• il y a 6 mois
Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval

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Transcription
00:00Dix-neuf heures sur CNews, merci d'être avec nous pour Face à Philippe de Villiers, cher Philippe, bonsoir.
00:06Bonsoir Elias, bonsoir Geoffroy.
00:08Geoffroy, le jeune directeur de la rédaction du JDD, est avec nous comme chaque vendredi.
00:11L'actualité, Philippe, est malheureusement dramatique.
00:15La France est en deuil, nos forces de l'ordre, toujours en première ligne, le sont également.
00:20Mardi d'abord est la mort de deux agents pénitentiaires lors d'une attaque à l'arme lourde de leur fourgon.
00:25Et ces deux visages, Fabrice, 52 ans, papa de deux enfants, et Arnaud, 34 ans, surveillant brigadier, qui allait être papa.
00:35Et puis en Nouvelle-Calédonie, Nicolas, 22 ans, gendarme mobile, tué par balle.
00:39Un second gendarme est mort, tué par un tir accidentel.
00:42Philippe de Villiers, pour commencer cette émission, j'imagine que vous souhaitez adresser un message à ces premiers de cordée,
00:49qui sont morts dans l'exercice de leur fonction.
00:56Bien sûr, je pense à leur famille, et je pense à leur jeune âge.
01:08Ils ont été fauchés dans la fleur de l'âge.
01:16Et j'aurais posé une question.
01:23La France va-t-elle encore longtemps sacrifier les meilleurs de sa jeunesse,
01:32ceux-là même qui, justement, choisissent la France comme l'accomplissement d'une promesse,
01:40et qui font rempart de leur corps pour nous protéger ?
01:46Ces hommes que vous avez cités sont tombés au champ de nerfs.
01:55Le gendarme, Nicolas, il a enlevé son casque, et il a été visé et abattu comme un lapin.
02:06En cet instant-là pourtant, il était la France.
02:13Et puis les deux surveillants, ils ont été abattus comme des chiens, enfermés dans leur fourgon.
02:24Et en cet instant-là pourtant, ils étaient la France.
02:30Et moi je voudrais dire que le pays tout entier doit s'adresser aux familles,
02:38et leur glisser à l'oreille, avec délicatesse, le sang qui a coulé sur les uniformes.
02:44Ce n'est pas du sang, c'est de la gloire.
02:49Ce sont des héros du quotidien français.
02:55En fait, ces gendarmes, ces surveillants, ils portent la livrée des hautes préoccupations.
03:06Et quelles sont ces préoccupations ?
03:09Notre sécurité, la défense de la France, la sûreté de la vie.
03:18En fait, ce sont des gens qui acceptent de s'enfermer toute la journée,
03:28pour que nous, nous puissions vivre libre.
03:33C'est une servitude humble, valeureuse et glorieuse.
03:43Geoffroy Lejeune.
03:45Ces premiers de cordée, comme les a appelés Elliot,
03:48ils ont été victimes évidemment d'une certaine barbarie, ça c'est certain.
03:52Est-ce qu'ils ont pas aussi été victimes d'un abandon ?
03:55D'une forme d'abandon, et si oui, de la part de qui ?
04:07Il faut dire la vérité.
04:09Pour que les familles fassent leur deuil, il faut qu'on leur dise la vérité.
04:13Et qu'on accepte de dire aux Français la vérité.
04:17Et la vérité, c'est qu'ils sont aux premières loges, ils sont au premier feu,
04:25ils sont les premiers témoins de l'État qui s'effondre.
04:30Entre une autorité qui n'est plus dissuasive,
04:34et des puissances privées, maléfiques, qui n'ont plus peur,
04:39le rapport de force s'est inversé.
04:43C'est ça la vérité.
04:46Et ils en ont assez qu'après chaque drame,
04:53qu'après chaque drame, le pouvoir politique tienne le même discours,
05:03avec toujours cette éloquence convenue,
05:12nous serons intraitables, qui rappelle le mot de Paul Reynaud en 40,
05:18la route du fer n'était jamais coupée, on l'a vu.
05:22Et puis la cérémonie, la république des chrysanthèmes,
05:25la cérémonie aux invalides, c'est-à-dire qu'on leur dit merci quand ils sont morts.
05:32Mais la vérité c'est aussi qu'on aurait pu éviter ça.
05:43Et je vais plus loin dans la réponse à votre question.
05:46Les surveillants se sont vu retirer le droit de fouiller les détenus à la sortie du parloir.
05:56Et c'est ainsi qu'on a constaté cet après-midi, c'est une information exclusive de CNews,
06:01qu'il y avait 14 portables qui se promenaient dans les cellules.
06:06C'est-à-dire que les cellules regorgent de portables et de drogues.
06:10Et donc l'affaire du fourgon n'aurait pas eu le même déroulement
06:15s'il y avait la poigne dans les prisons et s'il n'y avait pas cette directive européenne
06:20qui a obligé le garde des Sceaux en 2009, Rachida Dati,
06:26à faire cette loi, plus de fouilles dans les prisons.
06:33Je voudrais dire quelque chose que j'ai en moi depuis longtemps.
06:39Parce que quand j'étais président du conseil général,
06:41mon bureau était en face de la maison d'arrêt à La Roche.
06:44Donc je suis allé souvent.
06:46Et donc j'ai rencontré dans ma vie ce qu'on appelait les matons,
06:52les surveillants pénitentiaires.
06:55Et il ne suffit pas de leur dire la vérité, de justifier leur colère.
06:59Il faut aussi que nous les Français, nous leur disions vous êtes notre fierté.
07:04Pourquoi ? Réfléchissons un instant.
07:08Vous êtes, face aux détenus, les miroirs de l'innocence qu'ils ont blessée.
07:20Vous êtes, dans leurs regards, l'espoir d'une rectitude retrouvée.
07:28C'est un métier difficile, ingrat, mais noble de vivre au contact de la déchéance.
07:37D'être, en quelque sorte, les piolets sur la pente de ceux qui chutent,
07:47qui ont chuté, qui rechuteront.
07:50Mais c'est un métier, c'est un beau métier, c'est un métier nécessaire.
07:54Parce que sans eux, il n'y a plus de rempart.
07:58Le mur de la prison, c'est le dernier rempart, pour que nous puissions nous vivre libres.
08:03Et donc, une fois de plus, je leur rends hommage.
08:07Et pour les connaître bien,
08:09je dis qu'on devrait, chaque jour davantage, faire une minute de silence pour eux,
08:19mais une minute d'hommage dans toutes les écoles de France.
08:23Pour leur dire, les surveillants pénitentiaires, voilà ce qu'ils font pour vous, les enfants.
08:29Ils préservent nos droits.
08:32Pour leur dire, les surveillants pénitentiaires, voilà ce qu'ils font pour vous, les enfants.
08:38Ils préservent notre paix, la paix sociale, la paix civique.
08:42Philippe de Villiers, parlons à présent de la Nouvelle-Calédonie,
08:45qui est à feu et à sang, une semaine de violence jamais vue sur l'île depuis les années 80.
08:50Cinq morts, dont deux gendarmes, on le disait il y a quelques instants.
08:53Des commerces détruits, des civils qui se barricadent.
08:56Au cœur de cette crise, une révision constitutionnelle contestée par les indépendantistes.
09:01Écoutez les témoignages de ces Français sur place.
09:05Nous sommes enfermés entre femmes, amis du même quartier,
09:08avec chacune deux enfants, 5 ans, 7 ans, 12 ans, 9 ans, 17 ans.
09:15Livrés à nous-mêmes parce que nos hommes sont, j'ai envie de dire le mot, au front, cachés, barricadés,
09:23derrière des barrages de fortune, des barrages, vous pouvez imaginer tout ce qu'il peut y avoir dans une résidence,
09:29four, climatiseur, voitures, on fait ce qu'on peut, on en est là, personne ne viendra nous aider,
09:36on nous a prévenus, là c'est chacun pour soi.
09:40Donc on sait nos maris là-bas, avec des émeutiers en face, armés maintenant, ça fait trois jours,
09:47ça dure depuis lundi soir, sachant qu'on a 10 heures de plus que vous,
09:50depuis lundi soir, on ne dort pas.
09:54Philippe, l'une de vos forces dans cette émission, et c'est pour ça qu'on aime beaucoup la faire avec vous,
09:59c'est que vous mettez des mots sur l'actualité qu'on voit sans parfois la comprendre.
10:03Selon vous, en Nouvelle-Calédonie, en ce moment, à quoi assiste-t-on, de quoi parle-t-on,
10:07et comment le gouvernement pourrait-il remédier à cette situation ?
10:11Alors je vais vous répondre, ça ne sert à rien de faire des analyses quand on est très loin d'ailleurs,
10:19il faut avoir l'esprit clair et l'esprit de synthèse.
10:22Et moi je le dis aussi au gouvernement, il faut tenir.
10:27Pour trois raisons.
10:30La première raison, c'est qu'on ne peut pas se satisfaire quand on est la France,
10:35d'une démocratie censitaire, comme on disait au XIXe siècle.
10:41Au XIXe siècle, dans certains pays en France, même sous la monarchie de Juillet,
10:45il y avait deux sortes de citoyens, il y a ceux qui votaient et ceux qui ne votaient pas,
10:50ou ceux qui votaient en fonction du sens, de la richesse.
10:55Donc en Nouvelle-Calédonie, on est sur un front inversé.
11:00Il y a ceux qui ont le droit de voter, les très anciens,
11:05et ceux qui n'ont pas le droit de voter, les nouveaux arrivants.
11:09C'est d'ailleurs une chose extraordinaire, ce modèle inversé.
11:14Alors on a les autochtones qui disent aux nouveaux arrivants,
11:25nous on est là depuis 2000 ans, donc on a le droit de voter,
11:31et vous, vous dégagez, parce que vous êtes tout neufs les nouveaux arrivants.
11:37Et en France, c'est le contraire.
11:39On a les nouveaux arrivants qui disent aux autochtones,
11:42vous dégagez, vous n'avez rien à faire ici, même si vous êtes là depuis 2000 ans.
11:49Et la gauche applaudit, avec Madame Taubira, l'inénarrable poétesse,
11:56qui explique, mais monsieur Lejeune, les racines !
12:02Alors il y a les bonnes racines et les mauvaises racines.
12:06Les bonnes racines, c'est pour les Kanaks, et les mauvaises racines, c'est pour les Gaulois.
12:13Bon, ils sont démasqués.
12:16Donc premièrement, il faut mettre fin à la démocratie censitaire.
12:19Deuxièmement, la nouvelle Calédonie, on l'a dit, je répète le mot parce qu'il est parfait,
12:28c'est un porte-avions dans l'océan Pacifique,
12:32dans les soutes, il y a du nickel.
12:36Donc on comprend que ça soit convoité.
12:39Mais quand je dis que c'est un porte-avions, il faut aller plus loin.
12:42Aucun homme politique n'a dit, ce qui est pourtant une évidence,
12:48c'est que, vous voyez, la Russie, ils ont 13 fuseaux horaires.
12:52Nous, la France, on a 11 fuseaux horaires.
12:56On est une grande puissance mondiale à cause de l'outre-mer.
12:59Et on est le deuxième espace maritime du monde.
13:05C'est-à-dire qu'en fait, la France, c'est un pays sur lequel le soleil ne se couche jamais.
13:12Alors bien sûr, ce porte-avions, le caillou, comme on dit, il est convoité par les Australiens,
13:19par les Chinois, par l'Azerbaïdjan.
13:22Et en fait, il y a Céline Pinard qui disait une chose juste,
13:27quand l'animal est blessé, toutes les bêtes sauvages se précipitent.
13:33Et ce n'est pas un bon signe que l'Azerbaïdjan soit là-bas.
13:37Ça veut dire qu'on est faible.
13:39Et donc j'invite le gouvernement à faire preuve de poigne, de force.
13:45Et troisièmement, et c'est le plus important, tout le monde nous regarde.
13:49Tout le monde nous regarde.
13:51La France regarde la France.
13:53La France regarde les pouvoirs publics.
13:55Les Français regardent les pouvoirs publics.
13:57Qu'est-ce qu'ils vont faire ? Ils vont céder comme d'habitude.
14:00Et puis toutes les grandes puissances nous regardent.
14:05Ils vont céder comme d'habitude.
14:08Et l'outre-mer nous regarde.
14:11La Guyane nous regarde.
14:13La Guadeloupe nous regarde.
14:15La Martinique, qu'est-ce qu'ils vont faire ? Ils vont céder.
14:16Mayotte.
14:18Et Mayotte, bien sûr.
14:20Et donc en fait, il ne faut pas céder.
14:22Parce que si on cède, c'est le début de la fin.
14:25C'est la fin de notre outre-mer.
14:27Et si on veut que la France demeure la France, alors il ne faut rien céder.
14:32Moi, ce qui me frappe aujourd'hui, à travers l'affaire du fourgon
14:38et l'affaire de la Nouvelle-Calédonie,
14:39c'est qu'on voit en même temps, comme dans un laboratoire,
14:45l'État qui se délite et la nation qui se disloque.
14:52Et on voit à travers votre analyse la puissance française grâce aux outre-mer également.
14:59Dans cette guerre ou insurrection, il y a un élément qui ne peut être balayé,
15:04c'est le racisme anti-blanc.
15:06Et ce sont des locaux qui témoignent aujourd'hui.
15:09Personne ne peut contester ces témoignages, mais également des élus, des élus locaux.
15:15Écoutez ces témoignages.
15:17C'est une réalité, c'est-à-dire qu'en fait, puis personne ne s'en cache,
15:21donc c'est très visible.
15:25En fait, tous les incendies, toutes les exactions sont faites au cri de
15:30« Ici c'est Kanaki, dégagez chez vous, sale blanc ! »
15:34Et quand je dis sale, je suis polie.
15:36Donc les choses sont très très claires.
15:39Ce sont des émeutes anti-blancs.
15:44Alors encore une fois, quand je dis blanc, c'est tout ce qui n'est pas kanak pour eux,
15:48qui doit dégager de Nouvelle-Calédonie.
15:50On a des gens extrémistes qui n'ont qu'une seule volonté,
15:55c'est qu'il ne reste qu'une ethnie sur ce territoire.
15:58Il y a aussi, finalement, une forme de racisme pur
16:03qui est développée par cette jeunesse-là,
16:07parce que ce qui est visé aussi, c'est le symbole de ceux
16:12qui ne sont pas kanak en Nouvelle-Calédonie.
16:15Geoffroy Lejeune, vous avez une question pour Philippe de Villiers.
16:18Que vous inspire le fait que pour la première fois, de manière aussi unanime,
16:21soit lâché le mot racisme anti-blanc ?
16:23C'est un tournant.
16:25C'est Sonia Baques, la première, qui est la présidente de la province du Sud,
16:31qui a dit que c'est du racisme anti-blanc.
16:34Donc, ce n'est pas nous.
16:36Sinon, on est au tribunal.
16:40Alors, en fait, derrière les actes qui sont qualifiés de racisme anti-blanc,
16:48il faut bien voir qu'il y a une idéologie.
16:51C'est l'idéologie décoloniale.
16:53Et là, elle s'est exprimée avec brio, pour la première fois,
16:59et sans se cacher.
17:01Alors, on peut prendre quelques illustrations.
17:07Souvent, sur ce plateau, j'ai parlé avec vous du peuple historique.
17:13Le peuple historique français a droit à la continuité historique.
17:18Ça, c'est un concept que la gauche décoloniale utilise en Nouvelle-Calédonie,
17:26pour la première fois.
17:27En d'autres termes, il y a un bon peuple historique, c'est la Kanaki,
17:32un mauvais peuple historique, les Gaulois.
17:36Ensuite, il y a le grand remplacement.
17:40Ça, c'est encore plus fort.
17:42Si vous dites grand remplacement en France, avec le changement de peuplement
17:46qui est visible à l'ONU, vous risquez...
17:50Il faut aller chercher tout de suite Maître Gonnel.
17:53Si par contre, vous dites grand remplacement en Nouvelle-Calédonie,
17:57tout le monde s'incline, il a compris.
18:00Donc, s'il s'agit des Kanaks, là, vous avez tout bon.
18:04S'il s'agit du peuple français en métropole, vous avez tout faux.
18:09Alors, ça va plus loin.
18:11Le droit du sang, le droit du sol, c'est encore plus subtil.
18:14Vous avez un bon droit du sang, un bon droit du sol.
18:18Si c'est en Calédonie, en Calédonie, le droit du sang est recommandé.
18:23Et Madame Toubira, ils ont des racines, il faut respecter leurs racines.
18:29Et en France, on a juste le droit de parler du droit du sol,
18:32surtout pas du droit du sang, sinon on est fasciste, nazi.
18:36Le droit du sang, c'est le droit de la filiation, c'est les racines.
18:40Et enfin, je voulais garder ça, c'est le bouquet final.
18:45La préférence nationale.
18:48Il parle de préférence kanaki.
18:52Donc, la préférence nationale pour l'islamo-gauchisme, pour le gauchisme,
18:57ça va très bien en Nouvelle-Calédonie, mais ça ne va pas du tout en métropole.
19:03Et bien, comme on disait à l'Assemblée, à l'Assemblée, un jour,
19:08il y a un député qui a mis dans les casiers, c'était dans les années 30,
19:12il a mis dans les casiers un mot, tapé à la machine,
19:15dans les casiers de chaque député, il avait mis « Fuyez, tout est découvert ».
19:20Et au moment des questions d'actualité, il n'y avait pas un député dans l'hémicycle.
19:24Et là, je dis à Mélenchon et à tous les autres, « Fuyez, tout est découvert ».
19:29Philippe de Villiers, revenons sur l'attaque au fourgon
19:33de l'administration pénitentiaire, mardi dans l'heure.
19:37Un commando qui tue deux agents, en blesse trois autres clairement,
19:41et exfiltre donc le prisonnier Mohamed Amra,
19:43toujours en cavale d'ailleurs.
19:46Quand on voit ces images, on pensait également au rapport sénatorial
19:51sur le narcotrafic qui a été publié cette semaine.
19:54Quelle analyse faites-vous de ce rapport ?
19:56Doit-on parler de délinquances liées au stup ?
20:00Ou c'est une alerte que vous aviez émise en début d'année,
20:04en début de saison, dirons-nous,
20:06c'est-à-dire que la France bascule dans un narco-État ?
20:09Il y a quelqu'un, sur l'antenne de CNews cette semaine,
20:15qui a dit les choses de manière très précise et très intelligente,
20:20Thibault Demandrial.
20:22En fait, le fourgon, c'était un point de bascule.
20:27Pourquoi ? Parce que jusqu'à présent,
20:31on avait des règlements de compte entre bandes rivales.
20:34Par exemple, à Marseille, au JCLES.
20:39Le pays du JCLES.
20:42Il y a 43 morts depuis le début de l'année.
20:45Ça, c'est les bandes rivales.
20:47Mais jamais on n'avait ce qu'on vient de voir là.
20:50Une opération de commando de guerre contre l'État.
20:53Avec le sentiment que développent les narcotrafiquants
20:57qui sont aussi puissants que la puissance publique,
21:00qui peuvent défier l'État.
21:02Et qu'ils peuvent même corrompre les agents publics.
21:06Ce n'est pas moi qui parle, c'est le rapport d'Étienne Blanc.
21:09Magnifique rapport, très documenté.
21:12Et qui fait honneur au Parlement.
21:17Alors, en fait, cette scène qu'on vient de revoir,
21:22c'est une scène qu'on peut voir au Mexique.
21:25Narco-État.
21:27C'est une scène qui indique la sud-américanisation de la France.
21:34Et quand je dis point de bascule,
21:37je pense aussi à une phrase du rapport
21:40qui dit que les prisonniers narcotrafiquants,
21:43les têtes de réseau disent
21:45la prison c'est un accident du travail.
21:48Voilà, on en est là.
21:50Alors quels sont, comme dirait les diplomates,
21:53les signes noirs du narco-État ?
21:55Eh bien, un narco-État, c'est un État parallèle.
21:59Qui a ses propres hiérarchies,
22:02qui a sa propre police,
22:04qui a sa spécialisation des tâches.
22:09Et son économie parallèle avec des fournisseurs,
22:13des commanditaires et des consommateurs.
22:17Du côté de l'importation, c'est très simple.
22:20Merci Schengen.
22:21Vous avez vu qu'il n'y a pas un homme politique
22:24qui remet en cause Schengen.
22:26Pas un, là, c'est sacré.
22:29Alors Schengen, ça veut dire quoi ?
22:31Ça veut dire que la marchandise arrive par exemple
22:34à Anvers et Rotterdam,
22:36il y a 200 tonnes de cocaïne qui arrivent par an.
22:39Rien de fouillé.
22:41Et au Havre, on fouille 1% des conteneurs.
22:44Et ensuite, la marchandise transite
22:47par deux narco-États, Belgique et Pays-Bas.
22:49C'est pas moi qui parle de narco-États,
22:52c'est le FMI.
22:54À propos de la Belgique et des Pays-Bas.
22:56Ils ont basculé, c'est trop tard pour eux.
22:58Et puis ensuite, ça se disperse chez nous.
23:00Et nous, on a, d'après le rapport du Sénat,
23:053 000 points de deal.
23:07Ça fait 3 000 par mois, vous voyez.
23:09Et un autre chiffre qui m'a frappé,
23:11on a 240 000 personnes qui vivent du business.
23:15Alors, si vous rapportez ça
23:19au business de la grande distribution,
23:22eh bien, Leclerc, c'est de 130 000 personnes.
23:26Et Carrefour, 100 000.
23:28Donc en fait, c'est beaucoup plus rentable.
23:30Et en termes de consommation,
23:32il y a 5 millions de consommateurs en France.
23:35Et le chiffre d'affaires,
23:37la fourchette haute, c'est 6 milliards d'euros.
23:39Donc ça devient hyper rentable.
23:41Et le recrutement se fait comment ?
23:42Il se fait dans l'immigration de masse.
23:47Donc tout est dit, tout est dit.
23:49Et les magistrats de Marseille ont bien expliqué,
23:52nous sommes en train de perdre la guerre.
23:54Donc face à cela, la question que je me pose,
23:58et elle est grave,
24:00pourquoi les élits dirigeants,
24:04toutes catégories confondues,
24:08ont si peu d'empressements ?
24:12Pour mener cette guerre.
24:14Pourquoi M. Dupont-Moretti est-il allé à Marseille
24:19pour morigéner les magistrats qui avaient dit,
24:21on est en train de perdre la guerre ?
24:24Et Dupont-Moretti qui pleure après l'affaire du fourgon ?
24:28Larmes de crocodile.
24:31La France est le seul pays
24:34où quand un ministre a montré sa défaillance,
24:42il ne démissionne pas.
24:45Philippe de Villiers, la publicité.
24:47On revient dans un instant tous les trois.
24:49Je vous poserai une question.
24:51Qu'est-ce qu'un grand discours, Philippe de Villiers ?
24:53J'espère que vous avez la réponse.
24:55A tout de suite.
25:00La seconde partie de Face à Philippe de Villiers,
25:03toujours avec Philippe, bien sûr, et Geoffroy.
25:05Le jeudi, après une première partie intense,
25:07j'ai reçu énormément de messages,
25:09et lourdes, parce que l'actualité est dramatique.
25:12Et pour respirer un peu, vous savez, la semaine dernière,
25:15je vous ai dit que j'ai un informateur bien informé.
25:18Vous ne le savez toujours pas,
25:21et je ne vous ai toujours pas dit qui c'est.
25:23Et rebelote, cette semaine, mon informateur bien informé
25:28m'a adressé deux photos.
25:30Oui.
25:32La première, elle date de 89.
25:34Regardez cette photo.
25:36Vous savez où vous êtes, là ?
25:38Sur cette photo ?
25:39Ben, racontez-nous, parce que c'était au moment
25:42de l'ouverture du Grand Parc du Puy-du-Fou.
25:44Oui, ça doit être l'inauguration du Grand Parc du Puy-du-Fou,
25:49le village 18e.
25:51Et la seconde photo, Philippe de Villiers,
25:53parce que la semaine dernière,
25:55vous m'avez parlé de Didier Barbelivien.
25:57Et vous en aviez parlé au téléspectateur,
25:59qui est probablement l'auteur, compositeur, interprète
26:02le plus talentueux de notre ère contemporaine.
26:05Regardez cette photo.
26:07Ah oui.
26:09Ça, c'est chez mon frère.
26:11C'est à la Bralière.
26:13Et vous savez que Didier, un jour, il vient me voir,
26:16il me dit on fait un disque ensemble.
26:18Et on a fait la Vendée.
26:20Vendée 93.
26:22Pardon, il y a un disque de Philippe de Villiers ?
26:25Non, non, Didier Barbelivien sur la Vendée,
26:27c'est un énorme carton.
26:29Les mariés de Vendée.
26:31Didier est un auteur compositeur très prolifique.
26:35Il a posé la moitié quasiment de la variété française
26:37depuis 30 ans.
26:39C'est absolument dingue.
26:41Sardou, Les Sunlights des Tropiques, etc.
26:43Mais il est très courageux aussi,
26:45parce qu'il fallait l'assumer, Vendée 93, à l'époque.
26:47Oui, mais il est pourri de talent.
26:49Bon, eh bien, chaque semaine, mon informateur bien informé
26:53me distille des petites photos.
26:55Je ne vous dirai pas.
26:57Je vais vous dire une chose.
26:59Je suis comme la condition d'enquête.
27:03D'accueillir ces news.
27:05Petit à petit, je resserre.
27:07Je resserre.
27:09Le magnétomètre à protons, il a poil à frire.
27:12Et là, la provenance des photos va me permettre,
27:17peut-être aux environs du mois de juin.
27:21De trouver.
27:23De détecter.
27:25Ok, alors je lance un appel.
27:27A la gorge profonde.
27:29Je n'ai qu'un informateur bien informé.
27:32Donc s'il y en a d'autres, n'hésitez pas à m'envoyer des messages
27:35si vous avez des belles photos de Philippe Devilliers.
27:36Par exemple, enfant ou lorsqu'il jouait au foot.
27:39Avançons et revenons à l'actualité.
27:41Mais c'est bien de sourire et de respirer un peu.
27:43Je disais avant la publicité, Philippe Devilliers,
27:45qu'est-ce qu'un grand discours ?
27:47Et à travers le drame de cette attaque du fourgon
27:50de l'agence pénitentiaire,
27:53il y a eu ces formules qui ont été répétées,
27:56qui sont répétées à chaque fois,
27:58sans prendre à des agences et sans prendre à la République.
28:01D'ailleurs, elles sont tellement répétées
28:03qu'on n'arrive plus à en retrouver la portée, la teneur.
28:09Idem concernant ces discours qui se multiplient
28:12ces dernières semaines.
28:14J'ai le souvenir du discours du président de la République
28:16à la Sorbonne sur l'Europe.
28:18Alors Philippe Devilliers, à travers la vision
28:20et votre vision de l'histoire,
28:22qu'est-ce qu'un grand discours ?
28:26C'est une question piège.
28:29Déjà, il n'y a pas de prompteur et il n'y a pas de note.
28:34Jamais.
28:36Pour moi, oui, mais pas pour vous.
28:38On parle avec ses tripes.
28:40Et en fait, je suis tenté de vous répondre,
28:44je vais faire comme les journalistes dans la titraille.
28:49Des mots steines.
28:51Réveille-toi, ils sont devenus nuls.
28:54Des mots steines, vous savez,
28:55ils prenaient des cailloux dans ses bouches
28:58et ils allaient sur la plage
29:02pour se faire la voix.
29:05Grand orateur.
29:07Et pourquoi je vous dis ça ?
29:09Parce qu'en fait, la pensée grecque et latine
29:15définissait la rhétorique
29:18à partir de trois éléments.
29:21Et en fait, ça n'a pas bougé.
29:22D'abord,
29:24l'éthos.
29:26L'éthos qui se rapporte à l'auteur.
29:32Parce que
29:34il faut une aura.
29:36Et il faut une cohérence, c'est ça l'éthos,
29:39entre celui qui parle et ce dont il parle.
29:41Par exemple,
29:43je dirais des mots steines.
29:46Un président
29:48qui parle,
29:50un président
29:52qui parlerait de la guerre
29:54et qui n'a pas fait son service militaire,
29:56il manque à l'éthos.
29:59Ensuite, il y a le logos.
30:01Le logos, c'est l'argumentaire,
30:03c'est la logique,
30:05parce qu'il faut convaincre.
30:07Et enfin, il y a le pathos,
30:09parce qu'il faut séduire.
30:13Il faut de l'émotion,
30:15il faut exalter.
30:17Alors, qu'est-ce qu'un grand discours ?
30:20Je dirais que c'est un discours qui,
30:25enfin,
30:27c'est une parole
30:29inhabituelle,
30:31dans la forme,
30:33et qui marque l'histoire.
30:37Et alors,
30:39ce qui me vient à l'esprit, c'est que
30:43je pense à Macron.
30:45Deux heures à la Sorbonne,
30:47et on s'endort.
30:49Un grand discours, c'est le contraire, souvent.
30:52Il faut être laconique.
30:54Et dans l'histoire, les grands discours sont laconiques, en fait.
30:59La locution la plus rapide
31:01de toute l'histoire de l'Antiquité,
31:03c'est Quaton l'Ancien,
31:05qui devant le Sénat romain,
31:07prononce la phrase suivante,
31:09d'Hélène d'Aeste, Carthago.
31:11Tout est dit.
31:14Cette injonction
31:16va
31:18déclencher
31:20la destruction de Carthage.
31:23Plus tard,
31:25il suffira d'un mot
31:27du pape urbain
31:29pour mettre en marche l'histoire
31:32et envoyer jusqu'à Jérusalem
31:34la fine fleur de la chevalerie de tout l'Occident.
31:37À tous ceux qui se croisent, le ciel s'ouvre.
31:40Tout est dit.
31:42Mais plus près de nous,
31:45tout près de nous,
31:48il y a eu
31:50ce genre d'apostrophes
31:52au laconisme fulgurant
31:54et insolent.
31:58On pense évidemment à
32:01Kennedy à Berlin.
32:04Ich bin ein Berliner.
32:08Les soviets ont compris.
32:11Ça suffit.
32:13Ou encore
32:15de Gaulle à Montréal.
32:17Vive le Québec libre.
32:20Toute l'Amérique a compris.
32:22Y compris
32:23Mathieu Bocoté.
32:25À qui on pense en cet instant.
32:27Petit message.
32:29Vive Mathieu Bocoté libre.
32:34Plus récemment,
32:35encore, vous étiez trop jeune peut-être,
32:37mais ça m'a beaucoup marqué.
32:39Mitterrand au Bundestag.
32:41Les missiles sont à l'est.
32:44Les pacifistes sont à l'ouest.
32:46La gauche a compris.
32:50Tout est dit.
32:52En fait,
32:54on est loin
32:55de la logorée chronique.
32:57On est loin des effets d'annonce.
32:59On est loin des éléments de langage.
33:02En fait, une parole,
33:08une parole
33:09qui marque l'histoire,
33:11c'est une parole qui a prise sur les événements.
33:15Et je pense en cet instant
33:18à un très grand discours.
33:20C'est Clemenceau qui enflamme l'hémicycle.
33:23Sous la verrière,
33:24le voilà qui arrive au lutrin et qui dit
33:27celui qui gagne,
33:28on est le 9 mars 1918.
33:31Donc c'est la bascule.
33:34Celui qui gagnera la guerre,
33:35c'est celui qui gagnera le dernier quart d'heure.
33:40Politique étrangère.
33:43Politique intérieure.
33:48C'est tout un.
33:50Ma politique étrangère, je fais la guerre.
33:53Ma politique intérieure, je fais la guerre.
33:55Je fais toujours la guerre.
33:57Et il la gagne.
34:00Plus tard,
34:02le 18 juin,
34:03on a deux hommes qui parlent à deux peuples.
34:05On a De Gaulle qui parle au français
34:08et il fait une annonce en fait.
34:10C'est à dire qu'un grand discours,
34:12c'est un discours qui porte un mot
34:16sur le temps à venir.
34:18Et le mot est juste.
34:20Et il a ce mot
34:21qui est l'essentiel de l'appel du 18 juin.
34:25Aujourd'hui,
34:27foudroyé
34:29par la force mécanique,
34:31nous serons demain vainqueurs
34:33par une force mécanique supérieure.
34:36Et pendant ce temps-là,
34:37il y a Churchill qui s'adresse aux peuples britanniques
34:40et qui leur dit ceci.
34:41La bataille d'Angleterre va commencer.
34:46À tous ceux qui se préparent à faire leur devoir,
34:50je fais la promesse suivante.
34:51Si jamais,
34:53si jamais,
34:55l'Empire britannique doit durer 1000 ans,
34:57alors je vous le dis, dans 1000 ans,
35:00il y aura encore des hommes qui diront
35:02ce fut leur plus belle heure.
35:05Un grand discours,
35:06c'est un discours qui touche les cœurs
35:08et qui exalte l'âme d'un peuple.
35:11Politique, prenez des notes.
35:15J'ai honte, Philippe de Villiers,
35:16d'avoir des feuilles,
35:17parce que vous, vous êtes sans fiches.
35:18Ça fait 5 minutes que vous nous expliquez
35:20ce que c'est un grand discours,
35:21sans fiches, sans rien.
35:23Eh bien...
35:24J'ai une petite question, Eliott.
35:25Allez-y, mais alors je le connais aussi,
35:27et vous le connaissez mieux que moi,
35:28c'est-à-dire qu'il tient,
35:30il est chirurgical sur le temps.
35:31Je pense que la réponse va être très rapide.
35:32Allez-y.
35:33Vous n'avez cité que des discours qu'on connaît
35:34parce qu'ils font partie de l'histoire.
35:35Depuis, disons, 20 ans,
35:36en politique française,
35:37il n'y a pas un discours qui vous a marqué ?
35:44Celui de Villepinte était pas mal.
35:47Pourquoi ?
35:48Parce qu'il y avait une idée,
35:49c'était le grand remplacement.
35:51Le discours d'Éric Zemmour.
35:53Et c'était son premier, d'ailleurs.
35:54C'était le premier discours d'Éric Zemmour
35:56lorsqu'il lance sa campagne présidentielle.
35:59Parlons de l'euthanasie à présent,
36:00Philippe de Villiers.
36:02Projet de loi sur la fin de vie
36:03qui est examiné par les parlementaires.
36:05Projet de loi qui ouvre la voie
36:06d'une aide active à mourir.
36:08Ni le mot euthanasie
36:09ou encore suicide assisté sont employés,
36:11mais dans les faits, on s'y approche.
36:14Jean-Marc Sauvé,
36:15ancien vice-président du Conseil d'État,
36:16était l'invité cette semaine d'Europe 1.
36:18C'est une voix qui porte.
36:19Écoutez, parce que Jean-Marc Sauvé alerte.
36:24La question qui se pose,
36:25c'est celle de la société qu'on veut construire.
36:29Est-ce que c'est une société de soins
36:32de bienveillance, de solidarité ?
36:36Ou est-ce que c'est une société
36:37dans laquelle toute la sollicitude
36:40qu'on peut avoir envers une personne,
36:43c'est de lui donner sur demande
36:45une dose létale,
36:46parce qu'elle remplirait
36:47quelques critères légaux.
36:50La question est,
36:51est-ce que nous croyons encore aujourd'hui
36:54à une société du commun ?
36:57Oui, le risque d'un renoncement aux soins,
37:00c'est une forme d'abandon.
37:03Ce que je pense,
37:04c'est qu'un certain nombre de personnes
37:07nous adressent implicitement
37:10des appels au secours.
37:12Et il ne faut pas se tromper
37:14sur le sens des messages
37:16que nous recevons.
37:17On nous parle beaucoup de personnes
37:19qui accompagnent des mourants
37:21et qui sont prêts à les assister
37:23pour mourir.
37:24Il ne faut pas être naïf.
37:26Tout le monde n'est pas désintéressé.
37:28Il y a des charges familiales à réduire.
37:30Il y a des patrimoines à transmettre.
37:32Philippe Devilliers,
37:33qu'avez-vous pensé de sa mise en garde ?
37:36En fait, Jean-Marc Sauvé,
37:37qui est un homme éminent,
37:38l'ancien vice-président du Conseil d'État,
37:40a dit deux choses terrifiantes et justes.
37:47L'IGAS, la mission d'inspection,
37:51a donné un chiffre.
37:536 milliards d'euros,
37:56le coût de l'assurance maladie
37:58pour la fin de vie.
38:02Il fait un calcul et dit
38:03que si on applique le principe
38:05de la mort administrée par Québec
38:07ou en Belgique,
38:09ça va faire une économie à l'État
38:12de 1,5 milliard.
38:14En d'autres termes, je le cite,
38:16c'est magnifique sa phrase,
38:18c'est la ruse ultime du libéralisme
38:22pour l'État-providence.
38:24Bonjour les Ehpad, vous avez compris.
38:27Et en plus, il ajoute, deuxièmement,
38:29que ce sont les plus démunis
38:31qui partiront les premiers,
38:32les plus pauvres.
38:34En fait, je vais vous dire quelque chose
38:37qui me vient à l'esprit.
38:39Orwell, une fois de plus,
38:40avait tout prévu.
38:41Et il nous a prévenus.
38:43Il nous a prévenus de ceci.
38:45Pour renverser une société,
38:47il faut inverser les mots.
38:49Il avait donné un exemple.
38:51Il suffit de dire
38:52la liberté, c'est l'esclavage.
38:55Alors, on dira,
38:57l'acte de tuer son prochain,
39:01c'est une loi de fraternité.
39:04L'euthanasie, c'est l'aide active à mourir.
39:09Le suicide d'assisté,
39:11c'est mourir dans la dignité.
39:13La piqûre létale,
39:15c'est le prolongement du soin.
39:17En fait, nous sommes entrés
39:19dans une société de l'esquive
39:21où tout le monde apprend à mentir
39:24et à se mentir.
39:26D'abord par omission,
39:28puisqu'on oublie de dire
39:29que tous les pays qui pratiquent l'euthanasie,
39:33qui l'ont légalisé,
39:34ils sont maintenant dans une dérive
39:36et un délire vers l'eugénisme.
39:39Les enfants, les handicapés.
39:43Le premier qui a fait ça,
39:45c'est Hitler.
39:47L'eugénisme.
39:50Ensuite, il a dit,
39:52Jean-Marc Sauvé,
39:53c'est une rupture anthropologique.
39:55Il a raison.
39:56Pourquoi ?
39:57Parce que c'est un changement
39:58de repère complet de notre civilisation.
40:00Et ça consiste à confier à la médecine
40:03et aux médecins le soin
40:05d'administrer la mort.
40:08Je vais vous dire,
40:09je vais vous faire une confidence.
40:13Un jour, j'ai rencontré Hassan II.
40:16Longuement.
40:18On est devenus amis.
40:20Le 9 juin 1992.
40:22Et je lui ai parlé de la civilisation française.
40:24Il m'a dit, attendez,
40:25ne parlez pas de votre civilisation.
40:27Vous n'hésitez pas à empêcher la vie de venir
40:33et vous parquez vos vieux dans des muroirs.
40:38Ne parlez pas de civilisation.
40:40Et bientôt, vous ferez l'euthanasie.
40:42Voilà.
40:43En fait, vous brûlez les livres de sagesse.
40:47Hassan II avait raison.
40:49Notre civilisation est en train de périr.
40:52Cher Philippe,
40:53on va se plonger dans notre histoire justement
40:55avec la genèse du sentiment national
40:57lorsque Philippe Auguste raconte
40:59la bataille de Bouvines.
41:01Racontez-nous cette histoire, Philippe de Villiers.
41:04Alors, je vais vous emmener à Notre-Dame.
41:07Il est à genoux, Philippe Auguste.
41:10Il se recueille en pensant
41:12à celle qui est en face de lui
41:15et qui repose sous la dalle.
41:18C'est la plus belle de toutes les reines de France.
41:20C'est sa reine.
41:22Elle était moulte grasse,
41:27jante taille.
41:30Elle avait des yeux de perles d'émeraude.
41:35Elle avait le chef inondé de blondeur aux épis d'or
41:41et le teint brillant et vermeil.
41:45C'était la petite-fille de Philippe Auguste.
41:48Elle s'appelait Isabelle de Hainaut.
41:54C'était l'épouse du roi
41:56et mortelasse en couche.
41:58Lui, il est sur la fin.
42:00Il a 57 ans.
42:02C'est un vieillard.
42:08Un vieillard sculpté.
42:12Il a régné déjà quatre décennies
42:17et il est déjà entré dans l'histoire
42:20avec une bataille en 1214 à Bouvines
42:26qui justement change le cours de l'histoire.
42:30Cette bataille, il l'a racontée 100 fois
42:33à son petit-fils Louis de Poissy
42:35en marchant sur le chemin de ronde crénelé du Louvre
42:40qu'il aimait arpenter, égrenant ses souvenances.
42:44Petit Louis, écoute-moi.
42:47Imagine le champ de bataille.
42:50Ils sont 80 000 au moins
42:53et nous, on est 25 000.
42:55C'est tout.
42:57L'Occident tout entier s'est coalisé
42:59derrière Auton l'empereur.
43:03C'est un choc terrible Bouvines
43:06et longtemps indécis.
43:08Et puis, quand le soleil se lève,
43:11il me vient l'idée de le semencer
43:15comme un renfort qui nous manquait.
43:20J'ai attendu que le soleil monte
43:24derrière nos troupes qui viennent se placer
43:26juste à pic de l'arrière-garde.
43:30Alors commence l'assaut.
43:35L'assaut des communes qui nous ont rejoints,
43:38qui portent leur efflamme de Saint-Denis,
43:41des communes du peuple.
43:44Et quand commence l'assaut,
43:46le soleil est derrière nous,
43:49mais il vient aveugler, éblouir
43:53les troupes d'en face
43:56avec le jeu des reflets et des étincelles
43:58sur les cimiers, sur les cotes de mailles
44:00et sur les casques.
44:02Les troupes d'en face ne peuvent pas progresser,
44:04ne progressent plus.
44:05En revanche, nos étendards écarlates
44:07avancent, avancent, avancent.
44:09Et à un moment plus tard,
44:12je me vois en fuite, au loin,
44:17qui tourne le dos.
44:19L'empereur, c'est fini.
44:23Le retour sera triomphal, parichante.
44:27Sur le parcours,
44:30les moissonneurs ont quitté leur champ.
44:33Ils brandissent leurs faucilles,
44:35ils les sont tournoyés
44:37et ils se livrent à des transports de joie
44:39pendant que les jouvencelles
44:40nous jettent des brassées de jonquilles.
44:45Ce jour-là, tout change pour la France,
44:48ou plutôt d'où commence.
44:51Entre l'autorité royale
44:54et le peuple des communes,
44:57s'est noué un lien indéfectible,
45:01a été forgé un serment de fidélité.
45:06Avant, on parlait du rex francorum,
45:13le roi des francs, à partir de Bouvines.
45:16On parlera du rex francier,
45:20le roi de France.
45:23Chers amis,
45:25le moment est grave et joyeux.
45:29Le sentiment national vient de naître.
45:34Un grand merci, Philippe Devilliers.
45:37Geoffroy Lejeune,
45:38depuis le mois de septembre,
45:39on a dû écouter une trentaine de fois
45:43chaque vendredi.
45:44Philippe Devilliers,
45:45est-ce que vous partagez mon sentiment
45:46que celle-ci était la meilleure ?
45:49Exactement, Cécile.
45:51Vous avez intérêt à faire encore mieux
45:53la semaine prochaine.
45:54Je peux vous dire que vendredi,
45:55on casse la baraque.
45:57C'est bien, cassons la baraque.
45:58Vous allez comprendre pourquoi.
45:59Merci beaucoup, Philippe Devilliers.
46:00Merci, Geoffroy.
46:01Merci, Yves.
46:02A tout de suite pour l'heure des pros.

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