois ?
00:17Je travaille, je travaille au Parlement européen et je travaille surtout à la création d'une offre politique en France.
00:24Je pense que le rôle d'un dirigeant politique, ce n'est pas simplement de faire des matinales et du commentaire,
00:29c'est réellement de produire une offre politique.
00:31Les autres parlent trop ?
00:33Non, mais il y a une forme d'habitude aujourd'hui, il y a tellement de médias, tellement de matinales,
00:37tellement de plateaux, des chaînes info, qu'en fait, vous êtes politique,
00:39vous devenez les employés gratuits des médias comme vous et que vous passez votre temps à commenter.
00:45Moi, ce n'est pas ma conception de la politique, je l'ai toujours annoncé, donc je travaille sur le fond.
00:49Alors allons-y sur le fond, il y en a un qui parle beaucoup tout le temps et qui va peut-être redevenir président des Etats-Unis,
00:53c'est Donald Trump.
00:54À 24 heures du scrutin, est-ce qu'on ne joue pas à se faire un peu peur avec lui ?
00:58Non, on ne joue pas à se faire peur et pour ceux qui sont dans le déni, il faut comprendre que déjà,
01:01la situation en 2016 et aujourd'hui, ce n'est pas du tout la même.
01:05Ce n'est pas le même Trump ?
01:07Ce n'est pas le même Trump, il est entouré d'idéologues cette fois-ci.
01:10Avant, il y avait des hauts fonctionnaires, des militaires qui pouvaient peut-être le cadrer.
01:13Désormais, il a une revanche à prendre et cette campagne est encore bien plus violente que celle de 2016.
01:18Mais surtout, ce n'est pas la même situation pour l'Europe.
01:22Aujourd'hui, il y a la guerre en Europe.
01:24Aujourd'hui, il y a la menace de Vladimir Poutine sur l'architecture de sécurité,
01:27sur la sécurité des Européennes et des Européens.
01:29Trump, il a dit, il a réglé le problème en 24 heures.
01:31Oui, c'est-à-dire en cédant tout à Poutine et en négociant avec Vladimir Poutine en direct
01:35l'architecture de sécurité de notre continent, notre sécurité.
01:40Et l'Europe peut se retrouver dans quelques semaines, dans la situation de la Tchécoslovaquie en 1938,
01:45c'est-à-dire attendant dans le corridor que les grands décident de notre avenir.
01:50Et si nous sommes dans cette situation-là, dépendant pour notre sécurité de 10 000 votes en Pennsylvanie,
01:56et bien c'est de notre faute.
01:58Nous, les Européens, nous sommes un continent riche, un continent développé,
02:02un continent qui pourrait être puissant s'il voulait l'être.
02:05Et nous n'avons pas développé les instruments de notre autonomie, de notre défense européenne.
02:09C'est trop tard là, non ? L'élection, c'est demain.
02:10Ce que vous dites là, c'est que ce qui peut se passer, c'est que Trump et Poutine se partagent l'Europe ?
02:15Se partagent l'Europe ? Oui, c'est exactement les exigences russes
02:18et que c'est la seule manière pour régler le problème, comme le dit Trump, en 24 heures.
02:22Et c'est la menace qui pèse sur l'Europe.
02:25Et nous, qu'est-ce que nous faisons face à ça ?
02:27Nous ne développons pas notre industrie.
02:30Nous n'avons pas fait l'emprunt que nous voulions faire sur la défense,
02:34les 100 milliards qui permettraient de relancer notre propre production
02:37et donc de ne pas dépendre uniquement des Etats-Unis.
02:39Aujourd'hui, nous sommes devenus un continent de consommateurs.
02:41Nous consommons la sécurité produite aux Etats-Unis.
02:45Nous consommons les biens produits en Chine.
02:47Nous consommons l'énergie pour aller dans le golfe.
02:49Là, on découvre rien, Raphaël Glucksmann.
02:50Oui, mais est-ce qu'on découvre rien ? Ça fait des années.
02:52Mais ça fait des années qu'on vit comme des ados.
02:54On refuse d'assumer le fait de devenir adulte.
02:57Un adulte, c'est celui qui contrôle sa propre sécurité,
02:59qui ne dépend pas des lecteurs en Pennsylvanie
03:01pour savoir si Berlin ou Varsovie seront défendus demain.
03:04J'ai une question concrète.
03:05Si Trump est élu et qu'il décide d'arrêter l'aide à l'Ukraine,
03:08est-ce que l'Europe devra continuer à faire la guerre toute seule ?
03:11Mais ce n'est pas nous qui faisons la guerre.
03:13C'est Vladimir Poutine qui nous fait la guerre depuis des années.
03:16Et donc, il faut continuer à soutenir l'Ukraine.
03:19Mais pour cela, il faut relancer notre industrie.
03:22Pour cela, il faut faire ce qu'on a promis de faire,
03:24ce que nos dirigeants ont promis de faire depuis deux ans
03:26et qu'ils n'ont pas fait.
03:28Dès l'été 2022, le président de la République, Emmanuel Macron,
03:31disait qu'il fallait que la France passe en économie de guerre.
03:33Qu'est-ce qui s'est passé depuis ?
03:35Rien. Quasiment rien.
03:37Et donc, aujourd'hui, on se retrouve dans une situation d'extrême faiblesse.
03:41Et c'est vrai sur tous les sujets,
03:43mais le sujet de la guerre est sans doute le sujet le plus existentiel.
03:46Et donc, nous, ce que nous devons faire,
03:48c'est commencer à construire cette puissance européenne.
03:51C'est-à-dire qu'on doit s'assumer d'être un acteur autonome.
03:54Vous savez, pendant 80 ans,
03:56on a vécu sous le parapluie américain.
03:58Les Américains nous donnaient la sécurité
04:00et en échange, il y avait une forme de vassalisation.
04:03Ce deal-là va être remis en cause.
04:05De manière brutale, si c'est Trump,
04:07mais de manière, finalement, douce, si c'est Kamala Harris.
04:11C'est une continuité dans la politique américaine.
04:13C'est la même main dans la main.
04:15C'est absolument pas la même chose.
04:17C'est beaucoup plus dangereux, Donald Trump.
04:20Mais depuis Obama, il y a une forme de désintéressement
04:23des États-Unis vis-à-vis de l'Europe
04:25qui aurait dû nous conduire à assumer notre propre destin.
04:28Mais simplement, nous trouvons finalement
04:30notre situation tellement confortable
04:33de dépendre des États-Unis pour nos questions de sécurité
04:36que nous n'avons pas fait les investissements nécessaires.
04:38Vous savez, il y a un texte qui m'accompagne depuis l'adolescence
04:41qui est une lettre de Romain Garry
04:43qui se demande pourquoi les élites françaises
04:45n'ont-elles pas suivi massivement le général de Gaulle
04:47à Londres en 1940.
04:49Il se dit, mais est-ce que c'est parce qu'elles étaient
04:51violemment antisémites, pro-allemandes, pro-nazis ?
04:53Non, rien de tout cela.
04:54C'est parce qu'elles aimaient trop leurs meubles.
04:56Et finalement, nous sommes tombés amoureux de nos meubles
04:58et nous avons arrêté d'être producteurs de notre propre destin.
05:01On va revenir en France et ce qui nous rapproche de l'Amérique,
05:04c'est la mexicanisation du pays, comme le dit et le répète Bruno Retailleau.
05:07Le ministre de l'Intérieur qui n'a pas de mots assez durs
05:10contre ceux qu'il appelle les narco-racailles.
05:12On est, dit-il, à un point de bascule.
05:14Est-ce que vous partagez son diagnostic et comment on lutte ?
05:17Je partage le diagnostic sur l'hyper-violence du narcotrafic,
05:22sur les milliards accumulés,
05:24sur l'insécurité.
05:26Je ne parle pas comme ça, moi.
05:28Je n'utilise pas ce terme-là,
05:30je n'utilise pas ces termes-là en général.
05:32Je pense qu'il faut faire attention quand on est ministre
05:34à s'exprimer de manière correcte.
05:36Mais le fond du problème,
05:38c'est cette hyper-violence et ce sont ces mafias
05:41qui gangrènent la société française.
05:43C'est ça, on le sait.
05:44Karl Olive, ce week-end, il a dit aux députés macronistes
05:46qu'il faut envoyer l'armée dans les quartiers.
05:48Mais ce n'est pas comme ça qu'on lutte contre le trafic de drogue.
05:51Comment on lutte contre le trafic de drogue ?
05:53C'est avec un parquet efficace,
05:55c'est avec une coordination efficace,
05:57c'est peut-être la création d'un DEA,
05:59le système américain de lutte contre la drogue
06:01à l'échelle française.
06:02Tout cela, on peut en discuter.
06:04Et oui, des mesures extrêmement fortes sont nécessaires.
06:06Parce que finalement,
06:08cette hyper-violence va contribuer
06:10au délitement de la société française.
06:12Et ça, on ne peut pas le permettre.
06:14Et on ne peut pas permettre à des gens qui font
06:16un fric complètement démentiel de semer le chaos
06:18et d'assassiner dans nos rues.
06:20Donc oui, il faudra des mesures extrêmement énergiques
06:22et là-dessus, il y a une réflexion commune
06:24sur les moyens d'atteindre ces objectifs.
06:26Raphaël Glusman, est-ce que vous avez déjà fumé un petit pétard ?
06:28Thomas Soto, moi je suis...
06:30Alors vraiment, en plus...
06:32Non mais ma question est sérieuse.
06:34Est-ce que vous avez déjà fumé un petit pétard dans votre vie ou pas ?
06:36Je vous le dis, oui, quand j'étais jeune.
06:38Parce qu'il y a beaucoup de gens qui disent...
06:40Il y a 5 millions de français.
06:42Et justement, il ne faut pas que...
06:44Il y a beaucoup de gens qui disent, c'est ça la base du problème.
06:46C'est le consommateur. C'est ce que disait Ségolène Royal
06:48ici même la semaine dernière. Est-ce que vous êtes d'accord
06:50avec ça ? Il faut des courtes peines de prison
06:52qui soient appliquées pour les consommateurs.
06:54C'est ce que disait hier Jean-Philippe Tanguy
06:56au Grand Jury RTL.
06:57Moi, je pense qu'envoyer la police
06:59faire la chasse aux fumeurs
07:01de joint n'est pas la solution.
07:03Ça va surcharger les forces de police.
07:05Et à la fin, on ne les aura pas
07:07pour se focaliser sur les criminels,
07:09les gangs, les mafias.
07:11Donc le problème, ce n'est pas le consommateur aujourd'hui ?
07:13Il y a bien sûr un problème de consommation
07:15immense. Mais quand vous avez une loi
07:17qui n'est pas respectée par 5 millions
07:19de françaises et de français,
07:21vous devez faire en sorte que
07:23la police soit focalisée sur le vrai problème.
07:25Le vrai problème, ce n'est pas le consommateur
07:27de joint. Le vrai problème,
07:29ce sont ces narcotrafiquants,
07:31ce sont ces mafias. Et il faut
07:33les démanteler, les frapper fort,
07:35y compris modifier l'organisation
07:37de notre système répressif pour pouvoir
07:39être efficace contre eux. Mais vous savez,
07:41quand vous envoyez la police faire la chasse
07:43à ceux qui achètent du cannabis,
07:45à la fin, vous n'avez plus
07:47de forces disponibles pour frapper les gangs.
07:49Ce qui ne veut pas dire
07:51que le cannabis n'est pas dangereux.
07:53Moi, je suis tout à fait conscient
07:55des risques liés à la consommation de cannabis.
07:57Mais ce que j'explique, c'est qu'on a
07:59besoin de frapper au cœur du système.
08:01Et le cœur du système, ce n'est pas le consommateur du joint.
08:03Est-ce qu'il faut faire tomber Michel Barnier le plus vite possible
08:05comme le souhaitent les élus du LFP ?
08:07Ce sera ma dernière question.
08:09Moi, ce que je reviens toujours,
08:11c'est à ce qui s'est passé
08:13le 7 juillet. Le 7 juillet,
08:15il y a eu un Front républicain qui est le seul
08:17vrai vainqueur de l'élection.
08:19Et là, on se retrouve avec au pouvoir
08:21la force politique qui
08:23est la seule non-RN à ne pas avoir
08:25participé à ce Front républicain
08:27et qui se retrouve otage du Rassemblement
08:29national. Donc moi, je ne veux pas
08:31d'instabilité.
08:33Est-ce qu'il faut faire tomber Michel Barnier le plus vite possible,
08:35oui ou non ? Eh bien, il faut voter la censure.
08:37Moi, j'aurais voté la censure contre le gouvernement.
08:39Par contre, je ne suis pas un partisan
08:41de l'instabilité institutionnelle.
08:43Je ne suis pas pour destituer le Président de la République.
08:45J'étais violemment contre
08:47la dissolution décidée par Emmanuel Macron.
08:49Je pense que la France n'a pas besoin d'instabilité permanente.
08:51Ce que je crois, par contre, c'est que nous avons
08:53une responsabilité qui est de respecter
08:55le message des électrices et des électeurs
08:57et que ces électrices et ces électeurs français
08:59ont voté pour le Front républicain.
09:01Et on a une mémoire de Poisson Rouge. On l'a déjà oublié.
09:03Mais le fait que nous n'ayons pas
09:05un gouvernement de Front républicain est
09:07une trahison des élections.
09:09Merci beaucoup, Raphaël Glusman.

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