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Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval

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Transcription
00:00Quasiment à 19h sur CNews, merci d'être avec nous pour Face à Philippe Devilliers, cher Philippe, bonsoir.
00:06Bonsoir Eliott, bonsoir Geoffroy.
00:08Geoffroy Lejeune est avec nous comme chaque vendredi soir.
00:11Les informateurs bien informés, Philippe Devilliers, ont encore frappé.
00:14Ce n'est pas une photo d'enfance, ce n'est pas une archive, ce n'est pas une séquence d'un débat.
00:20Cet informateur bien informé est un média dont je tairai le nom, mais qui m'annonce une bonne nouvelle
00:26puisque avec 2,8 millions de visiteurs depuis le début de l'année et avant la fin de la saison début novembre,
00:33le Puy du Fou a déjà battu son record de fréquentation et c'était déjà l'année dernière.
00:40Félicitations.
00:42Merci beaucoup.
00:44Quand même, 2,8 millions.
00:48Moi, je ne suis pas étonné parce que les efforts qui sont faits par les uns et les autres,
00:55toute l'équipe autour de Nico, mon fils, sont tels que les fruits de l'excellence apparaissent
01:07et je pense qu'on est au tout début de l'aventure.
01:10Benjamin, vous savez qu'il travaille sur l'émission avec nous, me demande dans l'oreillette
01:15est-ce que nous sommes comptabilisés, est-ce que les poussins que vous nous avez offerts sont aussi comptabilisés dans les 2,8 millions ?
01:21Les poussins vont bien, je vous signale.
01:23C'est pour ça que je demande des nouvelles.
01:25Le problème pour Ben et vous, c'est que ça va faire deux coques.
01:30Il ne faut pas mettre deux coques dans le même poulet.
01:34Aïe, aïe, aïe.
01:36On va revenir en longueur parce qu'il y a une autre information très importante, Philippe Devilliers,
01:41c'est que Memoricid, votre livre, est déjà dans les librairies.
01:46Il est sorti quelques jours plus tôt, il est sorti ce vendredi.
01:49Vous savez ce qu'il s'est passé ?
01:51Ben non, racontez-nous.
01:52Le livre devait sortir le 30 octobre et il y a eu tellement de précommandes, comme on dit, de prédemandes,
02:00que Lisboël, l'EDG de Fayard, a décidé d'envoyer les camions dans la nuit et le livre est arrivé ce matin.
02:10Eh bien nous allons en parler en longueur dans la deuxième partie de l'émission.
02:15Mais avant cela, un sujet s'impose et c'est imposé à nous ces dernières heures.
02:20Plus qu'un sujet, c'est une proposition de la ministre de la Culture, Rachida Dati.
02:25Elle souhaite rendre l'entrée dans la cathédrale Notre-Dame de Paris payante un ticket à 5 euros,
02:32avec pour objectif d'utiliser les recettes pour sauver les églises de France.
02:37Proposition soutenue d'ailleurs par le ministre de l'Intérieur et des Cultes, Bruno Rotailleau.
02:41Voilà ce que dirait Rachida Dati.
02:43En faisant payer 5 euros seulement par visiteur, on récolterait 75 millions d'euros.
02:48Geoffroy Lejeune.
02:49On a l'impression que c'est le sens de l'histoire, la marche du progrès,
02:52que presque tout le monde est pour cette excellente idée.
02:56Alors Philippe, est-ce qu'il faut faire payer l'entrée de Notre-Dame de Paris ?
03:02Moi je suis indigné par son inculture.
03:10Il fut un temps où c'était l'église qui faisait la quête,
03:13et maintenant c'est l'État qui fait la quête.
03:16On est à fond renversé.
03:19Je vais vous dire pourquoi je suis indigné.
03:21D'abord parce qu'il faudrait que Esmeralda Dati connaisse l'histoire de Notre-Dame de Paris
03:28et l'histoire des lois françaises.
03:31Et notamment la fameuse loi de 1905,
03:35qui est une loi selon laquelle l'État récupère le patrimoine des cathédrales et des églises,
03:50et en contrepartie, selon l'article 17, sauf il y aura de ma part,
03:55impose l'idée qu'il n'y aura jamais de taxes et de redevances,
03:59et que l'entrée sera toujours gratuite.
04:01Donc il y a une sorte d'engagement mutuel, si l'on peut dire,
04:05confiscation des biens, c'est la loi de 1905,
04:10qui est dans le prolongement de la constitution civile de Clergé,
04:13et en même temps, en contrepartie, pas de taxes, pas de redevances.
04:18Donc là on est dans l'illégalité la plus totale,
04:21donc le dossier n'a pas été travaillé,
04:26de la part du ministère des Cultes et de la part du ministère de la Culture.
04:30Bon, ils n'ont qu'à se concerter, travailler,
04:32il y a des conseillers qui ont la spécialité quand même.
04:36Ensuite il y a un deuxième point.
04:42Alors j'ai trouvé le communiqué de Mgr Ulrich, l'archevêque de Paris,
04:48absolument remarquable, il faut le lire, le relire.
04:52Et notamment sur un point, c'est que l'église ne doit pas devenir un musée.
05:00Il y a une différence entre un musée et une église,
05:04je le dis à la ministre de la Culture, c'est que dans un musée,
05:09on paye et on voit des œuvres qui sont mortes.
05:14Et d'ailleurs, comme disait Chirac, on les fait mourir pour la deuxième fois,
05:17parce que quand on les décroche de la vie où elles étaient,
05:20on les sort de leur contexte vital.
05:26Mais dans une cathédrale, quand il y a le tombeau d'Isabelle de Hainaut,
05:31dans la neige, ou qu'il y a la couronne d'épines,
05:34est-ce qu'on taxe la couronne d'épines ?
05:37Est-ce qu'on taxe la prière ?
05:39Est-ce qu'on taxe l'élévation des âmes ?
05:43Et puis il y a une question plus fondamentale que ça.
05:46Je vous ai entendus hier tous les deux, vous étiez excellents avec William.
05:51Et vous avez dit une chose très juste.
05:54C'est un symptôme de la déchristianisation.
05:58Et le symptôme, c'est qu'en fait, la ministre de la Culture et le ministre de l'Intérieur
06:03sont tellement hors de ce qu'est la perspective historique de la civilisation française
06:09qu'ils disent ça avec candeur et bonne volonté.
06:13Mais en réalité, c'est quoi la cathédrale Notre-Dame-de-Paris ?
06:19C'est la maison de tous les Français.
06:23Malraux disait très bien qu'un monument historique cassé
06:29offrant ses façades au regard des passants
06:35n'est plus tout à fait la propriété de celui qui le peut.
06:40Tout à fait la propriété de celui qui le possède.
06:44Mais par une sorte de prescription acquisitive,
06:47il devient la propriété de ceux qui le regardent
06:53pourvu que ce soit un regard d'amour.
06:59Et donc Notre-Dame-de-Paris, comme disait Victor Hugo,
07:03c'est la maison de tous les Français.
07:07C'est-à-dire que ce vaisseau renversé, cette arche de Noé
07:12a accueilli nos forêts, nos jardins, jusqu'à nos grimaces
07:16qui sont devenues des gargouilles,
07:18nos transparences de l'âme immémoriale avec les vitraux.
07:28Et le peuple français a déposé ses chefs-d'œuvre
07:32dans ce haut lieu qui lui appartient.
07:36Alors il y a l'affectataire, l'évêque,
07:39et il y a le propriétaire en titre, l'État,
07:44mais le véritable propriétaire, c'est le peuple français.
07:48Et donc moi je dis, pas touche à Notre-Dame,
07:54si vous voulez trouver 75 millions d'euros,
07:56ce qui est absolument nécessaire,
07:58si vous voulez, moi j'ai des pistes.
08:00Par exemple, l'audiovisuel public
08:03a été augmenté de 75 millions d'euros cette année,
08:06on peut peut-être leur demander un peu de modération.
08:12Et c'est prière contre prière, vous voyez,
08:15entre l'audiovisuel public et Notre-Dame de Paris.
08:18Et donc qu'on laisse les pèlerins, qu'on laisse les touristes,
08:23qu'on laisse les passants, qu'on laisse les paroissiens,
08:26qu'on laisse même les réfugiés,
08:28qu'on laisse ceux qui trouvaient asile au Moyen-Âge dans les églises.
08:33L'église, c'est le lieu du refuge et de la supplication.
08:38Qu'on laisse, par les temps qui courent,
08:40les Français supplier comme ils l'entendent, gratuitement.
08:44Supplier pour que les hommes politiques
08:46retrouvent la tête et le cœur et la civilisation française.
08:52Philippe Devilliers, régulièrement vous avez abordé dans cette émission
08:55la lutte contre la drogue.
08:58On a appris qu'un député de la France Insoumise,
09:00député de Loire-Atlantique, Andy Kerbrat,
09:03avait été pris en flagrant délit d'achat de la drogue de synthèse 3-MMC,
09:10son dealer, un mineur.
09:12A droite, nombreux sont ceux qui appellent la démission.
09:15A gauche, beaucoup plaident l'accompagnement
09:17voyant en la consommation de drogue une addiction.
09:20Et cette affaire vous a rappelé une séquence des années 1970-1959,
09:26si mes souvenirs sont bons,
09:27avec l'un des plus grands comédiens de notre histoire,
09:31à savoir Bourville.
09:32Alors regardons la séquence,
09:34puis ensuite on va demander pourquoi vous avez pensé à cela.
09:40Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
09:42en tant que délégués de la Ligue anti-alcoolique,
09:49je vous parlerai de l'eau minérale,
09:56de l'eau ferrogineuse.
10:00L'eau ferrogineuse, comme son nom l'indique, contient du fer.
10:11Le dire, c'est bien, mais le faire, c'est mieux.
10:16L'alcool, non, mais l'eau ferrogineuse, oui.
10:23Rappelons que Bourville a eu un fils qui est devenu député, d'ailleurs.
10:26Philippe, pourquoi avez-vous pensé à cette séquence ?
10:28Pourquoi avez-vous pensé à Bourville ?
10:30Et quelle analyse, plus sérieusement, faites-vous de toute cette affaire ?
10:33C'est très simple.
10:35J'ai vu que le fameux député avait signé une pétition
10:44et qu'il militait contre la drogue.
10:49Il y a quatre jours.
10:51Et quatre jours après, il se fait gauler avec un mineur qui lui vende la drogue.
10:57Et donc, inévitablement, j'ai pensé à Bourville,
10:59parce que, si vous voulez, j'ai voulu la faire.
11:04L'alcool, non, l'eau ferrogineuse, oui.
11:09Alors maintenant, on va faire Kerbra, ensemble.
11:13La cam, non.
11:16La coke, oui.
11:22Les gens de l'LFI sont des militants tribuniciens qui vivent un oxymore de vie.
11:30Ils sont pour le féminisme et le catalan se fait coincer.
11:35Rima Hassan, problème financier, etc.
11:38Ils vivent deux vies à la fois, dans leur vie militante.
11:44En fait, leur rêve, ça serait de faire de l'Assemblée nationale une salle de shoot.
11:51Et à ce sujet, je voudrais dire ceci.
11:55J'ai quelques accointances parmi mes vieilles amitiés dans le milieu politique.
12:01Ce qu'on me dit, c'est que le médecin de l'Assemblée a beaucoup de travail en ce moment.
12:07C'est très sérieux.
12:10Et il y a un magistrat qui s'appelle Charles Prats, que vous connaissez,
12:16qui est tout à fait remarquable, ancien pilote d'avion.
12:20Et qui a dit ce matin, il faut faire comme pour les pilotes d'avion.
12:25Tous ceux qui ont les destinées du peuple en main,
12:29proposition reprise par Eliott d'ailleurs, au téléphone.
12:36En fait, deux avions à réaction.
12:39Charles Prats et Eliott de Val.
12:41Et alors, il a dit, les pilotes d'avion, on les contrôle, normal, ça rassure les passagers.
12:48Il faut qu'on contrôle les députés, les sénateurs, en fait tous ceux qui ont charge d'armes.
12:54Mais moi, je vais plus loin.
12:55Le problème de la drogue, c'est d'abord la consommation.
13:00Quelqu'un a dit récemment, les consommateurs du sang sur les mains.
13:04Et donc, en fait, comment Jean-Luc Mélenchon peut-il dire,
13:08Sandrine Rousseau peut-il dire, on attend que tu reviennes.
13:12Reviens-nous en forme.
13:15Et pendant ce temps-là, il y a les policiers de France,
13:18partout à Nice en ce moment notamment,
13:21qui mettent leur vie en jeu pour démanteler les trafics stupéfiants.
13:30Moi, ce qui me frappe là, c'est que la gauche,
13:38elle est en train de filer un très mauvais coton.
13:42Pourquoi ?
13:44Parce que dans les guerres qui sont menées ou mal menées par les pouvoirs publics,
13:52la gauche est du mauvais côté.
13:55Dans l'affaire du terrorisme islamique, quand il y a des appels à l'intifada,
14:02les députés de la France insoumise sont dans la rue,
14:06derrière celui qui appelle à l'intifada.
14:09L'intifada, c'est la guerre, c'est la guerre des pierres.
14:12Les mots ont un sens.
14:15Ensuite, dans l'affaire, dans le drame de Philippines,
14:18ils étaient du côté de l'OQTF en fait,
14:21parce qu'ils sont du côté de l'immigration invasive.
14:25Et dans l'affaire, dans le débat du narcotrafic,
14:30vous imaginez ce que peuvent penser les magistrats de Marseille
14:33qui ont dit, on a peut-être perdu la guerre.
14:37Et en fait, dans une société où il y aurait la poigne,
14:42comme disait, Peggy disait, le français est poignard.
14:47D'ailleurs, on voit bien dans les sondages, le français, il veut de la poigne.
14:50S'il y avait de la poigne,
14:52moi je pense qu'il faut envisager à terme l'interdiction de LFI.
14:59Parce qu'ils sont en train de se mettre au banc
15:03de toute forme de légalité, de légitimité.
15:06Si jamais ça va plus loin avec l'islamisme, avec l'intifada,
15:09si jamais ça va plus loin avec la drogue,
15:13si jamais ça va plus loin avec la délinquance de rue
15:16qui fait qu'on ne peut plus sortir de chez soi,
15:19ceux qui sont les collaborateurs, la cinquième colonne,
15:22il va falloir les regarder différemment.
15:27C'est un sujet qu'on pourrait traiter en longueur.
15:29Revenir sur justement ce que vous pensez,
15:32l'analyse que vous faites de la France insoumise.
15:35On ne s'attendait pas à ce qu'on ait une telle déclaration à l'instant.
15:40Avançons un peu dans notre émission.
15:43Philippe Devilliers, vous êtes dans l'actualité également
15:46et à l'actualité internationale.
15:48Revenons sur la 16ème réunion des BRICS à Kazan, en Russie.
15:52Première réunion depuis l'élargissement du groupe en 2023.
15:55Je rappelle que dans ces BRICS s'ajoutent l'Égypte, l'Iran,
15:58les Émirats Arabes Unis et l'Éthiopie.
16:00Une attractivité grandissante et un ordre mondial bouleversé.
16:04Je vous propose d'écouter Xi Jinping, le chef d'État chinois.
16:11Nous devons être une force stabilisatrice pour la paix,
16:14renforcer la gouvernance en matière de sécurité
16:16et explorer des solutions aux principaux problèmes
16:19qui s'attaquent à la fois à leurs symptômes et à leurs causes profondes.
16:24Geoffroy Lejeune.
16:25Vous en avez souvent parlé ici, Philippe,
16:27mais est-ce que vous croyez qu'aujourd'hui,
16:28les images qu'on vient de voir sont en train d'annoncer le basculement du monde ?
16:31Incontestablement, oui.
16:37Elles me font penser à ce que j'ai vécu.
16:39Le 9 novembre 1989, c'est la date clé.
16:43Ce jour-là, on nous annonce le nouveau monde.
16:48Je me souviens du solo de Rostropovich,
16:52solo de violoncelle, émouvant, magnifique.
16:56Et dans les jours qui suivent, c'est l'euphorie.
17:00Dans tout le monde occidental, le mur est tombé.
17:03C'est fini.
17:04C'est fini.
17:07Et là, en fait, qu'est-ce qui se passe ?
17:11Toutes les nomenclatures de l'Occident prononcent les mêmes mots.
17:16En reprenant le mot de Laurent Fabius,
17:18nous allons toucher les dividendes de la paix.
17:22On croit à la paix perpétuelle par le commerce.
17:25Enfin, le libéralisme triomphe.
17:29Et tout le monde écoute, lit, relit Fukuyama, l'historien,
17:33il dit l'histoire est finie.
17:35On a mille ans de paix devant nous
17:38parce qu'on va vers un monde unifié et unifié par le commerce.
17:44Il n'y aura plus de frontières,
17:46il n'y a plus besoin d'avoir des nations.
17:51Et c'est d'ailleurs ce qui s'est passé pendant un certain temps.
17:55Sauf que ce nouveau monde est en train de devenir l'ancien monde.
18:01Pourquoi ? Parce qu'il y a trois phénomènes
18:04qui sont intervenus depuis une dizaine d'années et qui s'accélèrent.
18:10Le premier, c'est le retour des états-puissances
18:14avec le retour des logiques de puissance.
18:17C'est-à-dire, pour prendre une image,
18:20les Turcs rêvent de l'Empire Ottoman, à nouveau.
18:25Les Perses rêvent, les Iraniens rêvent de l'Empire Perse.
18:31Les Chinois rêvent de l'Empire du Milieu
18:35et les Russes rêvent de l'accès aux mers chaudes.
18:39On a l'impression de revivre ce que Kissinger appelait
18:45le retour du monde néo-westphalien.
18:49Le deuxième phénomène, c'est le différentiel de natalité
18:58qui a lui-même un basculement du monde
19:01puisque l'écart démographique est en train de se creuser
19:06entre le nord et le sud.
19:08Le nord, sous l'effet de l'hédonisme et du nihilisme d'État,
19:14se stérilise et planifie dans l'euphorie et l'insouciance
19:20sa propre disparition.
19:23Pendant que le sud se déverse dans le nord,
19:26et vit d'une idéologie nouvelle qui est l'idéologie de la revanche
19:35et qui est une réplique du traité de Tordesillas.
19:41Tordesillas, c'est 1494, deux ans après la découverte
19:45des Amériques par Christophe Colomb.
19:48Sous la férule du pape, on prend un méridien
19:51et on divise le monde en deux, les Portugais, les Espagnols.
19:57Et c'est la grande civilisation, la grande colonisation du monde.
20:04Et là, c'est la revanche.
20:07Le sud global, en fait, c'est la revanche de Tordesillas,
20:12c'est-à-dire on va décoloniser le nord, disent-ils,
20:19et on va peut-être le recoloniser.
20:22Et c'est ce qui est en train de se préparer.
20:24Et le troisième élément, et là on touche aux images que vous avez montrées,
20:28c'est que c'est la défaillance, la grande défaillance
20:34des institutions internationales, l'ONU, l'OMC,
20:39la Cour pénale internationale, etc.
20:42Ils n'ont plus de dimension prescriptive,
20:46on ne les écoute plus, on ne leur obéit plus.
20:52Et par rapport à cela, qu'est-ce qui se passe ?
20:54De nouvelles institutions sont en train de naître, dont les BRICS.
20:58À 15 ans, vous vous rendez compte, il y avait le Brésil,
21:06B, la Russie, R, l'Inde, I, la Chine, C, S, Afrique du Sud.
21:1822 pays.
21:20Donc la moitié du monde en fait, la moitié de la population mondiale.
21:24Et leur idée, l'idée des BRICS,
21:29elle est d'installer petit à petit un nouvel ordre international post-occidental.
21:40Sur le plan commercial, fin de l'OMC,
21:44sur le plan monétaire, la dédollarisation du monde,
21:48c'est en cours, ça y est, c'est parti.
21:51Sur le plan financier, et naturellement sur le plan géopolitique.
21:57Et donc notre vision du monde, et je suis content que vous m'ayez posé cette question
22:00parce que c'est quelque chose qui me hante.
22:04Je vois ce monde qui bascule, et nous en fait, de quoi on s'occupe ?
22:09On s'occupe, sans en parler jamais, du conflit de l'Ukraine.
22:15Et en disant, Poutine est isolé, les sanctions font leur effet, etc.
22:18On a tout faux.
22:22Justement, très rapidement, Philippe Devilliers, avant la publicité,
22:25pour qu'on puisse revenir en longueur sur votre ouvrage,
22:28dans ce sommet à Cazan, autour de Vladimir Poutine,
22:32en plein conflit contre l'Ukraine, conflit qui est de moins en moins,
22:35vous avez raison de le dire, traité dans les médias.
22:38Où en sommes-nous, Philippe Devilliers, et que devrait faire la diplomatie française ?
22:43Alors, d'abord, où en sommes-nous, je vais vous répondre sur le terrain,
22:48pour autant qu'on puisse le savoir.
22:50Sur le terrain, ça va plutôt bien pour les Russes,
22:54et ça va plutôt mal pour les Ukrainiens.
22:57Pour les Ukrainiens, il y a plusieurs critères.
23:00D'abord, on voit bien qu'ils reculent, ils perdent des kilomètres carrés toutes les semaines.
23:08Ensuite, l'opération de Kourks a été une victoire à la Pyrus,
23:14ils sont pris dans ce qu'on appelle, dans la logomachie des militaires,
23:18un phénomène de chaudron.
23:21Et enfin, et surtout, ça m'a intéressé de lire ça dans la presse,
23:25l'âge du recrutement est maintenant de 40 ans.
23:30Donc il n'y a pas de réserve.
23:32En face de ça, on a la Russie, les sanctions ont échoué.
23:36Non seulement elles ont échoué, mais,
23:40il y a une expression chez moi, chez les paysans orliens,
23:42qui va peut-être choquer, mais tant pis,
23:44la pisser sur une clôture.
23:46Ça, ça veut dire l'effet boomerang.
23:50Il ne faut pas pisser sur une clôture.
23:52On a dit, on va sanctionner les Russes,
23:54on va arrêter de se fournir en gaz russe.
23:57Ils se marrent.
23:58Non, pas du tout, j'écoute attentivement.
24:02On va arrêter de se fournir en gaz russe.
24:04Et du coup, on achète le gaz américain.
24:06Et les grands vainqueurs, c'est l'Amérique.
24:08Et on le paye trois fois plus cher.
24:10Donc les sanctions, chapeau.
24:12C'est de la belle ouvrage, comme on dit.
24:14Ensuite, l'isolement de la Russie.
24:16Alors là, on vient de le voir,
24:18l'isolement de la Russie.
24:20La moitié du monde, dont la Chine et l'Inde.
24:22Il faut être sérieux.
24:24Et enfin, si vous comparez,
24:26j'ai cherché à savoir,
24:28quand les Ukrainiens tirent un obus,
24:30combien les Russes tirent d'obus ?
24:32Dix.
24:36Donc, il faut faire la paix.
24:38Il faut, premièrement,
24:40arrêter tout ce discours
24:42sur l'idée d'envoyer
24:44des missiles balistiques
24:46à longue portée sur la Russie.
24:48Parce que la doctrine nucléaire
24:50de Vladimir Poutine est en train de changer.
24:52Ce n'est plus une doctrine de non-emploi,
24:54c'est une doctrine d'emploi.
24:56Pas le temps de développer,
24:58pas le temps de faire venir.
25:00Donc, il faut faire attention.
25:02Et ensuite, la France devrait sentir
25:04que les choses vont se dénouer.
25:06Soit elle se dénoue sans elle,
25:08soit elle reprend l'initiative.
25:10Et c'est la conférence de Paris.
25:12Et on fait la paix.
25:14Pourquoi ? Parce qu'on ne va pas
25:16continuer à écrire notre avenir
25:18sur le continent américain,
25:20nous, l'Europe.
25:22Il faut écrire notre avenir
25:24sur le continent européen.
25:26La Russie, les Russes sont en Europe.
25:28Et ce n'est pas la peine
25:30de les envoyer en Asie.
25:32Ils ne resteront pas, ils sont en Europe.
25:34Il faudra faire l'Europe de l'Atlantique à l'Oral.
25:36Un jour ou l'autre.
25:38La publicité.
25:40On revient dans un instant
25:42pour la deuxième partie
25:44face à Philippe Devilliers.
25:46Un peu plus de 19h30 sur CNews
25:48pour la suite de Face à Philippe Devilliers.
25:50Toujours avec Philippe, bien sûr,
25:52et Geoffroy Lejeune.
25:54Toute la seconde partie de l'émission
25:56l'accorde à votre ouvrage
25:58qui devait sortir
26:00quelques jours plus tard est désormais
26:02dans les librairies dès ce vendredi.
26:04Rappelez peut-être pour les téléspectateurs
26:06qui nous rejoignent à l'instant
26:08que c'est ce vendredi
26:10que Memoricide
26:12est disponible
26:14dans les librairies.
26:16Première question, Philippe Devilliers,
26:18comment définissez-vous votre livre
26:20et quel est le filigrane ?
26:22D'abord,
26:24Memoricide, c'est quoi ?
26:26C'est un attentat à la mémoire
26:28et donc à la civilisation.
26:30Mon livre,
26:32je l'ai écrit
26:34comme un viatique de survie.
26:38Un viatique, c'est
26:40une provision pour le voyage.
26:44Et un viatique de survie,
26:46pour moi, c'est
26:48une provision de piolets
26:50pour les âmes en altitude
26:52qui entreprennent
26:54de grimper le long
26:56de la paroi
26:58et pour lutter contre les éboulis,
27:00il faut leur fournir
27:02des piolets solides.
27:04Et moi, c'est ce que
27:06j'essaye de faire avec ce livre.
27:08En fait,
27:10j'ai
27:12voulu
27:16faire un panorama
27:18général
27:20de ce qu'était la situation
27:22de la France.
27:24Un pays, c'est une romance.
27:28On a perdu
27:30un droit fondamental,
27:32le droit
27:34de rechercher et de le faire
27:36vivre en soi
27:42le légendaire,
27:44l'imaginaire
27:46qui ont
27:48fixé dans le temps
27:50un romanesque
27:52qui vient
27:54embraser
27:56le roman de nos vies.
28:00C'est complexe, un pays,
28:02un vieux pays comme la France.
28:04J'essaye de le définir ainsi.
28:06Il est victime d'un attentat.
28:08Je dis un pays,
28:10c'est une romance, en fait, portée
28:12par une mémoire salvatrice,
28:14qui sauve la mémoire qui s'en va,
28:16la mémoire qui revient et qui sauve.
28:18Qu'est-ce que ça veut dire, la mémoire salvatrice ?
28:20Ça veut dire
28:22une mémoire qui
28:24nous délivre de la mémoire pénitentielle.
28:26La mémoire pénitentielle,
28:28c'est quand on nous met
28:30en demeure
28:34de battre
28:36notre culpe
28:38sur la poitrine de nos ancêtres.
28:40Et la mémoire salvatrice,
28:42c'est une mémoire qui nous délivre
28:44aussi de la mémoire
28:46invertie,
28:48c'est-à-dire
28:50quand on nous invite
28:52à vivre à l'envers de nos pères,
28:54de nos mères, de nos repères,
28:56de nos ferveurs.
28:58La mémoire salvatrice,
29:00elle nous rend
29:02la symbolique,
29:04la grandeur,
29:06l'élégance, les afflorements de temps.
29:08La mémoire salvatrice s'enfouit
29:10les ferveurs,
29:12tout ce qui fait le sel de la vie.
29:16Et
29:18en écrivant ce livre,
29:20j'ai pensé et repensé au moment
29:22où Clovis
29:24est catéchumène à Reims.
29:26Il écoute,
29:28ils vont à la vigne avec
29:30l'évêque Vigneron
29:32et il entend
29:34l'évêque Vigneron qui lui dit
29:36ce que l'écrivain
29:38Grec Polybe avait déjà dit d'ailleurs.
29:40Toutes les sociétés obéissent
29:42à la même loi
29:44quand elles ont cessé de vivre
29:46de leur raison d'être et que
29:48l'idée même
29:50qui les a fait naître
29:52leur est devenue comme étrangère,
29:54elles se démolisent de leurs propres mains.
29:56Le premier
29:58symptôme
30:00dit l'évêque Rémy,
30:02c'est la honte.
30:04Quand on a
30:06honte d'avoir existé,
30:08quand on a honte d'avoir
30:10été brillant et convoité,
30:12nous y sommes.
30:14C'est mon lieu.
30:16Geoffroy Lejeune.
30:18Alors votre livre est
30:20conçu en trois parties, vous parlez d'ailleurs de
30:22trois mémoricides, est-ce que vous pouvez nous expliquer
30:24assez rapidement, enfin assez rapidement non d'ailleurs,
30:26pourquoi trois mémoricides et lesquels ?
30:28Alors le premier
30:30mémoricide, c'est le mémoricide
30:32de
30:34la matrice
30:40millénaire de la France.
30:42C'est Robespierre,
30:44c'est la terreur.
30:46La fameuse phrase de Robespierre,
30:48quand j'ai vu à quel point l'espèce humaine
30:50était dégradée, je me suis
30:52convaincu moi-même de la nécessité
30:54d'un recommencement absolu
30:56de l'humanité.
30:58Un recommencement absolu de l'humanité.
31:00On efface tout, on recommence.
31:02Tabula rasa.
31:04Et en écho, il y a Saint-Just qui arrive et qui
31:06dit le bonheur est une idée
31:08neuve en Europe. Ça veut dire qu'en fait
31:10nous ne sommes
31:12pas devant un
31:14changement de régime,
31:16en tout cas pas seulement, nous sommes
31:18devant un changement de religion.
31:20Par la dépuration
31:22cathartique de l'homme,
31:24la révolution française
31:26s'apparente à une annonciation de type
31:28eschatologique.
31:30Et d'ailleurs, les sans-culottes
31:32utilisent une sémantique
31:34théologique.
31:36Celle qui a très bien vu ça, c'est Mona Ozouf dans
31:38le Dictionnaire Critique avec François Furet.
31:40C'est magnifique ce qu'elle dit. Elle résume
31:42ainsi les choses.
31:44Il s'agit
31:46d'enserrer chaque
31:48individu dans un tissu de plus
31:50en plus serré de gestes,
31:52de rites, de croyances
31:54pour rivaliser
31:56avec l'emmaillotage ancien.
32:00Ça, c'est le premier méoricide.
32:02C'est qu'on n'a plus le droit
32:04de penser à avant
32:06et de glorifier l'avant.
32:08Sauf que
32:10les historiens
32:12républicains, comme je le disais récemment,
32:14après Sedan,
32:16sont orphelins, ils ont la gueule de bois
32:18et ils se disent qu'est-ce qu'on fait, on n'a plus de fédérateur.
32:20Il n'y a plus le Saint-Crème, il faut
32:22qu'on invente un Saint-Crème de substitution, c'est le roman national.
32:26Et le roman national, en fait,
32:28il va
32:30produire des fruits inattendus.
32:32Il va réunir les Français.
32:34Il va
32:36retrouver l'unité.
32:38Si vous me permettez juste une anecdote.
32:40Allez-y, bien sûr.
32:44Dans le grenier de Chambretaud,
32:46d'un paysan de Chambretaud,
32:48on a retrouvé, en 1977,
32:50un drapeau
32:52qui était le drapeau de la classe 14,
32:54les conscrits de 14.
32:56Et les conscrits de 14, c'était deux classes,
32:58il y avait l'école libre et l'école publique.
33:00Ils sont partis ensemble, dans le même train,
33:02aux épaisses, à la gare des épaisses,
33:04pour Verdun. Et ils sont morts
33:06ensemble. Ils sont morts ensemble.
33:08Et ils ont crié
33:10« Ensemble vive la France », et ils ont chanté
33:12ensemble la marseillaise.
33:14Et sur le drapeau, qu'est-ce qu'il avait décrit ?
33:16Le drapeau, il est dans le spectacle,
33:18symboliquement. « Quand la France
33:20voudra ».
33:22Donc vous vous rendez compte de ce que le roman
33:24national a été capable de faire
33:26pour la France.
33:28Et puis, comme je le disais,
33:30Cohn-Bendit est arrivé, mai 68,
33:32court camarade, le vieux monde
33:34est derrière toi. C'est fini.
33:36Ça, c'est le deuxième mémoricide,
33:38mai 68.
33:40Et mai 74,
33:42avec Giscard qui m'avait dit un jour
33:44« Il faut sortir
33:46la France de l'histoire, puissance moyenne,
33:48pour
33:50abriter du malheur ».
33:52Donc, l'histoire,
33:54discipline des veilles, c'est fini, on ne
33:56transmet plus.
33:58Et le troisième mémoricide, on est en train de le vivre.
34:00Le troisième mémoricide,
34:02c'est plus le mémoricide
34:04de la matrice, c'est le premier
34:06mémoricide. C'est plus le mémoricide
34:08de l'imaginaire, c'est le deuxième mémoricide.
34:10Là, c'est le mémoricide
34:12du passé tout entier.
34:14Et même du présent.
34:16C'est le mémoricide
34:18de Woke.
34:20C'est la
34:22criminalisation du passé.
34:24C'est-à-dire, vous les
34:26Français,
34:28vous avez
34:30fondé votre prospérité
34:32sur l'esclavagisme
34:34et le colonialisme. Donc, il est temps
34:36pour nous de vous
34:38décoloniser et de vous
34:40recoloniser. Et là, on rejoint
34:42le sud global.
34:44Et le mouvement Woke
34:46s'en prend
34:48à l'occidental
34:52et aux Français
34:54qui cherchent
34:56à tirer les leçons du passé
34:58et qui veulent en retirer
35:00un peu de gloire,
35:02un peu de sucre,
35:04un peu de ferveur.
35:06Nous sommes
35:08interdits désormais de notre passé.
35:10Et que fait la classe politique en face
35:12du mouvement Woke ? Rien.
35:14Je vais vous donner un exemple. Hier, il y avait
35:16le secrétaire d'État
35:18contre les
35:20discriminations.
35:22Oui, c'est ça.
35:24Et, à la fin,
35:26Romain Desarble
35:28lui dit
35:30« Mais alors,
35:32c'est quoi ?
35:34Comment protéger
35:36l'intégration ? »
35:38Alors, il dit « C'est simple,
35:40les valeurs de la République. »
35:42Alors, là, je tends l'oreille, moi.
35:44Parce que j'ai toujours pas compris.
35:46Donc, peut-être que là, je vais comprendre.
35:48Comme c'est un gars de droite, apparemment.
35:50Et là, il dit, il énumère,
35:52il dit « La laïcité. »
35:56Ensuite, il dit « L'égalité
35:58homme-femme. » Bon, bah oui, ça va de soi, oui.
36:00Et enfin, « Le respect des orientations
36:02sexuelles. »
36:04Et alors, j'attends le quatrième, la France,
36:06mais il vient pas.
36:08Donc, vous vous rendez compte que nos hommes politiques
36:10ne prononcent plus le mot « France ».
36:12Et c'est pourquoi
36:14mon livre
36:16risque d'être lu
36:18par beaucoup de Français
36:20qui se sentent étrangers dans leur propre
36:22pays.
36:24– Je me permets juste de vous relancer.
36:26Je voudrais pas dévoiler tout ce qu'il y a dans le livre
36:28et je pense que les gens qui nous regardent voudront
36:30se faire leur propre opinion, mais il y a quelque chose
36:32qui est très frappant dans votre ouvrage,
36:34c'est que vous êtes présent, en fait,
36:36dans beaucoup, beaucoup des
36:38étapes que vous venez de décrire.
36:40Par exemple, Sciences Po, vous êtes
36:42un ancien de Sciences Po, vous avez vu le passage,
36:44la construction européenne, vous avez une confidence
36:46d'un ancien Premier ministre qui vous dit,
36:48qui vous permet de tirer ce que vous appelez le fil
36:50du mensonge. Vous êtes au mur de Berlin,
36:52vous êtes un peu partout. En fait, est-ce que vous avez
36:54le sentiment d'avoir été, vous, un des témoins
36:56privilégiés de cet effondrement ? Et d'ailleurs,
36:58je précise que vous racontez aussi
37:00une résurrection possible
37:02dans la dernière partie du livre.
37:04– C'est-à-dire qu'en fait, moi, j'ai eu
37:06une vie de survie.
37:08Sur le tard, une vie d'auteur
37:10qu'on appelle écrivain.
37:12Mais avant, j'ai eu une vie
37:14de gouverneur territorial, la Vendée,
37:16c'est là où j'ai créé le Vendée Globe, tout ça.
37:18J'ai eu une vie de
37:20lanceur d'alerte au niveau national.
37:22Et
37:24j'ai rencontré beaucoup de gens
37:26et j'ai vu beaucoup de choses
37:28et j'ai tout retenu, en fait.
37:30Pourquoi ? Parce que j'étais
37:32dans l'urgence, en fait. J'ai vécu dans l'urgence.
37:34Je sentais
37:36les éboulis le long du mur,
37:38le long de la paroi, vous voyez.
37:40Et j'ai essayé,
37:42à travers ce livre,
37:44à chaque fois
37:46de raconter
37:48comment j'ai vu les choses à l'époque,
37:50comment je les vois aujourd'hui.
37:52Et c'est terrible de se dire
37:54j'avais vu juste.
37:56C'est terrible, j'aurais préféré
37:58me tromper.
38:00– Un de vos chapitres s'intitule
38:02« La droite coure après la gauche déchue ».
38:04Pourquoi ce néologisme,
38:06Philippe de Villiers, la droite ?
38:10– Le clivage
38:12droite-gauche, j'explique ça
38:14pour avoir bien connu la droite et la gauche
38:16dans leur évolution,
38:20ce n'est pas qu'un héritage historique.
38:26C'est aussi une réalité
38:28actuelle
38:32qui est fondée sur
38:34l'idée suivante.
38:36La droite c'est le réel,
38:38la gauche refuse le réel,
38:40c'est le refus du réel.
38:42C'est la phrase de Faust,
38:44de Méphisto,
38:46« Je suis l'esprit qui toujours nie ».
38:48La gauche nie,
38:50la droite affirme.
38:54Et pour les temps qui viennent,
38:58ce clivage prend une autre allure.
39:02C'est la limite et la non-limite.
39:06La droite pose la question
39:08« Pourquoi ? ».
39:10La gauche pose
39:12la question « Pourquoi pas ? ».
39:14C'est la différence
39:16entre la limite et l'illimitation.
39:20Parce que la droite croit
39:22à un ordre naturel
39:24qui borne l'homme
39:28en ses sagesses.
39:30La gauche ne croit pas
39:32en les sagesses de l'homme,
39:34elle croit à l'aventure,
39:36au progressisme transgressif.
39:38Or, qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?
39:42C'est ce que je raconte dans mon livre.
39:44Aujourd'hui,
39:46sur les trois grandes questions
39:48vitales,
39:50la droite
39:52est victime de ce que
39:54La Fontaine appelait
39:56dans « Le renard et les poulets d'Inde »
39:58le phénomène de l'hypnose.
40:00Vous savez, les renards,
40:02les poulets d'Inde
40:04qui regardent le renard
40:06qui tourne,
40:08ils sont tellement sous hypnose
40:10qu'ils s'endorment et ils les mangent.
40:14Et là, tout à l'heure,
40:16quand je voyais les Barniers
40:18qui annonçaient qu'on allait vivre
40:20dans le noir à cause du climat,
40:22que ce serait Dakar,
40:24à Nice, etc.
40:26Je me suis dit que ça n'allait pas à la tête.
40:32On court après les écolos,
40:34on court après tout le monde,
40:36on court après la gauche.
40:38Et en fait, j'ai dit trois questions.
40:40Première question, la souveraineté.
40:42Alors là, je l'ai vécue au premier rang,
40:44en 1992,
40:46c'est Mitterrand qui mène la danse,
40:48Chirac le rejoint,
40:50Giscard le rejoint,
40:52l'UDF le repère,
40:54cette phrase fameuse que je rappelle,
40:56la droite et la gauche sont
40:58deux détaillants qui se fournissent
41:00chez le maire Megrossis qui tient boutique à Bruxelles.
41:02Donc sur la question de la souveraineté,
41:04sur la question de la nation,
41:06moi qui ai connu Perchit, Pasqua, etc.,
41:08et Séguin,
41:10c'est fini.
41:12Deuxième question,
41:14la question de l'impôt et de la liberté.
41:16La droite, elle a toujours
41:18considéré que
41:20la valeur précède la valeur ajoutée.
41:22Elle n'est pas marxiste.
41:24Marx dit que ce sont les infrastructures
41:26qui produisent les superstructures,
41:28c'est ce que croit la gauche.
41:30La droite croit l'inverse,
41:32elle croit que c'est la superstructure
41:34qui crée les infrastructures.
41:36Donc la valeur, parce que la valeur,
41:38elle donne la fierté de créer,
41:40et donc l'aptitude à créer.
41:42Mais la droite, elle croyait aussi que
41:44c'est la sphère privée qui crée la richesse,
41:46c'est pas la sphère publique qui la consomme.
41:48Là, elle ne croit plus ça.
41:50On voit que maintenant, on veut taxer la prière
41:52à Notre-Dame de Paris,
41:54ils sont à la taxo-mani,
41:56et pas simplement
41:58à la toxicomanie.
42:00Et donc,
42:02et troisièmement, alors c'est le plus frappant
42:04en ce moment,
42:06c'est le progressisme
42:08transgressif.
42:10La droite s'est excusée,
42:12vous l'avez vu, vous l'avez entendu,
42:14d'avoir combattu
42:16pour la vie,
42:18avec la question de l'avortement,
42:20elle s'est excusée d'avoir manifesté
42:22pour la famille et contre le mariage homosexuel,
42:24et elle s'est,
42:26elle est en train d'excuser
42:28de se battre pour les soins palliatifs,
42:30et de se rallier
42:32au projet de loi sur l'euthanasie.
42:34En d'autres termes,
42:36la droite,
42:38aujourd'hui,
42:40c'est un composé
42:42de ce qu'elle était jadis,
42:44et de ce qu'elle est devenue avec la gauche,
42:46c'est un magma en fusion,
42:48la droite,
42:50c'est la contraction des deux mots,
42:52un peu de droite et beaucoup de gauche,
42:54la droite.
42:56Vous avez parlé de la droite, parlons de la gauche à présent,
42:58pourquoi selon vous, et c'est ce que vous exprimez
43:00dans votre livre, pourquoi la gauche
43:02est-elle déchue ?
43:06Elle est déchue parce qu'elle a muté.
43:08Là aussi j'ai vécu,
43:10je pourrais raconter des choses extraordinaires,
43:12mais on n'a pas le temps, il nous reste un peu de temps, non ?
43:14Il nous reste 12 minutes.
43:16Ah, bon.
43:18Alors elle a muté,
43:20il y avait deux mythes.
43:24Le premier mythe, c'était
43:26le mythe du grand soir,
43:28avec l'appropriation
43:30collective des moyens de production.
43:34J'ai vécu ça en 1981,
43:36c'est pas vieux.
43:40Et le deuxième mythe, c'était le mythe du prolétariat.
43:44Qui allait vaincre dans la lutte des classes.
43:48Et...
43:50Qu'est-ce qui s'est passé ?
43:52Tout a basculé.
43:54Et je vais vous dire comment.
43:58En juin 1984,
44:00François Mitterrand
44:02réunit ses collaborateurs
44:04et leur dit, voilà,
44:06il faut maintenant expliquer
44:08aux Français.
44:10Et alors comment ?
44:12On va faire une émission de télévision.
44:14Il commande à l'ORTF
44:16une émission qui va être vue par
44:1822 millions de téléspectateurs.
44:20En coproduction avec
44:22le journal Libération.
44:26Et cette émission s'appelle
44:28« Vive la crise ».
44:30Et je connais bien cette émission,
44:32puisqu'on est venu nous voir
44:34et on m'a dit,
44:36voilà,
44:38il y aura deux parties dans l'émission.
44:40La première partie, ce sera « La crise est un drame ».
44:42On décrit le drame.
44:44Et deuxième partie,
44:46« La crise est une chance ».
44:48Et là, il y aura la bonne nouvelle
44:50après la crise.
44:52La bonne nouvelle après la crise, c'est Le Puy du Fou.
44:541984.
44:58Et alors Le Puy du Fou, pourquoi ?
45:00Parce que c'est un modèle yougoslave,
45:02autogéré,
45:04modèle associatif,
45:06un capitalisme sans capitale,
45:08« Small is beautiful »,
45:10il y avait tout le truc de la gauche caviar, etc.
45:12Et moi, j'étais couvert de lauriers
45:14et la gauche caviar me portait
45:16comme une icône.
45:18À un moment donné, je dis stop, on arrête,
45:20parce qu'il y a une ambiguïté quelque part.
45:22Mais si j'avais voulu être
45:24de gauche, moi j'aurais réussi.
45:26Ça c'est à côté d'une belle carrière.
45:28Et donc « Vive la crise ».
45:30Et alors Yves Montand, qui est venu ensuite au Puy du Fou,
45:32il m'a raconté les dessous
45:34de l'émission, c'est tordant.
45:36Et alors il y avait Libération,
45:38qui a fait un numéro spécial
45:40à la gloire du Puy du Fou, etc.
45:42Pourquoi je vous raconte cette histoire ?
45:44Pas simplement pour l'anecdote qui est drôle,
45:46mais aussi
45:48parce que Mitterrand a dit
45:50« Il faut que le filigrane
45:52de l'émission s'assoie, on ne peut plus rien
45:54pour vous, l'État ne peut plus
45:56rien pour vous, il faut accepter
45:58la globalisation libérale. »
46:00Donc c'est la fin du
46:02socialisme national,
46:04il faut accepter
46:06la globalisation libérale. Ça veut dire quoi ?
46:08Ça veut dire que
46:10le protectionniste est déclaré
46:12pécamineux
46:14par les démocrates chrétiens
46:16de l'ultralibéralisme, du mondialisme,
46:18de l'or, Kansu et tous les autres.
46:22Et l'ouverture
46:24est une vertu.
46:26C'est la première de toutes les vertus.
46:28Ça donne quoi ?
46:30Ça donne
46:32l'hémorragie des délocalisations,
46:34donc
46:36la fin de la classe ouvrière
46:40et la nécessité
46:42de trouver une clientèle de substitution.
46:44Et c'est le coup de génie
46:46de Mitterrand, le deuxième coup de génie
46:48après l'émission.
46:50Il convoque ses proches,
46:52avec plus Bernard-Henri Lévy
46:54et quelques
46:56arc-comptes
46:58du système,
47:00et il leur dit
47:02voilà, je veux qu'on épingle
47:04dans toutes les écoles de France,
47:06à toutes les boutonnières de tous les élèves
47:08de France, une petite
47:10main jaune. En d'autres
47:12termes, la petite main jaune
47:14va remplacer l'étoile jaune.
47:16La petite main jaune va
47:18succéder à l'étoile jaune.
47:20Désormais,
47:22les migrants sont les nouveaux
47:24juifs.
47:26Le migrant va
47:28devenir le nouveau prolétaire, puisque les anciens
47:30prolétaires sont livrés à la mondialisation
47:32sauvage, sans aucun scrupule.
47:34Le peuple
47:36migrant devient le peuple élu,
47:38le nouveau peuple élu.
47:40Et donc,
47:42il y a une nécessité vitale pour la gauche
47:44d'avoir
47:46une immigration massive, pour avoir une
47:48clientèle qui compense la perte de clientèle
47:50du monde ouvrier qui a été
47:52liquidée par la mondialisation sauvage.
47:54Celui qui m'a raconté
47:56tout ça, c'est mon
47:58ancien prof d'histoire
48:00qui s'appelait
48:02Max Gallo.
48:04Je ne sais pas si on a le temps
48:06de le raconter, ou
48:08on peut le faire une prochaine fois.
48:10Rapidement, s'il vous plaît. Max Gallo
48:12me dit qu'on était dans un avion
48:14à 10 000 km d'altitude,
48:16au-dessus des rizières de l'Inde,
48:18et
48:20au-dessous de nous, il y avait la misère,
48:22le type qui barbotait dans l'eau,
48:24c'était les Indiens,
48:26et nous, c'était
48:28tout à fait différent.
48:32En bas, il y avait la misère,
48:34nous, c'était le caviar.
48:36Il y avait Attali, qui
48:38soufflait des formules au président de la République.
48:40Moi, j'étais le
48:42porte-parole de la présidente de la République,
48:44dont je notais,
48:46et le sujet, c'était
48:48sus au capitalisme
48:50prédateur. Et alors, il y avait
48:52Attali,
48:54il y avait des petites secousses,
48:56Attali, il avait dans une main, dans la main gauche,
48:58une flûte d'om Pérignon,
49:00et il criait
49:02non au capitalisme sans entrailles,
49:04et dans l'autre main, il avait un toast
49:06de
49:08caviar de l'Oural.
49:10Et il y avait l'hôtesse qui essayait
49:12de servir, etc.
49:14Et il dit, j'avais envie de vomir, moi, le petit
49:16immigré italien qui
49:18voyait la France comme une parousie,
49:20et j'ai compris ce jour-là ce qu'était
49:22l'hypocrisie d'État. Je suis parti.
49:24Vous terminez votre
49:26livre par un message d'espoir,
49:28Philippe Devilliers, et c'est
49:30pourquoi je
49:32vous disais qu'il nous restait quand même un peu
49:34de temps.
49:36Quel est ce message d'espoir
49:38qui se dégage à travers ce
49:40livre ?
49:42D'abord, je voudrais dire que le pays s'approche
49:44de l'abeillance,
49:46de la désaffiliation en général,
49:48et je me souviens
49:50de plus en plus souvent de
49:52Pierre Chaunut,
49:54qui me
49:56disait, en fait, pourquoi
49:58l'enfant est la ligne de
50:00flottaison de l'espoir d'une société ?
50:02Parce que, ajoutait-il,
50:06quand il n'y a plus assez de transmetteurs,
50:08la transmission
50:10se perd
50:12et de
50:14manière physiquement
50:16irrémédiable, et
50:18cela préfigure
50:20un mouvement
50:22centrifuge
50:24de décivilisation. Nous y sommes.
50:26Hommes d'un autre
50:28temps, je me sens devenir
50:30étranger à celui-ci.
50:32Je sais que
50:34quand je partirai,
50:36j'emporterai avec moi un monde aboli.
50:38Le pire exil, c'est
50:40l'exil intérieur,
50:42quand on ne retrouve plus le pays qu'on a aimé.
50:46Mais depuis ma tendre enfance,
50:48j'ai appris quelque chose au contact de mes parents
50:50et de mes
50:52proches, c'est qu'il ne faut
50:54jamais demeurer dans
50:56le premier sentiment
50:58et apprendre à
51:00toiser les météos brumeuses.
51:04J'ai pris la mesure
51:06de l'étymologie d'un mot au fil
51:08du temps, le mot
51:10conservateur, qui veut dire
51:12sauveur.
51:14Et
51:16le conservateur, c'est
51:18quelqu'un qui
51:20se lasse
51:22de voir tant qu'il y a des choses
51:24à sauver.
51:26Mais en même temps, c'est sa
51:28nature profonde, c'est son état, c'est son destin.
51:30Un conservateur,
51:32c'est quelqu'un qui divise sa journée
51:34en deux.
51:36Ça, c'est mon père qui m'a appris ça.
51:38Le matin, au réveil,
51:40il est un imprécateur
51:42pour ne
51:44pas perdre sa lucidité face
51:46au réel.
51:48Et l'après-midi, il se
51:50mue en un sauveteur
51:52pour vider sa poche d'amertume
51:54et être dans l'action.
51:56Un mot
51:58d'indignation le matin
52:00pour deux mots
52:02de création l'après-midi.
52:04Et j'ai forgé à 18 ans
52:06une devise qui m'a sauvé dans la vie.
52:08Une société se sauve
52:10non pas par des mises en garde, mais par des réalisations
52:12qu'on accroche à contre-pente.
52:16Au fil de l'histoire de France,
52:18de la longue histoire de France, il y a un mot qui revient
52:20tout le temps. C'est le mot
52:22qu'on a prononcé ici
52:24plusieurs fois. Tout est perdu.
52:26Mais ce mot, il est tout de suite flanqué
52:28et démenti par un autre mot.
52:30Tout est sauf.
52:34Rarement accolé,
52:36ces deux mots marchent ensemble.
52:38Ce sont deux millénaires
52:40de sémantiques
52:42du relèvement.
52:44On s'affaisse,
52:46on se perd,
52:48on coule,
52:50on culbute,
52:52puis on se rétablit.
52:54Ce livre,
52:56je l'ai écrit
53:00pour les minoritaires.
53:02Pour tous ceux qui se sentent minoritaires,
53:04il se pourrait
53:06qu'ils fussent aujourd'hui
53:08majoritaires.
53:10Les minoritaires, ce sont les gens
53:12qui
53:14ont le sentiment
53:16d'avoir été volés.
53:18On leur a volé leur paysage,
53:20on leur a volé leurs souvenirs,
53:22on leur a volé leur voisinage,
53:24on leur a volé leur ferveur,
53:26on leur a
53:28volé leur amour de la France.
53:30On leur a volé
53:32tout ce qui fait le sel de la vie.
53:34C'est pour ces réchappés,
53:36ces rescapés,
53:38pour ces combattants survivants,
53:40pour les croisés
53:42des pérennités françaises
53:44que j'ai écrit ce livre.
53:46Pratiquant la survie,
53:48ils en
53:50apprendront
53:52les réflexes
53:54et la culture.
53:56Et ils projetteront leur ADN
53:58au pays tout entier.
54:00Quant aux
54:02morts vivants du système,
54:04ils seront balayés
54:06par le feu ardent
54:08de
54:10ces
54:12esprits
54:14rétifs
54:16qui développeront les nouvelles intentions
54:18françaises,
54:20à l'abri des anciennes peurs
54:22censitaires et bourgeoises.
54:24Et un jour, on verra,
54:26j'en suis convaincu,
54:28la génération est peut-être déjà là,
54:30on verra les jeunes français des
54:32hautes naves immémoriales,
54:34la lampe
54:36allumée derrière la porte
54:38et on apercevra
54:40le petit rayon de lumière
54:42que nous
54:44attendons.
54:46Tout est perdu,
54:48tout est sauf.
54:50Tout est perdu, tout est sauf.
54:52Merci Philippe Devilliers,
54:54merci à vous Geoffroy Lejeune,
54:56mémoricide qui est désormais
54:58dans les librairies.
55:00C'était un plaisir d'être avec vous comme chaque vendredi soir.
55:02Dans un instant,
55:04c'est l'heure des Pro 2.
55:06A vendredi prochain.
55:08Merci.

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