• il y a 3 semaines

Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.

Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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00:0013h-14h, Europe 1 13h, avec Céline Giraud sur Europe 1, il est 13h20. Céline, c'est l'heure d'accueillir vos deux chroniqueurs du jour pour décrypter l'actualité.
00:09La journaliste et essayiste Laëtitia Schroesbonnard et l'écrivain essayiste Paul Melun.
00:13Bienvenue à bord les amis, ravie de vous retrouver.
00:15Merci, bonjour Céline.
00:16Et j'avais très envie d'attaquer par cette question. Faut-il instaurer un couvre-feu pour les mineurs dans nos villes, dans nos campagnes pour lutter contre la petite délinquance ?
00:23Est-ce que de plus en plus de municipalités franchissent le pas ? Est-ce qu'il y a une solution ?
00:27Il y a Unis, Béziers, Cannes-sur-Mer et désormais des petites communes comme Villeux-Loi-Mollon, c'est dans l'un, 3800 habitants.
00:35Et le maire a décidé de l'instaurer. On va l'écouter justement le maire Eric Beaufort.
00:39De 22h à 5h du matin, un mineur, surtout l'hiver, n'a rien à faire dehors.
00:44Ça permet aux gendarmes de les contrôler et d'appeler leurs parents pour qu'ils viennent les chercher.
00:48Ça peut aller de 13-14 ans jusqu'à 18 ans.
00:51C'est casser des panneaux de signalisation, casser des barrières. Ils vont foutre le feu aux poubelles. Ça ne peut pas durer.
00:57Voilà, le maire Eric Beaufort, Laëtitia Chrosbonnard, que pensez-vous de cette idée ?
01:01Écoutez, je pense qu'il n'a pas vraiment le choix. Il est quand même aberrant que des mineurs soient dehors à ces heures-là.
01:08Et c'est d'une certaine façon leur rendre service que de les interdire d'être dehors.
01:12C'est toujours triste, dans ces matières d'ordre public, d'en arriver à des mesures aussi contraignantes et restrictives.
01:19Parce que la société civile n'est pas capable de se réguler par elle-même.
01:23Normalement, ce sont aux parents de garder leurs enfants chez eux.
01:28Aux mineurs, aux adolescents, de savoir aussi qu'ils doivent être chez eux.
01:32Quand ces limites ne sont pas présentes, c'est aux autorités locales, en l'occurrence, de faire quelque chose.
01:41On peut simplement espérer que ce soit une mesure temporaire, c'est-à-dire que ça permette une prise de conscience.
01:46Certaines villes, comme Béziers, l'ont instaurée de manière régulière, pour les moins de 13 ans, pour le coup.
01:51Mais là, c'est pour les mineurs, et c'est vrai qu'on n'a pas de durée.
01:55Ce serait vraiment faire un mauvais procès à ce maire que de lui reprocher d'en arriver là.
02:00Je pense que s'il le fait, c'est qu'il n'a pas le choix.
02:02Petites délinquances, c'est de la dégradation de mobilier urbain, c'est des nuisances sonores, des attroupements tardifs.
02:08Moi, ça me semble tout à fait pragmatique.
02:10Moi, je suis plus réservé que vous, Laëtitia, sur le sujet.
02:12Je pense que c'est un peu la fausse bonne idée, cette histoire de couvre-feu.
02:16C'est-à-dire qu'on s'imagine que ça va résoudre un problème que je n'y pas.
02:20Et d'ailleurs, ce qui est préoccupant, c'est que les maires, en soi, réfléchissent à la délinquance juvénile la nuit,
02:24y compris dans des petites communes, où on se dit qu'un gamin de 13, 14, 15 ans va aller ficher le feu à je-ne-sais-quoi.
02:30Ou le pourcentage de HLM est très faible, parce que ça marche dans les communes où il y a beaucoup de HLM,
02:35au 40-45%, comme Charleville-Mézières, etc.
02:38Mais là, on est sur des chiffres très bas.
02:40Absolument, et puis maintenant, vous savez, le sujet de l'hyper-violence, y compris des jeunes,
02:44se diffuse partout, y compris dans des endroits auxquels on ne s'attendrait pas.
02:48Donc ça, c'est le constat, et le constat, il est évidemment dur, donc il faut agir.
02:52Sur l'histoire de ces couvre-feu, moi, je trouve que c'est contre-productif à plusieurs égards.
02:56D'abord, parce que vous mettez en place une mesure de privation de liberté pour tout le monde,
03:00alors qu'il y a une petite partie qui sont des délinquants.
03:03Ça, c'est un peu le syndrome des attestations de déplacement qu'on avait eues pendant le Covid, etc.
03:08Et moi, je n'aime pas ça, j'aime la liberté, et je pense qu'un gamin qui a 14, 15, 16 ans,
03:13et qui rentre de, je ne sais où, d'un cours de sport qui finit très tard,
03:17ou d'un dîner, d'un anniversaire avec des amis, il a le droit de rentrer.
03:21Donc ça, c'est la première chose, et la deuxième chose, c'est que ce sera contre-productif.
03:24Un deuxième égard, c'est que des gamins qui sont vraiment des délinquants,
03:28et qui sont vraiment des durs à cuire, vous pensez bien qu'ils ne vont pas se dire
03:31« Ah ben mince, c'est l'heure du couvre-feu, 22h-01, je ne vais pas sortir ».
03:34Ils vont évidemment sortir à 22h05, parce qu'ils n'en ont rien à faire.
03:37Ce qu'on les repère, alors, je peux vous dire qu'effectivement,
03:40ça demande une mobilisation des forces de police supplémentaires,
03:42parce qu'il faut contrôler ces jeunes, et d'ailleurs, la police dit,
03:45un officier municipal, par exemple, ne peut pas demander à quelqu'un son identité.
03:48Bien sûr, il contrôle l'identité, ce n'est pas pour la police municipale.
03:50Mais vous proposez quoi, à la place ?
03:52Moi, ce que je propose, c'est une politique du début à la fin,
03:54c'est-à-dire de la chaîne pénale et de la délinquance.
03:56Une fois que vous chopez ces gamalas des centres fermés,
03:59des maisons de correction fermées, comme ça a pu exister jadis,
04:02pour qu'à la moindre incartade, ils soient durement sanctionnés,
04:05donc la sanction pour ceux qui commettent des délits de ce type,
04:08y compris s'ils sont mineurs, parce qu'aujourd'hui,
04:10le parent pauvre, c'est quand même la justice des mineurs.
04:12Comment est-ce qu'on peut réformer la justice des mineurs pour plus de fermeté ?
04:15Et en amont, c'est des questions, le président de la République
04:18a constaté la décivilisation à son sens,
04:21il faut agir sur les racines.
04:23Qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'il y a un lien entre immigration et délinquance ?
04:25Si oui, dans ces cas-là, dans ces cas de délinquance de mineurs,
04:28il y a souvent des mineurs non accompagnés aussi, etc.
04:30Là, je pense qu'il faut un vrai questionnement sur l'immigration
04:33et sur les frontières,
04:35mais ne jetons pas tout de suite le bébé avec l'eau du bain,
04:37avec des mesures qui sont, si vous voulez, des mesures où on se fait plaisir,
04:40en se disant, il agit, il fait un couvre-feu.
04:42C'est le couvercle sur la cocotte minute, ça ne change rien.
04:46Et la délinquance, évidemment, quand ça dérape,
04:49on arrive au narcotrafic, et ce fléau fait de plus en plus de morts.
04:52Et ce matin, le ministre de la Justice, Didier Migaud,
04:54a promis une réponse forte, on l'écoute.
04:57C'est un véritable fléau,
04:59et il faut que l'État puisse le combattre
05:04avec énergie, force et efficacité.
05:09C'est une menace qui est grandissante,
05:12et puis qui est gravissime,
05:15avec le recours aux méthodes ultra-violentes
05:18des cartels sud-américains.
05:21Donc, ça nécessite une réponse très ferme de la part de l'État.
05:25Voilà, on entend le discours de Didier Migaud qui s'aligne
05:28sur celui, gentiment, de Bruno Retailleau.
05:31En même temps, le séminaire a servi à quelque chose.
05:33Ils ont fait du team building.
05:35Que peut-il dire d'autre ? Il ne va pas faire l'éloge du narcotrafic ?
05:39Il n'y a aucune mesure d'annoncer un fléau.
05:42Alors, ça reste très flou,
05:44parce que c'est un sujet très compliqué.
05:46C'est un sujet très compliqué, d'abord,
05:48parce que, pourquoi ça existe,
05:50et pourquoi le narcotrafic se développe ?
05:52Parce que ça rapporte énormément d'argent à ceux qui le pratiquent.
05:55Donc, c'est très valorisé, de ce point de vue-là.
05:58Il y a une valorisation de cette pratique-là,
06:01qui est financière et qui est supérieure,
06:04dans certains quartiers, à bien d'autres métiers officiels.
06:09On peut se faire quelques milliers d'euros par jour,
06:12en participant à ces trafics.
06:14C'est le premier aspect qui explique cette espèce de gangrène.
06:19Il y a autre chose, dont on parle un peu moins souvent,
06:22qui est quand même la consommation.
06:24Il y a des consommateurs.
06:26Est-ce qu'il ne faudrait pas agir là-dessus, également ?
06:30C'est-à-dire ?
06:32Alors, il y a des gens qui sont dépendants des drogues.
06:36Donc, bien sûr, il y a un aspect médical,
06:39il y a un aspect thérapeutique.
06:41Bon, ça va peut-être vous choquer, ce que je vais dire,
06:44mais il y a aussi un aspect moral.
06:46On peut aussi reprocher aux gens qui se droguent pour le plaisir,
06:50de le faire.
06:51Donc, les stigmatiser ?
06:53On n'entend pas vraiment un discours culpabilisant sur ce sujet.
06:59Enfin, on l'entend un peu à droite, mais ce n'est pas le discours de la société.
07:03C'est quelque chose qui revient, qu'avait commencé à dire Eric Dupond-Moretti.
07:06Je pense aux intellectuels, à la société civile.
07:09Et rappelons-nous quand même que dans notre culture,
07:13dans la culture populaire,
07:15le personnage du parrain de la mafia reste valorisé,
07:18ou en tout cas a été valorisé pendant longtemps.
07:20Il y a quand même des films, d'ailleurs très beaux films.
07:22Il faudrait désacraliser le parrain.
07:24Il y a la série Les Sopranos.
07:26Vous voyez bien qu'on a quand même progressivement
07:29construit une image un peu trop positive, je trouve,
07:32de ces milieux-là.
07:34Donc, ça demandera beaucoup de temps de déconstruire,
07:37pour prendre un mot à la mode,
07:39tous ces systèmes-là.
07:41Allez, 13h27, on reste ensemble avec vous,
07:43Paul Melun et Laetitia Stross-Bonard.
07:45Dans quelques instants, Mardi Noir pour Auchan et Michelin,
07:48deux fleurons de notre économie française
07:50qui annoncent deux plans sociaux
07:52et plus de 3600 emplois supprimés.
07:54Décryptage dans quelques instants.

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